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13 mars 2022

La situation militaire en Ukraine

La situation militaire en Ukraine 
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par Jacques Braud.

Partie 1 : En route vers la guerre

Pendant des années, du Mali à l’Afghanistan, j’ai travaillé pour la paix et ai risqué ma vie pour elle. Il ne s’agit donc pas de justifier la guerre, mais de comprendre ce qui nous y a conduit. Je constate que les « experts » qui se relaient sur les plateaux de télévision analysent la situation à partir d’informations douteuses, le plus souvent des hypothèses érigées en faits, et dès lors on ne parvient plus à comprendre ce qui se passe. C’est comme ça que l’on crée des paniques.

Essayons d’examiner les racines du conflit. Cela commence par ceux qui durant les 8 dernières années nous parlaient de « séparatistes » ou des « indépendantistes » du Donbass. C’est faux. Les référendums menés par les deux républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk en mai 2014, n’étaient pas des référendums d’« indépendance » (независимость), comme l’ont affirmé certains journalistes peu scrupuleux, mais de référendums d’« auto-détermination » ou d’« autonomie » (самостоятельность). Le qualificatif « pro-russes » suggère que la Russie était une partie du conflit, ce qui n’était pas le cas, et le terme « russophones » aurait été plus honnête. D’ailleurs, ces référendums ont été conduits contre l’avis de Vladimir Poutine.

En fait, ces Républiques ne cherchaient pas à se séparer de l’Ukraine, mais à avoir un statut d’autonomie, leur garantissant l’usage de la langue russe comme langue officielle. Car le premier acte législatif du nouveau gouvernement issu du renversement du président Ianoukovitch, a été l’abolition, le 23 février 2014, de la loi Kivalov-Kolesnichenko de 2012, qui faisait du russe une langue officielle. Un peu comme si des putschistes décidaient que le français et l’italien ne seraient désormais plus des langues officielles en Suisse.

Cette décision provoque une tempête dans la population russophone. Il en résulte une répression féroce contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Lougansk et Donetsk) qui s’exerce dès février 2014 et conduit à une militarisation de la situation et à quelques massacres (à Odessa et à Marioupol, pour les plus importants). À la fin de l’été 2014, ne restent que les Républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk.

À ce stade, trop rigides et engoncés dans une approche doctrinaire de l’art opératif, les états-majors ukrainiens, subissent l’ennemi sans parvenir à s’imposer. L’examen du déroulement des combats en 2014-2016 dans le Donbass montre que l’état-major ukrainien a systématiquement et mécaniquement appliqué les mêmes schémas opératifs. Or, la guerre menée par les autonomistes est alors très proche de ce que l’on observe dans le Sahel : des opérations très mobiles menées avec des moyens légers. Avec une approche plus flexible et moins doctrinaire, les rebelles ont su exploiter l’inertie des forces ukrainienne pour les « piéger » de manière répétée.

En 2014, je suis à l’OTAN, responsable de la lutte contre la prolifération des armes légères, et nous tentons de détecter des livraisons d’armes russes aux rebelles et de voir si elle est impliquée. Les informations que nous recevons viennent alors pratiquement toutes des services de renseignement polonais et ne « collent pas » avec les information en provenance de l’OSCE : en dépit d’allégations assez grossières, on n’observe aucune livraison d’armes et de matériels militaire de Russie. Les rebelles sont alimentés par les unités ukrainiennes russophones, qui passent du côté rebelle.

Au fur et à mesure des échecs ukrainiens, des bataillons de chars, d’artillerie ou anti-aériens passent au complet, avec armes et bagages, du côté des autonomistes. C’est ce qui pousse les Ukrainiens à s’engager dans les Accords de Minsk.

Mais, juste après avoir signé les Accords de Minsk 1, le président ukrainien Petro Porochenko lance une vaste opération antiterroriste (ATO) (Антитерористична операція) contre le Donbass. Bis repetita placent : mal conseillés par des officiers de l’OTAN, les Ukrainiens subissent une cuisante défaite à Debaltsevo qui les oblige à s’engager dans les Accords de Minsk 2…

Il est essentiel de rappeler ici que les Accords de Minsk 1 (septembre 2014) et Minsk 2 (février 2015), ne prévoyaient ni la séparation, ni l’indépendance des Républiques, mais leur autonomie dans le cadre de l’Ukraine. Ceux qui ont lu les Accords (ils sont très, très, très peu nombreux) constateront qu’il est écrit en toutes lettres que le statut des républiques devait être négocié entre Kiev et les représentants des républiques, pour une solution interne à l’Ukraine.

C’est pourquoi depuis 2014, la Russie a systématiquement demandé leur application tout en refusant d’être une partie aux négociations, car il s’agissait d’une affaire intérieure à l’Ukraine. De l’autre côté, les Occidentaux – France en tête – ont systématiquement tenté de substituer les Accords de Minsk par le « format Normandie », qui mettait face à face Russes et Ukrainiens. Or, rappelons-le, il n’y a jamais eu de troupes russes dans le Donbass avant le 23-24 février 2022. D’ailleurs, les observateurs de l’OSCE n’ont jamais observé la moindre trace d’unités russes opérant dans le Donbass. Ainsi, la carte des services de renseignements américains publiée par le Washington Post le 3 décembre 2021 ne montre pas de troupes russes dans le Donbass.

En octobre 2015, Vasyl Hrytsak, directeur du Service de sécurité ukrainien (SBU), confessait que l’on avait seulement observé 56 combattants russes dans le Donbass. C’était le même phénomène que les Suisses qui allaient combattre en Bosnie dans les années 1990, et en Ukraine aujourd’hui.

À ce stade, l’armée ukrainienne est dans un état déplorable. En octobre 2018, après 4 ans de guerre, le procureur militaire ukrainien en chef Anatoly Matios déclarait que l’Ukraine avait perdu 2700 hommes hors-combat au Donbass : 891 cas de maladies, 318 d’accidents de la route, 177 d’autres accidents, 175 d’empoisonnements (alcool, drogue), 172 de manipulations d’armes imprudentes, 101 d’infractions aux règles de sécurité, 228 de meurtres et 615 de suicides.

