VIVRE ET TRAVAILLER AUX ETATS-UNIS : LES USA UNE TERRE D'INVESTISSEMENTS
LES U.S.A. UNE TERRE D'INVESTISSEMENTS POUR LES EXPATRIES FRANCAIS ET EUROPEENS
Les États-Unis ont toujours été une terre d’investissements et les francophones, à commencer par les Français, ne s’y trompent pas : ils sont au cinquième rang des investisseurs étrangers, et sont près de 500.000 français expatriés aux U.S.A.
« Les États-Unis, c’est La Mecque de tout entrepreneur. Il y a une sorte de mythe autour de ce pays », observe Thomas Legrain, de Coach’Invest. Dans cette structure, basée en France, qui accompagne le développement des PME TPE (petites, moyennes et très petites entreprises), les envies de conquête du marché US sont à l’honneur. «L’économie américaine repose sur l’entreprise individuelle et l’État fait tout pour la favoriser », reconnaît Thomas Legrain. Et pour cause, la réglementation américaine est libérale et n’impose aucune restriction sur le plan des déplacements de main-d’œuvre et des mouvements de capitaux.
Facilité et rapidité comme maîtres mots « Aux USA, tout est simple. Vous pouvez créer votre société en vingt-quatre heures, de chez vous, pas besoin d’attendre que les statuts soient déposés pour commencer... », constate avec enthousiasme Karl Fakhreddine. C’est d’ailleurs ainsi que l’entrepreneur a commencé, créant tout d’abord une société de logiciels de gestion d’archives à New York en 1999, avant de lancer Orange logic. « Surtout, vous pouvez embaucher sans être assommé par les taxes et les gens sont motivés. Le système de rémunération est sans équivoque : il y a un salaire et des primes de résultats. De part et d’autre, le contrat social est respecté », explique le dirigeant, qui aujourd’hui se partage entre la France et la côte Est. Cette souplesse se retrouve d’un point de vue syndical. Mis à part quelques activités industrielles à forte représentation des délégués du personnel, la plupart du temps, les employés du secteur privé peuvent être licenciés sans justification ni indemnisation. «En fait, ça n’a rien à voir : aux USA tout est basé sur la confiance. Le postulat est que vous allez tenir parole. Par exemple, si dans un entretien d’embauche, vous dites que vous savez faire, il n’y a aucune raison que le recruteur ne vous croit pas. Et de la même façon, s’il vous dit qu’il a besoin de vous pour une période d’un an, par exemple, vous n’avez à priori pas à vous inquiéter. Il ne réduira pas cette période de contrat. » explique Karl Fakhreddine. Seule limite, et de taille, les lois fédérales et d’État interdisent toute discrimination sur l’origine, le sexe et l’age lors de l’embauche d’un salarié. Les américains sont très attachés à ce principe d’égalité.
Une économie qui repose sur les PME même si les États-Unis restent marqués par l’image de grandes multinationales, les petites entreprises sont légion. Paradoxalement, si la notion de PME n’existe pas aux États-Unis, les firmes de 2 à 50 employés représentent pourtant 99 % des entreprises du pays et 40% du PNB. Les entreprises américaines sont principalement soumises aux lois des États qui possèdent leurs propres lois commerciales. Autre avantage, pour créer une société, il n’existe aucune exigence sur un capital minimum ou sur le nombre d’actionnaires concernés. Si votre investissement se situe entre 500.000 et un million d’euros, selon les États, vous obtiendrez un visa d’immigration. Cependant, dans les faits, très peu de français passent par la voie du visa d’investisseur. Celui-ci est jugé coûteux et contraignant. Surtout il suppose une mise de départ importante. La plupart du temps, ils préfèrent faire un premier voyage de reconnaissance avec un visa de touristes (cette visite en éclaireur est d’ailleurs recommandée) et trouver d’autres solutions, par exemple en se faisant embaucher par une société qui commerce déjà avec les USA. Globalement, législation et restrictions fédérales sont minimes pour l’entrepreneur, et ce alors même qu’elles varient d’un État à l’autre. Le Sud et Sud-ouest n’en ont pratiquement aucune. En dehors d’une cinquantaine d’euros pour l’enregistrement (auprès du State Corporation Department), État et Gouvernement ne demandent rien avant l’arrivée des premiers bénéfices. Il faut dire qu’aux USA le créateur d’entreprise est respecté et admiré. Aussi, moralement, vous ne serez pas traité comme un suspect dans vos efforts pour prospérer, loin de là : une entreprise profitable est la plus noble conquête de l’Américain et sur ce point l’état d’esprit est très éloigné des mentalités françaises.
