LES MODES TOURISTIQUES SUR LA RIVIERA FRANCAISE
LES MODES TOURISTIQUES
SUR LA RIVIERA FRANCAISE
Chronique Culturelle par Thierry JAN
Le mois de mai est le plus beau de l’année disent les almanachs. C’est aussi celui de Marie et dans nos contrées, plus d’une chapelle ou oratoire lui rendra durant ce mois hommage. Dimanche nous aurons assisté à la béatification du Pape Jean Paul II. Le saint père appartient à cette espèce d’hommes qui marquent leur époque et demeurent à jamais dans la mémoire collective. Que l’on soit ou non catholique, son nom est connu et fait toujours réagir le lecteur. Pour notre part, il restera celui qui nous a exhorté à ne pas avoir peur et à ouvrir nos frontières et horizons à la soif d’amour et de liberté. C’est lui qui a finalement fait tomber la chape de plomb qui plongeait dans la nuit de l’oppression depuis 1945 la moitié de l’Europe. Il est en cela un des pères de cette Europe qui a tant de mal à s’unir. Ce n’est pas une balade que nous ferons cette semaine, mais au début de la saison touristique, nous avons pensé à la pertinence d’évoquer les comportements des touristes aux XIXe et XXe siècles.
Le voyageur de la belle
époque jusqu’à 1914
Ce dernier n’a rien à voir avec le spectacle que nous donne aujourd’hui ce mouvement migratoire des populations vers les plages surchauffées et surchargées de candidats au Naevius. Á la Belle époque les dames se cachent du soleil avec des ombrelles, des voilettes et il ne faut surtout pas être bronzé. On utilise d’ailleurs des crèmes blanchissantes. Ce sont de riches rentiers, la bourgeoisie d’affaire, commerçants, industriels ou négociants. On trouve également des officiers de haut rang en fin de carrière, des professions libérales et enfin les classes aristocratiques. Cette clientèle est caractérisée par son oisiveté et si elle vient sur la riviera, c’est soit pour se soigner, soit pour bénéficier du climat clément de la Méditerranée.
L’ENTRE DEUX GUERRES
Les familles régnantes d’Europe centrale et orientale ont disparu avec la guerre. Le Reich Allemand est devenu une république, le vieil empire d’Autriche a éclaté, trop sclérosé pour survivre au cataclysme de la guerre. La Russie Tsariste a succombée à une révolution et le pays est maintenant sous le joug d’une dictature qui prône la lutte des classes. Les rentiers ont été ruiné par le conflit et désormais il faut vivre de son travail, d’où l’apparition de nouvelles professions comme ingénieur, terme très vaste qui englobe de nombreuses qualifications. Les crises économiques et internationales des années 1929- 1936 n’encouragent pas le tourisme. Néanmoins on assiste progressivement à une arrivée des américains, lesquels vont lancer Juan les Pins et promouvoir une nouvelle mode : celle des bains intégraux dans la mer. On ne se baigne plus dans une cabine, on nage. Se baigner devient un sport et Juan les Pins une station à la mode qui bientôt attire les artistes.
Les congés payés, la fin de la guerre, une soif de jouissances, de plaisirs bouleversent la sociologie du tourisme sur la côte d’Azur. Nice s’est dotée d’un aéroport qui permet aux voyageurs du monde entier d’y venir. Cette clientèle internationale va fréquenter les palaces qui pour certains deviennent la propriété de chaînes internationales. Les classes populaires fréquentent quant à elles les campings, les chambres meublées, où les familles s’entassent et peuvent y cuisiner et dîner, Elles y viennent pour deux ou trois semaines et souvent y reviennent, réservant d’une année sur l’autre. Ces établissements familiaux se regroupent aux abords de la Promenade ou autour de la gare. Ils vont disparaître après les années ‘80’ devant la multiplication des packs vacances permettant de partir plus loin à la découverte de nouveaux horizons. Après 1990 un nouveau type de tourisme voit le jour : celui d’affaire, des congrès. Cela attire de très nombreux congressistes qui bien souvent réservent tout un hôtel. Des palais des congrès sont alors construits afin d’attirer cette clientèle et des villes comme Cannes et Nice se retrouvent en concurrence pour remporter les marchés.
Ainsi depuis le tourisme artisanal de la fin du XVIIIe, on est arrivé en moins de deux siècles à une industrie qui dynamise l’économie de la côte d’azur et est créatrice de nombreux emplois.
Thierry JAN