Giorgia Meloni l’emporte en Italie :

 

Cinq leçons d’une incroyable victoire

 

À l'heure où nous mettons sous presse (à 23 h 15 ce 25 septembre), la coalition de droite menée par Giorgia Meloni l'emporterait avec 41 % à 45 % des voix aux élections législatives italiennes, selon les sondages sortie des urnes. Le parti de Meloni Fratelli d'Italia arriverait en tête du scrutin. L’Italie franchit aujourd’hui un cap décisif. Pour la première fois, une femme pourrait accéder au pouvoir exécutif. Elle montrerait aux Italiens et à l’Europe entière que le centrisme mondialiste et européen peut être battu.

Un par un, les peuples d’Europe secouent le joug du mondialisme. Il faut tenter de tirer les cinq leçons de ce séisme.

1 – L’immigration est devenue insupportable aux peuples d'Europe

Les Italiens ont longtemps suivi les sirènes de l’Europe mondialiste et de ses serviteurs. Les faits l’ont emporté. Comme en France, l’explosion des crimes et délits, les menaces culturelles, le coût délirant de l’immigration, ses effets délétères sur la culture et le mode de vie du pays ont retourné l’opinion. Un peuple peut donc se dresser et refuser le destin que d’autres ont écrit pour lui, même après des années d’immigration intensive.

2 – La mainmise sur les médias de masse ne suffit plus

La droite italienne l’emporte contre un système médiatique verrouillé depuis des décennies, notamment par les médias publics. Inlassablement décrite comme une fasciste mussolinienne incontrôlable et dangereuse, Giorgia Meloni a rendu coup pour coup et renvoyé les assaillants à leurs études. La propagande européenne, généreusement financée par les peuples, est impuissante face à la délinquance migratoire et aux échecs des gouvernements du système sur le plan sécuritaire. Le discours médiatique univoque en faveur du melting-pot a vécu, balayé et dénoncé par les réseaux sociaux et par quelques médias de droite qui ont réussi à émerger. Les temps s’annoncent difficiles pour les maîtres à penser du politiquement correct en Europe.

3 – Le mondialisme et l’Europe fédérale ne sont pas des fatalités

C’était, pour les bergers européo-mondialistes et leurs moutons, le sens de l’Histoire. Les nations appartenaient au passé, au temps où les Européens se faisaient la guerre, basculaient dans le racisme et fermaient leurs frontières. Avec la subtilité qu’on leur connaît, nos grands donneurs de leçons ont expliqué dans tous les pays que le passé, c’était le mal, quand l’avenir qu’ils dessinaient représentait le bien. Les peuples se débarrassent les uns après les autres de ce chloroforme idéologique.

Aujourd’hui, l’Italie reprend en main les rênes de son destin. Hier, le Royaume-Uni boutait l’Europe supranationale hors de ses frontières. Quoi qu’ait pu dire et prédire notre presse bien-pensante, nos voisins anglais n’ont pas vu venir les effrayants cataclysmes qu’on leur annonçait. Et même le Parti travailliste n'envisage plus le retour en Europe.

4 – Le lobby mondialiste et européen est plus faible que jamais

La vague qui déferle sur l’Italie n’est qu’une énième réplique du tsunami de retour des nations qui touche l’Europe et au-delà.

L’Italie suit en effet l’exemple de la Hongrie. Persécuté par l’Europe de Bruxelles, Viktor Orbán y occupe le pouvoir depuis 2010 sans discontinuer. Et il n’est pas près d’en partir puisque son parti, le Fidesz, a emporté 59 % des sièges au Parlement lors des législatives d’avril 2022. En Pologne, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) est au pouvoir depuis 2015. En 2019, il a à nouveau raflé 51 % des sièges du Parlement polonais, la Diète. En Suède, la droite nationale des Démocrates de Suède vient de l’emporter, mi-septembre, là aussi dans une coalition, sur un programme d’arrêt de l’immigration. Au Danemark, le parti anti-immigration est à 20 % des sièges. En Autriche, le FPÖ représente 17 % des députés. La droite patriote monte en France, où le RN représente désormais 15 % des sièges de députés à l’Assemblée nationale, au même niveau que le parti patriote espagnol Vox. Aux États-Unis, les conservateurs, à la suite de Trump, tiennent un discours de plus en plus ferme vis-à-vis de l’immigration incontrôlée. De quoi inquiéter nos progressistes dépassés par la vague qui monte.

