Les manœuvres de l’Otan à la frontière russe : Une 3 ème Guerre mondiale en perspective ?
11 juin 2016 Chems Eddine Chitour
« I do not know how the Third World War will be fought, but I can tell you what they will use in the Fourth Sticks and rocks ! »
« Je ne sais pas comment on fera la Troisième Guerre Mondiale, mais je sais comment on fera la quatrième: avec des bâtons et des pierres. »
Paroles attribuées au grand physicien Albert Einstein
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6 Juin 1944, C’est dit, avons-nous l’habitude de dire: « le jour le plus long » pour qualifier l’opération de débarquement « overlord » des alliés conduits par les Etats Unis. Dans l’imaginaire européen et notamment français, les Etats-Unis d’Amérique sont la grande nation qui est venue se sacrifier pour la libération de l’Europe du joug nazi. Pas un mot de l’apport de l’Union Soviétique qui laissa sur le champ de bataille 20 millions de ses enfants.
« 6 Juin 2016, lit-on sur le site Avic – Réseau International (Ndr) – cela ne vous rappelle rien ? Pendant plus de 70 ans, ce jour a marqué, chaque année, ce que l’on a voulu imprimer à jamais dans les esprits des Européens, et des Français en particulier, comme le début de la libération de l’Europe. Le 6 Juin 2016, que se passe-t-il ? Rien. Qui en parle ? Les gros titres ont disparu. Il est loin derrière nous le grand film de propagande de « The Longest Day » (Le jour le plus long) dans lequel jouaient les plus grands acteurs des deux rives de l’Atlantique. Le chapitre du 6 Juin semble clos. Il sera désormais difficile de fêter cette date, ce n’est d’ailleurs plus nécessaire. Les Européens n’en auront pas moins, ancrée à jamais dans leur esprit, la notion qu’un jour les Américains sont venus les délivrer des Allemands, et qu’ils s’apprêtent à les défendre à nouveau contre une future invasion russe. »(1)
Quand on voit les petits pays baltes, on voit ce qu’ils pèsent par rapport aux USA. Et au passage, c’est quand même l’URSS qui a rendu leur liberté à ces ex-Républiques soviétiques en 1991. Leur liberté retrouvée grâce à l’URSS, les Républiques de l’Est ont été aspirées une à une par l’Empire. Quand De Gaulle a décidé de sortir de l’Otan, il y a eu mai 1968… Ce même jour 6 juin 2016, l’Otan, mis en place en 1949 par le camp occidental pour contrer l’Union Soviétique, met en oeuvre des manœuvres militaires que la Russie qualifie de provocations. Pour l’histoire, l’empire soviétique avait mis en place le Pacte de Varsovie qui comprenait les ex-Républiques soviétiques et les pays satellites. 1989 arrive, l’empire soviétique s’effondre sous les coups de boutoir des Etats-Unis et du pape Jean-Paul II qui donna une dimension à Solidarnosc, mouvement ouvrier polonais, avec son fameux « N’ayez pas peur ». Graduellement, l’empire américain, malgré la promesse de ne pas mettre des troupes à ses frontières, concentra des moyens opérationnels et provoque régulièrement la Russie comme c’est le cas avec l’opération en cours Anaconda.
La stratégie étouffante
de l’ « Anaconda »
« La Russie, lit-on sur le site Spoutnik, a raison d’affirmer que les Etats-Unis n’ont pas tenu leur promesse de ne pas étendre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) vers l’Europe de l’Est. Des documents dévoilent les particularités de cette histoire. (…) Dès que la Russie insiste sur le fait que les Etats-Unis ont présenté des garanties que l’Otan ne s’étendrait pas vers l’Est, l’Occident proteste. Selon l’observateur, les documents démontrent l’inverse et indiquent clairement que les autorités américaines avaient rapidement changé leur position ».
