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4 septembre 2012

DOSSIER SYRIE : LES ERREURS DE CALCUL DE LA TURQUIE & LA SYRIE, AU COEUR DE LA GUERRE TIEDE ?

Dossier Syrie   Dossier Syrie:

1 ) Les erreurs de calcul

de la Turquie !

SOURCE : De Amin Hoteit

Global Research, août 29, 2012

thawraonline.sy

Région : Moyen Orient

Thème: Guerre USA OTAN

In-depth report: SYRIE

 

carte_proche_orient

 

Quand la Turquie s’est préparée à son rôle de « Directeur Régional pour la Recolonisation » en tant que « puissance néo-ottomane» ou « califat islamique moderne », elle a cru que son chemin serait sans encombres étant donné l’absence de stratégie arabe, l’isolement de l’Iran, et l’évolution des conditions régionales ayant rendu Israël incapable de  tenir son propre rôle consistant, selon les théories de Shimon Peres, à promouvoir  l’idée d’un « Nouveau ou Grand Moyen-Orient »  fondée sur « la pensée sioniste » et « l’argent arabe ».

La Turquie a vraiment cru que telle était la meilleure façon de s’assurer le leadership de la  région pour commencer, puis celui du monde musulman ensuite… confortée en cela par ses atouts économiques, ses bonnes relations avec les peuples de plusieurs États indépendants d’Asie centrale, son passé Musulman doublé d’un présent qui aurait démontré la capacité des « Islamistes » à tenir les rênes de l’État turc et à neutraliser  l’obstacle de son Armée « gardienne de la laïcité » instaurée par Ataturc !

Partant de cette vision, la Turquie ou plutôt le « Parti pour la Justice et le Développement » a lancé sa stratégie du « zéro problème » pensant qu’elle lui permettrait de faire sauter les frontières voisines et de faire oublier les tragédies historiques commises à l’encontre de plusieurs peuples et États de la région, avant de s’envoler vers son nouveau rêve impérial… Elle a donc  « pris d’assaut » la cause palestinienne, cause centrale pour les Arabes et Musulmans [cause des peuples et non celle des régimes inféodés à l'Occident et à Israël], puis elle s’est lancée dans le tissage de relations stratégiques avec  différents pays de la région en commençant par le plus proche et le plus important : la Syrie ! En effet, dans un ouvrage publié en 2001, Daoud Oglu le théoricien du « zéro problème »,  avait souligné que la Turquie ne pouvait mener à bien ses projets impérialistes qu’en partant de Syrie, étape préliminaire pour assurer la profondeur stratégique rêvée !

Ici, il faut noter que la Syrie a répondu favorablement à la nouvelle politique d’ouverture de la Turquie et, en toute confiance, a établi un partenariat stratégique avec un État pourtant  membre de l’OTAN « cultivant des relations particulières avec Israël », pensant que cette nouvelle approche lui permettrait au minimum de s’assurer de sa neutralité dans son conflit avec l’ennemi sioniste, et éventuellement de lui confier certaines missions dans le cadre de ce même conflit où elle n’afficherait plus son soutien flagrant à Israël.

Mais la Turquie n’a pas été honnête et avait prévu l’exact contraire de ce qu’elle proposait, puisque dès que l’agression occidentale sous ordres et plans US fondés sur la stratégie intelligente du « soft power » s’est abattue  sur la Syrie, elle est entrée dans son rôle de « directeur de l’agression sur le terrain » et s’est posée en « donneuse de leçon » usant du langage condescendant des colonisateurs, comme si la Syrie faisait  toujours partie de l’Empire ottoman ! Ce fut manifestement sa  première erreur de calcul, car la nouvelle lubie néo-ottomane s’est heurtée à la résistance arabe syrienne qui lui a interdit de restaurer un passé révolu faisant fi de sa dignité et de sa souveraineté;  ce qui a  déclenché la furie et la haine des dirigeants turcs qui se sont publiquement engouffrés dans le travail de sape de l’intérieur syrien.

À ce stade, la Turquie a joué le rôle de conspirateur sur deux niveaux :

  • Au niveau politique elle a parrainé des groupes d’agents du renseignement  de divers pays et des catégories de revanchards haineux ou d’assoiffés du pouvoir avant de les organiser en un soi-disant « Conseil national Syrien » [CNS] qui, en réalité, est à la solde des services et des intérêts étrangers en Syrie. Ce faisant elle a pensé que ce faux conseil serait une alternative aux autorités légitimes syriennes… Deuxième erreur de  calcul, car tout comme ce CNS est né pour servir d’instrument de discorde extérieure, il a évolué vers encore plus de discorde intérieure jusqu’à se transformer en un cadavre puant devenu un fardeau pour ses concepteurs, la Turquie en premier !
  •  Au niveau militaire elle s’est transformée en base de ralliement pour terroristes de toutes nationalités lancés à l’assaut de la Syrie, avant exécution d’une opération militaire internationale dont elle serait le fer de lance et en récolterait les bénéfices après l’avoir transformée en arrière cour de l’empire néo-ottoman ressuscité de ses cendres… Troisième erreur de calcul manifeste depuis qu’une telle opération dite « internationale » s’est révélée impossible et a  poussé la Turquie à ne plus concentrer ses efforts que sur de sordides actions terroristes menées sur le sol syrien !

Le parti au pouvoir en Turquie a fini par mettre tous ses espoirs dans le terrorisme international et s’est imaginé que la  Syrie allait s’effondrer en quelques semaines ouvrant le chemin de Damas au nouveau sultan ottoman… Quatrième erreur de calcul devant une Syrie dont toutes les composantes étatiques et civiles ont résisté face à la marée terroriste espérée invulnérable, ramenant la Turquie à la dure  réalité qu’elle n’a pas daigné anticiper.

En effet, la Turquie s’est imaginée que la défense syrienne et de ses alliés régionaux de « l’Axe de la résistance », pourtant en parfait accord avec un front du refus de pays émergents sur la scène internationale, ne pourraient résister en cas d’une  confrontation si bien menée et, qu’en tous cas, elle n’aurait pas à se mouiller… Cinquième erreur de calcul particulièrement dangereuse vu l’évolution du théâtre des opérations au détriment de ses folles ambitions. Nous n’en citerons que les conséquences fondamentales :

1. Échec définitif de la Turquie dans sa guerre terroriste contre la Syrie menée conjointement avec le « camp occidental des agresseurs »… D’ailleurs, elle-même est désormais intimement convaincue qu’il lui est impossible de renverser le gouvernement syrien, le peuple syrien étant le seul capable d’en décider.

2. Échec des efforts de la Turquie en faveur d’une intervention militaire directe visant à transformer l’essai, maintenant que toutes ses tentatives pour créer  des « zones de sécurité », des « zones tampons », des « couloirs humanitaires », ou tout autre prétexte autorisant une ingérence militaire étrangère en Syrie ont lamentablement échoué face à la résistance syrienne, à la fermeté iranienne, et à la constance russe dans leur refus concerté d’un tel dénouement même s’il leur fallait en arriver à une confrontation militaire internationale, alors que la Turquie et ses alliés ne se sont pas préparés à une telle possibilité.

 3. L’angoisse sérieuse de la Turquie quant au devenir des groupes terroristes qu’elle a accueillis sur son sol et dirigés contre la Syrie sous supervision US ; ce qui doit nous rappeler le phénomène des « Afghans arabes » devenus un problème pour les pays qui les ont poussés à se battre contre l’Union soviétique en Afghanistan où,  une fois les troupes parties, ils se sont transformés en « combattants chômeurs » menaçant de tous les dangers ; situation pas très éloignée de celle que risque de rencontrer la Turquie aujourd’hui ! C’est pour cette raison qu’elle s’est hâtée de lancer ses appels de détresse aux USA pour l’aider à prévenir ce probable fléau… C’est pour cette même raison que se sont réunies dernièrement les forces de sécurité militaire des deux pays, contrairement à ce qui a été déclaré par les médias parlant de la mise au point des derniers préparatifs pour une  intervention militaire en Syrie ; alors qu’il  s’agissait de défendre la Turquie craignant pour sa propre sécurité en cas d’une réplique lancée par la citadelle syrienne qui a résisté à sa violente agression par terroristes interposés.

