Ci-dessous le point de vue des gendarmes, donné par L’Essor, le magazine de la gendarmerie, sur la manifestation violente du 16 mars dernier.
Un point très intéressant est qu’ils soient opposés au dispositif que les Gilets jaunes ont appelé « la nasse » et que les gendarmes nomment dispositif de l’encagement. Pris au piège de la nasse, les manifestants s’affolent, exactement comme un animal, pris au piège dans une cage, tourne en rond en cherchant une issue et devient agressif. Surtout s’ils sont gazés, chargés et tabassés. 90 % des blessés graves l’ont été dans ces nasses.
C’est l’une des raisons du limogeage des trois chefs de la Préfecture de police de Paris. Cela dit, ils ont servi de fusibles pour sauver le soldat Castaner. Et c’est bien parce que la Direction de la Gendarmerie nationale, qui, d’habitude, est plutôt discrète dans ses déclarations, ne veut pas payer les pots cassés par d’autres, qu’elle publie son point de vue dans l’Essor.
Il ne faut pas oublier le fait suivant : le samedi où l’Arc de Triomphe a été tagué et sa salle de souvenirs pillée, Castaner, son adjoint Nuñez et le préfet de Paris Delpuech étaient présents à proximité de la tombe du Soldat inconnu, ainsi qu’une équipe de BFMacron-TV. Autour de la tombe, des Gilets jaunes à genoux chantaient la Marseillaise. Arrive un groupe d’une trentaine « d’antifascistes » à l’uniforme noir revêtu d’un gilet jaune qui commencent à taguer et à forcer la porte d’entrée de l’Arc de Triomphe. Aussitôt les Gilets jaunes se relèvent et se mettent en carré autour de la Tombe pour la protéger. Nuñez intervient et dit au chef de l’équipe de BFM «Ne filmez pas ceux-là, filmez les autres», en montrant les Antifas déguisés en gilets jaunes en action.
Le plan politique était déjà d’utiliser les Antifas et autres Black Blocs pour salir la réputation des Gilets jaunes. Là sont les vrais responsables.
Ce qui suit est un résumé, vous trouverez le texte complet sur le lien ci-dessous et en annexe :
https://lessor.org/operationnel/apres-les-champs-elysees-les-gendarmes-accusent/
Le résumé
La Gendarmerie a été surprise par les ordres qui ont été donnés à Paris lors de la manifestation des gilets jaunes, le samedi 16 mars. Tout le monde est d’accord, aujourd’hui, que ce soient les politiques ou les forces de l’ordre, pour dire que la manifestation du 16 mars a tourné au fiasco pour les forces de l’ordre et le gouvernement.
Quelles en sont les raisons ?
La première est la présence de plus de 1.500 Black Blocs, Antifas et Réfractaires de gauche. Ceux-ci, en début d’après-midi, ont infiltré en force la manifestation et surtout la zone Élysées.
La deuxième est le dispositif employé et la tactique adoptée par la Préfecture de Police de Paris.
En début de semaine, au vu des renseignements collectés, les états-majors spécialisés élaborent un dispositif musclé.
Ils proposent de placer dans la capitale 34 escadrons de gendarmes mobiles (EGM), 12 compagnies républicaines de sécurité (CRS) et de constituer une force en réserve.
Dans le courant de la semaine, l’unité de coordination des forces mobiles (UCFM), qui dépend du préfet de police, donne l’ordre aux gendarmes de mettre au repos leurs neuf escadrons de réserve.
Tout faux ! Une centaine de commerces pillés, le Fouquet’s incendié…
Résultat : samedi 16, une centaine de commerces sont dégradés, incendiés ou pillés sur les Champs-Élysées, nécessitant l’envoi en urgence, vers la capitale, de 4 escadrons en mission dans le nord de la France qui furent utilisés tardivement.
Sur le plan tactique, il est décidé de sanctuariser le triangle Concorde-Élysée, comme chaque samedi. Pour cela, deux lignes de défense statique sont formées : l’une en protection de l’Arc de Triomphe, l’autre barrant la plus belle avenue du monde à hauteur du rond-point des Champs (milieu de l’avenue). Un groupe important de gilets jaunes auxquels se sont joint des participants à la Marche pour le climat et déjà les Black Blocs, se retrouve coincés sur l’avenue entre les deux barrages. Aucune issue de sortie n’étant possible, la tension monte, la foule s’agite ; immédiatement, elle essuie des tirs de grenades lacrymogènes lancés de part et d’autre.
Or, la doctrine du maintien de l’ordre en gendarmerie est très claire : elle prévoit toujours une porte de sortie pour les manifestants, ceux-ci n’étant pas des ennemis mais des citoyens exprimant leur mécontentement. À la place, on les piège, ce qui ne fait que créer des tensions supplémentaires aboutissant aux saccages de boutiques sur les transversales où les forces de sécurité étaient quasi inexistantes.
Comme le disait un colonel : « Cela fait des semaines que la préfecture de police nous impose son dispositif de l’encagement. On doit reculer pour éviter les drames car la violence des ultras est énorme. Un jour, on aura un mort d’un côté ou de l’autre. ».