Décidément, le nom de l’opération est expressif, l’opération vise à étouffer la Russie tout comme le ferait l’Anaconda vis-à-vis de ses proies. Nous lisons: « Deux mille soldats parachutistes, Polonais, Américains et Britanniques, sautent mardi sur le nord de la Pologne, au début des plus grandes manoeuvres organisées en Europe de l’Est depuis la chute du communisme, pour montrer la force du flanc oriental de l’Otan face à la Russie. L’exercice Anaconda se déroule à un mois d’un sommet que l’Otan doit tenir à Varsovie les 8 et 9 juillet pour consacrer le renforcement de sa présence en Europe de l’Est. Le scénario de cet exercice de dix jours ne laisse aucun doute. Il prévoit la défense de « l’Union des Bleus » contre de « petits hommes verts », en référence à ces hommes aux uniformes verts qui ont participé à l’annexion de la Crimée et au conflit séparatiste en Ukraine. « Le but de l’exercice est de vérifier la capacité des pays de l’Alliance à défendre son flanc oriental », a déclaré lundi le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz. » (3)
« Au total, 31 000 soldats de 24 pays y participent, dont 19 pays de l’Otan et des pays associés à l’Alliance dans le cadre du Partenariat pour la Paix, telle l’Ukraine. Avec 3000 véhicules, 105 avions et 12 navires. (…) La Russie affiche le plus grand calme, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, se contentant mardi de dire que ces exercices « ne contribuent pas à favoriser l’atmosphère de confiance et de sécurité » en Europe. »(3)
« Certains spécialistes boutefeux incitent à la confrontation ; « Il y a toujours actuellement, malheureusement, un déficit de confiance mutuelle » entre l’Alliance et la Russie, a-t-il ajouté, précisant que le dialogue se poursuivait néanmoins au niveau des ambassadeurs. (…) Judy Dempsey, analyste de Carnegie Group, considère que l’Otan devrait renforcer son infrastructure pour garantir le déploiement rapide de forces supplémentaires dans la région. De même, l’exercice en cours lui semble « petit par rapport à ce que fait la Russie », avec ses manœuvres qui sont « sophistiquées, grandes, intimidantes », en particulier dans l’enclave de Kaliningrad, située entre deux pays membres de l’Otan, la Pologne et la Lituanie. » (3)
Une guerre nucléaire est-elle probable ?
Oui ! C’est en tout cas le sentiment du britannique, Sir Richard Shirreff, qui était encore commandant en chef adjoint de l’Otan pour l’Europe en 2014, qui annonce une guerre nucléaire à l’horizon 2017 « plausible » selon ses termes. Dans son roman intitulé en anglais « 2017: guerre avec la Russie », le scénario d’une guerre déclenchée, of course, par la Russie fait planer la menace nucléaire, sur l’innocente Union Européenne l’année prochaine. Selon sa fiction, dès l’an prochain, la Russie se mettrait à occuper l’Ukraine pour s’assurer une ouverture terrestre en Crimée, puis envahirait les trois Pays Baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, tous membres de l’Otan. « Nous devons juger le président Poutine à ses actes et non à ses paroles, a-t-il déclaré, il a envahi la Géorgie, il a envahi la Crimée, il a envahi l’Ukraine. Il a utilisé la force et a obtenu ce qu’il voulait par ce moyen. Dans une période de tension, une attaque contre les États baltes… est tout à fait plausible. », selon Le Dailymail, qui rapporte les propos du général à l’émission Today de la BBC Radio 4 » (4).
