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6 septembre 2018

HISTOIRE DE FRANCE : L'AGRESSION BRITANIQUE SUR DAKAR LE 23 SEPTEMBRE 1940 ...

HISTOIRE DE FRANCE

23 SEPTEMBRE 1940…

L’AGRESSION

BRITANNIQUE SUR DAKAR

par José CASTANO

écrivain-historien  

dakar port 3

« L’empire, sans la France ce n’est rien. La France sans l’empire, ce n’est rien »(Amiral Darlan – Novembre 1942)

108434Richelieu_premiere_photo_de_l__article

Le cuirassier RICHELIEU fleuron de la Marine Nationale Française 

Après avoir été donné à la France par le traité de Paris, le 30 mai 1814, Dakar devint, en 1904, la capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Située à l’extrémité occidentale de l’Afrique, elle occupait, en 1940, une position stratégique considérable qui faisait bien des envieux. Au point de séparation de l’Atlantique Nord et Sud, en avancée face à l’Amérique Latine, sur le chemin entre l’Afrique du Sud et l’Europe, Dakar intéressait tout le monde et en premier lieu les Britanniques qui, sur le chemin traditionnel de l’Afrique australe et de l’Asie par le Cap, retrouvaient là l’un des enjeux de leurs rivalités coloniales avec la France et voulaient profiter de son écrasement.

            En septembre 1940, le Maréchal Pétain avait confié au général Weygand la délégation générale du gouvernement en Afrique et le commandement en chef des troupes. Ainsi se trouvait affirmée la volonté de défendre l’Afrique mais aussi de préparer les moyens de la revanche.

            Le 31 Août 1940, soit près de deux mois après la lâche agression commise par ces mêmes britanniques sur la flotte française au mouillage et désarmée, dans le port de Mers El-Kébir (Algérie) et près d’un mois après l’entretien Churchill – De Gaulle (6 août 1940) sur les modalités d’une éventuelle attaque contre les forces françaises stationnées au Sénégal et demeurées fidèles au Maréchal Pétain, la force navale M (M comme « Menace ») britannique où se trouvait de Gaulle quitta les ports britanniques pour Freetown en Sierra Leone qu’elle atteignit le 16 Septembre.

            Cette expédition reposait sur deux principes et deux ambitions :

  • - Churchill espérait mettre la main sur l’or de la Banque de France et des banques nationales belges et polonaises, représentant plus de 1.000 tonnes d’or… et sur le  Richelieu, redoutable par sa puissance de feu (bien que son armement ne fût pas terminé), fleuron de la flotte française.

 

ww13

 

- De Gaulle désirait s’imposer comme le chef suprême de l’empire français en guerre… empire d’importance que le gouvernement de Vichy tenait, par ailleurs, à défendre ardemment.

Partie de Freetown le 21 septembre, la force M se présenta devant Dakar le 23 à l’aube. A 6 heures, un message de De Gaulle était adressé à la garnison en lui demandant de se rendre… sans effet. Sa seule présence qu’il espérait suffisante, ne provoqua pas à son grand dam les ralliements escomptés… le traumatisme de Mers El-Kébir était trop vif.

Le gouverneur général de l'A.O.F., Pierre Boisson, commandant la Place, résolument rangé derrière Pétain, refusa catégoriquement de se rallier, affirmant sa volonté de défendre Dakar « jusqu'au bout » La décision de De  Gaulle ne se fit pas attendre : Il fallait débarquer ! Une première tentative de débarquement se solda par un fiasco suivie de deux autres qui subirent le même sort. Une tentative de persuasion politique échoua et Thierry d’Argenlieu, arrivé par mer pour parlementer avec un drapeau blanc, fut accueilli par un tir de mitrailleuse qui le blessa mais son embarcation parvint à s'échapper. Il en résultait que de l’avis de De Gaulle et de l’amiral Cunningham, le patron de la flotte anglaise, la résistance allait être farouche…

 

dakar port 2

 

                En effet, face à l’armada britannique qui se préparait au combat, la France disposait, cette fois, de solides moyens navals ainsi qu’une sérieuse défense côtière. On en n’était plus aux conditions dramatiques de Mers El-Kebir où la flotte désarmée avait été littéralement assassinée ; cette fois, les marins français étaient prêts au combat et animés, de surcroît, d’un esprit de revanche parfaitement perceptible… et compréhensible. Avant la tragédie de Mers El-Kébir, la flotte française était la 4ème plus puissante flotte du monde ; elle était décidée à le prouver et cela d’autant plus qu’elle n’avait jamais été vaincue…

            Sur cette résistance, De Gaulle écrira dans ses mémoires : « Décidément, l’affaire était manquée ! Non seulement le débarquement n’était pas possible, mais encore il suffirait de quelques coups de canons, tirés par les croiseurs de Vichy, pour envoyer par le fond toute l’expédition française libre. Je décidai de regagner le large, ce qui se fit sans nouvel incident. »

Ainsi se passa la première journée, celle du 23 septembre.

            Dans la nuit du 23 au 24 septembre, plusieurs télégrammes furent échangés entre l’amiral Cunningham et Churchill, décidé à poursuivre l’affaire jusqu’à son terme : « Que rien ne vous arrête ! » Dans cette même nuit, un ultimatum anglais fut adressé aux autorités françaises de Dakar leur enjoignant de livrer la place au général De Gaulle. Le texte était fort maladroit et accusait les forces de Dakar de vouloir livrer leurs moyens aux Allemands. Il ne pouvait que provoquer l’indignation des défenseurs et ne recevoir d’autres réponses que le refus. Le gouverneur général Boisson, se remémorant la mise en garde que Georges Clemenceau adressa, le 9 août 1926, au président américain Coolidge : « La France n’est pas à vendre, même à ses amis. Nous l’avons reçue indépendante, indépendante nous la laisserons ! ».

