Il arrive que l’on sous-estime la clairvoyance des dirigeants africains. Ceux des pays du Sahel ont enfin compris qu’il n’y aura pas de paix chez eux, et aussi au Nigeria où les musulmans extrémistes de Boko Haram sont maintenant capables de prendre une base militaire du gouvernement et une province entière, tant que le foyer qui alimente tous les djihadistes de l’Afrique de l’Ouest n’aura pas été neutralisé.
Réunis à Dakar les 15 et 16 décembre, la Mauritanie, le Tchad, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont émis une motion demandant à l’ONU de déployer une force internationale en Libye d’où partent armes, équipements, hommes et capitaux à destination des groupes djihadistes en Afrique.
Dans une Libye ravagée par les guerres tribales, pratiquement sans Gouvernement, il est clair qu’existe une organisation largement clandestine dont les ficelles sont tirées par le foyer wahhabite du terrorisme international.
Son objectif est de répandre l’islam fondamentaliste par le fer et le feu en profitant de la désorganisation que les Occidentaux ont introduite dans la plupart des pays musulmans en croyant favoriser l’émergence de la démocratie par la suppression des chefs d’États laïques qui tenaient les populations et les religieux musulmans d’une main de fer.
On peut dire sans exagération que les Etats-Unis, la France, l’OTAN et l’ONU, parfois aussi des trublions incultes, inconscients et irresponsables comme Bernard Henri Lévy, portent une part de la responsabilité de milliers de morts, d’une grande misère des peuples et de la disparition des Chrétiens après celle des Juifs dans des pays où ils cohabitaient tant bien que mal avec les musulmans depuis quatorze siècles.
BHL faisant sa pub à Tripoli pour son roman de 640 pages qui fut un bide : Pas une page sans qu’il se mette en scène, qu’il apparaisse, en train de manger le mouton au riz graisseux dans le désert libyen avec des chefs de tribus en révolte contre Kadhafi ou avec des militaires dissidents, ou encore sur des barricades construites pour la circonstance.
La clairvoyance des chefs d’États africains se double d’une grande naïveté. Pourquoi faire appel à une force internationale qui montre partout son inefficacité ? Au Mali, après le nettoyage réalisé avec compétence et intelligence par l’armée française, la force internationale n’a mis que quelques semaines à s’effacer devant les Touaregs et les djihadistes de retour.
Au Nigeria, la base militaire prise par Boko Haram était tenue par une force internationale africaine qui a pris la fuite après quatre heures de combat. Et la faute n’incombe pas qu’aux militaires, les civils qui gèrent et organisent cette force internationale ne lui avaient donné que pour quatre heures de munitions ! C’est parce qu’ils n’avaient plus de cartouches, de grenades, d’explosifs que les militaires ont pris la fuite, sachant que c’est la mort par égorgement qui les attendait quand Boko Haram prendrait la base.
En Syrie, pas de force internationale, mais une aide militaire honteuse apportée par la France (« par erreur » selon Fabius) et les Etats-Unis à des soi-disant démocrates qui ont basculé aux mains des djihadistes dès que ceux-ci ont investi le champ de bataille. Et les pays occidentaux ont non seulement commis bien des erreurs dans le choix des mercenaires chargés d’éliminer Bachar el-Assad, mais ils ont aussi gravement sous-estimé ce dernier qui, trois ans après le début des hostilités lancées pour le faire partir ou le tuer, résiste toujours et même reprend lentement l’avantage sur son opposition armée.
De plus, ils ont à ses débuts facilité, sinon organisé l’émergence de l’État islamique, et leur créature a fait comme Frankenstein ou le Golem, elle leur a très vite échappé pour mener sa propre existence.
Quant à l’OTAN, aujourd’hui bras armé des visées expansionnistes américaines sur l’Europe de l’Est, elle a montré quand elle est intervenue en Libye à la fois son efficacité en termes de bombardements, son inefficacité en ne prenant pas au sol le contrôle de la situation pour éviter le pillage des stocks d’armes de l’armée libyenne et l’anarchie politique, et une cruauté tout à fait comparable à celle dont fait preuve l’État islamique en ne se préoccupant pas des dégâts collatéraux.
Celle-ci a été dénoncée à Dakar par le président tchadien Idriss Deby qui, ovationné par les participants, a lancé une accusation très grave en présence du ministre français de la Guerre, monsieur Le Drian : « l’objectif de l’OTAN était d’assassiner Kadhafi. Cet objectif a été atteint« .
