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8 avril 2018

GEOPOLITIQUE INTERNATIONALE : LE CLIMAT POLITIQUE EST DE PLUS EN PLUS DÉLÉTÈRE ... LE MONDE COURE A LA CATASTROPHE !

 

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À la suite d’un accord passé dès 2012 entre Obama – le maître des assassinats ciblés, trois par jour – et Hollande, celui-ci avait donné pour ordre à la DGSE de « dégommer » Ahmed Godane, le leader des shebabs en Somalie. C’était le premier assassinat qu’autorisa Hollande. 

« Quand la France est en guerre, elle tue les chefs ennemis, rien de plus normal » plaide un vétéran de la DGSE, partisan de ces opérations… dans les zones suivantes, par ordre d’importance : Afrique subsaharienne, zone afghano-pakistanaise, corne de l’Afrique, Syrie, Europe, Libye, Égypte.

Combien de chefs ennemis tués sur l’ordre de Hollande ? – « Une quarantaine ». Avec l’autorisation de qui ? – François Hollande, qui, interrogé par des journalistes avait répondu : « J’ai dit : “Oui, si vous les appréhendez, bien sûr” ».

Sources : Le Figaro, BFMTV, L’actualité du droit, Mondialisation.ca (site canadien connu également sous le nom Globalresearch.ca), Challenges, DGSE, Midi Libre, Égalité & Réconciliation, Jeune Afrique, “Ce qu’un président ne devrait pas dire”, etc.

 

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Les chefs d’État assassinent

Tout le monde le sait. Vraiment tout le monde. Les chefs d’État du monde entier donnent l’ordre de tuer les ennemis de leur pays où qu’ils soient. « Rien de plus normal » comme dit un vétéran de la DGSE : « François Hollande a donc donné des consignes claires aux états-majors militaires et à la DGSE sur le sujet : ils ont son feu-vert pour tuer à l’étranger, y compris clandestinement, des chefs terroristes et d’autres ennemis présumés… »

Theresa May

Où donc est le scandale que dénoncent les Occidentaux ? Accusant plus ou moins ouvertement Poutine et la Russie d’avoir peut-être (car aucune preuve n’a été apportée par Theresa May ou le service anglais d’action d’extérieure) un espion russe et traître notoire, Sergeï Skripa, emprisonné mais pas condamné à mort par la Russie, racheté en 2010 par l’Angleterre en échange de sa neutralisation et de plusieurs agents russes, et qui venait de manquer une fois de plus à ses engagements en participant à de faux documents repris sans contrôle par la presse occidentale, « prouvant » l’aide qui aurait été apportée par Poutine à Trump pour sa campagne électorale.

 

Parfois aussi, ils trahissent

Dans un entretien avec le journaliste Xavier Panon, François Hollande a reconnu qu’en Syrie la France a alimenté les djihadistes en armes : « (La France a) en effet fourni des armes aux “rebelles” syriens dès 2012. Par l’intermédiaire de la DGSE, ce sont des canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles antichars qui… » À la DGSE, c’est le Service Action qui est chargé de ces opérations, la Cellule Alpha étant celle des « tueurs ». On peut donc, comme le fait la presse asiatique (Asia Report), s’étonner et rire des leçons de morale que le président français et d’autres chefs d’états occidentaux donnent à la Russie.

 

L’intéressante analyse du général Delawarde

Dans Minurne, le Général Delawerde a démontré l’incohérence et le manque de fondements des accusations occidentales dans l’affaire Skripal, et recherché les causes possibles de cette attaque massive et coordonnée contre la Russie, pour le moment verbale et économique (nouvelles sanctions envisagées) mais qui pourrait dégénérer en guerre « OTAN contre Russie » quand on constate que le seul des chefs d’État qui garde son sang froid est Poutine.

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Le Général Delawarde voit trois fauteurs potentiels de l’assassinat de l’agent double Skripal et de sa fille Loulya citoyenne russe : Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni.

Écarter Israël des possibles responsables…

Je comprends bien que la destruction du projet israélo-américain de démembrement de la Syrie par l’alliance Russie-Syrie-Iran contrarie fortement Israël, cernée par quatre pays musulmans agressifs, mais de là à construire avec l’Angleterre une manœuvre enfantine pour nuire à la Russie, le pas à franchir est grand : il y a en Israël une nombreuse et influente communauté de Juifs russes et les relations avec la Russie sont bonnes.

Les Israéliens sont trop intelligents pour ne pas utiliser des moyens plus subtils que l’assassinat d’un vieil espion corrompu afin de renforcer la sécurité de leur frontière nord. Et surtout, l’Angleterre n’aurait aucun intérêt à une collaboration avec Israël pour défendre ses intérêts. J’écarte donc Israël.

 

Les États-Unis ? − Possible, mais peu probable

La manière dont Trump a apporté son soutien à Theresa May est tout de même limitée « J’ai eu Theresa May au téléphone, il semblerait que la Russie… ». On est loin du « (Les USA font…) toute confiance à l’enquête britannique… » du ministre des Affaires étrangères Rex Tillerson qui fut d’ailleurs limogé par Trump quelques heures plus tard. Donald Trump a affirmé mardi que la Russie doit donner des réponses « sans ambiguïté », mais il semble qu’il ait découvert et n’apprécie pas d’avoir eu la main forcée par un possible accord secret CIA-MI6 pour ajouter de la pagaille dans les relations déjà difficiles entre les Etats-Unis, l’Occident et la Russie.