En fait, l’armée est minée par la corruption de ses cadres et ne jouit plus du soutien de la population.

Selon un rapport du ministère de l’Intérieur britannique, lors du rappel des réservistes de mars-avril 2014, 70% ne se sont pas présentés à la première session, 80% à la deuxième, 90% à la troisième et 95% à la quatrième. En octobre-novembre 2017, 70% des appelés ne se sont pas présentés lors de la campagne de rappel « Automne 2017 ». Ceci sans compter les suicides et les désertions (souvent au profit des autonomistes), qui atteignent jusqu’à 30% des effectifs dans la zone de l’ATO. Les jeunes ukrainiens refusent d’aller combattre dans le Donbass et préfèrent l’émigration, ce qui explique aussi, partiellement au moins, le déficit démographique du pays.

Le ministère de la Défense ukrainien s’adresse alors à l’OTAN pour l’aider à rendre ses forces armées plus « attractives ». Ayant déjà travaillé à des projets similaires dans le cadre des Nations unies, j’ai été sollicité par l’OTAN pour participer à un programme destiné à restaurer l’image des forces armées ukrainiennes. Mais c’est un processus de longue haleine et les Ukrainiens veulent aller vite.

Pour compenser l’émigration des jeunes vers l’Europe, le gouvernement ukrainien recourt alors à des milices paramilitaires. Elles sont essentiellement composées de mercenaires étrangers, souvent militants d’extrême-droite. En 2020, elles constituent environ 40% des forces ukrainiennes et comptent sont fortes de 102 000 hommes. Elles sont armées, financées et formées par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la France. On y trouve plus de 19 nationalités – dont des Suisses.

Les pays occidentaux ont donc clairement créé et soutenu des milices d’extrême droite ukrainiennes. En octobre 2021, le Jerusalem Post sonnait l’alarme en dénonçant le projet Centuria. Ces milices opèrent dans le Donbass depuis 2014, avec le soutien des Occidentaux. Même si on peut discuter le terme « nazi », il n’en demeure pas moins que ces milices sont violentes, véhiculent une idéologie nauséabonde et sont virulemment antisémites. Leur antisémitisme est plus culturel que politique, c’est pourquoi je n’aime pas beaucoup le qualificatif « nazi ». Leur haine du juif vient des grandes famines des années 1920-1930 en Ukraine, consécutive à la confiscation des récoltes par Staline afin d’augmenter les exportations et ainsi financer la modernisation de l’Armée rouge. Or, ce génocide – connu en Ukraine sous le nom d’Holodomor – a été perpétré par le NKVD (ancêtre du KGB) dont les échelons de conduite étaient principalement composés de juifs. C’est pourquoi, les extrémistes ukrainiens demandent à Israël de s’excuser pour les crimes du communisme, comme le relève le Jerusalem Post.

Ces milices, issues des groupes d’extrême-droite qui ont animé la révolution de l’Euromaïdan en 2014, sont composées d’individus fanatisés et brutaux. La plus connue d’entre elles est le régiment Azov, dont l’emblème rappelle celui de la 2e Panzerdivision SS « Das Reich », qui fait l’objet d’une véritable vénération en Ukraine, pour avoir libéré Kharkov des Soviétiques en 1943.

Parmi les figures célèbres du régiment Azov, on trouvait l’opposant Roman Protassevitch, arrêté en 2021 par les autorités bélarusses à la suite de l’affaire du vol RyanAir FR4978. Le 23 mai 2021, on évoque le détournement délibéré d’un avion de ligne avec un MiG-29 (avec l’accord de Poutine, bien évidemment), pour arrêter Protassevitch, bien que les informations alors disponibles n’indiquent absolument pas ce scénario. Mais il faut alors montrer que le président Loukachenko est un voyou et Protassevitch un « journaliste » épris de démocratie. Pourtant, il avait fait l’objet d’une enquête assez édifiante par une ONG américaine en 2020, qui mettait en évidence ses activités militantes d’extrême-droite. Le complotisme occidental se met alors en marche et des médias peu scrupuleux « toilettent » sa biographie.

Finalement, en janvier 2022, le rapport de OACI est publié et montre que malgré quelques erreurs de procédure, le Bélarus a agi conformément aux règles en vigueur et que le MiG-29 a décollé 15 minutes après que le pilote de RyanAir a décidé d’aller atterrir à Minsk. Donc pas de complot bélarus et encore moins avec Poutine. Ah !… Encore un détail : Protassevitch, cruellement torturé par la police bélarusse, est libre. Ceux qui voudraient correspondre avec lui, peuvent aller sur son compte Twitter.

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La qualification de « nazi » ou « néo-nazi » donnée aux paramilitaires ukrainiens est considéré comme de la propagande russe. Peut-être, mais ce n’est pas l’avis du Times of Israel, du Centre Simon Wiesenthal ou du Centre de Lutte contre le Terrorisme de l’académie de West Point. Mais cela reste discutable, car, en 2014, le magazine Newsweek semblait plutôt les associer à l’État Islamique… À choix !…

Donc, l’Occident soutient et continue à armer des milices qui se sont rendues coupables de nombreux crimes contre les populations civiles depuis 2014 : viols, torture et massacres. Mais alors que le gouvernement suisse a été très prompt à prendre des sanctions contre la Russie, n’en n’a adopté aucune contre l’Ukraine.

Dans le système militaire ukrainien, les forces paramilitaires font partie des forces armées, mais pas de l’armée ukrainienne : elles ne sont pas des formations de manœuvre, mais conviennent parfaitement pour le combat urbain et la maîtrise des populations russophones dans les grandes villes.

C’est pourquoi elles seront déployées dans les villes russophones. Au fil des années elles ont été responsables de très nombreuses atrocités, dont certaines seront rapportées par la journaliste Anne Laure Bonnel.

À ces troupes s’ajoutent des mercenaires de la CIA, composés de combattants ukrainiens et européens, pour mener des actions de sabotage.

