Munich : le retour de l'histoire
" Le monde ne peut être gouverné que par l'exploitation de la peur." (A. Hitler)
" Lâcheté intellectuelle... véritable discipline olympique de notre temps". (Jean Baudrillard)
Il y a 10 ans les images télévisées du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad haranguant les foules iraniennes, ou passant en revue entouré des dignitaires du régime les corps d'élite de son armée défilant au pas cadencé, pouvaient paraître banales si ce mystique fanatique obsédé par la possession de l'arme nucléaire, n'ajoutait à son discours des menaces enflammées et mises en garde guerrières en direction d'Israël " qu'il veut rayer de la carte du monde " et de l'ensemble des démocraties occidentales "sionistes et décadentes", brandissant contre elles la menace imminente d'un cataclysme nucléaire.
À plusieurs milliers de kilomètres de là, longtemps indifférente aux condamnations et mises en garde unanimes de la communauté internationale, la Corée du Nord, pays économiquement moribond anéanti par le fléau collectiviste, coupé du monde et dirigé d'une main de fer depuis 13 ans par le dictateur fou Kim Jong-II à la tête d’un régime communiste stalinien, se retirait sans préavis le 10 janvier 2003 du traité de non-prolifération nucléaire, expulsant les inspecteurs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, et effectuait le redémarrage de son réacteur, le retraitement de ses barres de combustible et procédait le 9 octobre 2006 à son premier essai nucléaire souterrain "couronné de succès".
Une nouvelle fois, sous la pression économique de ses voisins, des puissances occidentales et de la Chine, la Corée du Nord aujourd'hui dirigée par le néo-stalinien Kim Jong Un, fait mine de plier et d'accepter des négociations en faveur de sa démilitarisation en échange d’avantages économiques et financiers toujours plus importants, et tente d'exporter sa technologie vers l'Iran et de contourner une nouvelle fois ses engagements afin de s'octroyer ainsi un délai et un champ libre toujours plus étendus, pour mettre au point cette fois la fabrication de missiles à longue portée menaçant directement le Japon et les côtes occidentales américaines.
Pour les Européens d'aujourd'hui comment ne pas faire un triste retour vers le passé et un tragique rapprochement mémoriel, comment ne pas évoquer les mêmes heures troubles, les mêmes discours haineux, et surtout les mêmes menaces, imprécations fracassantes ou provocations portées jadis par une idéologie hitlérienne triomphante fondée sur l'antisémitisme, l'hostilité à la démocratie, la supériorité des croyances ethniques, l'exaltation de la guerre et la violence ?
Comment ne pas se souvenir qu’en février 1919 l'éphémère république de Weimar, née au lendemain de l'abdication de l'Empereur Guillaume II et de la capitulation militaire allemande de 1918, enfanta un monstre. Le 30 janvier 1933 Hitler est nommé Chancelier du Reich par son Président le Maréchal Hindenburg, et 2 mois lui suffisent pour détruire le régime de la République de Weimar et devenir le maître de l'Allemagne.
Il serait tragiquement coupable aujourd'hui d'oublier la faiblesse, la lâcheté et la honteuse démission des responsables politiques français et surtout anglais, qui en septembre 1938 lors d'une confrontation décisive avec le dictateur hitlérien, ont fait montre d'une absence de lucidité et de clairvoyance, d'une naïveté et d'un aveuglement sans bornes, et tout particulièrement d’un manque de courage, bien déterminés alors à capituler sans condition devant Adolphe Hitler qui précipita délibérément le monde quelques années plus tard, dans le second conflit mondial et ses 50 millions de victimes.
L'histoire nous rappelle que face aux mêmes tergiversations et discours pacifistes des dirigeants occidentaux du XXI ème siècle, à quelques générations d'écart, les mêmes cycles donnent régulièrement naissance, comme le sac et le ressac de l'océan, à des hommes et des événements semblables dont les dessins, destins et trajectoires forgent les heurs et malheurs de notre humanité.
Retour vers le passé…
La conférence de Munich
Il y a 78 ans, en 2 jours seulement les 29 et 30 septembre 1938, se clôturait à Münich en Bavière, une fébrile et dérisoire Conférence Internationale destinée à résoudre le problème de la Tchécoslovaquie.
À l'issue de la 1ère Guerre mondiale, la France, sa diplomatie et l’Etat-major avaient tissé contre l'Allemagne son éternelle ennemie, un réseau d'alliances stratégiques et politiques comprenant plusieurs pays d'Europe centrale entourant géographiquement l'Allemagne : la Pologne, la Russie, et la Tchécoslovaquie liée dès 1935 par un solide traité militaire d'assistance avec la France et l'Angleterre.