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L’OTAN plus crédible que l’Angleterre ?

L’Angleterre a visiblement intérêt à rechercher un ennemi extérieur pour faire oublier sa mauvaise négociation du BREXIT et les turpitudes sexuelles de sa communauté musulmane. Plusieurs villes sont venues rejoindre Telford dans la honte de la non-dénonciation des crimes de masse commis par les gangs de pornographes et maquereaux majoritairement d’origine indo-pakistanaise. Mais de là à prendre le risque d’une confrontation armée avec la Russie ? Peu probable.

Il existe un acteur dont le Général Delawarde ne souffle mot, l’OTAN dont le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a soufflé sur les braises du scandale Skripa : l’affaire de l’empoisonnement est « très préoccupante pour l’Alliance Atlantique ».

L’OTAN, construite pour assurer la défense de l’Occident contre l’empire soviétique, aurait dû disparaître après 1989. Pour survivre, elle a besoin d’un ennemi crédible et plus proche que la Chine. Il y aurait bien l’islam conquérant qui ne cache pas son ambition d’islamiser le Monde dans un Califat mondial, mais cela est beaucoup trop politiquement incorrect. Reste la Russie, grâce à Poutine qui défend fermement des positions intolérables pour la finance mondialisée dont le président Macron est l’un des fleurons. Quelques « fake news » bien orchestrées ont permis à l’OTAN de justifier son existence et son coût par une guerre dans les Balkans, suivie de l’affaire de Crimée : les charniers bidons de Timisoara, le génocide bidon des Kosovars par les Serbes, la récupération de la province russe de Crimée, peuplée de Russes et donnée en 1954 à l’Ukraine par l’ukrainien Kroutchev et présentée comme un vol.

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Première escarmouche dans la guerre des métaux rares ?

J’ajoute à cela, avec tout le respect due à l’analyse du Général Delawarde, un facteur nouveau dont les responsables politiques occidentaux commencent à peine à prendre conscience : l’erreur monumentale d’une transition énergétique mal préparée dont la Chine a tout de suite compris l’intérêt financier colossal qu’elle pourrait en tirer...

... par une propagande irénique pour la transition énergétique.

Nous commençons notre troisième transition énergétique :

  1. la première fut le charbon qui permit par les machine à vapeur le développement de l’ère industrielle ;
  2. la seconde les hydrocarbures qui ont permis l’ère du développement international du commerce et de la circulation des humains ;
  3. la troisième est celle de l’électricité qui permet le démarrage de l’ère internet et écologique.

Cette transition énergétique voulue par tous, si l’on en croit COP 21, butte sur une erreur colossale : la sous-estimation dramatique des besoins en terres et métaux rares et très polluants dont elle est grosse consommatrice.

Les terres rares et les métaux rares sont indispensables aux téléphones portables, aux ordinateurs, aux moteurs des éoliennes, aux batteries des voitures électriques, ainsi qu’à des applications militaires critiques – guidage de missiles, radars, drones… et aux transmissions par le net.

Exemples : les seuls mails échangés dans le monde consomment journellement en énergie électrique la production d’une centrale nucléaire fonctionnant à l’uranium. La généralisation du parc de voitures électriques nécessitera, pour la France seule, dix-sept centrales nucléaires supplémentaires.

Une voiture hybride ou électrique contient de 9 à 11 kg de métaux rares (et très chers !) : cérium dans la batterie et le pare-brise anti-UV, zirconium et lanthane dans le convertisseur catalytique, néodyme dans environ 28 aimants et les phares, europium et yttrium dans l’écran ACL et les divers capteurs, praséodyme, dysprosium et terbium dans le moteur. Et pour produire ces 10 kg de métaux rares, il a fallu extraire environ 2.500 tonnes de terres et de roches, les traiter avec des milliers de litres de produits chimiques et des acides divers (sulfurique, nitrique, etc.), sans oublier 200 m3 d’eau par tonne de terre traitée pour séparer le métal ou les métaux recherchés du reste, les affiner pour en faire les alliages utilisables dans l’industrie. Exemple : il faut traiter une tonne de roche pour avoir 5 gr de platine. Finalement, un calcul relativement simple permet d’affirmer qu’une voiture électrique produit pendant sa vie globalement 30% de pollution de plus qu’un Diesel de puissance équivalente.

 

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Quant au recyclage des métaux rares, il coûte si cher, et il est si compliqué à réaliser, qu’il ne concerne que quelques pourcentages de la production. Et tout ce processus est tellement polluant que les pays occidentaux préfèrent le sous-traiter dans les pays que l’on qualifiait autrefois de « tiers monde » : Chine, Inde, Nigeria, Mongolie, Pakistan, etc. où des millions de personnes meurent chaque année (3 millions rien qu’en Chine), des millions d’enfants souffrent de handicaps ou de pathologies liées à la pollution, ce qui permet aux très hypocrites écolos occidentaux de se vanter de défendre la planète avec leurs voitures électriques, leurs éoliennes et leurs parcs solaires !

