Paris, acte XX : un chef CRS m’a piqué mes lunettes, et a pris mon identité

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Publié le 1 avril 2019 - par

Décomplexée par le pouvoir, une police peut tout… même le pire. Avec les Gilets jaunes, elle l’a démontré maintes fois.  Ce samedi 30 mars 2019 à Paris, lors de l’acte XX des Gilets jaunes, la police dite républicaine s’est donc encore distinguée, ayant toujours à l’esprit que le Mal du moment est exclusivement jaune.

En voici un exemple significatif : parti de la gare de l’Est pour rejoindre le Châtelet, où un second rassemblement avait été déclaré, j’y ai retrouvé une jeune secouriste de ma connaissance. Nous sommes ensuite retournés à la gare susnommée. Près de la tour Saint-Jacques, arrêtés une première fois par des gendarmes, nous avons proposé de décliner nos identités et coordonnées en leur expliquant qu’il nous fallait conserver nos masques et lunettes pour nous protéger : mon amie pour porter assistance aux éventuels blessés et moi afin de photographier et filmer au plus près des événements.

Constatant que nous ne représentions pas un danger majeur pour la sécurité de l’État, ces derniers ont abandonné la consigne préfectorale de confisquer les protections des manifestants, jusqu’au sérum physiologique… ! Il semblerait que le nouveau préfet, Didier Lallement – « Un homme à poigne, au caractère bien trempé et aux méthodes musclées », selon France Bleu –, ait horreur du jaune. On attend avec fébrilité les futurs ordres qu’il pourrait donner à sa troupe. Restant à savoir si son autoritarisme ne provoquera pas des morts.

Plus haut, sur le boulevard de Strasbourg, nous avons été contrôlés une seconde fois ; cette fois-ci par des CRS obéissant scrupuleusement aux ordres comme de bons petits soldats en Marche. Ils nous ont donc confisqué les objets du délit, offrant pour tout argument que cela incitait les manifestants à devenir agressifs ! Nous avons protesté et c’est là qu’est entré en scène un jeune gradé plein de morgue qui, lorsque je lui ai dit qu’il existait des lois dans ce pays garantissant encore la liberté des citoyens, m’a rétorqué : « J’ai un master de droit ; alors vous parlerez quand vous aurez fait des études. » J’ai fait des études, de Lettres modernes, ce que je ne me suis pas privé de lui répondre. « C’est des facs pour les branleurs, ça », a-t-il ajouté, avec un air aussi spirituel que Cyril Hanouna en grande forme !
Je lui ai signifié qu’il n’avait pas à m’insulter. Il a aussitôt, d’un air encore plus « intelligent », nié l’avoir fait, relevant ensuite mon identité, devant la gêne manifeste de deux autres CRS face à cette situation. Si ça se trouve, je serai convoqué pour outrage car, désormais, quand un flic vous insulte, voire vous cogne, il faut être poli et dire « merci » !

Ceci se déroulait à Paris, capitale de la littérature et dont les cimetières abritent les tombes d’illustres « branleurs », tels Baudelaire, Proust, Stendhal, Oscar Wilde, etc. Sans parler du Panthéon, autre réservoir de « branleurs » avec notamment Hugo, Dumas père, Zola, etc. La « clairvoyance intellectuelle » de ce personnage et son agressivité manifeste m’ont finalement convaincu d’abandonner la partie. D’ailleurs, solidarité Gilets jaunes oblige, on m’a ultérieurement donné d’autres lunettes et un masque.

Le meilleur pour la fin : tandis que j’étais serré, à quelques dizaines de mètres de moi des dealers commerçaient gentiment avec leur clientèle… Elle est pas belle la vie ? Au fait, les militaires de l’opération Sentinelle ne devaient pas déambuler dans les rues pendant les manifestations, nous avait-on affirmé. Dommage, on est quelques-uns à les avoir aperçus sur les Grands Boulevards ; sans doute pour faire des courses, ce qui n’est pas très pratique quand on a les mains encombrées par un fusil d’assaut !

Plus tard, pendant que le DAL – Droit au logement – et autres formations d’extrême gauche battaient le pavé – non sans la présence de moins en moins dissimulée des patriotes –, les forces de répression, au niveau du quai François-Mitterrand, ont vainement tenté d’empêcher la jonction de deux cortèges. À cet instant, je vous avoue que j’ai craint le pire, car les Gilets jaunes, excédés, ont violemment forcé le barrage. La jonction s’est finalement effectuée et le cortège est reparti, en plus grand.

https://www.youtube.com/watch?v=CiMVcVfKfCQ

Répression, le mot est-il un peu fort ? Jadis, on aurait même pu dire qu’il était outrancier, mais depuis le temps que je couvre les manifestations des Gilets jaunes à Paris – entre injures, menaces, blessures et mutilations policières, alors que l’ultra-gauche et certains agneaux de cités sont laissés libres comme l’air –, je m’autorise à parler de répression.