Et Boisson de répondre avec fermeté : « La France m’a confié Dakar. Je défendrai Dakar jusqu’au bout ! ».

            Depuis la tragédie de Mers El-Kebir, Vichy avait décidé de défendre fermement cette position stratégique française et avait envoyé à cet effet, de Casablanca, des bombardiers, des chasseurs et des croiseurs. Il y avait là : Un cuirassé (Richelieu), deux croiseurs légers, quatre contre torpilleur, trois destroyers, six avisos, cinq croiseurs auxiliaires, trois cargos et trois sous-marins. Par ailleurs, la force de frappe aérienne n’était pas négligeable… et elle allait le prouver.

            Du côté anglais, la flotte était tout aussi impressionnante : Un porte avions (Ark Royal qui avait déjà opéré à Mers El-Kebir), deux cuirassés, trois croiseurs lourds, deux croiseurs légers, dix destroyers, deux dragueurs de mines et une dizaine de navires transports de troupes portant 4.200 soldats –dont la fameuse 101ème brigade des Royal Marines à laquelle s’ajoutait l’armée gaulliste composée de trois avisos, un patrouilleur, quatre cargos et 2.700 soldats français.

 

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            Toute la journée du 24 se passa en échanges de coups d’artillerie de marine entre les deux flottes qui firent de nombreuses victimes parmi les marins des deux camps et la population civile qui subit également ce pilonnage. Des obus anglais de gros calibre (380m/m) tombèrent sur la ville, touchant, entre autres, l’hôpital et la caserne du 6° RAC, faisant 27 morts et 45 blessés. En soirée, la situation n’avait guère évolué…

            Le lendemain, 25 septembre, la ténacité britannique continua. Les navires de la force M voulurent de nouveau s’approcher afin de poursuivre leur œuvre de destruction, mais, comme précédemment, ils durent se frotter aux bâtiments français (Vichystes, diront les gaullistes !) qui leur infligèrent de sérieux dégâts et cela d’autant plus que l’aviation française était maîtresse du ciel.

            C’en était trop ! De Gaulle écrira : « L’amiral Cunningham décida d’arrêter les frais. Je ne pouvais que m’en accommoder. Nous mîmes le cap sur Freetown. »

            L’armée française sortait vainqueur de la bataille en dépit de ses 203 morts et 393 blessés. Les 1.927 morts de Mers-El-Kébir étaient en partie vengés.

            Cette opération constitua un tournant idéologique pour les gouvernements, bien plus qu'un affrontement important du point de vue des forces en présence, du nombre des victimes ou des pièces militaires détruites ou endommagées. L’aventure anglo-gaulliste se solda ainsi par un cuisant échec et eut des conséquences considérables.

- D’un côté, le régime de Vichy sortait renforcé de l’épreuve et la cohésion des troupes de la marine –toujours invaincue- autour de la personne du Maréchal Pétain, revigorée.

- De l’autre, le crédit du général De Gaulle dégringolait en chute libre. L’homme se retrouvait isolé. Soudainement mis à l’écart, il fut politiquement menacé par l'amiral Muselier accusé à tort d'avoir été à l'origine des fuites qui empêchèrent le débarquement. Il ne s’en cacha pas dans ses mémoires : « A Londres, une tempête de colères, à Washington, un ouragan de sarcasmes, se déchaînèrent contre moi. Pour la presse américaine et beaucoup de journaux anglais, il fut aussitôt entendu que l’échec de la tentative était imputable à De Gaulle. » … « C’est lui, répétaient les échos, qui avait inventé cette absurde aventure, trompé les Britanniques par des renseignements fantaisistes sur la situation à Dakar, exigé par donquichottisme, que la place fût attaquée alors que les renforts envoyés par Darlan rendaient tout succès impossible… »

             De son côté, Churchill, lui aussi, sortait de l’aventure en fâcheuse posture. Il dut subir les sarcasmes de la Chambre des Communes et fut à deux doigts d’être démissionné. S’il lui avait été facile de détruire, à Mers El-Kebir, une flotte désarmée (et pourtant alliée) causant la mort de 1.927 marins, manifestement, avec Dakar ce fut tout autre et son désir de s’emparer de l’excellente et cohérente flotte française ou de la détruire se solda par un échec retentissant.

José CASTANO

e-mail : joseph.castano0508@orange.fr

 

N.B : - Concernant la tragédie de Mers El-Kebir (3 juillet 1940), certains ont cru bon de justifier l’agression britannique par le fait que nos bâtiments seraient, inéluctablement, tombés entre les mains des Allemands. Je rappelle ce que j’écrivais à ce propos sur cette agression :

« L’armistice franco-allemand du 25 juin 1940 consacre l’échec de nos armées sur terre ; notre flotte, une des plus puissantes -qui n’avait pas été vaincue- est libre. Ni l’amiral Darlan, ni le général Weygand n’ont l’intention « …de livrer à l’ennemi une unité quelconque de notre flotte de guerre » et De Gaulle le dira, le 16 juin à Churchill en ces termes  « La flotte ne sera jamais livrée, d’ailleurs, c’est le fief de Darlan ; un féodal ne livre pas son fief. Pétain lui-même n’y consentirait pas ».

