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27 octobre 2017

LE MONDE N'EST PLUS UNIPOLAIRE AVEC L'AMERIQUE MAIS DEVIENT MULTIPOLAIRE AVEC LA RUSSIE ET LA CHINE REUNIES !

Faillite d’un empire : la stratégie militaire de la Russie et de la Chine pour contenir les États-Unis

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SOURCE : 25 octobre 2017 Géopolitique Réseau International

SOURCE : image: http://reseauinternational.net/wp-content/uploads/2017/10/Chine-Russie-20171025-1728x800_c.jpg

 

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En examinant le paysage politique mondial au cours du dernier mois, deux tendances deviennent plus apparentes. La puissance militaire et économique dont dispose l’Amérique est en déclin, alors que dans le domaine multipolaire, une série d’infrastructures, de mécanismes et de procédures ont été accélérés pour contenir et limiter les effets négatifs du déclin du moment unipolaire américain. Cette série de trois articles se concentrera d’abord sur l’aspect militaire des changements en cours, puis sur l’économie en jeu et enfin sur la façon et les raisons pour lesquelles les petits pays passent du camp unipolaire au domaine multipolaire.

L’une des conséquences les plus tangibles du déclin du pouvoir militaire américain peut être observée dans le conflit syrien. Au cours des dernières semaines, l’armée arabe syrienne (AAS) et ses alliés ont achevé la libération historique et stratégique de Deir ez-Zor, ville assiégée depuis plus de cinq ans par des islamistes d’al-Qaïda et de Daech. L’accent est maintenant mis sur les champs de pétrole au sud de la ville libérée, avec une course effrénée entre les forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis et l’armée syrienne (AAS) pour libérer les territoires encore détenus par Daech. Le but final est de revendiquer les ressources de la Syrie et de renforcer la faible position américaine – les États-Unis ne font même pas partie des pourparlers de paix d’Astana – dans les futures négociations concernant l’avenir du pays. Pour comprendre à quel point les États-Unis rêvent de diviser la Syrie, il suffit de noter leurs échecs répétés dans la libération d’Alep puis de Deir ez-Zor, et maintenant pour la traversée de l’Euphrate. Malgré les intimidations américaines, les menaces et parfois même l’agression directe, l’armée syrienne a continué à travailler contre Daech dans la province de Deir ez-Zor, avançant sur des sites riches en pétrole. Grâce à la protection accordée par l’armée de l’air de la Fédération de Russie pendant le conflit, Damas a obtenu un parapluie protecteur nécessaire pour résister aux tentatives des États-Unis de balkaniser le pays.

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Une nouvelle confirmation de la stratégie ratée de Washington pour diviser le pays à la yougoslave, semble évidente au vu du réalignement stratégique des alliés les plus fidèles de Washington dans la région et au-delà. Au cours des dernières semaines, plusieurs réunions ont eu lieu à Astana et à Moscou entre Poutine et Lavrov avec leurs homologues turcs, saoudiens et israéliens. Ces réunions ont tracé les lignes directrices pour l’avenir de la Syrie grâce aux lignes rouges de Moscou, en particulier concernant le désir d’Israël de poursuivre le changement de régime en Syrie et son attitude agressive envers l’Iran. Même les alliés les plus fidèles des États-Unis commencent à planifier un avenir en Syrie avec Assad comme président. Les alliés américains ont commencé à montrer un changement pragmatique vers une réconciliation avec les factions qui gagnent manifestement la guerre et vont décider du futur. Les rêves et les désirs de longue date des cheikhs (Arabie Saoudite) et des sultans (Erdogan) pour refaçonner la Syrie et le Moyen-Orient à leur image sont terminés et ils le savent. Les alliés de Washington ont été déçus, les États-Unis étant incapables de tenir leurs promesses de réaliser un changement de régime à Damas. Les conséquences pour les États-Unis viennent de commencer. Sans une posture militaire capable de faire plier adversaires et amis à leur volonté, les États-Unis devront commencer à faire face à une nouvelle réalité qui implique compromis et négociation, ce à quoi les États-Unis ne sont pas habitués.

Un exemple de ce qui peut arriver si Washington décide d’aller contre un ancien allié peut être vu dans la crise du Golfe impliquant le Qatar. Depuis le début de l’agression contre la Syrie, le petit émirat a été au centre de complots et de projets visant à armer et à financer des djihadistes au Moyen-Orient et en Syrie. Cinq ans plus tard, le Conseil de coopération du Golfe, après avoir dépensé des milliards de dollars sans avoir rien obtenu en Syrie, a plongé dans une lutte fratricide entre le Qatar et d’autres pays comme l’Arabie Saoudite, le Koweït, les EAU et l’Égypte. Ces derniers accusent Doha de financer le terrorisme, une vérité indéniable. Mais ils omettent de reconnaître leurs propres liens avec les djihadistes (l’Égypte dans ce cadre est exclue, se battant continuellement avec des terroristes inspirés par les Frères musulmans dans le Sinaï), montrant une hypocrisie avec laquelle seuls les grands médias peuvent rivaliser.

Les conséquences des actions de Riyad contre Doha, appuyées par une grande partie de l’establishment américain, semblent avoir, presque six mois plus tard, poussé le Qatar et l’Iran à rouvrir des relations diplomatiques. Ce sont deux pays qui, pendant des années, ont été opposés au cours de nombreux conflits au Moyen-Orient, reflétant les contrastes et les divisions dictés par les positions respectives de Téhéran et de Riyad. Cela ne semble plus être le cas, Doha et Téhéran se sont rapprochés et contournent les sanctions et les blocages, surmontant leurs difficultés communes. Ce changement ne peut être vu, par Riyad, que comme un échec stratégique.

