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14 mars 2013

L' HOMME MEDIA N° 1 - FRED FOREST - EXPOSITION AU CENTRE DES ARTS A ENGHEIN-LES-BAINS LE 24 JANVIER 2013 A 19 HEURES

 01/02/2013

L'HOMME-MEDIA N° 1 : FRED FOREST

 


PORTRAIT_FRED_FOREST_BOBOUR_5-1

01/02/2013

L'HOMME-MEDIA N°1

EXPOSITION FRED FOREST
CENTRE DES ARTS ENGHIEN-LES-BAINS

Vernissage le 24 JANVIER 2013 19h00


Du Vendredi, 25 Janvier, 2013 au Dimanche, 31 Mars, 2013

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Fred Forest
“ Un artiste dont le seul tort est d’avoir eu raison trop tôt “

 

Vidéos sur FRED FOREST
 

 

 

 

 

 

Fred Forest - Fête de l'Internet 2009
01:49

 

 

 

 

 


DOSSIER DE PRESSE:


http://www.isabellelouis.com/DPFredForest


De l’art sociologique à l’esthétique de la communication

Artiste singulier et prolifique, Fred Forest est un pionnier tout azimut. Cofondateur des mouvements art sociologique et esthétique de la communication, il représente notamment la France avec le Collectif d’art sociologique à la Biennale de Venise en 1976. Autodidacte, il utilise tour à tour l’animation de rue, les technologies et les mass-médias pour mettre en valeur ses préoccupations et ses façons d’être au monde.
Pour rendre compte de l’aspect prolixe de sa pratique artistique, le Centre des arts propose une exposition exhaustive dont le propos tend à décortiquer l’importance de la communication à notre époque : au moment où notre civilisation a basculé du mécanique vers l’électronique, avec toutes les avancées technologiques qui ont suivi, Fred Forest pose la question du sens et de la conscience, ajoutant à ces outils une valeur esthétique, mais aussi critique d’un point de vue social, sociologique, politique et éthique.
« Fred Forest : l’homme média n°1», est donc un parcours alliant des oeuvres récentes à des dispositifs plus anciens, des propositions participatives, capables de rendre évident la cohérence et la permanence de son travail au fil du temps. Les animations urbaines viendront illustrer les nombreuses actions réalisées par l’artiste au Brésil avec « Le blanc envahit la ville » et les « Promenades sociologiques » réalisées à Brooklyn en 2011. De même, les expériences sur les inserts de presse dans « Le Monde » en France, « La Tribune » en Suisse, « Sydvenska Dagbladet » en Suède permettront entre autre de comprendre l’engagement de cet artiste en rupture avec les modèles artistiques institutionnels.

Avec la diffusion de 79 extraits de cassettes, faisant partie de son Fonds à l'INA

Les Voeux de l'Internet Denis Marion le 29 janvier 2013 au CUBE
http://www.reussi.org img002.jpg
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EXPOSITION FRED FOREST CATALOGUE

CONTRIBUTEURS
-Christiane Paul, Media Arts at the Whitney Museum of American Art and an historian of art and technology.
-Stéphanie Jeanjean (Ph.D.), art historian, Adjunct Professor at Pace University, Lecturer at MoMA/Museum of Modern Art and Guggenheim Museum, New York
-Ruth Erickson, PhD Candidate, History of Art, University of Pennsylvania
Sébastien Biset, Docteur en histoire de l’art
-Mario Costa, Professeur, Chaire d’Esthétique, Univesité de Salerne
-Vilem Flusser †, philosophe
-Fred Forest, artiste et universitaire
-Derrick de Kerckhove, sociologue des médias, Directeur du Programme Marshall Mc Luhan, Université de Toronto
- Michael F. Leruth, Ph.D.Associate Professor, The Department of Modern Languages and Literatures, The College of William and Mary, Williamsburg, Virginia 23187-8795
-Louis-Jose Lestocart, Chercheur en épistémologie, docteur en esthétique, critique d'art et de cinéma.
-Sophie Lavaud, universitaire et artiste
-Pierre Lévy, philosophe, Chaire sur l’Intelligence collective, University d’Ottawa
-Edgar Morin, sociologue
-Denis Muzet, sociologue des médias
-Pierre Restany †, critique d’art
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 COUV2_EXE

