RENCONTRES AUTOUR DU

 

CYBER CARNAVAL DE LA

 

MEDITERRANEE AVEC

 

PATRICK MOYA

 

SUR SECOND LIFE

 

NICE – 25 ET 26 FEVRIER 2011

UNIVERSITE DE SAINT JEAN D’ANGELY Nice

Vendredi 25 Février de 14h à 16h30

AUDITORIUM DU M.A.M.A.C. de Nice

Vendredi 25 Février de 18h à 20h

MUSEAAV Place Garibaldi Nice

Samedi 26 Février de 14h30 à 18h

 

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En 2010, le Carnaval de Nice avait déjà réuni des internautes du monde entier pour un défilé fait de pixels. Le défilé virtuel a réuni des artistes du pourtour méditerranéen sur une reproduction en 3D de la Place Masséna dans l’univers de Second Life de l’artiste niçois Patrick MOYA. Visible sur le grand écran de la Place Masséna, le cyber carnaval a donné  également lieu à une rencontre les 25 et 26 février organisée par Patrick MOYAen partenariat avec l’Office du Tourisme de la Ville de Nice.


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L’invité d’honneur a été  le grand spécialiste des mondes virtuels, l’italien Mario GEROSA, auteur de nombreux ouvrages et expositions sur le sujet. Rédacteur en chef d’AD magazine italie et enseignant le multimédia à l’université de Milan, il a organisé à Florence en 2009 l’exposition RINASCIMENTO VIRTUALE présentant pour la première fois « l’art de Second Life ». Il a également créé la première agence de voyage pour les mondes virtuels « SYNTHAVELS » et un conservatoire des architectures virtuelles.


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Parmi les autres invités italiens qui sont intervenus dans ce débat en réel à Nice au cour de cette rencontre autour du cyber Carnaval de la Méditerranée organisé de main de maître par Patrick MOYA  :


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* Giampiero Moioli, professeur de sculpture à l’université de Brera à Milan et artiste sur Second Life, il a créé le Virtual Lab pour permettre aux étudiants de l’université de Brera de s’initier aux mondes virtuels. Un ouvrage récent sur le Virtual Lab préfacé par Philippe Starck a réuni les textes de nombreux spécialistes des « Métavers ».


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* Fabio Fornasari, architecte connu sur Second Life mais aussi en réel, puisqu’il vient de terminer avec Italo ROTA le nouveau Musée du NOVECENTO au sein du PLAZZO DELL’ARENGARIO sur la place du Dôme à Milan. Il est professeur à l’Université de Urbino et à l’école des Beaux-Arts de Milan.


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* Stefania Albertini, professeur de sculpture à l’Université de Brera à Milan et artiste sur Second Life.

 

* Paolo Brenzini , artiste et galeriste sur Second Life et à Genova.

 

Plusieurs autres intervenants ont parlé en direct depuis Second Life :

 

* Wafa Bourkhis, artiste tunisienne, professeur d’Education Artistique et Doctorante de l’Université de Tunis. Connue sous le nom de SUNFLOWER AICHI dans le monde virtuel et créatrice de l’Union artistique pour la Méditerranée, elle a récemment organisé des directs depuis Second Life pour le colloque Technologie Jeunesse et Enjeux de la création numérique au Centre Universitaire de GABES. Un travail avec les Universités tunisiennes est resté en suspens en raison des évènements de la Tunisie.

 

* Anne Astier, artiste marseillaise et galeriste sur Second Life.


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* Natacha Quester-Séméon, Digital Strategist, productrice et journaliste. Chroniqueuse de l’émission Bienvenue chez Basse sur Europe 1, elle est directrice de l’Agence i-Marginal et de CultureClic.fr. Elle travaille avec l’architecte Tatiana Salomon, conceptrice d’îles sur Second Life depuis 2006 : îles Vertes, Paris Rive Gauche, Neutrino Campus, Neutrino et les îles d’Air France-KLM.


* Marina Bellini, responsable du « Musei di Roma Capitale » sur Second Life et qui nous a parlé du futur Carnaval de Rome, lui aussi, virtuel.

 

* Le Groupe PIRATS ART NETWORK

* Des Niçois nous ont parlé de leurs expériences sur Second Life : L’équipe du MUSEAAV et leurs alias, Thierry Fouqués, Chef d’entreprise niçoise intervenant et sponsor sur Second Life. Christian Gallo, allias FICANAS directeur artistique de galeries d’art virtuel sur Scond Life ( Art Touch sur Chili Pepper, Chili Village, Rendez-vous), et Florence Carnarelli, journaliste en réel et sur Second Life.