L’objet de cette Conférence "de la dernière chance" visait à dissuader Hitler d'annexer par la force la province tchécoslovaque des Sudètes, sa voisine frontalière orientale, sous le fallacieux et mensonger prétexte qu'une partie de sa population d'origine allemande, environ 3 millions de nationaux, était brimée, brutalisée et menacée dans son existence.
À Munich le drame du reniement, de la capitulation et du suicide de l'Europe, véritable symbole de la faiblesse et de la honte des démocraties devant les dictatures, se joue en 48 heures.
Sont réunis autour d’Hitler, 3 chefs d'État et de gouvernements européens : l’italien Benito Mussolini, le président du Conseil français Édouard Daladier et le premier Ministre anglais Arthur Neville Chamberlain.
La Tchécoslovaquie objet de la convoitise du dictateur nazi, n’est pas officiellement invitée à cette Conférence ; ses représentants officieusement présents, sont écartés des discussions et isolés dans une pièce voisine…
Quelques semaines auparavant en France, le terrain avait été soigneusement préparé. A gauche l'action était mobilisée activement contre la menace de guerre par les maîtres penseurs socialistes de l'époque, afin de manipuler, censurer l'opinion, répandre l’atmosphère empoisonnée d’une tromperie idéologique, et finalement contraindre une Presse majoritairement servile.
L’aile pacifiste de la CGT lance l'offensive, en publiant un manifeste violent contre
" une guerre impérialiste "destinée à soutenir "un pays arbitrairement créé" ainsi qu’elle désignait avec mépris la Tchécoslovaquie.
Le 27 septembre 1938, les syndicats des professeurs de l'Enseignement et des PTT publient à leur tour une proclamation déclarant que cette guerre serait un "suicide collectif " et " qu'on mentait au peuple " à propos de la défense des Tchèques.
Deux jours plus tard, le 29 septembre les entretiens commencent donc sans protocole et dans une ambiance tendue en Bavière, à Munich au Führerhaus, siège du parti nazi.
D'emblée la consternante naïveté et la faiblesse sénile de Neville Chamberlain âgé de plus de 70 ans, étriqué dans sa redingote noire, à la mine compassée et qui a l'air de se rendre à des funérailles, sous-estiment le cynisme, la mauvaise foi et les visées expansionnistes d'Hitler.
Ce dernier arrogant, sûr de lui, dans la force physique de 49 ans, portant sa tunique militaire décorée de la Croix de fer de la 1ère Guerre mondiale, ornée au bras gauche du brassard rouge avec Croix gammée, affiche 20 ans de moins que son interlocuteur anglais misérablement impressionné. D'emblée Chamberlain déclare néanmoins :
" Malgré la dureté impitoyable que j'ai lue sur son visage, j'ai l'impression que Hitler est un homme sur qui on peut compter une fois qu'il a donné sa parole…".
Emmenés par Edouard Daladier, un ancien combattant de la guerre des tranchées, les Français sont plus clairvoyants, mais néanmoins restent ardents pacifistes et défenseurs d’une paix à tout prix. Ils se résignent au cours de renoncements incessants à s'aligner sur la lâche et honteuse politique britannique "d'apeasement ", feignant de croire ou déjà convaincus que la sécurité et la paix ne pourront être assurées qu'en cédant aux pressions, intimidations, chantage et menaces du dictateur allemand.
Daladier tergiverse et recule alors sous divers et futiles prétextes, afin d’empêcher la France de se plier au respect de ses obligations militaires vis-à-vis de la Tchécoslovaquie, en ne déclarant pas la guerre contre Hitler, dont le pays et le parti sont fermement déterminés à une expansion territoriale programmée.
Du même côté le Ministre français des Affaires étrangères Bonnet, martèle que : "lui-même et le Gouvernement français accepteraient n'importe quel plan..." C'est-à-dire" un arrangement à n'importe quel prix et l’imposeraient ensuite à leurs alliés Tchèques…"
Le lendemain 30 septembre 1938, devant Hitler et Goering triomphants, Daladier abattu et résigné, signe le honteux Protocole final de la Conférence de Münich qui exige de la Tchécoslovaquie l'évacuation dans les 48 heures et sans destruction de la région des Sudètes. Également l’acceptation définitive d'un nouveau tracé de ses nouvelles frontières dans les territoires "contestés" et enfin l'occupation immédiate par l'armée allemande des zones à population germanique majoritaire.