5 – Vers un conflit dur entre mondialistes et patriotes

Le scrutin italien va jeter la panique dans les couloirs de l’Europe supranationale. Pour les mondialistes européens (Emmanuel Macron en tête), les résultats italiens s’apparentent à une menace systémique. La peur va braquer les positions. Mais les sanctions jadis brandies contre le Royaume-Uni, aujourd’hui déployées contre la Hongrie de Orbán et la Pologne de Kaczyński, ont des limites. Impossible de sanctionner la moitié des pays européens. Le retour des vieilles nations met l’Europe bureaucratique et antidémocratique au pied du mur. Le vote italien restera dans l’Histoire comme une étape marquante dans la lutte des peuples contre l’idéologie mondialiste qui leur a fait tant de mal.

 

Victoire de Giorgia Meloni en Italie :

 

la Nupes en PLS !

 

Marc Eynaud

Journaliste

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La victoire attendue de la coalition emmenée par la présidente de Frattelli d'Italia  aura provoqué un séisme à l’échelle européenne. Comme une réponse électorale aux menaces à peine voilées pour ne pas dire directes d’Ursula von der Leyen, les Italiens ont donc accordé leur confiance au triumvirat Meloni-Berlusconi-Salvini. Un véritable triangle des Bermudes pour la Nupes qui a largement contribué à l’abondante récolte de sel ramassée dans la classe politique française.

« Le fa, le fa-fa, le fascisme » !

Telle la vigie Baba condamnée à bégayer l’arrivée des Gaulois venant couler le malheureux bateau pirate à chaque aventure d’Astérix, la Nupes n’en finit plus de hurler au retour d’un fascisme décliné à toutes les sauces. Post-fascisme pour Mediapart, l’AFP et BFM Tv, néo-fasciste pour  et Aurélie Trouvé, héritiers de Mussolini pour Clémentine Autain qui sait se démarquer. A propos de démarcation, on peut aussi souligner les efforts linguistiques des députées Alma Dufour et Danielle Obono qui ont simplement tweeté « Siamo tutti antifascisti » le fameux mot de ralliement de l’extrême gauche italienne devenu un slogan pour ses homologues français.

 

Rendons leur justice, ceux qui ont attaqué ce week-end un convoi du RN et balancé des cocktails molotov sur des voitures avaient sans doute le même slogan à la bouche. De son côté, Sandrine Rousseau s’est permise une envolée à mi-chemin entre Radio Londres et Christiane Taubira : « Cessez de rire charmante Elvire, les loups sont entrés en Italie ». Quoi de plus naturel pour les descendants de Romulus et Remus allaités par une louve justement. Une réaction : celle de Julien Dray « qui est comme le bon vin et se bonifie avec le temps » pour reprendre la formule de l’avocat Pierre Gentillet prononcée ce dimanche soir sur CNews : « Si la gauche française pouvait éviter de dire n’importe quoi sur les élections italiennes, ce serait utile … Non le fascisme ne triomphe pas en Italie, c’est une situation compliquée. Il faut d’ailleurs attendre les résultats définitifs ». Simple. Basique. Mais pour faire oublier une gifle, la gauche a trouvé bien commode d’en inventer une venant d’Italie.

