SYRIE :
LE CHEMIN DE DAMAS 

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Batteries russes Sol-Air SAM-400 et 500 déployées en Syrie

Editorial de Marc Le Stahler


Au II° siècle après J.C. Saül parcourait le proche orient pour chasser et martyriser les chrétiens. C'est sur la route de Damas, où il méditait sans doute un nouveau mauvais coup, qu'il eut la révélation de sa vie et, de juif pharisien, se convertit au christianisme.


 

Plus je vois Poutine, et plus il m'intéresse. Les performances économiques de la Russie ne sont certes pas encore flagrantes, mais le rôle international de ce grand pays, un temps mis en sommeil, est en train de se reconstituer à grande vitesse. A force de dire que l'avenir du monde s'était déplacé vers le Pacifique, on a un peu vite oublié l'Ours russe qui pourrait bien se réveiller d'une longue hibernation post-soviétique. "Nous aiderons la Syrie si elle est attaquée" a-t'-il dit.
Les choses sont claires !

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Triste spectacle hier à Saint Pétersbourg... Si l'histoire se met à déraper dans les prochains jours (et on sait que ce genre de dérapage est difficilement maîtrisable quand par malheur il survient), les peuples de la terre retiendront qu'un petit pantin minable, stupide et incompétent, élu par inadvertance par un peuple français versatile et assez inconscient pour lui avoir confié des responsabilités qu'il était incapable d'assumer, a délibérément joué avec le feu, sans doute pour des raisons peu avouables.

Car enfin, répétons le. Certes les attaques au gaz sarin sont inqualifiables, mais rien ne prouve, malgré l'omerta quasi générale sur le sujet, que cette attaque n'est pas  venue du camp rebelle, voire même due à une erreur de manipulation !

Quelles que soient les critiques objectives qu'on peut adresser au régime syrien, pour quel motif, par quel mandat, au nom de quelle autorité, la France - affaiblie par une crise économique, sociale et même sociétale sans précédent -, interviendrait-elle dans un conflit qui ne la regarde pas ? Qui plus est sans mandat de l'ONU...

Et puis, et puis... Quand on est une puissance nucléaire, protégée par la stratégie de "dissuasion" qui promet, rappelons le, le feu nucléaire à quiconque viendrait nous asticoter, se pincer le nez et jouer les vierges effarouchées devant les conséquences - certes dramatiques - de ce type d'attaques, c'est se foutre un peu du monde. Une bombe A ou H, on ne peut pas dire que ce soit franchement plus humanitaire. Ni les "frappes chirurgicales" qui font toujours, depuis la 1ère guerre du Golfe, plus de victimes civiles que de destructions stratégiques.

En fait, Hollande (tout le monde le sait, mais personne ne le dit - regardez comme ses ministres semblent gênés de devoir le soutenir dans son attitude belliqueuse -) se fiche éperdument de ce qui se passe en Syrie. Il n'est pas seulement nul en économie, il ne connait rien non plus à la politique étrangère. Et Fabius, ministre étranger aux affaires internationales comme le nomme Maurice D. ne relève pas franchement le niveau.

Ce tandem improbable conduit la France dans une impasse internationale dont il sera difficile de s'extraire sans conséquences. La vérité est que Hollande ne sait plus quoi faire pour gagner quelques points de popularité, et l'expérience du Mali lui a montré qu'il pouvait gagner 2 ou 3 points comme chef de guerre.
Alors, hein... tant qu'il gagne, il joue !

Et il voudrait nous faire croire qu'il n'est animé que de motivations morales et humanitaires ! Un peu comme les profs qui font grève "pour le bien des enfants" quand on propose de réduire la durée des congés d'été ou augmenter les heures de  travail hebdomadaire.
C'est très socialiste, ce genre de dialectique.
Très faux-cul, aussi...

Pourquoi, après avoir combattu les islamistes au Mali, irions nous maintenant combattre à leurs côtés pour chasser un "dictateur" avec lequel tous les pays du monde commercent allègrement - y compris sur la vente de matériel militaire - depuis des décennies (et avec son père avant lui) ?

Marseille explose, mais c'est vers Damas que se porte l'attention de notre président. Le chômage continue d'augmenter, malgré les tripatouillages statistiques et l'artifice des "emplois d'avenir" (mais sans futur). Mais c'est l'intervention militaire française en Syrie qui est le souci premier, obsessionnel, de notre président.

Un malfrat se fait soigner et prend en otages toute une équipe d'urgentistes à Marseille ? On étouffe l'affaire et on le laisse repartir libre chez lui. Pire : quand l'affaire éclate, parce qu'un journaliste - pour une fois - a fait son boulot, le ministre de l'Intérieur minimise l'affaire et conteste la qualification de "prise d'otages".


Donc, un mec qui se fait soigner pour une blessure par balle, se fait apporter un flingue par un complice, et braque le personnel médical ensuite en lui interdisant de bouger, ce n'est désormais plus qu'une incivilité...

