LES PYROMANES JOUENT LES POMPIERS
Le Mot de Michel de PONCINS
Président de Catholiques pour les libertés Economiques ( CLE ), animateur de TOCQUEVILLE MAGAZINE et de RADIO SILENCE
Les Danaïdes, dans la mythologie grecque, sont de délicieuses jeunes filles qui pour avoir tué sans ménagement 50 jeunes gens ont été condamnées dans les enfers à remplir éternellement un tonneau sans fond.
La course éperdue des gouvernements européens pour voler au secours de la Grèce et d'autres pays les conduit à condamner les peuples européens au supplice des Danaïdes. Il y a quelques jours il était question simplement de 30 milliards d'euros pour « sauver » la Grèce et nous voici dépassant allègrement les 100 milliards sans que personne évidemment ne puisse savoir si cela suffira. Pour éponger les catastrophes cachées qu'ils ont eux-mêmes créées, voici que les mêmes gouvernements mobilisent 750 milliards au risque de créer un nouvel incendie !
Le tout repose sur un certain nombre de mensonges.D'abord, pour la Grèce et pour d'autres, l'on se réfère sans
cesse au PIB en rapportant tous les chiffres à cet étalon maintenant
universel ; or les économistes savent bien que c'est une quantité qui
n'a aucune signification intelligente et qui est trafiquée en permanence
dans tous les pays. Bien mieux, l'Europe savait depuis 2001 que les
statistiques grecques étaient volontairement faussées par les pouvoirs
politiques de ce pays, les autres gouvernements acceptant par solidarité
amicale de fermer les yeux.
L'aide promise à la Grèce est
présentée comme un simple prêt avec un taux d'intérêt jugé acceptable et
l'on entend avec stupéfaction les ministres des finances des pays
prêteurs affirmer, non sans aplomb, que le prêt sera remboursé et même
qu'au finish l'opération sera fructueuse ! !
A l'origine de la
crise qui frappe durement la Grèce il y a un point qui est passé
absolument sous silence par toute la presse : c'est la cupidité des dirigeants politiques grecs. La Grèce est en fait exploitée depuis
longtemps par un petit quarteron de politiques agissant à leur profit
dans un cadre familial ; pour consolider leur pouvoir et la richesse
personnelle qui s'ensuit ils ont pratiqué ce que l'on appelle
pudiquement le « clientélisme politique » et ont donc recruté des
cohortes de fonctionnaires ou de quasi fonctionnaires ; 70 % des Grecs
vivent au dépens de l'Etat au lieu de créer de la richesse comme ils
pourraient le faire. Il est facile de comprendre que la découverte
brutale de cette réalité avec la perspective de perdre leurs avantages
soit terrifiante pour ces millions de gens. Ce pays est loin d'être le
seul à souffrir d'un excès de fonctionnarisation.
Finalement il
a été victime d'une opération malhônète qui conduit la population à une
double punition. La première est que le peuple grec n'a pas pu
s'enrichir normalement en créant de la richesse. La deuxième vient de ce que la sortie est particulièrement cruelle par les remèdes administrés, ce
qui conduit aux émeutes dans la rue avec déjà un certain nombre de
décès. Cette analyse s'applique avec des nuances diverses à tous les
pays européens même aux plus présumés « vertueux».
En
face de cette situation dramatique qu'elle est la réaction de ce que
l'on dénomme avec emphase la communauté internationale ? C'est là que se
situe la solidarité entre eux des dirigeants politiques des divers pays,
laquelle est une des faces cachées de cette communauté internationale.
Il ne saurait être question pour les autres d'accuser clairement la
classe politique grecque, car ce serait risquer le boomerang sur ce qui
se passe, sauf exception, dans les grandes démocraties occidentales
surtout les plus prétentieuses.
Les mesures imposées à la Grèce
sont purement mathématiques et arbitraires, en s'inspirant de la
pratique habituelle du FMI. Jugeant, à juste titre, que les déficits
sont insupportables, les prêteurs européens obligent le pays à y porter
remède mais sans se préoccuper du tout de la façon dont la potion sera
administrée. La potion est une austérité vraiment dramatique pour le peuple grec, sans que soit portée nulle atteinte aux privilèges scandaleux
de la classe politique.
Il faut ajouter que le secours
à la Grèce s'inspire de l'objectif fondamental d'éviter qu'elle sorte de
l'euro. Est-il utile de rappeler que Tocqueville Magazine, dès la
création de l'euro, a indiqué non seulement que c'était une création
nuisible pour les économies engagées dans cette aventure mais qu'un jour
l'euro éclaterait ? Comme beaucoup d'économistes partagent cet avis et l'écrivent clairement dans les journaux, quelle est la raison pour
laquelle les gouvernements européens veulent absolument éviter cet
éclatement ? L'on retrouve ici encore la cupidité habituelle des
politiques. La communauté européenne avec son satellite l'euro est
célèbre dans le monde entier pour l'enrichissement indu et considérable
des eurocrates allant jusqu'à des retraites parfaitement scandaleuses.
L'éclatement de l'euro mettrait à mal l'Europe et par conséquent la
rivière argentée où s'abreuve continuellement cet enrichissement !
L'incendie des dettes vient ces jours-ci de recevoir un coup
de vent supplémentaire. Un fond de soutien général aux économies en
danger va être créé avec 750 milliards d'emprunt ou de garanties. Les
Etats européens sont tous connus pour leurs déficits publics, même s'il
y a quelques différences entre eux ; l'enrichissement personnel indu des
politiques surtout du plus haut niveau est à la fois la cause, le
résultat et l'objectif masqué de ces déficits. Au surendettement général
il va donc se surajouter un étage. Les peuples sont évidemment
abasourdis devant ce cirque, se rendant compte que le supplice des
Danaïdes est leur seule perspective.
Les marchés en économie
représentent la "vox populi". Il est possible qu'ils se rétablissent
provisoirement. Mais il est un principe absolu : personne ne peut lutter
indéfiniment contre les marchés.
Michel de Poncins