Ne pouvant convenir de ses erreurs, le gouvernement en rajoute !
Suite à cet échec, le gouvernement, au lieu d’appliquer tout simplement la doctrine du maintien de l’ordre, introduit de nouvelles mesures comme le marquage, notamment par le canon à eau, qui n’est que de la poudre aux yeux.
Autre proposition plus grave : faire intervenir l’armée en statique pour dégager des effectifs de policiers ou de gendarmes et renforcer ainsi CRS et GM. Cette décision est extrêmement inquiétante car, en matière de maintien de l’ordre, les forces armées sont des forces de troisième catégorie qui ne peuvent agir qu’en cas d’émeutes armées ou de guerre civile. Imaginez ce qui se passerait si un ou deux militaires de Sentinelle se trouvaient isolés face à un groupe violent de Black Blocs voulant « cramer du flic » ? Soit ils tirent, et c’est le bain de sang assuré, soit ils sont agressés et se font tabasser et voler leurs armes, échouant à remplir leur mission. D’ailleurs, l’état-major, qui n’a pas été consulté, se dit très réticent.
L’Imprécateur
25 mars 2019
Annexe :
Après les Champs-Elysées, des gendarmes accusent
Décisions préparatoires surprenantes, choix tactiques erronés : aux ordres de la Préfecture de police de Paris, les spécialistes du maintien de l’ordre refusent d’être les boucs émissaires du fiasco face aux Gilets jaunes.
Lire aussi sur L’Essor : Graves incidents samedi à Paris : les gendarmes réagissent et proposent !
Au lendemain du bilan calamiteux (une centaine de commerces dégradés, incendiés ou pillés) sur les Champs-Elysées, lors de la manifestation des Gilets jaunes à Paris, le samedi 16 mars, les professionnels du maintien de l’ordre sont remontés. « On va encore incriminer la doctrine du maintien de l’ordre, on va à nouveau nous demander en urgence des mesures pour alimenter un nouveau plan. Or on sait tous quelles sont les raisons fondamentales de l’échec de samedi », lâche un haut responsable.
Un constat assumé dès lundi matin par Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur. Reconnaissant un “échec” et évoquant des “dysfonctionnements” dans la “chaîne de commandement” et le “positionnement des forces”, il a pointé du doigt la Préfecture de police (PP) de Paris. Quelques heures plus tard, son patron, le préfet Michel Delpuech était limogé. Un départ suivi de celui de deux autres responsables de la PP. Trois fusibles ont donc sauté. Cela suffira-t-il à modifier la donne ?
La manifestation des Gilets jaunes du 16 mars a tourné au fiasco pour le maintien de l’ordre. En raison, certes, de la présence des 1.500 black blocs et autres ultras de gauche anti-systèmes, mais pas seulement. « Dispositif inadapté », « pilotage inapproprié », accusent les gendarmes spécialistes du maintien de l’ordre.
Les problèmes surgissent dès la phase préparatoire. En début de semaine, au vu des renseignements collectés et du ton des Gilets jaunes, les états-majors spécialisés élaborent un dispositif musclé. Ils proposent de placer dans la capitale 34 escadrons de gendarmes mobiles (EGM), 12 compagnies républicaines de sécurité (CRS) et de constituer une force en réserve.
Lire aussi sur L’Essor : Violences sur les Champs Elysées : deux nouvelles têtes tombent à la préfecture de police
Dans le courant de la semaine, l’Unité de coordination des forces mobiles (UCFM) donne l’ordre aux gendarmes de mettre au repos leurs 9 escadrons mis en réserve. Résultat, samedi, ils doivent rapatrier en urgence vers la capitale 4 escadrons en mission dans le nord de la France pour faire face au regain de violence.
Dans la « zone rouge », il est décidé de sanctuariser le triangle Concorde-Elysée comme chaque samedi. De plus, deux lignes de défense statique sont formées : l’une en protection de l’Arc de Triomphe, en haut des Champs-Elysées, l’autre barrant la plus belle avenue du monde à hauteur du rond-point, au milieu de l’avenue.
Le jour J, un groupe de Gilets jaunes, auxquels se mêlent des participants à la Marche pour le climat égarés, se retrouvent coincés entre les deux. Sans issue de sortie possible, la tension monte vite. Ils essuient les tirs de grenades lacrymogènes lancées de part et d’autre. “A l’inverse de la doctrine de maintien de l’ordre en Gendarmerie qui prévoit toujours une porte de sortie pour les manifestants, on les a encagés », déplore un officier présent dans le dispositif. « Au bout d’un moment, ils s’en sont pris aux boutiques sur les côtés, où les forces de sécurité étaient quasi inexistantes, ce qui n’est pas étonnant au regard du volume global mobilisé et de l’importance donnée aux points statiques”.
