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27 février 2018

La dramatique histoire des déportés kabyles de la Nouvelle-Calédonie en 1871 par la France

La dramatique

histoire des déportés

kabyles de la

Nouvelle-Calédonie

en 1871

logo-kabyle

SOURCE : https://kabyle.com/dramatique-histoire-des-deportes-kabyles-nouvelle-caledonie-24716

carte-nouvelle-caledonie

C’est suite à un déplacement professionnel en Nouvelle-Calédonie que m’est venue l’idée de rendre visite à une communauté d’origine algérienne.

La présence en ces lieux de cette communauté remonte à plusieurs générations. Elle est issue d’anciens déportés d’Algérie qui avaient participé au soulèvement contre l’armée d’occupation du pays. Jugés, ils furent exilés vers la Nouvelle-Calédonie. Les premiers arrivants de cette communauté furent déportés en 1873. La grande majorité réside dans la vallée de Nessadiou et Bourail, une petite ville proche de cette vallée. Quelques mots d’histoire nous permettront de suivre la trace de ces déportés qui ont fait souche à plus de 20 000 km de leur pays natal.

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Insurrection

Les principales causes des différents soulèvements populaires en Algérie, dont celui de 1871, sont l’occupation du pays, l’oppression, la misère et l’arbitraire. Le décret Crémieux de 1870 attribuant à tous les Israélites résidant en Algérie la nationalité française et l’accès aux droits qui en résultent ne fut que le détonateur et non la cause majeure comme citée par certains historiens de l’époque coloniale. Après la dernière campagne de Kabylie menée par le général Randon en 1857, l’occupant pensait que l’Algérie était « pacifiée ». Par la suite, la population eut à subir d’autres fléaux.

C’est ainsi que près de 500 000 personnes périrent suite à des famines effroyables durant les années 1867, 1868 et 1869.

Malgré l’opposition du général Mac-Mahon, gouverneur général, une commission d’enquête s’est rendue sur place et a pu constater que l’administration coloniale n’a même pas essayé de venir en aide à ces malheureux. A cela s’ajoutent les interminables dépossessions des biens et des terres qui étaient redistribuées aux nouveaux colons et autres indésirables de la métropole. Beaucoup de tribus se soulèvent, dont la confrérie des Rahmania de Seddouk avec à sa tête Mohamed Améziane Ben Cheikh El Haddad, les Mokrani de la kalaâ des Beni Hammad de Medjana. En 1871, des spahis se mutinent dans la région constantinoise et s’associent à la tribu des Hanencha pour assiéger Souk Ahras. Le soulèvement se généralise peu à peu et embrase presque tout le pays. Avec pour seules armes la foi, le courage et la détermination et un rapport des forces défavorable, la révolution finit par être jugulée par l’occupant.

el-mokrani

Jugement des chefs de l’insurrection

Le 10 mars 1873, s’ouvre au tribunal de Constantine le procès des chefs de l’insurrection ou de ceux ayant miraculeusement échappé aux conseils de guerre et exécutions sommaires. Sur les 212 accusés, 149 sont maintenus en prison. Un arrêt d’accusation établi le 21 septembre 1872 les renvoie devant la cour d’assises de cette juridiction. L’acte d’accusation leur est notifié les 9 et 26 décembre 1872.

Le verdict sans appel fut la déportation en Nouvelle-Calédonie de la plupart d’entre eux. Feront partie du lot, Mokrani Boumezrag, Aziz Ben Cheikh El Haddad et son frère M’hamed. Avant leur embarquement pour l’exil forcé, ils seront internés au fort de Quélern (Brest) et à l’île d’Oléron.

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Déportation

Un peu d’histoire permettra de mieux comprendre le fond du problème de la présence de ces descendants de déportés algériens en Nouvelle-Calédonie. Ce pays a été initialement peuplé par des Mélanésiens arrivés dans de grandes pirogues il y a 2000 à 3000 ans. Il a été baptisé en 1774 par le capitaine anglais Cook quand il débarqua pour une halte en route pour la Nouvelle-Zélande. Le territoire est de nouveau repéré par le Français d’Entrecasteaux. En septembre 1853, l’amiral français Febvrier-Despointes proclama la Nouvelle-Calédonie territoire français. Depuis 1863, elle devient terre d’exil pour de nombreux « bagnards » français qui se sont rendus coupables de délits ou de crimes de droit commun ainsi que pour les communards français de Paris qui se sont soulevés contre le pouvoir en place. 