Ces désastreux "Accords de Munich " ainsi conclus contraignent nos amis Tchèques trahis, à l'abandon, l'évacuation, l’occupation et enfin le démembrement et l’annexion par l'armée allemande d'une partie de leur riche province des Sudètes, peuplée de 3,2 millions d'allemands. En réalité cette région revêtait surtout une importance stratégique et militaire de 1er ordre face à l'Allemagne, grâce à ses frontières naturelles renforcées par une puissante ligne de fortifications permanentes en grande partie souterraines, fidèle réplique de la Ligne Maginot française. De plus ce reniement franco-anglais de notre alliée Tchécoslovaque est-il total : non seulement le gouvernement français s'engage à abandonner militairement son allièe, mais il y ajoute une déloyale et sordide pression diplomatique, en obligeant les Tchèques à ne pas mobiliser leurs importantes forces militaires défensives - 50 divisions combatives et très entraînées - afin de ne pas indisposer - et surtout freiner les ambitions territoriales du Chancelier Hitler…
Les responsables politiques des démocraties de l'époque avaient parfaitement conscience de l'enjeu capital et de la trahison que symbolisait cette piteuse Conférence qualifiée plus tard "d'acte de brigandage".
Désormais ce n'est plus seulement la Tchécoslovaquie qui est menacée militairement par le dictateur nazi, mais la liberté, la démocratie et la survie de toutes les nations européennes, en premier celle de la France qualifiée d’"ennemie mortelle de l'Allemagne" et qui devait selon les déclarations de Hitler dans Mein Kampf être préalablement "étranglée".
Vis-à-vis de nos autres alliés européens, ce lâche reniement de la France ébranle et détruit en quelques jours la solide confiance qu'ils avaient mise dans notre engagement diplomatique et militaire. Dans notre pays l'imposture des journalistes d'opinion aux ordres - les Médias d’aujourd'hui - est totale vis-à-vis de la population, mais peu importe la vérité pourvu qu'on répande le mensonge.
" Nous considérons que l'accord signé la nuit dernière à Munich... symbolise le désir de nos peuples anglais et allemand de ne jamais se faire la guerre..." déclarait Neuville Chamberlain qui conservait obstinément en dépit de ces évidences "une confiance entière dans le Führer" confortant ainsi les solennelles et mensongères promesses du Chancelier allemand concernant sa prétendue "dernière ambition territoriale en Europe…"
De retour dans son pays le naïf Chamberlain déclare à la chambre des Communes : "J'ai rencontré M. Hitler c'est un homme de paix... Je rapporte la Paix dans l'honneur... la Paix pour notre vie durant…la Paix pour cent ans…"
Quant à Léon Blum président du groupe SFIO à la chambre des députés, il approuve ces accords et fait part de son sentiment de délivrance : " Il n'est pas une femme ou un homme en France qui puisse refuser à Chamberlain et Daladier l'hommage de la gratitude qui leur revient, car grâce à eux la guerre nous est épargnée…" Avant de se raviser quelques jours plus tard : "Je demande un effort de surarmement plus intense et plus hâtif... Affligeante panne de lucidité et d'idéal !
Les antimunichois les plus lucides quant à eux, tant à Londres qu'à Paris, tentent en vain de mettre en garde l'opinion publique et l’avertissent de la menace et du danger imminents qui vont s'abattre sur l'Europe. Mais un lâche soulagement populaire l’emporte très vite sur la peur et la honte : "un sondage d'opinion indique à l'époque que 57 % des Français approuvent les accords de Münich".
En trahissant et abandonnant ainsi notre alliée tchécoslovaque, en reniant nos traités d'assistance militaire signés avec elle, les chefs de gouvernements français et anglais ont par indifférence, irresponsabilité, peur, couardise et manque de convictions, failli dans leur rôle, trahi leur mission politique de gouvernants et livré en connaissance de cause toute les populations civiles européennes auxquelles ils ont menti, à une extermination programmée. Ils ont fait rimer diplomatie avec bassesse, et laissent mensongèrement miroiter à tous le mirage d'une paix qu'ils savaient pertinemment illusoire.
Le lucide et énergique Président de la république tchèque Edvard Bénès, partisan de la manière militaire forte envers les Allemands, démissionne quelques jours après l'accord de Munich, après avoir amèrement déclaré : "Nous avons été lâchement trahis…"
Winston Churchill de son coté prophétise : "Le découpage de la Tchécoslovaquie sous la pression de l'Angleterre et de la France équivaut à la réddition totale des démocraties occidentales face aux menaces nazies.
Un tel effondrement n’apportera ni la Paix ni la sécurité à l'Angleterre et à la France. Au contraire il placera ces 2 nations dans une situation encore plus faible et plus dangereuse."
Quelques jours plus tard, il déclare encore à la Chambre des Communes :
"Nous avons subi une défaite totale, éclatante. Nous sommes plongés dans un désastre de première grandeur. Ne croyez pas que ce soit la fin, c'est seulement le début..."
