NICE AU DEBUT DU SIECLE DERNIER : LE PETIT PARIS D'HIVER
NICE AU DEBUT DU
SIECLE DERNIER
Rubrique Culturelle de Thierry JAN
Le mois de juillet est le signal du lancement de la saison d’été. Les plages, qui semblent être le seul but et le seul intérêt de ces touristes, vont se retrouver bondées. Jadis les Niçois désertaient la ville et montaient dans les vallées bénéficier d’un climat moins humide et plus sain. Nice et toute la riviera deviennent une sorte de bronzarium où les odeurs d’huiles solaires, de frites et de sueurs sont dominantes. Un soleil de plomb, caniculaire, une eau de mer tiède, tout est réuni pour satisfaire les estivants dans leur quête d’une peau halée malgré les risques de naevus. Au début du XXe siècle, Nice avait un tout autre visage avec ses hivernants, c’est ce que nous verrons cette semaine.
LE PETIT PARIS D’HIVER
Nice est le rendez vous des têtes couronnées, la chute de l’empire n’y change rien, la riviera est une sorte d’enclave où les rois, les princes se retrouvent entre eux durant cette saison d’hiver qui commence à l’automne et se termine en avril. Ces classes aristocratiques et d’affaires profitent d’un rythme de vie calme, du farniente et des plaisirs toujours plus nombreux qui leurs sont offerts. Les banques parisiennes s’installent sur cette avenue devenue l’artère commerciale principale de Nice. Elles sont là pour répondre aux attentes de ces riches rentiers, industriels, hommes d’affaires. Les capitaux doivent circuler rapidement avec le jeu boursier. A cela s’ajoutent des établissements de crédits, de recouvrements de créances et d’assurances. La présence de notables étrangers amène l’ouverture de consulats, on en compte plus de trente à Nice, dont : l’Angleterre, les Etats-Unis, la Pologne, la Hongrie, la Russie, l'Italie ...
L’hôtellerie va ainsi connaître un fort développement. On citera entre autres : le Negresco, l’hôtel des Anglais, le Cercle de la Méditerranée, le Winter Palace, le Grand hôtel des Palmiers, le Riviera Palace, le Regina Palace, l’hôtel Austria à l’ambiance viennoise.
Le shopping ne date pas d’aujourd’hui et cette clientèle exigeante et huppée choisie ses toilettes chez Sert Migno, les corsets chez Azam, deux boutiques de l’avenue Masséna.
Pour les chapeaux c’est avenue de la gare chez Bauduc. Le bijoutier le plus couru est Morgan quai Masséna. Les parfums se trouvent à la pharmacie parfumerie Rebec à l’angle des avenues de la gare et de la paix (aujourd’hui Jean Médecin et Clemenceau). Les plus gourmands, amateurs de pâtisserie se rendaient soit chez Rumpelmayer boulevard Victor Hugo, soit chez Féa sous les arcades de la place Masséna à l’angle du boulevard Félix-Faure. Le London House au jardin public est le restaurant chic dont les habitués sont : le Prince de Galles et les grands Ducs Russes.
Pour divertir ces hivernants, on trouve : des théâtres, l’Opéra, des ballets, des concerts, des expositions, des conférences et même des manifestations sportives. Le magazine La vie Mondaine informe sur tous ces évènements, tandis que Le Courrier des Etrangers permet de découvrir la liste de ces personnalités présentes sur la riviera. Nice en matière de spectacle occupe la deuxième place après Paris.
Les 130 cafés dont le plus célèbre est le café Monot place Masséna, où l’on propose des spectacles, certains comme celui du Casino Municipal ou le grand café du Globe boulevard Mac Mahon s’animent jour et nuit. On comprend que Nice en ce début du XXe siècle fut surnommée ‘ Le Petit Paris d’hiver’.
Thierry JAN