Elle le devient aussi pour un grand nombre d’Algériens injustement déportés à partir de 1873 qui se sont révoltés contre l’occupant français. Ces déportations, rythmées par les différents soulèvements populaires, se sont poursuivies bien au-delà de 1881. Cette révolte initiée par Mohamed El Mokrani éclate en Kabylie peu après les événements de la commune de Paris en 1871.

 

Compagnons d’infortune des déportés algériens

Les communards de la révolte de Paris de 1871 subiront eux aussi le même sort, plus de 4200 seront déportés en Nouvelle-Calédonie et au moins 400 décéderont durant cette déportation. Certains, après leur libération, témoigneront des conditions de transport et de vie ainsi que des traitements inhumains infligés à ces déportés algériens qu’ils appelleront les Arabes. Les plus illustres sont Henri Rochefort, journaliste et écrivain, il réussit à s’évader en 1874 de Nouvelle-Calédonie avec ses compagnons ; Louise Michel la « pasionaria » des événements de la commune de Paris de 1871 (une station de métro de Paris porte son nom). On peut citer aussi Jean Allemane, député du XIe arrondissement de Paris, qui les a beaucoup côtoyés et dont les écrits ont beaucoup servi à rétablir certaines vérités volontairement faussées par des militaires de l’époque pour justifier les mauvais traitements et tortures infligés à ces déportés algériens.

 

Amnistie

Deux lois d’amnistie des déportés sont promulguées par le gouvernement français. Une loi d’amnistie partielle datée du 3 mars 1879 et une loi d’amnistie générale datée du 11 juillet 1880. Ces lois concernaient tous les déportés sans discrimination aucune. Dans les faits, usant de tous les subterfuges et interprétations tendancieuses du contenu de ces lois, l’administration locale ne libéra que les déportés issus de la révolte de la commune de Paris. Beaucoup de ces anciens communards, après leur libération, militèrent pour l’application des lois, qui leur
ont permis de rejoindre leur famille, aux insurgés algériens. Henri Rochefort, Jean Allemane et Louise Michel furent parmi les plus actifs. Les grands écrivains Victor Hugo et Emile Zola militèrent sans relâche pour l’amnistie des déportés de la commune de Paris, mais aucun écrit ne mentionne qu’ils aient associé dans leurs actions le cas des déportés algériens. En 1871, Victor Hugo écrit même un poème Viro Major qu’il dédie à Louise Michel.

 

Morts en exil

Beaucoup de déportés algériens périrent durant leur déportation, Jean Allemane cite le chiffre de deux tiers morts durant leur détention. Certains furent enterrés à l’île des Pins avec d’autres déportés communards, morts aussi en détention. Avant de quitter définitivement cette île, les communards avaient érigé un monument à proximité du cimetière. Il y a quelques années, ce monument de mémoire a été entièrement restauré.

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Mokrani

Mohamed Mokrani, ancien bachagha de la Medjana, a été l’un des chefs de premier plan de l’insurrection de 1871, il tombe au champ d’honneur au début de cette guerre à Oued Soufflat. Son frère Bou Mezrag le remplace à la tête de l’insurrection. Après sa déportation, tous ses biens et ses terres seront spoliés et remis à des colons français. Il sera privé de la loi d’amnistie. Trente ans après son exil forcé, Bou Mezrag est toujours resté un danger pour le pays occupant. Ce n’est qu’en janvier 1904 qu’il sera gracié. Il rejoindra son pays au mois de juillet de la même année pour mourir une année plus tard.