De son coté le Dr. Krofta Ministre tchèque des Affaires étrangères, prédit: "Tout est fini. Aujourd'hui c'est notre tour, demain ce sera celui des autres."
Churchill évoque dans ses Mémoires cette tragique imposture de l'histoire : ce "long chemin qui mena successivement pendant les 5 années suivantes l'Europe puis le monde, de la paix à la guerre, les coups de force, diktats et violations de traités commis successivement par Hitler": le réarmement intensif de l'Allemagne en violation du traité de Versailles de 1919, l'occupation en 1936 par l’armée allemande de la Rhénanie démilitarisée, l'Anschluss - ou annexion sans guerre - de l'Autriche en 1938, l'attaque brutale et le démembrement de la Tchécoslovaquie 7 mois plus tard : "Si nous avions agi avec… énergie, rien peut-être ne serait arrivé. Mais la France était tombée dans une incohérence totale où dominaient la peur de la guerre et le soulagement de l'avoir évitée…". L'opinion publique mondiale désabusée, fit quelques mois plus tard une juste appréciation de cette victoire diplomatique remportée par Hitler à Munich, mais les dés étaient définitivement jetés. Hitler lui-même stupéfait, s'étonna plus tard "que les concessions franco-anglaises fussent allées si loin et si vite...". Au procès de Nuremberg le Maréchal Keitel, chef d’Etat-Major général de la Wehrmacht conscient de la faiblesse à l’époque de l’armée allemande déclarait : … "Si les Tchèques avaient résisté, nous aurions été battus… 67 ans plus tard en 2005, à l’image de son mentor allemand de 1938, le Président de la République iranienne Mahmoud Ahmadinejad martelait à son tour les mêmes théories mortifères du "fascisme islamique " : à ses yeux l'antisémitisme, " la juiverie internationale " étaient à la fois une obsession, un instrument de propagande pour sa population et un prétexte pour agir. Il développait la banalisation de cette folie meurtrière mystique, et devenait rapidement le nouveau tyran déstabilisateur de la planète, en tentant de s'approprier la victoire par la menace et la peur. Le discours d’Ahmadinejad ressassait sans cesse les points forts de son programme : fortifier la race iranienne, renforcer la communauté religieuse chiite, rallier la population autour de son chef l’Ayatollah Khomeiny, effacer enfin la honte du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) signé en 1970 - le pendant du traité de Versailles pour Hitler - en décidant de fabriquer en priorité l’arme nucléaire de destruction massive, afin de donner à l'Iran la domination islamiste sur Israël et l'Occident mécréant. Face à ce discours belliciste, dès 1981 et sous l'impulsion déterminée du nouveau et énergique Président américain Ronald Reagan, une sévère et lucide politique d'embargo économique et financière, de rupture diplomatique et de blocage des visas entre l'Occident et l'Iran chiite, entraîne rapidement ce pays vers la misère et la faillite, donnant naissance à un vif mouvement de sourde contestation populaire malgré une sévère répression policière, les atteintes constantes à la liberté et la censure de tous les médias. Aujourd'hui en 2016, après de multiples reculades et piteux atermoiements, l'Union Européenne sous la coupe de Barak Hussein Obama, descend avec lâcheté et soumission une marche supplémentaire vers la honteuse "stratégie du rapprochement et de l'apaisement" menée envers l'Iran. Puisque le Conseil de sécurité de l'ONU et Bruxelles, avaient donné à l'Iran jusqu'en 2006 pour stopper son programme d'enrichissement sous peine de sévères sanctions économiques et diplomatiques, mais que rien n'avait réussi à influencer ou freiner la détermination de ce pays dans sa marche vers le nucléaire militaire, l'Occident "chrétien" sous l'impulsion du Président américain qualifié de "compagnon de route du Djihadisme" a fait volte-face et changé de tactique. Le monde libre s'est désormais engagé dans l'engrenage des abandons dès 2015, conclus par les accords de Vienne de janvier 2016, et signés conjointement par les Américains, les Européens et la Chine, prônant la levée totale des sanctions économiques à l'égard de l'Iran. Les dirigeants occidentaux - le président François Hollande sous la coupe de la chancelière Angela Merckle - expliquent naïvement que la diplomatie du "gros bâton", la manière forte, n'obtenant pas les résultats escomptés, le mieux consiste à "responsabiliser" l’Iran chiite, en le laissant librement développer son programme nucléaire, lui faisant ainsi prendre conscience de sa place, de son rôle et de sa puissance dans le cercle des Nations. Ceci afin de l'amener progressivement à la sagesse souhaitée et l'inciter - suprême naïveté - à abandonner elle-même, à