« (…) Ce n’est pas la Russie qui a envahi la Géorgie, mais au contraire l’armée géorgienne qui a attaqué les troupes russes d’interposition qui se trouvaient dans la région séparatiste d’Ossétie du Sud, fortes d’un mandat international. (…) En ce qui concerne la Crimée, c’est par un référendum populaire que la population criméenne a demandé son rattachement à la Russie suite au coup d’État du Maïdan fomenté par certains pays de l’Otan. Quant à l’Ukraine, personne ne croit sérieusement à l’occupation du pays par la Russie. »(4)
Pour l’auteur, la Russie profiterait de l’affaiblissement de l’Otan sur la scène internationale et déciderait d’envahir l’Europe occidentale, pour se dégager de l’encerclement de l’Alliance atlantique.(…) Et puis pourquoi ne pas desserrer l’étau autour de la la Russie pour lui ôter la raison d’une attaque ? Le refroidissement des relations, selon l’auteur, viendrait de la Russie dont le nucléaire serait le pivot, non de défense, mais d’attaque: « Ne vous faites pas d’illusions », a-t-il affirmé, « L’utilisation de l’arme nucléaire fait entièrement partie de la stratégie militaire de Moscou. » Une affirmation un peu osée quand on sait que les USA, en liaison avec l’Otan, prévoient de déployer en Europe centrale des bombes d’aviation nucléaires de haute précision et n’excluraient pas la possibilité d’une attaque nucléaire préventive en Asie ou même en Europe. Les USA restent encore le seul pays au monde à avoir utilisé des bombes. » (4)
Selon l’ancien commandant de l’Otan: « L’attaque viendrait par la Baltique. Cela tombe bien, les Américains qui ont déjà implanté une base antimissiles en Roumanie aux portes de la Russie (…) Bref, des allégations catastrophes juste utiles à semer la panique dans l’opinion publique pour permettre aux néo-cons (néo-conservateurs) à Washington de réclamer des crédits toujours plus élevés pour l’armement(..)
Enfin, si une troisième guerre mondiale classique semble très peu probable, en revanche, il existe une autre forme de guerre mondiale qui est en train de se développer, c’est la guerre terroriste islamique qui est en même temps une guerre sous faux-drapeau du bloc occidental à la Russie, dont l’onde de choc de plus en plus puissante se répand à partir du Moyen-Orient, en Europe atlantiste et en Europe russe, et qui risque de s’étendre sur tout le globe, y compris peut-être, cette fois-ci aux USA. » (4)
L’interventionnisme occidental avec tous les prétextes
Les pays occidentaux ont toujours eu des visées expansionnistes. On connait les ravages du concept du devoir des civilisations des races supérieures en France théorisé au XIXe siècle par les Renan et les Gobineau et mis en pratique par les politiques à l’instar de Jules Ferry en France, de Rhodes en Angleterre, avec là aussi des théoriciens chantres de l’homme blanc et de son fardeau: « The white man burden » dirait Rudyard Kipling. Les autres pays européens ne furent pas en reste, citons brièvement l’Allemagne de Bismarck et du kaiser Guillaume qui auront sur la conscience l’extermination des hereros.
La relève prise en main par les Etats-Unis fut rapide et l’on doit l’essor de la Nation américaine à l’extermination des indiens. Une constante que l’on retrouve à travers les siècles. L’ingérence à tout prix et pour tout motif. Le but étant de subjuguer des peuples faibles pour les asservir et les spolier de leurs identités culturelles et ou religieuses ainsi que de leurs ressources.
Il semble que l’ingérence soit dans l’ADN de ces pays et notamment de l’hyper-puissance américaine selon le mot d’Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de la France. On dénombrerait plus de 250 guerres auxquelles les Etats-Unis ont participé depuis leur « création » il y a 250 ans.