 

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Le président Macron vient juste d’en prendre conscience et a dit que le nucléaire resterait longtemps indispensable dans le mix de la transition énergétique français, ce qui déplaît évidemment aux écolos. Il a peut-être aussi compris, mais je n’en suis pas certain, que sans métaux rares, la transition énergétique ne se fera pas.

Répartition actuelle des métaux rares exploités
[cliquez sur l’image]

Les terres rares sont présentes un peu partout dans le monde, mais très diffuses, et seules certaines zones géographiques en sont pourvues en abondance suffisante pour rendre l’exploitation rentable : la Chine à elle seule détient plus de 50% de 28 des métaux rares indispensables à la transition énergétique [1]. Ils y créent une pollution terrestre, aérienne et aquatique dramatique.

L’Europe ne produisant quasiment pas de métaux rares est à l’entière merci de la Chine et de pays plus exotiques, asiatiques et africains, peu d’américains, de la Turquie (30 % du cobalt mondial) et de la Russie dont la production est pour le moment faible mais qui dispose de réserves potentielles colossales, notamment en Sibérie orientale.

La France a un peu d’uranium, pas exploité, du nickel en quantité en Nouvelle-Calédonie et du cobalt, en Calédonie aussi, mais pour le moment peu exploité. Elle a surtout le premier domaine maritime mondial grâce à ses territoires d’outre mer (12 millions de km2) et l’on sait que les nodules polymétalliques sont riches en scandium et en yttrium.

Mais elle n’a pas encore compris que pour devenir indépendante, auto-suffisante, éventuellement exportatrice comme la Chine, et pouvoir réaliser sa transition énergétique, il va falloir qu’elle se lance à grande échelle dans la prospection des métaux rares des fonds océaniques, notamment en Nouvelle-Calédonie et ses alentours marins, mais aussi à Wallis et en Polynésie. La Chine le fait déjà à partir des pays du Pacifique qu’elle contrôle en toute discrétion, comme le Vanuatu et Fidji. La hausse rapide des prix que provoque délibérément la Chine rendra vite l’opération rentable… pour la France aussi.

[cliquez sur l’image pour visionner la vidéo]

L’Europe importe 90% de ses terres et métaux rares, un incident a priori banal entre un chalutier-espion chinois et un patrouilleur japonais en septembre 2010, ayant entraîné une rupture des fournitures chinoises, lui a fait comprendre qu’elle était trop dépendante.

La hausse spectaculaire des cours en septembre 2017 a mis la Commission européenne sur les dents. Et que fait un organisme national ou international quand il se sent menacé ? – Toujours, il commence à concevoir des desseins plus agressifs pour rétablir la situation.

Par exemple en menaçant la Russie sous un prétexte même ridicule, pour négocier ensuite un accès à ses métaux rares actuellement sous exploités ? − Pas impossible.

Je soupçonne en effet fortement l’Union Européenne de loucher sur le potentiel russe en terres et métaux rares. Tenter via l’OTAN une conquête guerrière de la Russie jusqu’à Vladivostok pour faire main basse et exploiter les métaux rares est peu crédible, tant à cause de la capacité énorme de résistance de l’armée russe que parce que cela produirait une réaction violente de la Chine qui louche aussi sur la Sibérie orientale.

Mais, déstabiliser Poutine et le remplacer par un dirigeant plus docile est ce que cherchent très vraisemblablement à faire l’Europe, l’OTAN et les États-Unis. L’affaire Skripal pourrait faire partie du plan.

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Heureusement, Poutine, plus intelligent que la plupart de nos dirigeants, le sait. Et, appuyé par son opinion nationale qui vient de voter massivement pour sa réélection, il dosera soigneusement sa riposte pour ne pas ruiner ses efforts pour faire de la Russie la puissance économique que craignent les États-Unis et leurs domestiques européens.

L’Imprécateur
30/03/2018

 

[1] La Chine détient notamment 94% de la production mondiale des 17 métaux rares qui, en raison de leurs stupéfiantes propriétés électromagnétiques, optiques et catalytiques, sont indispensables à la transition énergétique : cérium, dysprosium, erbium, europium, gadolinium, holmium, lanthane, lutécium, néodyme, praséodyme, prométhium, samarium, scandium, terbium, thulium, ytterbium et yttrium.

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La crise diplomatique entre l’Occident et la Russie ne cesse de prendre de l’ampleur, avec l’expulsion de près de 150 diplomates et « espions » russes de plus d’une vingtaine de pays d’Europe et d’Amérique du Nord [1]. Les raisons d’une telle réaction sont, officiellement, une « riposte » à la tentative d’attentat contre la personne d’un ex-espion russe – Sergueï Skripal [2] – et de sa fille, à Salisbury, au Royaume-Uni, le 4 mars dernier. Or, il convient de noter que cette incroyable campagne antirusse ne repose sur presque rien et que les réactions qu’elle suscite apparaissent totalement disproportionnées.