Le Président tchadien Idriss Deby
On se souvient de la façon atroce dont cet assassinat a été commis, mais on ignore souvent son degré extrême de cruauté. Il faut revenir en arrière.
Muhamar Kadhafi était un officier de l’armée libyenne du roi Idriss, membre du parti socialiste. Il profita d’un voyage en Egypte du vieux roi malade pour faire un coup d’État qui fut, comme il se doit, applaudi par la communauté internationale toujours prête à faire le mauvais choix politique et les pires stupidités.
Dans les premières années de son règne, il fut chouchouté par tous les régimes socialistes du monde et entra comme membre influent à l’Internationale socialiste où Lionel Jospin et Ségolène Royal (vice-présidente) embrassaient à bouche que veux-tu Zine Ben Ali de Tunisie, Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire et Hosni Moubarak d’Egypte. Tous de bons socialistes laïques comme Kadhafi, fidèles aux principes du marxisme.
Laurent Gbagbo avec Jack Lang et Le Guen à l’Internationale Socialiste.
Au fil des ans, Kadhafi prit l’étoffe d’un dictateur socialiste, s’appuyant sur une armée forte et une police efficace et brutale. Le pays vivait en paix et en sécurité, je peux en témoigner pour y avoir été, sauf bien sûr si l’on était soupçonné d’être dans l’opposition, et comme l’a déclaré Monseigneur Martinelli, évêque de Tripoli, il protégeait les Chrétiens qui avaient leurs églises et pouvaient pratiquer leur culte sans risque.
Mais le revers de la médaille était que Kadhafi était devenu mégalomane, franchement anti-occidental et finançait des attentats en Europe. Il faut cependant dire qu’on lui en a prêté plusieurs dans lesquels il n’était pour rien puisque financés et organisés par des pays musulmans du Moyen-Orient bien contents de lui faire porter le chapeau.
Quand apparurent les mouvements dits « du printemps arabe », Américains et Européens crurent malin de les encourager et, par leur inconscience et mauvaise connaissance des mentalités arabes et de l’islam, favorisèrent souvent la prise du pouvoir par les islamistes.
Certains, comme le boutefeu BHL, n’hésitèrent pas à mettre de l’huile sur le feu en colportant des mensonges comme « le bain de sang » que Kadhafi allait commettre à Benghazi. Il organisa une campagne de presse et persuada le président Sarkozy d’établir une zone d’exclusion aérienne pour interdire l’accès de Benghazi aux chasseurs-bombardiers de Kadhafi, ce qui était dans les faits une déclaration de guerre déguisée sous un prétexte humanitaire largement surévalué.
Bien que Kadhafi soit devenu notre allié objectif dans la lutte contre le djihadisme et les filières mafieuses d’immigration africaine à destination de l’Europe depuis que Sarkozy, à l’époque mieux inspiré, l’en avait convaincu, le chef d’Etat libyen prit cette déclaration de guerre pour ce qu’elle était et tout dérapa, bloquant les timides tentatives de négociation s’appuyant sur la résolution 1973 du 17 mars 2011 du Conseil de sécurité des Nations Unies. La France et l’Otan menèrent dès lors une vraie guerre tout en ciblant directement et à plusieurs reprises le colonel Kadhafi.
Techniquement parlant, cette stratégie n’était pas mauvaise. Dans les guerres tribales, tous les officiers des armées coloniales le savaient autrefois, la mort du chef entraine presque toujours la démoralisation de ses troupes et l’arrêt des combats. Mais il y a une différence de qualité entre tuer net le chef d’une balle ou par tout autre moyen, et lui procurer sciemment une longue et sale agonie.
Kadhafi battu, torturé, empalé, poignardé !
L’attaque la plus sanglante eut lieu le 1er mai 2011 quand des avions de l’Otan bombardèrent la villa du fils de Kadhafi, Saif al-Arab, alors que s’y tenait une réunion de famille à laquelle le colonel assistait ainsi que son épouse. Des décombres de la maison furent retirés les cadavres de Saif al-Arab et de trois de ses jeunes enfants.
Bernard Lugan, historien de l’Afrique, raconte : « C’est après ce bombardement que, réagissant à ce qu’il qualifia d’assassinat, Mgr Martinelli, l’évêque de Tripoli, déclara : « Je demande, s’il vous plaît, un geste d’humanité envers le colonel Kadhafi qui a protégé les chrétiens de Libye. C’est un grand ami. » Telle n’était semble t-il pas l’opinion de ceux qui avaient ordonné ce bombardement clairement destiné à en finir avec le chef de l’État libyen sans tenir compte des « dégâts collatéraux »… La guerre « juste » permet bien des « libertés ».
