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17 février 2023

GUERRE/RUSSIE : ET SI L'ON PARLAIT DE CE QUI SE PASSE REELEMENT SUR LE TERRAIN EN UKRAINE ?

Une Russie qui change la donne

 

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par Batiushka

Pendant ce temps, des nouvelles du cirque

Alors que l’Amérique est prête à payer pour que le dernier Ukrainien meure pour elle, le monde occidental parle d’autre chose : Harry Windsor a révélé le secret de famille. Le secret de famille était que Harry est un idiot, dont les ficelles sont tirées par une actrice américaine. Maintenant, le secret est révélé. Harry a lui-même révélé au monde entier qu’il est un idiot dont les ficelles sont tirées par une actrice américaine.

 

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Et les chars d’assaut qui devraient changer le cours de la guerre ?

Alors que l’Europe occidentale est prête à payer pour que le dernier Ukrainien meure pour elle, l’Allemagne, la France, la Finlande, le Royaume-Uni et d’autres pays sont prêts à se débarrasser d’un peu plus de leurs vieux véhicules blindés et même de leurs chars, pour les refiler au régime néonazi de Kiev. Ainsi, le Royaume-Uni envisage d’envoyer 14 de ses chars Challenger 2 vieux de 25 ans. Comment le Royaume-Uni formera-t-il les Ukrainiens à leur utilisation, comment fournira-t-il suffisamment de munitions pour qu’ils puissent tirer, comment fournira-t-il les mécaniciens et les pièces de rechange pour les réparer, comment – et quand – les livrera-t-il à la Pologne pour ensuite les acheminer sur le front de Kiev, plus de 1000 kilomètres plus loin, personne ne peut nous le dire. Pendant ce temps, le chef d’état-major de l’armée britannique, Sir Patrick Sanders, se plaint. « Donner des chars à Kiev signifie que nous n’en aurons pas assez pour nous-mêmes ». Après tout, ils coûtent 8 millions de livres chacun et il n’y en a que 227 dans l’armée britannique, qui manque cruellement de moyens.

Personne n’a dit à l’armée britannique qu’après une salve de missiles russes, ces 14 « armes miracles » obsolètes partiront en fumée avant même d’arriver au front. 112 millions de livres sterling envolées. Il n’est pas étonnant que les réfugiés ukrainiens retournent à Kiev pour obtenir un traitement médical approprié que le système de santé britannique, largement sous-financé et en proie à la grève, ne peut leur fournir. Personne n’a dit à l’armée britannique ou à toute autre armée de l’UE que la Russie mène une guerre d’attrition. Compte tenu de la supériorité aérienne de la Russie, de son artillerie, de ses drones, de ses missiles et de ses 15 000 chars, les forces de Kiev, leurs mercenaires et tout leur équipement sont en train d’être anéantis. Pire encore, aucun des pseudo-journalistes occidentaux, presstitués jusqu’à la moelle, n’a encore expliqué pourquoi « les forces victorieuses de Kiev » ont besoin de toujours plus de véhicules blindés et de chars occidentaux. Vous l’avez lu ici en premier : c’est parce que tous les autres véhicules blindés, chars et équipements qui « changent la donne » ont déjà été détruits. Au moins, les astronomes savent maintenant à quoi ressemble un trou noir. Il ressemble au régime de Kiev. Oui, les trous noirs changent vraiment la donne, car on peut être aspiré par l’un d’eux.

Le score : Russie 27 : Pologne, Roumanie, Hongrie 0

Face à l’agression de l’OTAN (= les États-Unis), il ne reste certainement qu’un seul choix à la Russie : libérer les 27 régions ukrainiennes (et peut-être même ailleurs). Je dois avouer que je n’ai jamais été favorable à ce que la Russie s’empare de l’extrême ouest de la Galicie. « Ils peuvent aller en Pologne ». Je pensais à la vieille malédiction russe : « Va en enfer – et emporte la Galicie avec toi ». Mais, en fait, je pense maintenant que la Russie devrait prendre le tout, la Crimée et les quatre territoires partiellement libérés, presque terminés, 22 à venir. Le fait est que tant qu’un seul morceau de l’Ukraine sera sous contrôle nazi, il constituera une menace pour la Fédération de Russie.

En plus de cela, une grande partie des méchants nazis sont partis de toute façon. De plus, si la Russie libère la Galicie, les nazis restants s’enfuiront en Pologne, de sorte qu’il n’en restera aucun et que les forces russes pourront occuper le terrain. C’est un processus d’auto-libération. La Russie menace et ils partent, tous seuls. De toute façon, pourquoi la Pologne devrait-elle en retirer quelque chose ? Qu’ont-ils fait pour le mériter ? Tout comme les Allemands, nous n’avons jamais cru à la Grande Pologne. Actuellement, les Polonais prévoient de construire un mur le long de la frontière avec l’enclave russe de Kaliningrad. Les Russes qui s’y trouvent ne sont que trop heureux et une entreprise russe locale a proposé de vendre le ciment à la Pologne. Se tenir à l’écart des Polonais et de la « nouvelle Europe » (comme l’appelle Rumsfeld) dirigée par les États-Unis semble être une excellente idée. Surtout si les Polonais vont faire le travail pour nous à leurs propres frais.

Franchement, la même chose s’applique à la Roumanie. Pourquoi devraient-ils en retirer quelque chose ? Ils ont permis aux Américains d’entrer. Ils revendiquent la Bucovine du Nord, Tchernovtsy, mais c’est principalement ukrainien. Qu’il en soit ainsi. Nous ne croyons pas non plus à la Grande Roumanie. Et pourquoi ne pas libérer également la Moldavie (moins la Transnistrie) et en faire une République autonome de la Fédération de Russie ? En dehors des 15% de Moldaves qui sont russes et des 5% de Gagaouzes très pro-russes, il y a beaucoup de Moldaves qui ne veulent rien avoir à faire avec la Roumanie corrompue et l’UE corrompue et qui regrettent l’ancienne URSS. Une République autonome de Moldavie au sein de la Fédération de Russie, avec du gaz et du pétrole bon marché, semble beaucoup plus attrayante que d’être une province mineure d’une Roumanie corrompue dirigée par les États-Unis.

Il y a aussi le cas de « Zakarpatie » – Transcarpathie, cette province de l’extrême sud-ouest au nom impérialiste kiévien ridicule. Il n’y a qu’un seul endroit qui traverse les Carpates, et c’est Kiev lui-même. Le vrai nom de la Transcarpathie est Carpatho-Rus, bien qu’elle ait également été appelée Subcarpathian Rus et, à l’ouest, Ruthenia, qui est une corruption de « Rusinia », le pays des Rusins (les Ukrainiens le translittèrent en Rusyns), c’est-à-dire le pays des Carpatho-Russes. Les Rusins parlent leur propre langue, dont le slovaque et l’ukrainien sont sans doute des dialectes. C’est le berceau historique de l’orthodoxie russe, baptisée un siècle avant 988 et avant Kiev. Je suis allé dans les Carpates, mais du côté slovaque (le côté polonais autour de Sanok a été génocidé ou dispersé par les Polonais fascistes en 1947), et j’y ai de très bons amis.

Il est vrai que la Hongrie y distribue des passeports hongrois/européens depuis quelques années (tout comme la Roumanie a vendu à presque tous les Moldaves un passeport roumain/européen – coût : 10 dollars1. Il est vrai que la Transcarpathie d’aujourd’hui est essentiellement dirigée par les frères Balogh et qu’ils sont pro-hongrois. Certains disent que la Transcarpathie devrait retourner à la Tchécoslovaquie, à laquelle Woodrow Wilson l’a rattachée en 1919. Toutefois, les Tchèques, condescendants et mal aimés, l’ont gérée comme une colonie jusqu’en 1938, date à laquelle la Hongrie l’a reprise en main, comme elle l’avait fait sous l’empire austro-hongrois, et la Tchécoslovaquie n’existe plus de toute façon. Quant à la Slovaquie voisine, elle semble n’avoir aucun intérêt pour les Carpates et la Russie, même s’il existe une minorité carpatho-russe en Slovaquie orientale2. Il y a aussi un certain nombre de personnes, comme le père Dmitry Sidor à Uzhgorod, qui pensent que les Carpates devraient faire partie de la Russie, tout comme St Aleksij (Kabaljuk) l’a plaidé auprès de Staline en 1945.

Cependant, en dehors de tout cela, il existe une autre raison pour laquelle la Fédération de Russie devrait prendre toute l’Ukraine. Si elle devait envahir l’Ukraine par le sud-ouest, le long de la côte de la mer Noire à l’ouest d’Odessa, et par le coin nord-ouest de la frontière biélorusse, les forces de l’Union pourraient effectivement couper définitivement l’Ukraine de l’Occident nazi et de l’OTAN. Déployer les fils barbelés le long de la frontière avec la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. En laissant les nazis traverser en premier, les Russes n’auraient pas à détruire les véhicules blindés et les chars occidentaux. Ils ne pourraient même pas entrer en Ukraine et resteraient bloqués en Pologne. Gardez vos missiles ! Un tel mouvement stratégique isolerait Kiev de ses marionnettistes occidentaux et la Russie n’aurait plus qu’à attendre que les villes d’Ukraine, Kiev, Kharkov, Odessa, Kherson, Nikolaev, Vinnitsa, Poltava et les autres, se rendent volontairement une à une, sans qu’aucun combat de rue ou bombardement ne soit nécessaire.

Mais qu’est-ce que j’en sais ? Les rumeurs abondent selon lesquelles la flotte russe de la mer Noire prépare un débarquement amphibie dans le sud-ouest, près d’Odessa, afin de libérer et de protéger la Transnistrie russe. De nombreuses rumeurs indiquent qu’une force conjointe de l’Union russe et de la Biélorussie est prête à libérer l’Ukraine par le nord-ouest. Un mouvement en tenaille, coupant toute l’Ukraine de l’Ouest nazi, faisant de l’ensemble de l’Ukraine un chaudron géant ? Tentant, sûrement. Mais ce ne sont que des spéculations. Qui le sait, en dehors du président et de l’état-major ? Bien sûr, si la Russie avait l’intention de s’emparer de toute l’Ukraine en raison de l’agressivité de l’Occident, peut-être devrait-elle également libérer la Moldavie et les trois États baltes néonazis ? Mais là encore, qui sait ? Je pourrais bien me tromper.

L’avenir de la Russie

Laissons les fantaisistes nazis à leur monde virtuel, le jeu vidéo dans lequel ils s’emparent de l’univers, dans lequel Kiev dirige la Russie et Taïwan la Chine, et l’Iran, l’Afghanistan et la Syrie se rendent volontairement aux néoconservateurs américains, qu’ils vénèrent comme des sauveurs du culte du cargo. Tournons plutôt notre attention vers la réalité.

