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27 mai 2020

L'épidémie due au coronovirus covid-19 est-elle définitivement finie en FRANCE et en EUROPE ?

Pourquoi l'épidémie ne repart pas en France ? 

Source : Michaël Bloch

Il y a 14 heures

Malgré le déconfinement, le nombre de cas de Covid-19 n'est pas reparti à la hausse en France. Un chiffre rassurant. Mais, comment peut-on l'expliquer?

deconfinement du covid-19

Poto © Sipa

Malgré le déconfinement, le nombre de cas de Covid-19 n'est pas reparti à la hausse en France. Un chiffre rassurant. Mais, comment peut-on l'expliquer?

Pour le moment, la seconde vague n'a pas eu lieu. Plus de deux semaines après le déconfinement, l'épidémie reste maitrisée en France. Le nombre de cas n'est pas reparti à la hausse (+358 lundi, contre 1.660 il y a un mois). Le taux de contagiosité (R0) est, lui, mesuré à 0,6, selon la modélisation de l'université de Genève, contre 3 avant le début du confinement. Ces bons résultats interrogent. Comment expliquer que l'épidémie ne repart pas alors que les contacts entre individus se multiplient, parfois sans distanciation physique, depuis le 11 mai? Le virus a-t-il disparu? Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ces chiffres rassurants. Le JDD fait le point.

Et si on avait déjà atteint l'immunité collective?

 

Combien de personnes doivent être infectées pour atteindre une immunité collective en France? Au coeur de la crise sanitaire, l'hypothèse privilégiée était qu'entre 50% et 60% de la population devait être infectée pour atteindre ce seuil indispensable pour venir à bout du virus. Or, selon une étude de l'institut Pasteur, seulement 4,4% de la population a été en contact avec le virus. Bien loin donc des chiffres permettant d'envisager cette immunité collective.

Plusieurs scientifiques, encore minoritaires, expliquent toutefois qu'il est faux de considérer que l'intégralité de la population est une cible. "Une partie non négligeable de la population pourrait ne pas être sensible au coronavirus, parce que des anticorps non-spécifiques de ce virus peuvent l'arrêter", estime ainsi l'épidémiologiste Laurent Toubiana, interrogé par l'AFP. 

Cette hypothèse a été soulevée par des chercheurs américains dans la revue spécialisée Cell : selon eux, 40 à 60% de la population pourrait être immunisée contre le Covid-19 sans même y avoir été exposée. Ces individus pourraient avoir acquis cette protection en étant exposés par le passé à d'autres coronavirus qui causent des rhumes (c'est ce qu'on appelle une "immunité croisée").

On ne sait pas exactement quand la maladie a commencé à circuler en France. Certains chercheurs estiment que le Covid aurait pu être présent sur le territoire à bas bruit dès l'automne, sans être repéré. "L’épidémie a été fulgurante, mais elle a déjà touché tous ceux qu’elle pouvait toucher. Elle ne repassera pas", postule Laurent Toubiana, interrogé par le JDD. "Ce virus n’est pas un marathonien, c’est un sprinter : il s’épuise très vite, et c’est peut-être notre chance", analyse dans La Charente Libre Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes). Cette hypothèse s'appuie sur le fait qu'aucun pays n'a pour l'instant connu une réelle seconde vague. Des cas sporadiques ont pu être repérés dans des clusters (abattoirs en Allemagne, boîtes de nuit en Corée du Sud) mais l'épidémie n'est véritablement repartie nulle part dans le monde.

Un virus qui pourrait perdre de l'intensité après l'hiver

Le Covid-19 a-t-il perdu de l'intensité à l'approche de l'été? Une étude publiée dans la revue Science le 22 mai va dans ce sens. "Les résultats suggèrent que ce virus est en mesure de causer des épidémies à tout moment de l’année en l’absence de mesures de distanciation sociale ou d’une immunité durable, mais que l’automne et l’hiver sont des saisons plus propices à une recrudescence importante du nombre de cas", résume l'Inserm dans une note sur son site.

Une autre étude parue début avril dans The Journal of Infectious Diseases s’est intéressée à quatre des sept types de coronavirus connus pour infecter l’humain et responsables de pathologies respiratoires peu sévères. Comme le rapporte l'Inserm, "Les auteurs ont recensé 993 infections par ces virus aux Etats-Unis, entre 2010 et 2018. Toutes ces infections ont été observées entre les mois de décembre et mai, avec un pic aux mois de janvier et février."

Concernant le Covid-19, il faut rappeler que le virus s'est propagé partout, y compris dans les pays au climat chaud et humide. Mais la baisse de l'intensité du virus pourrait aussi être liée à des facteurs environnementaux. En hiver, les individus ont davantage tendance à se regrouper dans des lieux confinés et exigus. En été, les individus aèrent davantage leur appartement et sont davantage dehors. Or, le virus semble bien plus virulent dans les lieux clos (voir plus bas).

Un virus qui s'épanouit dans des lieux clos

Connaissez-vous le facteur k? Cet indicateur permet de mesurer le facteur de dispersion du virus. Selon une étude publiée début avril, il pourrait être de 0,1%. Cela signifie que 10% des personnes contaminées pourraient être responsables de 80% des contaminations. Selon une étude israélienne, 1 à 5% des personnes contaminées pourraient être responsables de 80% des contaminations. Tandis qu'une étude hongkongaise estime que 20% des personnes contaminées pourraient être responsables de 80% des contaminations. Toutes arrivent cependant à la même conclusion, le Covid-19 se transmet principalement par l'intermédiaire de "super-spreaders" (des "super contaminateurs").

Beaucoup d'individus positifs au Covid-19 pourraient ne contaminer personne, tandis que d'autres pourraient en contaminer 10, 20 ou 30. Comment l'expliquer? Ces contaminations à une large échelle se déroulent souvent à l'occasion d'un événement précis (un rassemblement évangélique en France, un match de foot en Italie, un carnaval en Allemagne, un rassemblement d'une congrégation musulmane en Inde, une tournée des boîtes de nuit en Corée du Sud).

Ces événements super-propagateurs sont particulièrement dangereux dans les lieux clos. Une étude chinoise publiée début avril sur 318 clusters a montré que 317 d'entre-eux s'étaient produits dans des lieux fermés. Ce qui tend à démontrer que les environnements extérieurs sont bien moins dangereux. Or, depuis le 11 mai, les rassemblements restent limités à 10 personnes dans les lieux publics, de nombreux lieux clos sont toujours fermés (cinémas, théâtres, restaurants, bars). La capacité de tests du pays a aussi été accrue, ce qui a pu permettre de mieux identifier les potentiels clusters. Les gestes barrières semblent mieux assimilés. Tous ces facteurs peuvent expliquer que l'épidémie reste pour le moment maitrisée.

Michaël Bloch

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