Dans un article lumineux Vijay Prashad fait l’inventaire de tous les motifs d’intervention mis en avant par l’Empire pour intervenir et apporter la désolation. L’auteur rapporte comment cela a commencé avec la mise à mort de l’Irak puis de son président Saddam Hussein. « Assis dans son palais présidentiel, en 1991, le président irakien, Saddam Hussein, et son ministre de la Culture, Hamad Hammadi, ont rédigé une lettre à Mikhaïl Gorbatchev. Hussein et Hammadi espéraient que l’URSS aiderait à sauver l’Irak de l’agression occidentale. Hammadi, qui avait compris les changements bouleversant le monde, a dit à Hussein que la guerre ne visait « pas seulement à détruire l’Irak, mais aussi à éliminer le rôle de l’Union Soviétique pour que les États-Unis puissent contrôler le destin de toute l’humanité ». En effet, après la guerre du Golfe de 1991, l’URSS s’est effondrée et les États-Unis ont émergé comme l’unique superpuissance. L’âge de l’unipolarité américaine avait commencé ».(5)
« Un président américain jubilatoire, George H.W. Bush, a inauguré un nouvel ordre mondial, à savoir « un monde où la primauté du droit supplante la règle de la jungle ». Dans ce monde nouveau, « il n’y a pas de substitut au leadership américain » a déclaré M.Bush, et ainsi, « face à la tyrannie, que personne ne doute de la crédibilité et de la fiabilité américaines ». » « (…) Le successeur de Bush, Bill Clinton, a donné au concept d’intervention sa patine libérale. Le régime des sanctions sous l’égide de l’ONU a cherché à affaiblir l’Irak jusqu’à l’effondrement(…) Si l’Occident a décidé qu’un conflit exigeait son intervention, alors la pleine force de la puissance occidentale serait exercée sur ceux que l’Occident a jugés comme étant les méchants. Voilà l’essentiel du concept d’interventionnisme humanitaire. Qu’est-ce qui fut considéré comme une catastrophe digne d’intervention ? En 1996, Madeleine Albright, alors ambassadeur des États-Unis à l’ONU, a reconnu que les sanctions étasuniennes avaient entraîné la mort d’un demi-million d’enfants irakiens. » « Je pense que ce choix est très difficile, a-t-elle dit, mais nous pensons que le prix en vaut la peine. » (5)
L’auteur cite ensuite la méthode Bush II: « Le président américain George W. Bush a utilisé le langage de la protection civile, en 2003, pour mener une guerre d’agression contre l’Irak. La guerre états-unienne a démoli l’infrastructure et les institutions irakiennes, mais a aussi abîmé le concept d’intervention humanitaire. Le chaos qui a suivi a été provoqué par cette guerre pour le changement de régime. (..) Sous la surveillance de Kofi Annan, l’ONU a approuvé le nouveau concept de responsabilité de protéger (R2P) en 2005. Cette nouvelle doctrine demandait aux États souverains de respecter les droits fondamentaux de leurs citoyens. Lorsque ces droits étaient violés, la souveraineté était dissoute. Un acteur extérieur, approuvé par l’ONU, pouvait alors intervenir pour protéger les citoyens. (…) Le révérend Miguel d’Escoto Brockmann, président de l’Assemblée générale de l’ONU, a publié une note succincte de présentation qui a soulevé des questions sur la nouvelle doctrine R2P. D’Escoto a traité la R2P de « colonialisme remis au goût du jour » et a déclaré qu’« un nom plus précis pour R2P serait droit à intervenir ».(5)
L’auteur conclut en faisant référence au deux poids deux mesures qui semble être une règle: « (…) Le test pour la R2P n’est pas venu pendant le bombardement de Gaza par Israël dans l’Opération Plomb durci (2008-09), pour lequel un rapport de l’ONU a montré des preuves de premier ordre de crimes de guerre. Il est arrivé quelques années plus tard en Libye. Un soulèvement contre le gouvernement libyen, en février 2011, a été l’occasion de tester la R2P. (…) L’ambassadeur de l’Inde aux Nations Unies, Hardeep Singh Puri, m’a dit au début de 2012, que l’exemple libyen empêcherait toute résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie. (…) Les critiques s’inquiètent du fait que l’intervention humanitaire à l’occidentale ignore les causes et produit des résultats catastrophiques. Y aurait-il d’autres manières d’intervenir qui ne soient pas dangereuses ? (…) La violence, a-t-il soutenu, est un résultat de cette grotesque inégalité. R2P ne s’est jamais occupé de la protection des civils contre les multiples Cavaliers de l’Apocalypse du XXIe siècle – l’analphabétisme, la maladie, la pauvreté, le chômage et les problèmes sociaux. Ce sont les vrais fauteurs de crise. Mais les bombes ne peuvent pas les vaincre. »(5)
Y aura-t-il un vainqueur en cas de conflit et lequel ?