© DR
Exposition inédite


L’artiste dont le seul tort est d’avoir eu raison trop tôt "Fred Forest pose un problème et il est exemplaire. Il est certainement l’artiste qui a su pressentir (…) l’importance de la communication, non pas comme une série de systèmes destinés à appréhender le réel, mais comme un volume, un territoire autonome où l’auto-expressivité se normalise au contact d’autres intervenants dans une même situation sociale".
Pierre Restany

 

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Photo Gérard DIACONESCO - C.COPYRIGHTS ALL RIGHTS -

AGENCY PRESS INTERNATIONAL DIACONESCO.TV - NICE 2013

Artiste singulier et prolifique, Fred Forest est un pionnier tout azimut. Théoricien praticien de l’art sociologique, il est un des premiers artistes multimédia. Il a utilisé depuis ses débuts, dans les années 60, les nouveaux médias au fur et à mesure de leur apparition afin de nourrir une démarche d’investigation sur le champ global de la communication.


Autodidacte, Fred Forest n'a eu de cesse de bousculer les valeurs de l'art contemporain, son marché et ses institutions en utilisant tour à tour l’animation de rue, les technologies et les "mass-médias" pour mettre en valeur ses préoccupations et ses façons d’être au monde.
Cette exposition a pour intention de présenter cet artiste hors norme, à travers un parcours représentatif s’étalant sur une période d’une cinquantaine d’années, mêlant oeuvres récentes à des dispositifs plus anciens ainsi que des propositions participatives.

Son propos consistera à mettre en valeur l’importance de la communication dans notre époque, depuis le moment où notre civilisation a basculé du mécanique vers l’électronique, avec toutes les avancées technologiques qui s’en sont suivies. Il a la volonté d’introduire du sens et de la conscience dans les esprits à un moment de crise majeure de notre civilisation, où l’artiste conçoit son travail avec les outils d’aujourd’hui, en ajoutant à la valeur esthétique intrinsèque, une valeur critique sociale, sociologique, politique et éthique.


FRED FOREST

L’HOMME MEDIA N°1

 

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De l’art sociologique à l’esthétique de la communication


Publication :
ouvrage publié à l’occasion de l’exposition.
Une collection conçue et réalisée par Dominique Roland, directeur.
Dates et horaires : exposition en entrée libre
du mardi au vendredi de 11h à 19h
le samedi de 14h à 19h, le dimanche de 14 h à 18h


Contact presse : Isabelle Louis
tél : 01 42 78 18 04 – 06 82 36 21 34
contact@isabellelouis.com


Contact Centre des arts : Marylène Magnaud
tél : 01 30 10 88 97
http://www.cda95.fr


Centre des arts :
12/16, rue de la Libération
95880 Enghien-les-Bains
tél : + 33 (0)1 30 10 85 59
http://www.cda95.fr


Le Centre des arts est membre du RAN
FRED FOREST L’ENTRETIEN ………………………………………………………


À l’occasion de l’exposition L’Homme Media n°1, Fred Forest répond aux questions de Dominique Roland, Directeur du Centre des arts.


DR : Fred Forest, vous êtes à la fois un pionnier et le fondateur de courants de pensées convoquant les media, sous la forme de réflexions liées à l’esthétique et à la sociologie de la communication. Comment sont nées ces préoccupations dans votre travail ?


FF : je m’en réfèrerai à Pierre Restany, critique éminent, qui disait qu’à l’art du beau, va succéder l’art de la vérité. L’art de la vérité, c’est le quotidien, et l’art sociologique est une sorte de prise de vue de la vie quotidienne, transférée dans un second temps vers la sphère culturelle, et donnée à voir avec le recul nécessaire. L’art sociologique est né dans les
années 70 à l’initiative, d’Hervé Ficher, Jean-Paul Thénot et moi-même qui avions formé le Collectif d’art sociologique. Nous en avons développé à la fois une pratique et une théorie de l’art.


DR : Une esthétique de l’art sociologique, c’est quoi ?