terme et de son plein gré, ses activités militaires d'enrichissement de l'uranium... Aussi après lui avoir adressé sans succès plusieurs admonestations, l'Occident prône aujourd'hui, dans un assourdissant silence des réactions internationales, un adoucissement et une suspension progressive des sanctions économiques, et de plus en plus un dialogue amical et confiant avec le guide religieux suprême l'Ayatollah chiite Ali Khamenei, et le régime théocratique ultranationaliste du Président Hassan Rohani qualifié de modéré et déclarant "que l'Iran n'est une menace pour aucun pays"… De plus désormais seuls certains sites nucléaires iraniens, préalablement sélectionnés par le pouvoir, pourront être contrôlés par les inspecteurs de l'AIEA après un préavis de 21 jours… Un tel socialisme utopique et incohérent, aussi pacifiste et démissionnaire que celui de 1938, est initié en France par Laurent Fabius, conseiller diplomatique et ancien Ministre des Affaires étrangères de François Hollande, émule brillant du Georges Bonnet de Munich, et conforté par une frénétique soumission à OBAMA. Ainsi a-t-il déclaré avec suffisance que la " façon brutale et manichéenne" constituant une approche déraisonnable de l'Occident vis-à-vis de l'Iran : "On devrait parler de tout avec Téhéran pour ouvrir le jeu…" Comme si l'Europe à genoux n'avait pas tenté sans succès de "parler" depuis plusieurs années, et comme s'il s'agissait d'un "jeu"… Aussi à 6 mois de l'élection présidentielle américaine, la Maison-Blanche soutenant une active et nauséeuse campagne politique et médiatique Anti-Trump relayée abondamment par les médias européens, table pour son rapprochement avec l'Iran sur l’efficacité doucereuse de la Diplomatie démocrate incarnée par Hillary Clinton. L'irréaliste rapport Backer Hamilton remis en 2006 à Georges W. Bush afin d'étudier déjà une "flexibilité", puis une issue favorable à l'embargo économique irakien puis iranien, envisageait alors - nouveau Munich - la tenue à Bagdad d'une Conférence Internationale "de la dernière chance", visant en réalité par une déplorable trahison diplomatique, une prétendue résolution du conflit israëlo-palestinien "mieux une transformation démocratique du Proche-Orient" avec d'une part le retrait israélien du Golan puis une dénucléarisation de tout le Moyen-Orient, donc finalement visant en priorité Israël afin d’éviter toute riposte de sa part face à une attaque nucléaire iranienne. Devant un Conseil de Sécurité de l'ONU, aussi divisé et impuissant que la Société des Nations (SDN) de 1938, et une AIEA capitularde et abusée, Téhéran et la Corée du Nord du dictateur Kim Young-Un cherchent à faire croire à l'apaisement, à la paix prochaine en prétendant renoncer provisoirement à l'escalade, à la menace et au défi provocateur, dans le seul but mensonger de faire cesser embargo économique international qui les étrangle. Lucide et clairvoyant le premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé à juste titre que "l'Iran n'a pas abandonné ses ambitions de se doter d'armes nucléaires, continue à déstabiliser le Moyen-Orient et à répondre la terreur à travers le monde en violant ses engagements internationaux". Une fois avérée la faiblesse totale de sa diplomatie, l'Occident sera une nouvelle fois au pied du mur : face à une victoire politique sur les États-Unis et l'Europe isolant complètement Israël, l'Iran chiite grâce à son nouveau et imminent statut de puissance nucléaire militaire, favorisera alors la prolifération de l'arme atomique dans tous les pays islamistes de la région, et exercera un chantage renforcé sur Israël, l’Amérique et l'Europe avant un probable passage à l'acte maintes fois annoncé. Frustration, naiveté, tromperie... et décrédibilisation de l'ONU, gigantesque duperie à l'échelle de l'Europe, du monde et de l'Histoire. Les hommes politiques européens tels leurs médiocres prédécesseurs du siècle dernier, sont pris au piège de leur pusillanimité générale, à l'image des démocrates américains entraînés par Hillary Clinton, de leur isolationnisme traditionnel, et de la connivence de leur Président OBAMA avec l'islam. Faute de maîtriser ce qui se joue aujourd'hui, ils se contentent comme en 1938 de préparer et accompagner avec passivité l'inexorable Retour de l'Histoire qui se met en marche. "Des orages nouveaux se forment" mais à l'exemple des munichois Daladier et Chamberlain qui se félicitaient naguère des accords sans contrepartie concédés au "Chancelier Adolphe Hitler", les gouvernants français actuels et leurs pacifistes alliés européens totalement "imperméables à l'expérience historique" rêvent aujourd'hui d'un sourire de l'ayatollah de Téhéran et se