23 mars 2013

FRED FOREST L' HOMME MEDIA IDEAL N° 1 DANS LE MONDE

ET SI L'ON REPARLE DE FRED FOREST

L'HOMME MEDIA N°1

fred forest chemin de croix nice 2005

C'ETAIT EN 2005 A NICE L'EXPOSITION CHEMIN DE CROiX AVEC INSTALLATION DIACONESCO.TV A LA GALERIE C. DEPARDIEU - C.COPYRIGHT AGENCY PRESS INTERNATIONAL DIACONESCO.TV - NICE 2005 -

 

Vendredi, 25 Janvier, 2013 - au Dimanche, 31 Mars, 2013
 
Fred Forest

L’artiste dont le seul tort est d’avoir eu raison trop tôt


« Fred Forest pose un problème et il est exemplaire. Il est certainement l’artiste qui a su pressentir (…) l’importance de la communication, non pas comme une série de systèmes destinés à appréhender le réel, mais comme un volume, un territoire autonome où l’auto-expressivité se normalise au contact d’autres intervenants dans une même situation sociale » Pierre Restany
Artiste singulier et prolifique, Fred Forest est un pionnier tout azimut. Théoricien praticien de l’art sociologique, il est un des premiers artistes multimédia. Il a utilisé depuis ses débuts, dans les années 60, les nouveaux médias au fur et à mesure de leur apparition afin de nourrir une démarche d’investigation sur le champ global de la communication. Autodidacte, Fred Forest n'a eu de cesse de bousculer les valeurs de l'art contemporain, son marché et ses institutions en utilisant tour à tour l’animation de rue, les technologies et les mass-médias pour mettre en valeur ses préoccupations et ses façons d’être au monde.
Cette exposition a pour intention de présenter cet artiste hors norme, à travers un parcours représentatif s’étalant sur une période d’une cinquantaine d’années, mêlant oeuvres récentes à des dispositifs plus anciens ainsi que des propositions participatives. Son propos consistera à mettre en valeur l’importance de la communication dans notre époque, depuis le moment où notre civilisation a basculé du mécanique vers l’électronique, avec toutes les avancées technologiques qui s’en sont suivies. Il a la volonté d’introduire du sens et de la conscience dans les esprits à un moment de crise majeure de notre civilisation, où l’artiste conçoit son travail avec les outils d’aujourd’hui, en ajoutant à la valeur esthétique intrinsèque, une valeur critique sociale, sociologique, politique et éthique.

 

PARTICIPEZ A DISTANCE A L’EXPOSITION avec 3 œuvres participatives de Fred Forest

 

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Le Robinet Planétaire

FAITES COULER DE L’EAU A DISTANCE DANS LE CADRE DE L’EXPO  FRED FOREST L’HOMME-MEDIA N°1 AU CDA D’ENGHIEN-LES-BAINS
DU 25 JANVIER AU 31 MARS
Tel : 01 39 64  15 13
Un système d’irrigation écologique et sophistiqué ramenant 99% du précieux liquide dans l’eau du lac sans risque d’inondation...
http://www.dailymotion.com/video/xx53fk_fred-forest-l-homme-media-numero-1_news#.URAv7YXMXwi

 

DECRYPTAGE CITOYEN DU MEDIA

avec le site participatif http://www.flux-et-reflux.org

du décryptage citoyen du média qui permet aux internautes de s’exprimer et de partager un point de vue critique sur les contenus d’Internet

sur ce site, une base de donnée vidéos sur le thème de la violence, à laquelle quiconque peut accéder. En cliquant sur des mots-clés qui sont proposés à l’arrivée sur le site, une vidéo se lance de façon aléatoire. L’objet de l’œuvre est pour l’internaute de laisser des commentaires qui s’inscriront sur la vidéo et y resteront pour la lecture suivante. Un dispositif et un écran permettront également, depuis l’espace d’expo du CDA, de consulter l’œuvre et s’y inscrire.