Le fait est qu’après plus de 300 ans d’obsession russe pour l’Occident, au point de créer son propre complexe d’infériorité, la Russie est aujourd’hui totalement désillusionnée par cet Occident menteur, voleur, calomniateur, sournois et traître. C’est un retournement de situation étonnant. Cela signifie que les États-Unis et leurs États vassaux d’Europe occidentale, ainsi que les chimpanzés imitateurs d’autres pays, vont être contraints de faire preuve d’humilité et d’accepter la nouvelle réalité, à savoir qu’ils ne sont pas du tout exceptionnels, qu’ils sont complètement dépassés par l’Est, le Sud et le Nord de la planète, qu’ils sont surclassés, surpeuplés, surarmés et sans ressources. Dans un monde dédollarisé, l’Occident est isolé. La défaite de l’Occident en Ukraine est simplement le dernier clou du cercueil de l’Occident arrogant, ignorant, ethnocentrique, colonialiste, triomphaliste et profondément corrompu des 500 dernières années et plus.

Les contours de la future Russie ne sont toujours pas clairs. La Russie occidentalisée de Pierre Ier, où les aristocrates parlaient de préférence le français ou, plus tard, l’anglais, et la Russie soviétisée de Lénine et de Staline, qui parlaient de préférence la langue du petit-fils d’un rabbin juif allemand, et de l’ancien Poutine occidental, qui parlait de rejoindre le concert des nations occidentales et même l’OTAN, est terminée. Les illusions selon lesquelles nous devons être comme l’Occident, que l’Occident est notre modèle, ont disparu. L’Occident a tourné le dos avec mépris à la Russie primitive et barbare, alors la Russie a embrassé la Chine et le reste du monde non occidental, et cela lui a plu.

Ce qui est clair, cependant, c’est que les Russes veulent que certaines choses restent du passé. La première chose, c’est qu’ils ne veulent pas d’oligarques/aristocrates perfides, mais une élite méritocratique qui sert patriotiquement la nation plutôt qu’elle-même. Ils veulent également un contrat social équitable, une plus grande égalité entre les riches et les pauvres, avec un système politique responsable et non corrompu, ils veulent une justice sociale, une éducation et des soins de santé gratuits, des pensions décentes, une infrastructure fonctionnelle et un logement raisonnable.

Et ils veulent la protection des Russes en dehors de la Russie, du Belarus et de la Malorossija (la nouvelle Ukraine). La Nouvelle Russie est le seul pays qui mène la lutte pour la libération du joug occidental, sa politique étrangère est à la tête de la majorité mondiale des pays non occidentaux. Elle finira par diriger l’Europe occidentale également, bien que celle-ci doive d’abord se libérer de la tyrannie américaine et de toutes ses perversions et adopter une vision réaliste d’elle-même et de ses limites dans le monde réel d’aujourd’hui. Il y aura alors une maison européenne commune, mais dirigée depuis Moscou et Berlin, qui fait également partie intégrante de l’Eurasie, et non de l’Euramérique. Les prophéties russes disent qu’après Poutine viendra un nouveau tsar. Nous verrons bien.

source : The Saker

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour Le Saker Francophone

La défaite de l’Ukraine à Soledar
et la conscription forcée des recrues
militaires dans les rues du pays

 

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Edito de Danielle Bleitrach

Si pour nous progressistes et communistes français, la véritable urgence est la paix et celle-ci passe par la dénonciation de la responsabilités de nos propres gouvernants et de l’OTAN, on peut s’interroger sur les chances de cette paix qui devient une revendication mondiale. Depuis avant-hier, la stratégie des USA et de l’OTAN a été annoncé une fois de plus avec une cynique clarté comme un « tournant stratégique » : quel qu’en soit le prix, les USA paieront et l’OTAN, l’UE fournira les armes, du moins jusqu’au printemps où devraient intervenir des négociations dans le contexte espéré le plus favorable pour la guerre de l’OTAN, à partir de là, les États-Unis consacreront toute leur attention à la Chine et il faut que l’allié russe soit exsangue quitte à ce qu’il ne reste rien de l’Ukraine, l’idée du point de « basculement » fait partie de la propagande otanesque. « Les analystes russes concluent que la dépendance des politiciens occidentaux à l’égard du relais médiatique des messages et de la croyance économique capitaliste classique les transforme en quelque chose qui ressemble à des acteurs boursiers ou à des acteurs d’un film à succès hollywoodien, obsédés par des fins importantes et concluantes ». Du côté russe, si la paix peut-être négociée à chaque moment, cela ne cesse d’être répété, il faut tenir compte du terrain, celui-ci est de plus en plus favorable. Il est interdit par la Constitution russe de céder la moindre parcelle du territoire et les terres sur lesquelles se déroulent les combats sont russes désormais, donc la paix ne se fera pas à n’importe quel prix. Ce qu’il faut bien mesurer c’est que sur ces grandes lignes, à l’intérieur de chaque camp, il y a des divisions, des choix spécifiques par nations et forces politiques à l’intérieur des nations et que loin d’être isolée comme le voudrait le théâtre médiatique, l’exigence d’une paix durable est partout présente.

Danielle Bleitrach

***
Mise à jour sur la situation
en Ukraine : janvier 2023

 

par Dmitriy Kovalevich

Le premier mois de 2023 en Ukraine a été marqué par la défaite des troupes ukrainiennes près de Soledar, le village du « hachoir à viande » de la région du Donbass, situé près de la petite ville stratégique d’Artyomovsk (appelée « Bakhmut » en Ukraine, population avant guerre 75 000 habitants). L’Ukraine a subi de lourdes pertes dans les combats autour de la ville en janvier. Elle poursuit la capture et la conscription forcée de jeunes hommes dans les rues de ses villes pour compenser ses lourdes pertes militaires à Bakhmut.

De violents combats ont eu lieu dans et autour de Soledar dans la région de Donetsk depuis le milieu de l’année dernière. La ville, dont la population d’avant-guerre était d’environ 10 000 habitants, a été pratiquement détruite dans les combats et est devenue une immense tombe pour les soldats ukrainiens. Elle a été prise d’assaut principalement par des unités russes recrutées parmi les prisonniers volontaires. Leurs casiers judiciaires ont été effacés en échange de six mois de service militaire.

Kiev a reconnu la perte de Soledar seulement deux semaines après les faits et ultérieurement a complètement cessé de mentionner la ville dans ses rapports. Les plus grandes mines de sel d’Ukraine sont situées dans et autour de la ville. Avec la perte de la ville, même des produits tels que le sel commencent maintenant à être importés en Ukraine, principalement de Pologne.

Aleksey Arestovich, conseiller du bureau du président ukrainien, a déclaré en janvier que de nombreux soldats ukrainiens ne pouvaient pas résister à l’assaut russe contre Soledar et se sont enfuis. Selon lui, pendant toute la défense de la ville, il y avait « un nombre substantiel » de refuzniks qui ont déclaré qu’ils « ne peuvent plus se battre dans cette terrible guerre ». Arestovich a déclaré : « Nous avons des gens qui ont refusé de creuser des tranchées, et quand ils ont été conduits dans des tranchées prêtes à l’emploi, ils sont restés immobiles. Beaucoup ont dit que l’ennemi (les soldats russes) était trop proche et qu’il valait mieux reculer de plusieurs kilomètres des lignes de front. »

Cette révélation et d’autres du même Arestovich ont provoqué une vague de critiques de la part des nationalistes ukrainiens. Fin janvier, un missile avait frappé un immeuble résidentiel dans la ville de Dniepr (Dnipro) et tué 46 civils. Arestovich a admis qu’un missile russe avait été touché par un missile de défense aérienne ukrainien et était tombé sur un immeuble résidentiel, causant des dégâts. Après ces aveux, le parlement ukrainien a commencé à recueillir des signatures appelant Arestovich à démissionner. Quelques jours plus tard, il a annoncé qu’il démissionnait, mais pas alors même que ses révélations aient une fois de plus révélé les mensonges régulièrement inscrites dans les déclarations officielles du ministère de la Défense de l’Ukraine.

Pour sa part, la Russie a déclaré que le missile abattu au-dessus du Dniepr visait des installations militaires et a répété qu’il ne visait pas les civils en Ukraine.

La bataille de Soledar a également montré l’érosion de la motivation du personnel militaire en Ukraine. Beaucoup de ceux qui sont mobilisés de force ne témoignent d’aucun désir de se battre. À la mi-janvier, les médias ukrainiens ont publié une vidéo dans laquelle le sergent Igor Bondarenko, commandant adjoint du peloton de la 60e brigade, réprimande les soldats ukrainiens sous ses ordres qui s’étaient réfugiés dans un immeuble résidentiel et ne voulaient pas se battre. La vidéo a été filmée dans le but de faire rapport à un commandement supérieur, qui exige que les recrues militaires soient conduites au combat par tous les moyens nécessaires.

Le magazine allemand Der Spiegelse référant aux informations du renseignement allemand, a rapporté fin janvier que rien qu’à Bakhmut et dans les environs, l’Ukraine voyait des centaines de ses soldats tués chaque jour. La chaîne ukrainienne Telegram « XUA-photo de la guerre » a diffusé de terribles séquences vidéo montrant l’ampleur des morts parmi les forces armées ukrainiennes dans la région. Il commente : « Bien sûr, l’ampleur de cette tragédie doit être documentée à l’avenir. Sur les lignes de front de Bakhmut-Soledar, le commandement militaire ukrainien a affiché un échec complet. Il y a un grand nombre de morts parmi les effectifs des forces armées ukrainiennes. »

Afin d’essayer de tenir Soledar et Bakhmut, Kiev a transféré des unités militaires d’autres directions. En conséquence, à la fin du mois de janvier, les troupes russes sont passées à l’offensive en direction de Zaporozhye, écrasant la première ligne de défense des forces armées ukrainiennes et faisant de nombreux prisonniers de guerre.

L’armée russe, comme auparavant, utilise la tactique de l’artillerie à longue portée suivie par des groupes d’assaut entrant dans les positions détruites. S’il reste encore d’importantes poches de résistance, des retraites suivies de nouvelles frappes d’artillerie ont lieu. Comme l’écrit le correspondant militaire russe German Kulikovsky sur Telegram, « Nous ne subissons pas de lourdes pertes dans nos offensives, ni même dans nos postures défensives. Cela explique, soit dit en passant, la lenteur de nos offensives. Certes, les généraux de la vieille école sont tristes qu’il ne soit pas possible d’envoyer 10 000 soldats dans des attaques fringantes et, après avoir perdu environ 30% ou quelque chose du genre, de rapporter le succès au commandement supérieur. Pour les bons commandants de division d’aujourd’hui, tout est complètement différent. Ils prennent soin des gens, en utilisant activement les tromperies militaires, au besoin. »

C’est en fait ce qui se passe aujourd’hui aux postes de première ligne. Les forces russes avancent en groupes d’assaut relativement petits sur des cibles clairement sélectionnées – Soledar, Bakhmut, Maryinka, Avdeevka, Kremennaya. Dans le même temps, des frappes de missiles contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine ont lieu, augmentant le coût et les complications pour les alliés américains et européens de l’Ukraine engagés dans le combat.

Dans le même temps, les forces armées russes ont des réserves concentrées dans tous les secteurs du front, prêtes à arrêter une grande offensive des forces armées ukrainiennes si elle peut être organisée. Si ce scénario se vérifie, les forces armées ukrainiennes continueront d’être évincées de la république de Donetsk pendant qu’un déplacement vers la région de Zaporozhye a lieu. L’idée principale ici est de parvenir à l’épuisement psychologique des forces ukrainiennes et de leurs alliés occidentaux et d’implanter une compréhension qu’une guerre prolongée ne fera qu’entraîner des coûts plus élevés pour l’Ukraine et produire une paix à des conditions bien pires que celles que l’Ukraine pourrait autrement négocier.