Un assassinat… sans mort et sans preuve

Jusqu’à présent, force est de constater qu’aucune preuve irréfutable de la culpabilité de la Russie dans cette tentative d’assassinat n’a été fournie au public. Pour le moment, toutes les accusations demeurent verbales. Considérons rapidement les faits [3] :

  • indéniablement, une tentative d’assassinat a bien eu lieu contre Skripal et sa fille ;
  • un policier britannique aurait été également contaminé [4] ;
  • mais dans cette affaire, il n’y pas eu mort d’homme [5] ;
  • l’utilisation du Novichok n’est pas formellement prouvée ;
  • la manière dont la substance neurotoxique a été diffusée n’est pas clairement établie : la police britannique a tour à tour parlé d’un cadeau empoisonné apporté par Ioulia Skripal, puis d’un gaz diffusé via le système de ventilation de la voiture de son père, pour enfin constater qu’il y avait une forte concentration de traces du produit sur la porte d’entrée – à l’extérieur – du domicile de la victime.

Cela fait beaucoup d’incertitudes qui ne permettent pas, en l’état actuel des choses, d’accuser Moscou de cette tentative d’assassinat d’une manière catégorique [6], d’autant que d’autres zones d’ombre existent :

  • si le neurotoxique utilisé se révélait bien être du Novichok, cela ne serait pas la preuve irréfutable de son emploi par les services russes ou de l’implication de Moscou. En effet, la fin de la Guerre froide pourrait très bien avoir permis à des organisations ou des puissances étrangères de se procurer ce produit auprès du complexe militaro-industriel de l’URSS, alors en pleine décomposition. Il convient donc de rester prudent. Le président tchèque Milos Zeman a ainsi demandé à ses services de renseignement de vérifier si le Novichok pouvait avoir été fabriqué ou stocké dans son pays [7] ;
  • quand bien même Skripal aurait été ciblé par des Russes, encore faudrait-il déterminer s’il s’agit de la mafia, des services, de dissidents des services et si l’ordre a été donné par Poutine lui-même, ce que n’ont pas manqué d’affirmer péremptoirement les autorités britanniques [8].

Surtout, il est difficile de voir l’intérêt qu’il y avait pour Moscou d’éliminer un individu comme Skripal. Rappelons qu’il n’était que l’un des nombreux ex-espions russes réfugiés à Londres et l’un des moins dangereux. Cet ancien officier du génie parachutiste a poursuivi sa carrière dans les relations internationales à partir des années 1990 : il a été attaché militaire à Malte puis à Madrid avant de revenir à Moscou en 1996 pour raisons de santé (diabète). À noter que si, dans le système russe, les attachés militaires sont administrativement rattachés au GRU, les titulaires de ces postes ne sont pas nécessairement issus de ce service. Très peu d’entre eux sont au courant des noms des agents clandestins opérant dans leur pays de résidence. D’ailleurs la relative « légèreté » de la condamnation de Skripal – 13 ans de prison – pour avoir espionné au profit du Secret Intelligence Service britannique, montre bien qu’il n’a pu donner des informations stratégiques à ses officiers-traitants, sans quoi il eut écopé de la perpétuité et n’aurait sans doute pas été échangé en 2010 contre d’autres membres du SVR arrêtés aux États-Unis.

De plus, Skripal vivait depuis sept ans en Angleterre sous son identité réelle, de manière transparente et n’y menait pas d’activités antirusses. Si Skripal n’a pas continué à travailler pour le SIS, certains estiment qu’il aurait en revanche coopéré avec plusieurs sociétés de renseignement privées d’outre-Manche, dans le collimateur du Kremlin pour avoir travaillé sur le dossier des soi-disant liens russes de Donald Trump. Il ne représentait donc aucun un danger pour Moscou. On perçoit donc mal l’intérêt pour le Kremlin de l’éliminer même si certains font le lien avec le discours de Poutine mi-février devant les membres des services. Dans son allocution, le président russe a en effet déclaré qu’il ne pardonnerait jamais les trahisons. Dès lors, certains commentateurs en ont tiré la conclusion pour le moins hasardeuse qu’il s’agissait d’un appel au crime. Cela n’a guère de sens. En effet, il n’est pas dans la tradition des services de quelque pays que ce soit d’éliminer quelqu’un que l’on a échangé. Au demeurant, ces « observateurs » omettent de rapporter que, dans ce même discours, le président russe a appelé à rétablir le dialogue avec les services américains [9].

Ainsi, pour le moment, les Britanniques n’ont fourni ni aux médias ni à l’opinion de preuve concrète de leurs accusations à l’égard de la Russie… qu’attendent-ils donc pour le faire ! S’ils en ont la preuve irréfutable, que ne la produisent-ils publiquement ? Sans doute considèrent-ils qu’une accusation tonitruante et un battage médiatique intense suffisent à convaincre le monde de la culpabilité de Poutine. Mais pour l’instant, les Britanniques n’ont fait qu’accuser gratuitement Moscou, le sommant de prouver son innocence, ce qui sur le plan juridique est une scandaleuse inversion de la charge de la preuve et semble n’avoir choqué personne ! Londres a également refusé la coopération des Russes pour cette enquête, ce qui ne manque pas de poser la question de leur intérêt à ne pas ouvrir le dossier à d’autres acteurs [10].

Enfin, si les preuves étaient produites [11] et qu’il soit démontré que cette action ait bien été ordonnée par le Kremlin et exécutée par ses services, rappelons que Skripal est un traître à son pays. Dans la mesure où il pourrait avoir livré au SIS les noms d’officiers et d’agents russes, il n’est pas illégitime que des proches de ceux qui ont été victimes de sa trahison cherchent à se venger.