4. L’angoisse non moins sérieuse de la Turquie devant certains dossiers qui sont sur le point d’exploser  alors qu’elle a tenté de les dissimuler par sa prétendue politique du « zéro problème »  transformée, en pratique, en politique de « zéro ami » ; le plus dangereux dans cette affaire étant l’hostilité des peuples dépassant de loin celle des   gouvernements. Ainsi, quatre dossiers principaux menacent l’essence même de l’État turc et hantent ses dirigeants :

  • Le dossier sectaire : la Turquie a cru qu’en allumant le feu sectaire en Syrie elle s’épargnerait l’incendie. Elle a oublié que sa population était idéologiquement et religieusement aussi hétérogène et que les mêmes flammes pouvaient la brûler vu sa proximité géographique ; ce qu’elle semble avoir maintenant compris…
  • Le dossier nationaliste : la Turquie a pensé qu’elle pouvait éternellement contenir le mouvement nationaliste kurde… Autre erreur de calcul, car ce mouvement est devenu tellement douloureux qu’il l’oblige à reconsidérer sérieusement l’ensemble de sa politique à son égard.
  • Le dossier politique : la Turquie s’est imaginée qu’en s’appuyant sur l’OTAN elle pourrait négliger les positions respectives des pays de la région et leur  imposer sa propre vision conçue pour ses seuls intérêts, mais voilà qu’elle se trouve de plus en plus politiquement isolée, les pays sur l’amitié desquels elle espérait pouvoir compter dans son agression contre la Syrie s’étant éloignés par crainte de son ambition démesurée, et les pays qu’elle a traité en ennemis au point de croire qu’elle pouvait leur dicter ses ordres ou les écraser s’étant révélés capables de lui résister avec une force qui l’a déroutée… et l’a laissée dans la situation inattendue de « zéro ami » !
  •  Le dossier sécuritaire : la Turquie tente vainement de nier le recul de la sécurité sur son territoire, devenu extrêmement pénible pour ses commerçants et plus particulièrement pour ceux qui travaillent  dans le secteur du tourisme et  qui auraient perdu plus de 50% de leurs revenus réguliers au cours des six derniers mois !

Tout ce qui précède montre que la Turquie est à la traîne derrière les USA qu’elle supplie de la sortir du bourbier dans lequel elle s’est enfoncée ! Elle a non seulement   échoué dans son agression contre la Syrie et a dévoilé la fausseté de sa politique et de toutes ses déclarations, mais elle n’est même plus sûre de sauver les cartes qu’elle pense encore détenir, maintenant que les manifestations à Antioche, les revendications arméniennes, les attaques kurdes, les opposants intérieurs de tous bords à la politique du gouvernement actuel, et le refus de coopération doublé de la méfiance des pays de la région sont devenus autant de facteurs réunis pour générer des vents contraires aux projets impérialistes d’Erdogan et de son ministre des Affaires étrangère  rappelant, en la circonstance, l’anecdote de l’arroseur arrosé !

Dr Amin Hoteit

27/08/2012

Article original : Al-Thawra

الحساباتالتركيةالخاطئة: طابـــــــخالســـــــــمآكــــــلــه؟
http://www.thawraonline.sy/index.php/site-word/8693-2012-08-27-08-12-18

Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal [Biologiste] pour Mondialisation.ca

Le Docteur Amin Hoteit est libanais, analyste politique, expert en stratégie militaire, et Général de brigade à la retraite.

 

 

2 ) La Syrie, au cœur

de la Guerre tiède ?

In-depth report:
 
syria cfr

« Il faut empêcher de réitérer le scénario libyen en Syrie »

Vladimir Poutine, 27/02/2012 (1)

Vladimir-Poutine-Edinaia-RossiiaLa crise syrienne est, aujourd’hui, arrivée à un point critique. Une guerre fratricide massacrant, pour partie, des innocents, est en cours.

Dans ses grandes lignes, cette guerre est médiatisée par les intérêts politico-économiques des grandes puissances. Mais, très tôt, elle a été polluée par les nouvelles idéologies religieuses et nationalistes, surfant sur les maladresses occidentales et la soif de libertés de peuples en perdition – au prix de dérives politiques incontrôlables et, sans doute, irréversibles.

A l’origine, cette quête identitaire a été précipitée par la « fin des idéologies » (D. Bell)  issue de la disparition de l’URSS, en décembre 1991, qui a favorisé le retour du religieux comme idéologie alternative et, au moins, réactivé son rôle politique et identitaire. Dans le même temps, la disparition du verrou idéologique de la Guerre froide a suscité l’émergence de micro-conflits périphériques désormais porteurs, sur l’Echiquier arabe, d’aspirations révolutionnaires. En ce sens, la délégitimation de l’idéologie communiste aurait agi comme facteur catalyseur d’une instabilité systémique à l’échelle du monde et dont la crise syrienne ne serait, au final, qu’un sous-produit – une forme d’effet émergent.

La (prévisible) réaction d’auto-défense du régime syrien face à la terrible violence « révolutionnaire » attisée de l’extérieur a débouché, aujourd’hui, sur une inquiétante guerre civile – imputée par les médias occidentaux, de manière (trop) systématique et erronée, au seul président Bachar El-Assad. Pourtant, l’opposition armée anti-Assad est responsable de davantage de tueries étrangement passées sous silence et qui, en d’autres lieux, auraient pu être qualifiées de « crimes contre l’humanité », pour reprendre une expression trop souvent manipulée par la gouvernance néo-libérale sous leadership américain, dans l’optique de justifier ses actions répressives.

Avec une certaine légitimité, on peut donc s’interroger sur l’existence d’une pensée unique, structurellement favorable aux « rebelles », et verrouillant l’information sur le déroulement de la « révolution » syrienne – sous l’impulsion de l’Organisation syrienne des droits de l’homme (OSDH), étrange ONG politiquement (très) orientée et semblant avoir un monopole « légitime » sur l’information. Régulièrement émise par l’OSDH, l’information sur la nature et l’ampleur des massacres censés perpétrés par le régime Assad est, en effet, admise comme vérité scientifique par le consensus médiatique – formatant, par ce biais, une opinion publique internationale hostile au régime syrien. Toutefois, ce dernier reste – heureusement – soutenu par l’axe sino-russe.

L’issue, tant désirée par les promoteurs du Printemps arabe, ne semble désormais plus faire de doutes. Mais pour Moscou, c’est plutôt un Hiver islamiste, réchauffé par le doux soleil de la Charia, qui se prépare – avec, naturellement, la complicité américaine.

Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Et qui, surtout, y avait intérêt ?

 

Vers un point de non retour, pour réitérer le « scénario libyen »

De manière indéniable, ce point de non retour a été favorisé de l’étranger dans le cadre d’une stratégie de communication politiquement orientée et unilatéralement focalisée contre la « dictature » Assad, désigné par le consensus médiatique comme l’ennemi à abattre.

Très clairement, dès l’origine, la rébellion anti-Assad a été financée et armée par des membres clés (riches en pétrodollars) de la Ligue Arabe, principalement l’Arabie Saoudite et le Qatar. Très vite, elle a été encouragée par l’administration américaine et ses alliés traditionnels, avides de s’insérer dans la vague révolutionnaire portée par l’histoire et, surtout, de profiter des opportunités politiques – dont celles de contenir les ambitions russes, voire chinoises, dans une région stratégique sur les plans politique et énergétique. Ainsi, dans un premier temps, la Turquie a discrètement servi d’appui logistique pour les « rebelles » et, dans un second temps, elle s’est ouvertement montrée désireuse de passer à l’offensive, c’est-à-dire à l’action armée sur le territoire syrien. Au nom de la liberté des peuples et, naturellement, de leur droit à disposer d’eux-mêmes – la couleuvre est, tout de même, dure à avaler. D’autant plus, si on est Russe.