*

invasion russe en ukraine

Partie 2 : La guerre

Ancien responsable des forces du Pacte de Varsovie au service de renseignement stratégique, j’observe avec tristesse – mais sans étonnement – que nos services ne sont plus en mesure de comprendre la situation militaire en Ukraine. Les « experts » auto-proclamés qui défilent sur nos écrans relaient inlassablement les mêmes informations modulées par l’affirmation que la Russie – et Vladimir Poutine – est irrationnel. Prenons un peu de recul.

Depuis le mois de novembre 2021, les Américains ne cessent de brandir la menace d’une invasion russe contre l’Ukraine. Pourtant, les Ukrainiens ne semblent pas du même avis. Pourquoi ?

ale gueule du chef d'etat de l'ukraine

Il faut remonter au 24 mars 2021. Ce jour-là, Volodymyr Zelensky promulgue un décret pour la reconquête de la Crimée et commence à déployer ses forces vers le Sud du pays. Simultanément, la conduite de plusieurs exercices de l’OTAN entre la mer Noire et la mer Baltique, accompagnés d’un accroissement important des vols de reconnaissance le long de la frontière russe. La Russie, mène alors quelques exercices, afin de tester sa préparation et montrer qu’elle suit l’évolution de la situation.

avion chasse d'ukraine

Les choses se calment jusqu’en octobre-novembre avec la fin des exercices ZAPAD 21, dont les mouvements de troupes sont interprétés comme un renforcement en vue d’une offensive contre l’Ukraine. Pourtant, même les autorités ukrainiennes réfutent l’idée de préparatifs russes pour une guerre, et Oleksiy Reznikov, ministre de la Défense ukrainien déclare qu’il n’y a pas de changement à sa frontière depuis le printemps.

En février 2022, les événements se précipitent. Le 7 février, lors de sa visite à Moscou Emmanuel Macron, réaffirme à Vladimir Poutine son attachement aux Accords de Minsk, un engagement qu’il répétera à l’issue de son entrevue avec Volodymyr Zelensky, le lendemain. Mais le 11 février, à Berlin, la rencontre des conseillers politiques des dirigeants du « format Normandie » s’achève au bout de 9 heures, sans résultat concret, car les Ukrainiens refusent encore et toujours d’appliquer les Accords de Minsk, apparemment sous la pression des États-Unis. Vladimir Poutine constate que les promesses de Macron sont des promesses en l’air et que les Occidentaux ne sont pas prêts à faire appliquer les Accords, comme ils le font depuis 8 ans.

Les préparatifs ukrainiens dans la zone de la zone de contact continuent. Le Parlement russe s’alarme et, le 15 février, demande à Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance des Républiques, ce qu’il refuse.

 

joe biden usa

Le 17 février, le président Joe Biden annonce que la Russie va attaquer l’Ukraine dans les prochains jours. Comment le sait-il ? Mystère…

Mais depuis le 16, le pilonnage d’artillerie sur les populations du Donbass augmente de manière dramatique, comme le montrent les cartes des observateurs de l’OSCE. Naturellement, aucun média ne le relève et aucun gouvernement occidental n’intervient. On dira plus tard, qu’il s’agit de désinformation russe.

Simultanément, on signale des actes de sabotages dans le Donbass. Le 18 janvier, les combattants du Donbass interceptent des saboteurs équipés de matériel occidental et parlant polonais cherchant à créer des incidents chimiques à Gorlivka.

En clair, Joe Biden sait que les Ukrainiens commencent à pilonner les populations civiles du Donbass, mettant la Russie devant un choix difficile : aider le Donbass militairement et créer un problème international ou rester sans rien faire et regarder les russophones du Donbass se faire écraser.

Vladimir Poutine n’a plus beaucoup de choix : il sait qu’il devra intervenir, ne serait-ce qu’en vertu de l’obligation internationale de la « responsibility to protect » (R2P). Il sait également, que son intervention déclenchera une pluie de sanctions. Dès lors, que son intervention soit limitée au Donbass ou aille plus loin pour faire pression sur les Occidentaux sur la question du statut de l’Ukraine, le prix à payer sera le même. C’est d’ailleurs ce qu’il expliquera plus tard dans sa déclaration du 21 février.

C’est pourquoi, le 21 février, il décide d’accéder à la demande de la Douma et de reconnaître l’indépendance des deux Républiques du Donbass. Dans la foulée, il signe avec elles des traité d’amitié et d’assistance. Le 23, devant la pression de l’artillerie ukrainienne, les deux Républiques demandent l’aide de la Russie. Le 24, celle-ci invoque l’article 51 de la Charte des Nations unies qui prévoit l’entraide militaire dans le cadre d’une alliance défensive.

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Dans son allocution du 24 février, Vladimir Poutine énonce les deux objectifs de son opération : « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine. Il ne s’agit donc pas de s’emparer de l’Ukraine, ni même, vraisemblablement de l’occuper ou la détruire.

En fait, dès le début de l’opération ses contours apparaissent clairement : a) encercler l’armée ukrainienne qui s’est massée à la frontière du Donbass, par une attaque venant de l’Est par Kharkov et une venant du Sud depuis la Crimée ; b) détruire les milices paramilitaires qui contrôlent notamment les villes d’Odessa, Kharkov et Marioupol.

L’offensive russe se déroule de manière très « classique ». Dans un premier temps – comme l’avaient fait les Israéliens en 1967 – il s’agit de détruire au sol l’aviation ukrainienne et neutraliser ses structures de commandement et de renseignement (C3I). C’est ce qui est fait en quelques heures. Puis, avancer selon plusieurs axes simultanément selon le principe de « l’eau qui coule » : on avance partout où la résistance est faible et on laisse les villes (très voraces en troupes) pour plus tard. Au nord, la centrale de Tchernobyl est occupée immédiatement afin de prévenir des actes de sabotage. Les images de soldats ukrainiens et russes assurant ensemble la surveillance de la centrale ne sont naturellement pas montrées…

convoi militaire russe sur 60 kms

L’idée que la Russie cherche à prendre Kiev, la capitale, est typiquement occidentale. Vladimir Poutine n’a jamais eu l’intention d’abattre ou de renverser Zelensky. L’encerclement de Kiev n’a pour seul objectif que de créer une pression incitant le pouvoir à négocier. Beaucoup de commentateurs se sont étonnés que les Russes aient continué à chercher une solution négociée tout en menant des opérations militaires.