FF : Dans le temps et la durée chronologique, il y a d’abord l’art sociologique qui revêt un caractère militant et qui s’intéresse à des prises de conscience et des tranches de vie de la réalité ici et maintenant. Une dizaine d’années plus tard, l’esthétique de la communication voit le jour avec le Pr Mario Costa avec qui nous avons notamment publié le premier Manifeste qui a pour propos l’état de l’homme non seulement par rapport à sa réalité sociale mais aussi par rapport au monde. Les technologies aujourd’hui modifient notre rapport au monde car elles amènent l’ubiquité, la présence à distance, permettant d’inscrire chacun au-delà d’une société en particulier.


L’esthétique de l’art sociologique est reconnaissable dans les formes qu’elle développe car elle sollicite d’abord notre sensibilité mais aussi notre conscience critique et politique au travers des concepts purs et durs. J’ai fait différentes actions qui mettent en oeuvre cette esthétique à l’intérieure de laquelle c’est souvent la sensibilité qui prime sur le discours théorique ou universitaire, étant en premier lieu un artiste.


DR : « L’Homme Media n°1 », c’est le titre de cette exposition qui vous est consacrée. Qu’en est-il de ce numéro 1 ?


FF : Ce numéro 1, c’est la référence à un travail spécifique que j’ai poursuivi toute ma vie autour de la question des media. D’abord, j’ai travaillé avec tous les média : la vidéo, la presse écrite, les journaux électroniques, la TV, la radio, le téléphone, le minitel, et aujourd’hui Internet. C’est une première référence. Ensuite, je considère que la production
même des articles qui ont été faits à propos de mon travail fait partie intégrante de mon oeuvre. J’ai eu des centaines d’articles qui ont commenté mes actions. Je pense que je suis l’un des artistes contemporains qui a été le plus médiatisé. Notamment en dehors des rubriques dévolues à l’art. Cette appellation d’homme média n°1 veut mettre en évidence cette démarche et sa spécificité.


DR : Quelle importance a pour vous cette exposition ?


FF : C’est une exposition qui revêt une très grande importance à mes yeux car mon oeuvre est considérée comme inclassable, voir non montrable. Ce sera l’occasion de prouver le contraire. Mon travail est tantôt désigné comme art numérique, tantôt comme art de la communication ou de l’événement, tandis qu’il se situe, stricto sensu, au niveau de
l’hybridation de médias diversifiés. Cette exposition est donc l’occasion de développer différents thèmes abordés par mon travail, montrant par là même combien ma pratique reste prolifique et s’inscrit encore aujourd’hui dans une contemporanéité en mouvement. Une actualité de l’art sur laquelle je surfe avec les jeunes générations, considérant
que l’oeuvre à réaliser est toujours devant moi d’une façon prospective.


De plus, mon travail est un travail critique qui questionne les institutions comme les différents pouvoirs. Je pense que le rôle de l’artiste est bien plutôt de poser des questions que d’apporter des réponses. Mon propos est bien de faire prendre conscience de l’ici et maintenant, tant sur le plan social et politique que métaphysique. Je considère que mon
travail n’a pas été reconnu comme il se doit en France, non seulement à cause de sa complexité mais du fait surtout que l’objet de ma démarche est aussi la critique radicale du paysage institutionnel. Le marché auquel j’ai toujours refusé de participer, comme les institutions, ont toujours tenté d’une certaine manière de m’isoler. C’était mal compter sur ma pugnacité et mon sens de la communication, qui m’a permis d’être aujourd’hui, l’artiste que je suis devenu, bénéficiant en retour de l’avantage d’une totale liberté de parole.     

Qui donc oserait s’en plaindre ?
Fred Forest © DR
Fred Forest © DR


FRED FOREST L’EXPOSITION
Scénographie : Manuela Manzini
L’Exposition L’Homme Media n°1 propose un parcours qui s’étale sur une période d’une cinquantaine d’années nourrie d’exemples significatifs de l’utilisation du média.


La Médiation
L’utilisation de QR codes introduite par l’artiste pour la lecture de chaque oeuvre présentée constitue une façon inédite de découvrir les travaux présentés dans l’exposition. Le parcours selon la volonté de l’artiste, ne sera ni chronologique, ni thématique, mais à partir d’oeuvres emblématiques offre à chaque visiteur l’opportunité de construire le sien propre en jouant de sa créativité.


