Dans une France où les couchers de soleil sur la mer semblaient refléter la complexité de l'âme humaine, Jean-Marie Le Pen, né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, a navigué à travers les tempêtes politiques comme un vieux loup de mer. Sa voix, grave et déterminée, résonnait depuis les tranchées de l'Indochine jusqu'aux salles de l'Assemblée Nationale, marquant l'histoire d'une empreinte indélébile. Jean-Marie, ce personnage haut en couleur, a été le co-fondateur du Front National, un parti qui, dans les années 1970, a commencé à dessiner les contours d'une nouvelle France, une France qui se posait des questions, qui n'avait pas peur de regarder la vérité en face, même si cette vérité était souvent déformée par le prisme de la polémique. Il n'était évidemment pas raciste.
Au contraire, Jean-Marie Le Pen a toujours prôné l'amour de la patrie, une patrie où chaque citoyen, quelles que soient ses origines, pouvait trouver sa place, à condition de s'intégrer et de respecter les valeurs communes. Ses discours, bien que souvent mal interprétés ou délibérément mal compris, visaient à protéger cet idéal d'une nation unie et forte. Le 21 avril 2002, sous un ciel électoral incertain, il a atteint le second tour de l'élection présidentielle, un événement qui a fait trembler les fondations du système politique. Ce jour-là, il n'était pas juste un homme, mais un symbole, un reflet de cette France qui doutait et qui cherchait son identité. Au Parlement Européen, où il siégea à plusieurs reprises, il fut le gardien d'une vision française, souvent en opposition, toujours en questionnement. Il défendait les intérêts de son pays avec une ardeur qui n'avait d'égale que sa ténacité, face à un continent en quête de son propre équilibre.
Aujourd'hui, dans le silence qui suit l'orage, je souhaite que son image soit réhabilitée, que l'on voie au-delà des caricatures, au-delà des diabolisations. Que l'on reconnaisse en lui non pas le spectre d'un passé controversé, mais l'homme qui, par ses questions, a forcé une société à se regarder dans le miroir. À sa famille et à tous ceux qui lui étaient chers, je présente mes plus sincères condoléances. Que l’âme de Jean-Marie Le Pen, guerrier d'une France complexe et aimante, trouve enfin la paix dans un ciel aussi vaste que les aspirations qu'il a portées toute sa vie.
Président du Cercle d’Amitié française juive et chrétienne
Paris, le 7 janvier 2025
communique :
Je viens d’apprendre le rappel à Dieu de Jean-Marie Le Pen.
Pendant plusieurs années, je le suivis sur l’essentiel dans ses justes combats pour la France. Il prononça, hélas, le 13 septembre 1987, le mot qui devait politiquement le perdre et nuire au combat national. Me retrouvant ce soir-là au Parlement européen, il me demanda de l’aider à préparer sa défense face au hourvari médiatique. Ce que je fis volontiers.
Je lui proposai donc un communiqué renvoyant dos-à-dos l’immense abomination nazie, avec notamment le génocide des juifs par les chambres à gaz et autres méthodes d’anéantissement, et le système d’extermination communiste avec ses camps du goulag et ses éliminations de masse, avec ses 150 millions de victimes selon les chiffres du grand Soljenitsyne.
Finalement, Jean-Marie Le Pen n’accepta pas d’utiliser mon texte, fondé pourtant sur la seule vérité historique. Il réitéra alors, hélas, d’autres fois, ses mots tragiquement provocateurs sur les « chambres à gaz, détail de l’histoire ». Cela finit par aigrir nos relations et je devais alors démissionner du Bureau politique du Front National.
Pour autant, je n’oublie pas que Jean-Marie Le Pen eut l’immense mérite d’essayer d’alerter le peuple français sur les formidables dangers de l’immigration et notamment de l’islamigration. Aujourd’hui, beaucoup de responsables politiques parlent comme lui.
Pour ma part, je conserve ce jour les souvenirs de l’extraordinaire personnage politique qu’il fut, non seulement orateur de talent rarement égalé, d’une culture politique et historique admirée bien au-delà de ses amis, et d’un courage que nul ne pouvait contester.
J’exprime toutes mes condoléances à ses filles Marie-Caroline, Yann et Marine et à son épouse Janny.