La majeure partie de la région de Zaporozhye est déjà sous contrôle russe, mais la ville de Zaporozhye (750 000 habitants, cinquième plus grande en Ukraine) ainsi qu’une grande partie de la rive est du Dniepr restent sous contrôle ukrainien.

Le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a déclaré lors d’une réunion des ministres de la guerre des pays de l’OTAN à la base de l’armée de l’air américaine à Ramstein, en Allemagne, à la fin du mois de janvier, qu’un moment crucial des combats en Ukraine était arrivé et que la Russie se renforçait.

Presque la même chose a été dite par le secrétaire général de l’OTAN, M. Stoltenberg, lors de la réunion des élites mondiales quelques jours plus tôt à Davos, en Suisse. « C’est un moment charnière dans la guerre et il est nécessaire d’augmenter considérablement le soutien à l’Ukraine. Si nous voulons une solution pacifique négociée demain, nous devons fournir plus d’armes aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Les experts militaires russes remarquent une fois de plus que les médias et les politiciens occidentaux parlent constamment de « moments cruciaux » et de « tournants imminents » en Ukraine. Les Russes notent avec une certaine surprise que non seulement les opposants de l’Ukraine, mais aussi leurs partisans en Occident, parlent constamment de « tournants » atteints. Les politiciens ukrainiens utilisent également ce langage, bien que dans leur cas, ils espèrent que tous leurs mots précédents sur les victoires imminentes sur la Russie seront discrètement oubliés. Les « tournants » passés ont été évoqués en mars, avril, mai, septembre et décembre 2022…

Les analystes russes concluent que la dépendance des politiciens occidentaux à l’égard du relais médiatique des messages et de la croyance économique capitaliste classique les transforme en quelque chose qui ressemble à des acteurs boursiers ou à des acteurs d’un film à succès hollywoodien, obsédés par des fins importantes et concluantes. Pour ces analystes, la préoccupation des « points de basculement » suggère qu’un conflit prolongé et les coûts à long terme de la fourniture et de l’entretien des armes à l’Ukraine par les pays de l’OTAN ne dureront pas longtemps. Ils voient l’Occident faire activement pression sur Kiev pour envoyer plus de recrues militaires à l’abattoir afin d’atteindre un « point de basculement » le plus rapidement possible. En revanche, les tactiques russes impliquaient des entrées ou des sorties ordonnées de territoires sélectionnés conçus pour épuiser l’armée et l’économie ukrainiennes tout en maintenant les forces principales en réserve en cas de conflit majeur avec l’OTAN à l’avenir.

Dans le contexte de ses lourdes pertes, la conscription militaire s’est intensifiée dans toute l’Ukraine. Parfois, cela ressemble à l’enlèvement pur et simple d’hommes en âge de servir. Les commissaires militaires tentent de plus en plus de distribuer des convocations dans les endroits les plus improbables et les plus inappropriés (bien que légalement autorisés), tels que les entrées des magasins, dans les parkings ou dans les stations-service. Parfois, ils ont recours à des barrages routiers.

À Odessa, il y a eu des cas de personnes directement enrôlées dans la rue. Un abonné de la chaîne « Typical Odessa » sur Telegram a rapporté : « Ce matin, mon ami, près de la gare, a été mis dans une voiture et emmené au bureau d’enregistrement et d’enrôlement militaire, sans même qu’on lui ait présenté une convocation écrite. Il a passé un examen médical à six heures et demie du soir et on lui a ensuite dit qu’il était envoyé à Nikolaev. Apparemment, c’est une nouvelle tactique. Les autorités se rendent compte que personne ne réagit aux convocations militaires, et elles ont donc commencé à prendre des gens et à les livrer directement sur la ligne de front. »

D’autres abonnés d’Odessa commentent que les hommes sont amenés aux bureaux d’enrôlement militaire par des ambulances et des véhicules « Nova Poshta » (service de livraison). Les commissaires militaires font souvent leur travail en civil. Tout le monde ne se rend pas sans se battre. « Près du champ de Kulikovo (un quartier du centre d’Odessa), dans la cour d’un immeuble de neuf étages, deux inconnus ont opposé une sérieuse résistance physique à deux « messagers de la mort » (comme on appelle les officiers militaires de la conscription), à la suite de quoi les jeunes civils l’ont emporté et le camp « militaire » perdant a perdu son paquet de documents et d’argent. », écrit ‘Odessa typique’.

Le directeur de l’Institut pour l’étude des conséquences des actions militaires en Ukraine, le politologue russe Kirill Molchanov, qualifie l’Ukraine d’« État kamikaze ». Il souligne qu’il existe une autre Ukraine, représentée par des réfugiés et des résidents du sud de l’Ukraine qui participent à des rassemblements de protestation organisés par les épouses et les mères de militaires. Selon lui, ce sont ces personnes qui ont voté pour Zelensky en 2019 en raison de sa promesse de mettre fin à la dictature nationaliste et à la guerre dans le Donbass de son prédécesseur, Petro Porochenko. (Porochenko a été élu en mai 2014 alors que la répression de l’opposition au coup d’État de février 2014 était déjà bien avancée.) Molchanov soutient que « afin de s’éloigner du rôle imposé par l’Occident de l’Ukraine en tant qu’État kamikaze, une plate-forme est nécessaire pour trouver un consensus et développer une vision commune pour les Ukrainiens qui ne sont pas d’accord avec le cours actuel de Kiev ».

L’ancien commandant des forces terrestres polonaises, le colonel-général de réserve Waldemar Skrzypczak, a accordé le 16 janvier une interview au journal polonais pro-gouvernemental wPolityce sur les perspectives de mettre fin au conflit armé sur le territoire ukrainien. Selon le général polonais, le président de la Fédération de Russie est convaincu que si la Russie réussit à expulser les forces ukrainiennes de la région du Donbass, l’Ukraine ne pourra pas survivre économiquement et redeviendra un pays exclusivement agraire. « Malheureusement, la Russie obtiendra ce qu’elle veut, parce qu’elle renforce maintenant son avantage. La clé de son succès sera ce qu’elle est en train de faire maintenant – se préparer à une guerre à grande échelle dans laquelle la Russie aura l’avantage de plusieurs fois la supériorité sur l’armée ukrainienne. Les Russes y parviendront, et, malheureusement pour l’Ukraine, il ne sert à rien de contester cela », a déclaré le général.

Selon l’armée polonaise, l’Occident n’est pas en mesure d’aider suffisamment l’Ukraine pour créer un potentiel militaire supérieur à celui de la Russie. Skrzypczak estime que la Russie ne peut être étranglée que politiquement et économiquement. « Où allons-nous ? Parions-nous que tous les Ukrainiens mourront dans cette guerre ? », a-t-il demandé rhétoriquement. Il a répondu par l’affirmative, appelant à la mobilisation des Ukrainiens résidant dans les pays occidentaux qui ont réussi à échapper au service militaire en Ukraine. Lorsqu’un journaliste lui a demandé que les Ukrainiens occidentaux ne voulaient probablement pas se battre, le général a répondu que leurs opinions n’avaient pas d’importance. « Ah, alors maintenant nous allons leur demander s’ils veulent être soldats ou non ? Il est nécessaire de se mobiliser, de s’enrôler dans l’armée – et c’est tout », a déclaré le général polonais.

Les véritables raisons d’un tel intérêt dans le fait que « tous les Ukrainiens meurent dans cette guerre » ont été expliquées sans équivoque par la ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, lors d’un rassemblement des personnes les plus riches du monde à Davos, en Suisse. Son grand-père maternel a édité un journal ukrainien pro-nazi à Vienne pendant l’occupation allemande nazie de l’Ukraine. Selon elle, les Ukrainiens se battent pour les intérêts des pays occidentaux et la défaite de la Fédération de Russie entraînera un coup de pouce à l’économie mondiale.

Stimuler l’économie mondiale au profit des super-riches réunis ou représentés à Davos signifiera, tout d’abord, une augmentation de leurs profits personnels et, deuxièmement, l’acquisition des ressources de la Fédération de Russie par le biais d’une nouvelle croisade militaire. Après tout, même le directeur du FMI a déclaré aux fidèles réunis à Davos en janvier que le conflit en Ukraine était mondial et non régional. Pour cette raison, des centaines d’Ukrainiens meurent chaque jour à Bakhmout et dans les environs, et ces pertes sont remplacées par des enlèvements forcés dans les rues d’Ukraine.

source : Histoire et Société

Quand le brouillard de la guerre
commence à se dissiper…

 

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Je n’ai rien à redire à l’analyse de Eric Denécé que j’approuve sans réserves.

Elle fait apparaître les responsabilités des uns et des autres dans la poursuite jusqu’au boutiste de cette guerre qui va précipiter le déclin du “camp du bien”.

Dominique Delawarde

*
Éditorial de Eric Denécé relatif à la guerre d’Ukraine

Fin juillet 2022, lors d’une intervention consacrée à la manipulation de l’information en temps de guerre1, je déclarais qu’il était difficile d’analyser aussi finement que l’on pouvait le souhaiter le conflit en cours en Ukraine, les causes réelles de son déclenchement et d’identifier formellement les auteurs de crimes de guerre, car je sais d’expérience, en tant qu’ancien analyste du renseignement, que les faits rapportés par les médias et la plupart des observateurs en temps réel sont toujours partiels, approximatifs ou biaisés, que les différents belligérants rivalisent de désinformation et que les véritables explications n’apparaissent que plus tard, à l’issue du conflit… voire parfois jamais !

Nous en avons aujourd’hui l’illustration, car des faits nouveaux – c’est-à-dire des événements qui étaient « invisibles » en temps réel par les analystes, si ce n’est par une partie des belligérants – sont peu à peu portés à notre connaissance, un an après le début de ce déplorable conflit. Évidemment, il convient d’être prudent même si les sources sont crédibles et qu’elles sont déjà en partie recoupées. Toutefois, ces révélations nous paraissent suffisamment fondées pour que nous les prenions en considération. A partir de celles-ci, il est dès lors possible d’avoir une nouvelle lecture des événements et de donner du sens à des faits et des décisions dont on ne saisissait pas jusqu’alors la logique.

Les deux récentes révélations qui modifient la donne sont :

– les déclarations concordantes de l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett, de l’économiste américain Jeffrey Sachs2 et des médiateurs turcs3, selon lesquelles le gouvernement ukrainien a été à très proche, fin mars 2022, de signer un accord avec la Russie pour mettre un terme au conflit ;

– l’article de Seymour Hersh décrivant la manière dont les Etats-Unis ont procédé pour conduire l’opération de sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 et les conclusions d’un procureur allemand chargé de l’enquête.

La rupture des négociations

Des négociations se sont ouvertes, en mars 2022, quelques jours après le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, à l’initiative d’Israël. Dans une longue interview accordée à la chaine Channel 12, le 4 février 20234, l’ancien Premier ministre de l’État hébreu, Naftali Bennett5, a révélé de nombreux détails sur les coulisses de cette médiation.