 

FAITTES DON DE VOTRE PIED AU RESEAU

http://www.fredforest.org/pied/pied.htm

Prière d’indiquer sur le scan la pointure, la ville d’origine et toutes mentions que vous jugez nécessaire

 

Télécharger le dossier de presse

En savoir plus sur la biographie de Fred Forest :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fred_Forest
http://en.wikipedia.org/wiki/Fred_Forest
Décrouvrez ses oeuvres :
http://www.webnetmuseum.org
http://www.fredforest.org
ses sites participatifs :
www.biennale3000saopaulo.org
http://www.flux-et-reflux.org
Retrouvez son fonds à l'INA :
http://www.inatheque.fr/

 

fred forest festival du livre à mouans-sartoux

PHOTO AGENCY PRESS INTERNATIONAL DIACONESCO.TV - C.COPYRIGHT

FRED FOREST L’EXPOSITION


Scénographie : Manuela Manzini
L’Exposition L’Homme Media n°1 propose un parcours qui s’étale sur une période d’une cinquantaine d’années nourrie d’exemples significatifs de l’utilisation du média.
La Médiation
L’utilisation de QR codes introduite par l’artiste pour la lecture de chaque oeuvre présentée constitue une façon inédite de découvrir les travaux présentés dans l’exposition. Le parcours selon la volonté de l’artiste, ne sera ni chronologique, ni thématique, mais à partir d’oeuvres emblématiques offre à chaque visiteur l’opportunité de construire le sien propre en jouant de sa créativité

Une exposition en partenariat avec :

Avec la participation de la collection du Frac Haute Normandie
et celle de la collection du Centre national des arts plastiques - ministère de la Culture et de la Communication

 

le live: 

Le teaser: 
VIDEO de présentation: 
 
Bonus : 

FRED FOREST L’ENTRETIEN
À l’occasion de l’exposition L’Homme Media n°1, Fred Forest répond aux questions de Dominique Roland, Directeur du Centre des arts.

DR : Fred Forest, vous êtes à la fois un pionnier et le fondateur de courants de pensées convoquant les media, sous la forme de réflexions liées à l’esthétique et à la sociologie de la communication. Comment sont nées ces préoccupations dans votre travail ?

FF : je m’en réfèrerai à Pierre Restany, critique éminent, qui disait qu’à l’art du beau, va succéder l’art de la vérité. L’art de la vérité, c’est le quotidien, et l’art sociologique est une sorte de prise de vue de la vie quotidienne, transférée dans un second temps vers la sphère culturelle, et donnée à voir avec le recul nécessaire. L’art sociologique est né dans les années 70 à l’initiative, d’Hervé Ficher, Jean-Paul Thénot et moi-même qui avions formé le Collectif d’art sociologique. Nous en avons développé à la fois une pratique et une théorie de l’art.

DR : Une esthétique de l’art sociologique, c’est quoi ?

FF : Dans le temps et la durée chronologique, il y a d’abord l’art sociologique qui revêt un caractère militant et qui s’intéresse à des prises de conscience et des tranches de vie de la réalité ici et maintenant. Une dizaine d’années plus tard, l’esthétique de la communication voit le jour avec le Pr Mario Costa avec qui nous avons notamment publié le premier Manifeste qui a pour propos l’état de l’homme non seulement par rapport à sa réalité sociale mais aussi par rapport au monde. Les technologies aujourd’hui modifient notre rapport au monde car elles amènent l’ubiquité, la présence à distance, permettant d’inscrire chacun au-delà d’une société en particulier. L’esthétique de l’art sociologique est reconnaissable dans les formes qu’elle développe car elle sollicite d’abord notre sensibilité mais aussi notre conscience critique et politique au travers des concepts purs et durs. J’ai fait différentes actions qui mettent en oeuvre cette esthétique à l’intérieure de laquelle c’est souvent la sensibilité qui prime sur le discours théorique ou universitaire, étant en premier lieu un artiste.

DR : « L’Homme Media n°1 », c’est le titre de cette exposition qui vous est consacrée. Qu’en est-il de ce numéro 1 ?

FF : Ce numéro 1, c’est la référence à un travail spécifique que j’ai poursuivi toute ma vie autour de la question des media. D’abord, j’ai travaillé avec tous les média : la vidéo, la presse écrite, les journaux électroniques, la TV, la radio, le téléphone, le minitel, et aujourd’hui Internet. C’est une première référence. Ensuite, je considère que la production même des articles qui ont été faits à propos de mon travail fait partie intégrante de mon oeuvre. J’ai eu des centaines d’articles qui ont commenté mes actions. Je pense que je suis l’un des artistes contemporains qui a été le plus médiatisé. Notamment en dehors des rubriques dévolues à l’art. Cette appellation d’homme média n°1 veut mettre en évidence cette démarche et sa spécificité. DR : Quelle importance a pour vous cette exposition ?