Cependant, l’évaluation des facteurs de réussite dans un pays aussi grand et différent des nôtres n’est pas à prendre à la légère. «Les exemples d’échec sont nombreux. Les Français croient trop souvent bien connaître le marché. Beaucoup mesurent mal l’éloignement que ce pays représente d’un point de vue géographique, et culturel. » prévient Thomas Legrain.
Quelques précautions à observer... Aussi, avant de se lancer, est-il nécessaire d’être cohérent et de réfléchir à la meilleure manière de s’implanter sur le territoire américain. «La première difficulté tient vraiment à la taille gigantesque du marché. Votre façon de prospecter s’en trouve modifiée. Si vous êtes en Californie et que votre prospect est établi au fin fond du Texas, vous allez réfléchir par deux fois avant d’aller lui rendre visite ! Le déplacement sera long et l’investissement coûteux... » explique Denis Payre, le fondateur de Business Object, un éditeur de logiciel qu’il a crée en 1991 aux USA. De fait, le télémarketing ou encore la vente par téléphone sont-ils bien plus répandus aux USA. De la même façon, les négociations par mail sont plus courantes qu’en Europe. «Dans les pays latins, il y a toujours un moment où il faut se voir de visu. Ça rassure les interlocuteurs, c’est plus poli... Aux USA, ce n’est absolument pas le cas. » observe Denis Payre. Tout dépend évidemment du secteur sur lequel vous officiez, mais votre crédibilité pourra aussi se mesurer à votre capacité à couvrir un minimum le territoire national. Il est donc important, très vite de penser à avoir des points de ventes ou des bureaux de représentation à différents endroits dans le pays. Dernier conseil de cet entrepreneur averti pour aborder le marché : «Les présentations à vos partenaires ou clients doivent gagner en légèreté. De 40 slides, il faut sans mal passer à 15. Sinon, votre auditoire décrochera. » Aux États-Unis, en matière de business, la méthode rime souvent avec droit au but.
Mais attention, les Américains sont très tatillons avec les discriminations «Alors même que les protections des travailleurs sont faibles en matière de licenciement, les questions de discrimination, de harcèlement moral ou sexuel... elles, sont véritablement prises en compte » prévient Sina Fateh, un français qui a créé Vega Vista, une PME spécialisée dans la high-tech. Ainsi un américain n’hésitera pas à faire appel à la justice s’il juge qu’il est victime d’un harcèlement par exemple. « Aux USA, de nombreux cadres disposent de leur avocat privé. C’est normal, admis, courant. L’Américain est procédurier » rapporte l’homme d’affaires. Lui-même a assisté à quelques événements étonnants pour un français. Ainsi, cet entrepreneur se souvient-il de ce conflit qui a germé dans sa société parce qu’un homme faisait la cour à sa collègue. Un cas de figure somme toute assez courant en France ou dans un pays latin... Le manager propose à la jeune femme de dîner en sa compagnie. Elle refuse mais n’en reste pas là : non seulement elle porte plainte contre son collègue mais aussi contre son employeur. «Elle nous a reproché de ne pas lui assurer la tranquillité sur son lieu de travail ! » se souvient Sina Fateh. « Pourtant, elle n’était pas en danger, juste sollicitée ! » Une nuance visiblement bien différente entre un Européen et un Américain. Et le chef d’entreprise de conseiller : «Il faut donc être très attentif à ces petites choses qui peuvent vous coûter cher. Laisser la porte ouverte lorsque vous êtes en rendez-vous avec une femme afin de ne pas être accusé de harcèlement sexuel par exemple... »