Un officier supérieur ajoute : “Cela fait des semaines que la Direction de l’ordre public et de la sécurité de la préfecture de Police nous impose son dispositif de l’encagement. On doit reculer pour éviter les drames car la violence des ultras est énorme. Un jour, ça se terminera mal, on aura un mort d’un côté ou de l’autre”.
Les gendarmes s’interrogent, enfin, sur la présence massive des casseurs et activistes avec leurs équipements dans la manifestation. Cette fois, le renseignement aurait bien détecté l’ampleur de la menace, et alerté les autorités sans détour. Pourtant, contrairement aux manifestations de la fin de l’année, aucun dispositif ne semble avoir été prévu, ni consigne donnée, pour intercepter et fouiller les individus suspects en amont de la zone rouge. Cela pourrait être l’une des conséquences du tempo anormalement lent, ce samedi matin, avec lequel se serait effectuée la mise en place des unités de police parisienne réquisitionnées en complément des spécialistes du maintien de l’ordre déployés sur les points de défense majeurs, « comme si leurs autorités n’avaient pas vraiment perçu la menace à son juste niveau », suggère un observateur bien placé…
Mériadec Raffray
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REPORTERS SANS FRONTIERES RSF
11 mars 2019 - Mis à jour le 12 mars 2019
Adoptée en 1ere lecture au Sénat en octobre 2018, puis à l’Assemblée en février 2019, la proposition de loi “anticasseurs” va être examinée en 2e lecture par les Sénateurs mardi 12 mars.
L’article 4 de ce texte interdit la dissimulation de “tout ou partie” du visage, “au sein ou aux abords immédiats d’une manifestation sur la voie publique, au cours ou à l’issue de laquelle des troubles à l’ordre public sont commis ou risquent d’être commis”. Cette interdiction est sanctionnée d’une peine d'un an de prison et d’une lourde amende. Une personne poursuivie sur le fondement de cet article ne peut s’exonérer qu’en justifiant d’un “motif légitime” de dissimuler son visage - ce qu'elle ne pourra faire qu'a posteriori, après avoir été interpellée.
Pour RSF, cette interdiction de dissimuler son visage lors d’une manifestation pourrait attenter à la liberté de la presse : les violences souvent ciblées auxquelles sont exposés les journalistes dans les manifestations, de la part de manifestants comme de membres des forces de l’ordre, les gaz, les jets de projectiles de toutes sortes, de toutes les directions, contraignent les journalistes à se couvrir le visage afin de se protéger et être en capacité d’exercer leur activité.
RSF souligne l’éventuelle inconstitutionnalité de cette disposition. Cette difficulté a également été exprimée par la rapporteur de la proposition de loi elle-même, Catherine Troendlé, Sénatrice du Haut-Rhin (LR), qui n’a pas caché avoir « un doute » sur la constitutionnalité du texte ; le président de la République a d’ailleurs annoncé le 11 mars 2019 vouloir présenter un recours constitutionnel contre ce projet.
“Préserver la liberté d’informer dans le cadre de manifestations est fondamental. Ces événements sont par nature d’intérêt crucial pour le public ; il revient aux journalistes de les couvrir librement afin d’informer sur leur déroulement, le comportement des manifestants comme celui des forces de l’ordre, affirme Paul Coppin, Responsable juridique de Reporters sans frontières. Nous demandons donc solennellement aux Sénateurs de garantir aux journalistes la possibilité, sans risque pour leur sécurité physique et sans risquer l’interpellation, d’exercer leur activité dans le contexte de manifestations.”
Pour RSF, il est essentiel que l’article 4 de la proposition de loi soit assorti d’un dispositif de sauvegarde. Un cadre clair doit être fixé, permettant de garantir que des journalistes qui ne font que couvrir une manifestation, dans l’exercice normal de leur activité - et ce qu’ils soient professionnels ou non - ne puissent être interpellés et empêchés de faire leur travail au seul motif qu’ils se sont couverts le visage afin de se protéger.
La France est située 33e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par Reporters sans frontières.
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18 janvier 2019
A la veille de l’Acte X des “Gilets jaunes”, plusieurs sociétés de journalistes (SDJ) et de SIGNEZ LA PÉTITION ICIrédacteurs (SDR), de syndicats, d’organisations et d’associations professionnelles de journalistes, dont Reporters sans frontières (RSF), lancent le hashtag #Libresdinformer et une pétition pour appeler à mettre un terme aux violences commises contre les journalistes et rappeler que le droit d’informer est un droit fondamental au même titre que celui de manifester.
Plus de 65 incidents graves ont été répertoriés par RSF depuis le début des manifestations des “Gilets jaunes” sur le terrain, violences policières comprises. Insultés, menacés, agressés, voire blessés par des manifestants ou par les balles de défense (LBD) de la police, des journalistes - reporters d'images, rédacteurs, vidéastes, photojournalistes... se retrouvent ces dernières semaines confrontés à un niveau de violence inédit en France. Si des journalistes sont physiquement entravés dans l’exercice de leurs fonctions, des journaux ont aussi été empêchés de paraître. Et sur les réseaux sociaux, le media bashing bat son plein.
La France est située à la 33e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2018.
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