Il a expliqué que Moscou et Kiev étaient alors disposés à faire d’importantes concessions et qu’une trêve semblait possible : « Je prétends qu’il y avait de bonnes chances de parvenir à un cessez-le-feu » a-t-il affirmé, ajoutant que Poutine acceptait de renoncer aux exigences de « dénazification » et de désarmement de l’Ukraine, tandis que Zelensky consentait à ne plus demander l’adhésion de son pays à l’OTAN. De plus, à l’occasion de sa rencontre avec Vladimir Poutine, Bennett lui a demandé « Comptez-vous assassiner Zelensky ? ». Le chef d’Etat russe lui a alors promis qu’il n’éliminerait pas son homologue ukrainien.

« Tout ce que j’ai fait était coordonné avec les États-Unis, l’Allemagne et la France » a expliqué l’ancien chef du gouvernement israélien. Avant d’entreprendre cette démarche il avait en effet contacté Joe Biden, son secrétaire d’État Antony Blinken, son conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan, ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz pour leur proposer d’être un « canal de communication » entre Poutine et Zelensky. Bennett ajoute que la médiation d’Israël « a été coordonnée dans les moindres détails avec les États-Unis, la France et l’Allemagne », qui ont finalement pris les décisions finales. Il affirme en effet que les négociations ont été rompues par les pays occidentaux qui « ont bloqué » le processus, alors même que Bennett avait « l’impression qu’ils voulaient tous les deux [Zelensky et Poutine] un cessez-le-feu ».

Ces révélations sont particulièrement importantes et permettent de comprendre que Zelensky ne décidait de rien, qu’il a accepté de se voir dicter ses décisions par les Occidentaux, et que ce sont ces derniers qui ont refusé la signature d’un cessez-le feu. Seul bémol, Bennett semble donner à la France et à l’Allemagne une importance que nous ne sommes pas sûrs qu’elles aient eu dans ce conflit6, dont l’impulsion et la direction reviennent aux Américains.

Les Britanniques sont bien sûr également intervenus dans cette décision. Selon l’ex-Premier ministre d’Israël, « Boris Johnson a préconisé des mesures plus radicales. Macron et Scholz sont plus pragmatiques. Et Biden a soutenu les deux approches7 ». Au final, il observe qu’ils ont fait le choix de la position la plus radicale, c’est-à-dire celle des Britanniques.

Ainsi, aucune issue n’a pu être trouvée en raison de la « décision de l’Occident de continuer à frapper Poutine », de ne pas négocier et de faire passer un message aux autres États « voyous dans le monde », notamment à la Chine en raison de ses intentions vis-à-vis Taïwan a affirmé Bennett.

Israël n’a pas été le seul État ayant tenté une médiation entre les deux parties, la Turquie s’est également investie afin que le dialogue soit maintenu entre Moscou et Kiev. Et après des débuts de négociations difficiles8, il semble là aussi que les pourparlers n’ont pas été loin d’aboutir.

Le 20 mars, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, assure que la Russie et l’Ukraine sont « proches d’un accord » et Ibrahim Kalin, le porte-parole de la présidence turque, déclare dans un entretien au quotidien Hurriyetque les deux parties négocient sur six points : la neutralité de l’Ukraine, le désarmement et les garanties de sécurité, la «dénazification», le retrait des obstacles à l’utilisation de la langue russe en Ukraine, le statut de la région séparatiste du Donbass et le statut de la Crimée9.

Le 29 mars, les délégations russe et ukrainienne se retrouvent à Istanbul pour un nouveau round de négociations10. Le Kremlin qualifie alors les pourparlers de « significatifs » entre les deux pays11. Ce même jour, le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, annonce officiellement le retrait, à compter du 1er avril, des forces russes de la région de Kiev et du nord de l’Ukraine. Moscou présente ce repli comme un gage de bonne volonté dans le cadre des pourparlers avec Kiev. Le 29 mars toujours, Zelensky reconnaît voir des signaux « positifs » dans les négociations russo-ukrainiennes en Turquie, mais déclare que son pays n’a pas pour autant l’intention de relâcher ses efforts militaires12 .

Le 30 mars, malgré les réserves du camp occidental, le négociateur en chef ukrainien estime que les conditions sont désormais « suffisantes » pour une rencontre au sommet entre Poutine et Zelensky13. L’Ukraine se dit prête à adopter un statut neutre en échange de garanties sur sa sécurité, une proposition apparemment bien accueillie par Moscou qui confirme réduire son activité militaire autour de Kiev. Mais dans la soirée, tout bascule : le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, estime que les négociations n’ont donné lieu à « aucune avancée »14, sans que l’on sache lequel des deux camps est à l’origine de cette impasse.

Jeffrey Sachs15 a révélé récemment le rôle essentiel de Biden et de la petite cellule de néoconservateurs qui l’entoure –Victoria Nulland (sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques), Jake Sullivan (conseiller à la Sécurité nationale) et Anthony Blinken (secrétaire d’État), principalement – dans cette décision lourde de conséquences pour le peuple ukrainien. Il affirme que Russes et Ukrainiens en étaient alors à la septième ou huitième version d’un document final que devaient signer les deux parties lorsque les négociations ont été subitement interrompues par un revirement de Zelensky.

Selon Sachs, c’est la visite de Biden en Europe à partir du 23 mars – afin de participer à trois sommets internationaux à l’OTAN, au G7 et à l’Union européenne –, puis en Pologne, le 2616, qui sonne le glas des négociations et explique le changement de position de Zelensky. Depuis Varsovie, le président américain s’est montré particulièrement intransigeant à l’égard de Moscou et s’est livré à de violentes attaques verbales contre Poutine17, le qualifiant de « boucher », déclarant « il ne peut pas rester au pouvoir » et réitérant son soutien indéfectible à l’Ukraine18.

Les Russes auraient alors compris que les Occidentaux ne voulaient pas leur permettre de profiter d’une victoire presque acquise et qu’ils allaient devoir faire face à une guerre longue, ce qui n’était probablement pas dans leurs plans initiaux. Est-ce pour cette raison qu’ils ont pris la décision de retirer leurs forces du nord de l’Ukraine pour les redéployer dans le Donbass ou s’agissait-il vraiment d’un geste de bonne volonté l’égard de Kiev dans le cadre des négociations ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’après que les négociations sous les auspices israéliens et turcs aient été bloquées par les Occidentaux, tout dialogue va être définitivement interrompu lorsque Kiev va accuser Moscou – à tort ou à raison – des atrocités de Boutcha19.

 

gazodux nord stream russe

Le sabotage des gazoducs

Seymour Hersch est une référence incontestée du journalisme d’investigation américain. Lauréat du prix Pulitzer en 1970, les nombreuses affaires qu’il a révélées durant sa carrière – du massacre de My Lai en 1968 à la véritable façon dont s’est déroulée l’élimination de Ben Laden et aux vraies raisons de la guerre en Syrie20 – font de lui un homme immensément respecté dans les milieux médiatique et politique d’outre-Atlantique. Sa force est de disposer de sources d’une grande qualité – acteurs engagés au cœur du conflit ou proches des centres de décision – et ses articles sont toujours fondés et très sérieux. Ce journaliste chevronné ne se livre jamais à des conjectures gratuites. L’article qu’il a récemment publié mérite donc toute notre attention21.

Hersh y décrit précisément l’opération conçue et conduite par la CIA, avec l’aide de la Norvège22 pour saboter les gazoducs Nord Stream 1 et 2. En juin 2022, à l’occasion d’un exercice naval de l’OTAN en mer Baltique, des plongeurs norvégiens ont installé des explosifs sur les gazoducs et les ont dotés d’un dispositif de mise à feu à distance. C’est un avion de de patrouille maritime norvégien qui déclenchera l’explosion, trois mois plus tard, le 26 septembre, en larguant une bouée acoustique. Seymour Hersh déclare que la décision de saboter les gazoducs, véritable acte de guerre, a été prise en secret par le président américain Joe Biden et son entourage sans en référer au Congrès, afin d’empêcher Moscou de gagner des milliards de dollars grâce aux ventes de gaz naturel à l’Europe.

Évidemment, les autorités américaines ont dénoncé l’article de Seymour Hersh. La porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Adrienne Watson, l’a qualifié de « fiction complète » et celui de la CIA « de complètement et totalement faux ». Pour sa part, le ministère norvégien des Affaires étrangères a déclaré : « Ces affirmations sont fausses ». En toute logiquela réaction des autorités américaines et norvégiennes ne pouvait être qu’un démenti23. Mais il ne convainc guère car les informations fournies par le journaliste dans son article sont particulièrement précises et plausibles, et l’on on voit mal qui d’autre que Washington avait intérêt à ce sabotage, d’autant qu’un procureur allemand vient de confirmer qu’il n’y avait aucune preuve contre la Russie dans ce dossier24.

Un nouvel éclairage sur les événements

Si comme nous le croyons ces informations sont avérées, cela conduit à éclairer d’un jour nouveau les événements passés et les responsabilités respectives des acteurs impliqués dans ce conflit. Nous formulons donc les hypothèses suivantes qu’il conviendra de confirmer ou d’infirmer.

– L’« opération spéciale » russe a initialement atteint son but : faire plier le régime de Kiev. En dépit de revers militaires localisés et de pertes non négligeables, il devient possible de considérer qu’elle a été une réussite au cours des cinq premières semaines du conflit, car elle a contraint les Ukrainiens à des négociations immédiates qui ont été proches d’aboutir. Cela remet en cause les analyses de nombreux experts et des médias occidentaux qui l’ont hâtivement qualifié d’échec, ou ceux qui ont cherché faire croire – comme la Pologne – qu’il s’agissait d’une invasion de l’Ukraine… prélude à celle de l’Europe !

Tout s’inverse lors du voyage de Biden en Europe, fin mars 2022. Les Occidentaux – c’est-à-dire les Américains et les Britanniques – poussent Zelensky à poursuivre la guerre qui aurait alors pu s’arrêter rapidement, certes aux conditions russes, lesquelles se limitaient alors à la neutralité de l’Ukraine, au Donbass et à la Crimée (il n’était alors pas question de Karkiv, Kherson ou Zaporija ; ces nouvelles revendications de Moscou ont été formulées suite au revirement ukrainien).

– Cela démontre de manière indiscutable que les Etats-Unis sont les vrais responsables de la poursuite de la guerre avec la complicité du gouvernement Zelensky, qui n’est qu’un pion dans leur stratégie. Le « héros » de Kiev, soutenu par la frange ultranationaliste du régime, n’a pas hésité à sacrifier son propre peuple et l’avenir de son pays pour plaire à ses mentors occidentaux.

Ainsi, depuis avril 2022, nous assistons donc bien à une guerre américano-russe par Ukrainiens interposés qui été relancée par Washington pour essayer d’affaiblir – sans succès – la Russie, et dans laquelle les États européens se sont laissés entrainer par russophobie, suivisme ou stupidité confondante.