Les Anglais, de leur côté, désirent que notre flotte, riche en unités lourdes et légères, se rende dans leurs ports. Elle aurait pu le faire, le 16 juin 1940, mais personne ne lui en donne l’ordre et la Marine reçoit l’assurance, « qu’en aucun cas, la flotte ne sera livrée intacte », mais qu’elle se repliera probablement en Afrique ou sera coulée précise l’Amiral Darlan. Hitler ne demande pas livraison de notre flotte (le projet d’armistice ne le prévoyant d’ailleurs pas), pas plus que de nos colonies, sachant qu’il n’est pas dans nos intentions d’accepter de telles exigences. »

Cet épisode sur Dakar confirme la justesse de mes propos car si la France métropolitaine était vaincue, l’Empire ne considérait nullement l’être. Si la France métropolitaine avait capitulé, l’Empire s’y était refusé et la marine française (ce qu’il en restait), comme elle s’y était engagée, avait rejoint les ports africains composant l’Empire afin de poursuivre le combat.

- Les alliés ayant débarqué le 8 Novembre 1942 en Afrique du Nord (opération « Torch »), les autorités Vichystes d’AOF, convaincues par l’amiral Darlan, signèrent le 7 décembre 1942, un accord avec les alliés, qui remit l’empire colonial français dans la guerre en formant « l’Armée d’Afrique » dans laquelle firent merveille les « tirailleurs sénégalais ». Lors de la constitution du Comité Français de la Libération nationale (CFLN), le gouverneur général Boisson démissionnera et sera remplacé le 1er juillet 1943 par le gaulliste Pierre Cournarie.

- Le Richelieu appareilla pour les Etats-Unis où son armement fut modernisé. Il participa au côté des Alliés à la guerre contre l’Allemagne puis, dans le Pacifique, à celle contre les Japonais. Il fut présent à la capitulation japonaise en rade de Singapour.

Le 1er Octobre 1945, il fut de retour à Toulon après 52 mois passés loin de la Métropole. Il participa à la guerre d’Indochine puis fut mis en réserve en août 1959, désarmé en 1967 et démoli en 1968.

« L'âme de nos marins plane sur l'Océan, je l'ai vue ce matin, sous l'aile d'un goéland »(Freddie Breizirland)

 

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La flotte française en septembre 1939

La marine Française à cette date est incontestablement l’une des plus modernes et des puissantes de son temps : elle se situe au quatrième rang mondial, derrière la Royal Navy, l’US Navy et la marine Japonaise (Nihon Kaigun), devant la Regia Marina et loin devant la Kriegsmarine ou la Sovietskaya Flota (Marine Russe).

À la fin du premier conflit mondial, qui signa une interruption de quatre années dans ses constructions, elle disposait d’une vaste flotte de bâtiments obsolètes, cuirassés pré-dreadnoughts, croiseurs protégés et cuirassés dont les plus récents dataient de 1903. Ses destroyers récents étaient peu nombreux et surtout de dimensions très modestes en comparaison du nouveau standard développé par la Russie (avec le lancement du Novik de 1300 tonnes en 1911). Ils pouvaient de fait être rétrogradés comme simples torpilleurs. Enfin, elle utilisa quantité de navires civils, patrouilleurs et navires d’escorte, une « poussière navale » qui opéra surtout en Méditerranée.

La flotte française

La flotte française

L’acte fondamental de renaissance de la flotte Française se situe à la conclusion du traité de Washington, (nov.1921- déc.1922.). Ce dernier met un terme à l’escalade en matière de navires de ligne que se livraient les grandes puissances et qui commençait à peser lourdement dans leur budget. Un moratoire fut instauré pour dix ans, et toute nouvelle construction en cours devait être démolie (ou reconvertie comme le choisiront la plupart des pays cherchant à construire leurs premiers porte-avions).

Le traité limitait en outre le calibre maximal de l’artillerie à 406 mm, et redéfinissait le tonnage de navires de ligne alloué à chaque Nation. (US Navy et Royal Navy 525 000 tonnes, Japon 315 000 tonnes, Italie et France 175 000 tonnes.) De fait, il entérinait la montée en puissance de l’US Navy et de la marine Nippone, mais également rétrogradait la flotte Française au niveau de la Regia Marina. Un camouflet pour la France, qui sortie exsangue de la guerre ne pouvait cependant que s’incliner, n’ayant plus les moyens de ses ambitions. Comme les historiens l’attestent, cette limitation lui fut en définitive d’un grand secours pour sa réorganisation.

Son plan de réarmement de 1912, initié par l’amiral Boué de Lapeyrère, devait comprendre les 4 dreadnoughts de la classe Normandie (armés de 3 de ces tourelles quadruples que l’on retrouvera sur les Dunkerque et Richelieu), et Lyon (avec quatre tourelles quadruples, soit 16 pièces, unique à l’époque), ainsi que 16 « éclaireurs d’escadre », croiseurs légers ou destroyers lourds.
En définitive, seul le Béarn, le plus avancé de ces cuirassés du type Normandie, fut conservé, en étant reconverti dans ce qui sera le premier porte-avions Français.