A droite, on sabre le champagne

Au fond, on ne sait plus qui doit se réjouir. Du coté du RN, on salue la victoire de la coalition et du coté de Reconquête, on continue sur la lancée initiée par Eric Zemmour : l’union des droites, ça marche ! Dans un communiqué, Zemmour a longuement félicité la future probable chef du gouvernement en s’interrogeant : « Comment ne pas regarder cette victoire comme la preuve que oui, arriver au pouvoir est possible ? »

Du coté des LR, on met de l’eau dans ses bulles mais on ne boude pas son plaisir. Plutôt que de saluer la victoire de la coalition, on préfère insister sur la retentissante défaite de la gauche. Ainsi, le président des jeunes LR, Guilhem Carayon, a tweeté dès le lendemain de la victoire de Meloni : « Nombreux sont les commentateurs qui ce soir insultent les Italiens. L’arrogance de ceux qui n’aiment la démocratie que lorsqu’ils gagnent. Ce vote sonne comme le cri d’un peuple qui ne veut pas mourir et se révolte contre les technos de Bruxelles ». Pour l’heure, aucun candidat officiel à la présidence de LR n’a réagi hormis Aurélien Pradié : « En regardant l’Italie, certains se disent que le seul avenir de la  française est de devenir sous-fifre des agités. C’est la fascination morbide de ceux qui, chez nous, n’y croient plus. Ils ont perdu l’exigence du gaullisme », estime Pradié. Un moyen comme un autre de rappeler que dans cette élection, il est le candidat du centre.

 

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L’Italie tourne le dos à l’élitisme

 

mondialiste et ouvre une crise de l’Europe

 

La victoire est claire et nette. Le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni est devenu le premier parti d’Italie, 5 points devant le Parti démocrate. Certes, la Lega est tombée à 9% des voix (un score proche de Forza Italia de Berlusconi), mais l’élan donné ne trompe pas. Il est conforme aux prévisions. L’Italie sort de la séquence mondialiste conduite par le financier Mario Draghi. 

Meloni ouvre une crise européenne

Même si Giorgia Meloni a promis d’éviter les “sorties de route” inconsidérées, l’Italie est le premier grand pays européen à afficher un rejet aussi clair de l’idéologie mondialiste pour choisir son nouveau gouvernement. La Suède avait partiellement ouvert la voie, il y a dix jours, avec une majorité marquée à droite (d’une droite atlantiste, que l’on pourrait qualifier d’ukrainienne), mais qui débouchera sans doute sur une coalition centriste

En Italie, l’orientation est beaucoup plus limpide : après plusieurs années d’élitisme technocratique, le gouvernement sera d’inspiration souverainiste. Reste à savoir, bien entendu, quels points de programme Giorgia Meloni entend mettre en oeuvre. 

Un camouflet pour l’Union européenne

Pour la caste mondialiste qui domine l’Europe et la met au service du Deep State US, le camouflet est inquiétant.

Ursula von der Leyen avait d’ailleurs préventivement jeté de l’huile sur le feu en annonçant aux Italiens qu’ils perdraient leurs financements communautaires s’ils choisissaient un gouvernement non conforme à ses voeux.

Cette sortie maladroite a immédiatement suscité une polémique en Italie (et ailleurs, comme en France). 

Elle illustre la difficulté de la caste mondialiste à tolérer des divergences de point de vue, et à endosser le choix du suffrage universel. Les prochaines semaines devraient, sur ce point, donner lieu à d’intéressants développements. 

Vers une vague de contestation en Europe ?

Le signal global qui est donné reste à confirmer, mais il pourrait compliquer singulièrement l’accélération du grand projet mondialiste à laquelle nous assistons depuis plus de deux ans. Après la séquence du COVID, l’annonce de pénuries énergétiques sous le prétexte peu convaincant de la guerre en Ukraine (mais avec le but que nous avons documenté d’ouvrir le marché à long terme de la transition énergétique) suscite une nouvelle vague de peur et de mécontentement. 

Progressivement, les peuples se lassent de cette évolution à marche forcée vers un capitalisme de surveillance qui entend définitivement tordre le cou aux libertés et à la démocratie. La colère gronde, et la succession de votes “populistes”, c’est-à-dire hostiles à l’élitisme de la caste, montre bien que cette colère est mondiale. 

En pesant de tout son poids dans la balance pour contester le “populisme”, Ursula von der Leyen prend d’ailleurs un risque important : celui de lier le destin de l’Union à la détestation grandissante de la caste. Durablement, chacun comprend que l’aide européenne est subordonnée au “bon vote”, et que les droits dans l’Union sont soumis à l’obéissance à la caste. 