FF : C’est une exposition qui revêt une très grande importance à mes yeux car mon oeuvre est considérée comme inclassable, voir non montrable. Ce sera l’occasion de prouver le contraire. Mon travail est tantôt désigné comme art numérique, tantôt comme art de la communication ou de l’événement, tandis qu’il se situe, stricto sensu, au niveau de l’hybridation de médias diversifiés. Cette exposition est donc l’occasion de développer différents thèmes abordés par mon travail, montrant par là même combien ma pratique reste prolifique et s’inscrit encore aujourd’hui dans une contemporanéité en mouvement. Une actualité de l’art sur laquelle je surfe avec les jeunes générations, considérant que l’oeuvre à réaliser est toujours devant moi d’une façon prospective. De plus, mon travail est un travail critique qui questionne les institutions comme les différents pouvoirs. Je pense que le rôle de l’artiste est bien plutôt de poser des questions que d’apporter des réponses. Mon propos est bien de faire prendre conscience de l’ici et maintenant, tant sur le plan social et politique que métaphysique. Je considère que mon travail n’a pas été reconnu comme il se doit en France, non seulement à cause de sa complexité mais du fait surtout que l’objet de ma démarche est aussi la critique radicale du paysage institutionnel. Le marché auquel j’ai toujours refusé de participer, comme les institutions, ont toujours tenté d’une certaine manière de m’isoler. C’était mal compter sur ma pugnacité et mon sens de la communication, qui m’a permis d’être aujourd’hui, l’artiste que je suis devenu, bénéficiant en retour de l’avantage d’une totale liberté de parole. Qui donc oserait s’en plaindre ?

 

 

Fred Forest à Enghien-les-Bains
L’homme, média idéal

 
Centre des Arts Vue d'exposition vd_ff_3.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains

Le Centre des arts d’Enghien-les-Bains présente actuellement L’Homme Média n°1, une rétrospective de l’œuvre de Fred Forest. De l’art sociologique à l’esthétique de la communication, cet événement nous convie à une plongée dans cinquante années d’exploration artistique des technologies nouvelles.

 

Blouson gris sur pantalon et col roulé noirs, lunettes retenues à un cordon passé autour du cou, Fred Forest parle avec les uns et les autres, explique un dispositif, raconte une anecdote. L’heure est au partage et à la bonne humeur : le Centre des arts d’Enghien-les-Bains et son directeur, Dominique Roland, accueillent la première rétrospective de l’œuvre de l’artiste. L’Homme Média n°1 est un événement, notamment pour tous ceux qui suivent, depuis des décennies maintenant, les pérégrinations de ce « poil à gratter » du milieu de l’art, comme parfois il lui arrive de se qualifier. Ils sont venus nombreux le saluer et lui signifier combien ils lui sont reconnaissants d’avoir su garder le cap. Pionnier de l'art vidéo, puis du Net art et de l'art des médias, Fred Forest déroule une œuvre absolument originale et essentielle. Porté par une détermination sans faille, il ne se contente pas d’être un témoin de son temps, mais agit et incite le regardeur à en faire autant. « J’invite le spectateur de l’art à vivre la transformation du “réel” en “réalité”. Je l’invite, en l’obligeant à fixer son regard, à passer de l’observation brute des “objets” à une pensée élaborée du monde. Passage décisif d’une pratique critique d’observation à une pratique d’intervention et d’interprétation »*.  Les dispositifs successifs mis en place par l’artiste, bien qu’ils poursuivaient toujours la même quête – donner envie à l’autre de penser par lui-même et l’amener à devenir acteur, à agir sur le monde, à le transformer –, ne permettaient pas, jusqu’à ce jour, une vision globale de son travail. Si Fred Forest a beaucoup écrit, si nombre d’intellectuels, philosophes, écrivains, enseignants ou journalistes ont publié sur lui, si le Net lui permet de consigner ses actions et d’en laisser l’accès libre, si l’Ina a décidé de protéger son œuvre et d’en être garant pour les générations à venir, il n’en reste pas moins vrai que l’exposition qui se déroule à Enghien-les-Bains jusqu’au 31 mars marque une étape dans la (re)connaissance de son œuvre. Entretien.

 

ArtsHebdo|Médias. – Cinquante ans de vie artistique réunis dans un même lieu. Quel est votre sentiment face à cette exposition ?