Des analystes américains signalent certains problèmes auxquels l’Otan serait confrontée en cas d’éventuel conflit armé avec la Russie. En comparant les forces armées de la Russie et de l’Otan sur un modèle de conflit militaire hypothétique, le site américain War on the Rocks a constaté la supériorité de l’armée russe sur toute une série de positions. Dans leur conclusion, MM.Shlapak et Johnson se réfèrent à une récente déclaration du général Mark Milley, chef d’état-major de l’Armée de terre américaine, qui a reconnu devant la commission des Forces armées du Sénat que la Russie dépassait les Etats-Unis par la portée et la quantité des armements. « Ces données sont-elles exactes ? Malheureusement, oui », constatent les experts. « L’Otan dans son état actuel est perdante face à la Russie, qu’il s’agisse des effectifs des forces armées, de la portée ou de la puissance des armements. Par ailleurs, l’Alliance est handicapée par plusieurs problèmes généralisés », résument MM.Shlapak et Johnson, en estimant que dans une guerre avec la Russie, l’Otan n’aurait aucune chance et que les conséquences d’une telle guerre seraient bel et bien désastreuses pour le bloc. » (6)
Que peut-on en conclure ?
Ce qu’il y a de sûr ce sont les peuples faibles qui vont en souffrir. S’il y a une guerre en Europe, les Etats-Unis sont loin, ce sont les pays européens qui vont trinquer. Le monde sera de plus en plus dangereux et nous sommes à une veillée d’armes. On apprend que la Chine qui a aussi des démêlés avec les Etats-Unis a mis en construction cinq nouveaux porte-avions. Quand on apprend que le marché des armes prospère (1.200 milliards de dollars) et qu’il faut à peine 5% de son montant pour vaincre la faim.
Quand les pays pensent plus à s’armer qu’à nourrir leur peuple, leur procurer la santé et une bonne éducation on est en droit de désespérer de la nature humaine qui court assurément à sa perte. Les paroles attribuées à Einstein ont une connotation prophétique, nous sommes avertis du chaos à venir.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
SOURCES :
1.Site Avic http://reseauinternational.net/le-6-juin-le-jour-le-plus-long/
2. https://fr.sputniknews.com/international/201605311025443792-expansionnisme-otan-probleme/
5.Vijay Prashad http://lesakerfrancophone.fr/le-faux-nez-des-changements-de-regime-une-breve-histoire-de-lintervention-humanitaire
6. https://fr.sputniknews.com/defense/201604241024497259-russie-otan-armees-superiorite/
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ARMEMENT DE DERNIERE GENERATION DANS L'AVIATION RUSSE
Entrée en service imminente du Soukhoï T-50
20 juin 2016 Technologie/Sciences de Petrus Lombard
Ces dernières semaines, des médias russes ont signalé deux nouveaux développements concernant le PAK-FA, ou Futur Avion du Système-Frontal Aérien. En plus d’annoncer que le sixième prototype du T-50 a pris l’air, et que cinq autres sont à un stade avancé de montage, ils ont indiqué que le T-50 pourrait entrer en service dans les Forces aérospatiales russes dès 2017, autrement dit, dans un peu plus d’un an. La production en série de l’avion commencerait la même année.
Cet événement est vraiment important pour ce projet d’avions très ambitieux, entamé il y a relativement peu de temps, en 2001, quand le ministère de la Défense a publié sa liste finale de spécifications pour l’avion, bien que des études préliminaires concernant les successeurs éventuels des avions de combat Su-27 et Mig-31 aient déjà été lancées dans les années 1980.
Ces spécifications incluaient: une manœuvrabilité extrême, comparable ou sinon meilleure que celle dont fait preuve le Su-27; la capacité « supercruise », c’est-à-dire, voler à vitesse supersonique sans la postcombustion; des aptitudes multirôles, dont la capacité d’engager des objectifs aériens, terrestres et navals avec un large éventail de projectiles guidés à longue portée; l’ensemble d’électronique de pointe sous forme d’un radar multi-élément à balayage électronique, qui couvre presque 360 degrés grâce à sa vue latérale et arrière; le fameux cockpit de verre, qui permet au pilote de ne pas être submergé par les informations [du tableau de bord]; et naturellement, la furtivité ou faible signature aérienne à la fois active et passive; et enfin, le T-50 doit être capable d’attaquer des objectifs sans utiliser son propre radar de bord.