Les chefs d’État africains qui s’étaient quasi unanimement opposés à cette guerre et qui avaient, en vain, tenté de dissuader le président Sarkozy de la mener, pensèrent ensuite avoir trouvé une issue acceptable: le colonel Kadhafi se retirerait et l’intérim du pouvoir serait assuré par son fils Seif al-Islam et cela, afin d’éviter une vacance propice au chaos. Cette sage option fut refusée, notamment par la France, et le colonel Kadhafi se retrouva assiégé dans la ville de Syrte soumise aux bombardements incessants et intensifs de l’Otan.
Une opération d’exfiltration vers le Niger fut alors préparée. Or, les miliciens de Misrata, amis de BHL, alliés de la Turquie et du Qatar, se disposèrent en demi cercle sur l’axe conduisant de Syrte au Niger. L’histoire dira comment et par qui ils furent prévenus de la manœuvre en cours.
Le 20 octobre 2011, le convoi du colonel Kadhafi composé de plusieurs véhicules civils réussit à sortir de la ville. Bien que ne constituant pas un objectif militaire, il fut immédiatement pris pour cible par des avions de l’Otan et en partie détruit. Pour échapper aux avions, le colonel s’abrita dans une buse de béton. Capturé, il fut sauvagement mis à mort après avoir été sodomisé avec une baïonnette. Les gentils démocrates de Misrata ne s’en tinrent pas là puisqu’ils crevèrent les yeux de son fils Moutassim avant de lui couper les mains et les pieds. L’Otan n’avait laissé aucune chance à Mouammar Kadhafi et à son fils. Leurs dépouilles sanglantes furent ensuite exposées comme des trophées dans la morgue de Misrata.
Kadhafi exposé à la morgue après qu’il ait été sodomisé avec une baïonnette.
Les amis de BHL prennent des photos
Ces faits étant rappelés, les accusations du président Deby prennent donc toute leur valeur. Rétrospectivement, le déroulé des événements peut en effet s’apparenter à un « contrat » mis sur la tête du colonel, aucune issue diplomatique honorable ne lui ayant été proposée.
Alors que le résultat de cette guerre insensée est d’avoir offert aux islamistes, au Qatar et à la Turquie la possibilité de prendre le contrôle de la Libye, donc d’une partie des approvisionnements gaziers et pétroliers de l’Europe, le président du Niger, Mamadou Issoufou vient de lancer un cri désespéré:
» Il faut une intervention militaire pour réparer les dégâts liés à la chute de Kadhafi, sinon nous aurons Daesh à nos portes » (Jeune Afrique 28 décembre 2014).
Mamadou Issoufou est d’autant plus fondé à exiger cette intervention que, lors du sommet du G8 de Deauville au mois de mai 2011, il avait fortement demandé au président Sarkozy de renoncer à sa guerre. Il ne fut, hélas, pas davantage écouté que les présidents Déby, Zuma et tous les autres responsables africains…
Conséquence : à l’heure où ces lignes sont écrites, soutenus par la Turquie et le Qatar, les islamistes sont en passe de conquérir la Tripolitaine. Ils sont déjà sur la frontière tunisienne cependant qu’au sud, dans la région de Mourzouk, ils ont pris le contrôle du champ pétrolier d’El-Sharara avec l’aide de certaines fractions touareg. » (Bernard Lugan)
Demander une intervention militaire en Libye, oui, mais pas à l’OTAN dont les dirigeants devraient être traduits en justice devant le TPI et ont aidé les djihadistes à prendre la Libye.
Il y a un pays qui était prêt à la faire cette intervention militaire destinée à chasser les islamistes de Libye, c’est l’Egypte voisine qui craint la contagion d’un foyer de musulmans fondamentalistes à sa porte. L’égorgement sur une plage de 21 chrétiens coptes face à Rome, capitale de la chrétienté et première cible de l’islam comme l’ont rappelé les égorgeurs a donné l’occasion au maréchal El-Sissi de passer à l’action.
Mais il lui faut les moyens militaires, l’Egypte a donc demandé à la France, grand marchand d’armes de grande qualité, la fourniture d’équipements modernes opérationnels très rapidement : 23 Rafales et deux frégates multimissions FREMM. Soit une opération évaluée entre 5 et 6 milliards d’euros. Finalement les Rafale et une frégate ont été vendus, la France prenant à sa charge la moitié environ du crédit bancaire.