L’explication est dans la conception de la stratégie russe, depuis l’époque soviétique. Pour les Occidentaux, la guerre commence lorsque la politique cesse. Les Russes ont une approche influencée par Clausewitz : la guerre est la continuité de la politique. Il est dès lors possible de passer de manière fluide de l’une à l’autre, pour créer une pression sur l’adversaire.

L’offensive russe a été – du point de vue opératif – un exemple du genre : en six jours, les Russes se sont emparés d’un territoire plus grand que le Royaume-Uni, avec une vitesse de progression plus grande que ce que la Wehrmacht avait réalisé en 1940 en France.

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L’objectif de démilitarisation est atteint par l’encerclement de l’armée ukrainienne dans le « chaudron » entre Slavyansk, Kramatorsk et Severodonetsk. Les forces russes resserrent lentement l’étau, mais ils n’ont plus aucune contrainte de temps. Quant aux Républiques du Donbass, elles ont « libéré » leurs territoires et la ville de Marioupol.

La défense des villes de Kharkov, Marioupol et Odessa sont de la responsabilité des milices paramilitaires ukrainiennes, dont la destruction correspond à l’objectif de « dénazification ». C’est pourquoi la Russie cherche à créer des couloirs humanitaires, pour vider les villes des civils et ne garder que les milices, afin d’obtenir leur reddition ou leur anéantissement. C’est la raison pour laquelle ces milices sont réticentes à mettre en œuvre ces couloirs : ils peuvent ainsi utiliser la population civile comme « boucliers humains ».

Conclusions

Ces développements dramatiques ont des causes que nous connaissions, mais que nous avons refusés de voir : a) l’expansion de l’OTAN (que nous n’avons pas traité ici) ; b) le refus de mettre en œuvre les Accords de Minsk et c) les attaques continues et répétées des populations civiles du Donbass depuis 8 ans et la dramatique augmentation de la fin février 2022.

europe de l'otan depuis 1997

Nous pouvons naturellement déplorer et condamner l’attaque russe. Mais NOUS avons créé les conditions pour qu’un conflit éclate. Nous témoignons de la compassion pour le peuple ukrainien et les deux millions de réfugiés. C’est bien. Mais si nous avions eu un minimum de compassion pour le même nombre de réfugiés du Donbass qui se sont accumulés en Russie durant 8 ans, rien de cela ne serait probablement passé.

Que le terme de « génocide » s’applique aux exactions subies par les populations du Donbass est une question ouverte. On réserve généralement ce terme à des cas de plus grande ampleur (Holocauste, etc.), néanmoins, la définition qu’en donne la Convention sur le génocide, est probablement suffisamment large pour s’y appliquer. Les juristes apprécieront.

Clairement, ce conflit nous a conduit dans l’hystérie. Les sanctions semblent être devenues l’outil privilégié de nos politiques étrangères. Si nous avions respecté les Accords de Minsk que nous avions négocié et cautionné avec l’Ukraine, tout cela ne serait pas arrivé. La condamnation de Vladimir Poutine est aussi la nôtre : il ne sert à rien de pleurnicher après coup, il fallait agir avant et ni Emmanuel Macron (comme garant et comme membre du Conseil de sécurité de l’ONU), ni Olaf Scholz, ni Volodymyr Zelensky n’ont respecté leurs engagements.

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Finalement, Vladimir Poutine atteindra vraisemblablement ses objectifs avec l’Ukraine. Ses liens avec la Chine se sont solidifiés. La Chine émerge comme médiatrice du conflit, tandis que la Suisse fait son entrée dans la liste des ennemis de la Russie. Les Américains doivent demander du pétrole au Venezuela et à l’Iran pour se sortir de l’impasse énergétique dans laquelle ils se sont mis : Juan Guaido quitte définitivement la scène et les USA doivent revenir piteusement sur les sanctions imposées à leurs ennemis.

Des ministres qui cherchent à faire s’effondrer l’économie russe et faire en sorte que le peuple russe en souffre, voire appellent à assassiner Poutine, montrent, même s’ils sont – partiellement – revenus sur la forme de leurs propos, que nous n’avons pas plus de valeurs que ceux que nous détestons.

La leçon à tirer de ce conflit est notre sens de l’humanité géométrie variable : qu’est-ce qui rend le conflit en Ukraine plus blâmable que la guerre en Irak, en Afghanistan ou en Libye ? Quelles sanctions avons-nous adopté contre ceux qui ont délibérément menti devant la communauté internationale ? Avons-nous seulement adopté une seule sanction contre ceux qui alimentent en armes et qui frappent le conflit du Yémen (377 000 morts) ?

envoyé par Vincent Gouysse

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Guerre d’Ukraine- 12 mars 2022 –
Jour 17 – Point de fin de journée
Le Courrier des Stratèges publie une à deux fois par jour un bilan de l’évolution de la Guerre d’Ukraine. Avec une double perspective, croisée: la guerre sur le terrain; et le conflit stratégique global que les Etats-Unis essaient d’organiser contre la Russie – en prenant le risque très clair d’une escalade entre puissances nucléaires. Nous sommes dans une "crise des missiles de Cuba" au ralenti. L'instinct de survie et l'intelligence l'emporteront-ils sur le potentiel d'auto-destruction de l'humanité?

Un peu de lucidité du côté occidental? 