Contrairement à la profusion de propagande négative émanant de concurrents occidentaux de Soukhoï, le développement du projet T-50 s’avère être plus régulier que ce à quoi beaucoup s’attendaient, en grande partie grâce à l’évolution parallèle de la famille d’avions Su-27, qui servent à tester et améliorer les nouveaux systèmes avant de les intégrer au T-50.
Il se pourrait bien à cet égard que Soukhoï ait pris à Lockheed-Martin sa place de premier concepteur mondial d’avions de combat, car la longue liste de problèmes de mise au point que connaissent à la fois les programmes F-22 et F-35, suggère que son savoir-faire a souffert des multiples fusions des années 1990 dans l’industrie de la défense. Cela signifie que le T-50 s’appuie sur la famille Su-27, alors que le F-35 est le premier avion conçu par un bureau d’études nouvellement constitué.
Planifiée pour 2017, la date d’entrée en service ne sera qu’une nouvelle étape dans la vie du programme T-50. Il aura un grand nombre de successeurs. Les avions initiaux de l’escadrille de première ligne seront probablement des machines strictement adaptées au combat aérien, tout comme l’étaient les premiers chasseurs Su-27. Ils constitueront simplement le fer de lance de la nouvelle ère de l’aviation militaire russe.
Toutefois, tout comme le Su-27 a engendré les Su-30, 33, 34, et 35, qui à présent forment ensemble l’épine dorsale des Forces aérospatiales russes, de même, le T-50 acquerra de nouvelles capacités et servira de tremplin à des modèles dérivés, de sorte qu’en l’espace de quelques décennies, le T-50 accompagné vraisemblablement de petits chasseurs MiG, de drones de combat et peut-être même de l’avion de combat de « sixième génération », constitueront la colonne vertébrale des Forces aérospatiales russes. Seul aspect inconnu du projet, sa désignation de service, le T-50 allant sûrement prendre un nom du genre « Su-?? » quand il sera mis en service.
Mettre pleinement en œuvre les capacités du T-50 exigera aussi de développer une nouvelle gamme de munitions pouvant être tirées par les armes enchâssées dans le design. Même si le T-50 peut transporter des munitions plus anciennes sous les ailes, il est également évident que toute une gamme d’armes est en cours d’élaboration. Exemple de ces nouvelles munitions, le Kh-59MK2, un dérivé de la famille de missiles Kh-59, qui a été montrée au Salon aérospatial MAKS 2015. Associant furtivité, 300 km de portée, ogive de 300 kg et divers systèmes de guidage, ce nouveau missile, qui permet d’attaquer des cibles terrestres et navales, tant fixes que mobiles, donne une idée de la nature de l’arsenal du futur T-50s.
Bien qu’aucun système d’arme unique n’est en soi décisif, l’entrée en service imminente du T-50s sape l’une des hypothèses cruciales de l’OTAN, à savoir celle de la supériorité aérienne. Soutenue par des chasseurs Su-35 et Su-30, même la première petite flotte de T-50 pourrait suffire à priver les forces terrestres de l’OTAN de la capacité d’opérer sans craindre les attaque aérienne.
Étant donné la façon dont le peu habitué et non préparé OTAN opère devant les forces aériennes, le T-50 est un élément important du dispositif de dissuasion conventionnelle de la Russie.
SOURCE : South Front, J.Hawk, Daniel Deiss, Edwin Watson
Original : southfront.org/russia-defense-report-pak-fa-nearing-service-entry/
Traduction Petrus Lombard pour Réseau International
Le Sukhoi T-50 Fighter de la Russie est sur le point d’entrer en service

Le ministère russe de la Défense a confirmé que le Sukhoi T-50 – le chasseur de cinquième génération de la Russie – entrera en service l’année prochaine.
Comme c’est souvent le cas avec les développements militaires russes, divers médias occidentaux ont à plusieurs reprises cherché à jeter le doute sur la viabilité du programme Sukhoi T-50. Il a été diversement suggéré que l’ensemble du programme avait été revu à la baisse en raison de contraintes budgétaires – avec les Russes qui auraient décidé d’acheter plus de SU35s à la place – et que le Sukhoi T-50 n’était de toute façon pas un avion particulièrement avancé ou efficace.