Ce ne sont pas les Américains qui diront le contraire, eux qui n’ont de cesse de poursuivre Edward Snowden et Julian Assange pour avoir révélé des informations portant atteinte à leur sécurité nationale. Certes, les deux hommes n’ont pas fait l’objet de tentative d’assassinat, mais les menaces proférées à leur encontre et les pressions exercées sur ceux qui les hébergent sont sans équivoque ; Washington n’a jamais caché son intention de leur faire payer leur trahison (Snowden) et leur complicité (Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, est réfugié depuis 2012 dans l’ambassade d’Équateur à Londres ; le 27 mars dernier, il a été traité de “misérable petit ver” par Alan Duncan, le ministre britannique des Affaires étrangères, qui lui a demandé de se livrer à la justice − voir https://www.reuters.com/article/us-britain-assange/uk-minister-miserable-little-worm-assange-should-turn-himself-in-idUSKBN1H31PF).

Deux poids, deux mesures

En l’état actuel des choses, nous sommes conduits à mettre en doute les affirmations des autorités britanniques, reprises par les Américains, car nous n’oublions pas que les plus hauts représentants de ces deux États ont, dans un passé récent, effrontément menti au monde.

En 2003, les Américains ont envahi l’Irak, sur la base de renseignements faux (armes de destruction massive) ou en partie fabriqués par Donald Rumsfeld et son Office of Special Plans (OSP) co-dirigé par Paul Wolfowitz et Douglas Feith. Dans le cadre de ce conflit, le Premier ministre britannique Tony Blair, assisté de son Spin Doctor Alastair Campbell, faute d’arguments fournis par ses services – car il n’en existait pas – a sans vergogne utilisé des éléments sans aucune valeur scientifique issus du mémoire de master d’un étudiant qui prétendait que Saddam disposait de missiles équipés d’armes de destruction massive pouvant être tirés en moins de 40 minutes. À l’époque, le directeur du SIS, Richard Dearlove, pourtant parfaitement conscient du mensonge de ses dirigeants se tînt coi. Pire encore, il appuya les Américains dans leur stratégie afin que ne se produise pas de découplage entre les deux rives de l’Atlantique, ce que les sujets de sa majesté redoutent par-dessus tout. Ainsi, le SIS s’est rendu pleinement complice de cette supercherie [12] et sa crédibilité a été largement entamée. Il n’est donc plus possible de prendre pour argent comptant ce que déclarent Londres et ses services.

Par ailleurs, les accusations et les rétorsions dont la Russie fait l’objet pour avoir violé – à travers cet acte, comme via ses nombreuses cyberattaques supposées – les règles du droit international, laissent songeur. En effet, il convient de rappeler, qu’en la matière, les Américains et leurs alliés ont fait bien pire :

  • en 2003, les États-Unis ont envahi illégalement l’Irak, bafouant à la fois le droit international et le vote des Nations Unies, fabriquant les preuves dont ils avaient besoin pour justifier leur agression. Ils ont renversé le régime de Saddam – ce que personne ne regrette – créant un chaos dont les conséquences se font toujours sentir aujourd’hui et qui a permis l’éclosion de Daech ;
  • rappelons également que les Américains et certains de leurs alliés opèrent aujourd’hui illégalement sur le territoire d’un État souverain, toujours reconnu par l’ONU : la Syrie. Dans ce pays – dont le régime a été « noirci » à l’envi par les médias occidentaux – les seules forces étrangères présentes légalement sur le terrain sont celles auxquelles a fait officiellement appel le gouvernement de Damas : Russie, Iran, Hezbollah. Les autres sont des intrus, que cela nous plaise ou non, car il n’y a pas deux droits internationaux ;
  • dans le cadre de son action en Syrie, Washington a armé, consciemment et inconsciemment, divers groupes djihadistes qui ont perpétré de nombreux attentats et massacres contre la population de ce pays, ce que les médias pro-occidentaux passent sous silence ;
  • rappelons aussi que depuis le 24 août 2016 – date du déclenchement de l’opération Bouclier de l’Euphrate – la Turquie est également entrée illégalement en Syrie pour y mener une guerre contre les Kurdes, qui sont pourtant chez eux, provoquant de nombreuses victimes civiles, sans que l’Occident ni la communauté internationale ne s’insurge de cette violation flagrante du droit international et de l’intégrité territoriale de ce pays ;
  • de même, l’Arabie saoudite, grand allié régional des États-Unis, et les Émirats Arabes Unis, ont déclenché une guerre sanglante contre les Houthis au Yémen. Certes, le gouvernement « légal » mais minoritaire d’Aden a lancé un appel à l’aide internationale pour vaincre ces rebelles. Toutefois, cela ne justifie en rien les massacres et destructions (ciblage délibéré des populations civiles et d’infrastructures économiques vitales) qui caractérisent cette opération, laquelle a lieu avec le soutien moral et logistique des Américains, des Britanniques et des Français. Elle a engendré une catastrophe humanitaire sans précédent que les médias mainstream évoquent à peine ;
  • enfin, nous ne saurions oublier les nombreuses victimes innocentes des frappes de drones américains effectuées dans le cadre contre la Guerre contre le terrorisme (GWOT), ni les « erreurs » de ciblage dont les Américains semblent coutumiers (ambassade chinoise à Belgrade en 1999, hôpital de Médecins du Monde en Afghanistan en 2015, etc.)