Les infiltrations aux frontières ont été nombreuses au début de la « révolution ». Comme par hasard, tous les points de conflits sont anormalement et systématiquement proches de la frontière syrienne – curieux, tout de même, que nos médias ne se soient pas interrogés sur cette troublante coïncidence. Cette situation est illustrée, depuis fin juillet, par la volonté des « rebelles » de contrôler certains postes-frontières dans le but de faciliter les « passages », autrement dit, les actions militaires et les attentats contre les positions syriennes.

Une telle configuration confirme l’hypothèse d’une aide extérieure, très tôt invoquée par le président syrien Bachar El-Assad et qui, sans surprise, n’a jamais été prise au sérieux par les médias occidentaux, perdus dans le ciel bleu du monde de l’ignorance apprise, alimentée par la seule information diffusée par l’OSDH. Loin d’être spontanée, cette « révolution » est donc orientée et, en ce sens, elle apparaît davantage comme une « évolution », impulsée de l’extérieur et sur laquelle surfent les stratégies manipulatrices de puissances ambitieuses. Mais, dans la mesure où il s’agit d’un retour en arrière sur le plan politico-social – surtout en ce qui concerne le statut de la femme et des libertés individuelles (dont politiques) –, je parlerai plutôt « d’involution ».

Tout a été fait, dans le cadre d’un scénario programmé, pour provoquer l’armée régulière et les structures de sécurité de l’Etat syrien de manière à les contraindre à une réaction violente et créer, par ce biais, une instabilité croissante auto-cumulative, à terme, potentiellement explosive. En outre, ce chaos a été aggravé par l’émergence de milices privées, parfois de nature religieuse, et échappant à tout contrôle gouvernemental. Au final, il s’agit d’atteindre un seuil critique (déclencheur de « l’explosion »), synonyme de guerre civile – quitte à sacrifier quelques civils, quotidiennement imputés par l’OSDH au « sanguinaire » président Assad ou, alternativement, à d’inévitables « dégâts collatéraux ». Et quitte, aussi, à générer une situation anarchique caractérisée par la délégitimation des lois et structures étatiques. Une catastrophe programmée.

Aujourd’hui, l’Etat syrien, dont l’autorité est considérablement érodée, n’a même plus – au sens de Max Weber – le monopole de la « violence légitime » sur son territoire, traditionnellement considéré comme le socle de la stabilité d’un Etat-souverain. Désormais, le terreau est donc propice à la répétition du « scénario libyen », selon l’expression usitée de Vladimir Poutine.

Sous prétexte de défendre les intérêts légitimes du peuple syrien, l’insidieuse politique arabo-occidentale a, objectivement et, sans doute, consciemment, contribué à ce chaos.

 

Complicité arabo-occidentale, au nom d’un troublant messianisme moral

Les « Amis de la Syrie » ont, très tôt, instrumentalisé la crise syrienne pour défendre leurs propres intérêts qui font du départ d’El-Assad, la pierre angulaire de leur stratégie.

Les intérêts de cette coalition hétéroclite se rejoignent, sur certains points précis – dont celui de placer un pouvoir « ami », apte à gérer l’après-Assad –, et, à la base, ils sont structurellement opposés à ceux de l’axe sino-russe. Redoutant une déstabilisation régionale, l’axe sino-russe prône en effet une solution politique négociée qui n’implique pas, nécessairement, l’élimination du président syrien. Nuance politique essentielle, expliquant la division, donc l’impuissance du Conseil de sécurité de l’ONU à travers le blocage systématique de ses résolutions par les responsables russes et chinois – mais c’est aussi, cela, la démocratie. Sur ce point, on peut d’ailleurs s’interroger sur la viabilité d’une résolution prônant une « transition démocratique » en Syrie et soutenue par l’étrange tryptique Arabie Saoudite-Qatar-Turquie. Avec le blanc-seing occidental…

Des intérêts économiques (contrôle de l’énergie), politiques (lutte d’influence) et stratégiques (inflexion des rapports de force) sont les enjeux sous-jacents au conflit syrien exacerbé, en définitive, par la montée brutale d’Al Qaïda (reconnue par Washington) et par l’opposition religieuse sunnites/chiites. Dans son essence, cette opposition forme une ligne de fracture confessionnelle auto-destructrice et à jamais ré-ouverte, parce que politiquement non neutre – et facilement manipulable, donc utile aux régimes hostiles au maintien du président Assad.

Le leitmotiv humanitaire, a été à la fois le fil conducteur et l’habillage légitime de l’ingérence croissante de la coalition arabo-occidentale dans le processus politique interne de la Syrie. Ce devoir d’ingérence progressivement institué devrait, à terme, justifier une intervention (sous une forme à définir) dans l’optique de renverser le régime Assad et, s’il le faut, sans la légitimité onusienne – pour contourner le barrage sino-russe. Désormais, avec le soutien actif des services secrets allemands, américains, britanniques et français, tous les efforts de la coalition arabo-occidentale sont concentrés vers cet ultime objectif. Pour l’heure, l’idée d’imposer une zone d’exclusion aérienne (définie comme zone de sécurité) pour créer un « couloir humanitaire » fait, peu à peu, son chemin. Le problème est qu’un tel « couloir » a, déjà, fait l’objet d’une instrumentalisation politico-militaire en d’autres lieux et d’autres temps. Pour Moscou, une telle leçon ne s’oublie pas et, surtout, ne doit plus se répéter.

L’essentiel est d’arriver, après la réélection d’Obama, au point de basculement de la crise (« seuil critique ») provoquant l’intervention finale et, en cette fin d’été, nous y sommes proches. Cette intervention militaire est rejetée par russes et chinois, psychologiquement marqués par  les tragédies serbe (1999), irakienne (2003) et libyenne (2012), où la manipulation des règles internationales et des mécanismes onusiens a été flagrante, mettant en cause, selon eux, la légitimité de la gouvernance mondiale. De façon troublante, cette transgression des règles est réalisée au nom de valeurs morales supérieures, selon la tradition post-guerre froide inaugurée par la vertueuse Amérique, investie de sa « destinée manifeste » et de son libéralisme triomphant – un discours, certes, bien rôdé.

Un sous-produit de cette inconscience politique occidentale a été la propagation du syndrome révolutionnaire, via un Islam radical moralisateur, au-delà de l’Echiquier arabe : dans le monde post-soviétique et sur le continent africain, au Mali pour commencer, avec l’extension de la Charia. Avec, à la clé, d’irréversibles dégâts collatéraux.

Pour l’axe sino-russe, il y a une ligne rouge à ne pas franchir dans cette partie stratégique dominée par les grandes puissances – notamment, en Syrie. Mais les dés sont, déjà, pipés.

 

Poursuite du reflux russe sur l’Echiquier arabe, sous bienveillance américaine

Dans l’hypothèse d’un renversement du président Assad,la Russie(avec la Chine et l’Iran)  serait la principale perdante.

Pour rappel, la Syrie est un des principaux alliés de l’Iran dans la région et la disparition d’Assad isolerait davantage Téhéran – ce que souhaitent, pour diverses raisons, de nombreux Etats arabes et occidentaux. D’autre part, le renversement d’Assad risquerait de déstabiliser le Liban et au moins, d’y redéfinir le jeu politique interne avec, notamment, l’affaiblissement du Hezbollah libanais. L’évolution syrienne est donc politiquement non neutre pour l’Etat israélien et sa stratégie au Moyen-Orient et, en ce sens, pour le destin géopolitique de la région.