09h00:”Il y a des moments où nous aurions pu mieux réagir. Par exemple, nous avons proposé des choses que nous ne pouvions pas garantir, notamment l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cela n’a jamais été réalisé. Je pense que c’était une erreur de faire des promesses que nous ne pouvions pas tenir“.  C’est Josep Borell qui parle, Haut-représentant de l’Union Européenne pour la politique étrangère. Et il ajoute que l’Occident a commis des erreurs dans la construction de ses relations avec la Russie. “Ainsi, nous avons perdu l’occasion de rapprocher la Russie de l’Occident afin de la dissuader

10h00: Non moins intéressante sur l’évolution des esprits dans le monde occidental, ce point de vue de Jeffrey Sachs paru mercredi 9 mars.  L’économiste de Columbia est, de notre point de vue, ce que l’on fait de plus détestable, dans le monde académique occidental actuel. Il a contribué à l’introduction de politiques économiques prédatrices dans l’Europe de l’Est des années 1990, en étant le conseiller de plusieurs gouvernements. Ensuite, il s’est recyclé dans l’écologie; et lui que certains croyaient “ultralibéral” est aujourd’hui fanatique des normes à imposer aux économies au nom du “réchauffement climatique”. C’est un malthusien fou – il défend le point de vue que le point d’équilibre de la planète est sans doute à quelques centaines de millions d’humains. Jeffrey Sachs est conseiller du Secrétaire Général de l’ONU. Il fréquente régulièrement le Saint-Siège depuis que François est pape et ce dernier l’a nommé à l’Académie pontificale des Sciences. 

On aurait pu s’attendre, donc, à ce que que Sachs soit du côté des jusqu’au-boutistes. Or il montre au contraire la voie d’une sortie diplomatique du conflit. C’est la raison pour laquelle nous restituons l’intégralité de son article. Les mises en gras et les commentaires sont de nous:

La guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine est horrible et barbare. Pourtant, il est encore possible d’y mettre fin par une solution diplomatique dans laquelle la Russie retire ses forces en échange de la neutralité de l’Ukraine. Poutine a signalé son ouverture à cette possibilité lors de son récent appel avec le président français Emmanuel Macron : “il s’agit avant tout de démilitarisation et de neutralité de l’Ukraine, pour faire en sorte que l’Ukraine ne constitue jamais une menace pour la Russie.” Traduit en action, cela pourrait signifier que l’OTAN et l’Ukraine renonceraient à l’adhésion future de l’Ukraine à l’Alliance si la Russie se retire immédiatement d’Ukraine et renonce à de futures attaques.
Dans une solution diplomatique, aucune partie n’obtient tout ce qu’elle veut. Poutine ne pourrait pas restaurer l’empire russe et l’Ukraine ne pourrait pas rejoindre l’OTAN. Les États-Unis seraient contraints d’accepter les limites de leur pouvoir dans un monde multipolaire (une vérité qui s’appliquerait également à la Chine).

Ce qui est intéressant, ce sont moins les bouffées émotionnelles de Sachs ou ses erreurs d’appréciation – où a-t-il vu que Poutine voulait rétablir l’Empire russe?  Mais son acceptation de l’idée de neutralisation de l’Ukraine – un des objectifs de Vladimir Poutine.  En fait, derrière les projections inexactes ou les indignations larmoyantes, Jeffrey Sachs semble avoir compris que l’Ukraine de Zelensky est sur le point de s’effondrer: 

Certes, un compromis diplomatique ne cadre pas avec l’humeur actuelle. Le monde est consterné par la perfidie de la Russie et ému par la résistance héroïque du peuple ukrainien. Pourtant, la survie de l’Ukraine (et peut-être même celle du monde) dépend en fin de compte de la prudence qui doit l’emporter sur la bravoure. L’Ukraine demande plus d’avions de chasse, plus d’armes lourdes et une zone d’exclusion aérienne de l’OTAN. Chacune de ces mesures augmenterait le risque d’une confrontation directe entre la Russie et l’OTAN, qui pourrait rapidement dégénérer en un affrontement nucléaire.

L’instinct des dirigeants européens et américains est d’écraser économiquement la Russie, afin de prouver de manière décisive que la barbarie ne paie pas. De ce point de vue, un compromis ressemble à un apaisement, mais le compromis consisterait à sauver l’Ukraine, pas à la céder. La guerre économique comporte également de profonds risques. Les bouleversements mondiaux seront énormes, et les demandes de passer de la guerre économique à une réponse militaire ne manqueront pas d’augmenter. Entre-temps, les combats se poursuivront, provoquant des effusions de sang massives et conduisant probablement à une occupation russe de toute façon”.

Jeffrey Sachs a compris deux points fondamentaux: d’une part, plus l’Occident reculera le moment de faire entendre la voix de la raison, plus l’Ukraine ressortira affaiblie du conflit et rétrécie: les Russes, en effet, rendront-ils les territoires qu’ils auront conquis? Donc il vaudrait mieux sauver les meubles….

Jeffrey Sachs est détestable mais intelligent. Il a  bien compris ce qui est  en jeu. Le monde est potentiellement dans une “crise de Cuba”. Elle a beau se déployer au ralenti, le danger est réel.

La diplomatie peut fonctionner même dans les confrontations les plus dures. En fait, la diplomatie est essentielle pour résoudre les conflits entre grandes puissances à l’ère nucléaire. La crise des missiles de Cuba en est un bon exemple. Que l’on impute cet incident aux États-Unis, pour avoir soutenu l’invasion de Cuba en 1961, ou à l’Union soviétique, pour y avoir déployé des armes atomiques en 1962, le conflit a amené le monde au bord de l’Armageddon nucléaire.

Finalement, la crise a été désamorcée par la diplomatie et le compromis, et non par une victoire unilatérale. Le président américain John F. Kennedy accepte de retirer les missiles américains de Turquie et s’engage à ne plus jamais envahir Cuba, tandis que le premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev accepte de retirer les missiles soviétiques de l’île. Le monde a eu de la chance. Comme l’a montré plus tard l’historien Martin Sherwin, la guerre nucléaire entre les deux puissances a failli éclater malgré les efforts de Kennedy et de Khrouchtchev pour l’éviter.

Même lucidité de Jeffrey Sachs sur les sanctions, malgré les approximations (il oublie par exemple que la Banque Centrale Russe a des réserves en yen, en yuan et en or): 

“En réponse à la guerre de Poutine, les États-Unis et l’Europe ont rapidement déployé un éventail impressionnant de mesures économiques pour déconnecter la Russie du commerce et de la finance mondiaux. Ces mesures comprennent le gel des réserves de la banque centrale russe et d’autres comptes d’actifs privés, la saisie de yachts, l’arrêt des flux technologiques, la fin de la couverture d’assurance et la radiation des titres russes.