Aucune de ces actions n’a donné lieu à une condamnation de la communauté internationale, pourtant ouvertement méprisée par les auteurs de ces actes, ni à l’expulsion de diplomates américains, britanniques, turcs ou saoudiens par la Russie ou les autres États qui se disent indépendants et respectueux du droit international… dont la France ! Washington et ses auxiliaires ont imposé au monde leur version très personnelle du droit international, et leurs nombreux affidés s’y sont pliés sans broncher.

Une autre illustration de cette triste réalité a été donnée lorsque, dans le cadre de la GWOT, les États-Unis ont multiplié les enlèvements extra-judiciaires à l’étranger (“Renditions”) et ont autorisé leurs services à employer la torture, allant jusqu’à légaliser et formaliser son usage avec l’aide de nombreux juristes. Face à une telle dérive, indigne d’une démocratie et d’une civilisation se disant « évoluée », quelles sont les voix qui se sont élevées ? Combien ont rompu les relations diplomatiques avec Washington ou renvoyé ses diplomates ? Nous cherchons toujours. Et il en est allé de même lorsqu’il fut révélé que les Américains avaient mis la planète sur écoute, espionnant jusqu’à leurs serviles alliés européens. Seules quelques timides protestations furent émises, murmures à peine audibles et bien vite oubliés.

Ainsi, l’ampleur de la campagne antirusse semble bien relever d’une stratégie délibérée et non d’une réaction indignée à d’hypothétiques violations de règles internationales de l’espionnage. Cela explique les réactions totalement disproportionnées qu’a engendré cette affaire. Au passage, il est pitoyable de constater le comportement de moutons de Panurge des pays européens – dont encore une fois la France [13] − au nom d’une soi-disant solidarité européenne, suite à des preuves que leur aurait fournies le gouvernement britannique, mais dont personne hors des cercles gouvernementaux n’a vu la couleur. Il est vrai qu’on ne demande pas aux médias de recouper l’information mais de la relayer, ni aux opinions de réfléchir, mais de croire ! Nous assistons en conséquence à une véritable diabolisation de la Russie, certains Britanniques allant jusqu’à procéder à un amalgame pitoyable entre la présidence Poutine et le Troisième Reich !

Punir la Russie… d’exister !

Au-delà de la tentative d’assassinat contre Skripal, la riposte occidentale s’inscrit plus largement dans une volonté de réagir aux « nombreuses agressions dont la Russie est responsable ». Citons pêle-mêle l’annexion de la Crimée, le soutien aux séparatistes du Donbass, les cyberattaques contre l’OTAN, les tentatives de perturbation des élections américaines, le soutien au régime de Bachar, etc.

Pour les Occidentaux, c’est proprement insupportable, car bien sûr, eux ne se sont jamais livrés à de telles actions. La CIA n’a jamais cherché à influer sur l’issue d’élections (cf. la succession d’Eltsine) ou à installer des régimes favorables à ses intérêts dans le monde. Les États-Unis n’ont pas soutenu la pseudo révolution ukrainienne de Maïdan qui a renversé le régime – indéniablement pourri – du président Ianoukovitch, pourtant légalement élu en présence d’observateurs de l’OSCE qui avaient jugé le scrutin « transparent et honnête » ! De plus, il est bien connu que les Américains ne se livrent pas à l’espionnage, pas même contre leurs alliés européens et n’écoutent jamais leurs dirigeants politiques. Enfin, Washington n’essaie pas non plus de déstabiliser les régimes iranien ou vénézuélien. Non, les Occidentaux sont irréprochables !

Certes, depuis deux décennies, les services russes – et surtout chinois – ont redéployé leurs réseaux de renseignement d’autant plus facilement que les services de sécurité occidentaux ont, à partir de 2002, délaissé le contre-espionnage pour se focaliser sur la lutte contre le terrorisme islamique. Mais lorsque l’on accuse Moscou d’espionnage – ce qui est une réalité – il convient de ne pas oublier que si Skripal et d’autres ex-officiers de renseignement russes sont aujourd’hui réfugiés au Royaume-Uni et aux États-Unis, c’est bien la preuve que les pays occidentaux espionnent aussi allègrement leur rival russe… ce dont personne ne semble s’offusquer [14].

Cette tentative d’assassinat du transfuge russe est une aubaine pour les États-Unis. En effet, depuis près de deux ans, les membres de l’Establishment américain – républicains et démocrates mêlés – tentent par tous les moyens de faire tomber le président Trump, lequel n’est pas issu de leur monde et ne partage pas leurs intérêts de classe. À cet effet, ils ne cessent de brandir l’argument des liens coupables que lui et les membres de son entourage entretiendraient avec le Kremlin. Tout cela sans preuve. Mais ces attaques à répétition contre l’hôte de la Maison-Blanche permettent au passage de dissimuler les malversations dont s’est rendue coupable Hillary Clinton afin de ravir l’investiture démocrate à Bernie Sanders lors des dernières élections présidentielles, les magouilles judiciaires et financières des Clinton et d’Obama sur lesquelles la justice d’outre-Atlantique enquêtera peut-être un jour, et les dysfonctionnements graves de la « démocratie » américaine qui vit sous la menace permanente du Shut Down en raison de ses querelles politiques internes [15]. Relancer la Guerre froide, sous une forme ou sous une autre, est donc la seule solution qu’ont imaginé les édiles d’outre-Atlantique pour résoudre leurs graves problèmes internes et refaire l’unité d’un pays dont les classes dirigeantes s’entre-déchirent.