Hollande doit regretter ce marché, il sait maintenant à quoi vont servir les Rafale : à tuer des djihadistes. Son tropisme islamique et anti-chrétiens doit se révulser ! L’égorgement des coptes lui a donné l’occasion de montrer vers qui penchent ses sentiments à l’occasion d’un communiqué de l’Elysée. Il parle de « 21 ressortissants égyptiens« . Or il n’ont pas été tués pace qu’ils étaient égyptiens mais parce qu’ils étaient chrétiens, des « gens de la croix« , des « ennemis, membres de l’église égyptienne« .
Il est vrai, comme l’a dit Fabius, que les musulmans sont des victimes de l’islamisme, mais ils ne meurent pas parce qu’ils sont musulmans, ils meurent parce qu’ils sont dans des pays en guerre religieuse menée par le sunnisme. Ils meurent parce qu’ils ne sont pas de la bonne secte musulmane, ils sont chiites, alaouites, kurdes, soufis et pas sunnites. Ce sont les chrétiens majoritairement qui sont tués par les musulmans pour leur religion.
Ensuite, Hollande a stigmatisé « la haine religieuse des terroristes« , sans dire que ces terroristes sont musulmans et leur haine antichrétienne. Enfin, il parle dans son communiqué de « Daesh » pour éviter de dire « État islamique » qui rappellerait que les assassins égorgeurs sont musulmans et se revendiquent fidèles pratiquants de l’islam menant une guerre contre la chrétienté et « les croisés« .
En France même, où se manifeste un véritable antichristianisme d’État, musulmans et antifas d’extrême gauche peuvent saccager en toute impunité les tombes des chrétiens et des juifs, taguer les églises, les profaner et parfois les incendier, arracher le drapeau français, profaner la stèle dressée en l’honneur du général Bigeard, le silence de l’Elysée est assourdissant. Pour des cimetières chrétiens vandalisés et profanés, Hollande ne se déplace pas comme il l’a fait pour le cimetière juif de Sarre vandalisé croyait-il par des sympathisants FN. Il a l’air bien c.. maintenant que l’on sait que c’étaient des fils de profs socialistes et antifas !
Les égorgeurs de la plage libyenne ont adressé leur message « signé dans le sang » aux « nations de la croix ». « Vous nous avez vus en Syrie, maintenant nous sommes au sud de Rome. » Ces islamistes méprisent la laïcité, et haïssent la religion chrétienne parce que la guerre qu’ils mènent est religieuse.
Maurice D.
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http://www.mondialisation.ca/guerre-en-libye-les-incendiaires-crient-au-feu/5431766
La guerre qui se propage en Libye fauche de plus en plus de victimes non seulement sur terre mais aussi en mer : de nombreux désespérés, qui tentent la traversée de la Méditerranée, se noient. « Du fond de la mer ils nous demandent où est notre humanité », écrit Pier Luigi Bersani. Il devrait avant tout se demander où est la sienne, dhumanité, et avec elle sa capacité éthique et politique, quand, le 18 mars 2011, à la veille de la guerre USA/Otan contre la Libye, en habit de secrétaire du Pd (Partito democratico), il sexclamait « à la bonne heure », en soulignant que « lArticle 11 de la Constitution répudie la guerre, non lusage de la force pour des raisons de justice ». Enrico Letta, qui avec Bersani en appelle aujourdhui au sens humanitaire, devrait se souvenir du 25 mars 2011 quand, en habit de vice-secrétaire du Pd, il déclarait « Va-t-en-guerre est celui qui est contre lintervention internationale en Libye et sûrement pas nous qui sommes des bâtisseurs de paix ». Une « gauche » qui
dissimulait les véritables raisons économiques, politiques et stratégiques- de la guerre, en soutenant par la bouche de Massimo dAlema (déjà expert en « guerre humanitaire » en Yougoslavie) qu « en Libye il y avait déjà la guerre, menée par Kadhafi contre le peuple insurgé, un massacre qui devait être stoppé » (22 mars 2011). Substantiellement sur la même ligne aussi le secrétaire du Prc (Partito della rifondazione comunista) Paolo Ferrero qui, le 24 février 2011 alors que la guerre avait commencé, accusait Berlusconi davoir mis « des jours pour condamner les violences de Kadhafi » en affirmant quil fallait « démonter le plus vite possible le régime libyen ». Le même jour, des jeunes « communistes » du Prc, avec des « démocrates » du Pd, prenaient dassaut à Rome lambassade de Tripoli, brûlant le drapeau de la république libyenne et hissant celui du roi Idriss (celui qui flotte aujourdhui à Syrte occupée par les djihadistes, comme la montré le TG 1 téléjournal de la première chaîne- il y a trois jours). Une « gauche » qui doublait la droite, en poussant à la guerre le gouvernement Berlusconi, au départ réticent (pour des raisons dintérêt) mais immédiatement après piétinant cyniquement le Traité de non-agression et participant à lattaque avec des bases et forces aéronavales.