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Aziz Ben Cheikh El Haddad

Condamné lui aussi à la déportation, on l’embarque le 31 août 1874 sur un bateau qui l’emmènera en Nouvelle-Calédonie après une traversée de cinq mois environ. En 1881, il réussit à s’évader de Nouvelle-Calédonie pour rejoindre l’Australie, pays le plus proche. M’hamed, son frère qui fut son compagnon de détention, ne parviendra à s’évader de Nouvelle-Calédonie que le 5 décembre 1886. Il rentre en Algérie en utilisant de faux papiers. Après la parution de la loi d’amnistie, Aziz Ben Cheikh El Haddad se rend à Paris pour réclamer la restitution de ses biens, il profite de l’occasion pour visiter un de ses compagnons d’infortune, le communard Eugène Mourot. Il décédera à l’âge de 55 ans dans le domicile de ce dernier situé face au cimetière du Père-Lachaise. Son corps sera rapatrié pour être enterré en Algérie grâce à une collecte d’argent organisée par d’anciens communards.

 

Vallée de Nessadiou

La route menant de Nouméa vers Bourail est la RT1, l’équivalent d’une route nationale chez nous. Après une heure et demie de route, on débouche sur le col des Arabes situé au sommet d’une plaine verdoyante. Quelques kilomètres plus loin au bas de la RT1, se trouve le cimetière des Arabes. Là, sont enterrés la plupart des anciens déportés algériens. J’étais ravi de trouver quelques personnes affairées à l’intérieur d’un hangar servant de lieu de réunion et de service. Après les présentations d’usage, ils m’invitèrent à la « waâda » donnée par une personne pour commémorer la mort de sa mère enterrée l’année passée. Le mot « waâda » utilisé par mon interlocuteur m’a permis de situer l’effort que font ces gens pour rester eux-mêmes, fiers de leur appartenance à une religion et ses traditions. Le terrain du cimetière a été gracieusement offert à la communauté par un certain Miloud dont une partie de la famille y est enterrée. Le premier homme enterré dans ce cimetière s’appelle Moulay, il fut par la suite déclaré marabout de la communauté.

Dans ce même cimetière, sont enterrées deux personnes de religion chrétienne. A mon désir d’en savoir plus, mon guide me répondit que ces personnes, peu avant leur mort, avaient exprimé le souhait d’être enterrées au milieu des autres musulmans en gardant les mêmes rites, tombes orientées vers La Mecque de la même manière que les autres. Un palmier haut de plus de 15 m planté à l’intérieur et au bout du cimetière indique la direction de la « qebla ». Non loin du cimetière se trouve la mosquée construite grâce à l’aide bénévole d’un Algérien au nom de Touati ; ils furent unanimes à le remercier pour tout ce qu’il leur a apporté comme aides et connaissances sur la religion musulmane. Kader Bouffenèche, président de l’association des musulmans de la région, m’invita chez lui à Nessadiou. Notre discussion était principalement axée sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle, en particulier l’épopée légendaire de l’Emir Abdelkader. Il m’informa que lui et l’ancien maire de Bourail, Taieb Aïfa, avaient visité l’Algérie en 1986 suite à une invitation officielle adressée par nos autorités.

Cette communauté souhaite garder des contacts avec l’Algérie ; l’exemple le plus édifiant est la remise d’un chèque à la Croix-Rouge destiné aux déshérités du séisme de Boumerdès.

Rachid Sellal Dr. en mécanique au Loughborough University

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Algériens de

Nouvelle-Calédonie

98-1-301 

Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie.

Les Algériens de Nouvelle-Calédonie sont des hommes originaires d'Algérie et, pour une minorité d'entre eux Tunisiens et Marocains. Ils ont été déportés en Nouvelle-Calédonie loin de leur terre natale entre 1864 et 1921. La majorité d'entre eux était constituée de prisonniers de droit commun envoyés dans des colonies pour purger leur peine. Environ 350 d'entre eux étaient des prisonniers politiques déportés et d'autres des relégués, c'est-à-dire des récidivistes. 

Sommaire 

Insurrections en Algérie

nouvelle-caledonie-algeriens

 

Les archives de la commune de Bourail dénombrent un total de 1822 déportés, condamnés de droit commun dont une partie importante sont des condamnés pour des actes de rébellion réprimés par le Code de l'indigénat ou pour leur participation aux insurrections successives connues par l'Algérie lorsqu'elle a été conquise par la France 1.