En regardant six ans en arrière on constate que l’une des raisons de l’éruption du conflit en Syrie a tout à voir avec le fameux pipeline que l’Iran avait l’intention de construire pour relier l’Irak et la Syrie. Ce qui est incroyable, c’est que la fin du conflit verra la construction d’un nouveau pipeline entre les pays qui ont eu pendant des années des objectifs stratégiques opposés et divergents. L’Iran et le Qatar sont actuellement en train de conclure des accords commerciaux, et des rumeurs prétendent qu’un effort conjoint pour construire un nouveau pipeline, qui devrait traverser l’Irak et la Syrie pour aboutir en Méditerranée, est en cours. L’idée est d’exploiter en commun le plus grand gisement de gaz du monde et devenir ainsi un nouveau fournisseur pour l’Europe, qui cherche à diversifier ses importations d’énergie. Riyad et Washington devront assumer l’entière responsabilité de cet échec de proportion phénoménale.

Un signe clair de la rapidité avec laquelle les choses changent dans la région, et au-delà, vient d’Israël. Même l’État juif a dû renoncer à tout rêve d’expansion territoriale en Syrie, malgré plusieurs tentatives de Netanyahou pour persuader Poutine du danger existentiel auquel Israël est confronté avec la présence de l’Iran en Syrie. Poutine, intelligent et pragmatique, est capable de faire savoir à Israël que toute demande d’imposer des conditions à la Russie ou à ses alliés en Syrie sera fermement rejetée. Mais en même temps, Moscou et Tel-Aviv continueront à entretenir de bonnes relations. Les figures politiques russes sont bien trop intelligentes pour jouer un double jeu avec leurs alliés de longue date en Syrie ou pour sous-estimer la capacité d’Israël à perturber la région en la plongeant dans le chaos. En outre, Assad a invité la Russie en Syrie, ainsi que l’Iran et le Hezbollah. Même si Poutine était disposé à aider Netanyahou, ce qui est douteux, le droit international l’interdit. Si quelque chose est clair, c’est que Moscou respecte le droit international comme peu de pays le font. Toutes les autres nations étrangères opérant en Syrie ou survolant les cieux syriens n’ont pas le droit d’y être, pour commencer, et encore moins d’imposer des décisions à un pays souverain.

Si Tel-Aviv avait pour objectif d’étendre la frontière illégale sur le plateau du Golan en procédant à un changement de régime, la situation est complètement différente six ans plus tard. L’Iran a étendu son influence en Syrie grâce à l’aide fournie à Damas dans la lutte contre le terrorisme. Le Hezbollah a augmenté son expérience et son arsenal militaire, en élargissant son réseau de contacts et de sympathisants à travers le Moyen-Orient. Le Hezbollah et l’Iran sont considérés comme des artisans de la paix au Moyen-Orient, jouant un rôle positif dans la lutte contre le fléau du terrorisme djihadiste, ainsi que contre Israël et l’Arabie Saoudite, qui ont essayé d’aider les organisations terroristes avec des armes et de l’argent. Washington, Riyad et Tel-Aviv se retrouvent six ans plus tard dans un environnement totalement différent, avec des voisins hostiles, des amis moins collaboratifs et, en général, un Moyen-Orient en orbite autour des sphères d’influence iranienne et russe.

Un autre indicateur du déclin des Américains en termes militaires apparaît clairement dans la péninsule coréenne. La RPDC a construit une capacité nucléaire complète grâce à un programme de développement qui ne s’est guère préoccupé des menaces américaines, sud-coréennes et japonaises. L’impératif pour Pyongyang était de créer un moyen de représailles nucléaires capable de dissuader les nombreux décideurs américains souhaitant imposer un changement de régime en Corée du Nord. L’importance stratégique d’un changement de régime en RPDC suit la stratégie de confinement et d’encerclement de la République populaire de Chine, une doctrine bien connue sous le nom de pivot vers l’Asie, et qui a échoué.

En dehors de la dissuasion nucléaire de la Corée du Nord, les États-Unis sont incapables d’attaquer celle-ci, car elle a patiemment mis en place des moyens conventionnels dissuasifs. Trump et ses généraux continuent la rhétorique du feu et des flammes, entraînant Séoul et Tokyo dans un dangereux jeu d’escalade entre deux puissances nucléaires. Sans surprise, les mots de Trump inquiètent tout le monde dans la région, en particulier la République de Corée du Sud, qui paierait le prix le plus lourd si la guerre éclatait. À la lumière de cette évaluation, il convient de souligner que l’option militaire est tout simplement impensable, Séoul et peut-être même Tokyo étant prêts à rompre avec l’allié américain en cas d’action unilatérale désastreuse contre Pyongyang.

Kim Jong-un, ainsi que Assad et d’autres dirigeants du monde confrontés à la pression de Washington, ont pleinement compris et tiré parti de la baisse du pouvoir militaire américain. Trump et son cercle proche de généraux menacent complètement dans le vide, incapables de changer le cours des événements dans différentes régions du monde, du Moyen-Orient à la péninsule coréenne. Que ce soit par l’action directe ou par procuration, on voit peu de changements et les résultats sont toujours les mêmes, montrant un échec continu dans les objectifs et les intentions.

La règle sous-jacente qui guide les décideurs américains est que si un pays ne peut pas être contrôlé, comme l’Arabie Saoudite, et ne servir que les intérêts américains à travers quelque chose comme le pétrodollar, ce pays est inutile et doit être détruit afin d’empêcher d’autres concurrents d’élargir leurs liens avec lui. L’exemple libyen est encore frais dans l’esprit de tout le monde. Heureusement pour le monde, la Russie est intervenue militairement, et à plus d’une occasion, elle a saboté ou dissuadé l’armée américaine de prendre des mesures imprudentes comme en Ukraine, en Syrie et en Corée du Nord.