prosternent à ses pieds, prêts à toutes les reculades pour éviter que ces djihadistes si susceptibles ne deviennent encore plus violents. Déjà s'ancre dans de nombreux esprits, la conviction relayée par les médias qu’Israël est arrogante, agressive et provocante, que sa possession de la bombe nucléaire est insupportable, et que sa situation géographique - proche du Liban livré au Hezbollah, proche de la Syrie de Bachar al-Assad en guerre contre l’EIL, proche de l'Irak sunnite gagné par Daech et de l'Égypte du Général SISSI gangrenée par les frères musulmans - constitue une singulière, provocante et intolérable anomalie dans cette région. Alors se répand déjà le sentiment récurrent d'une sorte de nouveau fatalisme historique à l'égard de ce petit État de 6 millions d'habitants qui, du fait de son seul désir légitime d'exister, aujourd'hui contesté et demain contestable, ne peut ni ne doit menacer la paix mondiale ni la survie de l'Humanité toute entière, d'où sa nécessité de le "rayer de la carte du monde"... Et l'horloge de Munich se mettra de nouveau à sonner. Se lèveront alors de nouveaux Daladier et Chamberlain portés et acclamés par des millions de lâches démocrates dans le monde, qui nous diront avec compassion que seule la disparition géographique d'Israël permettra d'instaurer durablement avec l'islam une paix précieuse, forte et durable dans notre monde du XXI ème siècle… À moins que nous n'assistions avec bonheur à un Réveil de l'histoire, une prise de conscience nouvelle avec l'arrivée au pouvoir en Occident d'un homme exceptionnel dans cette situation exceptionnelle, à l'image du candidat Républicain Donald Trump ou d'un Vladimir Poutine, qui prendra en compte le contexte tragique de cette actuelle 3 ème Guerre mondiale, et fera sienne la déclaration autrefois fracassante de Bernard Kouchner, Ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, qui avait posé avec lucidité l'alternative à cette menace : "C'est la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran". Réveil salvateur lié à une farouche et lucide détermination du futur prétendant américain qui ne pourra se résoudre à abandonner le Monde face au péril atomique, et détruira préventivement par Israël interposé, ces installations nucléaires contestées, ainsi que l'avait décidé le gouvernement israélien début 1981 en neutralisant à Osirak les sites nucléaires irakiens de Sadam Hussein. L'urgence consiste à sonner le tocsin dans une Europe qui ne veut rien entendre. (Bernard Henri Lévy) Dr. Pascal H. de Boisgelain |
**********************************************************
Accords de Munich –
Le dessous des cartes

Une vision historique du tristement célèbre accord de Münich qui nous permet de mieux comprendre pourquoi il fut signé par la France et l’Angleterre.
En signant les accords de Munich avec Adolf Hitler le 30 septembre 1938, les puissances européennes qu’étaient la France et l’Angleterre ont voulu passer ce message à l’Allemagne nazie : Engagez vous à l’est et l’on ne vous fera pas de mal, selon ce qu’a confié à Sputnik le professeur Grover Carr Furr de l’université d’État de Montclair.
L’accord de Munich, signé à l’aube du 30 septembre 1938 par la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et l’Allemagne nazie (excluant l’URSS et la Tchécoslovaquie) a ouvert les portes à l’agression hitlérienne et entériné le début réel de la Seconde Guerre Mondiale.
En vertu de cet accord, l’Allemagne a eu l’autorisation de saisir les parties septentrionales et occidentales de la Tchécoslovaquie, dénommées les Sudètes, qui étaient essentiellement habitées par des germanophones.
Dès le 19-20 mai, les forces militaires allemandes avaient commencé à se concentrer sur les frontières tchécoslovaques, entraînant une mobilisation partielle du pays. Les intentions d’Hitler étaient parfaitement claires pour les puissances européennes. Mais elles n’avaient aucune envie d’aider le gouvernement tchécoslovaque à faire face à l’évidente agression allemande.
L’accord de Munich a livré la Tchécoslovaquie à Hitler
Le 20 juillet, le ministre français des affaires étrangères, Georges Bonnet, a informé son homologue tchèque, Stefan Osuky, que la France ne fera pas la guerre pour les Sudètes… Le gouvernement tchécoslovaque doit comprendre que la France, comme l’Angleterre, ne partiront pas en guerre. Il est important que les choses soient bien claires à ce sujet. (Voir Michael J. Carley : Seule l’URSS a les mains propres : la perspective soviet sur l’échec de la sécurité collective et l’effondrement de la Tchécoslovaquie, 1934-1938)
Le gouvernement tchèque a été littéralement forcé, par la France et l’Angleterre, de se soumettre.
