IL ETAIT UNE FOIS LA MAFIA SUR LES BORDS DE LA MEDITERRANEE
IL ETAIT UNE FOIS LA MAFIA SUR LES BORDS DE LA MEDITERRANEE
LES MAFIAS INSTALLÉES SUR LA CÔTE D'AZUR SEVISSENT DEPUIS DES LUSTRES ...
La Chute de l'Empire du Crime organisé à Nice... une véritable hécatombe au siècle dernier et en ce début du XXIème siècle
Le 26 mars 1993, Michel Luisi dit Petit Michel, ancien chef du clan des italo-grenoblois, considéré comme un parrain de Nice et patron de l'iguane café, est abattu par une décharge de chevrotine alors qu'il se trouve au volant de sa voiture devant son établissement de nuit. Il avait 47 ans et avait déjà été impliqué dans un réseau international de proxénétisme, il s'était exilé pendant 7 ans en Italie puis avait pris la suite de l'iguane café a la mort du parrain Bastien Bonventre en 1989.
le 8 octobre 2 corps démembrés sont retrouvé dans les casiers de la gare de Nice. Ils semblent appartenir à 2 petits truands niçois.
Le 25 décembre 1994,c'est une figure de la pègre niçoise qui tombe. Richard Ughetto, âgé d'une quarantaine d'années est abattu par trois hommes armés et masqués devant la boite de nuit de laquelle il sortait en plein centre de Nice. Connu pour vol à main armée il est considéré comme un proche de la bande à Olivero, avant la mort de Luisi, il été également un habitué de l'iguane café.
Le 22 mars 1995 , Jean-Paul Casabianca, truand niçois respecté, est abattu au volant de sa Mercedes-Benz , prés du port de Nice, par des hommes à moto qui tirent une quinzaine de balles de 11,43. Proche du Petit Michel et d'Olivero avec lequel il est suspecté dans la série d'attentat en 1993. Il était un habitué de l'iguane café.
Le 1er avril 1995, c'est Jean-Robert Vincent , alias Bob le grenoblois, 46 ans, qui est blessé a St. Laurent du Var, il riposte mais est touché au bras et à l'abdomen, ses deux agresseurs prennent la fuite à moto. Considéré comme un ambassadeur des italo-grenoblois sur la Côte d'Azur, il est très proche de Luisi et a été condamné à 4 ans de prison dans les années 1980. Il se retire en Espagne d'où il sera extradé en 1999, recherché en France pour un trafic de cannabis et escroquerie aux cartes bancaires.
Le 4 avril Xavier Picat, 36 ans est abattu à Nice par 2 hommes à moto d'une balle de 9 m/m en pleine tête, il portait un gilet pare-balles et était armé d'un pistolet Beretta.
Le 8 juin, un jeune truand porche des italo-grenoblois est blessé aux jambes alors qu'il conduit sa moto, par des tueurs a bord d'une voiture, à Nice, il parvient a s'échapper en conduisant sa moto jusqu'au siège de la police municipale à proximité du casino Ruhl. Considéré comme l'homme de main de Michel Luisi, Pascal Picardo, 23 ans meurt quelques mois plus tard. Il était un habitué de l'iguane café.
Le 11 mai 1996, Michel Borde, 35 ans est abattu dans un parking prés de la faculté des lettre de Nice , proche de la madeleine par 2 hommes. Il est touché de 6 balles 11,43 et de 2 décharges de chevrotine, il était impliqué dans des affaires de racket et de machines à sous. Il fréquentait l'iguane café.
Le 30 mai, Philipe Sarmiento, 30 ans, est abattu devant une école du centre de Nice par 2 tueurs à moto, gros trafiquant de drogue, il pourrait s'agir d'un litige entre dealers.
Le 8 janvier 1997, Michel Marani, 42 ans, proche des italo-grenoblois est abattu chez lui, de 17 balles de 9 m/m, suivi du coup de grâce à la tête. Inquiété dans les années 80 pour une infraction sur les armes, et en 1993 pour extorsion de fonds. Proche de Casabianca et de Luisi, il semblait s'être retiré.
Le 10 janvier, c'est une autre figure du milieu niçois qui tombe, Régis Colpaert, 41 ans, patron du Pape, restaurant de St.Tropez, il est retrouvé criblé d'une dizaine de balles tirées a bout portant dans le garage de sa résidence à Nice. Connu pour proxénétisme, extorsion de fonds et coups mortels, il semblait investir dans le marché de la drogue, évoluant pourtant dans le sillage de Sébastien Bonventre. Il fréquentait l'iguane café.
Le 16 juin, Jean-Charles Taran, 44 ans, et Patrice Meillan, 28 ans, sont assassinés par des hommes en voiture, à St. Laurent-du-Var tout prés de Nice. Les hommes masqués les achèvent de 7 coups de 11,43 dans la tête, après les avoir criblés d'une rafale de mitraillette. Une trentaine de douilles sont retrouvées prés des cadavres. Les Perletto sont soupçonnés d'être impliqués dans cette affaire de meurtre.
Le 16 juillet, Jean-Claude Olivero est abattu . Arrêté à un feu feux rouge, en compagnie de deux jeunes femmes, sur l'avenue de la Californie, 2 hommes à moto criblent Olivero dit "le fou" d'une quinzaine de balles 9 m/m parabellum. Suspecté dans un grand nombre de meurtres au début des années 90, avant la mort de Luisi, il était un habitué de l'iguane café et considéré comme un proche de Borde et Ughetto.
Le 22 septembre, Jean-Louis Ellena, 48 ans, connu pour trafic de drogue et arrêté en 1992 pour trafic d'héroïne est tué à coup de Brenneck, balles à sanglier, dans le sous-sol de sa résidence niçoise.
Le 7 octobre, 2 membres du milieu niçois sont tués dans un parking de Nice, 4 hommes, 3 en voiture et 1 en moto abattent Patrick Fellah de 17 balles de 11,43, Fellah, âgé de 28 ans était connu pour des vols de tableaux commis en 1992 chez l'homme d'affaire Tannouri. Fellah était le neveu de Michel Blanc abattu en 1992 et était considéré comme un ami d'Olivero et de Borde. Le second, Sauveur Coronia,54 ans, connu pour proxénétisme, trafique de stupéfiants et de fausse monnaie, était considéré comme un ex-lieutenant du parrain Zampa.
LE PARRAIN DE MARSEILLE TANY ZAMPA
Le 23 octobre 1998, Noël Fratoni , 50 ans, fils du Napoléon des tapis verts Jean-Dominque Fratoni est retrouvé abattu d'une dizaine de balles de 9 m/m dont 2 dans la tête dans son garage de sa résidence à Nice. Le meurtre pourrait être lié au monde des jeux.
Le 8 décembre, Frédéric Kalka, 24 ans et sous contrôle judiciaire est blessé d'une balle dans le dos dans le hall de son immeuble niçois, par un homme seul et cagoulé.
Le 18 décembre 1998, c'est une figure locale qui tombe. Le "parrain" de Nice est abattu. Marcel Diavaloni, dit Marcel le bègue, est abattu dans le sous-sol de sa résidence, à Nice. Armé, il ouvre le feu contre ses agresseurs, mais il est tué d'une vingtaine de balles provenant de plusieurs armes. Fiché au grand banditisme et considéré comme une figure du milieu du Sud-Est, il avait été arrêté en1980 pour porteur de 500.000 faux dollars, Il est également soupçonné dans un trafic de drogue, notamment avec Regis Colpaert.
Le 15 janvier c'est le bras droit de Diavaloni qui est abattu. Jean-louis Goiran, 47 ans, est criblé d'une vingtaine de balles par 3 ou 4 tueurs. Condamné pour attaques à main armée, fausse monnaie, racket, et soupçonné dans plusieurs règlements de comptes, notamment dans celui de Bonventre en 1989. Il est abattu a bord de son 4x4 prés de chez lui sur les hauteurs de Nice, à Colomars.
Le 2 juin 2000, Roger Generotti, 58 ans, ami de Diavaloni et de Goiran est abattu de 13 balles alors qu'il sort de chez lui à Nice.
Le 6 juin 2000 , c'est Camille Panizolli qui est abattu de 5 balles de gros calibre 45 sur la promenade des anglais à Nice. Proche du père Jean-Dominique Fratoni, il était rentré depuis peu d'Espagne, c'était lui qui avec son complice le Curé s'était laissé enfermé dans une banque à Vence pour la piller, mais n'avait pu en ressortir et avait été cueilli avec son complice dénommé le Curé par la Police.
C'est ici que les choses se calment, après la chute d'un parrain en 1989, Sébastien Bonventre, les têtes sont tombées, les règlements de comptes se sont succédés. Olivero est soupçonné de beaucoup d'entre eux:
Jean-Marc Sirvent au Cros-de-Cagne en 1992, Michel Blanc en 1992 à Nice, Jean-Jacques Francesconi, retrouvé dans le coffre de sa voiture carbonisé, à l'aéroport de Nice, Joseph Fernandez, et beaucoup d'autre jusqu'à sa mort.
Les années 90 resteront gravées dans les mémoires des niçois ,comme étant celles qui ont vu la chute progressive des figures locales du grand banditisme.
En moins de 15 ans, Nice a perdu 3 parrains...peut-être pour laisser place à d'autres ?
Aujourd'hui, Soret, Sordi, Agostini sont les noms cités par la justice, comme étant ceux qui tiennent le milieu niçois, mais qui sait ?
RUE DU VIEUX NICE
Résumé sur le milieu niçois et sa chute
La chute du milieu niçois commence dès lors que le parrain de la ville est abattu, Sébastien Bonventre, alias Bastien, un voyou à l'ancienne, homme d'influence très respecté, il détient le milieu local dans ce qui concerne les jeux, la prostitution, la nuit et le racket. Il est entouré d'une fine équipe dont un certain Marcel Diavaloni dit le Bègue.
Mais Bastien s'oppose catégoriquement aux trafiques de drogue et devient donc un obstacle à l'extension de réseaux qui s'étendraient de Marseille à l'Italie en passant par la région du Var.
Rapidement une rupture semble apparaitre dans le milieu niçois, d'une part les voyous traditionnels qui sont contre la drogue, de l'autre ceux qui veulent que le marché de la drogue envahisse la ville.
Bastien est abattu à proximité de la boite dont il est le patron : l'iguane café.
Le bruit court que Jean-Louis Goiran, voyou proche du Bègue, serait impliqué dans ce règlement de compte.
Dès lors l'équipe du Bègue se met à dos une partie du milieu niçois. Nous sommes en 1989, de jeunes voyous sans scrupules semblent vouloir s'emparer du milieu niçois, parmi eux un certain Jean-Claude Olivero, dit "le fou", suspecté de plusieurs assassinats, mais encore de Philippe Di Cristo trafiquant de drogue des figures montantes du milieu qui se sont rangés du côté du caïd respecté qu'est Marcel Davialoni dit le Bègue.
Mais rapidement, Bastien, est remplacé par un ami, chef d'une équipe tout droit venue de Grenoble, Michel Luisi. Il prend les commandes de la boîte de Bastien et son équipe s'installe peu-à-peu dans la ville, son homme de main est le jeune Pascal Picardo, dit "Petit Pascal" et on compte parmi ses amis les Jean-Paul Casabianca et Régis Colpaert.
Rapidement les choses dégénèrent et la ville va être le théâtre de scènes de règlements de compte sanglants. De vendetta en vendetta, une véritable guerre des gangs commence alors à Nice.
C'est à ce moment que le nouvel homme fort de la pègre de Nice "Petit Michel" est tué, devant l'iguane café, le milieu niçois n'a plus qu'une dizaine d'années devant lui, nous sommes en 1993.
Retour du milieu sur la Côte d'Azur en ce début de XXI ème siècle
Une information judiciaire pour assassinat a été ouverte lundi par le parquet de Grasse (Alpes-Maritimes) après le règlement de compte qui a coûté la vie samedi au patron d'un bar de Villeneuve-Loubet ainsi qu'à son cousin, un gendarme adjoint qui se trouvait hors service.
Fin 2006 Hakem Kada, bien connu des services de police et originaire du quartier de l'Ariane, est abattu par un commando armé sur la Riviera. Un retour du milieu que l'on attendait plus, mais de quel milieu s'agit il ?
Est-ce un commando envoyé par le milieu niçois pour calmé les ardeurs de jeunes petits voyous qui on en trop fait, ou est-ce les Corses qui se sont placés là comme des justiciers, ou n'est-ce simplement du qu'à un litige entre bandes rivales de quartiers, ou encore à propos d'affaires de stupéfiants ?
Les autopsies des corps de Hakem kada, 31 ans, originaire du quartier de l'Ariane à Nice, patron du "Pink Sand" un "Lounge bar" aménagé sur le bord de mer, et de son parent Farid Bouzit, 26 ans, doivent être pratiquées mardi.
Les deux victimes ont été abattues samedi peu avant 2 heures du matin par un commando de trois ou quatre hommes cagoulés armés de calibres 12 et 11,43 qui ont tiré une quinzaine de projectiles, selon les constatations faites par les enquêteurs.
Un employé de l'établissement présent au moment de la fusillade a eu la vie sauve après s'être caché derrière du mobilier. Le véhicule, une Volkswagen grise, utilisée par le commando a été retrouvé samedi soir entièrement calcinée en contrebas d'une route de l'arrière pays.
L'enquête de la police judiciaire se concentre sur la personnalité de Hakem Kada, connu de la justice pour des délits mineurs, et qui avait été portier d'un établissement en vogue du centre de Nice avant de reprendre le "Pink Sand" il y a deux ans avec six associés.
Fin de cavale pour Pascal Payet arrêté en Espagne
LE ROI DE L'EVASION PASCAL PAYET
Recherché par la police française depuis son évasion par hélicoptère de la maison d'arrêt de Grasse le 14 juillet dernier, Pascal Payet, 44 ans, a été arrêté vendredi après-midi dans la station balnéaire de Mataro, près de Barcelone, en compagnie de deux complices présumés. Dans le même temps, huit autres personnes, soupçonnées d'avoir organisé sa belle, ont elles été interpellées à Marseille et dans ses environs.
La localisation de ce braqueur chevronné, condamné à 30 ans de réclusion pour le meurtre d'un convoyeur de fonds en 1997, s'est faite tout récemment. Depuis plusieurs semaines, les enquêteurs de la Direction interrégionale de la police judiciaire de Marseille et de l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) tentaient de déterminer qui étaient les quatre hommes cagoulés qui avaient forcé un pilote d'hélicoptère à atterrir sur le toit d'un bâtiment de la prison de Grasse, permettant ainsi à Pascal Payet de fuir par les airs.
"Cet homme a agrégé une équipe de petits voyous des cités de Marseille qui l'ont aidé dans sa cavale", indique-t-on samedi de source policière. Au fil des surveillances et des écoutes téléphoniques, une dizaine de suspects a ainsi été ciblés. Les policiers ont notamment appris que deux hommes, largement connus des service de police, devaient rejoindre le fugitif en Espagne.
Pris en filature par les hommes des brigades de recherche et d'intervention (BRI) de Marseille et de Montpellier, le duo est venu en moto "au contact" de Payet dans un restaurant de Mataro. A leur sortie, Payet, qui circulait à bord d'une Renault Scénic volée trois semaines auparavant à Marseille, a été appréhendé avec ses deux amis par les policiers espagnols. Le premier avait 20.000 euros sur lui ainsi qu'un Colt 45 et un 357 Magnum, un faux passeport français et un trousseau de clés. Un fusil d'assaut, une grenade et un autre pistolet ont également été saisis sur ses complices présumés.