À long terme, ce genre de sortie pourrait se révéler redoutable. 

Un trimestre critique pour la caste

Au-delà de cette Europe dont on sent qu’elle commence à être parcourue de tensions dangereuses pour sa survie (notamment du fait d’une insane obéissance à la russophobie américaine), c’est le monde lui-même qui pourrait connaître un trimestre critique. 

Au mois d’octobre, les élections présidentielles se tiendront au Brésil. Le 8 novembre, ce sont les mid-terms américaines. 

Ces deux échéances pourraient porter un coup fatal au projet de Great Reset que nous subissons depuis plus de deux ans. Dans l’hypothèse où le Brésil et les USA basculeraient ou se maintiendraient dans le “souverainisme”, tout porte à croire que la tectonique des plaques subirait un vilain coup pour la caste. 

Élisabeth Borne et les élections italiennes :

 

le paroxysme de l’arrogance des élites

 

« Ma come ti permetti? » que l’on pourrait traduire par « Comment oses-tu ? » Ce cri d’indignation, une grande partie du peuple l’a sans doute exprimé en découvrant la réaction d’ à l’annonce des résultats des  italiennes. En effet, notre Premier ministre, au micro d’Apolline de Malherbe, a tenté, avec une maladresse renversante, de mettre une tutelle « démocratique » sur le futur gouvernement de Giorgia Meloni :

« En Europe, on porte un certain nombre de valeurs et bien évidemment, on sera attentif (avec) la présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen), à ce que ces valeurs sur les droits de l'homme, sur le respect des uns et des autres, notamment le respect du droit à l'avortement, soient respectées par tous », a-t-elle déclaré sur la chaîne BFM TV. On saluera la grande habileté diplomatique qui consiste à crisper les relations avec notre voisin tout proche avant même la formation d’un quelconque gouvernement – qui prendra, rappelons-le, au moins un mois. L’Italie n’est pas exactement une obscure dictature d’Amérique centrale…

Élisabeth Borne, visiblement, elle, sous la tutelle d’Ursula von der Leyen, a une fois de plus fait honte au peuple français. Nos élites sont si déconnectées, si incapables de décrypter, ou même essayer, humblement, de comprendre ce que le peuple italien a voulu dire dimanche dernier : elles ne comprennent déjà pas ce que ressent et vit le peuple français, cette dépossession d’une fierté nationale aujourd’hui perdue, oubliée, cachée ou au moins mise sous le boisseau… Confortablement installées dans les ZTL, ces zones à trafic limité de l’hypercentre des grandes métropoles, nos élites politiques dont Élisabeth Borne, malgré un parcours méritocratique, est devenu le symbole, se trouvent aujourd’hui confrontées, dans l’est de l’Europe mais aussi dans le nord, après les  suédoises, et aujourd’hui au sud avec l’Italie, à un coup de semonce de plus en plus vigoureux.

Et puis il y a, surtout, cette arrogance française, ce sentiment que l’élite, celle qui détient le pouvoir en France, enseigne à toutes les nations les lumières du progrès. Alimenté par des concepts fumeux – les valeurs européennes –, ce piège idéologique de l’État de droit devint la norme tout à la fois morale et juridique : chaque pays doit s’y conformer, abandonnant toute possibilité d’une véritable orientation  des gouvernants. Au nom d’une « éthique » exclusivement progressiste à la valeur quasi religieuse, l’exercice de la souveraineté populaire doit s’effacer au profit d’une démocratie désincarnée, plastique, aux couleurs bleues et jaunes.

« Cette déclaration est insignifiante », a rétorqué Fabio Rampelli, cofondateur du parti Fratelli d’Italia et fidèle entre les fidèles de Giorgia Meloni. Une réponse qui claque sèchement à la figure de notre Premier ministre, qui ferait peut-être bien de comprendre que le temps de la condescendance française envers nos cousins latins, ce sentiment de supériorité envers les Italiens, si partagé malheureusement dans la population française est terminé. Il est temps de traiter d’égal à égal avec ce pays fondateur de notre civilisation… et de l’Union européenne.