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Mais de telles sanctions dissuadent rarement, et encore moins font tomber, un régime impitoyable. Les États-Unis ont tenté des mesures similaires pour renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro, mais n’ont réussi qu’à écraser l’économie. Selon le Fonds monétaire international, le PIB par habitant du Venezuela a diminué de plus de 60 % entre 2017 et 2021, et pourtant Maduro reste retranché (et est maintenant courtisé par les États-Unis pour que le Venezuela pompe davantage de pétrole). Les sanctions américaines n’ont pas non plus renversé les régimes de l’Iran et de la Corée du Nord.

En outre, les sanctions contre la Russie risquent de s’épuiser avec le temps. Après avoir provoqué d’énormes dégâts et une grande détresse à court terme dans le monde entier – avec la flambée des prix du pétrole et la perturbation des principales chaînes d’approvisionnement en matières premières – elles créeront d’innombrables possibilités d’arbitrage pour la Russie, qui pourra vendre ses précieuses matières premières à des entités hors de portée des sanctions américaines. La Chine et d’autres pays ne seront pas enclins à appliquer un régime de sanctions qui pourrait bien être utilisé contre eux ensuite.

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La Russie ne sera donc pas aussi isolée que les États-Unis et l’Europe semblent le penser. Après le choc initial des nouvelles sanctions, ses opportunités commerciales vont probablement augmenter, et non diminuer.”

Il est en soi décisif qu’un économiste de l’establishment annonce l’échec des sanctions!  Evidemment, il s’agirait de mesurer qul impact peut avoir Jeffrey Sachs par ce point de vue. A première vue, la puissance de ses réseaux donne à penser qu’il s’avance avec la certitude d’avoir une influence – sans prendre de risques inutiles pour le maintien de son appartenance à ce que David Rothkopf appelle “superclasse”

“Outre les sanctions économiques, les États-Unis et l’Europe acheminent également des armes vers l’Ukraine. Là encore, il est très peu probable que cela empêche une occupation russe, mais il est plus probable que l’Ukraine devienne un autre champ de bataille perpétuel, comme l’Afghanistan, la Libye et la Syrie avant elle. Plus inquiétant encore, l’afflux d’armes en Ukraine risque de provoquer une confrontation militaire directe entre la Russie et l’OTAN. Alors que l’Afghanistan, la Libye et la Syrie n’avaient pas d’armes nucléaires, la Russie en possède près de 6 000, dont environ 1 600 actives et déployées.

fusée balistique

 

La diplomatie pourrait bien échouer. Mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas essayer. Comme l’a déclaré le célèbre Kennedy, “Ne négocions jamais par peur. Mais n’ayons jamais peur de négocier”. Ce sentiment a sauvé le monde en 1962, et il pourrait le sauver à nouveau aujourd’hui.

Les observateurs de la Russie sont profondément divisés quant aux véritables motivations de Poutine. Beaucoup pensent qu’il ne reculera devant rien pour recréer l’Empire russe. Si tel est le cas, que Dieu nous aide. D’autres pensent qu’il vise à détruire la démocratie ukrainienne et à étouffer son économie, afin qu’elle ne puisse pas devenir un phare pour le peuple russe. D’autres encore affirment que l’opposition véhémente de Poutine à l’élargissement de l’OTAN – et à l’ingérence politique des États-Unis en Ukraine (notamment son soutien au soulèvement contre le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch en 2014) – est authentique.”

C’est la première fois depuis le début de ce conflit que nous voyons un membre de l’establishment américain mentionner au moins ce qui est la motivation réelle de Vladimir Poutine ! 

Il est temps de tester cette proposition. Et si la neutralité ukrainienne était vraiment la clé de la paix ? Poursuivre la diplomatie n’est pas de l’apaisement ; c’est de la prudence, et cela pourrait sauver l’Ukraine et le Monde d’une catastrophe sans nuances“.

On ne saurait sous-estimer l’impact d’un tel point de vue. Et cela d’autant plus que le Pape François – qui n’a pas de compréhension géopolitique à la différence de ses prédécesseurs et qui écoute beaucoup Jeffrey Sachs – est néanmoins enclin à une médiation

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Aperçus sur le front

11h00: De notre source habituelle sur le terrain militaire

“Ukraine, mise à jour de la carte, soirée du 11 mars :
 Ligne de front des LDNR :
Progression depuis le sud et conquête russe de Volnovakha.
Prise de contrôle de tout le nord de la LNR et augmentation de la pression sur les positions kiéviennes (Kramatorsk-Severodonetsk).
Izyum : la partie sud de la ville (sud de la rivière Seversky Donets) reste contrôlée par Kiev.

 Région de Kherson
Contrôle étendu vers le nord et le sud.
 Les villes en rouge sur fond jaune sont contrôlées par les forces russo-LDNR. Celles en bleu sont contrôlées par Kiev. Celles en noir sont neutres ou sous contrôle conjoint”.

– Les pertes kiéviennes ont légèrement augmenté sur les dernières 24 heures, d’après le renseignement Russe, à ~15 500 tués/blessés graves/disparus. Le nombre de prisonniers reste stable à 860.
Le nombre de drones et d’avions détruits passe à plus de 120 dans chaque cas.
– A Vasilkov, au sud-ouest de Kiev, le dépôt pétrolier près de l’aérodrome et le dépôt de munitions de l’aérodrome ont été détruits par l’artillerie Russe (roquettes multiples), vraisemblablement depuis le nord-ouest de Kiev. 

Les forces kiéviennes continuent d’amener du renfort dans les quartiers nord-est de Kharkov. La valeur symbolique de cette ville pour les Kiéviens est confirmée. 

– La République de Donetsk vient d’abattre le 14ème missile balistique Toshka-U kiévien (14 depuis le début de l’opération Russe).
– Les satellites Starlink, officiellement déployés pour apporter Internet à la population, sont utilisés dans l’ouest du pays par les gardes-frontières kiéviens, en substitution des systèmes de communication Ukrainiens qui ont été gravement endommagés par les frappes des forces Russes.

Et si les Russes attaquaient

soudainement Paris? 

12h00: Un bon exemple de la facilité avec laquelle on peut fabriquer une vidéo qui a l’air plus vrai que vrai: il se confirme que la guerre de l’information pro-ukrainienne est efficace. 

