L'AMERIQUE N'EST PAS MORTE éditorial de GUY MILLIERE
L’Amérique n’est pas morte
Je viens de faire un bref voyage dans l’Ouest des Etats-Unis. J’en reviens un peu moins pessimiste que j’ai pu l’être. La présidence Obama est un désastre fort loin d’être achevé, hélas, et l’économie américaine continue à aller mal.
J’aurai amplement l’occasion de revenir sur ces points puisque le principal intéressé est à la Maison Blanche pour quatre années encore, et ne compte visiblement pas s’arrêter sur sa lancée.
Il n’en reste pas moins au sein du peuple américaine une capacité de résistance et une opiniâtreté qui ne seront pas si aisément détruites. Nombre de gens ont conscience des difficultés auxquelles le pays est confronté et sont prêts à affronter ces difficultés. Nombre de gens ne sont pas du tout prêts à abandonner la liberté et l’esprit d’entreprise, ainsi que les valeurs essentielles sur lesquelles reposent les Etats-Unis. En somme, l’Amérique n’est pas morte. Je dois ajouter que nombre de gens ne se font aucune illusion sur Obama et pensent que c’est un charlatan. Ce qui explique la réélection d’Obama, ce sont les facteurs dont j’ai déjà eu l’occasion de parler dans des articles antécédents, mais ce sont aussi deux facteurs qu’il ne faut pas sous-estimer.
Le premier est qu’Obama est le premier Président noir. Et tout comme des centaines de milliers de gens ont voté pour lui en 2008, irrationnellement, parce qu’il constituait une sorte de symbole, des centaines de milliers de gens ont voté pour lui cette fois parce qu’ils ne voulaient pas que les Etats-Unis soient considérés comme un pays raciste qui, après avoir élu un Président noir, le renverraient chez lui au bout d’un seul mandat : c’est effroyable d’avoir à constater qu’une élection peut se jouer aussi sur ce type de facteur, mais c’est un fait. Une élection peut aussi se jouer sur ce type de facteur.
Le deuxième est que Mitt Romney n’a pas sur soulever l’enthousiasme, et le troisième débat, qui portait sur la politique étrangère, lui a, semble-t-il coûté très cher. Mitt Romney était un homme de qualité. Mais il a suivi des conseils de communicants qui lui ont dit de modérer son discours et de s’adresser à des gens qui avaient voté Obama en 2008, et qui pouvaient être déçus en 2012. J’ai tenté, à l’époque, de me convaincre que cette stratégie avait une valeur. J’en suis beaucoup moins persuadé aujourd’hui. Nombre de gens des tea parties sont restés chez eux et se sont abstenus en novembre dernier : simplement parce que Romney ne les a pas enthousiasmés.
Le parti républicain est aujourd’hui dans une crise très profonde et en plein désarroi. Des hommes tels que Karl Rove attribuent la défaite et la réélection d’Obama aux tea parties et considèrent que le parti doit affirmer plus nettement une ligne modérée pour l’emporter à nouveau. D’autres, les gens des tea parties précisément, pensent que c’est au contraire la modération inculquée à Romney qui a conduit à la situation présente. J’aurais tendance à donner raison aux gens des tea parties. L’élan de 2009 – 2010 ne s’est pas retrouvé en 2012, c’est un fait. Le président républicain qui a marqué la deuxième moitié du vingtième siècle, Ronald Reagan, n’était en rien un modéré, un tiède et un homme acceptant d’écouter des communicants. Ce sont des hommes comme Ronald Reagan qui, seuls, peuvent marquer l’histoire.
Le parti républicain se redressera-t-il au cours des années à venir, et parviendra-t-il à la victoire en 2016 ? Nul ne peut le dire. Il faut le souhaiter, car les Etats-Unis restent plus que jamais, selon l’expression d’Abraham Lincoln, « the last best hope », le dernier meilleur espoir ». Pour l’heure, il n’y a aucun Ronald Reagan sur l’horizon, c’est un fait.
En attendant 2016, Obama va continuer sur sa lancée. Le traditionnel « discours sur l’état de l’union » qu’il a prononcé mardi soir était, sur ce plan très clair, et aurait pu être risible s’il n’avait été si tragique. C’était un discours arrogant et interminable (plus d’une heure). C’était un discours délirant décrivant une Amérique et un monde qui n’ont aucun rapport avec la réalité. C’était un discours d’idéologue dogmatique dans lequel figuraient les figures de style malhonnêtes utilisées par les socialistes du monde entier : à la diabolisation des profits et à la description des dépenses gouvernementales comme des « investissements » s’ajoutaient des propos grotesques et indécents parlant d’une économie américaine qui redémarre sainement et crée des emplois, à l’évocation d’une organisation terroriste appelée al Qaida qui serait « en voie de disparition » et à celle d’un printemps arabe portant de beaux fruits, s’accolait la description d’un dérèglement climatique auquel il faudrait remédier en brassant du vent à l’aide de milliers d’éoliennes. Ce discours était un programme détaillé et, de fait, un programme prometteur, au sens le plus noir du terme. Je reviendrai sur ce discours dans les jours qui viennent : il indique ce qu’Obama veut faire.