Avec les premières constructions, et du fait d’une présence importante de la marine Française en Méditerranée, ainsi qu’à son tonnage autorisé similaire à celui de l’Italie, on observe le développement d’une véritable rivalité de fait entre les deux flottes : chaque nouvelle unité Française reçoit une réponse Italienne et de ce fait la Regia marina est d’un poids équivalent à celui de la « Royale » en 1939. Cependant, dans le détail, ces flottes divergent qualitativement: Les cuirassés dreadnoughts Français sont par exemple simplement modernisés tandis que leurs équivalents Italiens sont totalement refondus et méconnaissables: Ce sont des unités bien plus modernes à leur achèvement. Autre exemple, les destroyers Français, notamment les « conducteurs d’escadres », adaptés aussi bien à la mer du nord qu’à la Méditerranée étaient nettement plus lourds et puissants que leurs homologues Italiens.

Une faible partie des effectifs navals de 1918 seront conservés assez longtemps pour participer au second conflit mondial. De ce fait, en dehors des cuirassés modernisés de la classe Courbet et Provence, le gros de la flotte Française était constitué de constructions neuves.

 

Cuirassés

Les plus anciens étaient ceux de la classe Courbet (1911), 4 bâtiments à l’origine, mais le France fut perdu sur un récif dans la baie de Quiberon en 1922. Le Courbet, l’Océan et le Paris furent modernisés en 1926-29. En 1938, l’Océan fut renommé Jean Bart et affecté à Brest comme navire-école. Le Courbet et le Paris servirent de navire-école en 1939.

Les plus actifs furent les trois navires ultérieurs de la classe Bretagne (Bretagne, Provence, Lorraine, 1913). Leur modernisation était plus importante et intervint en 1921 puis en 1932-35.

En construction, les premiers « super-dreadnoughts », ou cuirassés rapides qui étaient dans les cartons depuis la fin des années 20, et dont la mise en chantier était de nouveau possible avec l’expiration du moratoire de Washington. Il s’agissait du Richelieu et du Jean Bart, deux unités de 35 000 tonnes, commencées en 1935 (pour le premier) et janvier 1939 (pour le second). De fait, le Richelieu avait été lancé en janvier 1939, et était presque opérationnel en juillet 1940. Le Jean Bart de son côté, réussit à quitter son carénage de Saint-Nazaire et à gagner Casablanca alors même qu’il était loin d’être terminé, grâce à l’action mémorable du lieutenant de vaisseau Ronarc’h et d’une poignée d’hommes d’équipage.

Les deux autres prévus pour 1941 et 1942 étaient le Clémenceau et le Gascogne. Le premier fut lancé en 1943 mais jamais terminé et sa coque fut détruite lors d’un raid aérien allié en 1944.

Croiseurs de bataille

Le Dunkerque et le Strasbourg étaient les premiers du genre en France. Entamés en 1932-34 et entrés en service en 1937-38, ils constituaient à l’époque la réponse aux cuirassés de poche Deustchland de la Kriegsmarine. Les Italiens y répondirent à leur tour avec leurs Littorio. En réalité ils étaient bien mieux protégés que les croiseurs de bataille de 1914-18, et on peut les considérer comme faisant partie des premiers cuirassés rapides.

Porte-avions

Des tentatives avaient été initiées avec le vieux Foudre pendant la grande guerre, ainsi que sur l’aviso Bapaume. Mais ce n’est qu’en 1927, après la reconversion et l’achèvement du Béarn que la marine Française se dota de son premier porte-aéronefs. Ancien cuirassé inachevé (voir ci-dessus), il avait cependant quelques défauts, dont une certaine lenteur, mais l’avantage de sa cuirasse et la largeur de son pont d’envol. Embarquant 40 appareils, il devait être suivi des premiers « vrais » P.A. Français, les deux Joffre. Programmés en 1938, ces derniers étaient nettement plus grands et plus rapides. Le premier fut mis en chantier en 1938, mais ne fut ni lancé ni terminé.

Le second de ces porte-aéronefs en service était alors le Commandant Teste. Il s’agissait d’un « ravitailleur d’hydravions », tout à fait capable d’opérer des bombardiers-torpilleurs et des hydravions de reconnaissance pour la flotte.

Croiseurs

Les premiers furent ceux de la classe Primauguet. Ces trois unités (Primauguet, Lamotte-Picquet, Latouche-Tréville), lancés en 1923-24 étaient des bâtiments légers (armement principal de 8 pièces de 152 mm), faisant partie du plan de Lapeyrère de 1912 concernant des « éclaireurs d’escadre ».

Les premiers croiseurs lourds Français étaient des navires typique du modèle défini par le traité de Washington : 10 000 tonnes, 8 pièces de 203 mm. Ce furent les deux Duquesne (Duquesne, Tourville, 1925-26), suivis des quatre Suffren (Suffren, Colbert, Foch, Dupleix, 1930-32.). L’Algérie qui suivit en 1930 était un peu différent. Dernier croiseur lourd Français, il possédait une silhouette singulière: Coque « flush deck » (pont continu), une seule cheminée, et une passerelle en tour comme sur les Dunkerque. Il devait constituer le prototype des « Saint Louis », approuvés en mars 1940 mais jamais construits.

Au titre des croiseurs légers , on trouve d’abord le sempiternel navire-école Jeanne d’arc, troisième du nom, lancé en 1930, et le Pluton, un mouilleur de mines lancé en 1929, reconstruit et rebaptisé La tour d’Auvergne peu avant la guerre. Il y avait aussi l’Emile Bertin (1933), prototype de croiseur léger à tourelles triples, suivi par les six La Galissonnière (La Galissonnière, Jean de Vienne, Marseillaise, Montcalm, Gloire et Georges Leygues, en service en 1935-37).