A cela, il convient de préciser que l’Azerbaïdjan, ex-république de l’URSS très sensible désormais – comme d’autres Etats de la périphérie post-soviétique – aux sirènes américaines (et à leurs dollars), rêve de créer un « Grand Azerbaïdjan » étendu à une partie de l’actuelle Iran. Dans cette optique, l’affaiblissement de l’axe Iran-Syrie serait une bonne chose pour ses prétentions territoriales. Moscou redoute un tel scénario, d’autant plus qu’il nuirait dangereusement aux intérêts de son fidèle allié et partenaire stratégique, l’Arménie – dont l’existence (et celle de ses bases militaires) serait, dés lors, menacée.

En outre, par l’intermédiaire de son ministre des affaires extérieures, Ahmet Davutoğlu, la Turquie– véritable base arrière et levier de l’influence américaine en Eurasie – revendique, de manière troublante, le rôle de « pionnier du changement démocratique » au Moyen-Orient. En fait, la défense de ses intérêts nationaux – qui intègrent le « problème » kurde – a incité la Turquie à s’ingérer dans la crise syrienne. Et, surtout,  elle l’oblige à maintenir une veille stratégique dans le Nord de la Syrie convoité, selon Ankara, par les « extrémistes kurdes ». Enfin, il faut rappeler que la Turquie rêve toujours d’un Empire Ottoman étendu à l’Asie centrale ex-soviétique. Tout est donc en place, pour la partie finale.

Tendanciellement, on assisterait donc à la poursuite du roll back (reflux) de la puissance Russe, conduite par l’administration américaine depuis la fin de la Guerre froide et qui vise, aujourd’hui, à affaiblir ses alliances traditionnelles – donc, son pouvoir potentiel sur longue période – en zones arabe et post-soviétique. Car, qu’on le veuille ou non, l’administration Obama est objectivement tentée de manipuler les « révolutions » pour, à terme, étendre sa zone d’influence et sécuriser, par ce biais, les principales sources d’approvisionnement et routes énergétiques – d’où l’intérêt de « stabiliser », c’est-à-dire de contrôler politiquement la Syrie, le Liban et l’Iran, véritables nœuds stratégiques de la région. Une telle extension se réaliserait au détriment des dernières positions russes, héroïquement tenues sur l’Echiquier moyen-oriental et, en particulier, en Syrie, face à la pression médiatique et politico-militaire de la coalition arabo-occidentale – mais, pour combien de temps encore ?

Dans cette optique et de manière officielle, l’administration américaine vient de reconnaître la nécessité de renforcer significativement son soutien au « processus révolutionnaire et démocratique » en œuvre en Syrie. Dans ses grandes lignes, cette action s’inscrit dans le prolongement de sa récente ingérence – via de douteuses ONG – dans le processus électoral russe et, de façon plus générale, dans le cheminement politique incertain de la périphérie post-soviétique en vue d’y imposer la « démocratie ». Naturellement, selon les normes occidentales.

Ce faisant, Washington officialiserait une stratégie qui, en réalité, a commencé bien plus tôt. Tendanciellement, cette stratégie s’appuie sur la démocratie comme nouvelle idéologie implicite et globalisante, vecteur de sa domination politique dans le monde. Au regard d’une lecture plus structurelle de la crise syrienne, médiatisée par les intérêts des puissances majeures, cette attitude américaine n’est pas une surprise et, au contraire, semble cohérente avec une ligne de long terme axée sur la défense de son leadership régional – contre les intérêts russes.

L’hyper-puissance américaine avance ses pions, inéluctablement.

 

L’Arabie saoudite, nouveau « pivot géopolitique » de l’hyper-puissance ?

La poursuite du « Printemps islamiste », à dominante sunnite, renforce les positions de l’Arabie Saoudite dans la région et donc, de manière indirecte, les prérogatives de l’axe USA-OTAN.

Sur ce point, on remarquera que les monarchies du Golfe, qui sont (très) loin d’être plus démocratiques que la Libye et la Syrie ont été, jusque là, étrangement épargnées par la vague révolutionnaire. Avec une certaine légitimité, on peut donc se demander pourquoi ? Et pourquoi passe-t-on sous silence le sort des 80 000 Chrétiens expulsés de leurs foyers par les « révolutionnaires » syriens dans la province d’Homs, en mars 2012 ?

Enfin, pourquoi ne parle-t-on pas des persécutions quotidiennes de la population chiite (majoritaire à 70%) au Bahreïn, associée à un verrouillage total de l’opposition (et de l’expression) politique ? Cette répression est « supervisée » par l’armée saoudienne encline, à la moindre occasion, à faire intervenir ses chars – sorte d’application arabe de la doctrine Brejnev de « souveraineté limitée » – et cela, quels qu’en soient les coûts humains. Terrible et révélateur silence médiatique.

La réaction occidentale a été tout autre lorsque la Russie est – justement – intervenue avec ses chars en Géorgie en 2008, pour protéger ses ressortissants et ses soldats d’un massacre annoncé, après l’inquiétante initiative du président Saakachvili. Comment expliquer cette lecture des Droits de l’homme (et des peuples) à géométrie variable ? Et pourquoi les chars russes seraient-ils plus « coupables » que les chars arabes – ou américains, en d’autres circonstances, lors des « croisades » morales punitives ? Pour Moscou, une telle situation confirme le maintien d’un esprit de Guerre froide visant à la marginaliser, de manière définitive, sur la scène internationale. Un « deux poids, deux mesures » politiquement insupportable, et presque blessant.

La principale conséquence de l’extension de la domination sunnite au Moyen-Orient gagné par la contagion « révolutionnaire » est que, par l’intermédiaire de l’Arabie Saoudite, comme levier d’ingérence privilégié, l’administration américaine renforce son  contrôle de la région. Parce que, par définition, il sera dorénavant plus facile pour Washington d’actionner un seul levier pour dicter sa politique régionale et défendre, ainsi, ses intérêts de grande puissance. Dans ce schéma, l’Arabie Saoudite devient une pièce maitresse  (« pivot », au sens de Brzezinski) des Etats-Unis sur l’Echiquier arabe permettant, désormais, à l’hyper-puissance d’agir sur les événements et d’orienter le jeu, sans véritable opposition. Une contrepartie possible serait alors, pour Washington, de tenir compte des intérêts politiques de l’Arabie saoudite dans les régions musulmanes de l’ex-espace soviétique, âprement convoitées dans le cadre de son face-à-face avec la Russie. En ce sens, la crise syrienne cache un enjeu politique plus global, fondamentalement géostratégique – et, de manière indiscutable, lié au déroulement de la Guerre tiède.

Cette tendance au renforcement de la gouvernance unipolaire, légitimée par l’éclatante victoire américaine de la Guerre froide, est officiellement et régulièrement dénoncée par Vladimir Poutine, depuis son fameux discours de Munich de 2007 sur la sécurité dans le monde. Les faits, comme les hommes, sont – parfois – têtus.

Paradoxalement, les involutions arabes, sous bienveillance américaine, ne feront qu’accélérer cette tendance (2).

Et, maintenant, que faire ?

 

Jean Géronimo, Spécialiste des questions économiques et stratégiques russes, 

Jean.Geronimo@upmf-grenoble.fr

 Grenoble, le 30 août 2012

Notes

(1) http://fr.rian.ru/discussion/20120227/193517992.html : « La Russie et l’évolution du monde », article de V. Poutine sur la politique étrangère russe, 27/02/2012 – RIA Novosti.

(2) Les crises arabes et leurs implications géopolitiques pour la Russie, sont traitées dans le post-scriptum (50 pages) inséré dans la nouvelle édition de mon livre : « LaPenséestratégiquerusseGuerretièdesur l’Échiquier eurasien : les révolutions arabes, et après ? ». Préface de JacquesSAPIR, mars 2012, éd. SIGEST, code ISBN  2917329378 – en vente : Amazon, Fnac, Decitre (15 euros).

