COPENHAGUE 2009.COM - L'ULTIMATUM CLIMATIQUE
COPENHAGUE 2009.COM - L'ULTIMATUM CLIMATIQUE
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Copenhague-2009 ?
Copenhague, un rendez-vous crucial pour le climat et l’humanité
Le changement climatique a déjà des conséquences dramatiques. Les
premières victimes sont et seront à l’avenir les populations déjà les
plus vulnérables et les pays les plus pauvres : crises humanitaires,
exodes, atteintes aux droits de l’homme risquent de se multiplier dans
un futur proche. C’est pourquoi une coalition inédite d’organisations
françaises de solidarité internationales, de défense de l’environnement
et des droits de l’homme lance un appel au président français, en vu du
Sommet de Copenhague.
En décembre, le Danemark va accueillir le prochain sommet international
des Nations Unies sur le climat. La communauté internationale doit y
élaborer un accord global qui prendra la suite du protocole de Kyoto.
Copenhague : l’après-Kyoto
Ratifié par 175 pays (à l’exception notable des États-Unis), ce premier
traité international de lutte contre les changements climatiques est
entré en vigueur en 2005. Il prévoit une réduction des quantités de gaz
à effet de serre émises par les pays industrialisés d’au moins 5,2 %
d’ici à 2012, par rapport aux niveaux de 1990. Le traité de Kyoto
arrive à expiration fin 2012. Le nouvel accord international devrait
couvrir la période 2013-2017.
Le compte à rebours est lancé !
Si un accord ambitieux et fort est signé à Copenhague puis ratifié par
tous les États, nous serons dans les délais pour contenir
l’augmentation des températures en deçà de 2°C et éviter l’emballement
climatique… Sinon, il deviendra quasiment impossible de maîtriser les
impacts irréversibles d’un grave bouleversement du climat.
La France et le sommet de Copenhague
La France ne s’exprimera pas en son nom propre au sommet de Copenhague
mais au sein de l’Union Européenne. Parmi les pays industrialisés,
responsables historiques du changement climatique, l’Union Européenne
est l’un des acteurs clés pour aboutir à un accord suffisamment
ambitieux et éviter le chaos climatique. Et la France doit peser de
tout son poids au sein de l’UE pour que celle-ci tire le futur accord
climatique vers le haut.
Quel accord international à Copenhague ?
L’accord de Copenhague ne sera un succès que s’il donne au monde les
moyens de contenir l’augmentation moyenne des températures sous la
barre de 2°C. Au-delà, le dérèglement du climat aura des conséquences
catastrophiques et irrémédiables…
Un tel scénario ne sera possible que si, à Copenhague, les
gouvernements concluent un accord fondé sur trois engagements majeurs :
1/ Les pays industrialisés adoptent des objectifs
contraignants de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre
d'ici à 2020 (par rapport aux niveaux de 1990). Ces objectifs devront
être réalisés en grande partie sur leurs territoires nationaux.
2/ Les pays industrialisés débloquent 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à :
- construire un modèle énergétique durable et sobre en carbone
- s’adapter aux impacts des changements climatiques, mieux gérer les
risques liés aux catastrophes naturelles, répondre aux crises
humanitaires qui seront de plus en plus récurrentes, etc.
- lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts,
responsables de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
3/ Les pays en développement s’engagent à leur tour à limiter la croissance de leurs propres émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020.
Les nations industrialisées disposent des plus importantes ressources
financières et technologiques. Elles doivent donc réduire massivement
leurs émissions, mais aussi aider les pays du Sud à réduire les leurs
et à s'adapter aux impacts. Dans le cadre des négociations de
Copenhague, les nations industrialisées doivent faire le premier pas,
et s’engager à fournir une aide financière et technologique aux pays en
développement.
Lettre à Monsieur Nicolas SARKOZY Président de la République Française
Monsieur le Président,
Au mois de décembre de cette année se tiendra à Copenhague le Sommet de
l’ONU sur le climat. Confrontés au péril climatique, les dirigeants du
monde entier devront parvenir à surmonter leurs divergences d’intérêts
de court terme pour se rassembler autour d’un projet politique mondial
fondé sur un constat scientifique objectif et ainsi donner une suite au
protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux que nous allons
devoir tous ensemble affronter dans les décennies à venir. Le résultat
de cette conférence dessinera l’avenir climatique de l’humanité. Or
comme le rappelait il y a un an le secrétaire général des Nations Unies
Ban Ki-Moon, « nous sommes au bord d’une catastrophe si nous n’agissons
pas ».