Leurs successeurs, les De Grasse, un peu plus légers devaient avoir un blockhaus en tour comme les St Louis. Approuvés en 1937 pour les deux premiers (De Grasse et Chateaurenault), et 1938 pour les deux autres (dont seul le Guichen sera mis sur cale), ils seront pris dans la tourmente de juin 1940. Le De Grasse, qui était le plus avancé, devint un croiseur antiaérien après-guerre et ne fut démoli qu’en 1977. Enfin, la marine opérait le croiseur Strasbourg (ex-KMS Regensburg, 1914, dommage de guerre, le dernier des 5) sous un nouveau nom.

Destroyers

En matière de destroyers, la France comme la Grande-Bretagne, le Japon et les USA développait des destroyers « standards » et des « conducteurs d’escadre », ou destroyers lourds destinés à conduire les escadrilles. S’appuyant sur ceux de la classe Bourrasque (12 unités, 1924-25) et L’adroit (14, 1926-29), la France lança les Chacal (6, 1924), Guépard (6, 1928), Aigle (6, 1930-31), Vauquelin (6, 1931-32), et Le Fantasque (6, 1934), tous très reconnaissables avec leurs trois ou quatre cheminées. Les derniers n’en avaient que deux, et étaient à l’époque parmi les plus puissants du monde avec 3400 tonnes à pleine charge, 37-42 nœuds et 5 pièces de 140 mm. Ils anticipaient sur la nouvelle génération de « super-destroyers » de la classe Mogador (1936), armés de huit pièces de 140 mm en tourelles doubles. Ces derniers répondaient aux destroyers standard de la classe Le Hardi alors en construction, 12 unités dont seulement 1 seule (Le Hardi) commençait ses essais en septembre 1939. 8 autres seront terminées durant le conflit et finiront sabordés à Toulon en 1942.

Torpilleurs

La France comme l’Italie considérait ce type de bâtiment légers, pourtant progressivement délaissés par les autres flottes, comme utiles en Méditerranée, où les conditions plus faciles de la mer et leur faible autonomie justifiaient leur emploi. Elle n’en conservait aucun de 1918 et mit en service ceux de la la classe La Melpomène (12 unités, 1935-37), tandis que les 12 Le Fier étaient en cours de construction en 1939. Six d’entre aux furent lancés et repris à leur compte par les Italiens qui espéraient les remettre en service après leur capture par les Allemands.

Submersibles

Remarquez que je ne dis pas « sous-marin ». L’erreur est fréquente. En fait les premiers seront les révolutionnaires types XXI Allemands en 1944-45. Jusqu’ici, les submersibles en service descendaient en droite ligne des pionniers de la fin du XIXe siècle, époque ou la France montra l’exemple avec l’excellent Narval d’Émile Laubeuf, lequel fabriqua un « torpilleur submersible », alors que bien d’autre s’échinaient encore à concevoir des « sous-marins » extraordinairement complexes d’emploi. La France, sous la houlette des théories de la jeune école s’y était très tôt intéressée, et avait conçu le Plongeur dès 1865. Et n’oublions pas Jules Vernes et son « Nautilus ».

En 1939, fort de cette position, elle avait encore un certain succès à l’exportation. Pour ses propres besoins, elle lança en 1929 le célèbre « Surcouf », un croiseur submersible dans la mouvance de cette « mode » passagère issue des derniers projets Allemands de 1918. Ce navire était en effet pourvu de deux canons de croiseur lourd, de 12 tubes lance-torpilles (rien de moins !), deux canons AA de 37mm et deux affûts doubles de mitrailleuses de 13.2 mm, et était pourvu d’un hangar pour un hydravion. Il participa « de loin » au conflit et connut un sort funeste.

Par ailleurs, la flotte sub-marinière hexagonale se répartissait entre unités océaniques (les 31 Redoutable et les 9 Requin), et côtières (les classes Sirène, Ariane, Circé, Saphir (mouilleurs de mines), Argonaute, Diane, Orion, Minerve, et Aurore, en tout 40 unités.) Les Aurore étaient en construction en 39-40. De ce fait, seul le premier, lancé en juillet 1939, fut opérationnel à temps. Les autres furent terminés pendant ou après la guerre). Le Rubis se couvrit de gloire aux mains des français libres : en effet, passé très tôt dans le camp Britannique, il était le seul submersible mouilleur de mines en service dans le camp allié. Il s’illustra en coulant 24 navires et fut décoré. Les SNA actuels lui rendent par leur nom cet honneur.

Frégates et avisos

En la matière, la flotte comprenait en 1918 plus de deux cent unités légères, mais en 1940, il ne restait en service que le petit aviso Quentin Roosevelt, les Dubourdieu, Ailette, 11 de la classe Amiens et 3 de la classe Marne. En service toujours et datant de 1917-18, les dragueurs de mines ex-canonnières des classes Ardent (3), Friponne (2), la Luronne, les Granit et Meulière.