Assistés de leurs collègues français, les policiers espagnols ont perquisitionné samedi l'appartement de Mataro où Payet avait semble-t-il élu domicile. La fouille a permis d'apprendre qu'il avait fait des aller-retour en France: on précisait de source policière que des tickets d'essence émanant de stations-service hexagonales ont été retrouvés dans sa "planque".
Contrairement à la rumeur qui émanait d'un "tuyau" percé, cet homme célibataire, sans enfants, n'avait pas subi d'opération de chirurgie esthétique dans une clinique de La Ciotat.
Les enquêteurs pensent que le trio s'était donné rendez-vous pour "monter un braquage". "Payet est un braqueur itinérant qui est capable d'aller frapper loin de ses bases comme il l'a fait en Suisse", analyse un policier spécialiste du grand banditisme. Comme beaucoup de voyous en cavale, le Français, qui s'était déjà évadé de la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône) en 2001 et avait fait évader des proches deux ans plus tard, avait choisi de s'exiler sur la Costa Brava, un lieu de villégiature très prisé par le grand banditisme français tant pour ses plages que pour son accès facile au trafic de cannabis.
Dans les heures qui ont suivi l'interpellation du trio, huit autres personnes l'ont été également à Marseille et Aix-en-Provence. "Des armes et de la drogue ont été saisies chez certains", a précisé Gilles Leclair, sous-directeur chargé de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière qui a tenu samedi matin une conférence de presse. Par ailleurs, 350 grammes de cocaïne ont été trouvés dans l'un des domiciles perquisitionnés, tandis qu'une grenade et deux motos volées ont été découvertes dans un box loué par l'un d'eux.
"Nous pensons tenir désormais le commando qui a permis l'évasion de Pascal Payet", ajoute le responsable policier avant de souligner "l'excellente coopération des polices française et espagnole" dans la résolution de cette affaire. Interrogés par les enquêteurs ibériques, les trois Français pourraient être extradés rapidement.
CES GANGSTERS ET TRUANDS VENUS DES PAYS DE L'EST NOUVELLE RACE DE CRIMINELS ULTRA DANGEREUX
EMBLEME DE LA MAFIA RUSSE
Prostitution, trafics d'armes et de voitures de luxe, braquages, règlements de comptes... D'une rare violence, la pègre des anciens pays communistes sévit près de la Grande Bleue, alliée aux truands locaux comme aux Basques d'ETA. Un casse-tête pour la police française.
On les appelle le père et la mère du crime : Rostov-sur-le-Don et Odessa, une réputation que ne démentiront pas magistrats et policiers français qui luttent - difficilement - contre la criminalité importée des pays de l'ex-bloc soviétique, principalement sur la Côte d'Azur.
Une criminalité à deux volets : le blanchiment d'argent par les "nouveaux tsars" et les réseaux de "traite des Blanches", très bien organisés. Soit une délinquance sauvage multiforme : cambriolages, hold-up, agressions, trafics d'armes et de voitures de luxe, règlements de comptes se multiplient d'autant plus aisément qu'ils sont le fait de bandes incontrôlables. Avec une caractéristique commune : une extrême violence empreinte de cruauté affichée par ces nouveaux bandits.
A l'heure du débat sur la "liberté des prostituées", ces réseaux révèlent le vrai visage de la prostitution criminelle où les "filles" sont traitées comme des "esclaves".
L'opération baptisée "Vent d'est" en est un exemple édifiant. Comme le meilleur des films noirs, elle débute par une scène idyllique : on y voit une superbe jeune femme en survêtement faisant son jogging au soleil couchant sur la Promenade des Anglais.
Ce qui l'intéresse, pourtant, ce ne sont pas les reflets dorés qui surfent sur les vagues de la Méditerranée, mais les jeunes femmes en short, talons hauts et corsage échancré qui hèlent l'automobiliste au bord du trottoir. Tatiana, elle-même ancienne prostituée, supervise et "relève les compteurs" du cheptel d'une organisation de proxénètes dont fait partie son ami "Sacha", un pseudo utilisé par cet ancien caporal de la Légion étrangère, né en Ukraine. Il a été dénoncé par Natalia, 20 ans, qu'il avait "accueillie" à Nice, après qu'elle eut été prise en charge, à Rostov, par un certain Vassili, organisateur de son voyage. Natalia devait remettre 400 euros par jour à Tatiana. A raison de 30 euros la fellation et 100 euros le "complet" , elle ne chômait pas, sous peine de subir d'immanquables représailles.
Le réseau, tel qu'il a pu être reconstitué, était parfaitement hiérarchisé avec, sur le territoire national un Chef, "Jacques", Arménien naturalisé français, assisté de "lieutenants" considérés comme les véritables proxénètes, eux-mêmes aidés par des hommes de main chargés de la protection et de la surveillance des "filles" sur le terrain.
Celles-ci, d'origine russe, slovène, moldave ou bulgare, étaient recrutées et regroupées par les véritables Chefs du réseau, des mafieux de Rostov-sur-le-Don.
C'est vers eux que convergeaient les transferts de fonds assurés à partir des principaux lieux de prostitution : Nice, Paris et Strasbourg pour ce qui a pu être établi, une activité lucrative car entre novembre 2000 et mars 2001, Sacha a recueilli, à lui seul, 220.000 euros.
L'axe Nice-Rostov apparaît encore dans deux autres affaires instruites au Tribunal de Nice. La première a conduit le Juge Dorcet à Plovdiv, en Bulgarie où vivaient cinq frères et cousins, organisateurs d'un réseau intégré à une filière, dirigée par un "parrain" de Rostov.
" La mafia, ce sont les Russes" avouera l'un d'eux. Il récupérait une partie des gains des prostituées pour les investir dans des villas, des appartements et des commerces de la Costa Brava, au nom de toute la famille.
La seconde affaire a permis de démanteler une équipe de Serbes et de Slovènes particulièrement cruels dirigée par "Sretko", un Tsigane de 33 ans, brun et râblé, aux multiples identités, qui comptait plus sur sa force que sur son charme pour diriger ce réseau mafieux. Les filles, une vingtaine au total, "achetées" aux Russes pour 3.000 euros l'une, étaient regroupées, là encore, à Rostov, puis acheminées - via la Hongrie et l'Italie - vers un bar-restaurant de Bondy (Seine-Saint-Denis) tenu par un Croate.
Condamnées à un "abattage" d'un autre âge, les jeunes filles étaient frappées, menacées de se faire couper le pouce, violées parfois, et contraintes à une recette quotidienne de 300 à 400 euros. Deux femmes, chargées de centraliser les recettes et de convoyer l'argent jusqu'à Paris, assistaient les sept homme du groupe : " De vrais durs, ceux-là, aucun n'a parlé", confie un enquêteur.
"Sacha" non plus n'a pas craqué. Il a même nié être l'auteur de certains mandats en direction de Rostov, l'inévitable plaque tournante de la prostitution, dont le flux Est-Ouest en Europe a rapporté, selon INTERPOL, 1.5 milliards d'euros. Près de 300.000 jeunes femmes sont tombées sous la coupe de cette terrifiante Mafia des pays de l'EST.
Les transferts d'argent se réalisent, bien sûr, en espèces, par le biais de la compagnie américaine WESTERN UNION, dont les bureaux sont souvent hébergés par LA POSTE.
Cette astuce permet de garantir à tout moment et en n'importe quel lieu de la planète, le paiement de la somme remise par l'envoyeur, qui n'est pas tenu de prouver son identité. Seule celle du destinataire est dûment vérifiée.
Autrement dit, le choix de ce système préserve l'anonymat des proxénètes présents sur le territoire français et, surtout, les met à l'abri de poursuites judiciaires. Tout comme leurs chefs ou leurs hommes de paille ils ne quittent pas leur pays, dont les autorités sont souvent plus promptes à les protéger qu'à les interpeller.
"Sacha" n'a reconnu qu'un rôle de faussaire après la saisie à son domicile niçois d'actes de naissance russes encore vierges avec les tampons nécessaires à la fabrication de faux papiers qui évitait le statut de clandestines aux "protégées" du réseau, privées de leur véritable passeport. Ce qui, bien entendu, les mettait à la merci des proxénètes, comme si les coups et l'intimidation ne suffisaient pas à garantir leur docilité. Défendu par Maître Franck De Vita, l'ancien légionnaire a été libéré après trois mois de détention. L'enquête révèle qu'il était en relation, via Jacques le Franco-Arménien, Chef de réseau, avec un authentique parrain de la mafia ukrainienne, Leonid Minin, originaire d'Odessa. Mêlant habilement affaires propres et argent sale, soupçonné de tous les trafics et au plus haut niveau, Leonid Minin a dirigé, avant de se faire expulser de la Principauté monégasque, une société d'import-export à Monaco. Or, parmi ses employés, figuraient tous les membres de ce réseau ainsi que d'autres malfrats russes ou ukrainiens aux attaches azuréennes. Décidément œcuménique, Leonid Minin utilisait également les services d'un Français, originaire de l'île de Beauté, connu pour des braquages et que l'on dit proche du fameux gang de la Brise de mer. Il a été établi, en effet, de manière formelle, que ce bandit corse a fait parvenir au moins un mandat de 7.600 euros à un chauffeur de taxi sans aucun doute prête-nom d'un parrain de Rostov. Voilà qui répondrait à l'interrogation des responsables du groupe de répression du banditisme de la PJ niçoise : pourquoi les seigneurs locaux du crime auraient-ils abandonné le marché de la prostitution à leurs homologues de l'Est de l'Europe ?
A Nice, par exemple, 450 des 500 prostituées qui déambulent, nuit et jour en été, sur les trottoirs de la Promenade des Anglais en sont originaires. Leurs "protecteurs" aussi. L'irruption de "Francis le Corse" dans le principal de ces réseaux laisse donc supposer qu'un deal a eu lieu au plus haut niveau sur la base d'un double partage : celui des bénéfices et des activités criminelles ou délictueuses.
Mais le mauvais vent d'Est ne souffle pas que sur les trottoirs des grandes villes françaises et, plus particulièrement l'été, de celles du littoral azuréen. Plusieurs dossiers criminels démontrent que certains de ces proxénètes ne se contentent plus de leur part sur les recettes des "filles de joie". Bon nombre d'exemples attestent que le proxénétisme n'est plus leur seule activité. Ils sont aujourd'hui présents dans tous les secteurs du banditisme : vente d'armes, cambriolages, règlements de comptes, trafic de voitures de luxe. Cette dernière spécialité s'est même développée à un niveau élevé de la Mafia Russe. Le braquage du conducteur d'une Mercedes 500, en octobre 2002, à Cap-d'Ail (Alpes-Martimes), sur la basse corniche, entre Nice et Monaco, a lancé un juge d'Instruction niçois et plusieurs services de police et de gendarmerie sur des pistes insoupçonnées. C'est ainsi que le parcours d'une trentaine de luxueuses limousines a pu être reconstitué : les voitures volées en France et en Espagne passaient par Thessalonique, le port grec de la mer Egée, où elles étaient "blanchies" avant d'être vendues dans les émirats du Golfe Persique.
Mais la surprise des enquêteurs fût plus grande encore lorsqu'ils reçurent les confidences de l'un des convoyeurs, de nationalité grecque, de ce gang hautement spécialisé. Celui-ci expliqua qu'un as en informatique, en branchant son ordinateur portable sur l'allume-cigare des voitures, parvenait à lever tous les secrets de leur identité ( numéro de série du châssis, date de fabrication et de vente du véhicule ) ce qui permettait, ensuite, aux faussaires de l'équipe de les munir d'une nouvelle virginité.
Outre cet informaticien de génie, la présence d'un personnage que l'on croirait sorti d'un mauvais polar n'a cessé d'intriguer les policiers: " Oleg le nettoyeur". Ils ne connaissent que ce surnom, qui ne laisse guère de doutes sur son travail : Oleg est un tueur à gage patenté du groupe mafieux, chargé d'éliminer les opposants ou les concurrents. Plus inquiétant encore, les enquêteurs ont identifié, lors d'une planque, un personnage connu pour ses liens avec l'E.T.A.
Un tel contact avec un responsable du terrorisme basque pourrait s'expliquer par une sorte d'échange de bons procédés. L'E.T.A., qui vole de nombreux véhicules en Espagne, en revendrait une partie aux filières spécialisées de l'Est. Celles-ci, en échange, approvisionneraient l'organisation terroriste clandestine, en matériels d'armes de guerre. Ce trafic d'armes demeure en effet une grande spécialité des mafias venues de l'Est. Un trafic qui sévit en France. Bradées dans les pays de l'ex-Yougoslavie, les armes sont en effet revendues dix fois plus cher dans notre pays. La difficulté tient au fait que leur importation suit des filières diversifiées. On a vu des trafiquants à la petite semaine rapporter de voyages professionnels en camion, au Kosovo, en Croatie ou en Serbie, deux ou trois "Kalachnikovs et un lance-roquette" pour arrondir leurs fins de mois. Ou, à l'inverse, des Serbes ou des Croates agrémenter leur séjour en Occident en vendant ce même type de matériel de guerre caché dans leurs bagages. Dans les deux cas, ces armes aboutissent dans les mains inexpérimentées de petits voyous de banlieue, qui peuvent en faire un usage d'autant plus dangereux qu'il n'est pas maîtrisé. A n'en pas douter, c'est l'aspect sauvage de cette criminalité venue de l'Est qui inquiète au plus haut point les responsables de la sécurité publique. Mais, parfois, ces criminels d'un genre nouveau subissent de sérieux revers. Ainsi, l'opération "CARPATES" a permis à la gendarmerie nationale d'interpeller une quarantaine de "Roumains dit Rom" responsables de 200 cambriolages en Provence-Côte d'Azur, tandis que deux autres enquêtes mettaient en évidence une énième spécilité venue de l'Est : le cambriolage en famille. Une mère Biélorusse de 44 ans et ses trois enfants âgés de 10 à 18 ans, par exemple, avaient "braqué" un couple d'Allemands pour voler leur Mercedes, avec laquelle ils écumaient l'arrière-pays du Var et des Alpes-Maritimes. Autre "activité" attribuée aux gangsters originaires des pays de l'ex-bloc soviétique : l'attaque des bijoutiers et joailleries de grand luxe. Vitrines brisées à coup de masse, voiture bélier ou hold-up classique par de faux touristes à l'aspect soigné : les techniques évoluent, mais l'efficacité demeure. Sur la seule Croisette à Cannes, sept de ces magasins ont été attaqués en 2001, pour un butin estimé à 4,4 millions d'euros. L'an dernier, Bulgari, Van Cleef & Arpels, Boucheron et Breguet ont été, à leur tour, mis à sac, avec pour cette dernière bijouterie, un butin de 3 millions d'euros. Les procédés employés lors de ces attaques et l'accent de leurs auteurs ont trahi, à chaque fois, l'origine de ces derniers, néanmoins demeurés insaisissables. Avec un tel palmarès, il était inévitable que des "embrouilles" surviennent et qu'une guerre des gangs éclate à nouveau. La liste est déjà longue des règlements de comptes depuis l'assassinat, à un arrêt de bus à Marseille, le 9 octobre 1998, d'Akmat Bazoef , un Géorgien de 38 ans. Trois ans plus tard, c'est un Slovène de 30 ans qui est tué dans le lit d'un modeste meublé à Nice. Un Russe est massacré peu après à coups de hache et un Serbe abattu de deux balles de 7,65 dans le dos. Toujours à Nice, deux autres Russes sont blessés dans une bagarre au pistolet et à l'arme blanche. Enfin, récemment, un "étudiant" Bulgare a été atteint d'un coup de couteau et une prstituée défenestrée : ces quelques exemples dévoilent le caractère violent de cette criminalité "sauvage". Elle est le fait d'individus en situation irrégulière, à l'identité incertaine, sans emploi ni domicile fixe. Ce qui ne facilite guère le travail de notre Police Nationale Française.