 

Italie : Largement élue, Giorgia Meloni 

 

va mettre en œuvre un courageux

 

programme de rupture

 

Une voix rauque et fatiguée, mais un sourire radieux : au cœur de la nuit, Giorgia Meloni s’est adressée à ses militants, tandis que tombaient les premiers résultats d’un vote historique qui s’est tenu dimanche. Pour elle, la victoire est totale, son parti, Fratelli d’Italia, remporte 26 % des voix, plus que les estimations les plus hautes. La coalition de centre droit est majoritaire à la Chambre comme au Sénat.

« C’est une nuit de fierté, de revanche, de rêves, de souvenirs, de larmes, dédiés aussi à ceux qui ne sont plus là, a-t-elle lancé. […] Nous ne sommes pas à l’arrivée mais au point de départ. C’est le temps de la responsabilité. Si nous voulons faire partie de l’Histoire, nous devons comprendre cette responsabilité que nous avons face aux Italiens […] L’Italie nous a choisis, et nous la choisissons, nous ne trahirons jamais l’Italie. Quand nous serons appelés à gouverner cette nation, nous le ferons pour tous, pour tous les Italiens. » Affirmant sa volonté « d’unir ce peuple, d’exalter ce qui l’unit plutôt que ce qui le divise », elle rappelle qu’elle s’est donné pour mission « que les Italiens soient de nouveau fiers d’être italiens ». Elle poursuit : « Nous n’avons pas cru en ce que les autres disaient de nous, nous n’avons pas abandonné, nous ne nous sommes pas laissés abattre […] » Elle conclut en citant saint François d'Assise, patron de l’Italie : « "Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu'il est possible de faire et tu réaliseras l'impossible sans t'en apercevoir." C’est ce que nous avons fait, merci ! »

Dès le matin, Enrico Letta, le président du Parti démocrate (gauche), a pris acte de son mauvais score : lui que l’on voyait au coude à coude avec Giorgia Meloni obtient 18,9 % des voix. Il ne se représentera pas à la tête du parti. Il faut tout changer : orientation, nom, programme. Il ne peut s’empêcher de rejeter la faute sur le Terzo Polo, ce pôle de centre gauche que Carlo Calenda et Matteo Renzi ont tenté de constituer, un peu à la manière d’un macronisme à l’italienne. Si macroniste que Stéphane Séjourné, le secrétaire général de Renaissance (anciennement LREM), est même venu, la semaine dernière, le soutenir en meeting à Rome. L'appui de Séjourné n'aura pas suffi : c'est un camouflet pour le professeur à Science Po Paris Enrico Letta. Le candidat Calenda adoubé par Emmanuel Macron n’a obtenu que 7,74 % des voix. L'échec est sévère pour ceux qui se présentaient comme les seuls « compétents » !

La première séance des deux chambres se tiendra le 13 octobre et verra l’élection des présidents de chambre. À ce moment-là seulement, aux environs du 24 octobre, commenceront les consultations entre partis et avec le président de la République Sergio Mattarella pour la formation du nouveau gouvernement. Ce dernier pourra, ou non, accepter tel ou tel ministre. On se souvient qu’il avait opposé son veto à la nomination de Paolo Savona en 2018 comme ministre des Finances : Savona avait été jugé trop eurosceptique. Giorgia Meloni devra composer avec ses alliés de coalition. En retour, ceux-ci lui apporteront un soutien parlementaire durable, pour un gouvernement au long cours, avec une orientation politique précise.

Un programme de droite décomplexée, notamment sur l'immigration

Ce programme a été élaboré par les chefs des trois partis avant les élections, afin que les électeurs puissent juger sur pièce et non pas découvrir, comme trop souvent en Italie, des alliances de coin de table, parfois un peu baroques, faites après coup dans le dos des électeurs italiens. Ces alliances post-électorales allaient à l’encontre d’une ligne politique claire et des partis minoritaires finissaient par gouverner. Comment mieux alimenter la défiance des Italiens envers leurs institutions ? L’abstention record de 36 % s’explique aussi comme cela.