En ce sens, la défaite d’Hillary Clinton, plus que la victoire de Trump, semble avoir insufflé un sens à cet empire en déclin, si l’on ne tient pas compte de la forte rhétorique persistante. On ne peut que frémir en imaginant une présidence de Clinton dans l’environnement actuel, avec une ruée prévisible à toute vitesse vers un conflit avec la Russie, en Ukraine et en Syrie ou une impasse nucléaire avec la RPDC en Asie.

Trump et ses généraux s’adaptent lentement à une nouvelle réalité où il n’est pas seulement impossible de contrôler les pays, mais où il est de plus en plus difficile de les détruire. La vieille doctrine du chaos constructeur, imposée au monde en vue d’émerger, une fois que la poussière est retombée, en tant que puissance hégémonique, apparaît maintenant comme un lointain souvenir. En regardant le Moyen-Orient, même la Syrie, malgré une destruction sans précédent, est sur la voie de la reconstruction et de la pacification.

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La puissance militaire russe et la puissance économique chinoise ont ainsi joué un rôle inestimable dans le blocage de la machine de guerre américaine.

La Corée du Nord a même franchi une étape supplémentaire en construisant un moyen dissuasif nucléaire et conventionnel, empêchant les États-Unis d’influencer les événements nationaux en provoquant la destruction et le chaos.

Bien que cette réalité soit difficile à digérer pour Washington, il doit l’accepter. Après presque soixante-dix ans de chaos impérialiste et de destruction partout dans le monde, les amis et les ennemis de l’Amérique commencent à réagir à cette situation. Washington se retrouve avec un président plein de bruit et de fureur, mais la posture militaire crédible n’est plus qu’une chose du passé.

Les mécanismes financiers qui ont permis ces dépenses militaires aveugles reposent sur le lien intrinsèque entre le dollar, le pétrole et le rôle de l’argent américain comme monnaie de réserve mondiale. La transition de l’ordre mondial d’une réalité unipolaire à une réalité multipolaire est profondément liée aux stratégies économiques et diplomatiques de la Russie et de la Chine. Plus loin on explorera le rôle de l’or, de l’investissement, de la diplomatie et du petro-yuan, autant de facteurs décisifs qui ont accéléré la transformation et la division du pouvoir à l’échelle mondiale.

Federico Pieraccini

Source Strategic Culture

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

via:http://lesakerfrancophone.fr/faillite-dun-empire-la-strategie-militaire-de-la-russie-et-de-la-chine-pour-contenir-les-etats-unis


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http://reseauinternational.net/faillite-dun-empire-la-strategie-militaire-de-la-russie-et-de-la-chine-pour-contenir-les-etats-unis/#Hg2D8olRCLQfp0uA.99

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La Chine et la Russie ont un plan pour détrôner le dollar. Si elles réussissent, le monde se réjouira

SOURCE : http://lesakerfrancophone.fr/la-chine-et-la-russie-ont-un-plan-pour-detroner-le-dollar-si-elles-reussissent-le-monde-se-rejouira

 

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LA CHINE ET LA RUSSIE SONT LES PLUS GRANDS PAYS DU MONDE PAR LE NOMBRE DE LEURS POPULATIONS ET DE LA SURFACE GEOGRAPHIQUE DE LEURS TERRITOIRES


Dans un monde où le choix consiste trop souvent à se soumettre à la domination impériale, ou à souffrir du chaos provoqué par la vengeance de l’empire, les changements financiers qui se produisent sont pour une grande partie du globe un développement bienvenu, et depuis longtemps attendu.


Par Federico Pieraccini – Le 6 octobre 2017 – Source Strategic Culture via Russia Insider

Si nous voulions identifier le seul carburant qui alimente l’impérialisme américain et ses aspirations à l’hégémonie mondiale, le rôle du dollar américain prendrait une place évidente.

Une exploration en profondeur des effets du dollar sur l’économie mondiale est donc nécessaire pour comprendre les développements géopolitiques conséquents survenus au cours des dernières décennies.

 

La raison pour laquelle le dollar joue un rôle aussi important dans l’économie mondiale est due aux trois facteurs principaux suivants : le pétro-dollar ; le dollar comme monnaie de réserve mondiale ; et la décision de Nixon, en 1971, de supprimer la convertibilité du dollar en or.

Comme il est facile de le deviner, le pétro-dollar a fortement influencé la composition du panier de DTS [droits de tirages spéciaux] du FMI, ce qui a amené le dollar à devenir la monnaie de réserve mondiale, entraînant de graves implications pour l’économie mondiale en raison de la décision de Nixon de supprimer la convertibilité du dollar en or. La plupart des problèmes pour le reste du monde ont commencé par une combinaison de ces trois facteurs.

Dollar – Pétrodollar – Or

Le plus grand changement géoéconomique au cours des cinquante dernières années a eu lieu en 1973 avec l’accord entre l’OPEP, l’Arabie saoudite et les États-Unis pour vendre le pétrole exclusivement en dollars.

Plus précisément, Nixon s’est arrangé avec le roi saoudien Fayçal pour que les Saoudiens n’acceptent que des dollars pour payer les investissements pétroliers et connexes, recyclant ainsi des milliards d’excédent en dollars américains et d’autres ressources financières en dollars.

En échange, l’Arabie saoudite et d’autres pays de l’OPEP étaient sous la protection militaire américaine. Cela rappelle un arrangement de style mafieux : les Saoudiens sont obligés de mener des affaires en dollars américains selon les termes et conditions fixés par les États-Unis avec peu d’arguments, et en échange, ils reçoivent une protection généreuse.

