Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, le 1er février lors d’une visite de cave dans le Cournonse en Occitanie pour annoncer des mesures de soutien au secteur viticoles.
photo PASCAL GUYOT / AFP
Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, le 1er février lors d’une visite de cave dans le Cournonse en Occitanie pour annoncer des mesures de soutien au secteur viticoles.

 

POLITIQUE - Tout est question de « tempo »... risation. Après la mise en garde du président de la FNSEA, inquiet de voir la situation stagner après les dernières annonces de l’exécutif pour calmer les agriculteurs en colère, le gouvernement distille les éléments pour témoigner de son action et assurer que les engagements seront tenus d’ici au Salon de l’Agriculture.

LIRE AUSSI

« Pas eu de rencontre ministérielle » ni « de point de suivi » avec le ministre de l’Agriculture ou le Premier ministre, « on n’est pas dans le bon tempo », a déclaré dimanche sur BFMTV Arnaud Rousseau. « On a montré qu’on pouvait être unis et très réactifs dans la mobilisation. Si e gouvernement nous promène un peu trop, on ne va pas le supporter », abondait ce lundi sur la même chaîne Jérôme Bayle, éleveur bovin en Haute-Garonne et l’un des initiateurs du premier barrage sur l’A64 à Carbonne.

Message reçu cinq sur cinq rue de Varenne, où se situent l’hôtel de Matignon et le ministère de l’Agriculture. Dans la matinée de lundi, les services du Premier ministre ont confirmé la tenue d’une réunion mardi 13 février avec la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), l’alliance majoritaire de la profession, en présence de Marc Fesneau et de sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher.

L’occasion de « faire le point, de travailler à des mesures très concrètes » selon Arnaud Rousseau mardi matin, à quelques heures du rendez-vous mais qui réitére malgré tout sa mise en garde : « On veut voir ce qui change dans nos fermes (...) Si d’ici 10 jours il ne devait pas y avoir ce travail de fond, ce changement de logiciel, on serait prêts à repartir à l’action », a-t-il insisté sur TF1.

Lundi matin, après de premières déclarations du syndicat agricole sur le même ton, la presse a été conviée à la dernière minute à un « point d’étape sur le déploiement des annonces du gouvernement ». Objectif : montrer que oui, le gouvernement reste mobilisé et les chantiers avancent.

« Le tempo fixé par le Premier ministre est d’aller le plus vite possible »

Interrogé par la presse sur les déclarations d’Arnaud Rousseau, le cabinet de Marc Fesneau évacue. « En tout état de cause, le tempo qui est fixé par le Premier ministre est d’aller le plus vite possible », se défend-il. « Nous avons un certain nombre de choses qui ont déjà abouti la semaine dernière, d’autres qui vont aboutir cette semaine et d’autres qui vont aboutir la semaine prochaine », assure-t-on de même source.

Les preuves de l’activité - certaines mesures sont déjà publiées au Journal officiel - sont soigneusement détaillées : « Vendredi 2 février, le ministre de l’Agriculture a donné le détail du plan de soutien conjoncturel et structurel pour la filière viticole. Lundi 5, les mesures annoncées pour l’indemnisation des impacts de la maladie hémorragique épizootique (MHE) pour l’élevage bovin ont été déployées. On a déployé également au cours du week-end du 1er février le fonds urgence annoncé par le Premier ministre sur la Bretagne et les agriculteurs impactés par les différentes tempêtes. Vendredi 9, il y a eu le lancement de la demande de procédure de clause de sauvegarde sur le thiaclopride », égrène-t-on au ministère.

Mais quid des « réponses immédiates sur la rémunération », réclamée par la FNSEA et les JA fin janvier ? Du « chantier de réduction des normes » ? Du paiement immédiat des aides de la PAC ? Du « respect absolu » des lois Egalim ? « En parallèle de ces chantiers sur lesquels on délivre, il y a beaucoup de chantiers sur lesquels on avance », assure le ministère de l’Agriculture.

Marc Fesneau promet « d’autres annonces »

Exemple sur la loi Egalim où 124 procédures ont été lancées à ce stade, fait-on valoir. Il s’agit néanmoins de demandes de régularisation auprès des entreprises, sans amende à ce stade. Sur la simplification, le cabinet renvoie aux réunions préfectorales et appelle à faire preuve de patience. Une fois les remontées analysées, « une concertation sera lancée entre cette semaine et le début de la semaine prochaine » avec les ministères concernés.

Idem sur le plan de la souveraineté de l’élevage à propos duquel « au moment où je vous parle, il n’y a pas eu le début du commencement d’une réunion ni même d’un coup de fil » déplorait dimanche Arnaud Rousseau. « Un échange doit avoir lieu » et la concertation sera relancée dans « une logique de renforcement » du plan présenté par Bruno Le Maire et Marc Fesneau en octobre 2023 assurait-on lundi à l’Agriculture.

D’autres réunions sont aussi dans les tuyaux, dont une lundi sur le plan Écophyto mis en « pause »« Il y aura d’autres annonces d’ici au Salon de l’Agriculture » a d’ailleurs assuré Marc Fesneau ce lundi depuis le salon Wine Expo Porte de Versailles à Paris. Et comme avant chaque Salon de l’Agriculture, le syndicat Coordination rurale sera reçu mercredi 14 février par Emmanuel Macron, a annoncé sa présidente Véronique Le Floc’h. Pour la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, il faudra attendre  « la semaine prochaine », a fait savoir l’Elysée.

Un projet de loi en juin 2024

Reste encore le gros volet du projet de loi agricole, en préparation depuis plusieurs mois mais qui doit intégrer finalement beaucoup plus de dispositions que prévu. « On ne part pas de rien » mais il faut de nouveau consulter, rédiger l’exposé des motifs, le faire examiner par le Conseil d’État puis qu’il soit inscrit à l’ordre du jour au Parlement, remarque le cabinet du ministre de l’Agriculture. L’objectif est qu’il passe dans les deux chambres d’ici juin et qu’on puisse « obtenir une commission mixte paritaire dans cet horizon-là », a indiqué Marc Fesneau lors d’une audition à l’Assemblée nationale mercredi 7 février.

Enfin, alors qu’une partie des agriculteurs mettaient en cause le système européen, le gouvernement tente aussi de prendre le beau rôle. « Nous faisons en sorte que la France soit force de proposition sur la simplification », assure le ministère de l’Agriculture qui mise sur un conseil des ministres européens à fin février pour se faire entendre. La fin de mois est décidément chargée.

À voir également sur Le HuffPost :

LIRE AUSSI