Les Installations
On pourra découvrir des installations composées d’agrandissements photographiques numérisés, fonctionnant en relation avec des équipements audiovisuels et des journaux électroniques restituant des actions phares de l’artiste, avec notamment :


La minute de blanc sur Antenne 2 au beau milieu du JT (1972). L’émission expérimentale d’échange d’objets par la télévision dans le cadre d’une émission de Michel Lancelot Un jour futur (1975) : une démonstration anticipatrice préfigurant tout ce qui se fait aujourd’hui sur Internet. La Photo du téléspectateur (1976), réalisée avec la complicité de la RTBF. Fred Forest Président de la TV Nationale Bulgare (1991), une aventure rocambolesque et incroyable d’un artiste plébiscité par les forces d’opposition du régime communiste encore en place pour être candidat à cette fonction éminemment politique. L’exposition au Musée Galliera, J’expose Mme Soleil en chair et en os à Galliera (1975). La vente en première mondiale de Parcelle réseau (1996) à Drouot. Le mariage de l’artiste sur
Internet avec l’artiste Sophie Lavaud mettant en oeuvre à eux deux un programme de réalité virtuelle (1999).


Enfin une installation critique et parodique, The traders ball sur la spéculation à Wall Street, fera l’objet d’une performance simultanée entre Seconde Life et l’espace physique de l’exposition le soir du vernissage, avec des danseurs qui évolueront de part et d’autre. Ou encore l’opération dite du Pied Universel (2001). À l’occasion de laquelle le visiteur aura la possibilité de faire don, après s’être déchaussé, de son pied… au réseau Internet.


La création d’un site participatif à vocation pédagogique http://www.flux-et-reflux.org ou, les internautes pourront commenter des vidéos que l’on peut trouver sur la toile selon une série de thèmes préalablement choisis.


Le travail avec la presse
Les expériences sur les inserts de presse souvent utilisés par Fred Forest permettront entre autre de comprendre l’engagement de cet artiste en rupture avec les modèles artistiques institutionnels.


Les inserts de presse participatifs avec le journal Le Monde Space media 1972. La Maison de vos rêves avec la Tribune de Lausanne (1978). Un espace pour vous (1973) avec la Folha de Sa Paulo. Ou encore, le jeu de piste qu’il a initié avec Var Matin, qui a consisté durant trois mois en la publication de 40 annonces d’avis de recherche d’un personnage imaginaire Julia Margaret Cameron, (1988). Zénaïde et Charlotte (1988) un tableau de David pour le centenaire du Musée de Toulon qu’il publia en pleine page dans la presse, aménageant des bulles au-dessus des deux personnages, invitant le lecteur à créer le dialogue entre les deux charmantes jeunes femme représentées.


Les vidéos
Une présentation en partenariat avec l’INA
Une collaboration a été engagée entre l’INA et Fred Forest depuis 2003, afin de sauvegarder les archives personnelles de l’artiste (vidéo, audio, écrit, web) au sein de ses collections pour enrichir le patrimoine national.


Plus de 600 documents audio et vidéo (environ 400 heures) produits par Fred Forest, ainsi que les archives écrites de l’artiste, sont maintenant visibles dans leur intégralité dans les centres de consultation de l’Inathèque situés à Paris - Bibliothèque François Mitterrand et au sein des six délégations régionales de Lille, Lyon, Marseille, Rennes, Strasbourg et Toulouse.


L’exposition représente la première restitution publique d’un grand nombre d’extraits vidéo du travail de Fred Forest, donnant ainsi un aperçu unique de l’ensemble de son oeuvre. De plus, cette exposition marque l’ouverture de l’accès aux archives de Fred Forest, premier fonds sauvegardé d’un artiste dans le cadre des Fonds audiovisuels de l’INA.


L’INA, entreprise culturelle de l’audiovisuelle, participe à l’évolution du monde de l’audiovisuel depuis plus de 30 ans. Premier centre audiovisuel dans le monde pour l’archivage numérique et la valorisation des fonds, l’INA est devenu une référence pour l’innovation technologique dans ces deux domaines. Rassemblant et conservant les images qui fondent notre mémoire collective, l’INA les authentifie, leur donne du sens, les partage avec le plus grand nombre et les transmet aux générations futures.