Les plus célèbres sont les déportés qui ont mené et participé aux insurrections de 1870 et 1871 en Algérie, qui ont débuté à Souk Ahras et qui se sont propagées à Bordj Bou Arreridj 2 et ont ainsi fini par la révolte des Mokrani en Kabylie 3. Cette révolte mena à la déportation de tous les instigateurs du soulèvement, notamment les familles Rezgui et Mokrani.

Les procès et l'errance pénitentiaire

Le procès des 212 accusés de la révolte des Mokrani arrêtés en 1871 parmi lesquels figuraient 74 notables (caïds et cheikhs), a lieu à Constantine en mai 1873. La plupart est condamnée sont envoyés dans les prisons de France métropolitaine, d'abord à Château-d’Oléron ou à Saint-Martin-de-Ré, puis ces dépôts devant fermer, ils sont transférés au fort de Quélern (près de Brest). Vingt-neuf d'entre eux sont laissés à Oran, ce qui embarrasse le gouverneur d'Algérie qui envisage un temps de les envoyer aux îles Marquises. Ils sont finalement envoyés au fort de Quélern, en passant par Marseille. Un autre groupe partage à Thouars la peine des communards.

Ceux qui avaient participé aux combats de Souk Ahras sont jugés devant la cour d'assises d'Annaba (Bône) en janvier 1872. Puis, en janvier 1873, sont jugés à Alger ceux des combats de ce qui allait s'appeler Lakhdaria (« Palestro »). Comparurent devant des conseils de guerre à Constantine en octobre 1871 ceux qui ont participé aux combats de Bordj Bou Arreridj et à Alger en juillet 1872 pour ceux de Larbaâ Nath Irathen (« Fort National ») 4. C'est le cas pour Boumezrag El Mokrani.

En plus de la complexité des navettes interministérielles, la confusion vient du fait qu'en principe, les transportés doivent rejoindre la Guyane française, tandis que les déportés vont jusqu'en Nouvelle-Calédonie.

Population des déportés

D'après les archives de la commune de Bourail le premier déporté arriva en 1864 (un seul homme: Braham ben Mohamed) et les derniers en 1921 (2 hommes en déportation politique: Hassan Ahmed el Mahmoud et Mustapha Agha Mahmoud) 5.

 

pénitencier

 

Le plus grand nombre de déportés sont transportés entre 1867 et 1895  6. Les 2106 survivants sur les 2166 déportés et transportés maghrébins (dont une centaine de Marocains et de Tunisiens) sont en majorité des Algériens arrivant par un total de 42 convois, ce qui signifie que ce n'était pas seulement les condamnés en 1873 pour l'insurrection de 1871. D'après la liste dressée par Louis-José Barbançon, 1981 seraient d'origine algérienne 7. Ceci démontre que les condamnés n'étaient pas seulement les déportés de l'insurrection de 1871 (qui étaient environ 200).

On estime que 45 % d’entre eux venaient du Constantinois, 23 % de l’Oranie et 32 % de l’Algérois (y compris la Kabylie), et que 7 % étaient âgés entre 16 et 20 ans, 54 % appartenaient à la tranche d’âge 21-30 ans, 31 % à celle des 31-40 ans, 7 % à celle des 41-50 ans et 1 % à celle des 51 ans et plus. On estime aussi que 51 % étaient mariés, 42 % célibataires, 5 % veufs et 2 % des divorcés.[réf. nécessaire]. Les révoltés de 1871 étaient largement de Petite Kabylie (Seddouk, Beni Abbes) alors incluse dans le Constantinois.

Les déportés algériens étaient exclus des lois de 1870, 1872 et 1873 qui permettaient aux déportés d’être accompagnés par leurs femmes. Ainsi, séparés de leurs femmes par la force, certains épousèrent des communardes et d'autres épousèrent des Canaques 8.

 

220px-Napoleon(1850)

 

Transport des condamnés

Avant leur départ, tous les prisonniers recevaient un numéro de matricule. Trois itinéraires ont été empruntés : par le cap de Bonne-Espérance, par le cap Horn et par le canal de Suez avec des escales pour le ravitaillement en produits frais et surtout en eau douce 9.