 * De plus les intervenants ont participé en compagnie de l’historienne du Carnaval Annie Sidro à une émission de Radio Sensation en direct du MUSEAAV le 25 au soir.


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* L’atelier philosophique organisé par «PHILALETHEIA » et animé par Hoda HILIa fait participer les intervenants en direct et sur Second Lifele samedi après-midi 26 février de 14h30 à 18h au MUSEAAV  sur le thème « des masques et des avatars » : le virtuel est-il une subdivision de la réalité déguisée ou l’expérience d’une nouvelle forme de réel ? 

 

* Le samedi 26 février au soir, les avatars de Second Life ayant quitté leur écran, se sont plongés dans le Carnaval bien réel pour assister à la projection du film de Patrick MOYA « le carnaval virtuel » sur le grand écran de la Place Masséna et au corso.


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Photos Agency Press DIACONESCO.TV - C.Copyright - 25.02.2011 - Nice

 

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Colloque sur Second Lifeà l'Auditorium du Musée d'Art Modermeet d'Art Contemporain de Nice le vendredi 25 février 2011 à 18 heures avec les participants italiens.

 



Des masques et des avatars 

Avec Hoda HILI au MUSEAAV

 

PHILALETHEIA 

Le virtuel est- il une subversion de la réalité déguisée ou l’expérience d’une nouvelle forme de réel ?

 

 

 Les mondes virtuels, dit aussi metavers (ou méta- univers), renversent- ils l’ordre des choses en simulant le réel ? Platon voyait dans l’imitation et la reproduction une perversion des choses telles qu’elles sont vraiment. Toute reproduction pour restituer l’essence des choses était vue comme une subversion de l’ordre ontologique et cosmologique des choses. Toute reproduction, y compris la création artistique que Platon ne considérait pas comme une production, mais seulement comme une activité visant à s’accaparer les attributs du réel1 ! Mais est-ce pertinent d’attribuer aux mondes virtuels la volonté de reproduire le réel ? Cette question suppose deux choses : 1) que les mondes virtuels ne sont pas des réalités, 2) que le réel sert de modèle, d’archétype aux constructions virtuels.

  

 1 On peut se demander, dans le contexte de la création esthétique, si l’art des mondes virtuels n’est pas une forme d'art subversif.

  

A contrario, l’homme ne devient- il pas avec le virtuel, et comme le dit Descartes de la science et de technique, « comme maître et possesseur de la nature » ? La création humaine, par analogie avec la création divine, s’émanciperait alors des valeurs traditionnellement admises qui considèrent l’artificiel comme inférieur au naturel pour les élever tous les deux au même rang… L’homme ne créé- t- il pas de nouvelles formes de réalité à travers les metavers ? N’est- il pas comme un dieu des mondes virtuels ? Patrick Moya, créateur du MoyaLand sur Second Life et organisateur de Cyber-évènements décrit « la maîtrise complète d’un univers visitable » comme ce qui l’attire dans le virtuel…

  

Le virtuel est- il, en somme, une exploration des mondes possibles plutôt qu’un appauvrissement de la réalité? Ne peut-on pas y voir une révolution existentielle et sociale d’un nouveau genre ?

 

On peut aussi orienter la question de façon plus localisée sur ce qui permet l’interactivité dans ces mondes virtuels : les avatars, qui sont des représentations virtuelles des personnes explorant ces univers. A l’origine, « avatar » est un terme sanscrit désignant les différentes incarnations de la divinité Vishnou. Or, de quelle nature sont les incarnations numériques ? Dans quelle chair, pour reprendre l’étymologie, les acteurs de ces univers s’incarnent- ils ? Ces identités numériques, que véhiculent- elles ? Quelle correspondance établissent- elles avec la vie réelle ?

Peut- on parler de masques virtuels ayant les mêmes fonctions d’inversion des rôles et d’exutoire que les masques carnavalesques ? Sont- elles des aveux autobiographiques ? Des métamorphoses fantasmées, voir motivées par une procuration morbide2 ? « L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donnez-lui un masque et il dira la vérité. » dit Oscar Wilde. Enfin, certains avatars ne sont- ils pas plutôt des virtuoses de la création mettant en oeuvre de réelles compétences au service de l’esthétique contemporaine ?

 

D’autre part, à quel type d’expérience vécue avons- nous à faire dans ces univers virtuels ? Et doit-on { proprement parler d’expérience(s) ? En effet, cela ne revient- il pas à accepter, paradoxalement, l’idée de « réalités artificielles » ?