Le 15 septembre, le premier ministre britannique, Neville Chamberlain, a rencontré Adolf Hitler à Berchtesgaden pour négocier la cession des territoires tchèques. Trois jours plus tard, une rencontre s’est tenue entre Hitler et le Premier ministre français Edouard Daladier sur le même sujet. Inutile de préciser qu’aucun représentant tchèque n’a été invité à la table des négociations.
Explication de l’expert américain en histoire soviétique, le professeur Grover Carr Furr à Sputnik :
«En vérité, l’accord de Munich provoqua ce que les menteurs prétendent être le fait du pacte Molotov-Ribbentrop, lequel, pour sa part, ne provoqua rien. L’accord de Munich livra un pays à Hitler. En plus, les alliés le firent sans demander son avis au gouvernement ou au président tchèque. La Pologne fut complice. Elle s’empara de la région de Teschen, très industrialisée et peuplée d’une minorité polonaise. Winston Churchill a comparé la Pologne à un chacal s’emparant des restes alors que les lions, les grandes puissances, se réservaient les meilleurs morceaux. En 1939, quand Hitler envahit le reste de la Tchécoslovaquie, la Banque d’Angleterre livra à Hitler les réserves d’or tchèque.»

Qui contrôle le passé contrôle le futur : Pourquoi Staline est-il haï par l’Ouest? Staline Truman et Churchill de G à D. Wikipédia ©
La Tchécoslovaquie fut vraiment une bonne prise pour Hitler : le pays hébergeait une industrie militaire très développée et représentait 40% du marché mondial des armements. Les dix premières usines militaires pouvaient produire, chaque mois, 1 600 mitraillettes lourdes, 3 000 mitraillettes légères, 130 000 fusils, 7 000 lance-grenades, et des centaines d’autres armements dont des tanks et des avions.
Après s’être emparé du reste de la Tchécoslovaquie, Hitler profita de son énorme arsenal militaire. Ainsi, en laissant Hitler annexer les Sudètes et en ne faisant pas un geste lorsqu’il s’empara de tout le territoire tchèque, les puissances occidentales ont fourni au Führer une base industrielle militaire unique.
Furr continue son explication :
«Mais pourquoi donc? Je pense que c’est assez clair. Le Royaume-Uni et la France voulaient laisser entendre à Hitler qu’il pouvait s’étendre vers l’est sans qu’ils ne réagissent. Rappelez-vous que lorsque la Pologne a été attaquée, le 1er septembre 1939, ni les Britanniques ni les Français n’ont dit quoi que ce soit, malgré leurs accords d’entraide avec la Pologne. Ils n’ont rien fait jusqu’en mai 1940, lorsque Hitler les a attaqués.»

Chamberlain au centre, Ribbentrop à droite, le 16 septembre après la rencontre avec Hitler à Bertchesgaden. A gauche Alexander von Dörnberg © Wikipédia. Bundesarchiv
Les accords de Munich ont été un encouragement à Hitler pour qu’il attaque l’URSS.
Furr poursuit son analyse :

Le mystère du pacte Germano-Soviétique. Pourquoi l’URSS a-t-elle signe un pacte de non agression? ©AP/Photo
En fait, en dehors de l’Allemagne nazie, le Japon et la Pologne espéraient aussi étendre leur Lebebsraum(espaces vitaux) aux dépens de l’URSS. Jusqu’au début de 1939 Varsovie réfléchissait à s’unir à l’Allemagne nazie dans une guerre contre l’URSS pour s’emparer de plus de territoires, remarque Furr dans son livreMensonges sanglants : la preuve que toutes les accusations de Timothy Snyder sont fausses, où il cite le ministre des Affaires étrangères nazi, Joachim Van Ribbentrop, disant en janvier 1939 : «J’ai, encore une fois, parlé à M. Beck (le ministre des Affaires étrangères polonais Josef Beck) à propos de la stratégie envisagée par la Pologne et l’Allemagne contre l’Union Soviétique… M. Beck n’a pas caché le fait que la Pologne a des vues sur l’Ukraine afin d’avoir une ouverture sur la mer Noire…»
D’un autre côté, à la suite de l’occupation de la Mandchourie en 1931, le Japon a montré un intérêt pour les territoires orientaux de l’URSS. Entre mai et août 1939, le Japon, l’URSS et la Mongolie communiste ont été impliqués dans un conflit militaire à Khalkhin-Gol, en Sibérie. Les Japonais vaincus ont abandonné temporairement leurs plans d’attaque contre les Soviétiques.