En sept mois, laviation USA/Otan (détail participation française en apostille, NdT) compris effectuait 10mille missions dattaque, avec plus de 40mille bombes et missiles, pendant quétaient infiltrées en Libye des forces spéciales, dont des milliers de commandos qataris, et simultanément étaient financés et armés des groupes islamistes définis jusque peu de temps auparavant comme terroristes. Parmi lesquels ceux qui, passés en Syrie pour renverser le gouvernement de Damas, ont fondé lEI (Etat islamique) puis envahi lIrak. Ainsi sest désagrégé lEtat libyen, en provoquant lexode forcé -et par conséquence lhécatombe en Méditerranée- des immigrés africains qui avaient trouvé du travail dans ce pays.
On a ainsi provoqué une guerre intérieure entre secteurs tribaux et religieux, qui se battent pour le contrôle des champs pétrolifères et des villes côtières, aujourdhui principalement aux mains de formations adhérant à lEI. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Renzi, Paolo Gentiloni, après avoir rappelé que « abattre Kadhafi était une cause sacro-sainte », lance lalarme parce que « lItalie est menacée par la situation en Libye, à 200 miles marins de distance ». Il annonce donc que jeudi il sadressera au parlement pour léventuelle participation italienne à une intervention militaire internationale « dans un cadre Onu ». En dautres termes, à une seconde guerre en Libye présentée comme « maintien de la paix », comme lavait déjà demandée Obama à Letta en juin 2013, soutenue par Pinotti (ministre de la Défense) et approuvée par Berlusconi.
Nous revoilà à la croisée des chemins : quelle position vont prendre ceux qui travaillent pour créer une nouvelle gauche et, en son sein, lunité des communistes ?
Manlio Dinucci
Edition de mardi 17 février 2015 de il manifesto
http://ilmanifesto.info/gli-incendiari-gridano-al-fuoco/
Traduit de litalien par Marie-Ange Patrizio
Photo : La Secrétaire d’Etat Hillary Clinton avec les “combattants libyens”, suite à l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le 18 octobre 2011 ,lors de sa visite en Libye . (source de la photo)
Caricature : “Destruction”, “Non, démocratisation”
Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres: Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.
Apostille pour la version française (NdT) :
Rappel sur la participation française à la guerre contre la Libye, «Opération Harmattan » en 2011 :
“Le ministre français des affaires étrangères Alain Juppé a indiqué le 21 octobre au matin sur Europe 1 qu’en Libye, « l’opération militaire est terminée » à la suite de la mort de Mouammar Kadhafi. « L’ensemble du territoire libyen est sous le contrôle du CNT et sous réserve de quelques mesures transitoires, l’opération de l’Otan est arrivée à son terme. L’objectif qui était le nôtre, c’est-à-dire accompagner les forces du Conseil national de transition dans la libération de leur territoire, est maintenant atteint ». Le 4 octobre 2011 [...] le ministre français de la Défense, Gérard Longuet déclare à la commission de la défense de l’Assemblée nationale que les forces françaises ont tiré un total de 4 621 munitions dont 15 missiles de croisières Scalp, 225 bombes de précision AASM tirées par les Rafale, 950 bombes à guidage laser GBU de divers types (GBU-12 de 250 kilos, GBU-22 de 500 kg, des bombes GBU-24 de 1000 kilos, et des GBU-49 de 250 kg guidées GPS) tirées par l’aviation, 431 missiles air-sol Hot tirés par les hélicoptères Gazelle de l’aviation légère de l’armée de Terre, 1 500 roquettes tirées par les hélicoptères Tigre et 3 000 obus de 76 et 100 mm tirés par la marine. Une demi-douzaine de missiles Mistral auraient été également utilisés.