Le deuxième facteur, peut-être encore plus important pour l’économie, est que le dollar est devenu la monnaie de réserve mondiale et maintient un rôle prédominant dans le panier des réserves internationales du FMI depuis 1981.

Le rôle du dollar, lié évidemment au pétrodollar, a presque toujours maintenu une part de plus de 40% dans le panier des DTS, tandis que l’euro a maintenu une part stable de 29% à 37% depuis 2001.

Afin de comprendre les changements économiques en cours, il suffit de constater que le yuan est enfin inclus dans le panier des DTS, avec une part initiale de 10% qui est légèrement supérieure au yen (8,3%) et à la livre sterling (8,09%) mais nettement inférieure au dollar (41%) et à l’euro (31%). La monnaie yuan, lentement mais significativement, devient de plus en plus utilisée dans le commerce mondial.

La raison pour laquelle les États-Unis ont pu alimenter cette demande mondiale de dollars est liée à la nécessité pour d’autres pays d’utiliser cette monnaie afin d’acheter du pétrole et d’autres biens.

Par exemple, si une entreprise bolivienne exporte des bananes vers la Norvège, la procédure de paiement nécessite l’utilisation de dollars. La Norvège doit donc acquérir la monnaie américaine pour payer et recevoir les biens achetés en Bolivie.

De même, les dollars que reçoit la Bolivie seront utilisés pour acheter d’autres produits de première nécessité comme le pétrole du Venezuela. Cela peut sembler incroyable, mais pratiquement tous les pays, jusqu’à il y a quelques années, utilisaient des dollars américains pour échanger entre eux, même avec des pays qui étaient anti-américains et contre les politiques impérialistes américaines.

Cette utilisation continue du dollar a eu des effets dévastateurs sur le globe. Tout d’abord, l’utilisation intense de la monnaie américaine, associée aux décisions de Nixon, a créé une norme économique basée sur le dollar qui a rapidement remplacé les métaux précieux comme l’or, qui était la norme pour l’économie mondiale depuis des années.

Cela a entraîné une instabilité majeure pour les systèmes économiques qui, au cours des années, ont créé des politiques financières désastreuses, comme on l’a vu en 2000 et 2008, par exemple. La principale source de fiabilité économique est transférée de l’or au dollar, en particulier par les bons du Trésor américains.

Ce changement majeur a permis à la Réserve fédérale d’imprimer des dollars pratiquement sans limite (comme on l’a vu ces dernières années avec des taux d’intérêt pour emprunter de l’argent à la FED proches de 0%), bien consciente que la demande de dollars ne cesserait jamais, ce qui permet la survie d’énormes secteurs d’entreprises privées et publiques (comme l’industrie du fracking [fracturation hydraulique du pétrole de schiste]).

Cela a ouvert la voie à un système économique mondial basé sur des instruments financiers comme les dérivés et autres titres, au lieu de biens réels et tangibles comme l’or. En faisant cela pour leur propre bénéfice, les États-Unis ont créé les conditions d’une nouvelle bulle financière qui pourrait même détruire l’économie mondiale lorsqu’elle éclatera.

Les États-Unis se trouvent dans la position enviable de pouvoir imprimer des morceaux de papier, simplement des IOU [I owe you = je vous dois = reconnaissance de dette] sans aucun support en or, puis les échanger contre des biens réels. Cet arrangement économique a permis à Washington d’obtenir un avantage stratégique sans égal sur ses adversaires géopolitiques – initialement l’URSS, maintenant la Russie et la Chine – à ​​savoir une capacité pratiquement illimitée de dépenser en dollars, même si elle accumule une dette publique astronomique d’environ 21 000 milliards de dollars.

Le facteur déstabilisant pour l’économie mondiale a été la capacité de Washington d’accumuler d’énormes dettes publiques, sans avoir à se soucier des conséquences, ni même de la défiance possible des marchés internationaux envers le dollar. Les pays ont simplement besoin de dollars pour le commerce et achètent des bons du Trésor américains pour diversifier leurs actifs financiers.

L’utilisation continue du dollar comme moyen de paiement pour presque tout, associée à la capacité quasiment infinie de la FED d’imprimer de l’argent et du Trésor US d’émettre des obligations, ont conduit le dollar à devenir le principal refuge sûr pour les organisations, les pays et les individus, en légitimant ce système financier pervers qui a affecté la paix mondiale pendant des décennies.

Des dollars et des guerres, bientôt la fin ?

Les problèmes pour les États-Unis ont commencé à la fin des années 1990, à un moment d’expansion pour l’empire américain, suite à la disparition de l’Union soviétique.

L’objectif géopolitique annoncé était l’hégémonie mondiale. Avec une capacité de dépense illimitée et une idéologie basée sur l’exceptionnalité américaine, cette tentative semblait être à la portée des décideurs, au Pentagone et à Wall Street.

Un élément clé pour parvenir à une hégémonie globale consistait à empêcher la Chine, la Russie et l’Iran de créer une zone eurasienne intégrée. Pendant de nombreuses années, et pour diverses raisons, ces trois pays ont continué à mener des échanges à grande échelle en dollars américains, se pliant aux prescriptions économiques d’un système financier frauduleux créé au profit des États-Unis.

La Chine devait continuer dans son rôle pour devenir l’usine du monde entier, ayant toujours accepté des paiements en dollars et acheté des centaines de milliards de bons du Trésor aux États-Unis.

Avec Poutine, la Russie a commencé presque immédiatement à dédollariser, remboursant ses dettes étrangères en dollars, en essayant de se décharger du fardeau de la pression économique. La Russie est aujourd’hui l’un des pays du monde ayant le moins de dettes publiques et privées libellées en dollars, et l’interdiction récente de l’utilisation du dollar américain dans les ports maritimes russes est le dernier exemple.