LE DROIT A L’ÉCHEC
Aux États-Unis, un dépôt de bilan, une période de chômage, une erreur de parcours n’est pas un handicap. Pour les DRH, c’est même plutôt un critère favorable à un recrutement ou à une évolution de carrière. «Un CV linéaire, une vie professionnelle qui se limite à deux ou trois entreprises ne nous intéresse pas ! » insiste Jacques Vallée. Pour ce capital investisseur expatrié en Californie depuis plus vingt ans : « Cette attitude montre que l’individu n’a pris aucun risque, ou tout juste des risques calculés ! Le progrès, l’innovation ne peuvent exister qu’avec des ratés ! »
Une expérience valorisée pour les Américains, l’erreur n’est pas stigmatisante. Au contraire. Elle est la preuve de la capacité d’action du salarié. De nombreuses sociétés des États-Unis en ont fait leur philosophie. Un exemple : «Après l’éclatement de la bulle Internet en 2002, personne n’aurait eu l’idée de faire le moindre reproche à ceux qui s’étaient lancés dans une Start-up », témoigne Jean-Bernard Guerré, à la tête d’Avisé, une PME qu’il a fondée à San Francisco. «Après avoir déposé le bilan, et connu le chômage, les cadres ont réintégré des sociétés... Dans les couloirs, les collègues les félicitaient avec la même ferveur que s’ils avaient réussi ! », se souvient, encore incrédule, cet entrepreneur : «Ce que nous qualifions d’échec, les Américains l’appellent expérience.... Aux yeux des recruteurs, cela vaut souvent mieux qu’un bon diplôme. » Pour Thierry Picq, responsable du département gestion des ressources humaines à l’EM Lyon, et spécialiste des pratiques RH américaines, cet état d’esprit naît d’une culture d’expérimentation forte. «Les américains n’attendent pas d’avoir une maîtrise totale d’une situation pour agir. Ils se lancent, quitte à rectifier le tir. » Une mentalité bien loin du «faire juste », bien et du premier coup, à la française ! Selon l’enseignant-chercheur, cette théorie de l’ajustement permanent s’observe dans les ressources humaines. Pour preuve, les DRH construisent les systèmes d’évaluation de leurs managers sur ce principe : «Ici, plus que d’être questionné sur vos résultats, on vous interroge sur votre mode d’apprentissage : Comment avez-vous appris cette compétence ? Quelles sont les erreurs que vous avez fait ? Comment savez vous que vous ne les reproduirez pas ? » constate Alinh Hoang, Vice-président de l’unité de Business Développement de Zodiac à Seattle.
Essayer toujours, et ce cadre d’EMC de confirmer. «Je ne suis pas responsable des erreurs de mes collaborateurs, mais je le deviens à partir du moment où ils les reproduisent ! » Dans cette grande entreprise américaine spécialisée dans la sauvegarde des données informatiques, toute l’organisation de la société a même été repensée afin d’encourager les salariés à entreprendre. Ainsi, un employé détenteur d’une idée obtient-il rapidement un soutien à plusieurs niveaux. «Un système multidisciplinaire interne se crée. Dans ce laboratoire transversal, l’innovation propre est développée. Et en même temps les débouchés commerciaux sont passés au crible, les applications technologiques envisagées.. » explique Lawrence A. Zulch, à la tête d’EMC Corporation. Cette mutualisation rapide des compétences permet de vérifier rapidement si une innovation est concluante et si elle est, de la développer en interne ! Et le Vice-président de conclure : «En cas de fausse piste, je n’en voudrais jamais au salarié d’avoir essayé. Au contraire... Il aura toutes les chances d’être promu ! »
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