En constructions neuves, on trouvait les avisos coloniaux de la classe Bougainville (8, 1931-34-39), véritables copies réduites de destroyers, dont deux autres ne furent jamais terminés. On construisit peu de temps avant le conflit, au rythme des mises à la retraite des bâtiments de 1917-18, les avisos dragueurs de mines classe Elan (13, 1938-40) et Chamois (2, 1938-39). En fait seulement quatre unités de la classe Elan étaient opérationnelles en juin 1940. Les autres connurent des fortunes diverses durant le conflit.

Chasseurs de submersibles

Étaient en service 8 unités légères de construction Américaine datant de 1918, et 4 de construction Française de la même époque, ces dernières servant en Indochine. En outre, 17 autres des types CH1 et CH5 étaient opérationnels en juin 1940, quatre autres en construction.

La France expérimenta également deux vedettes lance-torpilles VTB8 et VTB9 en 1935.

Divers

La flotte comptait enfin le navire-école des canonniers Condorcet, un vénérable cuirassé de 1909, et 5 canonnières fluviales pour le service en Chine et Indochine (Yang-Tsé), les deux Argus, le Francis Garnier, les deux Tourane. En outre quatre ravitailleurs d’hydravions (Sans souci) étaient en construction.

Par ailleurs, elle comprenait un certain nombre d’unités spécialisées, de moindre valeur militaire, comme les mouilleurs de mines Castor et Pollux, le mouilleur de filets Le Gladiateur, le ravitailleur de submersibles Jules Vernes, les 8 Petrels de ravitaillement d’hydravions, le garde-pêche Amiral Mouchez.

 

Bilan :

Navires de ligne 8 (9)
Porte-avions 1 (2).
Croiseurs 20
Destroyers 59
Torpilleurs 12
Submersibles 78
Divers 58

Les fiches disponibles :

Cuirassés

Classe Bretagne
Classe Courbet
Rapides Classe Dunkerque
Rapides Classe Richelieu

Croiseurs

Classe Duguay Trouin
Classe Duquesne
Classe Suffren
Léger Emile Bertin
Légers classe Jeanne d’Arc
Légers classe La Galissonnière
Lourd Algérie
Mouilleur de mines La Tour d’Auvergne

Porte-avions et porte-hydravions

Béarn
Cdt Teste

Destroyers

Classe Aigle
Classe Bourrasque
Classe Chacal
Classe Guépard
Classe L’Adroit
Classe Le Fantasque
Classe Le Hardi
Classe Mogador
Classe Vauquelin

Torpilleurs

Classe La Melpomène

Submersibles

Classe Argonaute
Classe Ariane
Classe Aurore
Classe Circé
Classe Diane
Classe Orion
Classe Redoutable
Classe Requin
Classe Saphir
Classe Sirène
Surcouf

Dragueurs de mines

Classe Chamois
Classe Elan

Avisos

Classe Bougainville
Première classe
Seconde classe

Divers

Chasseurs de submersibles
Canonnières fluviales

– Projets de la marine Française en 1939

 

La Marine Française en opérations

Le sort de cet instrument moderne et efficace qu’était la flotte Française en 1939, peut-être la meilleure des trois armes, n’en fut plus que rageant. La « Royale » fut mobilisée en septembre, et participa aux côtés de la Royal Navy à la surveillance de routes commerciales, traquant comme en 1914 les corsaires Allemands pendant la « drôle de guerre ». Elle participa ainsi à la traque du Graf Spee. Toutefois, une bonne partie de ses effectifs basés en Méditerranée n’avaient pas de réelle menace à surveiller tant que Mussolini restait « observateur » des velléités de conquête Allemandes. On tuait le temps en exercices d’escadre. A la fin de 1939 et au début de 1940, la vraie guerre sous-marine débutait, en Manche et en mer du Nord. C’était la RN qui était plutôt visée par la Luftwaffe et les sous-mariniers Allemands.

Quelques bâtiments Français (dont certains des 13 paquebots armés, classés comme « croiseurs auxiliaires »), convoyèrent des troupes en Norvège afin de couper la « route du fer » aux Allemands. En mai-juin 1940, la « Royale » assista impuissante au déferlement de la Blitzkrieg et des blindés de Guderian jusqu’à la côte Atlantique. A Dunkerque en juin, un certain nombre d’unités participèrent au ré-embarquement de troupes Françaises au sein de l’armada levée par les Britanniques. plusieurs destroyers y furent perdus sous les coups de la Luftwaffe et de l’artillerie côtière.

La bilan de cette première partie de la guerre fut mince: Aucun navire Allemand ne fut détruit par une unité Française. En revanche, la flotte perdit le croiseur La tour d’Auvergne (ex-pluton), victime de l’explosion d’une de ses propres mines embarquées à Casablanca, le Jaguar, le Chacal, le Bison (destroyers lourds) et les Orage, Cyclone, Bourrasque, Sirocco, l’Adroit et le Foudroyant en mai-juin 1940 en opérations, notamment à Dunkerque, le Maillé Brézé en mars 1940 à Greenock (explosion accidentelle de torpille), le torpilleur Branlebas, les avisos Rigault de Genouilly, et Beautemps Beauprés, ce dernier se sabordant, inachevé, pour éviter sa capture. La flotte perdit également le chasseur de submersibles CH9 et les submersibles Narval, Morse, Doris, Pasteur, Poncelet, Achille, Ajax, Persée, Agosta, Sfax, Ouessant. Cinq d’entre eux par sabordage.