Pour l’Iran, le problème a toujours été les sanctions, créant de grandes incitations à contourner le dollar et à trouver d’autres moyens de paiement.

Le facteur décisif qui a changé la perception de pays comme la Chine et la Russie a été la crise financière de 2008, ainsi que l’agression croissante des États-Unis depuis les événements de Yougoslavie en 1999. La guerre en Irak, entre autres facteurs, empêchait Saddam de vendre son pétrole en euros, ce qui aurait menacé l’hégémonie financière du dollar au Moyen-Orient.

La guerre et la présence continue de l’Amérique en Afghanistan ont souligné l’intention de Washington de continuer à encercler la Chine, la Russie et l’Iran afin d’éviter toute intégration eurasienne.

Naturellement, plus le dollar était utilisé dans le monde, plus Washington avait le pouvoir de dépenser pour ses armées. Pour les États-Unis, le paiement d’une facture de six mille milliards de dollars (c’est le coût des guerres en Irak et en Afghanistan) s’est fait sans effort, ce qui constitue un avantage inégalé sur des pays comme la Chine et la Russie dont les dépenses militaires en comparaison sont un cinquième et un dixième, respectivement.

Les tentatives infructueuses répétées de conquérir, subvertir et contrôler des pays comme l’Afghanistan, la Géorgie, l’Irak, la Libye, la Syrie, le Donbass, la Corée du Nord, l’Égypte, la Tunisie, le Yémen et le Venezuela ont eu des effets importants sur la perception du pouvoir militaire américain.

En termes militaires, Washington a fait face à de nombreuses défaites tactiques et stratégiques, avec la péninsule de Crimée retournée à la Russie sans un coup de feu, et avec l’Occident incapable de réagir. Dans le Donbass, la résistance a infligé d’énormes pertes à l’armée ukrainienne soutenue par l’OTAN.

En Afrique du Nord, l’Égypte est maintenant sous le contrôle de l’armée, suite à une tentative de transformer le pays en un État dirigé par les Frères musulmans. La Libye, après avoir été détruite, est maintenant divisée en trois entités et, comme l’Égypte, semble regarder favorablement vers Moscou et Pékin.

Au Moyen-Orient, la Syrie, la Turquie, l’Iran et l’Irak coopèrent de plus en plus dans la stabilisation des conflits régionaux ; ils sont soutenus par la puissance militaire russe et la force économique chinoise.

Et bien sûr, la Corée du Nord continue d’ignorer les menaces militaires américaines et a pleinement développé sa dissuasion conventionnelle et nucléaire, ce qui rend ces menaces américaines nulles et vides.

Les révolutions de couleur, la guerre hybride, le terrorisme économique, et les tentatives de supplétifs pour déstabiliser ces pays ont eu des effets dévastateurs sur la crédibilité et l’efficacité militaire de Washington.

Les États-Unis sont maintenant vus par beaucoup de pays comme un appareil de guerre massif qui lutte pour obtenir ce qu’il veut, se démène en vain pour atteindre des objectifs cohérents, et manque même de la capacité de contrôler des pays comme l’Irak et l’Afghanistan, en dépit d’une supériorité militaire écrasante.

Personne ne vous craint !

Jusqu’à quelques décennies en arrière, toute idée de s’éloigner du pétrodollar était considérée comme une menace directe pour l’hégémonie mondiale américaine, nécessitant une réponse militaire.

En 2017, compte tenu de la baisse de la crédibilité des États-Unis en raison du déclenchement de guerres contre des pays plus petits – en ignorant les pays comme la Russie, la Chine et l’Iran qui ont des capacités militaires auxquelles les États-Unis n’ont pas fait face depuis plus de soixante-dix ans – un éloignement général du système basé sur le dollar se constate dans de nombreux pays.

Au cours des dernières années, cet éloignement est devenu, pour de nombreuses nations qui s’opposent à Washington, la seule façon de contenir adéquatement les retombées d’un empire américain qui s’écroule est d’abandonner progressivement le dollar.

Cela sert à limiter la capacité de Washington pour les dépenses militaires en créant les outils alternatifs nécessaires dans les domaines financiers et économiques qui élimineront la domination de Washington.

Ceci est essentiel dans la stratégie russo-sino-iranienne pour unir l’Eurasie et mettre ainsi les États-Unis hors-jeu.

La dédollarisation est devenue une priorité stratégique pour Pékin, Moscou et Téhéran. L’élimination de la capacité de dépenses illimitée de la FED et de l’économie américaine signifie la limitation de l’expansion impérialiste des États-Unis et diminue la déstabilisation mondiale.

Sans la puissance militaire américaine habituelle pour renforcer et imposer l’utilisation de dollars américains, la Chine, la Russie et l’Iran ont ouvert la voie à des changements importants dans l’ordre global.

Les États-Unis se sont tiré une balle dans le pied en accélérant ce processus par l’exclusion de l’Iran du système SWIFT [réseau électronique de transactions financières internationales] (ouvrant la voie à l’alternative chinoise, CIPS) et l’imposition de sanctions à des pays comme la Russie, l’Iran et le Venezuela.

Cela a également accéléré l’extraction et l’acquisition d’or physique en Chine et en Russie, ce qui contraste directement avec la situation aux États-Unis, où court la rumeur que la FED ne possède plus d’or. Ce n’est pas un secret que Pékin et Moscou visent une monnaie soutenue par l’or, quand le dollar s’effondrera, si cela arrive. Cela a poussé les pays inflexibles à commencer à opérer dans un environnement hors dollar et à travers des systèmes financiers alternatifs.