Acteurs reconnus de la protection de l’environnement, des droits
humains et de la solidarité internationale, conscients des
responsabilités qui sont les nôtres, nous avons décidé pour la première
fois de parler d’une seule voix pour vous exprimer publiquement notre
préoccupation et vous appeler à agir avec ambition et détermination
lors de la Conférence de Copenhague. Au regard de l’ultimatum
climatique auquel l’humanité est confrontée aujourd’hui, Monsieur le
Président, vous aurez rendez-vous avec l’Histoire en décembre 2009.
Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. L’activité
humaine en est la cause. Ses impacts se font déjà ressentir en
différents points du globe, notamment par la multiplication des
catastrophes climatiques. Si nous n’agissons pas maintenant, ils seront
sans aucun doute encore plus dévastateurs. C’est le constat sans appel
de 2 500 scientifiques du monde entier qui ont reçu collectivement le
Prix Nobel de la Paix en 2007 pour leurs travaux sur le phénomène des
changements climatiques. Depuis, de nouveaux éléments scientifiques
montrent, chaque jour, que le climat se dérègle au-delà des prévisions
les plus pessimistes, avec des conséquences bien plus précoces que
prévues et d’ores et déjà visibles.
S’il est encore difficile d’évaluer avec précision l’amplitude des
impacts, le danger est en revanche déjà certain. Ecosystèmes ravagés,
variabilité climatique extrême, hausse du niveau des océans… : les
premières victimes de ces catastrophes en chaîne sont les populations
déjà vulnérables en Afrique subsaharienne, en Asie centrale, du Sud Est
ou dans de nombreux pays insulaires. La sécurité alimentaire, l’accès à
l’eau ou à la terre sont gravement menacés et des centaines de millions
de personnes risquent d’être poussées à l’exode, grossissant les rangs
de ceux que l’on nomme les « réfugiés climatiques ». Dans un monde de
crises, nous craignons que la guerre, l’autoritarisme, les inégalités,
la misère et la souffrance humaine prennent encore un peu plus le pas
sur la paix, la dignité humaine et la démocratie.
L’urgence climatique nous commande donc d’agir à la hauteur des périls
qui sont devant nous. Nous maîtrisons déjà la plupart des technologies
nécessaires pour relever le défi d’un mode de développement qui
intègrerait à sa juste mesure l’impératif climatique. De plus, cette
rupture avec un modèle de développement hérité d’un passé révolu recèle
des opportunités d’économies, d’emplois et d’innovations considérables.
Encore faut-il que nous prenions la décision politique de le faire.
Tout d’abord, il faut impérativement parvenir à stopper la croissance
des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2015 avant de
les faire décroitre. C’est la seule voie pour limiter le réchauffement
des températures bien en-dessous de 2°C, seuil au-delà duquel la
capacité à s’adapter de nos sociétés et des écosystèmes est menacée.
Pour ce faire, Les pays industrialisés, dont la France, doivent
s’engager collectivement à réduire leurs émissions de gaz à effet de
serre d’au moins 40% d’ici à 2020 par rapport à 1990.
Mais cela ne sera pas suffisant. Les pays en développement doivent, eux
aussi, mettre en place les politiques industrielles, énergétiques et
agricoles qui limiteront la croissance de leurs émissions avant de les
réduire, sans compromettre leur légitime aspiration au développement
économique et social. L’accord de Copenhague devra permettre à ces pays
d’évoluer vers des modèles sobres en carbone. Il devra aussi leur
permettre de s’adapter aux conséquences inévitables du changement
climatique.
Pour nombre d’entre eux, en particulier les plus vulnérables, ces
actions ne pourront se faire sans le soutien financier et technique des
pays industrialisés. Les besoins d’ici à 2020 sont évalués à plus de
100 milliards d’euros par an. C’est moins de 10% des dépenses
militaires mondiales.
Responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre
aujourd’hui dans l’atmosphère, munis de capacités d’action plus fortes,
les pays industrialisés portent la responsabilité morale, légale et
économique de mener le combat contre le dérèglement du climat. Monsieur
le Président, vous vous devez de prendre la tête de ce combat qui est
sans aucun doute l’enjeu de ce siècle. Notre avenir commun dépendra
dans deux cents jours des choix politiques qui seront faits.
Signataires:
Serge Orru, WWF-France
Pascal Husting, Greenpeace France
François Daniel, Action contre la Faim
Olivier Braunsteffer, Care France
Souhayr Belhassen, FIDH
Nicolas Hulot, Fondation Nicolas Hulot
Anne Bringault, Les amis de la terre
Michel Bruguière, Médecins du Monde
Luc Lamprière, Oxfam France Agir Ici
Sandrine Mathy, Réseau Action Climat
Michel Roy, Secours Catholique