Un truc qui relèvera donc bientôt de la "contrainte pénale", notion que Miss Cayenne fut incapable d'expliquer hier soir lors de l'émission "Des paroles et des actes". Emission qu'elle a d'ailleurs plombé * malgré son show de vieille sorcière hurlant comme une crécelle pour tenter de dominer la voix de ses interlocuteurs.


Il ne lui manquait que les chaînes et le cuir et on aurait pu se croire dans un show sado-maso.

Donc, ni Marseille, ni Colombes, ni les banlieues, ni même Brétigny (là aussi, l'omerta est de mise, et l'ordre a même été donné en interne au personnel de la SNCF de ne plus communiquer sur le sujet), plus rien n'intéresse Hollandescu. Rien n'est plus important maintenant que de jouer virilement au chef de guerre.

Oui mais, comme Saül, notre César en herbe pourrait bien lui aussi trouver son chemin de Damas et être touché par la grâce après la déculottée annoncée par le général Fleury, dans un article du Monde daté du 23 août...

Personne ne peut être indifférent au drame qui se déroule en Syrie. Aussi, en raison de l'exemple libyen, de nombreuses voix s'élèvent pour demander une intervention militaire. Certains réclament la mise en œuvre de toutes les mesures nécessaires, comme cela avait été demandé par le Conseil de sécurité de l'ONU, en 1990, pour libérer le Koweït ou, en 2011, pour protéger les populations que Mouammar Kadhafi voulait massacrer.

Mais, pour que l'aviation puisse détruire les chars ou les pièces d'artillerie menaçant les civils, il faut qu'elle ait au préalable la maîtrise du ciel, c'est-à-dire mis hors de combat batteries sol-air et chasseurs ennemis.

Dans le cas libyen, ce n'était pas trop difficile car la force aérienne du dictateur était peu opérationnelle et ses moyens terrestres de défense contre les avions ont été rapidement détruits.

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LE REDOUTABLE AVION DE COMBAT RUSSE SU-35


Pour la Syrie, la chanson n'est pas la même. Son armée de l'air totalise environ 500 avions de combat, soit deux fois plus que la nôtre ; bien qu'une partie d'entre eux seulement soit moderne, leur nombre et la qualité d'un entraînement conduit en vue d'une guerre éventuelle avec Israël en font un adversaire sérieux. Nous ne sommes pas de taille à l'affronter.


En juin, quand les Turcs ont voulu tester la défense aérienne syrienne (pour tout expert en la matière, c'est une évidence à l'examen des trajectoires publiées), la réaction ne s'est pas fait attendre et l'appareil a été abattu. Pour venir à bout aujourd'hui de l'aviation de Bachar Al-Assad, il faudrait employer toute la machine de guerre américaine et utiliser les aéroports de Grèce et de Chypre, voire du Moyen-Orient. Pour la Libye, c'est notre armée de l'air seule qui a conduit le premier raid de libération de Benghazi. Si l'aide américaine a été indispensable pour la poursuite de la guerre, nous n'en avons pas moins effectué près du quart des missions de protection de la population menacée par Kadhafi, nous plaçant ainsi au premier rang de la coalition.

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L'avion de combat Russe le MIG-35 dont dispose l'aviation de SYRIE


Face à la Syrie, nous ne serions qu'une petite force d'appoint placée sous les ordres de Washington ; ce ne serait pas très glorieux.


Quant à la zone d'exclusion aérienne réclamée par d'autres, elle pose exactement le même problème car pour détruire les appareils de Damas en vol, il faut une maîtrise du ciel encore plus parfaite !

Il m'a paru étonnant que ce point de vue n'ait pas été davantage émis. Mais il y a à cela une bonne raison : ce serait reconnaître la faiblesse de notre aviation militaire. Lors de la première guerre du Golfe en 1991, l'armée de l'air française disposait de 450 avions de combat auxquels s'ajoutaient 32 Mirage IV de la force aérienne stratégique.


Le Livre blanc en vigueur ramène ces moyens à 230 Mirage 2000 ou Rafale dont les vecteurs nucléaires. La déflation de l'aéronautique navale a été similaire.

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L'armement du redoutable avion de combat Russe le MIG-35 dernière génération


Les budgets militaires de la France sont ainsi passés en vingt ans de 3 % du PIB à 1,5 % ; ils ont été chaque année la variable d'ajustement des finances publiques, avec la promesse de jours meilleurs prochains... lesquels ne sont toujours pas là. Mais il est impossible aujourd'hui aux pouvoirs publics de proclamer cette faiblesse : la conclusion serait immédiate, le budget de la défense deviendrait prioritaire ce qui serait contradictoire avec les engagements du président de la République. Alors, finalement, le "niet" de Vladimir Poutine est bien pratique : il évite de poser les vraies questions.

Jean Fleury, général, ancien chef d'état-major de l'armée de l'air française


CQFD


Marc Le Stahler