Fred Forest. – Mon sentiment est étrange, car j’ai l’impression de découvrir mon propre travail. Comme si c’était quelqu’un d’autre, en quelque sorte, qui l’avait produit… J’y vois et j’y reconnais des lignes de force, dont je n’avais pas clairement conscience et qui me semblent désormais établies. Je suis reconnaissant à la direction du Centre des arts, devant mon insistance, d’avoir consenti à ce que je sois le commissaire de ma propre exposition ! J’estimais que nul autre que moi n’était à même d’en traduire au mieux la mesure et la démesure. L’accueil du public dès le soir du vernissage me conforte dans cette opinion. La collaboration étroite et complice initiée avec Manuela Manzini pour sa préparation constitue la clé de voûte de ce succès. J’ai d’emblée rejeté une présentation traditionnelle, chronologique ou thématique, chère aux élèves de l’école du Louvre, pour opter pour une monstration en rhizome ou si vous préférez en agrégats. En « noyaux d’actions » rythmant l’espace à occuper sur les deux galeries qui se superposent. Faisant ainsi, au passage, la preuve que l’ensemble de mon œuvre était bien « exposable », contrairement à l’avis de certains conservateurs…

 

Vous qui avez l’habitude des expo-performances, comment êtes-vous passé de l’action à la transmission, de l’expérience à la pédagogie ?

D’une façon toute naturelle, car je considère que mes actions sont en quelque sorte de la pédagogie en soi. De la pédagogie en actes. Prenons pour exemple une de mes dernières performances, réalisée au Centre Pompidou, à mon compte et sans autorisation de ce dernier, pour protester contre mon absence de la manifestation Vidéo Vintage. J’ai contesté cette mise à l’écart par des gestes symboliques – action d’enfermement – et j’ai élargi le propos en informant les visiteurs que Beaubourg refuse toujours de communiquer au citoyen les prix de ses acquisitions. Ce qui, d’une part, laisse rêveur sur les pratiques d’un grand pays comme le nôtre et de ses représentants, et, d’autre part, ouvre toute grande la porte à des dérives comme l’achat d’une œuvre immatérielle en liquide et sans acte de vente ! J’évoque ici l’achat d’une pièce de Tino Sehgal.

 

* Propos tirés du catalogue accompagnant l’exposition L’Homme Média n°1.

 

The Traders Ball Fred Forest ball-print441.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains

 II - SUITE L'HOMME MEDIA N° 1 FRED FOREST

 
 
Centre des Arts Vue d'exposition vd_ff_2.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains

 

L’homme média n°1 fait référence à votre travail artistique et précurseur dans le domaine de la communication et de l’information, mais ne vous considérez-vous pas aussi comme un média à part entière ?

Absolument ! Je suis le média à part entière de ma pratique artistique. Toute proportion gardée comme… Dali ou Joseph Beuys. Cette forte personnalisation me fut parfois reprochée. Mais d’aucuns, comme le philosophe Vilém Flusser, finirent par convenir qu’elle m’était nécessaire dans la stratégie à adopter vis-à-vis des médias. N’ayant jamais eu de connivence avec les bobos des milieux de l’art contemporain, j’ai délibérément choisi de « m’inventer », seul contre tous, en m’appuyant sur les médias, ce qui m’offre aujourd’hui une totale liberté de parole. La situation n’a certes pas toujours été facile à vivre, me privant notamment du confort du marché et des institutions, mais citez-moi donc un seul artiste français qui se paye le luxe de mettre sur le gril d’une façon aussi joyeuse les caciques de l’art contemporain ?

 

Vous sollicitez systématiquement le visiteur, le lecteur ou le spectateur. Est-ce à dire que seule l’implication fait naître la réflexion ?

L’implication fait certes naître la réflexion, car elle constitue le premier pas d’une relation dialogique. Mais, celle-ci doit aller plus loin encore quand le dispositif instauré par l’artiste permet des allers-retours successifs entre émetteur et récepteur, qui poussent la pensée dans ses retranchements. Une pensée en partage qui s’élabore et se creuse dans un échange en construction. Seul ce va-et-vient permet l’approfondissement véritable d’une réflexion en action.

 

Pensez-vous qu’il serait encore possible aujourd’hui d’entraîner dans une action artistique des journaux télévisés à grande audience, des quotidiens nationaux ou des émissions radio à forte écoute ?