Paradoxalement, ce procès en sorcellerie de la Russie ne semble guère du goût de Donald Trump. À l’occasion de cette crise, le président américain s’est montré bien moins catégorique que la majorité des élus américains. Les félicitations qu’il a adressées à Vladimir Poutine à l’occasion de sa réélection ont ainsi été critiquées par les grands médias américains qui l’ont accusé de réticence à critiquer frontalement son homologue russe.

La légitime réaction de Moscou

Ces provocations constantes à l’égard de Moscou [16], malgré l’étonnante mesure dont Poutine a fait preuve, ont conduit les Russes à réagir, faisant malgré eux le jeu des Américains et les aidant dans leur stratégie machiavélique.

Rappelons qu’à l’issue de la Guerre froide, un certain nombre d’engagements furent donnés par les Occidentaux au nouveau régime russe (traité de limitation des armements, engagement de non extension de l’OTAN, etc.). Aucun n’a été respecté et Washington n’a cessé de chercher à affaiblir Moscou. Néanmoins, la Russie a apporté son soutien aux opérations antiterroristes américaines en Afghanistan (2002) en mettant à leur disposition certaines de ses bases aériennes et en coopérant en matière de renseignement. Les États-Unis ne leur en furent jamais reconnaissants.

Puis à l’occasion des soi-disant « révolutions arabes » (2011), les Occidentaux ont systématiquement outrepassé les résolutions de l’ONU auxquelles les Russes s’étaient associés, notamment en Libye (résolution 1973), pour provoquer des changements de régimes… plus ou moins heureux et durables.

Devant ces tromperies et humiliations à répétition, la Russie ne pouvait indéfiniment rester sans réagir. Dans un premier temps (2014), Moscou a décidé de ne pas abandonner les populations russophones du Donbass et a tiré parti du chaos créé par la « révolution » ukrainienne – pilotée par des groupes d’extrême-droite soutenus par l’Occident – afin de « récupérer » la Crimée par des moyens tout aussi irréguliers que ceux qui ont conduit au renversement de Ianoukovitch. Depuis, les Russes continuent d’apporter leur soutien aux habitants d’Ukraine orientale, que Kiev cherche à remettre au pas par les armes.

Dans un second temps, Vladimir Poutine a décidé d’intervenir en Syrie à la demande légale du gouvernement de Damas (2015). L’entrée en action des forces russes a significativement contribué à sauver le régime de Bachar el-Assad ainsi que les minorités chrétiennes, druzes, alaouites et les sunnites qui le soutiennent et qui vivent depuis 2011 sous la menace constante d’une barbarie islamique infiniment pire qu’un régime autoritaire.

Finalement, ce retour de la Russie au premier rang de la géopolitique mondiale paraît davantage être le résultat des provocations répétées de l’Occident – en réalité des États-Unis – à leur égard, que d’une volonté planifiée de réaffirmer urbi et orbi, une puissance déchue. Mais aussitôt que ce retour s’est produit, les apprentis sorciers qui ont tout fait pour le provoquer ont jubilé car la menace inconsistante qu’ils évoquaient prenait enfin forme, leur donnant raison… mais selon quel stratagème machiavélique !

Il demeure pourtant ahurissant de considérer que Moscou menace les Occidentaux. Rappelons que le budget de défense russe est neuf fois inférieur à celui des États-Unis et qu’il est également deux fois inférieur à ceux de la France, du Royaume Uni et de l’Allemagne cumulés. Il ne représente que 1/13ème de celui de l’OTAN… On aimerait comprendre qui menace qui ? D’autant que suite à sa réélection, le 18 mars dernier, Vladimir Poutine a confirmé son intention de réduire les crédits militaires en 2018 et 2019 afin d’empêcher toute nouvelle course aux armements. [17]

Tout semble donc orchestré afin de faire resurgir une menace russe, tant pour des raisons de politique intérieure que pour pousser les Occidentaux à faire bloc avec Washington. Ainsi, l’affaire Skripal tombe à point nommé pour lancer une nouvelle manœuvre de diabolisation de la Russie.

Moscou a initialement protesté, considérant que la décision des pays européens d’expulser des diplomates russes était un geste provocateur au nom d’une prétendue solidarité avec Londres et que cela témoignait d’une volonté claire de confrontation. Puis le 29 mars, la Russie a riposté en expulsant soixante diplomates américains et en annonçant la fermeture du consulat des États-Unis à Saint-Pétersbourg. Des sanctions ont également été prises contre les pays européens [18] à titre de réciprocité.

Même si l’histoire ne se reproduit jamais à l’identique, la situation actuelle n’est pas sans faire penser à celle de 1918 et aux très lourdes sanctions imposées à l’Allemagne, lesquelles furent en partie à l’origine du sentiment de revanche germanique à l’origine de l’accession d’Hitler au pouvoir et de la Seconde Guerre mondiale.

Va-t-on pour autant vers une Seconde Guerre froide ?