– C’est là une nouvelle illustration de l’insignifiance des Européens et de leur soumission totale à Washington au détriment de leurs propres intérêts. Si la France se voit reléguée à un rôle de figurant dans cette crise, en dépit des pathétiques gesticulations de son président, c’est surtout l’Allemagne qui paie le prix fort dans ce conflit. En effet, elle a été victime d’un véritable acte de guerre de la part de son allié et protecteur américain avec les sabotages de gazoducs. Mais en dépit du fait que cette opération ait des conséquences désastreuses pour l’économie d’outre-Rhin, ni le gouvernement de Berlin, ni les parlementaires, les médias ou la population n’ont bronché, se couchant littéralement devant Washington qui a ainsi atteint l’un de ses objectifs : couper définitivement l’Allemagne de la Russie en provoquant une rupture irréconciliable entre les deux États ; et réduire l’influence croissante de Berlin en Europe et son poids économique au sein du camp occidental.

Voilà qui change bien des choses quant à notre perception de ce conflit et aux responsabilités des acteurs. Ainsi est mise en lumière la double dimension du piège machiavélique tendu par les néoconservateurs américains :

– rendre la pression sur le Donbass insupportable pour la Russie afin de la pousser à intervenir militairement en Ukraine25, de la décrédibiliser sur le plan international et de la couper de l’Europe de l’Ouest ;

– ne pas lui permettre de parvenir à une victoire après ses succès initiaux et l’entraîner dans une guerre longue pour l’affaiblir durablement.

En refusant une sortie négociée du conflit à l’avantage de Moscou en mars 2022, les Américains ont prolongé et aggravé le conflit. Toutefois celui-ci a évolué dans un sens qu’ils n’avaient pas prévu, car ils avaient parié sur un écroulement économique de la Russie. Mais cela ne s’est pas produit, pas davantage que la défaite de l’armée russe sur le terrain ou la mise au ban unanime de Moscou par la communauté internationale. Pire, un nouveau système économique et financier est en train de se mettre en place, qui menace l’hégémonie politique et monétaire de Washington.

Une nouvelle fois, les Américains se révèlent être de piètres stratèges et de vrais apprentis sorciers. Leur stratégie d’affaiblissement de la Russie s’est transformée en une guerre existentielle pour le maintien de leur domination sur le monde. Le piège qu’ils ont tendu pourrait bien se refermer sur eux.

source : Cf2R

  1. https://dialoguefrancorusse.com/medias/guerre-en-ukraine-information-et-realite-avec-eric-denece-et-pierre-conesa/
  2. Consultant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres ; il a figuré à plusieurs reprises dans le classement des personnalités les plus influentes du monde de Time Magazine.
  3. https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/ukraine-turquie-israel-russie-guerre-efforts-diplomatie-mediation-negociations
  4. https://www.i24news.tv/fr/actu/conflit-en-ukraine/1675587804-je-ne-tuerai-pas-zelenski-avait-promis-vladimir-poutine-a-naftali-bennett https://fr.timesofisrael.com/bennett-assure-que-poutine-lui-a-promis-de-ne-pas-tuer-zelensky/
  5. Comme plusieurs de ses prédécesseurs à ce poste, Naftali Bennett est un ancien officier des forces spéciales, ayant servi successivement au sein des sayerot Matkal et Maglan.
  6. En effet, depuis les déclarations d’Angela Merkel (décembre 2022) corroborées par François Hollande, nous savons que les Européens, à la demande de Washington, n’ont jamais souhaité voir appliquer les accords de Minsk qu’ils avaient signé en juin 2014.
  7. https://www.youtube.com/watch?v=qK9tLDeWBzs
  8. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1867918/guerre-ukraine-rencontre-diplomatique-turquie-negociations.
  9. https://www.lefigaro.fr/flash-actu/pourparlers-la-turquie-assure-que-la-russie-et-l-ukraine-sont-proches-d-un-accord-20220320
  10. https://www.lavoixdunord.fr/1159206/article/2022-03-29/direct-ukraine-nouveau-round-de-negociations-istanbul-entre-moscou-et-kiev https://www.leparisien.fr/international/negociations-entre-lukraine-et-la-russie-un-premier-pas-diplomatique-mais-29-03-2022-LPQFQOSECJEXHK4M6SLU25AJ2I.php https://www.leprogres.fr/defense-guerre-conflit/2022/03/29/guerre-en-ukraine-la-nouvelle-session-de-pourparlers-devrait-debuter-a-istanbul
  11. https://information.tv5monde.com/info/negociations-entre-l-ukraine-et-la-russie-moscou-souffle-le-chaud-et-le-froid-450818
  12. AFP29 mars 2022.
  13. https://www.lorientlejour.com/article/1295195/negociations-substantielles-entre-moscou-et-kiev-en-turquie.html
  14.  https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/30/guerre-en-ukraine-dans-les-negociations-comme-sur-le-terrain-kiev-tente-de-reprendre-la-main_6119733_3210.html
  15. https://www.youtube.com/watch?v=ySNyAaw4VE
  16. https://www.rfi.fr/fr/amériques/20220323-le-président-américain-joe-biden-en-europe-pour-une-série-de-sommets-internationaux.
  17. https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/26/guerre-en-ukraine-joe-biden-reaffirme-en-pologne-que-l-accord-de-defense-collective-de-l-otan-est-un-devoir-sacre_6119294_3210.html
  18. https://www.midilibre.fr/2022/03/26/en-visite-en-pologne-joe-biden-qualifie-poutine-de-boucher-et-reitere-son-soutien-indefectible-a-lukraine-10196320.php
  19. En dépit d’affirmation péremptoires de nombreux médias, les résultats des enquêtes internationales – auxquelles ont participé les gendarmes de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) – sur l’identification des auteurs de ces horribles crimes de guerre n’ont pas encore été rendues publiques.
  20. The Killing of Osama Bin Laden, Verso, 2016.
  21. https://seymourhersh.substack.com/p/how-america-took-out-the-nord-stream
  22. Rappelons que l’actuel secrétaire général de l’OTAN est Jens Stoltenberg, un ancien Premier ministre norvégien et qu’Oslo est le premier concurrent de la Russie sur le marché du gaz en Europe…
  23. Sans surprise, Hersh s’est vu aussitôt qualifié de de « théoricien du complot » sur sa page Wikipedia !
  24. https://www.francesoir.fr/politique-monde/aucune-preuve-ne-lie-la-russie-au-sabotage-des-gazoducs-nord-stream-selon-le
  25. Eric Denécé, « Ukraine : la guerre des Spin Doctors américains », Éditorial n°58, février 2022, (https://cf2r.org/editorial/ukraine-la-guerre-des-spin-doctors-americains/).

 

 

La défaite de l’Ukraine se précise

 

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par Thierry Meyssan

C’est un secret de polichinelle : le gouvernement de Kiyv est en train de perdre militairement face à l’armée russe. Celle-ci avance sans se presser et construit la défense des régions qui ont rejoint Moscou par référendum. Mais cette réalité inexorable en cache d’autres. Par exemple, le fait que la Türkiyé, toujours membre de l’Otan, soutient la Russie et lui fournit des pièces détachées pour son armée. Non seulement l’Alliance atlantique perd, mais elle se fissure.

L’avenir de l’Ukraine se précise. Les combats opposent d’un côté le gouvernement de Kyiv qui refuse d’honorer sa signature des Accords de Minsk et, de l’autre, la Russie qui entend faire respecter la résolution 2202 du Conseil de sécurité, entérinant les dits Accords. D’un côté, un État qui refuse le Droit international et est soutenu par les Occidentaux, de l’autre un autre État qui refuse les règles occidentales et est soutenu par la Chine et la Türkiye.

Comment le président Volodymyr Zelensky, élu pour appliquer les Accords de Minsk, a-t-il pu se transformer en « nationaliste intégral »1, prendre le parti de fanatiques, héritiers des pires criminels du XX° siècle ? C’est un mystère. L’hypothèse la plus probable est financière, M. Zelensky étant connu depuis la publication des Paradise Papers pour ses comptes off-shores et ses propriétés en Angleterre et en Italie. Au demeurant, Volodymyr Zelensky n’a pas grand rapport avec ses « nationalistes intégraux ». C’est un couard. Au début de la guerre, il est resté plusieurs semaines, planqué dans un bunker, probablement hors de Kiyv. Il n’est sorti qu’après que le Premier ministre israélien, Nafatali Bennett l’ait assuré que le président Vladimir Poutine lui avait promis qu’il ne tuerait pas le président ukrainien2. Depuis, il fait le matamore par vidéo dans tous les sommets politiques et festivals artistiques occidentaux.

Comment la Türkiye, alliée des Occidentaux au sein de l’Otan, s’est-elle impliquée du côté russe ? C’est plus facile à comprendre pour ceux qui ont suivi les tentatives d’assassinat du président Recep Tayyip Erdoğan par la CIA. Au départ Erdoğan était un voyou de rue. Puis, il s’est investi dans une milice islamique qui l’a conduit à se rapprocher aussi bien des insurgés afghans que des jihadistes russes d’Itchkérie, ce n’est qu’après ce parcours qu’il est entré en politique, au sens classique du terme. Durant sa période de soutien aux groupes musulmans anti-russes, il était un agent de la CIA. Comme beaucoup, lorsqu’il est parvenu au pouvoir, il a considéré les choses différemment. Il s’est progressivement détaché de Langley et a voulu servir son peuple. Cependant son évolution personnelle s’est déroulée alors que son propre pays changeait plusieurs fois de stratégie. La Türkiye n’a toujours pas digéré la chute de l’Empire ottoman. Elle s’est essayée à plusieurs stratégies successivement. Depuis 1987, elle est candidate à l’Union européenne. En 2009, avec Ahmet Davutoğlu, elle a pensé rétablir son influence ottomane. De fil en aiguille, elle a imaginé réunir cet objectif national et le parcours personnel de son président pour devenir la patrie des Frères musulmans et rétablir le Califat, abrogé par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Mais la chute de l’Émirat islamique, l’oblige à abandonner ce projet. La Türkiye se tourne alors vers les peuples turcophones, elle hésite à englober les Ouïghours et finalement choisit les peuples ethniquement turcs. Quoi qu’il en soit, dans cette quête, elle n’a plus besoin ni des Européens, ni des États-Unis, mais de la Russie et de la Chine. Après sa victoire contre l’Arménie, elle créé l’« Organisation des États turcs » (le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Turquie et l’Ouzbékistan. En outre, la Hongrie et le Turkménistan y ont le statut d’observateur).

Aujourd’hui, selon le Wall Street Journal, 15 sociétés turques exportent chaque mois pour 18,5 millions de dollars de matériels achetés aux États-Unis vers une dizaine de sociétés russes faisant l’objet de mesures coercitives unilatérales illégales US (présentées comme des « sanctions » par la propagande atlantiste)3. Le sous-secrétaire US au Trésor chargé du Terrorisme et du Renseignement financier, Brian Nelson, s’est rendu en vain à Ankara pour contraindre la Türkiye de respecter les règles occidentales. Ankara continue à soutenir secrètement l’armée russe.

Lorsque l’émissaire états-unien a fait remarquer que la Türkiye était sur la mauvaise pente en se plaçant du côté du vaincu russe, ses interlocuteurs lui ont présenté les vrais chiffres de la guerre en Ukraine, établis par le Mossad et publiés par Hürseda Haber4. Sur le terrain, le rapport de forces est de 1 à 8 au bénéfice de la Russie. Il y a 18 480 morts côté russe, contre 157 000 côté ukrainien. Comme dans le conte d’Andersen, le roi était nu.