Assurément non ! Je ne vois ni France Télévision, ni encore moins TF1, se prêter à de tels jeux. Il s’agit d’énormes machineries hiérarchisées, où l’esprit de fantaisie et de recherche ne peut être l’apanage de la décision d’un seul individu. Tout est sous contrôle et la prudence commande les moindres gestes. Les programmes sont sans aspérités et, de ce fait, se ressemblent tous avec un souci tel du politiquement correct, qu’ils engendrent la plupart du temps un ennui profond. Mais, il ne faut pas croire pour autant qu’à l’époque c’était si facile d’obtenir un espace blanc dans un quotidien national, ni même régional, et encore moins une minute de silence au beau milieu du journal télévisé... Il fallait avoir une idée fixe, un bon sens des relations humaines, une connaissance des fonctionnements médiatiques, voire de la ruse… et savoir saisir sa chance dans une conversation engagée où le moindre glissement sémantique pouvait, comme par magie, vous permettre d’obtenir satisfaction ! Autant dire qu’il ne fut pas possible pour les artistes de multiplier à l’envi les inserts dans la presse. La peinture étant, par ailleurs, d’un confort plus grand et surtout d’un rapport lucratif moins aléatoire. Il suffit pour s’en convaincre de comparer les deux pratiques et leur présence dans les foires !

 

 Fred Forest portrait_ff.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains
III - SUITE FRED FOREST : L'HOMME MEDIA IDEAL N° 1
 
 
Rencontre avec Fred Forest, Le Monde Fred Forest rencontres-le-monde-jesus.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains
Au cours de l’expo, le visiteur est invité à faire don de la photographie de son pied à une immense base de données, ou à faire couler de l’eau dans un seau grâce à un coup de fil qui fait le tour de la Terre. Parlez-nous de la place de l’humour dans votre œuvre.

En ce qui concerne la base de données, où les visiteurs sont invités à faire don de l’empreinte de leur pied au réseau, elle relève à l’origine d’une chose très sérieuse. Celle de notre rapport au corps dans un monde qui se « technologise » à grande vitesse. C’est, autrement dit, inviter sans délai le visiteur à quitter l’écran qui lui donne des instructions. Quitter la technologie pour, dans un premier temps, enlever collant ou chaussette, puis scanner l’extrémité de son pied, en le posant sur la plaque de verre du scanner, pour finir par visualiser ce dernier sur Internet. Tous ces pieds déposés au cours de cette exposition circulent autour de la Terre en une longue ribambelle – joyeuse celle-là – évoquant l’épopée de la marche forcée du parti communiste chinois pour échapper à l’armée nationale révolutionnaire du Kuomintang. La notion de « Territoire » étant fortement présente dans ma pratique artistique, et sachant le rôle à la fois physique et symbolique du pied, comme marqueur dans l’appropriation du M2 artistique, j’estime ici la démonstration terminée et avoir répondu, d’une façon la plus pertinente possible, à la question de la place de l’humour dans mon œuvre. Quant à faire couler de l’eau à distance dans un seau grâce à un coup de fil qui fait le tour de la Terre, chacun de ceux qui lisent cet article peut l’expérimenter en appelant le 01 39 64 15 13, de chez lui ou du lieu d’exposition.

 

Au XIXe siècle, certains penseurs et inventeurs ont souhaité non pas forcément s’ériger contre l’industrialisation, mais réfléchir et élaborer des solutions pour que l’homme reste au cœur des préoccupations, qu’il apprenne à se servir des machines et non que ces dernières l’asservissent. Vous sentez-vous proche de cette démarche ?

Les machines, qu’elles soient à bras, mécaniques ou électroniques, sont neutres. Ce sont les usages qu’en font les hommes qui les rendent bénéfiques ou dangereuses. En tout état de cause, vu les problèmes éthiques que soulèvent la multiplication des robots et machines en tous genres dans notre civilisation, c’est la « machine humaine » qui doit être améliorée, afin que, si elle pense tant soit peu à son devenir, elle puisse sauvegarder... sa précieuse existence.

 

Vous avez pris soin de toujours conserver un pied dans la pratique, un pied dans la théorie. La première est foisonnante et vos écrits sont nombreux. Un artiste se doit-il d’expliquer ce qu’il fait, ce qu’il recherche ?

S’il a le goût pour le faire, il ne doit pas s’en priver. S’il a la capacité de le faire, pourquoi ne le ferait-il pas ? J’écris toujours d’abord pour moi et pour mieux comprendre les motivations qui m’animent. Mais les écrits, comme les paroles, peuvent être des éléments complémentaires qui ouvrent aux autres des accès transversaux à votre travail. Un souvenir me revient à l’esprit : en 1972, invité par René Berger au Musée des beaux-arts de Lausanne pour présenter le Space Media (insert de presse réalisé avec la Tribune de Lausanne), j’avais accroché une pancarte à mon cou sur laquelle on pouvait lire « L’artiste discute avec vous ». J’ai toujours remarqué combien les gens, a priori hostiles à mes productions, avaient un point de vue différent après que nous ayons échangé quelque peu.