Ce discours était aussi un aveu d’impuissance : bien qu’ayant employé le mot « je » quarante quatre fois, et bien qu’ayant évoqué une volonté quasiment dictatoriale de gouverner par décrets (executive orders), Obama a aussi beaucoup parlé au conditionnel, comme s’il avait implicité que les idées qu’il porte auraient des difficultés à être davantage mises en oeuvre. Pas tant par opposition du Congrès, mais parce que les limites de l’endettement américain vont se trouver atteintes, et que les dépenses promises ne pourront se faire sans argent.
Si j’avais du trouver une preuve que la France va infiniment plus mal que les Etats-Unis, je l’ai trouvée à mon retour. Pas un seul commentaire que j’ai pu trouver dans la presse française concernant le discours d’Obama n’était porteur du moindre regard critique ou ironique. Pour les Etats-Unis, Obama est un radical, un gauchiste dangereux. En France, il serait un membre de l’aile modérée du Parti socialiste, peut-être même serait-il membre de l’UMP. C’est dire où nous en sommes.
SOURCE : Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info
IN ENGLISH
America is not dead
Obama Speech Union 2013
I just made a short trip in the western United States. I come back a little less pessimistic than I have been. Obama's presidency is a disaster far from being completed, alas, and the U.S. economy continues to go wrong.
I will have ample opportunity to revisit these issues as the main person is in the White House for four more years, and has obviously not stop the momentum.
Still, not least within the American people resilience and tenacity that will not be so easily destroyed. Many people are aware of the difficulties the country is facing and are ready to face these challenges. Many people are not ready to give up freedom and entrepreneurship, as well as the core values upon which the United States. In short, America is not dead. I must add that many people are under no illusions about Obama and think it is a charlatan. This explains the re-election of Obama, these are the factors which I have already had occasion to speak in history articles, but they are also two factors should not be underestimated.
The first is that Obama is the first black President. And just like hundreds of thousands of people voted for him in 2008, irrationally, because it was a kind of symbol, hundreds of thousands of people voted for him this time because they did not want the United States are considered a racist country which, after having elected a black president, would send the home after one term: it is terrible to have to find an election can also play on this type of factor, but it is a fact. An election can also be played on this type of factor.
The second is that Mitt Romney did not raise the enthusiasm and the third debate, which focused on foreign policy, has, it seems very expensive. Mitt Romney was a man of quality. But he followed the advice of communicators who told him to moderate his speech and to speak to people who had voted for Obama in 2008, and could be disappointed in 2012. I tried at the time to convince me that this strategy has a value. I am much less confident today. Number of people tea parties stayed at home and abstained last November: just because Romney has not excited.
The Republican Party is now in a very deep crisis and disarray. Men such as Karl Rove and attributed the defeat to Obama's reelection tea parties and believe that the party must state more clearly a moderate to win again. Other people of tea parties specifically think it is rather instilled in moderation Romney has led to the present situation. I tend to give people reason to tea parties. The momentum of 2009 - 2010 was not found in 2012, is a fact. Republican President who scored the second half of the twentieth century, Ronald Reagan, was in no way a moderate, a warm and accepting a man to listen communicators. They are men like Ronald Reagan who, alone, can make history.
The Republican party he recovers in the years to come, and he will reach to victory in 2016? No one can say. Will hopefully, as the United States remains more than ever, in the words of Abraham Lincoln, "the last best hope," the last best hope. " For now, there is no Reagan on the horizon, it is a fact.
Meanwhile in 2016, Obama will continue its momentum. The traditional "speech on the state of the union" he delivered Tuesday night was very clear in this regard and could be laughable if it were not so tragic. It was an arrogant and interminable speeches (over an hour). It was a delirious speech describing an America and a world that has no relation to reality. It was a dogmatic ideologue speech which contained the figures of speech used by dishonest socialist world: the demonization of profits and description of government spending as "investments" were added about the grotesque and indecent speaking of a healthy U.S. economy restarts and creates jobs, the evocation of a terrorist organization called al Qaeda would be "endangered" and the Arab Spring on a beautiful fruit is accolait description of a climate change that should be addressed in the wind stirring with thousands of wind turbines. The speech was a detailed and, in fact, a promising program, in the broadest sense of the term black. I will return to this discourse in the coming days: it indicates what Obama wants to do.
The speech was also an admission of impotence: although used the word "I" forty-four times, and although mentioned will almost dictatorial rule by decree (executive orders), Obama also talked a lot about the conditional as if he had implicitness that the ideas that door would be more difficult to be implemented. Not so much by congressional opposition, but because of the U.S. debt limit will be reached, and that spending promises can not be done without money.
If I could find a proof that France is infinitely worse than the United States, I found on my return. Not a single comment that I could find in the French press about Obama's speech was not carrying any of the critical or ironic. For the United States, Obama is a radical, a leftist dangerous. In France, it is a member of the moderate wing of the Socialist Party, perhaps it would be a member of the UMP. That is to say where we are.
SOURCE: Reprinted with permission with the following: © Guy Millière for www.Dreuz.info