La Türkiye bloque aujourd’hui l’adhésion de la Suède à l’Otan. Ce faisant, elle bloque aussi celle de la Finlande qui avait été présentée dans le même dossier. Si l’on admet les informations du Wall Street Journal, il ne s’agit pas d’un hasard. Certes Ankara avait obtenu l’engagement de ces deux pays à extrader les chefs du PKK et du mouvement de Fethullah Gülen ; engagement qu’ils n’ont pas tenu. Mais il ne pouvait pas en être autrement dans la mesure où, depuis l’emprisonnement de son chef, Abdullah Öcallan, le PKK est devenu un outil de la CIA et qu’il se bat aujourd’hui sous les ordres de l’Otan, lui qui jadis était allié des Soviétiques5. Quant à Fethullah Gülen, il vit aux États-Unis sous la protection de la CIA. Il a joué un rôle central dans la tentative d’assassinat du président turc, le 15 juillet 2016, et dans celle de coup d’État qui suivit.

La Türkiye soutient donc aujourd’hui la Russie au même titre que la Chine : elle lui fournit des pièces détachées pour son industrie de Défense et n’hésite pas à lui réexpédier du matériel de fabrication états-unienne. Mais alors que la Croatie et la Hongrie, autres membres de l’Otan, n’hésitent pas à dire publiquement que le soutien de l’Alliance à l’Ukraine est une stupidité, sans pour autant la quitter, Ankara feint d’être pleinement atlantiste.

Le tremblement de terre qui vient de secouer la Türkiye et la Syrie n’a pas les caractéristiques des tremblements observés jusqu’ici, partout dans le monde. Le fait qu’une dizaine d’ambassadeurs occidentaux aient quitté Ankara dans les cinq jours précédant le séisme et que, dans la même période, leurs pays aient émis des conseils de ne pas se rendre en Türkiye semble indiquer que les Occidentaux savaient à l’avance ce qui allait avoir lieu. Les États-Unis disposent de moyens techniques pour provoquer des tremblements de terre. Ils s’étaient engagés, en 1976, à ne jamais y recourir. La sénatrice roumaine Diana Ivanovici Șoșoacă affirme qu’ils ont violé leur signature de la « Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles » et ont provoqué ce séisme6. Le président Recep Tayyip Erdoğan a demandé à ses services de Renseignement (MİT) d’étudier ce qui n’est aujourd’hui qu’une hypothèse. Dans le cas d’une réponse positive, il faudrait admettre que Washington, conscient qu’il n’est plus ni la première puissance économique mondiale, ni la première puissance militaire mondiale, détruit ses alliés avant de mourir.

Contrairement aux messages dont l’Occident est abreuvé, non seulement sur le terrain, l’Ukraine perd, mais l’Otan est remise en cause de l’intérieur par au moins trois de ses membres.

Dans ces conditions, comment expliquer que les États-Unis continuent à envoyer des armes sur le champ de bataille et à exiger de leurs alliés qu’ils en envoient en masse ? Force est de constater qu’une majorité de ces armes ne sont pas modernes, mais datent de la Guerre Froide et sont généralement soviétiques. Inutile de gâcher des armement des années 2000 sachant qu’ils seront détruits parce que la Russie dispose d’armes plus modernes que celles de l’Occident. Par ailleurs, il peut être intéressant pour diverses armées de tester des armes de dernière génération dans un combat de haute intensité. Dans ce cas, les Occidentaux n’envoient que quelques spécimens de ces armes et surtout pas plus.

En outre, si les unités « nationalistes intégrales » ukrainiennes reçoivent des armes occidentales, les conscrits n’en ont pas. Le différentiel, probablement les deux tiers, est conservé en Albanie et au Kosovo ou envoyé au Sahel. Il y a trois mois, le président nigérian, Muhammadu Buhari, au sommet de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) a dénoncé l’arrivée de ces armes dans les mains de l’État islamique7. Devant les exclamations de surprise et d’indignation des parlementaires US, le Pentagone a créé un commission chargée d’effectuer un suivi des livraisons. Elle n’a, à aucun moment, rendu compte de ses activités et des détournements qu’elle aurait constatés.

Il y a deux semaines, l’inspecteur général du Pentagone s’est rendu en Ukraine, officiellement pour faire toute la lumière sur ces détournements. Dans un article précédent, j’ai montré qu’il était surtout venu là-bas pour effacer avec succès les traces des affaires de Hunter Biden8. Le ministre de la Défense ukrainien, Oleksiy Reznikov, avait annoncé qu’il allait démissionner instamment avec plusieurs membres de son administration. Il n’en est toujours rien.

Autre question : pourquoi l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, copropriétaires des gazoducs Nord Stream ne protestent pas après le sabotage dont ils ont été victimes, le 26 septembre 2022 ? Et pourquoi ils ne réagissent pas aux révélations de Seymour Hersch sur la responsabilité états-uno-norvégienne ?9 ? Le célèbre journaliste d’investigation a été autorisé à publier son enquête

Certes, le porte-parole des nationalistes d’Alternative pour l’Allemagne a demandé la création d’une commission d’enquête au Bundestag sur ce sabotage, mais la grande majorité des responsables politiques de ces trois pays se font discrets : leur pire ennemi est leur allié !

Au contraire, ils se sont flattés de recevoir le président Volodymyr Zelensky à Bruxelles. Mais celui-ci s’était préalablement rendu à Washington et à Londres, les deux capitales qui comptent, avant de venir s’adresser à celles qui paient.

Thierry Meyssan

source : Réseau Voltaire

  1. « Qui sont les nationalistes intégraux ukrainiens ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 novembre 2022.
  2. « Bennett : Putin assured me at Moscow meeting he wouldn’t kill Zelensky », The Times of Israël, February 5, 2023.
  3. « Russia’s Ukraine War Effort Fueled by Turkish Exports », Jared Malsin, Wall Street Journal, February 3, 2023.
  4. « İddia : MOSSAD’a göre Ukrayna ve Rusya kayıpları », 25 Ocak 2023.
  5. « Général Başbuğ : les USA dirigent le PKK depuis l’emprisonnement d’Öcallan », Réseau Voltaire, 13 mars 2018.
  6. « Selon la sénatrice Diana Ivanovici Șoșoacă, les USA ont provoqué le séisme en Turquie et en Syrie », Réseau Voltaire, 13 février 2023.
  7. « Muhammadu Buhari met en garde contre le flux d’armes de la guerre russo-ukrainienne en Afrique », Actu Niger, 30 novembre 2022.
  8. « L’affaire Hunter Biden / Ihor Kolomoïsky », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 7 février 2023
  9. « Comment l’Amérique a détruit Nord Stream », par Seymour M. Hersh, Réseau Voltaire, 11 février 2023.

 

 

Le front ukrainien est-il
sur le point de s’effondrer ?

 

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par Dmitry Orlov

Une évolution majeure, mais lente, semble être en cours du côté ukrainien de la ligne de front. Depuis des mois, la seule raison pour laquelle les Ukrainiens ont pu tenir tête aux Russes est que leur accès, via l’Internet mobile, aux données satellitaires et aux informations analytiques de l’OTAN a permis à leurs systèmes d’artillerie et de roquettes de cibler précisément le matériel et les troupes russes. Cela a obligé les Russes à agir rapidement : ils se mettent en position, tirent une salve sur une cible ukrainienne et s’éloignent avant que cette position ne puisse être visée.

L’alimentation en données est assurée par les terminaux Internet par satellite Starlink d’Elon Musk, au nombre de 20 000, répartis sur l’ensemble de la ligne de front de 1000 km. Comme cela arrive souvent, et comme je l’ai souligné dans mon livre de 2017, Shrinking the Technosphere, la forme la plus efficace et la plus rentable de technologie est souvent la contre-technologie : des dispositifs bon marché mais efficaces qui transforment une technologie avancée très coûteuse en un tas de ferraille inutile. C’est précisément ce qui se passe actuellement grâce aux efforts de brillants jeunes ingénieurs et scientifiques russes travaillant à l’usine militaire de Sestroretsk.

Ils ont réussi quelque chose que les concepteurs américains des terminaux Starlink pensaient impossible. Leur nouveau système monté sur camion, Borschevik, est capable de localiser les terminaux Starlink actifs dans un secteur de 180° et dans un rayon de 10 km avec une précision de 5m. Il s’agit d’un système passif, ce qui signifie qu’il ne peut pas être découvert à l’aide du signal qu’il envoie, car il n’en envoie pas. Le camion est une petite cible mobile et le système fait son travail en deux minutes s’il est stationnaire et en 15 minutes s’il se déplace d’un point à l’autre, en ciblant un maximum de 64 terminaux Starlink à la fois. Les informations de ciblage sont ensuite transmises automatiquement aux batteries d’artillerie et de missiles.

Jusqu’à présent, les résultats ont été très positifs : Borshchevik a pu localiser non seulement des emplacements d’artillerie soigneusement camouflés, mais aussi des rassemblements de mercenaires étrangers (qui sont, sans aucun doute, accros à Internet) et des détachements d’infanterie ukrainienne (qui ne peuvent pas se battre sans que l’OTAN leur dise où aller et dans quelle direction diriger leurs tirs). Ces positions ont ensuite été aplaties à l’aide de systèmes de roquettes à lancements multiples ou de systèmes de missiles guidés tels que le Krasnopol.

Avec l’aide de Borschevik, la tactique russe va changer. Alors que jusqu’à présent, ils devaient « tirer et filer » pour éviter les tirs de riposte, ils pourront désormais commencer par détruire tous les terminaux Starlink de la zone, puis se rendre sur la ligne de front avec des camions remplis de munitions et continuer à tirer jusqu’à ce que plus rien ne bouge du côté ukrainien, et seulement ensuite avancer avec l’infanterie, nettoyer et établir de nouvelles positions. Sans Starlink, les troupes ukrainiennes resteront simplement assises à attendre les ordres de l’OTAN, ne sachant pas où aller ni où tirer et espérant avoir une chance de se rendre. Une fois qu’un nombre suffisant de camions équipés de Borschevik seront en place tout au long du front, les Ukrainiens n’auront d’autre choix que de laisser leurs terminaux Starlink éteints la plupart du temps et de les allumer périodiquement pour recevoir de nouveaux ordres, bien qu’il puisse alors être trop tard pour les exécuter ou qu’ils puissent être pris pour cible et détruits avant d’avoir pu le faire.

C’est le talon d’Achille du plan américain qui consiste à attaquer la Russie en utilisant une armée par procuration composée essentiellement de marionnettes télécommandées, et les Russes l’ont découvert et ont trouvé un moyen de l’exploiter : couper ses communications avec l’OTAN, et c’est pratiquement terminé. Regardons !

Dmitry Orlov

source Club Orlov

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour Le Saker Francophone

 

 

Conflit en Ukraine : de « l’Armée
nazie de libération russe » à la
« Légion atlantiste de la Russie libre »

 

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par Karine Bechet-Golovko

La guerre de l’information n’a pas été créée aujourd’hui et les méthodes se répètent. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, les Nazis ont créé de toute pièce une mythique “Armée de libération russe” ou “armée de Vlassov”, dont le but, outre les répressions contre les civils, était principalement politique et propagandiste : des Russes se battent contre Staline. Les pays de l’Axe reprennent aujourd’hui en Ukraine cette technique des Nazis, en déclarant haut et fort la constitution d’une Légion de la Russie libre, composée de Russes, qui se battent contre Poutine – et contre la Russie, comme leurs ancêtres. Dans ce scénario, toute ressemblance avec les méthodes des nazis n’est pas fortuite.