Peu après la capitulation, la marine Française disposait toujours de l’essentiel de sa force de frappe et le simple fait qu’elle soit susceptible un jour de tomber aux mains de l’axe devenait insupportable à Churchill qui se décida à lancer « Catapult », à un moment où le Fürher préparait déjà ses plans d’invasion du Royaume-uni. Dans la bataille de la Manche qui s’annonçait, la Kriegsmarine, ajoutée à la Regia marina et à la flotte Française sous pavillon à croix gammée protégées par la Luftwaffe pouvaient fort bien anéantir les unités de la Home fleet accourue pour empêcher le débarquement.

La suite est connue : l’amiral Sommerville bombarde les unités Françaises retranchées dans la rade de Mers-el-Kébir tandis que des avions Britanniques prennent à partie le Richelieu à Dakar et que les unités rescapées de Dunkerque réfugiées dans les ports Britanniques (dont Portsmouth) sont saisies le 3 juillet et leurs équipages internés. Un épisode qui sans doute fit passer les forces fidèles à Vichy de la neutralité à une plus franche hostilité envers l’allié d’hier, comme le démontra plus tard l’échec de la seconde attaque de Dakar et la résistance lors des débarquements alliés en novembre 1942. On vit même, un raid de l’aéronavale contre la base navale de Gibraltar en représailles à l’attaque de Mers-el-Kébir, et la Royal Navy, dont les cuirassés Barham et Resolution furent endommagées par des unités Françaises devant Dakar les 24 et 25, risquer une véritable bataille navale ouverte avec l’escadre de 3 croiseurs et 3 destroyers Français envoyée en renfort le 11 septembre.

Le 17 janvier 1941, un épisode dont les livres scolaire d’histoire ne font pas mention s’est déroulé dans la baie d’Indochine, à Koh Chang, où le croiseur Lamotte-Picquet engagea et détruisit la marine Thai, poussée par les Japonais à intervenir contre ces colonies Françaises. Après Pearl Harbour, la situation avait suffisamment dégénéré pour que les Britanniques décident d’attaquer la base de Diégo-Suarez, située au large de Madagascar et bien située sur la route de l’océan Indien. En juin 1941, afin de s’assurer des positions stratégiques au moyen-orient, des forces combinées de la RN et des FNFL attaquent la Syrie: L’aviation Vichyssoise y résistera, mais le territoire finira par tomber aux mains des alliés. Le destroyer Chevalier Paul, entre autres, y fut coulé. Le 9 novembre 1940, l’aviso Savorgnan de Brazza, passé aux mains des FNFL affrontait et coulait l’aviso des forces de Vichy Bougainville, défendant Libreville (Gabon).

Le fossé qui s’était creusé entre le faible contingent des forces Françaises libres alors en constitution et les forces Vichyssoises s’accentua donc, une majeure partie de la flotte, dont ses principales unités restant fidèle au régime en place. Toutefois, après le débarquement en Afrique du Nord (Opération Torch) où les forces fidèles à Vichy résistèrent parfois farouchement, parfois pour la forme, l’amiral Darlan fut finalement convaincu de faire basculer l’empire du côté des alliés. Par conséquent, bon nombre d’unités majeures allaient passer courant 1943 sous contrôle des FNFL (Forces navales Françaises Libres) qui opèreront aussi bien en Europe qu’en extrême-orient (comme le Richelieu), certaines participant aux préparations d’artillerie des débarquement en Normandie et en Provence. De 2700 hommes en novembre 1940 à plus de 5000 en août 1943, la FNFL utilisa un certain nombre d’unités de valeur (voir plus loin) avant de recevoir des unités légères Britanniques et Américaines.

Pendant l’opération « Torch », en novembre 1942, un grand nombre de navires de la royale seront détruits, échoués, ou sabordés : le croiseur Primauguet, les destroyers Epervier, Milan, Typhon, Tramontane, Tornade, Brestois, Boulonnais, Fougueux, Frondeur, les submersibles Ariane, Danae, Monge, Le Conquérant, Le Tonnant, Sidi Ferruch, Argonaute, Diane, Méduse, Amphitrite, Oréade, La Sybille, La Psyché, Pallas, Cérès.

En novembre 1942, en réponse à cette menace, les troupes Allemandes traversent la ligne de démarcation et envahissent la zone libre. Elles parviennent à Toulon mais trop tard pour empêcher le sabordage de la flotte (a peu près la moitié des unités rescapées s’y trouvaient). Ce geste illustra la parole faite aux alliés que jamais la flotte ne tomberait au mains de l’ennemi. On songe à posteriori que ces navires auraient étés bien utiles aux alliés, et que ce sort aurait été évité si la volonté de Churchill ne s’était pas exprimée avec tant de véhémence. Les attaques Britanniques répétées dans les bases d’outre mer, ajoutés aux atermoiements de Darlan au début de l’opération Torch, ont compromis les chances de la flotte de changer de camp.

Toutefois, dans le cas ou l’axe s’en serait emparé, l’équilibre des forces à ce moment du conflit auraient peu changé car ce potentiel n’aurait probablement pas empêché les alliés, qui avaient à présent la maîtrise de la Méditerranée, de terminer la campagne d’Afrique du Nord en vue d’un débarquement en Italie. Les États-Unis étaient en effet alors entrés en guerre et avec eux leur fantastique potentiel industriel. Si ces unités avaient renforcé la Regia marina, cette dernière s’en serait servi bien peu de temps, comme ce fut le cas. Quand à l’Allemagne, elle ne songeait pas à faire passer d’éventuelles unités lourdes dans la mer du nord en partant de la Méditerranée, afin d’opérer depuis la Norvège, tant ce périple semblait risqué.