En conclusion, en multipliant agressions, cambriolages, braquages, meurtres et autres exactions, ces truands sans foi ni loi dessinent la partie la plus inquiétante, dans l'immédiat, de cette criminalité venue de l'Est. Une criminalité à double visage. A côté des voyous violents, qui occupent le terrain, on voit de plus en plus apparaître les profiteurs des trafics. Ces "nouveaux Tsars" du crime organisé qui apparemment, en toute légalité, acquièrent les plus belles demeures de la Côte d'Azur en blanchissant, sous nos yeux et à coups de millions d'euros, l'argent noir des mafias.
L'EXECUTION DE PHILIPPE DI CRISTO AU CROS DE CAGNES SUR LA CÔTE D'AZUR
Le 29 janvier 2002, Philippe Di Cristo, figure montante du milieu niçois est exécuté alors qu'il monte dans sa voiture à bord de laquelle se trouve le fils de sa compagne qui l'attend alors qu'il sort d'un vidéo club. C'est ici même, en plein centre ville de Cagnes-sur-mer que 2 tueurs à moto surgissent et abattent le trafiquant de drogue âgé de 30 ans.
Spécialité du règlement de compte, il a lieu alors que 5 figures du milieu niçois sont suivis par la brigade des stupéfiants afin de les confondre pour une affaire de drogue, il ne fait aucun doute que ces 5 truands sont à l'origine de cet assassinat, bien que les policiers n'ont pas directement assisté à la scène. Une longue procédure judiciaire va donc commencé. Jusqu'à l'appel, les accusés espèrent s'en sortir avec un non-lieu, niant catégoriquement toute participation à ce règlement de compte, mais pourtant Jacques Sordi, dit "Jacky le Général" est considéré comme une pointure du milieu local, se verra infligé 15 ans de réclusion.
Mais Jacky n'est pas le seul "gros" poisson impliqué dans ce dossier, un autre caïd est cité, il répond au surnom de " l' Arbalète", Christian Maistre.
CHRISTIAN MAISTRE DIT "L' ARBALETE"
Christian Maistre, dit l'arbalète, est une figure du banditisme local. Il a déjà passé de longues années en prison pour des trafics de stupéfiants. Il est impliqué dans une affaire criminelle : l'assassinat en 2002 de Philippe Di Cristo, un trafiquant de drogue abattu dans sa voiture au Cros-de-Cagnes. Dossier actuellement à l'instruction.
Aujourd'hui, le Tribunal Correctionnel de Grasse, présidé par M. Alain Ramy, le juge à nouveau pour un vaste trafic de cocaïne, résine de cannabis et héroïne à Cannes dans les années 2000, 2001 et 2002. Ses complices, une douzaine, ont été jugés le 6 février dernier. Seulement l'arbalète était en fuite. Il a été condamné par défaut à 10 ans dont 2/3 de peine de sûreté. Il a été retrouvé il y a quelques mois en Espagne, à Marbella.
Dans le box des détenus, il a une apparence sympathique, il est très volubile mais ne veut pas qu'on lui fasse porter un trop grand chapeau.
Mais toutes les écoutes téléphoniques et les filatures prouvent que lui et ses complices utilisaient des surnoms. Tout est parti d'une information anonyme. On a retrouvé des sommes importantes (200.000 euros), des portables. Les accusés disposaient de plusieurs appartements et de box de garages.Les douanes réclament 245.000 euros. Pour le Vice-Procureur Pierre Arpaia, Christian Maistre est la tête pensante du réseau et non un simple banquier ou un second couteau : “Vous vous êtes comporté depuis l'Espagne en patron en utilisant des complices pour récupérer des sommes d'argent en France. Les 2 kg saisis ne sont que des gouttes d'eau”. Contre ce “grand patron”, M. Arpaia requiert 10 ans avec 2/3 de peine de sûreté.
La défense est assurée par Maître Thierry Ospital (Marseille) : “Ce qu'on lui reproche ne paraît pas établi, les réquisitions sont trop lourdes” dit-il.
Jugement : 9 ans de prison dont 2/3 de peine de sûreté. Les douanes obtiennent 245.000 euros à payer solidairement avec les autres prévenus.
PROCES DE JACQUES SORDI DIT "LE GENERAL"
LE PALAIS DE JUSTICE SITUE DANS LE VIEUX NICE
Après deux semaines de débats riches en rebondissements, la cour d'assises des Alpes-Maritimes a rendu son verdict, la semaine dernière, dans l'affaire Di Cristo, trafiquant de drogue notoire, assassiné le 29 janvier 2002, au Cros-de-Cagnes, criblé de balles. Un verdict tout en retenue qui condamne quatre des accusés et en acquitte deux autres.
Quatre condamnés et deux acquittés : Ainsi, les deux tireurs, Jacques Sordi, dit le " Général ", ainsi que Messaoud Hamioud, écopent de 15 ans de réclusion criminelle. Deux condamnations en retrait par rapport aux accusations du Parquet, qui avait requis le double des peines. Amadéo Titeux et Stéphane Tixier, les pilotes des deux motos de gros calibre ayant servi à l'exécution de Di Cristo, jugés complices de cet assassinat, ont été condamnés à 12 ans de réclusion criminelle. René Tomasi, accusé d'avoir véhiculé les assassins, ainsi que Richard Biami, le " fournisseur " des téléphones portables, ont, quant à eux, été mis hors de cause. Un acquittement qui ne leur a pourtant pas permis de ressortir libre du Palais de justice, les deux hommes étant détenus pour "autre cause ", dans une affaire de trafic de stupéfiants pour laquelle Jacques Sordi a déjà été condamné.
Règlements de compte des années 90
Est-ce à dire que les figures du grand banditisme niçois sont désormais hors de portée de nuire ? Le policier Pizzini, qui avait participé à l'enquête Di Cristo, en émet l'hypothèse :
" Dans les années 90, dans les Alpes-Maritimes, entre 20 et 30 règlements de compte ont eu lieu. Parmi lesquels, l'assassinat de Di Cristo. Après, la situation s'est calmée. " Sous le feu des questions de la défense, le fonctionnaire avait ajouté : " Je n'en tire aucune conclusion. "
Même traitement réservé aux autres enquêteurs, qui ont mobilisé la majeure partie du temps impartis aux débats. Notamment Sylvain Cohet, capitaine de police, auteur de filatures qui ont permis de mettre en cause les accusés. A l'origine du " traitement de faveur " qui lui est réservé, un déjeuner qui a longtemps empoisonné les débats.
En avril 2003, près d'Aix-en-Provence, dans un Campanile en bordure de l'autoroute, l'ex-policier de la sûreté départementale, accompagné de l'un de ses collègues avait partagé le couvert avec Christian Maistre, soupçonné d'être le cerveau de l'assassinat de Di Cristo et sous le coup de deux mandats d'arrêt internationaux. " Maistre était au bout du rouleau. Il voulait se rendre " Alors pourquoi ne pas l'interpeller, interroge la défense. " On lui avait donné notre parole d'honneur de ne pas l'arrêter ", avait répondu Cohet. Une réponse qui a du mal à passer, pour la défense. " Votre parole d'honneur, vous pouvez la garder. Elle déshonore la justice ", s'était alors emporté Maître Dupont-Moretti.
C'est cet idéal de justice, corroboré par le principe de la présomption d'innocence et de la preuve matérielle, qui a été brandit tout au long des plaidoiries de la défense. Autant d'arguments qui balayaient d'un revers de manche les éléments du dossier, entre les résidus de tirs trouvés sur les tenues et visages des tireurs, les réquisitions téléphoniques et les filatures. Sans compter les quarante kilos de cannabis retrouvés au domicile de la victime. Dans une ambiance tendue, la cour des Alpes-Maritimes est finalement venue à bout des nombreux incidents des deux semaines de débat. Le verdict, rendu à deux heures du matin, a cependant laissé derrière lui, un sentiment de malaise.
JACQUES MEDECIN ET JEAN-DOMINIQUE FRATONI DIT LE "NAPOLEON DES JEUX"
Les cendres de Jean-Dominique Fratoni, décédé dans un lit de Lugano (Suisse), à l'âge de soixante et onze ans, des suites d'un cancer de la prostate, seront prochainement rapatriées dans sa Corse natale. Le «Napoléon des jeux » avait battu en retraite en 1980, au pays du secret bancaire, poursuivi qu'il était par les services fiscaux et les douaniers français, à l'issue de dix années de « guerre des casinos » sur la Promenade des Anglais durant lesquelles l'influent patron d'un Casino Ruhl flambant neuf avait tenté, par tous les moyens, de mettre la main sur le Palais de la Méditerranée appartenant à la veuve Le Roux et à sa fille, Agnès.
Avec le soutien de son ami d'enfance Jacques Médecin, alors « big boss » de la Côte d'Azur, « Jean-Do », soupçonné d'être lié à la Mafia, avait le projet de transformer Nice en un « Las Vegas européen ». Aujourd'hui, l'un est dans la tombe, l'autre a été en exil et en prison et depuis décédé en 1998 en URAGUAY.
L'exil de Jean-Dominique Fratoni fut moins mouvementé que celui de l'ancien maire de Nice Jacques MEDECIN. Condamné par défaut, en 1983 et 1985, à un total de cinq années de prison et à plusieurs centaines de millions de francs d'amende, cet ancien résistant du mouvement «Combat », militant gaulliste recyclé en parrain des jeux, ne fut jamais réellement inquiété en Suisse, à Curaçao et au Paraguay, où il menait encore quelques « affaires », ni même à Nice où, dit-on, il revenait de temps à autre se faire soigner depuis que ses condamnations étaient prescrites.
Il fut cependant interpellé, en mai 1987, par la police helvétique, au titre de participant à une réunion de mafieux dans un hôtel de Lugano à laquelle avait pris part, comme « observateur », le directeur des jeux du casino Ruhl. Curieusement, la justice française tarda trop à demander son extradition... Fratoni détenait-il quelques lourds et encombrants secrets sur les moeurs politiques françaises ? Il fut en tout cas au centre de l'une des plus mystérieuses affaires criminelles niçoises, la disparition, « l'assassinat », dit sa mère - d'Agnès Le Roux en novembre 1977, quelques semaines après que Fratoni eut acheté son vote d'administratrice du Palais de la Méditerranée pour 3 millions de francs avec la complicité de l'amant d'Agnès Le Roux, l'avocat d'affaires Jean-Maurice Agnelet. L'affaire n'est toujours pas élucidée de nos jours car l'avocat Jean-Maurice Agnelet nie tout et ne veut toujours pas dire la vérité. Quand à Fratoni il a certainement emporté le secret dans sa tombe.
L'AVOCAT NICOIS JEAN-MAURICE AGNELET
LES DIFFERENTES EPOQUES DU MILIEU NICOIS
Le temps des Niçois
Le caïd fanfan Bottero
Né en 1902 il est condamné pour le meurtre d'un policier, Ses principales activités sont le cambriolage, le proxénétisme et le trafic de drogue. En 1930, il est condamné à six mois de prison et cinq ans d'interdiction de séjour pour trafic de stupefiant .Son fulgurant parcours est stopper net par les Marseillais, qui l'abattent de deux balles dans le corps.
La French connection "d'Albert Giaume"
L'homme fort de nice restera a jamais Urbain Giaume dit "Albert", il est celui qui détient les établissements de nuit de la ville et ses relations plus qu'amicales avec l'equipe Guerini de Marseille laisse penser à la justice son appartenance a la French connection et au trafique d'heroïne à destination de New-York. Il sera condamné à 15 années de réclusion criminelle.
Le temps des Corses
Le truand Pierrot Rossi et Jeannot Giudicelli
C'est durant la décennie 50 que pierrot va installer sa réputation à Nice, braquages, trafic d'alcool et de cigarettes, peu à peu Rossi s'impose dans le milieu niçois. Mais Pierrot est abattu en 1961.Quand à Jean-Baptiste Giudicelli lui a été abattu un an auparavant.
Angelin Bianchini
C'est durant les années 60 qu'Angelin va tenter de s'emparer du haut du pavé, son équipe et lui vont profiter d'un affaiblissement de la pègre locale en particulier de la bande à Albert, car depuis la mort de Fanfan Angelin il vise le contrôle des trottoirs de la ville.
Le temps des Grenoblois
Le petit Michel
A la chute de Giaume, les Italo-grenoblois alors en proie à des problèmes dans leur région vont se greffer au parrain local, Sebastien Bonventre d'un commun accord. Ainsi Bastien a de quoi affronter une partie du milieu niçois adverse dirigeait par Marcel le bègue. A la mort de Bonventre, tombé sous les balles en 1989, les italo-grenoblois prendront sa succession, du moins jusqu'à l'assassinat de son représentant Michel Luisi en 1993.
La guerre des gangs
La mort de Luisi est perçue comme une véritable déclaration de guerre au milieu traditionnel, déjà la mort de Bastien avait glacée l'ambiance. Va s'en suivre une longue liste de morts, de vengeance en attaque et d'attaque en vengeance.
LE GANG DE LA BRISE DE MER EN CORSE
Le gang de la Brise de mer est un groupe de criminalité organisée corse qui doit son nom à un bar de Bastia en Haute-Corse, qui servit de lieu de réunion à certains de ses membres.
Réputé pour ses actions d'éclat, violentes et militarisées, ses membres opèrent en Corse, en France continentale et en Europe. On lui attribue en particulier, le vol de l'Union de banques suisses (UBS) à Genève en Suisse. Elle est impliquée notamment dans le blanchiment d'argent sale et dans le milieu du foot avec notamment des liens supposés avec le club de Bastia.
On soupçonne la Brise de mer d'exercer une influence très importante sur le milieu du Sud en particulier à Marseille, mais aussi à Aix-en-Provence ou à Nice.
Le bandit Corse Joseph MENCONI
Jo Menconi est une figure du banditisme Corse, à deux reprises il s'évade de prison de manière spectaculaire. Il est impliqué dans l'attaque d'un fourgon blindé transportant des fonds en 1997 à Saint-Laurent-du-Var mais aussi dans le meurtre d'un légionnaire à Calvi.
L'AFFAIRE MONTINY
Nicolas Montigny a été tué à Bastia, le 5 septembre 2001, vers 20 heures. Quand ils ont examiné son cadavre, les policiers ont relevé 11 impacts de balles, provenant de deux armes : un colt 45 et un pistolet automatique, calibre 9 m/m. Nicolas Montigny avait 28 ans et se savait menacé. Les deux tueurs l'ont logé au Cyber-Corsica, un cybercafé de l'avenue Jean-Zuccarelli, dite "boulevard du Fango".
Nicolas Montigny n'était pas inconnu des services de police, il avait fait deux séjours en prison. Etudiant à Aix-en-Provence, il avait été mêlé en 1996 à deux attentats nationalistes qui l'avaient conduit à la prison de la Santé, à Paris, de 1997 à 1999. C'est là qu'il avait rencontré l'un des responsables du FLNC, Jean-Michel Rossi, devenu son mentor. A sa sortie il avait intégré les rangs d'Armata Corsa, un groupe armé clandestin dissident, fondé en 1999 par Rossi et François Santoni, qui venaient de rompre avec le FLNC.
LE CORSE FRANCOIS SANTONI DIT "L'IGUANE"
Nicolas Montigny avait payé cette adhésion de six mois de prison supplémentaire, entre décembre 1999 et juin 2000. Cette fois, les policiers lui reprochaient d'avoir participé à une conférence de presse clandestine d'Armata Corsa dans la nuit du 25 au 26 juin 1999. Deux ans plus tard, son assassinat avait semé un doute : meurtre politique ou crime crapuleux ? D'abord instruite par la justice antiterroriste, l'enquête avait ensuite suivi la piste des truands.