Sur le plan international, « la politique étrangère sera centrée sur la protection de l’intérêt national et la défense de la patrie », promet le programme de la coalition de droite. Le plein respect des engagements de l’OTAN dans le conflit ukrainien est défendu, mais aussi « toute initiative diplomatique vouée à la résolution du conflit ».

Plusieurs fois, la défense de l’intérêt national dans les dossiers européens est mentionnée, notamment sur la transition énergétique, mais aussi la promotion de la centralité de l’Italie dans la zone méditerranéenne. Enfin, « la défense et la promotion des racines et identités historiques et culturelles classiques et judéo-chrétiennes de l’Europe » font partie intégrante du programme commun.

Sur le dossier épineux de l’utilisation des fonds européens du Plan de relance, Meloni et ses alliés promettent la modernisation des infrastructures et le lancement des grands travaux, notamment le pont du détroit de Messine reliant la Sicile au continent.

Sur le plan institutionnel, Giorgia Meloni entend réformer la Constitution pour évoluer vers un régime semi-présidentiel « à la française ». Objectif : conjurer cette instabilité politique chronique. Réforme de la Justice, réforme gigantesque de l’administration – moins de règles, plus d’efficacité – sont encore au menu. Une réforme fiscale est également au programme avec un mot d’ordre adressé aux entreprises : « Plus tu embauches, moins tu paies de taxes. » L’allégement fiscal, y compris pour les ménages, est pour le prochain gouvernement une priorité.

En 2050, selon les projections démographiques, près de 8 millions d’Italiens auront disparu. La coalition veut s’impliquer fortement dans une politique familiale, qui n’a presque jamais été une priorité pour les gouvernements italiens : politiques fiscales et création d’infrastructures en faveur des familles, allocations familiales, facilitation pour l’accès à la propriété des jeunes couples. Il s’agit de créer une mentalité « pro-famille » dans les politiques publiques. Une vision de long terme…

Enfin, sur le sujet de l’immigration, les décrets « sécurité et immigration » pris par Matteo Salvini lorsqu’il était ministre de l’Intérieur seront rétablis et les effectifs des forces de l’ordre augmentés. Les ambitions sont claires : « Défense des frontières nationales et européennes comme l’exige l’UE avec le nouveau pacte pour la migration et l’asile, avec contrôle aux frontières et blocage des débarquements »« stopper, en accord avec les autorités d’Afrique du Nord, la traite des êtres humains ». La coalition veut surtout la « création de hotspots dans les territoires extra-européens gérés par l’Union européenne pour évaluer les demandes d’asile », ce qui revient à étudier hors des frontières les demandes d'immigration, « la lutte contre la mafia et le terrorisme » et des « accords avec des pays étrangers pour que les prisonniers étrangers purgent leur peine dans leur pays d’origine ».

Du bon sens, un programme de réformes indispensables, cette droite classique mais qui s’assume annonce une véritable révolution !

 

Italie : Meloni au pouvoir ?

 

La perspective ne semble pas

 

inquiéter outre mesure le patronat italien

 

Pendant plusieurs semaines, la majorité des médias français et internationaux se sont lamentés de l’éventuelle arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni : ils n’y voyaient ni plus ni moins qu’un mauvais remake de la marche sur Rome, le retour des heures sombres ou, tout du moins, d’une  médiévale où tous les acquis sociaux et droits des femmes seraient menacés par l’héritière du Duce.

Retour au réel

Tous les ans, début septembre, se tient le forum Ambrosetti à Cernobbio, sur les bords du lac de Côme : le monde de l’entreprise et celui de la politique se croisent, discutent, débattent. En cette année électorale, les interventions des différents chefs de parti étaient particulièrement attendues et scrutées.