Les voyages se faisaient à bord de voiliers: des clippers équipés de machines à vapeur, spécialement aménagés pour le transport de prisonniers. Ils ont parcouru 16 700 miles nautiques soit 30 928 kilomètres. Ces voyages duraient entre 140 et 150 jours. Les prisonniers dormaient sur des lits de camp escamotables ; ils étaient une soixantaine regroupés dans des cages. Pour leur nourriture, ils recevaient 800 grammes de pain, 2 fois par jour une soupe aux haricots, le mercredi et le dimanche de la viande, le vendredi du poisson ou du fromage 10.

Certains se laissaient mourir de faim 11. Les transports de prisonniers étaient classés en trois catégories :

  • Transportation (forçats) : 18 convois, 1 822 hommes de 1864 à 1897
  • Déportation (politiques) : 11 convois, 180 hommes de 1874 à 1921
  • Relégations (récidivistes) : 14 convois, 164 hommes de 1888 à 1897

Soit au total 42 convois avec 2 166 hommes, une soixantaine décédèrent au cours du voyage ou à l'arrivée 5.

Les convois de condamnés - Transportation (forçats) 18 convois 1 822 hommes

Navires

Dates arrivée

Nombres d'hommes

Iphigénie

09/05/1864

1

Sibylle 12

23/09/1867

118

Fleurus

11/02/1868

96

Néréïde

04/05/1868

38

Fontenoy

01/08/1885

1

Ville de-Saint-Nazaire

12/11/1889

144

Calédonien

27/09/1890

160

Calédonie

07/05/1891

130

Calédonie

19/12/1891

84

Calédonie

25/07/1892

98

Calédonie

19/02/1893

111

Calédonie

29/09/1893

137

Calédonie

02/05/1894

123

Calédonie

17/12/1894

164

Calédonie

08/08/1895

122

Calédonie

07/04/1896

127

Calédonie

25/02/1897

168

 

Déportation (politiques) - 11 convois 180 hommes

Navires

Date arrivée

Nombres d'hommes

Loire 13

16/10/1874

34

Calvados 14

   

Navarin

24/01/1878

67

Navarin

30/10/1881

2

Loire

26/03/1882

6

Fontenoy

13/09/1882

4

Tage

15/02/1883

2

Navarin

28/06/1883

1

Loire

24/11/1883

1

El Kantara

05-05-1920

2

El Kantara

07-09-1921

2

 

Relégation (récidivistes) : 14 convois 164 hommes

Navires

Dates arrivée

Nombres d'hommes

Magellan

04/03/1888

6

Calédonien

04/01/1889

6

Magellan

05/08/1889

1

Ville de Saint-Nazaire

04/01/1891

10

Calédonie

07/05/1891

9

Calédonie

20/12/1891

12

Calédonie

25/07/1892

9

Calédonie

19/02/1893

21

Calédonie

29/09/1893

13

Calédonie

02/05/1894

14

Calédonie

17/12/1894

11

Calédonie

08/08/1895

11

Calédonie

07/04/1896

18

Calédonie

25/02/1897

23

 

La vie en Nouvelle-Calédonie

Il existe peu de documents sur les Algériens envoyés en Nouvelle-Calédonie, hormis les documents militaires et de l'administration pénitentiaire, et les témoignages des anciens communards déportés avec eux. Alors que les communards ont pu bénéficier d'une amnistie en 1880, les Algériens du Pacifique restent exilés à des milliers de kilomètres de leur terre malgré les campagnes de sensibilisation de l'opinion française auxquelles participent les communards de retour à Paris. Cette amnistie intervient le 1er février 1895, toutefois ils demeurent assignés à résidence. Ils ne sont autorisés à rentrer en Algérie qu'en 1904.

 

39698207

 

Deux types de peines différentes ont été appliquées aux Algériens, le séjour en enceinte fortifiée dans la presqu'île Ducos à Nouméa et la déportation simple à l'île des Pins (dans la 5e commune appelée « camp des arabes »), mesure touchant la plupart d'entre eux. Le Camp Brun a abrité les récidivistes ou « transportés » jugés dangereux. Y furent condamnés les insurgés de 1882 membres de la confrérie Rahmania (insurrection dite des Ouled Sidi Cheikh) 15.