Voyoucratie et nationalisme à la dérive : voilà deux mondes parallèles aux méthodes parfois similaires - quand ils ne s'imbriquent pas l'un dans l'autre - au milieu desquels Nicolas Montigny a navigué. Six ans après sa mort, 7 bandits de haute lignée comparaissent du 21 mai au 8 juin devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. Accusés d'être les tueurs, Jacques Mariani, 42 ans, et Alexandre Vittini, 34 ans, risquent la perpétuité. A leur côté, François-Marie Mariani, alias Francis, 58 ans - le père de Jacques -, et Daniel Vittini, 55 ans, père d'Alexandre, sont poursuivis pour "complicité et associations de malfaiteurs" avec trois autres comparses. Fichés au grand banditisme, Francis Mariani et Daniel Vittini sont de vieux routards du gangstérisme, fondateurs de la Brise de mer, ce redoutable gang constitué en Haute-Corse à la fin des années 1970.
Christiane Muretti, la mère de la victime, redoute l'instant où elle devra affronter leur regard. "Je ne sais pas quelle va être ma réaction", dit-elle avec nervosité. Elle a déjà été confrontée à Jacques Mariani, il y a deux ans, à Créteil, lors d'un précédent procès où l'intéressé avait été acquitté dans une autre affaire de meurtre. Jacques Mariani, maintes fois condamné pour "vols, braquages, escroqueries, port d'armes", n'a jamais rien eu à voir avec le nationalisme. Depuis son adolescence, sa vie rythmée au gré des incarcérations se confond avec l'histoire du banditisme.
Comment Nicolas Montigny - un "garçon attachant", disent ceux qui l'ont connu - a-t-il croisé la route du clan Mariani ? Enfant paumé d'un divorce difficile, Nicolas s'était taillé une belle réputation dans l'art de crocheter les serrures et les démarreurs de voitures. Une aubaine pour les aigrefins dans cette société corse où, comme l'explique Jean-Michel Mariaggi, avocat ajaccien de Christiane Muretti, "les jeunes un peu fragiles n'ont de repères qu'entre le pseudo-romantisme des nationalistes véreux ou des voyous estampillés".
De fait, durant les quatre ou cinq dernières années de sa courte existence, Nicolas Montigny a oscillé entre ces deux microcosmes : tantôt "soldat" dévoué d'Armata Corsa, tantôt petit voyou auquel le nationalisme conférait une certaine aura.
Ainsi, tout en se liant avec une bande de voyous, il avait adopté le discours nationaliste en vogue d'Armata Corsa. "Il vouait un véritable culte à Jean-Michel Rossi", confie sa mère. Elle qui avait pourtant des sympathies nationalistes ne supportait pas cet aveuglement. Elle ne reconnaissait pas ce fils turbulent qui, jusque-là, n'avait jamais manifesté un quelconque intérêt pour les sujets politiques. "On ne pouvait pas discuter avec lui. Il n'y en avait que pour Rossi, lequel le lui rendait bien".
Christiane Muretti, qui depuis plusieurs années s'échinait à "rattraper" ce fils immature, voyait d'un mauvais œil cette relation avec un homme qui aurait pu être son père. "Je n'aimais pas Rossi, car je connaissais ses méthodes", dit-elle. Las, malgré ses avertissements, son fils jouait les hommes de main dans la petite troupe d'Armata Corsa tandis que ses deux chefs, Rossi et Santoni - assassinés respectivement en août 2000 et en août 2001 - guerroyaient à la fois contre le FLNC de Charles Pieri et contre les truands de la Brise de mer. Une double guerre pour un double leadership : celui de la lutte armée contre l'Etat et celui des machines à sous en Balagne sur la côte occidentale de l'île entre Calvi et l'Ile-Rousse.
Entre juillet 1999 et décembre 2001, la liste des morts n'a cessé de s'allonger. Les cortèges funèbres ont accompagné 19 hommes morts criblés de balles, les uns venus d'Armata Corsa, les autres de la nébuleuse Brise de mer. Cadavres contre cadavres. La surenchère a pris fin avec l'extermination des premiers.
Qui a tué ? Pour qui et pourquoi ? Certains évoquent des arrangements entre truands et nationalistes du FLNC opposés à Armata Corsa. Les truands auraient composé les équipes de tueurs chargés d'éliminer les troupes d'Armata Corsa. Montigny figure-t-il au nombre des victimes de ces affrontements, ou bien son exécution relève-t-elle d'un règlement de comptes entre voyous ? nul ne le sait.
Ce 5 septembre 2001, Nicolas Montigny l'avait passé devant un ordinateur à télécharger de la musique. Selon ses proches, il paraissait plutôt en forme. "Il semblait détendu après avoir vécu pendant plusieurs jours avec une très vive tension", se souvient sa mère. Rentré en Corse deux semaines auparavant pour assister aux obsèques de son meilleur ami, Dominique Marcelli, retrouvé mort le corps à moitié calciné sur la plage de Moriani (Haute-Corse), Nicolas osait à peine sortir. Les rares fois où il mettait le nez dehors, il le faisait armé d'un pistolet qu'il brandissait au moment d'ouvrir la porte de l'appartement familial. "C'était l'angoisse, on se croyait dans un film", raconte sa mère.
A plusieurs reprises, Nicolas Montigny s'était senti visé. Un an avant sa mort, en septembre 2000, quelques jours après le meurtre à l'Ile-Rousse de Jean-Michel Rossi, alors qu'il sortait du palais de justice de Bastia, deux individus à moto avaient cherché à l'assassiner. Nicolas Montigny était convaincu qu'il s'agissait de Jacques Mariani et de Joseph Menconi, célèbres truands proche de la Brise de mer.
Quelques jours auparavant, il avait fait fuir en pleine nuit à coups de fusil des inconnus en planque devant la maison familiale au hameau de Vignale (Haute-Corse). Il avait expliqué à sa mère que la Brise de mer cherchait à venger le meurtre d'un voyou. Ce meurtre commis le 21 juillet 1999 avait été revendiqué par Armata Corsa. A tort ou à raison - nul ne le sait encore aujourd'hui -, Nicolas était suspecté d'en être l'un des auteurs, en raison de sa proximité avec Jean-Michel Rossi. Aussi, craignant pour sa vie, il s'était finalement résolu à quitter la Corse pour s'installer à Paris. Là, pendant une année, il avait suivi un stage de formation professionnelle, en prenant ses distances avec le nationalisme. Il le fit avec d'autant plus de facilité qu'il ne nourrissait pas une grande sympathie à l'égard de François Santoni, lequel après la mort de Rossi s'était retrouvé seul à la tête d'Armata Corsa.
Ce n'est qu'au soir du 22 août 2001, en apprenant la mort de Dominique Marcelli, vaguement voyou, un temps embrigadé au sein d'Armata Corsa comme lui, qu'il est retourné en Corse soucieux de découvrir les assassins de son ami d'enfance. "Sachant les menaces qui pesaient sur lui, je l'ai supplié de rester à Paris, mais il n'y a rien eu à faire", déplore sa mère.
A sa manière modeste, sans charisme, sans envergure ni conviction, Nicolas Montigny incarne cette confusion des genres colportée par un nationalisme dévoyé, fasciné par l'argent facile et l'appât du gain. Loin de se réfréner, le dérapage s'est amplifié dans la période récente. Parés d'une notoriété acquise "au combat contre l'Etat colonial", certains chefs historiques, comme l'emblématique Charles Pieri, ont peu à peu versé dans le banditisme. Parfois, comme sur la plaine orientale en Haute-Corse, des malfrats patentés, d'anciens maquereaux bien connus sur l'île, ont repris le flambeau de la lutte armée. Ils posent des bombes et rackettent pour leur propre compte tout en arborant le drapeau du FLNC. Comme le remarque un policier en poste sur l'île, "aujourd'hui, ce sont les escrocs qui tiennent le haut du pavé".
Nicolas Montigny, qui avait flirté avec ce nationalisme déliquescent et des petits truands en train "de se faire une cote" sur le marché du crime, s'est trouvé au cœur de cet imbroglio.
L'ORGANISATION INDEPENDANTISTE CORSE DU FLNC
MLIEU DU SUD ET FOOTBALL ... UNE LONGUE HISTOIRE D'AMOUR :
Les stars du foot ne sont pas toutes sur le terrain
A l'OM, quelque soient les patrons, la gestion est toujours contestée et contestable. En quelques années 54 joueurs ont été transférés, souvent avec le versement de commissions occultes de provenance douteuse. Tout cela met en cause notamment l'ancien entraîneur "Roland Courbis", et met également en lumière l'apparition sous l'ère "TAPIE" d'une nouvelle star du stade marseillais "Jean-Luc Bresi", officiellement agent de footballeurs.
Gros investisseurs pour ne pas dire blanchisseur, de la nouvelle Pointe Rouge ( une Riviera de pacotille au sud de Marseille ), il est aussi le frère du fameux braqueurs "Bernard Baresi". On est pas coupable des péchés de son frère, mais il y a des coïncidences troublantes.
A Nice, l'ancien Maire "Jacques Peyrat" n'en revient pas des mœurs étranges du Foot méridional. Le club de foot de la ville avait été repris à la hussarde par deux investisseurs aux noms familiers de la police niçoise.
L'un se nomme " François Mouret", fils de "Roger Mouret" un caïd de ce qu'on a appelé le gang des Italo-Grenoblois dans les années 70 ( en fait, des Marseillais aux noms d'ascendance Corse ou italienne, installés à Grenoble ). Roger a été arrêté à 51 ans, en mars dernier, pour trafic de drogue. Son fils "François Mouret" s'occupait alors des relations du club O.G.C.Nice.
L'autre " Robert Cassone", en principe gérant d'une brasserie niçoise, est le fils de "Roland Cassone". Roland et son frère Serge ont débuté dans les années 70 comme "pistoleros" du gangster "Jacky le Mat" alors en guerre avec le clan "Zampa".
LE GANGSTER JACQUES IMBERT DIT "LE MAT"
Aujourd'hui, on dit que "Roland Cassone", 57 ans, est le nouveau parrain du Midi. Son fils est le coordinatur de l'O.G.C. Nice. Décidément, pour les enfants de truands marseillais, le Foot offre un bien meilleur rapport en gains-risques que la drogue ou les braquages paternels.
Fort heureusement durant sa longue mandature ( 2 mandats 1995-2008 ) du Sénateur-Maire de Nice maître Jacques Peyrat, ce denier a tout fait en sorte pour nettoyer les écuries d'Augias du foot niçois en ce débarrassant de ces deux encombrants individus du club de l'O.G.C. Nice.
MARSEILLE, LE RETOUR DE LA "MAFIA CORSE"
FRANCIS VANVERBERGHE DIT "LE BELGE"
Il n'est jamais bon pour un truand de s'absenter trop longtemps. En cavale ou en prison, il pense souvent que l'on attend son retour. Mais lorsqu'il revient , généralement, les choses se gâtent. "Farid Berrhama", un caïd de 40 ans, surnommé "Gremlin" pour ses accès de fureur, en a fait l'amère expérience, le 7 avril, lorsque 14 balles lui ont transpercé le corps dans une brasserie à Marseille. Ses deux lieutenants ont reçu deux fois moins de balles, mais cela ne les a pas sauvés pour autant.
"Farid Berrhama" avait fait ses classes dans la région de Tarascon et de Carpentras, auprès de "Marc Monge", connu dans le milieu pour sa propension à monter les truands les uns contre les autres, ce qui lui vaudra d'être tué début 2000 à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.
Machines à sous, trafic de stupéfiants, exécution de concurrents, le jeune Farid devient vite "le caïd de Salon-de-Provence" et grimpe les échelons d'un milieu dominé par le clan de "Francis Vanverberghe", dit "le Belge", dont le charisme et la puissance de feu en font le seul véritable parrain du milieu Français.
Attiré par la puissance dominante, Berrhama se place dans le sillage d'Antoine Cossu, dit "Tony l'anguille", alors beau-frère du Belge, et obtient une petite renommée grâce à sa spécialité: "la voiture barbecue". Après avoir tué sa victime dans une voiture, il place le corps dans le coffre avant d'y mettre le feu.
L'affaire "Topaze", nom de code d'une enquête sur un réseau international de trafic de cocaïne, dans lequel Berrhama est impliqué aux côtés de proches du Belge, l'éloigne, un temps, du terrain. Arrêté, en 2001, à Malaga, en Espagne, il est ensuite extradé en France. Il ressort de prison au mois d'août 2005, convaincu qu'une place de choix l'attend.
Mais les temps ont changé. La disparition du Belge, tué, le 27 septembre 2000, dans un bar-PMU des Champs-Elysées, à Paris, a entraîné la mort de tous ses fidèles qui voulaient le venger. Ceux qui ont fait savoir qu'ils ne "bougeraient pas" sont encore en vie.
Berrhama, dès sa sortie, remonte une équipe de malfrats venant, pour l'essentiel, de l'Etang-de-Berre pour s'approprier le marché des machines à sous et de la drogue à Marseille. Parmi les victimes de cette reconquête, un Corse, âgé de 36 ans, né à Marseille, Roch Colombani, tué dans sa Mercedes le 23 mars, est celle de trop. S'en prendre à lui, c'est aussi menacer ceux qui occupent aujourd'hui le haut du pavé du crime : les Corses. Mais cela, Berrhama n'en a cure. Il le paiera de sa vie.
Selon les spécialistes du grand banditisme, les Corses de Marseille et de l'île ont repris, depuis la mort du Belge, l'ascendant sur le milieu français. "Aujourd'hui, face à l'éclatement de la grande délinquance, ce sont les rares truands à être organisés. Ils sont plus discrets. Ils se parlent avant de s'entretuer et peuvent même s'entraider", explique un commissaire de police d'origine insulaire.
Ils avaient quitté le devant de la scène depuis l'exécution, en 1982, de l'empereur des jeux Marcel Francisci, soupçonné par les Américains de tremper dans le trafic de drogue, puis, celle, en 1985, de Paul Mondoloni, dit "M. Paul", dont l'austérité n'avait d'égale que sa capacité à échapper à la justice. Francisci appartenait à la lignée des parrains corses qui ont dominé Marseille depuis Paul Carbone dans les années 1930. Mondoloni fut son associé. "Juge de paix", capable de réunir le gotha du milieu sur de grosses affaires de drogue, il faisait le lien entre les Corses et la mafia sicilo-américaine.
PAUL CARBONE ( à droite et en haut ) & SON ASSOCIE FRANCIS SPIRITO DES ANNES 30
Après leur mort, les Corses n'ont pas disparu. Repliés, ils ont poursuivi leurs affaires dans l'ombre du Belge, qui s'est imposé en éliminant ses concurrents. Cet équilibre a duré pendant plus de dix ans, chacun faisant ses affaires ou s'associant dans des trafics de drogue, tels que "Topaze". Mais au fil du temps, le Belge a sans doute fini par oublier ses devoirs de parrain. Il ne bougeait plus guère de Paris, où ses lieutenants lui portaient, tous les quinze jours, une mallette d'argent liquide. Tout juste si les policiers ont relevé qu'en 2000 il s'était rendu sept fois en Corse. Pourquoi ? Mystère.
Est-il intervenu en défaveur des intérêts corses? A-t-il oublié de partager certaines prébendes? Ses protections sont-elles tombées? En tout cas, il ne s'attendait pas à ce qu'un tueur casqué vienne l'éliminer dans ce bar-PMU des quartiers chics de Paris, où il rachetait les tickets gagnants pour blanchir son argent de poche.