Il a également estimé que le coût de l’opération au 30 septembre sera de 300 à 350 millions d’euros. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Harmattan
Bilan Libération :
http://www.liberation.fr/monde/2011/11/05/operation-harmattan-terminee_772643
Ou Marianne :
« Certes, de nombreux pays [...] n’étaient pas enthousiastes à partir en guerre contre Kadhafi, mais la France a trouvé la clé en faisant voter une résolution sur la “protection des populations”. Comme le reconnaît un haut gradé français, “on a tiré sur ce concept comme sur un élastique”, à l’extrême mais sans jamais qu’il ne rompe. Au nom de la protection des populations, c’est en effet le régime du colonel Kadhafi qui a été visé, jusqu’à la mort de celui-ci. »
IN ITALIANO :
L'arte della guerra. La rubrica settimanale di Manlio Dinucci
La guerra che divampa in Libia miete sempre più vittime non solo sulla terra ma sul mare: molti dei disperati, che tentano la traversata del Mediterraneo, annegano. «Da sotto il mare ci chiedono dove sia finita la nostra umanità», scrive Pier Luigi Bersani. Dovrebbe anzitutto chiedersi dove sia finita la sua umanità, e con essa la sua capacità etica e politica, quando, il 18 marzo 2011 alla vigilia della guerra Usa/Nato contro la Libia, in veste di segretario del Pd esclamava «alla buon’ora», sottolineando che «l’articolo 11 della Costituzione ripudia la guerra, non l’uso della forza per ragioni di giustizia». Enrico Letta, che con Bersani si appella ora al senso umanitario, dovrebbe ricordarsi quando il 25 marzo 2011, in veste di vicesegretario del Pd, dichiarava «Guerrafondaio è chi è contro l’intervento internazionale in Libia e non certo noi che siamo costruttori di pace». Una «sinistra» che nascondeva le vere ragioni – economiche, politiche e strategiche – della guerra, sostenendo per bocca di Massimo D’Alema (già esperto di «guerra umanitaria» in Jugoslavia) che «in Libia la guerra c’era già, condotta da Gheddafi contro il popolo insorto, un massacro che doveva essere fermato» (22 marzo 2011).
Sostanzialmente sulla stessa linea perfino il segretario del Prc Paolo Ferrero che, il 24 febbraio 2011 a guerra iniziata, accusava Berlusconi di aver messo «giorni per condannare le violenze di Gheddafi», sostenendo che si doveva «smontare il più in fretta possibile il regime libico». Lo stesso giorno, giovani «comunisti» del Prc, insieme a «democratici» del Pd, assaltavano a Roma l’ambasciata di Tripoli, bruciando la bandiera della repubblica libica e issando quella di re Idris (la stessa che sventola oggi a Sirte occupata dai jihadisti, come ha mostrato il Tg1 tre giorni fa). Una «sinistra» che scavalcava la destra, spingendo alla guerra il governo Berlusconi, all’inizio restio (per ragioni di interesse) ma subito dopo cinico nello stracciare il Trattato di non-aggressione e nel partecipare all’attacco con basi e forze aeronavali.
In sette mesi, l’aviazione Usa/Nato effettuava 10mila missioni di attacco, con oltre 40mila bombe e missili, mentre venivano infiltrate in Libia forze speciali, tra cui migliaia di commandos qatariani, e allo stesso tempo finanziati e armati gruppi islamici fino a poco prima definiti terroristi. Tra cui quelli che, passati in Siria per rovesciare il governo di Damasco, hanno fondato l’Isis e quindi invaso l’Iraq. Si è così disgregato lo Stato libico, provocando l’esodo forzato – e di conseguenza l’ecatombe nel Mediterraneo – degli immigrati africani che avevano trovato lavoro in questo paese. Provocando una guerra interna tra settori tribali e religiosi, che si combattono per il controllo dei campi petroliferi e delle città costiere, oggi in mano principalmente a formazioni aderenti all’Isis. Il ministro degli esteri del governo Renzi, Paolo Gentiloni, dopo aver ribadito che «abbattere Gheddafi era una causa sacrosanta», lancia l’allarme perché «l’Italia è minacciata dalla situazione in Libia, a 200 miglia marine di distanza». Annuncia quindi che giovedì riferirà in Parlamento sull’eventuale partecipazione italiana a un intervento militare internazionale «in ambito Onu». In altre parole, a una seconda guerra in Libia presentata come «peacekeeping», come già richiesto da Obama a Letta nel giugno 2013, caldeggiata dalla Pinotti e approvata da Berlusconi. Siamo di nuovo al bivio: che posizione prenderanno quanti lavorano per creare una nuova sinistra e, al suo interno, l’unità dei comunisti?