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ENTRE CHAOS AFGHAN ET "REVOLUTIONS" : UNE HIRONDELLE ARABE NE FERA PAS LE PRINTEMPS RUSSE par Jean Géronimo

Entre chaos afghan et
 
« révolutions » :
 
Une hirondelle arabe ne fera
 
pas le printemps Russe
 

Le 21 juin 2012
 

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A l’heure de l’accélération du retrait occidental du bourbierafghan, succédant à l’embrasement « révolutionnaire » du Moyen-Orient, on ne peut qu’être inquiet pour l’avenir du cœur du nouveau monde, l’Eurasie, historiquement soumise aux rapports de force entre grandes puissances et devenue, depuis la fin de la Guerre froide, une véritable poudrièregéopolitique.

L’évolution internationale récente est, en effet, porteuse de lourdes incertitudes pour la stabilité politique de l’espace eurasien. Cette évolution est, dans ses grandes lignes, impulsée par deuxchocsexogènes majeurs : les crises arabes et le chaos afghan, en raison de leurs implications structurelles sur les grands équilibres régionaux. Or, si elle va au bout d’une logique désormais « orientée » par les grandes puissances, dans le cadre d’une implacable lutte d’influence axée sur le contrôle des États stratégiquesde la région – les « pivots géopolitiques » de Brzezinski – cette configuration se transformera en une déstabilisationprogrammée de l’Échiquier eurasien. Avec, à la clé, d’énormes et irréversibles dégâts collatéraux.

Tendanciellement, cette double évolution est la matrice d’une stratégie inconsciente et suicidaire de fragmentation de l’espace politique russe élargi, dans la conception traditionnelle des dirigeants russes, à l’ancien espace soviétique. A ce jour, évoluant dans une sorte de surréalitéidéologique dominant le monde irrationnel de l’ignorance apprise, l’Occident ne semble pas l’avoir encore compris. Regrettable erreur.

Cet espace reste en effet le pré-carrégéopolitique de Moscou et le nerf structurant de sa politique extérieure et, au-delà, le levier de sa légitimité internationale, récemment confirmé par la nouvelle orientation définie par le président de la Fédération de Russie, V. Poutine. De manière officielle, Moscou considère les impacts directs et indirects de la radicalisation des « révolutions » arabes – dont est issue la renaissance d’Al-Qaïda au Maghreb arabe et plus récemment, en Syrie – comme une menace contre ses intérêts nationaux. Dans la doctrine de sécurité russe rénovée, ces derniers intègrent la Communauté des États indépendants (CEI), sorte d’Union soviétique hybride désidéologisée, historiquement constituée à partir des ex-républiques de l’URSS et structurellement considérée par Moscou comme une zonepotentielledintervention– une sorte de ligne rouge à ne pas franchir. L’Occident est averti.

 

 

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Dans la vision stratégique de long terme de la Russie post-soviétique, impulsée par Vladimir Poutine depuis la révision du Concept de sécurité nationale russe en janvier 2000, cette radicalisation du « printemps arabe » est le vecteur d’une montée en puissance de la « menace islamiste » – c'est-à-dire, selon la terminologie russe, celle issue de l’Islam radical porteur, en définitive, d’une idéologiealternative. Il s’agit donc de rappeler, de manière succincte, la perception russe de ces « nouvelles menaces ».

Le désengagement américain de l’Afghanistan, en supprimant un tamponsécuritaire vital, est un véritable piège géopolitique pour la Russie et sa proche périphérie. A terme, ce retrait apparent (en fait partiel) va reposer avec plus d’acuité la question de la légitimité de la présence américaine dans la région centre-asiatique, dans la mesure où le président Obama a confirmé son maintien sous une forme certes réactualisée mais continuant à s’appuyer sur une présence politique et militaire plus ou moins officielle – via sa cohorte de « conseillers » et ses multiples « bases ». Ce que Moscou conteste ouvertement, y voyant surtout une stratégie d’implantation durable dans son pré-carré et remettant en cause ses prérogatives historiques héritées de sa période soviétique. En totale conformité avec l’analyse de Zbigniew Brzezinski, la partiestratégiquese poursuit donc sur l’Échiquier eurasien, à travers la décision américaine de « quitter » l’Afghanistan qui aura, au final, un triple impact pour la Russie. En cela, cette décision intègre une fonction latente, politiquement orientée et, surtout, nuisant aux intérêts russes.

– D’abord, ce retrait programmé va accélérer la propagationdeladrogueen raison de l’émergence de nouvelles structures informelles et de nouveaux réseaux politico-narcotiques, à l’échelle de la CEI – et sans doute, avec la complicité de puissances hostiles objectivement intéressées à la fragmentationpolitique de la Russie. A ce jour, Moscou critique l’inefficacité – plus ou moins recherchée ? – de la lutte anti-drogue conduite par l’axe OTAN-USA en Afghanistan et qui pénalise surtout la zone d’influence russe. Cette dernière raison incite les dirigeants russes à suspecter l’administration américaine d’agissements « douteux » dans leur gestion de la menace narcotique et, en particulier, d’une instrumentalisationpolitique de cette menace – qualifiée par V. Poutine de « narco-menace ».Tous les coups sont bons, sur le Grand échiquier.

– Ensuite, ce retrait va favoriser l’infiltration des forcesextrémistesetterroristesdans les zones conflictuelles de l’ancien Empire soviétique, souffrant à la fois d’un contrôle déficient et d’une perte de légitimité de l’État central russe. Cette perte de légitimité est aggravée par la conjonction de deux éléments :

- d’une part, lactionpolitiquementnonneutre de certaines institutions étrangères, via les revendications « démocratiques » des organisations multilatérales et des ONG, véritables moteurs des récentes « révolutions de couleur » ou autres « révolutions internet », fondées sur la manipulation de l’information et dont l’objectif final est de renverser des régimes hostiles au profit de dirigeants plus « malléables ».

- d’autre part, lapolitiqueoccidentaledu« softpower » visant à déconnecter la périphérie post-soviétique de la dépendance russe, via une stratégie de partenariat avec les États de la CEI, dont la politique de « voisinage partagé » menée par l’Union européenne et l’intégration d’ex-républiques soviétiques aux manœuvres de l’OTAN dans le cadre du « Partenariat pour la Paix ». L’objectif ultime est d’intégrer aux structures otaniennes les républiques désireuses de s’émanciper du « grand frère » russe et, en ce sens, d'affaiblir le pouvoir régional de la Fédération de Russie. Regrettable et inutile provocation.

– Enfin, ce retrait va encourager l’expansion du nationalismereligieuxetidentitaire – lui-même renforcé par la récente évolution arabe – dans les zones ethniquement sensibles et à dominante musulmane de l’espace russe : Caucase, Oural, Asie centrale. Ce que Daniel Bell, dés le début des années 60, dans son livre, « La fin des idéologies » a fort justement qualifié de germes de « micro-nationalismes » et que plus tard, Hélène Carrère d’Encausse popularisera en 1978 avec « L’Empire éclaté ». Au final, une conséquence paradoxale de la disparition de l’Union soviétique et de la délégitimation induite du Communisme a été de substituer la religion à l’idéologie comme vecteuridentitaire et catalyseur de l’émancipation des peuples – voire comme variable instrumentalisée par l’administration américaine, dans le cadre de sa stratégie de défense de son leadership en Eurasie. Cette « politisation » de la religion, favorisée par le déclin de l’idéologie communiste, est un facteur explicatif et structurant du « Printemps arabe ». Et, en ce sens, une véritable bombegéopolitiqueà retardement.