En 2006, les policiers, un temps égarés sur la piste des caïds de banlieue, s'accordent, désormais, pour dire que "son exécution profite aux Corses". Déjà, le 3 juin 2003, une note des renseignements généraux (RG) indiquait "qu'il y aurait une entente entre une partie des Bastiais de la Brise de mer, les Corses de Marseille et un Italo-Marseillais pour prendre le contrôle des affaires du Belge".
On sait désormais que la jeune garde de la Brise de mer, ce fameux gang basé en Haute-Corse, qui occupe, depuis plus de vingt ans, une place centrale dans le banditisme français, n'est pas étrangère à tous ces bouleversements. Parmi ces nouvelles têtes brûlées figurent notamment "José Menconi", grand costaud aux cheveux longs, excellent motard, connu pour ses évasions spectaculaires et ses talents de braqueur. Proche d'un autre braqueur et célèbre fugitif, "Antonio Ferrara", Menconi fonctionne depuis longtemps en duo avec "Jacques Mariani", fils d'un baron de la Brise de mer.
LE TRUAND BRAQUEUR ANTONIO FERRARA
En 2003, l'Office central de répression du banditisme (OCRB) avait mis en place un dispositif de surveillance près de la plage Ocoa, à Saint-Tropez, après avoir appris que les patrons des principales boîtes de nuit y étaient parfois convoqués par la nouvelle puissance dominante. En vain. Selon les RG, chaque premier mercredi du mois, vers 14 heures, deux hommes à moto travaillant pour les Corses faisaient le tour de Saint-Tropez pour récolter les fruits du racket. Non loin de là, à Toulon, la chute des Perletto, alliés du Belge, dans l'affaire Topaze a fait place nette. Cohabitant jusque-là avec les Perletto, considérés comme les patrons du Var, la famille Barbieri menait ses propres affaires mais restait dans l'ombre. Là aussi les choses ont changé. Fin septembre 2005, les policiers ont incarcéré "Antoine Barbieri" et ses complices pour 40 kg de cocaïne.
Le lieu d'arrestation, un appartement du Val-de-Marne, dissimulait un laboratoire de transformation de la drogue. Les Barbieri sont originaires du même village, Moltifao, au-dessus de la Balagne (Haute-Corse), que les Costa, piliers historiques de la Brise de mer. Quasiment un lien de sang...
L'avancée des Corses n'est cependant pas uniforme. Les écoutes, dans l'affaire de cocaïne des Barbieri, ont permis d'apprendre qu'ils avaient des griefs à l'encontre de l'activisme de l'équipe Menconi dans le Var. Le même Menconi, alors en cavale, sera d'ailleurs arrêté en 2003, à Aubagne, grâce à un tuyau donné par des voyous... à la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Marseille.
En dépit de ces aléas, les Corses renforcent leurs positions. A Saint-Laurent-du-Var, des fidèles de la Brise de mer, très liés à des élus locaux, sont aujourd'hui présents dans les sports nautiques et se retrouvent dans un établissement balnéaire à la mode dont ils ont fait leur QG. Le jeune Jacques Mariani aurait acheté en sous-main une brasserie de la ville.
Même s'il n'accepte généralement guère les intrusions étrangères, le milieu niçois, tout proche, a laissé faire. Il est vrai que les Corses ont toujours disposé à Nice de bases solides sans prendre part aux affaires de la pègre locale. Pourtant, là aussi, si les policiers locaux estiment "qu'il n'y a pas vraiment de nouveau depuis la mort du Belge", ils s'intéressent de près à la famille Agostini, brasseurs proches de notables locaux dont les appétits commencent à faire jaser. La PJ travaille ainsi sur les liens entre l'un des rejetons de cette famille et une nouvelle bande qui tente de percer dans le milieu de la nuit niçoise.
En février 2002, le parquet de Nice s'était penché sur la tentative de reprise du club de football de la ville par les fils de Rolland Cassone et de Roger Mouret, figures du grand banditisme marseillais. Mouret, originaire de Grenoble, serait un affidé de Cassone, Italo-Marseillais présenté comme l'un des "juges de paix du milieu marseillais". Cassone, lié au milieu de la nuit, n'est pas n'importe qui. Vieille relation de Jean-Jérôme Colonna, dit Jean-Gé, ancien de la French Connection et figure incontournable du milieu de Corse-du-Sud, son réseau s'étend de l'Italie à la Corse.
Le paysage marseillais compte également deux familles dont les liens avec la Corse n'ont pas échappé aux enquêteurs. Souvent citées et peu condamnées au regard des faits qu'on leur impute, les Baresi et les Campanella sont des fratries dont le nom est redouté chez les voyous, à Marseille comme à Paris.
L'un des frères Baresi, poursuivi dans des affaires de racket sur le port de Marseille et de commissions occultes dans le football professionnel, illustre un mélange des genres très local. Proche de l'homme d'affaires Bernard Tapie, ami de Renaud Muselier, député (UMP) et maire adjoint de Marseille, qui ne le dément pas, il sait se faire discret à l'instar de ses autres frères. Pourtant, le nom des Baresi apparaît régulièrement dans les notes de renseignements de la police sur le milieu phocéen et leurs contacts avec la famille Mariani de la Brise de mer sont connus.
En 2003, tandis qu'ils surveillaient un Corse, ex-garde du corps du leader nationaliste François Santoni, les policiers rapportèrent, par écrit, à leur hiérarchie qu'il s'était vu proposer la gestion de 200 machines à sous sur Paris et sa région par un homme qui prétendait représenter les Baresi. Son refus les empêcha d'en savoir plus mais l'épisode laissait entrevoir la dimension présumée des Baresi.
Chez les Campanella, Michel, âgé de 44 ans est considéré comme "l'un des plus dangereux malfaiteurs de la région". Le 27 mars, la BRI de Marseille a sablé le champagne après son arrestation en douceur. Ayant purgé dix ans de prison pour des braquages, il était, notamment, recherché pour des règlements de comptes dans la région de l'étang de Berre. Il pourrait, sans doute, éclairer la justice sur l'affaire Berrhama, mais le détenu est du genre taciturne...
Solidement installés dans leurs bastions depuis la mort du Belge, les Corses n'ont pas traîné à pousser leur avantage sur Paris. Machines à sous, trafic de drogue, les voyous insulaires ont retrouvé leur implantation du passé. Face à la dispersion du milieu, ils sont les seuls, à l'exception des Gitans de Seine-Saint-Denis, à offrir un front uni à tout ennemi potentiel.
Les autorités constatent que les Corses progressent même, de manière tout à fait légale, sur leur terrain de prédilection, les cercles de jeux. Longtemps fermé, le Cercle Concorde, établissement de jeu parisien, doit rouvrir prochainement. Son futur directeur, Paul Lantieri, s'était exilé à Aix-en-Provence après que sa discothèque, l'Amnésia, à Bonifacio (Corse-du-Sud), l'une des plus grandes d'Europe, eut été rasée, en 2000, par un attentat à l'explosif attribué au milieu. Paris, Marseille, le Var, il n'y a que Lyon d'où les Corses semblent aujourd'hui absents. La nouvelle donne touche même leur île natale. La Corse-du-Sud est encore sous le choc des assassinats qui ont frappé l'île ces derniers mois. Parmi les victimes figuraient des personnalités n'appartenant pas au milieu. L'élimination en mars de Robert Felicciaggi, homme d'affaires ayant fait fortune en Afrique avant un retour sur l'île pour une carrière politique, a plongé les observateurs dans une grande perplexité.
La situation est si instable que Jean-Gé, personnalité de l'histoire criminelle insulaire, qui affirmait en 2002 s'être retiré des affaires, a remonté une équipe pour se protéger des mauvaises surprises. Il aurait même demandé à ses sbires de découvrir les commanditaires de l'élimination de Feliciaggi dont il était proche. Reste la très fantasmatique Brise de mer, dont les fondateurs, devenus de très riches retraités de 50 ans et plus, évitent de monter en première ligne. En revanche, leur influence, leurs alliances en France et à l'étranger et la crainte que suscitent leurs jeunes successeurs leur assurent un rôle majeur sur le milieu français.
Membre historique de la Brise de mer, Richard Casanova, autre mythe insulaire, a été arrêté début mars dans l'affaire du "casse du siècle" de l'UBS, à Genève, après seize ans de cavale. Atypique, lié à certains chefs d'Etat africains, associé dans les jeux sur ce continent, interlocuteur de certains services de l'Etat, il rappelle ces personnages sulfureux des affaires troubles de la Ve République. Il ne manquait que cette touche du passé pour parfaire le retour en force des Corses sur le marché du crime.
LA TUERIE DES MARRONIERS FAIT CHUTER LE MILIEU MARSEILLAIS-CORSE
La dernière légende du milieu marseillais, Roland Cassone, est placée en garde à vue, éclaboussée par les ennuis judiciaires du parrain corse Paul Lantiéri.
L'implication de Paul Lantiéri dans l'affaire de la tuerie des Marronniers, un bar marseillais en avril 2006 lui a déjà valu une mise en examen pour association de malfaiteurs. Acharnement judiciaire sans doute, trois jours après le dossier que Bakchich a consacré à cette affaire, soit le 5 novembre, une vague de perquisitions a été lancée. Cible des policiers, la brasserie du cercle Concorde à Paris et le restaurant la Rotonde à Aix-en-Provence. Deux établissements dont l'ami Paul Lantiéri était alors le gérant. Cerise sur le gâteau, les limiers avaient aussi traversé les Alpes pour fouiner à Genève, du côté de la SA Sextius, unique actionnaire de ces coquettes gargottes.
La pêche, semble-t-il, a été si miraculeuse que les enquêteurs en ont remis une couche depuis lundi et lancé une nouvelle vague d'arrestations et de perquisitions... Une véritable lame de fond qui a touché Paris, Ajaccio et la région marseillaise. Avec, comme cible principale, toujours le cercle Concorde, qui a été fermé le jour même.
En fait, l'affaire de la fusillade des Marronniers semble avoir fait un petit : une enquête pour blanchiment de fonds criminels.
Une vingtaine de joyeux drilles a été mise en cabane, placés en garde à vue, décrit-on poliment dans le milieu judiciaire, 600.000 euros saisis dans l'enceinte du cercle de jeux parisiens. Et surtout, la police, si elle n'a pas encore mis la main sur Paul Lantiéri, s'est consolé avec un gros poisson dont elle a longtemps désespéré d'approcher : le légendaire Roland Cassone, 63 ans, souvent présenté comme le grand patron incontournable du milieu marseillais est en garde à vue depuis hier soir.
Le bon Roland a la réputation de faire autorité sur la région. Aucun coup sans son accord, aucune implantation sans son autorisation. Tout passe par lui, jusqu'aux ennuis de Robert-Louis Dreyfus, le patron de l'OM.
« Cassone c'est une figure, un monument, le dernier représentant d'un monde qui n'existe déjà plus, un milieu familial », décrivait lyrique, un policier marseillais. Formé par les frères Guérini, qui ont tenu le Marseille des années 60, puis bras droit de Jacky Imbert, dit « le Mat » (le fou) dans sa lutte contre Tany Zampa pour prendre le contrôle du milieu marseillais, Cassone a connu bien des luttes et s'en est toujours sorti indemne. La dernière vague de règlements de compte, au tournant des années 2000, qui a fauché Francis Le Belge et ses lieutenants l'a épargné. Tout comme la Justice, jusqu'à présent.
LES FRERES GUERINI DE MARSEILLE
JACQUES IMBERT DIT "JACKY LE MAT" EN PRISON
Jacques Imbert est né à Toulouse en 1929, d'un père ouvrier dans l'aéronautique. Le futur "Jacky le Mat" passe quatre ans dans les tirailleurs sénégalais à Oran. Au début des années 50, il se fait remarquer lors d'une rixe dans un bar de Montpellier, en tapant sur l'amant de sa belle mère.
Jacques Imbert, désormais appelé Jacky le Mat, c'est-à-dire le "fondu" en argot, est présenté à la "Bandes des Trois Canards" . Outre le casse et le braquage, l'équipe est spécialisée dans le racket. Jacky devient un élément essentiel de l'équipe, sachant faire preuve d'un sang-froid et d'une détermination d'expert, avec pour professeurs, parmi d'autres, Gégène le Manchot, Gaëtan Alboréo et Marius Bertella. Les membres de la bande sont essentiellement des italiens de Marseille, dont Tany Zampa.
C'est au sein de cette bande qu'il rencontrera Tany Zampa, futur caïd du Milieu marseillais, en 1958. Les deux hommes se lient d'amitié. Dès lors, tout en gardant un rôle dans la "bande des Trois Cannards", Jacky le Mat se met à faire des affaires sur Marseille. "Jacky s'impose comme un chef de bande incontestable et se retrouve à la tête d'une équipe de vingt truands marseillais. Il évolue sous la houlette de Tany Zampa mais reste indépendant vis-à-vie de lui".
Il aime flamber et plaît aux femmes. Outre deux mariages, on lui prête six maîtresses. Il adore, aussi, faire des dérapages contrôlés Place de l'Etoile à Paris. Il se plait à relever toutes sortes de défis. Comme le jour où il a traversé un bras de mer à la nage au large de Marseille. Malgré ses éclats dans la filouterie, la police ne le coincera qu'une seule fois durant cette période, en 1961, pour proxénétisme. À peine sorti de prison, il reprend ses agissements.
En 1962, il entreprend de mettre à l'amende le "bordelier oranais" Raymond Infantes. Ce dernier, caïd confirmé, ne se laisse pas faire. Dès lors, en solo, Jacky le Mat part pour Oran, enlève Infantes et le ramène à Marseille à bord d'un avion qu'il pilote lui-même. L'Oranais, apeuré et "travaillé", accepte de verser l'argent qu'on lui demande. Ce genre d'exploit permet à Jacky de se forger une solide réputation d'homme dangereux et déterminé.
Un an plus tard, le 14 avril 1963, il est moins compréhensif. Jean-Baptiste Andréani, le roi du jeu parisien, ne voulait pas payer l'amende de 50 millions d'anciens francs que lui a fixé la "Bande des Trois Canards". Il reçoit deux coup de fusil de chasse tirés par le Mat. Il survivra. Néanmoins, le mobile du meurtre n'est pas bien défini : s'il ne s'agit pas d'un racket des "Trois Canards", il se pourrait que ce soit un contrat de Marcel Francisci, rivale de Jean-Baptiste Andréani.
Vers la moitié des années 60, la bande des "Trois Canards" se sépare. Du coup, Jacques Imbert s'installe à Marseille où sa réputation de dur est toujours bien établie. Il sera d'ailleurs fiché au grand banditisme en 1968. Un an auparavant, Antoine Guérini a été assassiné. Il se pourrait que ce meurtre ait été mis sur pied par le Mat et Tany Zampa, soit pour leur compte, soit comme service rendu au clan Blémant.
TANY ZAMPA
C'est d'ailleurs vers cette époque que Jacky commence à s'intéresser aux courses. En 1968, il devient jockey professionnel et est sacré champion de France en 1973. "Il devient ensuite entraîneur et fonde un haras dans la campagne d'Aix-en-Provence avec Alain Delon et Mireille Darc". Mais après le scandale du prix "Bride abattue" (une course truquée), il est interdit de courir et de mettre les pieds sur un champs de course à partir de mai 1974.
Vers la moitié des années 70, le Mat commence à s'écarter de Zampa. Évidemment, Zampa est le plus puissant, mais Jacky le Mat a une réputation à en faire frémir plus d'un, à la fois tête brûlée, impulsif, déterminé, froid et professionnel. Le point sur lequel les deux clans divergent est le racket. Et en 1977, c'est le litige : Jacky le Mat aurait racketté le même client que Tany Zampa, pour un montant de 8 millions de francs, tout en sachant que la place était déjà prise.