 

Une longue tradition philosophique depuis l’Antiquité, et dont on est directement tributaire, a exclu le virtuel du réel en les opposant. Aristote, notamment, a distinguer les choses qui sont « en acte », c’est- à- dire, réelles, réalisées, actuelles, des choses qui sont « en puissance », c’est- à- dire seulement possibles, potentielles, mais non actualisées. Pierre Levy3 explique cette distinction en donnant l’exemple de la graine et de l’arbre : la graine n’est pas la réalité de l’arbre et pourtant l’arbre existe virtuellement dans celle- ci. Cette potentialité, qui pour Aristote précède la réalité sans pourtant en faire partie, n’est juste qu’une condition du réel. C’est ce que les scolastiques désignaient par virtuel, virtus en latin médiéval, qui signifie force, impulsion originelle. Le contexte philosophique d’une telle réflexion était celui de comprendre comment les êtres vivants, et les hommes en particulier, se réalisaient dans un perpétuel mouvement et changement du monde alors que l’essence d’une chose est, par définition, éternelle et immuable.

 

2 Une objection à cela serait de considérer que la procuration n’est pas nécessairement une fuite de la réalité mais un trait psychologique de la réalité. Pour Deleuze par exemple, et du point de vue de la psychologie, le virtuel est un manque et par là même il est en manque de sa propre complétude ; il est un « objet partiel » que la réalité actuelle complète.

3 Qu’est- ce que le virtuel (1995)

  

Bergson, au début du XXème siècle, renverse lui cette manière de penser traditionnelle pour affirmer que « c’est le réel qui se fait le possible, et non pas le possible qui devient réel. » Le virtuel compris comme la simple possibilité pour une chose de se réaliser suppose, en effet, que le possible a quelque chose de moins que le réel, que la réalité détiendrait quelque chose de plus que la virtualité. Au contraire, Bergson remarque que ce qui a une réalité concrète a épuisé ses possibilités dans sa réalisation. Une fois qu’une chose est faite, il n’y a plus rien { faire, ni { réinventer mais le possible, lui, échappe { l’irréversibilité de la réalisation. Le possible est créateur de nouvelles réalités imprévisibles en se dépossédant des réalités passées… Gilles Deleuze va plus loin dans ce renversement du concept : pour lui la réalité est caractérisée par son dédoublement entre sa réalisation concrète et sa virtualité. La réalité est une multiplicité simultanée d’actualité et de virtualité. La réalité4 est une structure dynamique dans laquelle actuel et virtuel s’articulent. Et voilà ce qui caractérise chacun de ces aspects du réel :

 

« Les objets réels, en vertu du principe de réalité, sont soumis à la loi d’être ou de ne pas être quelque part, mais [que] l’objet virtuel au contraire a pour propriété d’être et de ne pas être où il est, où qu’il aille. »

 

Ce qui caractérise le virtuel est de pouvoir être là sans être là. Deleuze dit encore du virtuel, en citant Proust :

 

« Le virtuel possède une pleine réalité, en tant que virtuel. Du virtuel, il faut dire exactement ce que Proust disait des états de résonance : ‘réels sans être actuels, idéaux sans être abstraits’; et symboliques sans être fictifs. »

 

Voir dans la madeleine de Proust une métaphore du virtuel rappelle l’analogie que Mario Gerosa fait entre le roman du 19e siècle et l’esthétique des mondes virtuels. « Les uns utilisent la littérature, les autres utilisent l'imagination visuelle, créant des mondes à regarder plutôt qu'à lire. » (Interview de Véronique Godé pour Arte télévision). Et en effet, les mondes virtuels ne mobilisent- ils pas une activité signifiante et herméneutique de l’homme, relevant de l’invisible ? Le virtuel n’est- il pas un nouveau signe du réel ?5

 

4 Deleuze évoque ensuite le danger qu’il y aurait { confondre le virtuel avec le possible. Ce dernier s’oppose au réel, il procède d’une réalisation : «Chaque fois que nous posons le problème en termes de possible et de réel, nous sommes forcés de concevoir l’existence comme un surgissement brut, acte pur, saut qui s’opère toujours derrière notre dos, soumis à la loi du tout ou rien. » (Différence et Répétition, p. 273).