Un exemple parfait de la façon dont cela se réalise peut être vu avec l’Arabie saoudite, qui représentait le centre du pétrodollar.

Dédollarisation

Beijing a commencé a exercer une forte pression sur l’Arabie saoudite pour qu’elle commence à accepter les paiements en yuan pour le pétrole au lieu de dollars, tout comme d’autres pays, dont la Fédération de Russie.

Pour Riyad, il s’agit d’une question presque existentielle. Riyad est dans une situation délicate, quand on sait à quel point elle est dévouée à conserver le lien entre le dollar américain et le pétrole, même si son principal allié, les États-Unis, ont poursuivi au Moyen-Orient une stratégie contradictoire, comme on le voit dans l’accord JCPOA [avec l’Iran].

L’Iran, principal ennemi régional de l’Arabie saoudite, a pu voir levées des sanctions (en particulier des pays européens) grâce à l’accord JCPOA. En outre, l’Iran a pu construire une victoire historique avec ses alliés en Syrie, jouant un rôle prépondérant dans la région et aspirant à devenir une puissance régionale.

Riyad est obligé d’obéir aux États-Unis, un allié qui ne se préoccupe pas de son destin dans la région – l’Iran est de plus en plus influent en Irak, en Syrie et au Liban –, allié qui est même en compétition sur le marché du pétrole [avec le pétrole de schiste].

Pour empirer les choses à Washington, la Chine est le plus gros client de Riyad, et compte tenu des accords avec le Nigeria et la Russie, Pékin peut cesser d’acheter du pétrole en provenance d’Arabie saoudite si Riyad continue d’insister pour ne recevoir le paiement qu’en dollars. Cela nuirait gravement au pétrodollar, un système pervers qui fait surtout du tort à la Chine et à la Russie.

Pour la Chine, l’Iran et la Russie, ainsi que d’autres pays, la dédollarisation est devenue une question urgente. Le nombre de pays qui commencent à voir les avantages d’un système décentralisé, par opposition au système dollar américain, augmente. L’Iran et l’Inde, mais aussi l’Iran et la Russie, ont souvent troqué des hydrocarbures en échange de produits primaires, contournant ainsi les sanctions américaines.

De même, le pouvoir économique de la Chine lui a permis d’ouvrir une ligne de crédit de 10 milliards d’euros à l’Iran pour contourner les sanctions récentes. Même la Corée du Nord semble utiliser des crypto-monnaies comme le bitcoin pour acheter du pétrole en provenance de Chine et contourner les sanctions américaines. Le Venezuela – qui dispose des plus grandes réserves de pétrole du monde – vient de faire un mouvement historique en renonçant complètement à vendre du pétrole en dollars, annonçant qu’il commencerait à recevoir de l’argent dans un panier de devises sans dollars américains. Ceci sans mentionner le plus gros changement qui a eu lieu au cours des 40 dernières années, le projet de la Chine d’amarrer le yuan à l’or.

Pékin achètera du gaz et du pétrole à la Russie en payant en yuans, Moscou pouvant convertir le yuan en or immédiatement grâce à l’échange sur le marché international de l’énergie de Shanghai. Ce mécanisme gaz-yuan-or signale un changement économique révolutionnaire grâce à l’abandon progressif du dollar.

Dans le prochain et dernier article, nous nous concentrerons, d’une part sur la réussite de la Russie, de l’Iran et de la Chine dans la mise en place d’un ordre mondial multipolaire, avec l’objectif de contenir pacifiquement les retombées de l’empire américain qui s’effondre, et d’autre part, sur la manière dont cet autre ordre mondial ouvrira des perspectives géopolitiques nouvelles pour les alliés américains et d’autres pays.

Federico Pieraccini

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Quel avenir ?


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SOURCE : Par Dmitry Orlov – Le 19 octobre 2017 – Source Club Orlov

 

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J’aime me flatter en pensant que la raison principale pour laquelle tant de gens ont creusé un chemin vers mon blog et continuent à acheter mes livres est que pendant plus d’une décennie j’ai toujours deviné correctement quelle forme prendrait l’avenir ; pas tout le temps, mais suffisamment souvent pour inciter les gens à y prêter attention. J’essaie d’être très prudent dans mes pronostics. Je ne prédis jamais des événements relativement insignifiants tels que les krachs boursiers, les changements dans la composition des gouvernements nationaux et d’autres incidents qui ne se produisent que sur le papier ou sur un coup de tête.

Au lieu de cela, j’essaie de me concentrer sur les aspects de la réalité physique – les flux d’énergie en particulier – qui limitent la forme de l’avenir. Je ne fais pas non plus de prédiction en ce qui concerne le calendrier : savoir si quelque chose va arriver est souvent une question qui a une réponse ; savoir quand quelque chose se produira est souvent une question pour laquelle aucune méthode ne donne de réponse fiable. En gardant cela à l’esprit (pour ne pas être déçu), je vais prendre quelques risques et faire quelques prédictions sur la forme générale de l’avenir qui se matérialisera au cours d’une seule vie humaine et peut-être même un peu plus vite.

Je crois que l’on peut deviner la forme générale de l’avenir en se concentrant sur les quatre facteurs suivants : le climat, l’énergie, la population et la géopolitique. Regardons chacun.