Celle d’Enrico Letta, le chef du Parti démocrate (PD, gauche), se termine sur l'évocation d'une possible victoire de la gauche : selon lui, l’Italie continuerait alors d’être un pays de série A, avec pour partenaire la France, l’Espagne et surtout Bruxelles. En cas de victoire de la coalition de droite, l’Italie serait reléguée en série B, avec pour partenaires privilégiés la  et la Pologne. Un brin simpliste, voire légèrement caricatural…

Intervenant à la suite d’Enrico Letta, Giorgia Meloni s’est bien gardée de rentrer dans ce jeu. Elle s’est directement adressée à ce parterre de patrons italiens. Et c’est une vision qu’elle a développée, insistant sur le bénéfice d’une coalition unie au pouvoir, établie avant les élections et non après, au terme de combines politiques d’arrière-cuisine qui donnent naissance à des gouvernements atteignant rarement les dix-huit mois d’existence. Une vision politique commune et un programme commun, gages de stabilité : il semblerait bien qu’en cette période troublée et hyperinflationniste, un tel discours ait rassuré le patronat italien. Déplorant les carences de l’Italie, rendue dépendante sur le plan énergétique et faible sur le plan de la production industrielle, elle explique que contrairement aux promesses d’une  heureuse, « la richesse s’est verticalisée et s’est déplacée vers l’Orient, les régimes autocratiques se sont étendus tandis que nous nous affaiblissions. Nous n’avons plus le contrôle de rien. »

Elle propose alors un renversement de paradigme pour l’ italienne : « J’ai dit, il y a quelques jours, que l’Italie doit être retournée comme une chaussette. […] Il faut un paradigme différent entre l’État et le citoyen. Les citoyens sont des citoyens et non des sujets […] et cela signifie une révolution culturelle dans le fisc, la bureaucratie, la justice, la sécurité condition de la liberté, une révolution culturelle aussi dans le domaine politique, dans le respect de ce que l’on a promis aux citoyens, dit-elle. C’est un écosystème qui peut fonctionner pour l’économie. » Évoquant le revenu citoyen (équivalent du RSA), mesure par laquelle le M5S affirmait « avoir aboli la pauvreté » (sic), elle enfonce le clou : « L’État ne doit pas mettre sur le même plan celui qui peut travailler et celui qui ne le peut pas car cela finit par pénaliser le plus faible. » Évoquant « un jeune homme de 25 ans qui peut obtenir un revenu citoyen de 780 euros quand l’aide sociale d’un handicapé est de 270 euros » ou « un retraité [qui] touche une pension d’à peine 500 euros », elle tranche : « Un État juste distingue l’assistanat du travail. »

Prudente, Giorgia Melloni conclut son intervention en expliquant que son - probable - gouvernement héritera d’une situation extrêmement complexe avec, sous le gouvernement Draghi - « eh oui, Draghi ! », dit-elle -, une augmentation de la dette de 116 milliards d’euros : « Nous devons être très sérieux sur les propositions et je suis par caractère une personne qui préfère faire plus que ce qui a été promis que faire des promesses impossibles à tenir. »

Une promesse de stabilité, un discours classique de droite, réformiste et pragmatique, susceptible de séduire une grande partie du patronat italien. L’Italie compte plus de 4 millions de PME-PMI. Plutôt que d’en faire des entreprises militantes, ces petits patrons ont à cœur de survivre, d’assurer des emplois, de continuer à croître et de créer de la richesse.

Et si toute cette grande peur des bien-pensants n’était, en fin de compte, que beaucoup de bruit pour rien ?

Il semblerait que les patrons italiens soient bien plus pragmatiques qu’idéologues.

 

L’immigration clandestine explose

 

sur les côtes italiennes :

 

la réalité du bilan de Draghi

 

Week-end de feu sur le front migratoire. 1.200  ont débarqué, ces dernières heures, sur les côtes italiennes, Il Giornale évoque même le chiffre de 2.000 personnes pour les dernières 48 heures.