Les Algériens participèrent à la colonisation et au défrichement des nouvelles terres ou au travail dans les mines de cobalt et d'étain, la construction des routes, et aussi dans l'agriculture et l'horticulture. Ils logent dans des baraquements et disposent d'une salle commune destinée aux prières. Les contacts entre Français et Algériens étaient interdits, de même qu'il fut interdit à ces derniers de donner des prénoms musulmans à leurs enfants.

Les déportés Algériens sont à l'origine de l'introduction du palmier dattier en Nouvelle-Calédonie, certains avaient emporté avec eux des noyaux qu'ils ont semés à leur arrivée 8.

 

Centre-culturel-Arabe-a-Nessadiou 

Centre culturel des Arabes de Nessadiou, à Bourail

Une fois libérés, les plus « méritants » des déportés et transportés se voient octroyer des concessions de terres de 4 à 5 hectares qu'ils pouvaient cultiver. Ils se regroupent dans les vallées fertiles de Boghen et de Nessadiou appelée aussi « vallée des arabes ». En 1895, on comptait à Bourail 41 cultivateurs algériens. Le premier Algérien à y bénéficier d'une concession fut Isa Khamenza. Miloud Ben Abdellah, originaire d'Aïn Tedeles et libéré le 9 juin 1877, bénéficia d'une concession à Nessadiou et fut le premier de tous les concessionnaires à avoir entrepris la culture du café.

En 1878, Ataï dirige une importante insurrection des Canaques qui luttent contre la spoliation de leurs terres. Avec une quarantaine d'Algériens commandés par Boumezrag El Mokrani16, ils participèrent à la répression. Deux cents Canaques sont tués. Caledoun est la transcription de la façon dont les anciens Arabes prononçaient Calédonie avec leur accent.

L'amnistie, les grâces et les évasions

Les lois d’amnistie du 3 mars 1879 (loi d'amnistie partielle) et du 11 juillet 1880, devaient concerner tous les déportés, dans les faits, elles ne furent appliquées qu'aux communards mais pas aux Algériens. Pourtant la loi de 1879 stipule : « L'amnistie est accordée à tous les condamnés pour faits relatifs aux insurrections de 1871 et à tous les condamnés pour crimes et délits relatifs à des faits politiques».

Après leur libération, des communards dont Louise MichelHenri Rochefort et Jean Allemane ont milité pour l'application des lois d'amnistie et la dénonciation des conditions de détention des déportés algériens. Ce n'est qu'en 1887 que l'amnistie est enfin reconnue et la résidence obligatoire levée 17. Toutefois Boumezrag El Mokrani, gracié « sur place » dès 1878 18, n'en bénéficie qu'en 1903 17,19.

Quelques Algériens seront graciés à titre individuel pour services rendus, comme ce fut le cas pour certains de ceux qui participèrent à la répression de la révolte des Canaques. Mais la décision du retour en Algérie dépendait de l'avis émis par le gouverneur d'Algérie.

Parmi les graciés à la suite de la révolte des Canaques, 18 s'évaderont. Certains furent capturés en Algérie puis renvoyés en Nouvelle-Calédonie dont Si Raham Ben Mohamed Ou El Hadj, Ali Ou Saïd et Amar Ben El Ouenoughi. Quant à Mohamed Ben Belkassem évadé lui aussi, il sera relaxé le 8 juillet 1888.

L'évasion la plus célèbre est celle de Aziz Ben cheikh Al Haddad en 1881 20. Il parvient à s'enfuir de l'île des Pins, de rejoindre à bord de petites embarcations la Nouvelle-Zélande, puis Sydney en Australie, et enfin le Hedjaz en Arabie saoudite.