 

Pourquoi l’opinion russe

soutient Vladimir Poutine

 poutine et son armée

13h00: Les premières  enquêtes menées en Russie montrent un soutien de plus des deux tiers de la population russe à Poutine, qui augmente depuis le début de la guerre. Extraits d’un article russe datant du 8 mars 2022 sur le sujet:  

Selon le sondage VCIOM, réalisé du 25 au 27 février, 68 % des Russes ont soutenu la décision de M. Poutine de mener une opération militaire spéciale en Ukraine. Vingt-deux pour cent n’ont pas soutenu l’opération. 10% ont trouvé qu’il était difficile de répondre. (Un sondage VTsIOM réalisé le 3 mars a montré une augmentation du soutien à l’opération à 71%)”.

Et la sociologue Maria Matskevich commente ainsi: 

  • “Tous les collègues s’accordent à dire que les chiffres des sondages ne sont pas truqués. Le VCIOM a mis en place un ensemble d’informations statistiques – toute personne disposant des compétences et des logiciels appropriés peut calculer tout cela par elle-même.
  • Pour ceux qui ont peur, il est plus facile de ne pas répondre du tout. Et ceci est vrai non seulement pour les discussions sur les opérations militaires, mais aussi en général pour tout sujet. On sait qu’en moyenne, 10 % des personnes interrogées ne disent pas aux sociologues ce qu’elles pensent vraiment.
  • VCIOM a demandé quel était l’objectif de la Russie. Les réponses sont intéressantes. 10% de ceux qui l’approuvent l’attribuent à des “ambitions impériales”, conventionnellement parlant. 7% citent la dénazification comme objectif (bien que le mot “dénazification” lui-même ne soit pas tout à fait clair). Et tous ceux qui ont approuvé l’opération ont déclaré que les objectifs de la Russie étaient les plus nobles : soit nous nous défendons, soit nous défendons les peuples qui nous sont favorables. C’est-à-dire que nous sommes les défenseurs.
  • Non seulement la cote de Poutine a augmenté (elle était déjà élevée), mais aussi celle du gouvernement (la tendance a changé de façon spectaculaire – il y a 1,5 fois plus de personnes qui approuvent le gouvernement que de personnes qui le désapprouvent). Une certaine augmentation de l’approbation de la “Russie unie” (parti présidentiel). Et pas de croissance pour tous les partis d’opposition.
  • C’était exactement la même chose dans la situation de la Crimée. C’est l’effet du ralliement autour du leader.
  • Les gens ont le sentiment que nous avons raison. Ils sont heureux que l’ennemi ait été nommé. Et cet ennemi n’est pas l’Ukraine, l’ennemi est l’Occident. Il n’y a plus de maudite ambiguïté. L’Occident est contre nous. Ce qui est renforcé par des déclarations de l’extérieur – regardez : même nos chats ne sont pas autorisés à entrer dans l’exposition. Il y a une guerre sainte en cours, où c’est nous contre tout le monde”.

A la question de savoir si le soutien à Poutine pourrait baisser, le sociologue Mikhail Sokolov répond: 

Je ne pense pas. Ceux qui ne l’ont pas soutenu auparavant souffriront le plus. En outre, le matériel ne va pas à l’encontre de l’idéal. Les personnes qui approuvent la confrontation avec l’Occident comprennent qu’elles ne souffrent pas pour rien, mais pour quelque chose – cela donne un sens à leur vie. C’était le cas de l’autre partie de la population pendant la perestroïka : l’intelligentsia des sciences humaines et techniques a soutenu toutes les transformations de la fin des années 1980 et du début des années 1990, même si elle en a elle-même beaucoup souffert

Le plus intéressant, sans doute dans ce sondage est le sentiment de soulagement qu’ont beaucoup de Russes interrogés à propos d’une clarification. A présent on sait que l’Occident est un ennemi, sans aucune ambiguïté. Et on sait pourquoi on se bat. 

 

Point diplomatique et stratégique

14h00: Le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Ryabkov déclare que Moscou pourrait reprendre un dialogue sur la sécurité avec les États-Unis si Washington est prêt à le faire. La Russie est également prête à discuter de la question du nouveau traité START, de réduction des armes nucléaires stratégiques qui avait également été mis en suspens.  Le Ministre russe a parallèlement souligné que l’envoi d’armes à l’Ukraine par d’autres pays était une initiative dangereuse. Etr il a expliqué que la Russie n’aurait aucune hésitation à frapper des convois de livraison ayant pénétré sur le territoire ukrainien. 

15h00: Hier, l’Ambassade de Russie en France avait publié ce communiqué:

Préoccupations concernant la prolifération sans précédent de systèmes portatifs de défense aérienne (MANPADS) et de systèmes de missiles antichars (ATGM)
Plusieurs pays occidentaux ont commencé des livraisons massives des MANPADS Stinger à l’Ukraine, ainsi que d’autres systèmes portatifs tels que des ATGM Javelin, NLAW et Carl Gustaf. Ces armes ont la capacité de frapper les cibles terrestres et navales à une portée de 8 km et à une altitude pouvant atteindre 3,5 km.

Les commanditaires de ces approvisionnements doivent se rendre compte d’une menace croissante de voir des armes de haute précision tomber aux mains des groupes terroristes et des criminels, ceci non seulement en Ukraine, mais aussi dans toute l’Europe. Le détournement de ces armes vers des marchés illicites et des réseaux terroristes n’est désormais qu’une question de temps. Les MANPADS présentent un grave danger pour l’aviation civile, alors que les ATGM mettent en péril le transport ferroviaire.

Par conséquent, la prolifération de ces armes crée des risques énormes pour les infrastructures des transports en Europe et au-delà“.