Fondamentalement provoquée par le double choc exogène arabo-afghan, cette involutionethno-religieuserisque, à terme, de gangréner la zone de domination russe et sa ceinture périphérique, politiquement fragile et énergétiquement riche, donc stratégiquement importante. Dans le prolongement de la « ligne Brzezinski », cette involution aura pour principale conséquence denliserla Russie post-soviétique dans des micro-conflits périphériques économiquement épuisants et politiquement déstabilisants. En cela, elle se présente comme une menace majeure contre les intérêts politiques de la Russie mais aussi contre ceux de l’Europe, caractérisée par une forte dépendance énergétique à l’égard de la Russie – qui pourrait se traduire, dans un scénario-catastrophe, par une forte envolée des prix des hydrocarbures. En encourageant, sous la houlette de madame Ashton, la radicalisationdémocratico-islamiste sur l’Échiquier arabe et par ricochet, en périphérie post-soviétique, voire en suscitant des révolutions libérales « de couleur » en vue d’éroder l’influence russe au nom de valeurs morales supérieures, la vertueuse Europe, avec son soutien américain, se tire une balle dans le pied. Au risque, bientôt, de déclencher des processus incontrôlables et, in fine, déstabiliser l’Eurasie post-communiste.

Face à cette pression croissante de la conjoncture internationale, aggravée par les manœuvres insidieuses de l’Occident, la Russie vient de créer une commission à la Douma chargée de la prévention et de la neutralisation des « révolutions de couleur ». Dans le même temps, comme alternative politique au rapprochement avec l’Occident (dont le comportement est perçu comme très ambigu) et pour compenser le « vide stratégique » issu de son retrait d’Afghanistan (perçu comme une forme d’égoïsme irresponsable), la Russie prône le développement d’un axesécuritaireeurasien via la réactivation de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), centrée sur le renforcement du partenariat sino-russe et son élargissement aux nouvelles puissances régionales émergentes comme l’Inde. Le 5 juin 2012, lors de la visite de V. Poutine en Chine, le président russe et son homologue chinois, Hu Jintao, ont insisté sur la nécessité de renforcer leur partenariatstratégique en vue d’assurer la sécurité régionale menacée par « l’impasse afghane » et, en définitive, contrebalancer l’axe otanien – signal clair, en guise d’avertissement, avant la prochaine rencontre Obama-Poutine au sommet du G20 à Los Cabos, au Mexique (18-19 juin). Veillesécuritaire, au cœur de l’Eurasie.

En fragilisant la domination russe dans une zone névralgique et source d’incertitudes pour l’Europe, les instabilités en zones centre-asiatique et moyen-orientale – générées par les dérives chaotiques arabo-afghanes – sont donc un réel vecteur de désordres pour l’espace post-soviétique et, plus globalement, pour le continent eurasien. De manière objective, ces dérives forment une matrice potentielle de conflictualité et, en dernière instance, de restructuration des rapports de force internationaux – avec, pour enjeu implicite et ultime, le contrôle de la gouvernance mondiale.

Dans le cadre de ce bras de fer entre leaderships concurrents, le rôle stratégique et politiquement décisif de la Syrie dans la région explique la fermeté de la position russe actuelle. Désormais, quitte à s’opposer frontalement à la coalition d’intérêts arabo-occidentale, Moscou ne peut plus reculer et elle veut faire de la Syrie un symbole de son retour sur la scène internationale comme vecteur du rééquilibragemultipolaire de la gouvernance, s’appuyant sur l’ONU. Cette attitude russe peut d’autant plus s’expliquer qu’elle rejette toute poursuite du « scénario libyen » d’islamisation de la région, avec l’aide (involontaire ?) de l’OTAN, sur la base d’une savante stratégie de désinformation – déjà expérimentée en Afghanistan, en Irak, dans l’ex-Yougoslavie et même, dans les ex-républiques soviétiques. La nouvelle crédibilitéinternationale de la Russie, péniblement reconstruite par V. Poutine depuis le début des années 2000, est en jeu. Et, au-delà, son identitépost-soviétique.

Loin de faire le printemps russe, une hirondelle arabe pourrait enfanter un « hiver afghan » aux couleurs islamistes, particulièrement redouté par l’héritière de l’ex-URSS, car ressurgi des méandres de la Guerre froide avec le fantôme de Brzezinski et de troublantes manipulations américaines. En effet, Moscou n’a pas oublié le « piège de Kaboul » de décembre 1979 préparé, sous la bienveillance de ce dernier, par la démocrate administration Carter pour donner à l’armée rouge sa « guerre du Vietnam » et, in fine, déstabiliser le pouvoir russe – avec les conséquences que l’on sait. Trente trois ans plus tard et avec la complicité occidentale, le piègeafghan risque de se refermer, à nouveau, sur la Russie post-soviétique. Terrible malédiction.

Au cœur du Grand échiquier eurasien, la Guerretièdesemble, désormais, inéluctable (1).

Jean Géronimo

 

(1) La notion de Guerretiède est conceptualisée dans le post-scriptum de la nouvelle version de mon livre, augmentée de 50 pages et centrée sur les menaces liées aux crises arabes et au bouclier anti-missiles américain : « LaPenséestratégiquerusseGuerretièdesur l’Échiquier eurasien », préface de Jacques SAPIR, mars 2012, éd. SIGEST, code ISBN 2917329378 – en vente : Amazon, Fnac, Décitre (15 euros).

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POUTINE DANS UN MONDE PLEIN DE RISQUES ET DE DANGERS

International  International ...

Poutine dans un monde

plein de risques et de dangers

SOURCE : par Fedor Loukianov*

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La série d’articles de Vladimir Poutine, dont le dernier a été publié dans le quotidien Moskovskie Novosti, donne une idée de la façon dont le Premier ministre russe perçoit le monde environnant et la place de la Russie au sein de ce dernier.

Selon Poutine, le monde est imprévisible et réserve des dangers divers et variés, allant du bellicisme croissant et de l’érosion du droit international jusqu’à "l’utilisation d’outils illégitimes de puissance douce (soft power)", venant de l’extérieur mais rongeant de l’intérieur. Par conséquent, ce message appelle à se préparer à faire face à de nombreux défis et menaces. Cela le distingue, par exemple, du discours de Munich en 2007, qui était offensif, voire même agressif, selon certains. Aujourd’hui, au lieu de l’agressivité, on ressent plutôt l’inquiétude et la préoccupation.

Quel comportement la Russie doit-elle adopter dans ce monde?

Avant tout, elle doit cesser de regarder en arrière, d'évoquer les événements datant de plus de 20 ans. Dans son premier article du programme électoral, Vladimir Poutine écrivait que l’époque postsoviétique était révolue, et que son ordre du jour était épuisé. C’est important, car jusqu’à ce moment, l’effondrement de l’URSS avec toutes ses conséquences diverses et variées avait servi de point de repère, le pays et sa classe dirigeante n’arrivaient pas à surmonter le traumatisme psychologique. Dans son dernier article, Poutine ne mentionne pas la guerre froide (à l’exception du reproche concernant les stéréotypes sur la Russie), ce qui est inhabituel, car jusqu’à présent il l’avait toujours fait. D’ailleurs, l’absence du thème de la guerre froide dans son discours souligne probablement le fait qu’il est inopportun de mettre les problèmes dans les relations avec les Etats-Unis et l’Occident sur le compte de l’inertie de la confrontation du XXe siècle. Cela fait partie du passé, et les divergences des intérêts sont souvent de nature objective.

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La Russie de Poutine est déçue par l’Occident. D’ailleurs, pas tant pour son manque de respect envers la Russie et son refus de la reconnaître en tant que partenaire à part entière. Pire encore: la politique occidentale ne donne pas les résultats escomptés, autrement dit, elle est inefficace et à courte vue. Du printemps arabe à la crise de la dette européenne, de l’Iran à la Corée du Nord – rien de se déroule selon les plans. Toutefois, Poutine continue de penser que les principales impulsions politiques viennent de l’Occident, en d’autres termes tout se conçoit là-bas, mais cela n’inquiète pas Poutine, car de toute façon ces initiatives n’aboutissent pas. Vladimir Poutine voit le schéma international dans l’interaction, en soulignant que toute action a des conséquences. L’idée est banale, mais la pratique contemporaine nous suggère que les conséquences sont la dernière chose à laquelle on pense, si tant est que l'on y pense. Chaque action est examinée de manière isolée.

