A LA DECOUVERTE DU VILLAGE DE PEILLE par Thierry JAN
A LA DECOUVERTE DE PEILLE
Chronique Voyages et Tourisme par Thierry JAN
En ce début d’avril, les beaux jours semblent enfin vouloir s’imposer . Déjà sur nos plages, on peut observer les premiers baigneurs, les plus courageux qui bravent une mer à 13°. Il faut néanmoins se méfier de ce mois, celui de la lune rousse, le plus traître et on ne retiendra qu’une phrase, celle des vieux, ceux qui savent : « En avril ne te découvres pas d’un fil. » Cette semaine nous irons visiter un village très pittoresque, loin des flux touristiques et qui a pu ainsi garder son âme. Peille est une page d’histoire à lui tout seul.
Bien qu’accroché sur son Baou, Peille à 630 mètres d’altitude, est dominé par le mont Agel. Le vieux village séduira à plus d’un point le visiteur. Ce sont de vieilles maisons en pierre, des venelles, ruelles et calades, pour certaines encore pavées. On descend, empruntant des passages voûtés. Le village est très ancien. Il aurait même des origines préhistoriques avec la pierre à sacrifice du mont Ougran et les ruines d’un oratoire dédié à saint Jean Baptiste C’est au XIe siècle que les moines de l’abbaye de saint Pons édifient une chapelle.
Trois siècles plus tard, le baillage de Peille est créé, il comportait alors 18 communes. Après 1388 les Savoie deviennent souverains du Comté de Nice et donc de Peille. La cité étant consulaire, Peille dispose de la haute et basse justice. Les arrêts de mort étaient rendus place de Colle. Le condamné remontait la rue des voûtes, rejoignant l’église sainte Marie, au pied de laquelle se trouvait le gibet, là il restait pendu au dessus du précipice. Les Lascaris de Vintimille furent jusqu’à la révolution les Comte de Peille. On peut y contempler leur palais au bord de la falaise. Ce fut une cité fortifiée, l’on peut encore observer à l’Arma une ancienne porte. Il y avait plusieurs chapelles, aujourd’hui désaffectées : saint Sébastien qui est maintenant l’hôtel de ville. Sa construction fut longue, commencée au XIIIe, il faudra près de six siècles pour l’achever. La miséricorde est aujourd’hui le moulin à huile communal.
Ces deux chapelles appartenaient aux pénitents noirs. Saint Joseph du XVIIIe siècle était tenue, quant à elle par les pénitents blancs. Dans la rue saint Sébastien on peut admirer l’ancien hôtel de la gabelle, restauré suite à plusieurs séismes. L’église sainte Marie, se trouve en dehors du village, ce qui est une curiosité. Elle fut édifiée en trois étapes par les chanoines de saint Ruff d’Avignon qui avaient acquis le lieu de culte des moines de saint Pons. Du XIIIe au XVIe siècle ils l’agrandissent. Au XVIIe ils la cèdent au clergé séculier ( celui qui vit dans le monde). Elle sera restaurée au XIXe et au XXe siècle. C’est alors que l’on découvrit des squelettes et des ossements, preuves de l’existence d’un ancien cimetière. Le village redevient une première fois français en 1720, puis la révolution y fera flotter le drapeau tricolore.
C’est en 1860 que la plus grande partie du Comté de Nice redevient définitivement français dont Peille. Mary Garden est une bienfaitrice du village, un square et une rue portent son nom. C’est elle qui oeuvra pour l’édification du monument aux morts. Lui aussi est original, détaché sur son arrête rocheuse il offre un panorama époustouflant . Selon un Peillois, le village a deux autres célébrités : un peintre injustement méconnu : Goothé Mahé et un poète Roger Pérruquetti qui a chanté son village :
« Peille ma bien aimée, troublante et silencieuse
Peille, belle endormie, un temps si courageuse… »
Il a le verbe haut et vous parlera de son village avec des mots pleins d’émotions. Il y a dans ce village ; comme dans beaucoup ; des légendes, celle de A Bagueta est l’œuvre de Félix Robin, elle nous conte l’histoire d’un berger qui sourcier, retrouvant l’eau suite à un tremblement de terre, épousa la fille du seigneur. Peille est le plus curieux village de notre département, curieux probablement, captivant certainement.
Thierry JAN