Effectivement, derrière le discours romantique sur la nation ukrainienne en armes et unanimes derrière un président nouveau Churchill, il faut se rendre compte de la réalité du pays: on ne sait pas où se trouve réellement le Président Zelensky; on ignore la capacité du gouvernement à gouverner et maîtriser ce qui se passe sur le terrain; les autorités locales et les commandants militaires ou paramilitaires des régions en guerre ne respectent pas la volonté du pouvoir. Par exemple les couloirs humanitaires convenus lors des négociations avec les Russes n’ont pas été, sauf exception mis en place. Le pays est entré en situation d’anarchie, dans de nombreuses régions du centre et de l’ouest car les distributions d’armes ont permis à des délinquants de s’équiper; des bandes de miliciens traquent les soutiens à la Russie en faisant régner une véritable terreur. 

Bref, le pays est en situation croissante d’anomie. Les Occidentaux prétendaient, il y a quelques années, faire du “nation-building”. En fait, comme l’ont montré le Kosovo, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, l’apparition de Daech (finalement écrasé par la Russie), ils ne savent que détruire des Etats et livrer les sociétés à l’anarchie. 

16h00: Le boomerang diplomatique (1)  La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne redécouvrent qu’il y a une réalité qui s’appelle la diplomatie et une autre qui s’appelle l’équilibre des puissances. Paris, Berlin et Londres feignent l’étonnement et le mécontentement: les Russes ont mis comme condition à leur soutien à l’accord sur le nucléaire civil avec l’Iran que les relations économiques russo-iraniennes restent hors sanctions. 

17h00: Le boomerang  diplomatique (2) – Lu dans le Global Times (journal chinois de langue anglaise très proche du Parti Communiste Chinois)  (c’est nous qui soulignons): 

Le 15e cycle de réunions entre la Chine et l’Inde au niveau des commandants de corps d’armée s’est achevé vendredi, poursuivant l’atmosphère positive qui règne depuis le 14e cycle de discussions. Les deux parties sont parvenues à un consensus sur le maintien du dialogue par les voies militaires et diplomatiques afin de parvenir le plus rapidement possible à une résolution mutuellement acceptable des problèmes restants.

Le dernier cycle de discussions au niveau des commandants de corps d’armée s’est déroulé malgré l’agitation des États-Unis, ce qui, selon les analystes chinois, a renforcé la détermination de la Chine et de l’Inde à consolider les acquis et à gérer les différences.
Depuis le 14e cycle de pourparlers en janvier, les deux parties ont activement maintenu les acquis existants et continué à renforcer la gestion et le contrôle des troupes de première ligne, a déclaré Qian. “Il n’y a pas eu de nouveaux incidents qui ont interféré avec les relations bilatérales et l’escalade de l’impasse frontalière.”

Toutefois, avant la réunion, le commandant du commandement indo-pacifique américain, l’amiral John Aquilino, a déclaré mercredi que les tensions entre la Chine et l’Inde le long de la ligne de contrôle effectif sont les “pires” depuis plus de quatre décennies, ont rapporté les médias indiens.

Pour certains politiciens américains qui considèrent la Chine comme un rival stratégique, la discorde entre la Chine et l’Inde ne peut qu’apporter des avantages à Washington : elle draine les ressources de l’armée chinoise et fait la cour à l’Inde en termes de défense et de sécurité, ont déclaré les analystes.

La crise ukrainienne a permis à davantage de pays, dont l’Inde, de voir clairement l’approche des Etats-Unis en matière d’équilibrage offshore : contrôler l’Europe en termes de sécurité, de finances et d’économie en incitant au conflit entre la Russie et l’Ukraine, a déclaré Qian.

M. Qian a ajouté que certains analystes indiens ont déjà fait entendre des voix inhabituelles contre le plan des Etats-Unis, en disant que les politiques indiennes devraient promouvoir une plus grande prise de conscience du fait que la Chine et l’Inde devraient mettre en avant les intérêts généraux et les intérêts fondamentaux, au lieu de se laisser agiter par les Etats-Unis.”

18h00: Churchill doit se retourner dans sa tombe. Le Daily Telegraph illustre un article sur la nécessité de relancer l’effort de défense du pays par une photo de membres du Bataillon Azov. 

Etat des lieux  sur le plan militaire

19h00: Voici la carte diffusée ce jour par le Ministère des armées. Elle confirme les autres cartes que nous utilisons ici. Les militaires français savent la lire. Et comme l’a révélé Le Figaro, le Chef d’Etat-Major des Armées avait écrit dès le 9 mars dans un courrier interne: “…je considère que malgré la remarquable résistance dont elles font preuve, les forces ukrainiennes, confrontées à la difficulté de tenir un dispositif étiré, sans réserve opérative, pourraient connaître un effondrement subit“. 

20h00:  La réalité du monde dirigeant ukrainien, c’est cela: 

Il s’avère que (…)  nous avons des réserves stratégiques de nourriture au minimum à cause des combines corrompues des fonctionnaires qui ont exporté des céréales du pays jusqu’au dernier jour, plutôt que de se préparer à la guerre (…).
Une distraction, une occasion de gagner de l’argent ou les deux ? Selon les données des ports ukrainiens pour la période du 11 au 14 février, les expéditions de céréales à partir des terminaux maritimes en Ukraine ont atteint le chiffre record de 867 000 tonnes, ce qui dépasse largement les expéditions de l’année dernière. Les céréales ont été exportées malgré le fait qu’aux mêmes dates, la Fédération de Russie a annoncé la fermeture des zones de navigation dans la mer Noire et la mer d’Azov pour des exercices militaires, et a établi de facto un blocus naval de la région.
En fait, l’Ukraine se retrouve aujourd’hui sans céréales : les stocks de la réserve d’État sont négligeables et fortement altérés par les moisissures et les souris – les entrepôts stockent les céréales de la récolte 1999-2018, ce qui dépasse largement la période de stockage autorisée de 2 ans. Comment le Conseil national de sécurité et de défense a-t-il pu autoriser l’exportation des céréales avant l’attaque de la Fédération de Russie est une grande question“.

21h00: Une anticipation de ce que sera la politique d’après la victoire militaire? “Les policiers présents dans les villes libérées de la République Nationale de Lougansk seront autorisés à exercer et à porter leur arme de service s’ils le souhaitent, s’ils passent les contrôles adéquats, et s’ils prêtent le serment d’allégeance à la RNL. Un commentateur sérieux pose la question de bases militaires russes dans le pays. 

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