Vladimir Poutine parle des bases de l’ordre mondial en réitérant les positions habituelles: le "principe séculaire de la souveraineté nationale" se trouve au centre des relations internationales, et la protection des droits de l’homme "de l’extérieur" relève de la "démagogie pure et simple." Poutine est profondément convaincu qu’on n’a toujours pas inventé de principe fondamental dans le monde susceptible de remplacer le rôle de la souveraineté. La politique mondiale est basée sur des principes solides, et non pas des valeurs abstraites, dont l’application est déterminée de manière arbitraire, en fonction du rapport des forces dans une situation donnée.

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Selon Poutine, la Russie doit rester une puissance mondiale qui joue sur tous les tableaux. Cela distingue l’approche de Poutine des plans de l’époque de Medvedev: la tendance vers la concentration sur les intérêts directs et géographiquement proches, bien qu’ils soient tout de même très larges. Une présence active dans le monde est précisément nécessaire pour ne pas perdre ses positions dans le domaine de l’action directe. Autrement dit, le statu global n’est pas nécessaire pour des expansions en tout genre, mais pour maintenir le statu quo. Et dans ce sens, Poutine voit la Russie non pas comme un simple adversaire systémique des Etats-Unis, comme beaucoup le pensent, mais comme la garante d’un système précis (classique) des points de vue et des relations partagés, selon lui, par les pays du BRICS (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud). Ce système est basé sur la primauté de l’autonomie stratégique, l’intégrité de la souveraineté et l’équilibre des forces.

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Poutine est convaincu qu'une influence permanente et principalement hostile est exercée sur la Russie allant des défis militaires (le bouclier antimissile (ABM) et autres modernisations technologiques, l’expansion de l’Otan) à l'imposition de formes d’organisation sociale (à l’aide de campagnes informationnelles et la "puissance douce illégitime"). Le monde est perçu globalement comme un environnement extrêmement dangereux et hostile. Le succès n’est possible qu’en s’appuyant sur la force la plus "solide." "La Russie n'est respectée et prise au sérieux que lorsqu'elle est forte et se tient fermement campée sur ses jambes."

Vladimir Poutine conserve sa méfiance à l’égard des Etats-Unis, accumulée suite à ses relations avec George W. Bush pendant ses deux premiers mandats. Cela se manifeste constamment dans les déclarations publiques, et le premier ministre russe est sincère. La pause de trois ans et demi, durant laquelle Poutine n’était pas chargé de la politique étrangère, n’a aucunement diminué son sentiment d’avoir été offensé en raison de l’absence de réciprocité dans les années 2000, et cela affectera la politique étrangère de la Russie.

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Cependant, Poutine voit la Russie comme un pays ouvert, disposé à coopérer économiquement avec tout le monde, qui ne se replie pas sur lui-même et ne cherche pas à construire ne serait-ce qu’un semblant d’autarcie dans le domaine économique. Dans ce sens, très révélatrice est la reconnaissance du fait que l’achat de matériel militaire à l’étranger est une pratique normale (dans la limite du raisonnable), ainsi que l’explication du bénéfice qu'apportera l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), chose impopulaire en Russie. En fait, Poutine s’intéresse aux grandes entreprises et à leur promotion, les alliances stratégiques de grandes compagnies et les transactions importantes en tant que moyen de rapprochement politique.

Enfin, la Russie a commencé à accorder bien plus d’importance à la Chine et à l’Asie en général, y compris en les regardant à travers le prisme du développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russes. A la vision générale des problèmes de l’ordre mondial, dont on parlait depuis longtemps, s’ajoute aujourd’hui la volonté de gonfler les "voiles de l’économie russe avec le vent chinois". L’attitude sérieuse envers le voisin oriental de la Russie est soulignée toutefois par la mention de "frictions" importantes, y compris l’immigration. Une telle réserve montre que la Chine est réellement une partie importante de l’ordre du jour.

Les événements de ces dernières années ont montré qu’une planification stratégique sérieuse était pratiquement inutile dans le monde contemporain imprévisible. Et il s’avère que la tactique de réaction habituelle russe aux impulsions extérieures changeant en permanence, même si elle n’est pas complètement justifiée, est le seul choix rationnel. Et c’est précisément à cela que le candidat numéro 1 prépare le pays et se prépare lui-même.

(*) Fedor Loukianov est rédacteur en chef du magazine Russia in Global Affairs.

(Source : rianovosti), merci à eux.

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Source : http://www.alliancegeostrategique.org/2009/05/25/vers-une-nouvelle-puissance-militaire-russe/#more-741

 

in english :

PUTIN IN A WORLD FULL OF RISKS AND HAZARDS

Putin in a world
full of risks and hazards

SOURCE: By Fyodor Lukyanov *

The series of articles by Vladimir Putin, the last was published in the newspaper Moskovskie Novosti, gives an idea of how the Russian prime minister views the surrounding world and Russia's place within it.

According to Putin, the world is unpredictable and subject to various hazards and varied, ranging from increasing bellicosity and erosion of international law to "the use of illegitimate tools of soft power (soft power)", from the outside but gnawing from within. Therefore, this message call to prepare to face many challenges and threats. This distinguishes, for example, speech in Munich in 2007, which was offensive, even aggressive, according to some. Today, instead of aggression, one feels rather worry and concern.

What behavior should Russia adopt it in this world?

Above all, it should stop looking back, to recall events dating back over 20 years. In his first article of the electoral program, Putin wrote that the post-Soviet era was over, and that its agenda was exhausted. This is important because until now, the collapse of the USSR with all its many and varied consequences had served as a benchmark, the country and its ruling class could not overcome the psychological trauma. In his latest article, Putin did not mention the Cold War (with the exception of an allegation concerning stereotypes about Russia), which is unusual, because until now he had always done. Moreover, the absence of the theme of the Cold War in his speech said that it is probably inappropriate to the problems in relations with the United States and the West on account of the inertia of the confrontation of the twentieth century. This is part of the past, and often divergent interests are objective in nature.

Putin's Russia is disappointed by the West. Indeed, so much for his disrespect for Russia and its refusal to recognize it as a full partner. Even worse: Western policy does not work, ie it is inefficient and shortsighted. Spring Arabic to European debt crisis, from Iran to North Korea - nothing goes according to plan. However, Putin continues to believe that the main political impetus from the West, in other words everything is conceived there, but that does not worry about Putin, because in any case these initiatives fail. Putin sees the pattern in international interaction, emphasizing that every action has consequences. The idea is simple, but contemporary practice suggests that the consequences are the last thing that comes to mind, that is if you think about it. Each action is examined in isolation.

Vladimir Putin speaks bases of world order reiterating the usual positions: the "secular principle of national sovereignty" is at the center of international relations, and protection of human rights "from outside" is left the "sheer demagoguery." Putin firmly believes that has yet invented a fundamental principle in the world that can replace the role of sovereignty. World politics is based on sound principles, not abstract values, the application is determined arbitrarily, depending on the balance of power in a given situation.

Under Putin, Russia must remain a world power that plays both ways. This distinguishes the approach of Putin's plans at the time of Medvedev: the trend towards concentration on the immediate interests and geographically close, although they are still very large. An active presence in the world is precisely necessary to avoid losing its positions in the field of direct action. In other words, the overall status is not necessary for expansion of all kinds, but to maintain the status quo. And in this sense, Putin sees Russia not as a single opponent systemic United States, as many think, but as the guarantor of a specific (classical) perspectives and shared relationships, according to him, by the BRICS countries (Brazil, Russia, India, China and South Africa). This system is based on the primacy of strategic autonomy, integrity and sovereignty of the balance of power.