Le 1er février 1977, Jacky le Mat est laissé pour mort sur le parking d'une résidence luxueuse "les Trois Caravelles", à Cassis. Trois hommes font feu sur lui. Il s'agirait de Tany Zampa, Bimbo Roche et Gaby Regazzi. L'un d'eux, probablement Zampa, a lancé : "Une salope pareille ne vaut pas le coup de grâce, laisse-le crever comme un chien". Mais malgré les 22 projectiles qu'il a reçut dans le corps (7 balles de 11.43 et deux décharges de chevrotine), Jacky le Mat a survécu, seule sa main gauche restera valide.
Il passera trois mois à l'hôpital, où il changera de chambre tous les jours, et d'où il prépare sa vengeance : le 3 mars 1977, Gaby Regazzi est abattu alors qu'il se rend sur la tombe de son fils, tué dans un accident de moto. Le lendemain, c'est un proche du Mat qui tombe. Le 30 juillet 1977, Bimbo Roche y reste, au volant de sa Mercedes sur la route de la corniche. En octobre 1977, le neveu de Gaby, Jean-Claude Regazzi, reçoit 30 balles de mitraillette à Antibes. Le Mat est lui arrêté en novembre 1977 alors qu'il planque dans une voiture avec de l'artillerie et des amis près du domicile de Tany. Il fait 6 mois de prison ferme.
Jusqu'en avril 1978, huit hommes des deux camps sont tués, dont Serge Cassone, fidèle de Jacky et frère de Roland Cassone, ainsi que le dernier des Regazzi, Jean-René, le 12 avril 1978. Ensuite, le calme revient. À sa sortie de prison, Jacky le Mat est le nouvel homme fort de Marseille. Les sommes qu'il amassera pendant cette période lui permettront l'achat d'un luxueux yacht et de propriétés dans les Caraïbes, en Floride et en Italie.
En juillet 1984, Tany Zampa se suicide dans sa cellule des Baumettes. La même année, Francis le Belge est libéré de prison. Zampa mort, le Mat craint que ses hommes de confiance ne tentent de récupérer leur puissance perdue. Jacky le Mat, devenu un intime du Belge, entreprend d'organiser avec ce dernier un "nettoyage" méthodique. Entre avril 1985 et février 1987, une bonne dizaine d'ex-lieutenants de Zampa y passent, le dernier de la liste étant Gérard Vigier, assassiné à Toulouse. Cette action est soutenu par une large partie du Milieu.
Après cela, Jacques Imbert vit sa vie entre Marseille et Paris, où il devient officiellement l'attaché de presse du Bus Palladium, une discothèque branchée dirigée par son ami Richard Erman. Imbert semble de moins en moins se préoccuper de Marseille. Néanmoins, il aurait rendu quelques "services" à Francis le Belge dans la "guerre des boîtes", qui dura de 1989 à 1994. Du coup, en novembre 1993, il est incarcéré, puis libéré en 1995, faute de preuves. Sur la porte de sa cellule, il a placé un panneau "Ne pas déranger".
Installé aux îles Frioul, directeur d'un chantier naval et marié à une trentenaire, Jacques Imbert s'est rangé. Dans le quartier de l'Opéra, on le respecte. Ses principales activités : la belote et les courses hippiques, à Pont-de-vivaux et à Marseille-Borely.
Mais récemment, en octobre 2003, il est arrêté à Marseille dans le cadre d'une affaire de contrebande de cigarettes, dans laquelle six autres personnes sont inculpées (Sauveur Ruellou, Richard Erman, Marcel Ballestracci, Antoine Ballestracci et Alexander Mirlas). Richard Erman aurait fait le lien entre les marseillais et la mafia russe. D'abord condamné à 4 ans de prison le 14 décembre 2004, il sera finalement relâché en avril 2005, les charges contre lui n'étant pas suffisantes. Son fils Jacques est né durant que son père, âgé de 75 ans, était en prison.
le 15 juin 2006 il est encore rattrapé par son passé et est condamné à Marseille à 4 ans de prison, en première instance, pour une série d'extorsions de fonds commises au début des années 1990-1993 sur des établissements de nuit parisiens et marseillais ainsi que sur des marchands de biens. Il est finalement condamné à 2 ans de prison le 14 janvier 2008. La plupart des charges retenues contre lui ont été abandonnées. Il souhaite ainsi à 77 ans prendre "sa retraite". Il faut signaler que c'est sa seule condamnation inscrite au casier judiciaire du fait des armistices et remises de peine. Son épouse commercialise une ligne de vêtement : « Le Matou » dont la diffusion reste limitée à la région Marseillaise.
Le 18 février 2008, le dernier parrain présumé de Marseille fut condamné à deux ans de prison ferme par la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Il comparaissait pour des extorsions de fonds commises au début des années 1990, notamment sur un propriétaire de boite de nuit parisienne, La Place. Cependant il ne retournera pas en prison, ayant fait 18 mois de détention préventive.
FRANCOIS MARIANI DIT FRANCIS LE CORSE EN CAVALE
François-Marie Mariani, dit Francis, ne s'est pas présenté hier devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Jugé par contumace, "Francis" a écopé de sept ans de prison pour complicité d'assassinat et association de malfaiteurs. Son fils, Jacques, a lui été reconnu comme étant l'auteur du meurtre de Nicolas Montigny, un jeune Corse abattu à Bastia en septembre 2001. Jacques Mariani a été condamné à quinze ans d'emprisonnement.
Alors que les juges l'avaient laissé libre durant toute la procédure, "Francis" aurait pris un avion mercredi pour la Corse, et depuis, il s'est volatilisé. C'est Maître Pierre Bruno, son avocat, qui suppose un tel scénario, car il n'aurait, pour l'instant, reçu aucune nouvelle de son client.
Ce dernier a déjà été en cavale. En juin 2001, c'est un faux fax de libération qui lui avait ouvert les portes du pénitencier de Borgo !
Jacques Mariani, le fils de l'évadé, a été reconnu coupable du meurtre de Nicolas Montigny, tué par onze balles de pistolet automatique, dans un cybercafé de Bastia. C'est son ADN, retrouvé sur la scène du crime, qui a permis de le confondre. Selon les enquêteurs, il s'agit d'un règlement de compte entre nationalistes corses.
LA CAMORRA, LA NDRANGHETTA ET LA COSA NOSTRA
En France et sur la Riviera française, la « pieuvre » étend ses tentacules, à une échelle souterraine. Cosa Nostra ne se fixe pas, d'après un enquêteur français, a pour objectif d'entretenir des relations avec le monde politique de l'hexagone. La mafia, au sens large, et ses déclinaisons, la Camorra napolitaine, la Ndrangheta calabraise, durant de nombreuses années, s'est servie de Nice Côte d'Azur comme d'une sorte de sanctuaire où certains de ses hommes se « mettent au vert ». Souvent réfugiés dans de modestes appartements, des membres du crime organisé italien ont séjourné dans les Alpes-Maritimes utilisant la région comme une base de repli.
Cela ne dissuade pas la « pieuvre » de chercher à investir à Nice en particulier dans le secteur du bâtiment, comme le révèle Roberto Saviano, journaliste napolitain de 28 ans et auteur de 'Gomorra', une enquête explosive sur la mafia. La Côte Méditerranéenne figure parmi les lieux qu'affectionnent les trafiquants de stupéfiants italiens pour y écouler la drogue. Le vaste réseau franco-napolitain de la « French Connection bis », démantelé récemment par la PJ niçoise, s'apprêtait à écouler 500 kgs. de cocaïne destinés à la fois aux milieux de la région Paca et Napolitaine. Ces truands italiens ont fait appel à des trafiquants français de la région marseillaise qui sont mieux implantés en Amérique du sud.
La 'Ndrangheta est l'organisation criminelle réputée la plus cruelle et la plus violente d'Italie. Les opérations d'élimination physique, les règlements de compte ou les braquages menés par ses membres se caractérisent souvent par le recours à des systèmes d'armes sophistiqués (explosifs commandés à distance, projectiles spéciaux à haut pouvoir de perforation, fusils de précision, lance-roquettes, etc ...)
Sur la Côte d'Azur la présence du clan des Italo-grenoblois a favoriser la proximité avec des membres de la Camorra, et la présence du milieu Corse avec la Cosa Nostra.
Repenti de la MAFIA arrêté par la Police italienne
ANTOINE COSSU DIT "TONY L'ANGUILLE"
ANTOINE COSSU DIT L'ANGUILLE EST NE A MARSEILLE
" Voyez, Madame la Présidente, pour moi l'amitié, c'est sacré. Si j'avais été un copain du Christ, je montais sur la croix et, avec les dents, j'aurais arraché les clous ! Alors s'il faut condamner quelqu'un, c'est moi et pas ce pauvre Sordi qui est gravement malade !»
Ainsi parla le Marseillais Antoine Cossu, alias Tony l'Anguille, à la fin de son procès d'assises, en désignant dans le box la chaise vide de son coaccusé, Jacques Sordi. Ce dernier, reconnu coupable d'avoir participé au casse manqué de la BNP Masséna de Nice en 1984, avait quitté l'audience en cours de route. Les avocats de celui que les policiers surnomment le "Général" - pour situer son niveau dans la hiérarchie des truands niçois -, et qui doit être jugé en mars prochain pour meurtre, avaient plaidé la prescription dans cette affaire poussiéreuse. Le tribunal ayant refusé, le "Général" opéra une habile retraite vers son quartier d'isolement. Ce qui lui permit de jouer le grand muet sur ce casse préparé par une dizaine de truands de haut vol plus ou moins identifiés par la brigade anti-gang de Nice.
Culte de l'amitié, loi du silence : ce sont les valeurs revendiquées par les « beaux mecs ». Valeurs qui allaient de pair avec un certain respect de l'institution policière. « Je ne dirais pas qu'il y avait de l'estime entre nous, mais un minimum de bonnes relations », se souvient le commissaire Roland Segear, ancien chef du groupe criminel de la PJ de Nice, qui avait mené l'enquête sur ce hold-up. Un commissaire, aujourd'hui à la retraite, mais qui a suivi de bout en bout ce procès pour observer « deux derniers grands spécimens d'une espèce en voie de disparition ».
Cette espèce, c'est celle des grands voyous de l'après-guerre dont Antoine Cossu est l'archétype. Né en 1940 dans le quartier populaire de la Belle de Mai à Marseille, Tony abandonne bien vite le métier de plombier amateur pour le braquage professionnel. Première arrestation en 1959. Première condamnation lourde (peine de mort par contumace) en 1967 pour vol à main armée et tentative de meurtre sur un boucher lyonnais. Premières évasions aussi. C'est en filant, menottes aux poignets, de l'Évêché de Marseille, en 1966, qu'il gagne son surnom de l'Anguille. Puis c'est la rencontre avec Francis Vanverberghe et surtout avec la sœur du Belge, Simone, avec laquelle il vivra en concubinage, se constituant dans le même temps un casier judiciaire long comme un jour sans pain. Il tombera une première fois en 1971 (quinze ans ferme pour l'agression du boucher), puis en 2003 (à nouveau quinze ans) pour trafic de stupéfiants. On se croirait, à l'écouter raconter sa vie, dans un film avec "Alain Delon et Lino Ventura". La réalité était plus sordide et la mort, comme celle de Francis le Belge en septembre 2000, souvent violente et prématurée.
C'est à la fin de sa carrière qu'Antoine Cossu s'est mouillé, en Espagne, dans le trafic de stupéfiants. « La drogue, les bénéfices colossaux que génère son trafic ont tout changé », estime le commissaire Segear, qui serait presque nostalgique de l'époque des « bandits de la vieille école ». Les malfrats sont devenus des hommes d'affaires reléguant au second plan les « beaux mecs » et leurs méthodes artisanales. On s'entre-tue bien à Marseille de temps à autre pour le contrôle des machines à sous, ou à Nice pour la possession d'un bout de trottoir, mais le gros du business criminel, c'est la drogue et les armes, les deux empruntant d'ailleurs les mêmes circuits internationaux. Le nouveau truand français a le profil d'un patron de PME ayant son siège social dans une banlieue anonyme. Il est obsédé par ses marges bénéficiaires. Il est le franchisé des grossistes d'un marché mondialisé qui investissent dans des fonds de commerce et jouent en Bourse.
« Une mafia, c'est un capitalisme qui ne produit rien », disait l'écrivain sicilien Leonardo Sciascia à propos de Cosa Nostra. C'est plus que jamais d'actualité.
Les deux hommes seront finalement acquittés, le vol à main armé ayant été requalifié en cambriolage, un simple délit prescrit au bout de trois ans.
LE DEBUT DE LA BRISE DE MER EN CORSE
A la fin des années 1970, plusieurs jeunes gens, issus de familles honorables installées en Haute-Corse, prennent l'habitude de se retrouver dans un bar, aujourd'hui disparu, tenu sur le vieux port par Antoine Castelli, à l'enseigne de "La Brise de Mer".
Se livrant à l'origine à des actes de petite délinquance, ces individus basculent rapidement dans le grand banditisme. Ils développent d'autant plus facilement leurs activités que la situation politique se dégrade en Corse. Quelques grands noms se distinguent :
Santucci,Guazzelli,Mariani et les frères Patacchini.
Ces individus sont soupçonnés de commettre tant en Corse que sur le continent des vols à main armée en série, avec effraction de coffres clients dans des établissements bancaires en plein jour. L'on parle alors du "gang des postiches".
Le 22 juin 1984, la Brigade de Recherche et d'Intervention de Nice arrête une équipe de malfaiteurs, essentiellement composée de Bastiais : on peut leur imputer une quinzaine de vols à main armée sur la Côte d'Azur, dont neuf avec effraction de coffres de clients.
En mai 1984, à Toulouse, une fusillade oppose la police à sept individus, qui viennent de fracturer 90 coffres dans une Caisse d'Epargne.
Un des auteurs de l'attaque , François Ganneval est interpellé sur place et l'enquête permet d'établir que ses complices appartiennent à la "Brise de Mer".
Le 3 octobre 1984, à Neuilly-sur-Seine, une affaire similaire conduit à l'arrestation de trois individus dont deux membres de la même bande.
Le 21 août 1998, Georges Seatelli est assassiné à Biguglia, près de Bastia, par deux individus qui lui tirent plusieurs coups de feu dans le dos, et qui n'ont pas été identifiés ...
Plusieurs de ces assassinats sont en rapport direct avec la prise de contrôle d'établissements de nuit, notamment ceux dont ont été victimes les frères Ziglioli, Paul Quastana, Joseph Silvagnoli, Dominique Cortopassi, et changent ainsi de mains
Le "BIBLOS" à Calvi (incendié en 1986) le "STARLIGHT à Calvi ; le "CHALLENGER" à l'Ile Rousse; le "PALLADIUM" à Saint Florent; "l'APOCALYPSE" à Bastia; le "MIDNIGHT" à Cervione ; le "NEW CLUB" devenu "L'AVENTURE" à Corte.
Les attentats favorisent bien sûr plusieurs cessions. Par exemple, Joël Martin, victime d'un attentat à ALGAJOLA, cède pour une somme modique, son commerce qui devient la "S.A.R.L CORSICA" gérée par Benoît Grisoni.
En effet, les individus considérés comme étant des membres influents de la "Brise de Mer" ne se contentent pas d'investir dans le secteur des discothèques, des bars et hôtels. Ils pénètrent le monde des affaires au sens le plus large, s'emparant de "commerces classiques", de vêtements, de petite distribution ...
Face à cette évolution, Mr. Mancini, actuel Préfet adjoint pour la sécurité en Corse, et alors Directeur du S.R.P.J d'Ajaccio sollicite, en octobre 1984, du parquet de Bastia, l'ouverture d'une information pour association de malfaiteurs.