Le NYT vient de nous gratifier d’une annonce intéressante, qui reprend parfaitement le registre des organes de propagande de Goebbles. Ainsi, au sein de la Légion internationale en Ukraine, des unités de combats constituées de Russes, qui luttent “contre Poutine” évidemment du côté de l’Axe en Ukraine, sont créées. C’est le même dispositif que ces Soviétiques, qui luttaient avec Vlassov contre Staline avec les nazis. Les deux sont surtout des organes de propagandes, devant montrer que les Russes soutiennent le nazisme, alors et maintenant – oups, soutiennent la liberté. Les deux n’ont qu’un très faible intérêt militaire. Les deux sont surtout une opération politique et communicationnelle.

Ainsi, cette nouvelle armée de Vlassov est composée de personnes, qui détestent profondément la Russie actuelle et Poutine, sans tous venir de Russie :

“Ils ont pris les armes contre la Russie pour diverses raisons : un sentiment d’indignation morale face à l’invasion de leur pays, un désir de défendre leur patrie d’adoption, l’Ukraine, ou une aversion viscérale pour le président russe, Vladimir V. Poutine.”

A l’époque de l’armée de Vlassov, 35 à 45% des membres étaient Russes. Et eux aussi se battaient soit disant contre Staline, eux aussi étaient indignés – en effet, comment l’URSS avait-elle eu l’outrecuidance de ne pas se laisser envahir par la civilisation ? Aujourd’hui, comment la Russie ose-t-elle ne pas laisser bombarder les populations russes du Donbass, comment ose-t-elle ne pas laisser bombarder les régions limitrophes, comment ose-t-elle lever la tête quand tous la baissent ? Cela aurait pourtant permis de discréditer la Russie et en s’effondrant sur elle-même, elle serait alors entièrement tombée entre les mains du pouvoir global. Mais comme à l’époque, ça n’a pas marché.

Leurs dirigeants, Staline alors, Poutine maintenant, sont donc responsables … de ce que leur pays, à ce deux moments-clés de l’histoire, ne se laisse pas dévorer par un pouvoir extérieur. Ils sont donc logiquement l’ennemi. Ce qui explique et la focalisation sur leur personne, et la haine viscérale qu’ils provoquent en Occident, en Europe – dans cette Europe, où la plupart des pays collaboraient activement avec les nazis à l’époque, où les élites dirigeantes sont assujetties au pouvoir global aujourd’hui. Rien n’a changé, aucune leçon n’a été tirée.

Et après un moment de méfiance envers ces Russes, qui passent à l’ennemi, l’Ukraine leur a finalement ouvert les bras :

Le groupe opère sous l’égide de la Légion internationale ukrainienne, une force de combat qui comprend des unités composées de volontaires américains et britanniques, ainsi que de Biélorusses, de Géorgiens et d’autres. Près d’un an après le début de la guerre, l’unité russe a reçu peu d’attention – en partie pour protéger les soldats des représailles de la Russie et contre leurs proches.

Au début de la guerre, la loi ukrainienne empêchait les citoyens russes de rejoindre les forces armées. Mais l’unité a maintenant gagné suffisamment de confiance de la part des commandants ukrainiens pour prendre sa place parmi les forces, qui combattent férocement l’armée russe au sud de la ville stratégique de Bakhmut, dans l’est de l’Ukraine, dans l’un des théâtres les plus brutaux de la guerre.

Et le nom est posé, la Légion de la Russie libre, ce qui rappelle bien l’ancienne Armée de libération russe nazie. Officiellement, il y aurait quelques centaines de personnes. Qui ne viennent pas tous de Russie.

Revenons un peu sur cette Armée de libération russe, qui a directement inspiré cette Légion. L’histoire de cette Armée de libération nazie remonte à décembre 1942, quand Vlassov et Baersky se sont adressés aux dirigeants du Troisième Reich, pour constituer une armée devant “libérer la Russie du communisme”. Concrètement, cette armée n’a combattu ni le communisme, ni l’Armée rouge (jusqu’en février 1945 sur les rives de l’Oder), mais elle a surtout été constituée comme un élément de propagande, devant montrer que le pouvoir était contesté en URSS. Ils furent également utilisés dans la répression des résistants et des civils et en ce sens sont des criminels de guerre.

La première brigade est apparue en 1943, constituée de 650 personnes, issues de ressortissants de l’URSS et surtout constituée de Russes blancs. Ils portaient l’uniforme SS, ce qui doit souligner leur patriotisme, et leur principale mission était de lutter contre les partisans dans la région de Pskov. Après la défaite de Koursk, d’autres brigades furent constituées et armées.

Et puis une autre unité formée de prisonniers de guerre (la 1ère brigade nationale SS russe “Druzhina”), presque à pleine puissance, emportant avec eux 10 pièces d’artillerie, 23 mortiers, 77 mitrailleuses, armes légères, 12 stations de radio et autres équipements, passa du côté des partisans et commença à se battre contre les soldats de la Wehrmacht.

Après cela, l’armée de Vlassov a été désarmée et dissoute. Des officiers ont même été assignés à résidence. Puis ils ont changé d’avis et ont envoyé tout le monde en France, loin du front de l’Est et du contact avec les partisans.

Ceci doit expliquer aussi leur popularité en Europe … Il a fallu attendre la fin de l’année 1944, pour que n’ayant plus rien à perdre, cette armée soit réarmée, et une division de 18 000 hommes soit constituée par les nazis, à partir de prisonniers, collaborateurs, émigrés, etc. C’est alors à Prague, qu’ils constituent leur Comité. Grâce au financement nazi, en avril 1945, cette armée comprenait quelque 120 000 hommes. 

Le but ici était plus politique que militaire : en voyant la fin de la guerre arriver, cette armée de Vlassov, qui s’est déclarée neutre à l’égard des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, devait être utilisée comme une troisième force contre l’URSS et c’est à la fin de la guerre qu’elle a réellement pris part à quelques combats contre l’Armée rouge, principalement sur le territoire allemand. Il fallait bien ancrer la légende. A la fin de la guerre, les Alliés ont rendu à l’URSS deux tiers des membres de cette armée, qui furent incarcérés et 6 membres de leur commandement pendus.

L’histoire se répète. Surtout lorsque les leçons ne sont pas tirées.

Karine Bechet-Golovko

source : Russie Politics

 

 

Léopards contre l’ours russe

 

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par Veteran Intelligence Professionals for Sanity

Mémorandum d’alerte pour : Le Président
De : Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)
Sujet : Léopards contre l’ours russe

Décisions dans le vide du renseignement

Cher Président Biden :

Nous sommes conscients que la décision d’envoyer des chars Abrams à l’Ukraine, qui vient d’être annoncée, répond à l’insistance timide de Berlin pour que « vous y alliez en premier ». Maintenant, des chars Leopard de l’Allemagne et d’autres alliés seront également envoyés. Le problème, c’est que les quelques chars qui arriveront en Ukraine seront en retard à la fête.

Ce que vos conseillers auraient dû vous dire, c’est qu’aucun des nouveaux armements promis n’empêchera la Russie de vaincre ce qui reste de l’armée ukrainienne. Si l’on vous a dit le contraire, remplacez vos conseillers en matière de renseignement et d’armée par des professionnels compétents – le plus tôt sera le mieux.

Mal servis

Il est clair depuis longtemps que vous n’avez pas été suffisamment informés sur deux questions d’importance majeure : (1) la guerre en Ukraine, et (2) le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine. Nous avons choisi ce genre de « MEMORANDUM D’ALERTE » parce que nous voulons vous préparer à un choc majeur. L’offensive hivernale de la Russie est sur le point de rouler sur l’armée ukrainienne. À ce moment-là, des choix fâcheux devront être faits. Des rampes de sortie doivent être recherchées – encore une fois, le plus tôt sera le mieux.

Vos conseillers en matière de renseignement semblent béatement ignorants de ce qui se prépare. Ils semblent encore moins en mesure de vous proposer des options pour éviter un nouveau désastre pour l’Ukraine sans une escalade encore plus dangereuse. Quant à la Chine, le partenariat avec la Russie est maintenant si étroit qu’il y a maintenant un risque de guerre sur deux fronts avec deux puissances nucléaires fortes se soutenant mutuellement contre les États-Unis.

La domination de l’escalade

Le président Obama a concédé, dans une interview de 2016 avec The Atlantic, que la Russie a la domination de l’escalade en Ukraine, ajoutant que l’Ukraine est un intérêt central de la Russie mais pas des États-Unis. Ainsi, a-t-il averti, « nous devons être très clairs sur ce que sont nos intérêts fondamentaux et ce pour quoi nous sommes prêts à faire la guerre ». De plus, l’avertissement d’Obama est intervenu plusieurs années avant que l’entente Russie-Chine ne prenne la forme solide qu’elle a aujourd’hui.

Plusieurs d’entre nous soussignés étaient agents de renseignement au Vietnam il y a 55 ans, lorsque les communistes vietnamiens ont monté une féroce offensive dans tout le pays au moment du Têt (fin janvier – début février 1968). Les rapports de renseignement de l’armée à Saigon ont laissé les décideurs totalement pris au dépourvu face à la débâcle. La récrimination était si répandue et si amère que le président Johnson a annoncé le mois suivant qu’il ne se représenterait pas à la présidence.

Dossier de VIPs’ sur les renseignements (corrompus)

Il y a vingt ans, avant l’attaque des États-Unis et du Royaume-Uni contre l’Irak, nous avons averti à plusieurs reprises le président George W. Bush que la « justification » d’une telle attaque reposait sur de faux renseignements. (Voir, par exemple, « Le discours d’aujourd’hui du secrétaire Powell à l’ONU » et « Renseignements sur l’Irak : Falsification, hyperbole, demi-vérité »). Cinq ans plus tard, le président de la commission du renseignement du Sénat, Jay Rockefeller, publiant les conclusions bipartites d’une enquête menée par la commission pendant cinq ans, les a résumées en ces termes :

« En présentant les arguments en faveur de la guerre, l’administration [Bush] a, à plusieurs reprises, présenté les renseignements comme des faits alors qu’en réalité ils étaient sans fondement, contredits, voire inexistants ».

« Inexistants » ! Réfléchissez-y. Fabriqué, frauduleux. Dans notre mémo du 5 février 2003 sur le discours du secrétaire d’État Colin Powell, nous avons averti que les conséquences involontaires d’une attaque contre l’Irak seraient probablement catastrophiques. Nous avons également exhorté le président Bush à élargir le cercle de ses conseillers « au-delà de ceux qui sont clairement déterminés à mener une guerre pour laquelle nous ne voyons aucune raison impérieuse ».

Président Biden, pensez à élargir votre cercle dès maintenant. Apportez du sang neuf, avec une expérience avérée et la capacité de peser les choses de manière impartiale et de comprendre les perspectives des autres pays.