Un rapport indien qui a dénigré la qualité de leur futur chasseur de cinquième génération sur une base de Sukhoi T-50 que les Russes proposaient aux Indiens, a notamment reçu une large publicité, avec ses diverses réclamations acceptées comme des faits.
La réalité est que le programme Sukhoi T-50 semble avoir été finalisé globalement sans problème, ce qui reflète la façon prudente et conservatrice avec laquelle l’ensemble du programme a été réalisé. Mais c’est encore une réalisation majeure, étant donné que le Sukhoi T-50 est le premier chasseur russe entièrement nouveau produit depuis plus de 30 ans.
Le Sukhoi T-50 est néanmoins clairement un chasseur typiquement russe, avec de nombreuses caractéristiques, traditionnelles pour de tels jets, et qui les distinguent de ceux des autres pays. Ainsi, le Sukhoi T-50 est plus orienté vers la haute performance que furtif. Il est capable de vitesse de croisière supersonique sans utilisation de la postcombustion du moteur. Il est très maniable, transporte une charge d’armes lourdes et est principalement axé sur le combat aérien.
Avec tout cela, le Sukhoi T-50 contraste fortement avec le chasseur américain F-35 multi-mission, beaucoup plus complexe, qui sacrifie la performance pour mener à bien une variété de rôles différents et qui, dans un environnement de combat aérien, repose davantage sur ses systèmes d’armes électroniques que sur ses performances.
Cela ne veut pas dire que les systèmes d’armes électroniques du Sukhoi T-50 sont primitifs ou dépassés. Au contraire, nos informations suggèrent qu’ils sont très avancés, à la fois avec le Sukhoi T-50 et pour le F-35, en utilisant des radars actifs (Electronically Scanned Array – AESA). Toutefois, c’est un avion qui ne dépend pas autant de ses systèmes que le F-35.
En ce qui concerne le rapport indien, la seule plainte de fond concerne les moteurs du Sukhoi T-50, qui ne sont pas suffisamment fiables. Elle n’est pas fondée, puisque les Russes ont toujours prévu d’équiper le Sukhoi T-50 avec un moteur plus avancé et fiable quand il sera disponible.
Le nouveau moteur est en fait actuellement en développement et devrait remplacer le moteur actuel après 2020. Dans l’intervalle, jusqu’à ce que le nouveau moteur soit prêt, le Sukhoi T-50 utilise une version fortement modifiée du moteur AL31, précédemment utilisé par la famille des SU-27. Loin d’être un signe de retard technique, c’est une étape logique pour amener autrement un aéronef complet en service. Il n’y a pas de sens de développer au ralenti pendant plusieurs années ce qui est à tous les autres égards un avion très puissant, jusqu’à ce qu’un nouveau moteur soit prêt, alors qu’il existe déjà un moteur parfaitement capable de l’alimenter.
La critique indienne reflète en réalité une philosophie qui a flétri les programmes d’armement indiens depuis les années 1970, et qui consiste à insister sur la technologie concevable la plus avancée, plutôt que d’accepter toute la technologie déjà disponible. C’est cette philosophie qui explique pourquoi les programmes d’armement indiens prennent généralement autant de temps. À titre d’exemple, on pense au jet léger indien Tejas, dont les premières esquisses datent de 1969 et le premier vol de 2001, mais qui n’est pas entré en service avant 2015, date à laquelle l’ensemble de son concept était depuis longtemps devenu obsolète. De même, le développement du char de combat indien Arjun a commencé en 1972; mais il n’est pas entré en service avant 2004.
En fait, il y a tout lieu de penser que le chasseur Sukhoi T-50 sera un ajout puissant pour les forces aérospatiales russes, en laissant la Russie à l’avant-garde des puissances militaires aériennes mondiales.
Alexander Mercouris
Traduit par Hervé, vérifié par wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone
source: http://lesakerfrancophone.fr/le-sukhoi-t-50-fighter-de-la-russie-est-sur-le-point-dentrer-en-service
VOIR AUSSI : POUTINE UN HOMME A ABATTRE L'EMPIRE DU CHAOS INTENSIFIE SES MANOEUVRES