De long mois plus tard, cette demande aboutit et le 17 octobre 1986, un juge d'instruction de Bastia donne commission rogatoire à l'Office Central de Répression du Banditisme et au S.R.P.J d'Ajaccio.
Quatre établissements bastiais sont ciblés. Treize individus sont placés en garde à vue. Le délit d'association de malfaiteurs ne peut être caractérisé.
Quelques poursuites pour infractions aux lois sur les sociétés et abus de biens sociaux sont envisagées. L'administration fiscale intervient à son tour. Le bilan des ces actions est décevant. Elles n'ont en tout cas pas permis de menacer véritablement les individus ciblés.
Les mêmes individus sont mis en cause dans d'importants vols à main armée commis en Corse.
Quelques exemples peuvent être donnés :
* Le 12 avril 1982, mettant à profit le long week-end de Pâques, plusieurs hommes fortement armés entrent, après avoir percé le mur, dans la salle des coffre de l'agence du Crédit Lyonnais de Bastia, 22, rue César Campinchi. Ils neutralisent le système d'alarme et fracturent de nombreux coffres de clients et le coffre de nuit de l'établissement. Ils prennent la fuite, dérangés par le concierge, en emportant un butin évalué à 30 millions de francs.
* Le 16 août 1983, quatre ou cinq individus cagoulés et armés attaquent un fourgon de la société de Transport de fonds "STF", sur la route impériale à proximité de Bastia. Ils dérobent les armes des convoyeurs et une somme de 170.000 Frs.
* Plus récemment, le 22 octobre 1992, plusieurs malfaiteurs armés notamment d'un bazooka attaquent, rue Capanelles à Bastia, un fourgon de la société SECURIPOST et s'emparent de la somme de 6.650.000 Frs.
Les enquêtes diligentées sur ces faits n'aboutissent pas.
Parallèlement, les assassinats se multiplient. En septembre 1981, celui de Louis Memni, jusque là parrain incontesté en Haute-Corse, est le premier d'une longue série de règlements de comptes qui, selon les enquêteurs, peuvent être mis à la charge du banditisme Bastiais. Entre le 10 septembre 1981 et le 10 novembre 1983, quinze assassinats et six tentatives d'assassinats sont commis en Haute-Corse.
L'un d'entre eux est fréquemment mis en exergue: le 14 septembre 1982, Daniel Ziglioli, gérant du "CASTEL" boîte de nuit implantée sur la commune de Taglio Isolaccio est abattu alors qu'il sort en voiture de son entrepôt de Cervione (Haute Corse). Deux hommes sur une moto l'abordent. Le passager vide sur lui un chargeur de Colt 45.
Les fonctionnaires du S.R.P.J interpellent trois individus:
Robert Morachini, Pierre Santucci, et Georges Seatelli, qui sont inculpés, le premier pour assassinat et les deux autres pour complicité de ce crime. Les charges sont lourdes. Un témoignage déterminant a été recueilli. Après dépaysement de la procédure, les trois individus comparaissent en juin 1985 devant la Cour d'Assises de Dijon. Verdict... acquittés car le principal témoin s'est rétracté. Des alibis surgissent. Les trois accusés sont déjà révoqués.
Le S.R.P.J d'Ajaccio résumait ainsi la difficulté de la tâche dans sa note de 1992 :
" Souvent soupçonnées, dénoncés anonymement, quelquefois à la suite d'affaires marquantes, interpellés, le plus souvent remis en liberté faute de preuves et de témoignages, ils se sentent invulnérables et font, pour certains, régner la terreur dans toute la Haute-Corse, où ils volent, pillent, menacent, rackettent, sans jamais qu'une plainte ne soit déposée contre eux."
Deux procédures permettent d'illustrer encore cette difficulté du vol à main armée commis le 4 novembre 1988 à Pietralba (Haute Corse). Cinq individus lourdement armés (lance-roquettes, fusils à pompe, mitraillettes ...) et cagoulés attaquent un fourgon blindé de la société SECSO qui revient d'une collecte de fonds en Balagne. Ils dérobent plus d'un million et demi de francs.
Rapidement les trois convoyeurs avouent qu'il s'agit d'un simulacre d'agression et ils dénoncent les organisateurs et acteurs de l'opération : Guy et Gilbert Voillemier, François Santucci, Francis Guazzelli, Christian Léoni, et Joël Pattachini.
Les frères Voillemier et Guazelli peuvent être arrêtés. Ils nient les faits. Dès le 22 novembre 1988, le juge d'instruction met en liberté Gilbert Voillemier et François Guazelli qui "prouvent" par des témoignages qu'ils n'ont pas pu participer à l'agression. Léoni est interpellé le 19 mars 1989 et incarcéré. Les convoyeurs se rétractent. Le juge d'instruction ordonne la remise en liberté de Léoni et de Guy Voillemier dès le 16 mai 1989.
Le 19 juillet 1989, la chambre d'accusation de Bastia ordonne le maintien de la détention provisoire du second mais confirme la mise en liberté du premier.
Le 23 octobre 1989, le juge d'instruction ordonne la mise en liberté des trois convoyeurs. Ces décisions sont confirmées par la chambre d'accusation le 22 novembre 1989.
Finalement, après correction, le tribunal de grande instance de Bastia condamne Guy Voillemier et Pastini à trois ans d'emprisonnement ferme, les trois convoyeurs à deux ans d'emprisonnement ferme, et ce, par jugement en date du 1er juillet 1997.
Les médias insulaires n'ont accordé aucune attention à cette condamnation du tribunal de grande instance de Bastia !
* Vol à main armée avec prise d'otage commis le 10 septembre 1992 à Cardo. Le 10 septembre 1992 deux individus cagoulés et armés interceptent près de Cardo (Haute Corse) le véhicule à bord duquel ont pris place Mr. GIORDANI, convoyeur de fonds au service de la société TRANSBANK et son épouse.
Les malfaiteurs prennent Mme. GIORDANI en otage et ordonnent à son mari de procéder normalement à sa tournée de collecte de fonds et de leur livrer le fourgon à la fin de ses opérations après avoir éloigné ses collègues. Le convoyeur s'exécute. Les auteurs des faits emportent un butin de 3 millions de francs. Un gendarme en permission, témoin de la fin des faits, identifie formellement l'un des deux auteurs comme étant Michel Chiappalone.
Dès le 1er décembre 1992, estimant que "le témoignage ayant mis en cause Michel Chaippalone n'avait pas montré au cours de la reconstitution toute la force probante souhaitée", le juge d'instruction ordonne la mise en liberté de l'intéressé. Après différents épisodes procéduriers, qu'il serait ici trop long d'évoquer, l'affaire passe en correctionnelle. Michel Chiappalone est condamné par jugement en date du 8 juillet 1997 à cinq ans d'emprisonnement. Mais le tribunal ne décerne pas de mandat d'arrêt à l'encontre du condamné. Le 10 mars 1999 la Cour d'Appel de Bastia confirme quand même la condamnation.
Michel Chiappalone, directeur salarié et en réalité gérant de fait du café "PALAIS DES GLACES" à Bastia et prendra la fuite. Il n'a toujours pas été retrouvé à ce jour.
* Le 25 mars 1990 un hold-up présenté par beaucoup comme "le casse du siècle" est commis 8, rue du Rhône, à Genève, au préjudice de L'UNION des BANQUES SUISSES (UBS).
Quatre hommes neutralisent le concierge et un salarié, déconnectent le système de sécurité et vident les coffres. Ils emportent une somme globale de 31 millions de francs suisses, soit 125 millions de francs français.
Les autorités judiciaires suisses dénoncent les faits aux autorités judiciaires françaises, des soupçons pesant sur des citoyens français, dont certains d'origine corse, susceptibles d'appartenir à la "Brise de Mer".
L' information ,ouverte à Paris, est clôturée depuis peu de temps. Par arrêté en date du 26 janvier 2000, les dénommés André Benedetti , né le 6 septembre 1936, Richard Casanova né le 3 juillet 1959 à Bastia, Alexandre Chevrière né le 20 février 1952 à Marseille, Jacques Pattacchini né le 14 août 1953 à Bastia et Joël Pattacchini né le 14 septembre 1955 à Bastia ont été renvoyés devant la Cour d'Assises de Paris.
à suivre ... à suivre ... à suivre ... à suivre ...
SOURCE : sur internet tiré essentiellement du blog de "nissatruand06" (merci à eux).
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Gang de la Brise de mer | |
Carte de la Haute-Corse |
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Date de fondation | Fin années 1970 |
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Lieu | Haute-Corse |
Territoire | France, Afrique, Russie, Amérique latine |
Année active | Fin années 1970-actuellement |
Ethnies présentes | Corse (française). |
Nombre de membres | centaines de membres minimum, une dizaine du noyau dur |
Activités criminelles |
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Alliés | Mafia Russe, cosa nostra,camorra... |
Rivaux | Front de libération nationale corse, Gang du Petit bar |
modifier |
Le gang de la Brise de mer est un groupe de criminalité organisée corse qui doit son nom à un bar du vieux port de Bastia, en Haute-Corse, quai de la Marine, aujourd'hui rebaptisé « Le Méditerranée », qui servit de lieu de réunion à certains de ses membres.
Réputés pour leurs actions d'éclat, violentes et militarisées, ses membres opèrent en Corse, en France continentale et en Europe. La bande est responsable d'environ une centaine d'attaques à mains armées de banques ou autres. On lui attribue, en particulier, le vol de l’Union de banques suisses à Genève (Suisse), l'attaque contre la malle de Securipost en 1991 et un Mercure d'Air France en 1992. Elle est impliquée notamment dans le blanchiment d'argent sale et dans le milieu du football avec notamment des liens supposés avec le club de Bastia1.
Sommaire
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Les débuts du gang
La Brise de Mer est née dans un petit village corse La Porta. À la fin des années 1970, plusieurs hommes issus de plusieurs familles, âgés d'une vingtaine d'années à quarante ans, prennent l'habitude de se réunir dans un bar sur le quai de la Marine du vieux port de Bastia, tenu par Antoine Castelli, nommé à l'époque « Brise de Mer ». Ces hommes se livrent tout d'abord à des actes de petite délinquance, pas nécessairement avec énormément de succès. Par exemple, à l'occasion d'un braquage, ils se seraient aperçus, une fois arrivés sur place, qu’ils avaient oublié leurs armes2. Ils développent d'autant plus leurs activités que la situation politique en Corse se dégrade.
Cinq familles se distinguent:
- La famille Castelli-Santucci-Mattei-Orsini
- La famille Natali
- Les frères Voillemier
- Les frères Guazzelli
- Les frères Patacchini
Activités du gang
Ces personnes sont soupçonnées de commettre tant en Corse que sur le continent des vols à mains armées en série avec effraction des coffres/clients dans des établissements bancaires en plein jour. À ce moment, on parle de « gang des postiches ». Au total, on dénombre une centaine d'attaques.
- Le premier grand coup répertorié, est un vol à main armée, le 12 avril 1982, à Bastia, au préjudice d’une agence du Crédit lyonnais au 22 rue César Campinchi3. Le 12 avril, ils neutralisent le système d'alarme de la banque, profitant du long week-end de Pâques, mais sont dérangés par le concierge et fuient avec un butin estimé à 30 millions de francs, en ayant forcé 159 coffres1.
- Le 16 août 1983, quatre ou cinq individus cagoulés et armés attaquent un fourgon de la société de Transport de fonds "STF", sur la route impériale à proximité de Bastia. Ils dérobent les armes des convoyeurs et une somme de 170 000 francs4.
- En mai 1984, à Toulouse, une fusillade oppose la police à sept individus, qui viennent de fracturer 90 coffres dans une Caisse d'épargne. Un auteur de l'attaque, François G. est interpellé sur place et l'enquête permet d'établir que ses complices appartiennent à la "Brise de Mer". Le 3 octobre 1984, à Neuilly-sur-Seine, une affaire similaire conduit à l'arrestation de trois individus dont deux membres de la même bande.
- Le 22 octobre 1992, plusieurs malfaiteurs armés notamment d'un bazooka attaquent, rue Capanelles à Bastia, un fourgon de la société SECURIPOST et s'emparent de la somme de 6 650 000 francs4.
- Le 4 novembre 1988 à Pietralba, cinq individus lourdement armés (lance-roquettes, fusils-mitrailleurs…) et cagoulés attaquent un fourgon blindé de la société SESCO qui revient d'une collecte de fonds en Balagne. Ils dérobent plus d'un million de francs4. Dans le cadre de cette attaque, les trois convoyeurs avouent rapidement qu'il s'agit d'un simulacre d'agression et ils dénoncent les organisateurs et acteurs de l'opération : Guy et Gilbert Voillemier, François Santucci, Francis Guazzelli, Christian Leoni et Joël Pattachini. Les frères Voillemier et Guazzelli peuvent être arrêtés. Ils nient les faits. Dès le 22 novembre 1988, le juge d'instruction met en liberté Gilbert Voillemier et Francis Guazzelli qui prouvent par des témoignages qu'ils n'ont pas pu participer à l'agression. Leoni est interpellé le 19 mars 1989 et incarcéré. Les convoyeurs se rétractent. Le juge d'instruction ordonne la remise en liberté de Leoni et Guy Voillemier dès le 16 mai 1989. Le 19 juillet 1989, la chambre d'accusation de Bastia ordonne le maintien de la détention provisoire du second mais confirme la mise en liberté du premier. Le 23 octobre 1989, le juge d'instruction ordonne la mise en liberté des trois convoyeurs. Ses décisions sont confirmées par la chambre d'accusation le 22 novembre 19894. Finalement, après correctionnalisation, le TGI de Bastia condamne Guy Voillemier et Pastini à 3 ans d'emprisonnement, les trois convoyeurs à deux ans d'emprisonnement ferme, et ce, par jugement en date du 1er juillet 1997. Les médias insulaires n'ont accordé aucune attention à cette condamnation.
- Le 10 septembre 1992 deux individus cagoulés et armés interceptent près de Cardo (Haute Corse) le véhicule à bord duquel ont pris place M.Giordani, convoyeur de fonds au service de la société Transbank et son épouse. Les malfaiteurs prennent Mme Giordani en otage et ordonnent à son mari de procéder normalement à sa tournée de collecte de fonds et de leur livrer le fourgon à la fin des opérations après avoir éloigné ses collègues. Le convoyeur s'exécute. Les auteurs des faits emportent un butin de trois millions de francs. Un gendarme en permission, témoin de la fin des faits, identifie formellement l'un des auteurs comme Michel Chiappalone. Dès le 1er décembre 1992, estimant que « le témoignage ayant mis en cause Chiappalone n'avait pas montré au cours de la reconstitution toute la force probante souhaitée », le juge d'instruction ordonne la mise en liberté de l'intéressé. Après différents épisodes procéduraux, qu'il serait trop long d'évoquer, l'affaire est correctionnalisée. Michel Chiappalone est condamné par jugement en date de 8 juillet 1997 à 5 ans d'emprisonnement. Mais le tribunal ne décerne pas de mandat à l'encontre du condamné. Le 10 mars 1999, la cour d'appel de Bastia confirme la condamnation. Michel Chiappalone, directeur salarié et en réalité gérant de fait du café "Palais des Glaces" à Bastia prend la fuite. Il n'a pas été retrouvé à ce jour4.
Le groupe continue ses larcins après celui-ci et réalise le « Casse du Siècle » le dimanche 25 mars 1990 : un braquage dans une agence de l’Union des Banques Suisses (UBS) de Genève. 31,4 millions de francs suisses, soit 220 kg de billets, sont dérobés (125 millions de francs français)5. Le butin ne sera jamais retrouvé, sur les neufs personnes concernées par l'enquête, dont André Benedetti, Alexandre Chevrière, Thierry Bringuier et les frères Joël et Jacques Patacchini, aucune ne sera condamnée. L'enquête montrera qu'ils ont disposé de complicités à l'intérieur de la banque.