À Lampedusa, petit caillou paradisiaque perdu au milieu de la Méditerranée qui a recueilli près de la moitié de ces nouveaux arrivants, c’est l’enfer. Le hotspot (centre d’accueil à l’arrivée) déborde : près de 1.500  y sont hébergés, pour une capacité originelle de 350 personnes. Les conditions d’hygiène et de sécurité sont tweete Matteo Salvini « au-delà des limites de l’humanité ». Les côtes du sud de l’Italie ont connu le même sort, ce week-end… et ce, depuis le retour des beaux jours qui signe la reprise du trafic des passeurs et l’arrivée de barcasses chargées de pauvres hères à qui l’on fait miroiter un eldorado qui n’existe que dans la propagande des ONG et des passeurs.

Les faits

C’est, par exemple, un bateau de commerce, le Nordic, qui a secouru à 124 miles de la Calabre un bateau de pêche en perdition, aidé par trois bateaux de gardes-côtes et par la Guardia di Finanza (Il Giornale). Quand ils sont venus au secours des 674 passagers, certains étaient déjà dans l’eau. Il y avait 5 cadavres à bord. Transbordés sur le navire Diciotti des gardes-côtes, ils seront ensuite débarqués en Italie. Un avion de patrouille de la marine italienne, un autre de Frontex sont intervenus. Dans le même temps, le Diciotti s’employait à récupérer d’autres migrants, faisant intervenir les garde-côtes de Catane. De samedi minuit à lundi matin, 522 personnes ont débarqué à Lampedusa (16 débarquements). Ils étaient 350 vendredi, e cosi via… Ce week-end, il y avait des  syriens, égyptiens, afghans, nigériens, sénégalais, érythréens, éthiopiens, somaliens, pakistanais. Et l’on ne compte pas les « micro-débarquements », impossibles à dénombrer tous, largement aidés par l’action des ONG pro-migrants : ainsi le Watch 3 compte à son bord en ce moment 428 migrants dont une femme enceinte de 9 mois : nul doute que le port sûr le plus proche qu’ils se verront attribuer sera italien.

Les chiffres de cette année sont démentiels, le bilan de Luciana Lamorgese, ministre de l’Intérieur du gouvernement Draghi mais aussi du gouvernement Conte précédent, est accablant. Selon les chiffres officiels du Viminal, le ministère de l’Intérieur italien, 34.013 migrants ont débarqué entre le 1er janvier et le 22 juillet 2022, contre 25.552 en 2021 et 10.903 en 2020 pour la même période, Covid oblige. Mais aussi contre 4.120 lorsque Matteo Salvini était ministre de l’Intérieur. Cette faillite est à mettre sur le compte de la gauche qui détenait ce ministère, mais elle est aussi à mettre au passif de Mario Draghi qui, malgré les demandes répétées de Matteo Salvini et de Giorgia Meloni, n’a jamais voulu changer de ministre, tenant ainsi fermement la barre à gauche en matière migratoire.

Matteo Salvini, qui entre en campagne, a déjà assuré que l’une des premières mesures qui seraient prises par le gouvernement de droite, si celui-ci revient au pouvoir après les élections du 25 septembre, serait de rétablir le décret « Sécurité » qui, lorsqu’il était à l’Intérieur, avait drastiquement fait chuter l’immigration illégale en Italie. Il a fait savoir sur Twitter qu’il serait à Lampedusa « les 4 et 5 août pour apporter idées et solutions que nous avons déjà mises en œuvre avec succès ».

Conséquence inéluctable de cette tension migratoire sur le sol italien, la délinquance augmente. Tout récemment, un fait divers d’une violence insoutenable comme la France en connaît tous les jours a défrayé la chronique à Milan. Giorgia Meloni, l’étoile montante de la droite italienne que les sondages donnent en tête de la coalition des trois partis - Fratelli d’Italia, Forza Italia et Ligue -, a réagi ainsi : « À combien d’agressions et de violence devrons-nous assister pour admettre qu’il y a en Italie un énorme problème de sécurité ? Il n’y a plus de temps à perdre. »

 

Et tous de pointer du doigt la gestion désastreuse de la ville de Milan par Bepe Sala, maire de gauche, pour qui immigration et insécurité sont un non-problème.

Le fait est que, si la situation migratoire italienne n’est pas mise rapidement sous contrôle, c’est l’ entière, et la France in primis, qui en subiront les conséquences.