Les descendants de déportés et de transportés

On estime à quelque 15 000 les descendants des déportés et des transportés qui continuent à vivre en Nouvelle-Calédonie 21. Parmi ceux-ci figurent les descendants de ces Algériens exilés à la « Nouvelle ». Ils utilisent le terme de « Vieux-Arabes » en parlant de leurs ancêtres. Près de 10 000 familles ont retrouvé leurs racines[C'est-à-dire ?][réf. nécessaire]. Beaucoup des descendants d'Arabo-berbères peinent à remonter jusqu'à leurs origines en raison de la pratique de l'administration coloniale consistant à altérer les noms des déportés et des transportés. Souvent, ceux-ci ne savaient ni lire ni écrire. Les noms et prénoms étaient donc inversés, c'était une orthographe aléatoire. Il existe trois associations regroupant des descendants de déportés : l'Association des Arabes et des amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie créée en 1969, l'Association des Descendants d'Algériens et des Maghrébins de Nouvelle-Calédonie (ADAM.NC) 22, l’Association des musulmans de Nouvelle-Calédonie créée en 1975 regroupe des descendants d'Arabo-berbères ainsi que des Indonésiens de Nouvelle-Calédonie venus sur l'île dans le cadre du travail engagé.

Le descendant le plus connu de cette diaspora est Jean-Pierre Aïfa prénommé aussi Taïeb, né le 31 octobre 1938 23, surnommé « le calife ». Il est un descendant de déportés originaires d'El Eulma. Il a été maire de Bourail de 1977 à 2001 puis de 2008 à 2014 ; il a également été président de l'Assemblée territoriale de Nouvelle-Calédonie à plusieurs reprises. Il a aussi été président de l'Association des Arabes et amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie. Il faut aussi citer Christophe Sand, chercheur spécialiste de l'archéologie calédonienne, et Mélica Ouennoughi, docteur en anthropologie historique. Témoignage de la présence algérienne en Nouvelle-Calédonie, le cimetière des Arabes de Nessadiou dans la commune de Nessadiou longtemps surnommée la « petite Afrique », au sud de Bourail.

Hommages

La chanson El Menfi (le banni) devenue célèbre et reprise en Algérie par entre autres Akli YahyatenRachid Taha (en solo dans son album Diwân) ainsi qu'en trio avec Cheb Khaled et Faudel (dans l'album 1,2,3 Soleil) a été composée par l'un d'eux, elle était chantée, accompagnée d'une flûte (Gasba) fabriquée avec du bois de sagaie 24.

Début 1986, le ministère des Affaires Religieuses d'Algérie, invite une douzaine de descendants Algériens en Algérie. En 2005, c'est le ministère des Moudjahidines (anciens combattants de la guerre de libération) qui organise une autre visite. D'autres suivront, la dernière en date a lieu en novembre 2011.

Notes et références

1.  Article du journal Témoignages du 31 décembre 2005 : « Le Code de l’indigénat dans l’Algérie coloniale » [archive]

  1.  « algerieancienne.com »

(Archive

 • Wikiwix

 • Archive.is

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 • Que faire ?), algerieancienne.com (consulté le 24 mars 2014)

  1.  Jacques Simon, Algérie : Le passé, L'Algérie française, La révolution (1954-1958), L'Harmattan, 2007 (ISBN 9782296168442lire en ligne [archive]

), p. 49-51).

  1.  « Ville de Nouméa | Nouvelle-Calédonie » [archive]

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  1. ↑ a et b « Mairie de Bourail - LISTES DES « ARABES » TRANSPORTÉS, DÉPORTÉS ET RELÉGUÉS EN NOUVELLE-CALÉDONIE (1864-1921) » [archive]

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  1.  « Mairie de Bourail - LISTES DES « ARABES » TRANSPORTÉS, DÉPORTÉS ET RELÉGUÉS EN NOUVELLE-CALÉDONIE (1864-1921) » [archive]

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  1. ↑ a et b « Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier ... - Mélica Ouennoughi - Google Livres » [archive]

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  1.  http://www.bordj.info/spip.php?article1467 [archive]
  2.  Les convois de déportés vers la Nouvelle-Calédonie [archive]

, Bernard guinard, Paru sur Bernard Guinard, Lu le 28 août 2014

  1.  (Vidal, 1882, Commandant : lettre du 28.03.1882. Service historique de la Marine auchâteau de Vincennes. In Chauvet, 54).
  2.  « la Sybille puis l'Alceste » [archive]

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  1.  « le Calvados » [archive]

, Bernard-guinard.com (consulté le 24 mars 2014)