Plusieurs assassinats sont en rapport direct avec la prise de contrôle d'établissement de nuit par la bande de la Brise de mer. Notamment au détriment des frères Ziglioli, Paul Quastana, Joseph Silvagnoli, Dominique Cortopassi…
Le joyau de la bande est le "Challenger", ouvert à l'île Rousse en 1984, considéré à l'époque comme la plus belle boite d'Europe. Il y a aussi le "Biblos" à Calvi(incendié en 1986), le "Palladium" à Saint-Florent, le "Starlight" à Calvi, le "Midnight" à Cervione, le "New-Club" devenu "L'Aventure" à Corte et "L'Apocalypse" à Bastia qui est inaugurée par Alain Delon.
Plusieurs attentats favorisent bien sûr plusieurs cessions. Par exemple, Joêl Martin, victime d'un attentat à Algajola, céde pour une somme modique son commerce qui devient la S.A.R.L CORSICA gérée par Benoit Grisoni4.
Le 17 octobre 1986, en vertu d'une commission rogatoire délivrée par Michel Huber, juge d'instruction au TGI de Bastia, les policiers de l'OCRB et du SRPJd'Ajaccio, assistés d'enquêteurs de la Brigade Nationale des Enquêtes Économiques, procédaient à plusieurs interpellations et perquisitions visant les propriétaires, dirigeants et gérants de quatre établissements : le café "Palais des Glaces", la discothèque "Le Saint-Nicolas", le bar "Le Continental" à Bastia et la discothèque "L'Apocalypse" à Biguglia. Treize personnes, dont Robert Moracchini, porteur de parts majoritaires du débit de boissons "Le Continental" et Gilbert Voillemier gérant de la discothèque "L'Apocalypse", étaient placés en garde à vue6.
Aucun élément à charge ne permettait leur mise en cause dans l'association de malfaiteurs poursuivie. En revanche, des procédures économiques et financières étaient établies. Des faits d'abus de biens sociaux étaient retenus à l'encontre de Robert Morrachini et des infractions formelles à la législation sur les sociétés commerciales étaient reprochées à Gilbert Voillemier6.
Le 14 décembre 1986, il était procédé à d'autres interpellations parmi les associés, gérants et fournisseurs de la société à responsabilité limitée "Forum" exploitant la discothèque "Le Challenger" à l'île rousse (Haute-Corse). Au cours des perquisitions, de nombreux documents comptables et commerciaux étaient saisis6.
Au domicile de Francis Navarro, constructeur de la discothèque "Le Challenger", une double facturation établie au profit de la société à responsabilité limité "Forum" concernant des travaux de maçonnerie était découverte. Francis Navarro expliquait qu'il avait commis cette infraction à la demande d'Alexandre Rutily, gérant de la discothèque, lequel désirait "blanchir" 600 000 francs en espèces. De plus, des abus de biens sociaux à hauteur de 1 400 000 francs étaient mis en évidence par le truchement des retraits d'espèces opérés par Alexandre Rutily.
Outre ces procédures judiciaires, la direction nationale de vérification des situations fiscales, diligentait au mois de février 1987, des procédures visant certains membres de l'équipe de "la Brise-de-Mer" et des notifications de redressement correspondant notamment aux dissimulations de recettes étaient adressées aux responsables des sociétés concernées.
Le résultat de ces procédures, tant en ce qui concerne les personnes physiques que les personnes morales, ne s'est concrétisé que par des peines légères et des condamnations pécuniaires s'élevant à 13 millions de francs, dont on ignore si elles ont été recouvrées6.
Le 13 mars 2000 une information a été ouverte par le juge d'instruction à Bastia, du chef de blanchiment à la suite de la transmission faite par TRACFIN et au vu de l'enquête préliminaire effectuée par l'antenne de Bastia du SRPJ d'Ajaccio avec le soutien des assistants spécialisés du Pôle Économique et Financier sur les activités de M. Vittini. Le juge d'instruction saisi a délivré commission rogatoire aux autorités judiciaires monégasques et s'est transporté dans la Principauté au cours de la dernière semaine du mois de juin 2000.
- Le 14 avril 2000, la section recherche de la gendarmerie d'Ajaccio a été chargée de vérifier le fonctionnement et le financement du club de remise en forme et de musculation, installé boulevard du Fango à Bastia.
- Le même jour, le même service a été requis de procéder à une enquête complète sur le financement de la construction de l'ensemble immobilier "Le Cézanne" rue de l'usine à Gaz à Bastia.
- Le 17 mai 2000 une enquête a été confiée au SRPJ d'Ajaccio avec une mission d'analyser les mouvements très importants constatés en 1995 sur les comptes de madame Filippi et signalés le 24 avril 1996 par TRACFIN au parquet de Bastia. Il existe des présomptions d'abus de biens sociaux susceptibles d'avoir été commis à l'occasion du transfert de la concession HERTZ de Haute-Corse4.
- Le 14 juin 2000, une information a été ouverte au cabinet de M. Duchaine pour association de malfaiteurs, à la suite des investigations menées sur un trafic de machines à sous constaté dans la plaine orientale.
- Le même jour, une information a été ouverte au cabinet de M. Duchaine à la suite d'une transmission de TRACFIN et d'une enquête diligentée par la section des recherches de gendarmerie sur la fabrication de cartes informatiques destinées à des machines à sous et l'exploitation d'un casino virtuel par la société Eurogames Diffusion à Prunelli-di-Fiumorbo. L'information concerne des faits de fabrication, mise à disposition, exploitation de jeu de hasard, de blanchiment aggravé et de recel. Toutes les enquêtes ainsi ordonnées sont activement suivies par le Pôle Économique et Financier4.
Fonctionnement du gang
Une dizaine de « familles » concourraient aux activités délictueuses de la Brise de mer. La Brise de mer disposerait d'un patrimoine évalué entre 120 et 150 millions d'euros. Cet argent provenant de braquages est blanchi sur l'île par l'acquisition d'établissements de nuit, de bars, d'hôtels, de complexes touristiques et de machines à sous. Leurs activités s'étendent aussi sur les cercles de jeux et casinos jusqu'en Afrique et l'Italie. L'intérêt porté par les Corses à l'exploitation d'établissements de jeux tant en France qu'à l'étranger rend crédible les rumeurs fondées sur l'importance des mouvements de fonds engendrés par la gestion des salles de jeux et supposés donner lieu à des opérations de blanchiment. Ces soupçons ne peuvent pas toujours être vérifiés, soit parce que la police française ne dispose pas d'informations sûres émanant de ses homologues étrangers, soit parce que les autorités étrangères limitent leur collaboration à des échanges ponctuels, ou encore que les dessous du montage juridique des opérations de blanchiment sont difficilement décelables. Seuls, les échanges avec les pays disposant d'une véritable législation contre le blanchiment d'argent permettent d'initier des procédures judiciaires. Cependant en 2012 l'affaire du cercle Wagram (Paris 8e) a apporté aux policiers des éléments sérieux leur permettant de mettre au jour et des opérations de blanchiment et l'existence d'une fracture entre 2 groupes de l'Ex Brise de Mer : selon le JDD du 17 juin 2012 " Jean-Angelo Guazzelli qui aurait repris les rênes du cercle en 2009 (après l'assassinat de Richard Casanova), jusqu’au coup de force de janvier 2011 mené par les héritiers de Richard Casanova, dont son beaufrère Jean-Luc Germani… "
Cette "dispute" entre 2 parties n'est pas sans rappeler celle qui a mené à la fermeture du Cercle Concorde.
Quelques exemples traduisent ces difficultés.
Au mois de mai 1998, des informations selon lesquelles "Un groupe de corses" serait arrivé en République dominicaine en novembre 1997 pour acheter un hôtel-casino, "le Dominican fiesta", pour une valeur de 12 millions $. Parmi les membres de ce groupe figurent MM Luciani et Rossi ainsi qu'une femme prénommée "Marie-Claire", architecte de profession. Les points de contact du groupe, implantés dans la partie hollandaise de l'île de Saint-Martin, sont deux sociétés d'acheminement de courriers et de valeurs. Ces sociétés, "Fernandez courrier service" et "Caribe United", acheminent l'argent, de Miami à l'aéroport international de Saint-Domingue où il est récupéré par le patron, d'origine corse, d'une société implantée sur l'aéroport. La somme transférée au mois de mars 1998, s'élève à 6 millions $, et est portée à la connaissance de la police française mais le manque de coopération des autorités de la République dominicaine ne permettait pas d'approfondir, ni de vérifier ces renseignements6…
Les malfaiteurs réputés appartenir à la mouvance de la "Brise de Mer" ou, d'une manière plus générale, à la "criminalité organisée corse" ont été mis en observation au fichier des personnes recherchées pour contrer leurs déplacements. C'est ainsi que la police aux frontières portait à la connaissance de la direction centrale de la Police judiciaire divers mouvements vers la Russie6.
Le 16 janvier 1997 :
- Jean Angelo Guazzelli, né le 28 mai 1953 à Santa Reparata di Moriani (Haute-Corse)
- Dominique Chiappalone, né le 24 mai 1954 à Bastia (Haute-Corse)
- Jean-Jacques Voillemier né le 12 novembre 1960 à Bastia (Haute-Corse), étaient contrôlés à leur sortie de France alors qu'ils étaient en transit à Genève et s'apprêtaient à prendre un vol à destination de Kemerovo (Russie) via Moscou. Ils étaient accompagnés de deux personnes non identifiées. (L.Casanova et J. Megank (ressortissant belge domicilié à Monte-Carlo (principauté de Monaco)))6
Par l'intermédiaire de l'OIPC (Interpol), il était permis d'apprendre que ces cinq personnes avaient quitté l'aéroport de Moscou-Vnoukovo le 16 janvier 1997 à destination de Kemerovo (Russie) où ils étaient arrivés le lendemain et qu'en raison d'une anomalie concernant le visa de séjour en fédération de Russie des ressortissants russes nommés Bakalov, Vladimir Slabkin et Stanislav Kostin pour engager des pourparlers ayant pour but l'ouverture d'un casino. À l'occasion de ce contrôle, L. Casanova et J. Megank étaient identifiés6.
Enfin une sixième personne répondant au nom de Francis Mariani né le 28 janvier 1949 à Bastia, également réputé appartenir à la mouvance de la "Brise de Mer", devait faire partie de la délégation des invités.
Leurs hôtes, dont les deux derniers avaient fait plusieurs déplacements entre Nice et Moscou en 1996, étaient identifiés comme étant:
- Guennadie Bakalov demeurant à Kemerovo
- Stanislas Kostine demeurant à Moscou et Kemerovo
- Vladimir Slabskin demeurant à Kemerovo
Ce dernier qui se présentait comme vice-président de la "banque de transport Kouzbass", avait été l'objet de poursuites judiciaires initiées par les autorités deKemerovo soupçonnant les animateurs de cette banque "d'usage abusif de l'argent de l'état" et de malversations financières. Un second déplacement de membres de la mouvance de la "Brise de Mer", à destination de Novossibirsk (Russie) était constaté le 29 avril 19976.
En faisaient partie Michel Chiappalone, Jean-Jacques Voillemier et Jan Meganck, lesquels étaient accompagnés de Olivier Cecini, Réginald Léger, Jacques Nahmany.
Il est à noter qu'Olivier Cecini avait été contrôlé en décembre 1997 à son retour de Moscou, en possession d'une somme de 48000 francs provenant de "gains aux jeux".
Le 13 juillet 1999, les autorités russes confirmaient que plusieurs sociétés dont le casino "Las Vegas" à Kemerovo fonctionnaient avec le soutien financier de la "Kuzbassky transporty bank" et employaient trois ressortissants français : le directeur Olivier Cecini, un dépanneur de jeux Jacques Nahnmany ainsi que le caissier un certain Loran Martines6.
Armata Corsa
Des liens avec les nationalistes corses seraient aussi une caractéristique du gang de la Brise de Mer comme l'a laissée supposer la récente affaire Charles Pieri, qui est un proche de Francis Mariani, un des chefs du gang. Ce lien supposé s'est trouvé renforcé lors de l'affaire « Armata Corsa » où la concurrence entre le « courant Pieri » majoritaire était en lutte avec les fidèles de François Santoni.
Dans cette lutte d'influence, des membres supposés du gang de la Brise de mer auraient effectués le travail d'assassinat des membres du groupe nationalisteArmata Corsa (organisation nationaliste dissidente), dirigé par François Santoni7.
Dans cette affaire, Jacques Mariani, fils de Francis Mariani, et Joseph Menconi ont été jugés en juin 2006 au tribunal de Créteil (Val-de-Marne).
Une vague d'assassinats en 2008-2012
Depuis 2008, plusieurs membres supposés du gang de la Brise de mer ont fait l'objet d'un assassinat : Richard Casanova (23 avril 2008, Porto-Vecchio), Daniel Vittini (6 juillet 2008, Poggio-di-Venaco), Francis Mariani qui est découvert mort (15 janvier 2009, Haute-Corse), Pierre-Marie Santucci (10 février 2009, Vescovato),Francis Guazzelli (15 novembre 2009), Benoît Grisoni (25 février 2010, Monticello), François-Antoine Mattei (Corscia, Haute-Corse, région du Niolu, le 22 février 2011), Christian Leoni (Moriani-Plage, le 28 octobre 2011), Ange Petrucci (Casalta en Haute-Corse, le 8 novembre 2011) et Maurice Costa (Ponte-Leccia en Haute-Corse, le 7 août 2012).
Pour la police, la plupart de ces règlements de comptes seraient le fait de membres de la Brise de Mer qui s'entretuent ; depuis 2008, une guerre de clans opposerait deux groupes issus du gang. Il y a aussi de forts soupçons qui pèsent sur des règlements de comptes entre une partie de la brise de mer et un autre gang corse : les "bergers braqueurs de Venzolasca". Cette bande a longtemps été dirigée par Ange-Toussaint Federicci, dit « ATF ». Selon les spécialistes, cette "guerre des gangs" qui touche la Haute-Corse serait accentuée par les enjeux autour de la spéculation immobilière et du tourisme (tant les revenus générés par ces secteurs peuvent être énormes). L'assassinat de Christian Leoni en octobre 2011, a quant à lui été revendiqué par le FLNC (par cette action, l'organisation clandestine entendait venger l'assassinat d'un de ses chefs, quelques mois plus tôt, Charles-Philippe Paoli, victime, selon eux, d'un "groupe mafieux").
Le Dernier Clan8 de Magà Ettori sorti en 2012 raconte l'histoire de la mafia corse contemporaine. Cinéaste mais également élu du Conseil Economique Social et Culturel de Corse, Magà Ettori utilise sa connaissance des réseaux d'influences liés aux arcanes du pouvoir en Corse. Dans Le Dernier Clan, il révèle l'histoire vraie de la journaliste Hiram Orsoni qui enquête sur la mafia corse.
Citations
- « Une seule balle, un seul tir », épitaphe prononcée par le procureur de Bastia, après l’assassinat de Pierre-Marie Santucci.
- « La brise de mer ? C'est de la pipette, un mythe ! Elle n'a jamais existé » Francis Mariani durant son procès à la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
- « La brise de mer n'est, au mieux, qu'une légende que l'on raconte aux petits garçons qui rêvent de devenir des voyous, au pire, un café où on se retrouve entre copains pour refaire le monde au son des calibres. » Kelan V lors de son procès aux assises de 2009 (où il sera acquitté pour deux braquages et l'assassinat de son ex complice).
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