 

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Aujourd’hui, le sens du virtuel, au sens d’un « monde virtuel », n’est pas tout à fait celui-là et réinterroge le rapport de la virtualité avec la réalité… une définition plus récente est celle que Pierre Levy6 fait dans Cyberculture (1997). Le virtuel est compris dans son sens ordinaire comme ce qui est « faux, illusoire, irréel, imaginaire, possible ». Il est aussi, dans un sens plus spécialisé, « Monde virtuel au sens du dispositif informationnel : Le message est un espace d’interaction par proximité dans lequel l’explorateur peut contrôler directement un représentant de lui-même. »

 

On revient ici à la question de la fonction de l’avatar : est- il une simple représentation de la personne connectée aux réseaux virtuels par sa présence face à l’ordinateur ? Les stimulations perceptives des environnements synthétiques multisensoriels que sont les réseaux virtuels ne font- ils pas plutôt de l’avatar une extension de soi, une présentification de la réalité sous une forme nouvelle ? L’avatar ne peut- il pas être considéré comme une sorte d’icône7, présentifiant les personnes et les facettes cachées et sublimées de leur personnalité ?

 

5 Arnauld et Nicole, dans La logique ou l’art de penser (1662), définissent ainsi le signe : « Quand on ne regarde un certain objet que comme en représentant un autre, l’idée qu’on en a est une idée de signe, et ce premier objet s’appelle signe. C’est ainsi qu’on regarde d’ordinaire les cartes et les tableaux. Ainsi le signe enferme deux idées : l’une de la chose qui représente ; l’autre de la chose représentée ; et sa nature consiste à exciter la seconde par la première. »

6 Echelle des différents sens, du sens le plus faible vers le plus fort (Cyberculture, 1997) :

« Virtuel au sens commun : Faux, illusoire, irréel, imaginaire, possible.

Virtuel au sens philosophique : Existe en puissance et non en acte, existe sans être-là. Exemples : L’arbre dans la graine (par opposition à l’actualité d’un arbre ayant effectivement poussé). Un mot dans la langue (par opposition à l’actualité d’une occurrence de prononciation)

Monde virtuel au sens de la calculabilité informatique : Univers de possibles calculables à partir d’un modèle numérique et des inputs fournis par un utilisateur. Exemples : Ensemble des messages qui peuvent être délivrés respectivement par : des logiciels pour l’écriture, le dessin ou la musique ; des systèmes hypertextes ; des bases de données ; des systèmes experts ; des simulations interactives ; etc.

Monde virtuel au sens du dispositif informationnel : Le message est un espace d’interaction par proximité dans lequel l’explorateur peut contrôler directement un représentant de lui-même. Exemples : Cartes dynamiques de données présentant l’information en fonction du ‘point de vue’, de la position ou de l’historique de l’explorateur, jeux de rôle en réseau, jeux vidéo, simulateurs de vol, réalités virtuelles, etc.

Monde virtuel au sens technologique étroit : Illusion d’interaction sensorimotrice avec un modèle informatique. Exemples : Utilisation de lunettes stéréoscopiques, de gants ou de combinaison de données pour visites de monuments reconstitués, entraînement à des opérations chirurgicales, etc. »

7 L’idée dominante dans l’Icône n’est pas sa référence au Sacré mais son pouvoir de rendre présente une chose qui ne l’est pas (La Querelle des icônes, par exemple, opposait ceux qui voyaient dans les icônes la présence du Christ à ceux…)

 

Philippe Quéau, philosophe lui aussi spécialisé dans l’informatique, donne quant à lui, une définition encore plus précise du virtuel dans Le virtuel, vertus et vertiges (1993) :

« Un monde virtuel est une base de données graphiques interactives, explorable et visualisable en temps réel sous forme d’images de synthèse tridimensionnelles de façon à donner le sentiment d’une immersion dans l’image. Dans ses formes les plus complexes, l’environnement virtuel est un véritable ‘espace de synthèse’, dans lequel on peut avoir le sentiment de se déplacer physiquement.»

Il s’agit pour Philippe Quéau de « l’un des développements les plus récents et les plus prometteurs de l’infographie. ». Il va jusqu’à affirmer que « Les mondes virtuels représentent une révolution copernicienne».

Ce nouveau rapport au réel autorise des explorations que la réalité concrète, celle qu’on perçoit non pas par l’intermédiaire d’un écran, mais par des perceptions directes, ne saurait rendre possible et réalisable :

« Les mondes virtuels étant totalement synthétiques, on peut les programmer à volonté et, partant, ils sont un parfait instrument pour explorer de nouveaux types d’espaces, (…). Ce sont ces expérimentations inclassables que les ‘mondes virtuels’ vont nous faire habiter. »

 

Hoda HILI, pour PhilAletheia Philosophie

Philopourtous.over-blog.com

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L'Avatar "LOU BARBET PASTORELLI" ( mystère qui sait celui-là ? )

en visite chez MOYA LAND ( Patrick MOYA )