Le professeur Furr a expliqué à Sputnik :
«L’URSS était engagée dans une bataille intense contre le Japon à Khalkhin-Gol, en Sibérie. Pas de doutes que l’attaque japonaise avait pour but d’obliger l’URSS à se battre sur deux fronts, si cela avait réussi. Mais cela a raté. Pourquoi? Parce que les conspirateurs russes de l’Armée d’Extrême-Orient ont été destitués et arrêtés, dont le Maréchal Vasily Bliukher. Si ces conspirateurs n’avaient pas été arrêtés, ils auraient aidé le Japon, et l’URSS aurait eu à combattre sur deux fronts. Rappelez vous que ce furent les troupes sibériennes qui, libérées par la paix avec le Japon, se sont précipitées à la défense de Moscou et plus tard à la défense de Stalingrad.»
Les Britanniques étaient tout à fait au courant des plans militaires de l’Allemagne, du Japon et de la Pologne. Citant des documents d’archives britanniques, le chercheur canadien Clement Leibovitz a remarqué que le Premier ministre anglais Neville Chamberlain considérait l’Union Soviétique comme un pays qui risque d’être la cible d’une agression allemande, peut être avec l’aide de la Pologne, et d’une agression japonaise. (Dans L’accord Chamberlain – Hitler, 1993)
Les accords de Munich, le résultat d’une collaboration cynique?
Il est naïf de croire que les Accords de Munich ont été le résultat d’un irresponsable esprit d’apaisement des appétits nazis de la part des gouvernements français et britannique, remarque Leibovitz, en montrant des preuves qu’ils sont plutôt le résultat d’une collaboration cynique.
Leibovitz écrit dans son livre The Chamberlain-Hitler Deal :
«J’affirme que Chamberlain faisait face à un choix : soit empêcher, et plus tard résister, à la politique d’expansion agressive de l’Allemagne, soit permettre à l’Allemagne de s’étendre en Europe orientale. Chamberlain était certain que l’Allemagne finirait par déclarer la guerre à l’Union Soviétique. Motivé par son anti-communisme, il a donc fait le deuxième choix et, avec un tel choix, il jouait avec la sécurité britannique… De plus, on peut prouver que l’accord n’était pas une stratégie adoptée dans l’urgence mais le résultat d’efforts continus pour encourager le Japon et l’Allemagne à prendre leur part de l’Union Soviétique.»

Les US ont envisagé une attaque nucléaire massive sur l’URSS en 1945 © EAST NEWS/ USA/SCIENCE PHOTO LIBRARY
Il est révélateur de voir que, dans une lettre adressée au roi Georges VI, le 13 septembre 1938, Chamberlain écrit que «Herr Hitler a décidé d’attaquer la Tchécoslovaquie et d’aller plus loin vers l’est». Inexplicablement, dans cette même lettre, Chamberlain assure au roi que l’Allemagne et l’Angleterre… [sont] les deux piliers de la paix européenne et les deux remparts contre le communisme.
Furr souligne que, selon son opinion, l’Union Soviétique et Staline ont été chanceux que les Britanniques et les Français rejettent l’accord de sécurité collective :
«Pourquoi ? Parce que les Anglais et les Français auraient probablement violé un tel accord. Ils n’auraient probablement pas attaqué l’Allemagne quand l’Allemagne a envahi la Pologne, même s’ils avaient promis de le faire. Et pourquoi ont-ils agi ainsi? Pourquoi n’ont-ils pas attaqué l’Allemagne quand celle-ci a attaqué la Pologne? La seule réponse est que les gouvernements anglais et français voulaient continuer à signaler à Hitler : Allez vers l’est et l’on ne vous fera pas de mal.
Rappelez vous, l’Angleterre et la France ont essayé d’envoyer des forces combattre l’URSS aux cotés de la Finlande durant la guerre Finlande–Russie en 1939 – 1940. Ils n’ont pas pu le faire, mais ils l’avaient planifié. Ainsi, alors qu’ils étaient officiellement en guerre contre l’Allemagne, l’Angleterre et la France ont aidé la Finlande, et ont même prévu d’y envoyer des hommes combattre à ses côtés, alors que celle-ci était une alliée de l’Allemagne contre l’Union Soviétique, qui elle se battait contre l’Allemagne.
De tout cela, on peut déduire que l’URSS a été le seul pays à avoir agi non seulement honorablement mais aussi intelligemment au cours de la Seconde Guerre Mondiale. L’Union Soviétique a sauvé l’Europe du nazisme.»
Ekaterina Blinova
Traduit par Wayan, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone
Photo: Goering à gauche qui rigole, Mussolini qui serre la main de Chamberlain à l’automne 1938 à Munich .AP photo/Hoffman
SOURCE : http://lesakerfrancophone.net/accords-de-munich-le-dessous-des-cartes/