  1.  La déportation vers la Nouvelle-Calédonie [archive]

, International institute of social history, Lu le 28 août 2014

  1.  Frère de Mohand Amokrane, et continuateur de sa lutte, il est pris en janvier 1872 et condamné à mort. Sa peine est commuée en déportation à vie en Nouvelle-Calédonie. D'après Jeannine Verdès-LerouxLes Français d'Algérie de 1830 à aujourd'hui, Arthème Fayard, 2001 (ISBN 2-7028-4685-8) (notice BnF no FRBNF37649283

), p.155

  1. ↑ a et b Michelle Zancarini-FournelLes luttes et les rêves : Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Paris, Éditions La Découverte, 2016, 995 p.(ISBN 9782355220883), chap. 9 (« Les communes, le peuple au pouvoir ? »), p. 378
  2.  Jeannine Verdès-Leroux, opus cité, p.155
  3.  « L'Expression - Le Quotidien - Boumezrag Mokrani et la révolte canaque de 1878 » [archive]

 

, Lexpressiondz.com, 28 juin 2012 (consulté le 24 mars 2014)

  1.  « Déportés algériens de Nouvelle-Calédonie : Aziz Ben Cheikh El Haddad, l’insoumis - L'écho de Jijel | Actualités du pays des Babors | Algérie | جيجل » [archive]

, Jijel-echo.com (consulté le 24 mars 2014)

  1.  Ces Algériens du bout du monde… [archive]

, Journal El-Watan, Publié le 12 juin 2014, Lu le 28 août 2014

  1.  « Mairie de Bourail - Associations » [archive]

, Mairie-bourail.nc (consulté le24 mars 2014)

  1.  [1] [archive]

 

  1.  « ElDjazairCom - La tragédie des Algériens déportés en Nouvelle Calédonie » [archive]

 

, Eldjazaircom.dz, 3 janvier 2014 (consulté le24 mars 2014)

Voir aussi[modifier le code]

Bibliographie[modifier le code]

  • Mélica Ouennoughi, Algériens et maghrébins en Nouvelle-Calédonie: anthropologie historique de la communauté arabo-berbère de 1864 à nos jours, Casbah éditions, 2008 (ISBN 9789961647608)
  • Mélica Ouennoughi, Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier dattier: (1864 à nos jours), Éditions L'Harmattan, 2006(ISBN 9782296420700)
  • Germaine Mailhe, Déportation en Nouvelle-Calédonie des communards et des révoltés de la Grande Kabylie (1872-1876), Editions L'Harmattan, 1995(ISBN 9782296294424)
  • Mehdi Lalloui, Kabyles du Pacifique, Au nom de la Mémoire, 1994 (ISBN 9782910780005)
  • Farida Haltali, « Une Communauté nord-africaine dans la colonie pénale de la Nouvelle-Calédonie (1867-1897) (maitrise d'anglais)) », Montpellier III,‎ 1987
  • Seddik Taouti, Les déportés algériens en nouvelle-calédonie.: L'Histoire d'une identité exilée, Alger, Dar El-oumma, 1997 (ISBN 9961670191)
  • Michel Collinet, « Les arabes en Nouvelle-Calédonie », Bulletin de la société d'études historiques de Nouvelle-Calédonie, no 36,‎ 1978, p. 01-34
  • Anonyme, « À propos des "Arabes" de Nouvelle-Calédonie », Bulletin de la société d'études historiques de Nouvelle-Calédonie, no 58,‎ 1984, p. 22-24
  • Jo Sohet, « Histoire des arabes en Nouvelle-Calédonie », Bulletin de la société d'études historiques de Nouvelle-Calédonie, no 87,‎ 1991, p. 11-16

Articles connexes[modifier le code]

Liens externes

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Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.

  • Liste des Arabes transportés, déportés et relégués en Nouvelle Calédonie de 1864 à 1921 (publication par la Mairie de Bourail d’un document de recherche de Louis-José Barbançon docteur en histoire), lire en ligne [archive]
  • Bourail, un parfum d’Algérie en Nouvelle Calédonie (par Dr. Mélica Ouennoughi) sur le site bordj.info [archive]
  • La tragédie des Algériens déportés en Nouvelle Calédonie (par Dr. Mélica Ouennoughi sur le site eldjazaircom.dz [archive]

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Commentaires
S
Douloureuse histoire de ces déportés.
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