Étaient présents à Toulon, et se sabordant, le 27 novembre 1942: Les cuirassés rapides Dunkerque et Strasbourg, le cuirassé Provence, le transport d’hydravions Cdt Teste, les croiseurs lourds Colbert, Foch, Algérie et Dupleix, les croiseurs légers La Galissonnière, Jean de Vienne, et Marseillaise; les destroyers Lynx, Guépard, Valmy, Verdun, Lion, Vauban, Aigle, Gerfaud, Vautour, Vauquelin, Cassard, Kersaint, Tartu, L’Indomptable, Volta, Mogador, La Palme, Le mars, Bordelais, Bison, Le Hardi, Foudroyant, L’Adroit, Casque, Lansquenet, Mameluck, Sirocco; le torpilleur La poursuivante; les submersibles Thétis, le Vengeur, l’Espoir, Fresnel, Poincaré, Pascal, Achéron, Redoutable, Diamant, Vénus, Sirène, Naiade, Galatee, Pallas, Cérès, Aurore; et enfin l’aviso D’Iberville.

Par ailleurs, les Allemands ne se sentaient plus liés par les conditions d’armistice au moment du débarquement Américain en Afrique du Nord, et s’emparèrent des navires Français basés à Bizerte, tandis que les unités sabordées à Toulon furent pour certaines renflouées et réparées en vue de reprendre du service sous les couleurs de l’axe. D’autres en cours d’achèvement par Vichy furent prises en compte par la Kriegsmarine et la Regia Marina, en trop petit nombre pour faire pencher la balance de leur côté: Il s’agissait des destroyers Tigre (FR23), Panthère (FR22), Valmy, Lion (FR24, FR21), de plusieurs unités de la classe Le Hardi renflouées, les FR32 à 37 pour la Regia marina, ainsi que des torpilleurs (classe La Melpomène) FR41, 42 et 43, des submersibles (ex-classe requin FR111-114), le FR117 (ex-Circé), FR112 et 116 (ex-Saphir et Turquoise), ainsi qu’une dizaine d’autres unités plus légères, dont des chasseurs de submersibles. La Kriegsmarine s’empara des unités Italiennes après l’armistice de 1943, et termina le submersible UF2 (ex-L’Andromède, classe Aurore), ainsi que 4 avisos dragueurs de mines classe Chamois, 8 chasseurs de submersibles, et 4 ravitailleurs d’hydravions (classe Sans Souci). Le sabordage de Toulon avait été suffisamment bien fait pour rendre le renflouage et la réparation des unités lourdes trop coûteuse. Il faut noter également que pour les unités en chantier ou lancées et en cours d’achèvement, les raids aériens alliés et les sabotages de la résistance en privèrent d’emploi les forces de l’axe.

En 1943, la plupart des unités Françaises survivantes avaient définitivement basculé dans le camp allié. Le cuirassé Richelieu, parti de Dakar en refonte aux USA, ainsi que le Montcalm, le Georges Leygues, le Gloire, l’ Emile Bertin, les vieux dreadnoughts Courbet, Paris et Lorraine, relégués à des rôles secondaires, le porte-avions Béarn, réfugié puis interné comme la Jeanne d’Arc en martinique en 1940 et utilisé comme transport d’avions (vu la vétusté de son parc aérien), les croiseurs lourds Duquesne, Tourville, Suffren (ce dernier subit une profonde refonte aux USA), les croiseurs Duguay Trouin, Jeanne d’Arc, remis également aux standards de l’US Navy, les destroyers Léopard, Albatros, Le triomphant, Le Fantasque, Le Malin, Tempête, Mistral, Trombe, L’Alcyon, Le Fortuné, Forbin, Basque; Les torpilleurs La Melpomène, Branlebas, La Flore, L’incompris, La Cordelière, Bouclier; les submersibles Marsouin, Archimède, Argo, Protée, Pégase, Le Glorieux, Le Centaure, Casabianca, Rubis, Perle, Antiope, Amazone, Orphée, Junon, Minerve; l’aviso Savorgnan de Brazza, 9 dragueurs de mines de la classe Elan, et les 4 de la classe Chamois.

En outre 15 chasseurs de mines Français saisis par la Royal Navy servirent sous ce pavillon, puis en 1943, les 11 survivants sous celui de la croix de Lorraine, de même que 3 autres. Les Britanniques louèrent à la France dès 1941 des vedettes lance-torpilles du modèle Fairmile A et Fairmile B (17 unités), pendant parfois 1 an ou quelques mois, 23 autres vedettes ASM, 5 VLT Américaines et 8 autres légères Britanniques. Entre Mars et Novembre 1944, les FNFL reçurent également 32 chasseurs de submersibles américains du type « PC », et 52 du type « SC ».

Enfin, en 1945, les événements en Indochine précipitèrent la destruction ou le sabordage des 5 canonnières fluviales présentes et de l’aviso Amiral Charner. De Gaulle n’allait pas tarder à prendre la mesure de l’insurrection menée par Ho Chi Minh et envoyer une escadre avec à sa tête l' »inventeur » de la croix de Lorraine, promu amiral, Thierry d’Argenlieu. Mais ceci est une autre histoire…

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Commentaires
G
Je ne trouve aucune information sur le croiseur 'Montcalm' lancé le 28.8.35 et admis au service actif le 4.12.37 ?
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