L’Ukraine : Aucune raison impérieuse

Les déclarations de vos principaux conseillers actuels en matière de renseignement rivalisent avec celles des conseillers de Bush et de Cheney en matière de manque de sincérité. Leurs déclarations vont de la malhonnêteté à la naïveté (voir ci-dessous). Elles trahissent un manque cruel de compréhension des préoccupations stratégiques de la Russie et de sa détermination à utiliser sa formidable puissance militaire pour faire face aux menaces extérieures perçues. Ces déclarations reflètent également une ignorance abyssale de la manière dont le comportement des États-Unis a conduit, bon gré mal gré, à une profonde modification de la corrélation mondiale des forces en faveur de la Russie et de la Chine – jusqu’à en faire des alliés militaires, sauf de nom.

Le directeur de la CIA, William Burns, devait être le proverbial « adulte dans la pièce ». Et pourtant, nous l’entendons promouvoir l’idée que l’invasion de l’Ukraine par la Russie était « non provoquée ». Burns était ambassadeur des États-Unis il y a 15 ans lorsque le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit aux États-Unis ce à quoi ils devaient s’attendre si l’Ukraine devenait membre de l’OTAN. À son crédit – à l’époque – dans un câble adressé à Washington le 1er février 2008 et intitulé « Nyet veut dire Nyet : Les lignes rouges de l’élargissement de l’OTAN », l’ambassadeur Burns rapportait :

L’élargissement de l’OTAN, notamment à l’Ukraine, reste une question « émotionnelle et névralgique » pour la Russie, mais des considérations de politique stratégique sous-tendent également une forte opposition à l’adhésion à l’OTAN… « En Ukraine, il s’agit notamment de la crainte que la question ne divise potentiellement le pays en deux, entraînant des violences ou même, selon certains, une guerre civile, ce qui obligerait la Russie à décider d’intervenir ».

Voilà pour le « non provoqué ».

Illusions sur le renseignement

Un examen des déclarations faites le mois dernier par le directeur de la CIA, William Burns, et la directrice du renseignement national, Avril Haines, a révélé ce qui suit :

Sur l’Ukraine :

« Ce que nous voyons, au moins à la CIA, c’est une réduction du rythme des combats … alors que l’hiver s’installe. L’armée russe est sévèrement battue maintenant. » (William Burns)

« Nous constatons une sorte de réduction du rythme (…) et une sorte de ralentissement (…) Et nous nous attendons à ce que ce soit probablement ce que nous voyons dans les mois à venir. (…) Et puis, une fois l’hiver passé (…) à quoi ressemblera la contre-offensive (…) nous sommes en fait assez sceptiques quant à savoir si les Russes seront, en fait, préparés à cela. (…) Je suis plus optimiste pour les Ukrainiens pour cette période. » (Avril Haines)

« Nous constatons des pénuries de munitions (…) Ils [les Russes] brûlent assez rapidement [les stocks de munitions militaires] (…) Je veux dire que c’est assez extraordinaire et notre propre sentiment est qu’ils ne sont pas capables de produire en interne ce qu’ils dépensent à ce stade (…) leurs munitions de précision s’épuisent beaucoup plus vite. » (Avril Haines)

Sur la Chine :

« Eh bien, je pense que Xi Jinping et Vladimir Poutine ont formé un partenariat assez étroit au cours des dernières années. Quelques semaines avant que Poutine ne lance son invasion en Ukraine, lorsqu’ils se sont rencontrés aux Jeux olympiques d’hiver à Pékin, ils ont proclamé une amitié sans limites. Il y a en fait quelques limites à ce partenariat » … (William Burns)

Commentaire : Selon VIPs, le plus important, et de loin, est que Poutine a obtenu l’approbation tacite de Xi Jinping pour envahir l’Ukraine une fois les Jeux olympiques de Pékin terminés. Quelles que soient les « limites » auxquelles Burns pense, elles ne sont rien comparées à la volonté de Xi Jinping d’accorder à Poutine, essentiellement, une dérogation au principe westphalien fondamental de non-ingérence de la Chine.

« La Chine continue à jouer les deux côtés de ce jeu, n’est-ce pas ? Je veux dire qu’elle continue à travailler avec la Russie sur toute une série de choses. Ils continuent à faire des choses comme tenir des réunions. … Nous ne voyons rien qui soit déterminant pour l’assistance militaire. Mais il y a des choses à la marge qui nous préoccupent. » (Avril Haines)

Commentaire : À la marge ? Le glissement tectonique vers un deux contre un dans la corrélation triangulaire des forces des superpuissances est jugé « en marge » – ne mérite pas d’être mentionné ?

 

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Poutine : « C’est tout simplement fou »

S’exprimant le 27 octobre au Club international de discussion Valdai, le président Poutine s’est interrogé sur le bien-fondé de ceux qui « gâchent les relations avec la Chine tout en fournissant des milliards d’armes à l’Ukraine pour lutter contre la Russie. » (…)

« Franchement, je ne sais pas pourquoi ils font cela. (…) Sont-ils sains d’esprit ? Il semble que cela aille complètement à l’encontre du bon sens et de la logique (…) C’est tout simplement fou. (…) De telles actions irrationnelles sont ancrées dans l’arrogance et le sentiment d’impunité ».

Une sortie de route sur l’Ukraine ?

Toujours à Valdai le 27 octobre, Poutine a laissé entendre que, dans le cadre de la progression de l’armée russe vers l’ouest, Moscou pourrait accepter de s’arrêter avant de prendre Odessa, en échange de concessions de la part des États-Unis, de l’OTAN et de l’Ukraine. Un journaliste hongrois timide a dit à Poutine qu’il avait l’intention de visiter Odessa. « Devrais-je demander un visa russe ou ukrainien dans deux ans ? » a-t-il demandé.

Nous nous demandons si vos conseillers vous ont parlé de ces remarques de Poutine en réponse. (Une occasion manquée ?)

Odessa peut être une pomme de discorde, un symbole de la résolution des conflits, et un symbole de la recherche d’une sorte de solution à tout ce qui se passe actuellement. Ce n’est pas une question de Russie. Nous avons dit à de nombreuses reprises que nous étions prêts à négocier… Mais les dirigeants du régime de Kiev ont décidé de ne pas poursuivre les négociations avec la Fédération de Russie. Il est vrai que le dernier mot appartient à ceux qui mettent en œuvre cette politique à Washington. Il est très facile pour eux de résoudre ce problème : envoyer le signal approprié à Kiev pour qu’il change de position et cherche une solution pacifique à ces problèmes. Et c’est ce qu’ils feront.

Nous ne pensons pas que la Russie veuille occuper toute l’Ukraine, ni même la plus grande partie du pays. En échange d’une certaine flexibilité de la part de Washington/Kiev, nous suggérons que les Russes envisagent d’arrêter leur progression au niveau du Dniepr et tentent d’organiser des pourparlers pour créer une sorte de zone démilitarisée depuis Odessa vers le nord, à peu près le long du Dniepr. Cela laisserait à l’Ukraine un accès à la mer. Il n’est peut-être pas trop tard pour donner suite à l’allusion faite par Poutine à Valdai fin octobre. Qu’y a-t-il à perdre ?

Toutes les voies de sortie possibles doivent être explorées sérieusement. Les alternatives sont toutes assez sombres.

La ligne du bas

La Russie est non seulement déterminée à l’emporter, mais elle a aussi les moyens de l’emporter en Ukraine, en dépit de l’injection d’armes par l’Occident. Pour paraphraser le président Obama, la Russie voit une menace existentielle en Ukraine, alors que l’Ukraine ne constitue pas une menace sérieuse pour les États-Unis. C’est un fait que les puissances nucléaires ne tolèrent pas de menaces existentielles à leur frontière. Et il n’y a aucune preuve à l’appui de l’accusation selon laquelle « après l’Ukraine, Poutine s’en prendra à d’autres pays européens ». L’ancienne Union soviétique est morte et enterrée. R.I.P.

Poutine ne peut pas non plus être considéré comme paranoïaque. Il a entendu de la bouche du secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin :

« L’un des objectifs des États-Unis en Ukraine est de voir une Russie affaiblie. … Les États-Unis sont prêts à remuer ciel et terre pour aider l’Ukraine à gagner la guerre contre la Russie. »

Les États-Unis peuvent-ils atteindre l’objectif d’Austin ? Pas sans utiliser des armes nucléaires.

Il y a donc une grande déconnexion conceptuelle – et exceptionnellement dangereuse. En clair, il n’est pas possible de « gagner la guerre contre la Russie » ET d’éviter la troisième guerre mondiale. Il est carrément effrayant que le secrétaire à la Défense Austin puisse penser que c’est possible. En tout cas, le Kremlin doit supposer qu’il le pense. C’est une illusion très dangereuse.

POUR LE GROUPE DE DIRECTION,
VETERAN INTELLIGENCE PROFESSIONALS FOR SANITY (VIPs)

Richard H. Black, sénateur de Virginie, 13e district ; colonel de l’armée américaine (retraité) ; ancien chef de la division du droit pénal, bureau du juge-avocat général, Pentagone (personnalités associées).

Bogdan Dzakovic, ancien chef d’équipe des Federal Air Marshals et de l’équipe rouge, FAA Security, (retraité) (VIP associé)

Graham E. Fuller, Vice-président, National Intelligence Council (retraité)

Philip Giraldi, CIA, officier des opérations (retraité)

Matthew Hoh, ancien capitaine, USMC, Irak et officier du service extérieur, Afghanistan (VIP associés)

Larry C. Johnson, ancien officier de la CIA et du département d’État chargé du contre-terrorisme

John Kiriakou, ancien officier de la CIA chargé du contre-terrorisme et ancien enquêteur principal de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Karen Kwiatkowski, ancien lieutenant-colonel de l’armée de l’air américaine (retraité), au bureau du secrétaire à la Défense, qui a surveillé la fabrication de mensonges sur l’Irak, de 2001 à 2003.

Ray McGovern, ancien officier d’infanterie et de renseignement de l’armée américaine et analyste de la CIA ; conseiller présidentiel de la CIA (retraité).

Elizabeth Murray, ancienne responsable adjointe du renseignement national pour le Proche-Orient, National Intelligence Council et analyste politique de la CIA (retraitée).

Pedro Israel Orta, ancien officier de la CIA et de la Communauté du renseignement (Inspecteur général)

Todd E. Pierce, MAJ, Juge-avocat de l’armée américaine (retraité)

Scott Ritter, ancien MAJ, USMC ; ancien inspecteur en désarmement de l’ONU, Irak

Coleen Rowley, agent spécial du FBI et ancienne conseillère juridique de la division de Minneapolis (à la retraite)

Lawrence Wilkerson, colonel (États-Unis, retraité), professeur invité distingué, College of William and Mary (VIPS associé)

Sarah G. Wilton, CDR, USNR, (retraité) ; Defense Intelligence Agency (retraité)

Robert Wing, ancien agent du service extérieur (VIPS associé)

Ann Wright, colonel de réserve de l’armée américaine à la retraite et ancienne diplomate américaine qui a démissionné en 2003 pour s’opposer à la guerre en Irak.

source : Antiwar

envoyé par Mendelssohn Moses

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