Climat

Les changements à court terme des conditions météorologiques, entraînés par le changement climatique à plus long terme résultant de l’augmentation spectaculaire des niveaux de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère, permettent déjà d’envisager plusieurs impacts importants. Les cyclones tropicaux sont plus intenses et plus humides, entraînant des inondations massives et des dommages aux infrastructures. Cette année, les tempêtes ont assommé une grande partie de Houston, un bout de la Floride et pratiquement tout Porto Rico, plus quelques autres îles des Caraïbes. Pendant ce temps, des incendies sans précédent ont ravagé certaines parties de la Californie et du nord-ouest sur la côte Pacifique. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées ou sont restées sans abri. De telles tendances continueront vraisemblablement à mesure que ces événements destructeurs vont augmenter en intensité. Pendant un certain temps, les gens tenteront de récupérer et de reconstruire après chaque événement, mais après, ces efforts cesseront. En reconstruisant, je suis certain que la plupart des gens refuseront de prendre des mesures raisonnables pour éviter que cela ne se répète, comme la construction de maisons sur pilotis en matériaux ininflammables ; au lieu de cela, ils vont mettre en place les mêmes structures inflammables et sujettes aux inondations, parce que c’est à cela qu’ils pensent qu’une maison doit ressembler.

En plus des inondations et des incendies, il y a de fortes chances que des vagues de chaleur estivales catastrophiques suffiront à mettre en panne le réseau électrique dans des pays comme les États-Unis, où la population dépend de la climatisation pour survivre et où le réseau électrique est terriblement périmé. De tels événements se traduiront instantanément par des morts dans les villes du sud, où les gens, en particulier les malades, les personnes âgées et les obèses morbides, succomberont à des coups de chaud. La plupart des États de l’ouest des États-Unis seront confrontés à de tels événements catastrophiques et progresseront lentement vers des conditions beaucoup plus arides, où l’agriculture deviendra peu à peu intenable à mesure que le paysage redeviendra désertique.

Un autre effet sous-estimé des changements climatiques continus sera la sévérité accrue des hivers de l’hémisphère nord. L’Arctique est maintenant beaucoup plus chaud et sans glace durant l’été. Cela a ouvert de nouvelles voies maritimes le long des côtes nord de la Russie et du Canada, ce qui a permis de gagner des semaines d’expédition, en contournant les canaux de Suez et de Panama. La diminution de la couverture de glace de l’océan Arctique a réduit l’albédo de l’océan (la fraction du rayonnement solaire réfléchie dans l’espace), ce qui a provoqué un réchauffement encore plus rapide. En raison de ce réchauffement, le gradient des températures hivernales entre l’Arctique et les zones tempérées plus au sud sera réduit et les flux d’air ne seront plus stratifiés le long des lignes latitudinales mais serpenteront entre le nord et le sud, amenant des tempêtes hivernales depuis l’Arctique vers le sud et rendant les gelées d’hiver très sévères beaucoup plus fréquentes.

Dans le cas de l’Europe de l’Ouest, cet effet sera exacerbé par le ralentissement du Gulf Stream, qui avait pour effet de la rendre beaucoup plus chaude que la  grande partie de l’Europe qui s’étend des Carpates à l’Oural. Le Gulf Stream dépend de la capacité de son courant remontant vers le nord, rendu plus salin par évaporation, de couler au fond quand il atteint une zone autour de l’Islande, puis de refluer vers le sud le long du fond océanique. Mais le taux de fonte des glaciers a créé une lentille d’eau douce en expansion le long de la surface de l’océan dans cette zone, limitant l’étendue du mécanisme. En raison de cet effet, les gelées hivernales profondes commenceront à affecter les régions précédemment tempérées de l’Europe occidentale et des îles britanniques.

Énergie

Les combustibles fossiles resteront le pilier de l’industrie énergétique jusqu’à ce que celle-ci se réduise à un niveau permettant d’obtenir suffisamment d’énergie en ne brûlant que de la biomasse. Mais ce processus devrait prendre au moins deux ou trois décennies de plus. Les sources renouvelables, telles que les éoliennes et les panneaux solaires, ne peuvent pas être produites ou entretenues sans une industrie basée sur les combustibles fossiles et elles vont produire une électricité pour laquelle il n’y aura pas beaucoup de demande une fois que l’industrie des combustibles fossiles aura disparu. De plus, ces sources d’électricité sont intermittentes, alors que l’électricité est notoirement chère et difficile à stocker, tandis que les utilisations résiduelles de l’électricité – communications, sécurité, équipement de contrôle, etc. – nécessitent un approvisionnement régulier.

Même s’il n’y aura pas de rupture soudaine dans la disponibilité de l’énergie fossile, nous continuerons de voir une diminution constante de la capacité des consommateurs d’énergie à travers le monde à payer pour cela, ainsi que la disparition de la rentabilité des entreprises énergétiques. À la place de puits d’où le pétrole a jailli pendant des années, tout ce qui restera aux États-Unis, ce sont des puits qui nécessitent des forages horizontaux et une couteuse fracturation hydraulique, mais qui ne laissent suinter du pétrole que pendant un an ou deux avant d’être à sec. La situation est similaire en ce qui concerne le charbon et le gaz naturel. Bien que les États-Unis soient maintenant alimentés avec cette nouvelle production basée sur la fracturation hydraulique, très peu d’argent a été gagné avec ce boom temporaire, laissant les entreprises impliquées embourbées dans leur dette. Une fois terminée, les États-Unis seront à nouveau obligés d’importer de grandes quantités de pétrole et de gaz naturel – s’ils peuvent trouver l’argent nécessaire pour le faire.

Entre-temps, la Russie restera l’une des principales sources d’exportations mondiales de pétrole et de gaz naturel pendant encore de nombreuses décennies. Les ressources énergétiques de la Russie sont de bien meilleure qualité qu’ailleurs dans le monde et, bien que la Russie possède plus de pétrole et de gaz de schiste que tout autre pays, l’exploitation de ces ressources n’est pas considérée comme une priorité.