Putin is convinced that a permanent influence is exerted mainly hostile to Russia from military challenges (the missile shield (ABM) and other technological upgrades, the expansion of NATO) to the imposition of forms of social organization (with informational campaigns and "soft power illegitimate"). The whole world is seen as an extremely dangerous and hostile environment. Success is only possible based on the strength of more "solid." "Russia is respected and taken seriously when it is strong and stands firmly planted on his legs."

Vladimir Putin keeps his distrust of the United States, accumulated after his relationship with George W. Bush during his first two terms. This manifests itself constantly in public statements, and Russian Prime Minister is sincere. The break of three and a half years, during which Putin was not responsible for foreign policy, has no less a sense of being offended because of the lack of reciprocity in the 2000s, and this will affect the foreign policy of Russia.

However, Putin sees Russia as an open, willing to cooperate economically with everyone, that does not fold on itself and does not seek to build even a semblance of self-sufficiency in the economic field . In this sense, is very revealing acknowledgment that the procurement of military equipment abroad is a normal practice (within reason), and the explanation of benefit improvements related to the accession to the World Trade Organization (WTO), something unpopular in Russia. In fact, Putin is interested in big business and promotion, strategic alliances of large companies and large transactions as a means of political rapprochement.

Finally, Russia has started to give more importance to China and Asia in general, including by looking through the lens of development of Siberia and Far East Russia. A general vision of the problems of world order, we were talking for a long time, today's will be added to inflate the "veils of the Russian economy with the Chinese wind". The serious attitude towards the eastern neighbor Russia is emphasized, however, by the mention of "friction" important, including immigration. Such a reservation shows that China is really an important part of the agenda.

The events of recent years have shown a serious strategic planning was virtually useless in the modern world unpredictable. And it turns out that the usual tactics of Russian reaction to external impulses constantly changing, even if it is not completely justified, is the only rational choice. And that is precisely why the number one candidate and prepares the country is preparing itself.

(*) Fyodor Lukyanov is editor of the magazine Russia in Global Affairs.

(Source: rianovosti), thank you to them.

 

POUTINE ( suite )

 

 

 
L’insoutenable virilité de

 

Vladimir Poutine et

 

la mission de la Russie
 

   

Bonnal Nicolas - lundi 26 mars 2012

RUSSIE

J’attends les cosaques et le Saint-Esprit.

Léon Bloy

Vladimir Poutine n’est pas supportable. Selon Libération, il est trop viril, trop costaud, trop sûr de lui… Il « érotise » son corps, même si, pour le fameux journal champion des libertés sexuelles, il se refuse un peu trop à évoquer sa vie familiale ! Trop de belles slaves clament son admiration pour lui, quand en face on a Martine Aubry ou Angela à leur opposer… Rien n’énerve plus les partisans du « gender » et de la mode mono-sexe que Vladimir Poutine, l’homme qui incarne encore un monde adamique. Vladimir Poutine ou la virilité insoutenable pour notre société post-historique, qui se rend compte qu’elle ne représente pas tout le monde encore.

Ce qui est sûr, c’est qu’un chef d’Etat athlète, champion d’arts martiaux, de tir et de chasse, exaspère. On aime bien les joggers idiots, les golfeurs hilares, les motards de jet-ski, on n’aime pas les hommes de terrain. Un chef d’Etat patriote qui raisonne en historien, en stratège, en héritier des tzars et de l’URSS, exaspère encore plus. Un chef d’Etat lucide qui sait à quoi s’attendre en matière d’ONG et de journalistes bien intentionnés et aguerris, exaspère encore plus.

C’est qu’on rêverait de faire de la Russie une poussière d’Etats du golfe pétroliers, ce serait plus exemplaire à l’époque de l’humanité réduite en poussière – et la mondialisation n’est rien d’autre. Faire du monde une poussière d’or noir et de silicones, un monticule d’États du golf et de mallrats, un ramassis de Micronésie méprisables et de shopping-centers pour blattes en sac croco, c’est le but du jeu et des misérables qui le contrôlent. Mais ce n’est pas le jeu de Vladimir Poutine. Là où d’autres voient un centre commercial, lui il voit une terre, il voit un héritage.

On peut revoir les films sublimes du réalisateur Sokurov, dernier maître vivant du cinéma mondial. Lui, nous l’explique dans Mère, L’Arche russe ou dans son Faust. Et là où nos dirigeants bombardiers voient du couloir humanitaire, du centre commercial et du beau droit de l’homme, Vladimir Poutine voit de la faisanderie et de la crasse conspiration. Lui et tous les gens de droite de ce pays et d’ailleurs.

La rage antirusse devient insupportable. Lorsque Eltsine ruinait son pays, clochardisait sa population et, à coups de thérapie de choc, en exterminait une vingtaine de millions (c’est le bilan démographique de son règne), il était de bon ton d’être pro-russe. Surtout que le tyranneau alcoolique faisait donner la troupe et les chars contre son parlement. Vous pouvez faire ce que vous voulez, lui disait AlGore : le parlement démocratiquement élu n’était pas assez démocratique au goût de l’ouest (mais merde, c’est quoi l’ouest finalement ?). Les seuls bons russes sont les russes morts, et ce qu’Hitler n’avait pas réussi à faire, Eltsine et les thérapies de choc de Goldman Sachs et consorts allaient l’accomplir. On se partagerait le pétrole et les filles. C’était un plan Morgenthau, pour les connaisseurs. Avec un trou démographique de vingt millions d’âmes, allez donc vérifier.

Certains reprochent à Vladimir Poutine de rester trop longtemps au pouvoir : mais nul ne reproche à Mitterrand d’être resté 14 ans président pour rien ; ou à Roosevelt d’avoir été élu et réélu pour replonger son pays dans la crise et la guerre. Nul ne reproche à l’épouse Clinton de jouer à la diplomate et d’avoir voulu être présidente après son mari élu et réélu ; ou à l’épouse Kirchner d’avoir succédé directement à son époux. Le pouvoir absolu démocratique, pouvoir vertueux s’il en fut, corrompt vertueusement. On ne peut s’en passer : voyez Chirac premier ministre en 74 et président, hélas, encore et toujours, en 2007…

Non, ce que l’on reproche à Poutine, ce sont deux choses : un, son insoutenable virilité ; deux, l’irréductibilité de l’exception russe, que prophétisait Dostoïevski dans sa merveilleuse harangue à la mémoire de Pouchkine. Je n’ai pas envie de m’étendre sur ce sujet. Mais la rage antirusse est ancienne et stupide, surtout en France (voir Custine, autre inverti, qui diabolise la puissante Russie des tzars qui donne au monde Gogol, Dostoïevski ou Moussorgski). Car comme disait Kerillis avant la guerre, la France a toujours retiré de grands avantages de son alliance avec la Russie. Même l’Allemagne de Weimar, qui se réarme et entraîne tranquillement ses troupes en Russie soviétique. Même Hitler qui se partage les dépouilles de la Pologne avec Staline avant d’envoyer ses chemises brunes et son ordre noir assassiner et réduire en esclavage les têtes blondes slaves. La Russie veut la paix mais l’occident dressé avec le groin désire toujours la guerre. On peut relire le début de la campagne de Russie, dans Guerre et paix, à ce sujet :

À la fin de l’année 1811, les souverains de l’Europe occidentale renforcèrent leurs armements, et concentrèrent leurs troupes. En 1812, ces forces réunies, qui se composaient de millions d’hommes, y compris, et ceux qui les commandaient, et ceux qui devaient les approvisionner, se mettaient en marche vers les frontières de la Russie, qui, de son côté, dirigeait ses soldats vers le même but. Le 12 juin, les armées de l’Occident entrèrent en Russie, et la guerre éclata !…

Eh oui, comme le 22 juin 1941 ! Il y avait des soldats de vingt nations avec la Wehrmacht ! On ne pourrait pas faire un peu la paix, avec la Russie ? Et concevoir l’Europe au lieu de l’Occident ?

Nicolas BONNAL ( merci à lui )

 

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