Des centaines de photos et vidéos prouvent d’ailleurs la violence disproportionnée et sélective de la police, et de la gendarmerie dans une moindre mesure, celle-ci ayant encore le sens de l’honneur. À ce propos, j’ai photographié un gendarme à la retraite et en gilet jaune, ce samedi.

Ainsi que je l’ai imprimé sur une pancarte ayant circulé dans la manifestation, les Gilets jaunes doivent se mettre dans la tête que : « La vérité du pouvoir sort toujours de la bouche du Flash-Ball »… ! Macron peut bien aller parader au plateau des Glières, en faisant des allusions bien lourdes à l’extrême droite, histoire d’exciter les électeurs à voter contre la « bête pas belle » aux Européennes, sa haine de la France charnelle transpire par tous les pores de sa peau tannée à l’ultralibéralisme apatride. Et cette haine s’exprime dans les ordres donnés à la police pour assassiner un mouvement populaire.

Que dire maintenant de ce tracé imposé, où l’on passait allègrement dans des petites rues qui devenaient, du fait de notre nombre, un véritable goulot d’étranglement. Je n’ose imaginer ce qu’il se serait produit dans le cas d’un mouvement de panique.

En fait, pour être tranquille dans une manifestation des Gilets jaunes, il faut soit porter un uniforme, soit appartenir à un média du sérail macronien ! Ces journalistes adoubés par le pouvoir et protégés par une sécurité hargneuse, il faut les voir humer l’odeur du dérapage possible, qui sera ensuite relayé chez tous leurs confrères dans une eucharistie médiatique mensongère.

Puisque « un seul mensonge fait plus de bruit que cent vérités » (Georges Bernanos), on peut ajouter l’arme médiatique contre les Gilets jaunes parmi l’arsenal déjà lourd à disposition du pouvoir. Preuve, s’il en fallait encore une, qu’ils sont autant de grains de sable obstruant la machine mondialiste dont la France est devenue – par la volonté de quelques proxénètes élus – une prostituée de choix !

Cependant, le cortège de samedi l’a encore démontré avec ses drapeaux régionaux et bleu-blanc-rouge, la France recèle une identité toujours forte et ce, malgré la propagande étatique visant à nous faire gober le contraire.
Actuellement, les meilleurs serviteurs de cette identité ce sont précisément les Gilets jaunes, qui arpentent vaillamment le bitume ou tiennent les ronds-points face à ceux qui veulent transformer notre Nation en start-up.
Il fallait les voir couler le long des jardins du Trocadéro, ces hommes et femmes venus de toutes les régions, réclamant de vivre décemment et libres de leurs traditions chez eux. Ce qui me fait dire que l’ultra-gauche, laquelle abhorre les identités, n’a pas encore gagné la partie : tant que flotteront les oriflammes bretonnes, corses et basques, et pas exclusivement ce funeste étendard noir de l’anarchie, alors le mouvement vivra de toute son âme.

Parlons de l’épilogue au Trocadéro… La révolte était bien molle, mais les forces de police n’ont pas hésité à tirer, avec, une fois de plus, une surenchère au lieu de calmer le jeu. On a même eu droit aux drones. Petite nouveauté : un encerclement brutal – la matraque ayant « judicieusement » remplacé le verbe, ce truc de « branleur » si vous avez suivi ! – destiné à pousser la foule dans les bouches de métro. Ensuite, ça vient chouiner sur les plateaux de télévision pour se plaindre des Gilets jaunes pas gentils ! On peut en effet comprendre, dans ces conditions, que les uns et les autres aient des envies peu louables à l’égard d’une police qui ne remplit plus son rôle mais sert des intérêts malhonnêtes.


Je persiste toutefois en saluant les policiers vertueux – il y en a – qui protègent le faible, cette proie des prédateurs de toutes sortes. Ils sont, hélas, quasi-inexistants dans la mission de (faux) maintien de l’ordre pendant les manifestations parisiennes des Gilets jaunes. Il est vrai que le petit monde de leurs maîtres en train de s’effriter à cause d’une bande de gueux, c’est des coups à tirer dans le tas !

Charles Demassieux

(Photos et vidéo : Charles Demassieux pour Riposte laïque)

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