 

Le Robinet planétaire Fred Forest le_robinet_planetaire.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains
IV - L' OMME MEDIA N° 1 - FRED FOREST - FIN
Centre des Arts Vue d'exposition vd_ff_au-cda.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains

 

Votre combat contre les institutions est bien connu, mais vous entretenez de bonnes relations avec nombre de ses représentants et certaines d’entre elles comme l’Ina, par exemple. N’est-il pas là question politique d’une lutte contre l’institution, l’ordre établi, le pouvoir ?

J’admets que les institutions sont nécessaires pour réguler la vie en société. Mais j’exècre, et je combats de toutes mes forces, les responsables qui s’attribuent indûment des prérogatives, qui utilisent leur pouvoir de manière abusive. Un pouvoir qui leur a été conféré par des citoyens et pour les citoyens. Ils n’en sont que les dépositaires. Souvent, dans le milieu de l’art contemporain, les responsables s’identifient à une caste d’élus qui exclut les uns, pour distribuer aux autres. Ceci dit je ne suis pas contre les institutions et j’entretiens d’excellents rapports, comme vous le soulignez, avec l’Ina et aussi avec l’université, ou encore le centre d’art le Lait d’Albi et le Centre des arts d’Enghien-les-Bains, dont les directions sont animées par de véritables règles éthiques qui régissent au quotidien leurs rapports avec les artistes. Je suis enclin à penser que le marché, certains collectionneurs et l’argent, ont, en quelque sorte, perverti les institutions. Ils leur ont fait perdre leur rôle de prescripteurs et se le sont attribué. Aujourd’hui, c’est la valeur économique de l’œuvre qui, paradoxalement, conditionne, induit et fixe la valeur esthétique. Si mes rapports sont bons avec l’Ina, c’est tout simplement parce qu’il n’est nullement impliqué dans le marché de l’art contemporain et ses vicissitudes !

 

Quelle est votre plus grande joie d’artiste ?

Le visage éclairé de cet enfant qui joue avec Le téléphone planétaire.

 

Catalogue de l'exposition Fred Forest, L'homme média n°1 couv2_exe.jpg Expositions Arts numériques Fred Forest à Enghien-les-Bains
L’Homme Média n°1, le catalogue

Depuis sa création, le Centre des arts édite – sous la direction de Dominique Roland – une collection parfois accompagnée de CD ou de DVD, en lien avec ses grandes manifestations. Au-delà du catalogue, les 35 ouvrages parus à ce jour mettent en perspective chaque sujet traité grâce aux contributions de spécialistes, critiques, artistes, scientifiques… La rétrospective de Fred Forest ne fait pas exception. Pour vous donner une avant goût de l’excellence de ce livre voici un extrait du texte de l’artiste et théoricienne en art visuels et numériques Sophie Lavaud, qui vient à la suite d’une description des dispositifs de l’exposition : « Ce sont ces éléments d’information qui seront révélés et mis à la disposition du public du Centre des arts, sous forme de traces écrites, photographiées, filmées, imprimées, sous forme de diaporamas, vidéos, inserts de presse, constituant une méta-communication parergonale, à la fois interne et externe aux œuvres-actions générée par elles qui les désigne et les dessine dans l’organisation mentale des visiteurs. Ce sont ces métadonnées, protéiformes et multimodales, qui seront sérigraphiées pour rendre compte au public de ce travail singulier, basé non pas sur les performances et les prouesses technologiques mais sur la magie et le merveilleux qu’elles engendrent. S’immisçant dans le flux médiatique pour mieux en détourner la fonctionnement, il interroge l’humain, sa sensibilité, sa conscience, sa pensée, sa cognition et son imaginaire. L’humain au centre du modèle esthétique, c’est ce qui redonne à l’art son fondement originel éthique. »

Du web 2.0 avant l’heure : une pratique éthique de l’art, du modèle esthétique au modèle social, texte théorique pour le catalogue de l’exposition monographique de Fred Forest : L’Homme Média n°1, Centre des arts d’Enghien-les-Bains, janvier 2013, p. 110 par Sophie Lavaud.

 

Contact> L’Homme Média n°1 jusqu’au 31 mars au Centre des arts d'Enghien-les-Bains, 12-16, rue de la libération, 95880 Enghien-les-Bains, France. Tél. : 01 30 10 88 91. www.cda95.fr. www.webnetmuseum.org et www.fredforest.org.

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