Population

Compte tenu de ces tendances en matière de météorologie et d’énergie, les pays auront des capacités différentes pour maintenir une population importante. Un autre facteur qui jouera un rôle majeur sera l’infrastructure locale. Par exemple, en Russie, les gens vivent principalement dans de grands immeubles le long des lignes de chemin de fer desservies par des transports en commun et chauffés à l’aide de vapeurs chaudes provenant des centrales électriques. Toutes les infrastructures russes sont construites selon les mêmes normes et sont conçues pour bien fonctionner à des températures inférieures à -40º et sous plusieurs mètres de neige. En comparaison, en Amérique du Nord, la plupart de la population vit dans des maisons individuelles, dont beaucoup sont mal isolées, dont beaucoup ne sont pas desservies par des transports en commun et dont le chauffage revient plutôt cher en utilisant des chaudière à gaz ou à pétrole. En hiver, face à un blizzard, de nombreuses zones aux États-Unis sont simplement bloquées, tandis qu’en Russie, le concept de « journée enneigée » est inconnu : la neige est enlevée (et non repoussée) au fur et à mesure qu’elle tombe et la circulation continue. Cette comparaison implique que les Russes pourront continuer à se permettre de vivre là où ils vivent beaucoup plus longtemps que les Américains. Des types similaires de comparaisons peuvent être appliqués à de nombreux autres endroits si vous cherchez un lieu où survivre.

Mis à part cela, et peut-être couplé avec des facteurs tels que la météo et l’énergie, certaines populations ne parviendront pas à prospérer et subiront une forte mortalité. Les États-Unis sont déjà en train de mourir de faim, les taux d’alcoolisme ayant doublé en une décennie, et une épidémie d’abus d’opioïdes rivalise avec l’expérience de la Chine d’avant les années 1950. L’esprit de désespoir absolu qui enserre maintenant les États-Unis est semblable à ce qui est arrivé à l’ex-URSS après l’effondrement soviétique, avec des conséquences démographiques similaires.

L’expérience de l’Europe occidentale sera peut-être plus bénigne : les populations indigènes diminueront en raison de leurs très faibles taux de natalité. Entre-temps, l’Europe occidentale est de plus en plus touchée par les enclaves ethnico-religieuses de migrants qui, de plus en plus, ne parviennent pas à s’intégrer et à subsister avec les maigres subsides de l’État. Une fois ces bénéfices épuisés, ces enclaves imploseront. Elles représentent déjà un pourcentage disproportionné de la criminalité ; cette tendance va probablement s’aggraver, les habitants de ces enclaves devenant à la fois les auteurs et les victimes.

Dans d’autres parties du monde, telles que l’Afrique sub-saharienne et certaines régions du Moyen-Orient, la mortalité sera provoquée par l’effet contraire : des taux de natalité très élevés conduiront à des conditions misérables et un surpeuplement menant à la violence et à la guerre. Ces conditions seront exacerbées par diverses catastrophes, naturelles ou artificielles, jusqu’à ce que l’on parvienne finalement à un niveau de population stabilisé beaucoup plus bas.

Géopolitique

Jusqu’à tout récemment, les États-Unis et l’Europe de l’Ouest ont réussi à rediriger vers eux la part du lion de la richesse naturelle restante de la planète. Le système financier érigé après la Seconde Guerre mondiale a été truqué afin que les institutions bancaires occidentales puissent servir de garde-chiourme au monde entier, prêtant à faible taux à leurs copains et à des taux élevés au reste du monde, menaçant quiconque refusant de jouer à ce jeu par des sanctions économiques, des assassinats politiques ou des guerres. Globalement, cela leur a permis de simplement imprimer de l’argent pour acheter ce qu’ils voulaient tout en forçant les autres à travailler pour eux. Un aspect clé de ce régime était que les exportations mondiales de pétrole étaient cotées et devaient être payées en dollars américains. Ce programme est actuellement en phase terminale.

Ce qui le remplacera est encore incertain. Peut-être le nouvel arrangement tiendra sur un trépied composé de la Chine, la Russie et l’Iran. Ces trois pays ont des populations bien éduquées, disciplinées et patriotiques, et leurs jeunes ont tendance à regarder vers l’avenir avec beaucoup d’enthousiasme. Peut-être que d’autres pays pourront jouer un rôle majeur dans ce nouveau club eurasien. Mais ce qui est certain, c’est qu’à l’avenir, les gouvernements d’Europe occidentale et d’Amérique ne seront pas en mesure d’extorquer tout ce dont ils ont besoin au reste du monde pour soutenir artificiellement leur si confortable niveau de vie. Ceci va certainement causer beaucoup de ressentiment et d’agitation politique.

Parler d’agitation politique est toujours caricatural, car il est difficile de prédire quand une population docile va laisser soudainement éclater la violence. Mais les prédictions globales restent possibles : des populations sédentaires, ethniquement et religieusement homogènes, qui ont des moyens traditionnels et indépendants de se maintenir économiquement et qui ne sont pas politiquement radicalisées, sont en bien meilleure position que des populations migratrices, hétérogènes et radicalisées.

Conclusions

J’espère que ce synopsis du futur sera plus que, selon les termes immortels du groupe de rock DEVO, « un tas d’informations inutiles conçues pour frapper votre imagination ». Certains d’entre nous ont le luxe de choisir : où et comment vivre, comment élever leurs enfants, comment planifier leur avenir et quoi éviter. J’espère que vous êtes une de ces personnes, et que vous trouverez des façons de faire usage de ce que j’ai écrit. En parlant pour moi, j’ai un tel luxe, et je m’en sers : je me suis prodigué des conseils, et je les ai suivis avec de bons résultats jusqu’à présent. J’espère que vos résultats seront encore meilleurs.

Dmitry Orlov

Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone

 

 

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