Il est encore trop tôt pour le dire. Car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour le moment, les deux « camps » paraissent tirer bénéfice de la situation. Souhaitons seulement que cette « stratégie de la tension » ne monte pas aux extrêmes. Car le problème avec les apprentis sorciers que produit régulièrement l’Amérique, c’est que l’on ne sait jamais comment cela va finir. L’histoire a montré que leurs stratégies hasardeuses produisaient rarement des effets heureux. Les Irakiens peuvent en témoigner.

Le plus grave dans cette affaire est que l’Europe s’est délibérément placée encore un peu plus dans l’orbite des États-Unis. Ce faisant, elle ne mesure pas à quel point elle est en train de perdre tout respect et crédibilité à l’international. En effet, l’Occident, sous domination américaine, se veut toujours donneur de leçons de morale et de droit… qu’il ne respecte pas. Tant de mensonges, de mauvaise foi, de violations des lois internationales et des engagements pris ont quasiment réduit à néant le magistère moral qu’il exerçait jadis. Pour bien des pays des quatre autres continents, l’Europe n’est plus autonome et l’Occident n’incarne plus l’exemple à suivre. Ce dernier est devenu un perturbateur comme les autres, voire pire peut être. Et beaucoup s’en défient désormais, à juste titre.

 ERIC DENECE

Éric Denécé
Docteur en Sciences Politiques
Directeur du CF2R (Centre Français sur la Recherche du Renseignement)
27/03/2018
article publié sous le titre “Éditorial N° 48”

 

[1] Les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Norvège, l’Ukraine et seize pays européens – dont la France – ainsi que l’OTAN, ont annoncé qu’ils allaient renvoyer des diplomates russes. Même au plus fort de la Guerre froide, une telle vague d’expulsions n’a jamais eu lieu.
[2] Il a été recruté comme agent double par les services britanniques en 1995.
[3] Pour de plus amples précisions, nous renvoyons à l’excellente analyse d’Alain Rodier, « Royaume Uni : l’enquête sur la mort du transfuge russe se complique », Note d’Actualité N° 509, mars 2018 (https://www.cf2r.org/actualite/royaume-uni-lenquete-mort-transfuge-russe-se-complique/).
[4] Notons toutefois qu’il est rapidement sorti de l’hôpital, ce dont la presse n’a quasiment pas fait état.
[5] L’état de Ioulia Skripal « s’améliore rapidement » a indiqué l’hôpital où elle est soignée avec son père.
[6] Nous n’écartons évidemment pas la possibilité que le gouvernement britannique puisse disposer d’informations obtenues via des interceptions ou une source humaine implantée au cœur du système russe qu’il cherche à protéger. Toutefois, cette absence de production des preuves affaiblit considérablement l’acte d’accusation public.
[7] Reuters, 26 mars 201 (https://www.reuters.com/article/us-britain-russia-czech-president/czech-president-asks-spy-service-to-see-if-novichok-was-produced-locally-idUSKBN1H22FN).
[8] Certains spécialistes de la Russie y voient une opération orchestrée par une frange conservatrice et panslaviste de l’appareil de sécurité russe.
[9] http://www.lepoint.fr/monde/poutine-retablir-le-dialogue-entre-services-secrets-russes-et-americains-16-02-2017-2105320_24.php.
[10] Le Royaume-Uni avait également refusé la coopération des autorités russes lors de l’enquête sur le meurtre de Litvinenko (2006), affaire similaire dans laquelle la soi-disant culpabilité des services russes n’a jamais été prouvée.
[11] Et l’on ne peut écarter l’hypothèse qu’elles soient « fabriquées ».
[12] Voir à ce sujet Gordon Corera, MI-6 : Life and Death in the British Secret Service, Weidenfeld & Nicholson, Londres, 2012, pp. 357 à 397.
[13] Rappelons que notre pays est de plus en plus dépendant pour ses OPEX (Barkhane notamment) du soutien logistique américain et qu’une partie de nos troupes et de nos équipements est acheminée au Sahel par des compagnies aériennes ukrainiennes. On connaît la détestation de la Russie qui caractérise ce pays. Il y a fort à parier que les termes de la « négociation » ont dû être très clairs.
[14] 53 OT (Officiers Traitants) et 386 agents de services étrangers ont été démasqués en Russie en 2016.
[15] Outre-Atlantique, les discussions autour du budget sont le principal champ d’affrontement entre les partis. Ainsi, faute d’un accord durable, depuis quelques années, le budget de l’État fédéral est déterminé de trois mois en trois mois et donne lieu à des débats constants et à des menaces de blocage (Shut Down).
[16] Imaginons quelle aurait été la réaction de Washington si le Mexique ou la Jamaïque avaient rejoint le Pacte de Varsovie ou si Moscou avait soutenu une « révolution démocratique » au Canada…
[17] Cette baisse des dépenses militaires russes avait déjà été annoncée par le président russe en août 2017. Et en 2016, sous le coup des sanctions économiques et de la baisse du prix du pétrole, Moscou avait déjà réduit ses dépenses militaires de 2,7 milliards de dollars.
[18] Moscou a également annoncé l’expulsion de 23 diplomates britanniques et ordonné la fermeture du British Council et du consulat britannique de Saint-Pétersbourg.

 

 

 

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