En s’appuyant sur sa mission de dépôt légal, l’INA a développé un savoir-faire incomparable qui lui permet de préserver aussi des fonds d’archives audiovisuelles non radio-télédiffusés qui échappent aux champs de conservation patrimoniale dévolus par la loi à l’INA.


Constituées à partir des années 70 lorsque les techniques et les matériels vidéo se sont démocratisés et sont devenus accessibles, ces archives audiovisuelles sont de nature et d’origine très diverses. Elles représentent néanmoins des valeurs historiques et culturelles indéniables, témoignant de l'actualité ou de mouvements sociaux, artistiques, industriels et scientifiques.


http://www.inatheque.fr/


l’habillage sonore
Le parcours de l’exposition sera mis en musique sur les notes de Ballade pour changement de régime en douceur d’une oeuvre commandée par l’artiste à un musicien russe au temps de l’URSS qui fut l’objet à l’époque d’une retransmission en directe entre Paris et Moscou relayée par France Inter.
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Art


Hier l'artiste laissait sa trace dans un espace physique (les murs des cavernes, le marbre de Carrare, la toile de lin) en confrontant directement sa pratique à la matière physique pour laisser son empreinte au monde. Aujourd'hui, s'il inscrit son signe identitaire dans l'univers des réseaux, son oeuvre est partout à la fois. Pour diffuser son oeuvre, et lui donner existence sociale, il n'est plus contraint de façon, quasi obligée, de passer par des pouvoirs institutionnels, politiques, culturels, marchands...


Le numérique est émancipateur de l’oeuvre d’art en autorisant sa "déterritorialisation ", son autoproduction, sa visibilité planétaire et lui procure une liberté nouvelle. Cela conduit l’artiste à avoir des initiatives, et à ne pas limiter son activité à l’espace de son atelier, ni à celui des institutions muséales ou marchandes. Pour les artistes du numérique, le virtuel signifie aussi que l’artiste n’a plus de contact direct avec la matière, le pigment, la toile. Ceci induit que le " geste créateur " se déplace, et que son résultat ne soit pas uniquement une image ou un objet fini, mais une puissance générative qui appartienne à l’ordre du temps et de l’événement, une oeuvre, échappant à la permanente immobilité des arts de l’espace euclidien.


Avec les arts du virtuel nous sommes en situation de rupture par rapport aux arts plastiques traditionnels par le passage d’une économie de stock à une économie de flux. La définition même de la conservation traditionnelle de la mémoire, en vue d’un usage pérenne, est mise à mal par cette rupture car l’art numérique est fondé sur des principes inverses : multiplicité, reproductibilité infinie, donc impossibilité d'appropriation. Une oeuvre qui se veut expérience plus qu’objet, flux plus que stock. Comment, dans de telles conditions organiser la rareté, créer de la valeur marchande ?


J'ai moi-même tenté d'apporter en 1996 une réponse en forme de provocation, en mettant aux enchères publiques (mise à prix 0 franc) une oeuvre numérique on line intitulée "Parcelle Réseau", image créée sur Internet mais sans référent physique autre que celui de ses propres pixels constitutifs, à l'Hôtel Drouot sous le marteau de Maître Jean-Claude Binoche.


Deux acheteurs ont ainsi payé 58 000 frs, un code d’accès sur Internet qui leur a été communiqué, confidentiellement, en échange de leur règlement. L’oeuvre numérique, "Parcelle-Réseau", produite à cette occasion est bien plus qu’une oeuvre numérique. Il s’agit en effet, au-delà de l’image représentée et de la technique numérique utilisée, d’une oeuvre critique, relevant des systèmes complexes, dans laquelle sont partie prenante, autant pour sa forme que pour son sens : le cadre social, ses acteurs et leur idéologie.


L’infini diversité des oeuvres réalisées sur Internet rend difficile leur définition aussi bien que leur classement en genres spécifiques. Certaines de ses oeuvres sont essentiellement visuelles (Miguel Chevalier, Sophie Lavaud, Joseph Nechvatal) d’autres relèvent de la communication sociale (Olga Kisseleva, David Guez, Ricardo Mbarkho) d’autres du sémantique (Jean-Pierre Balpe) d’autres des principes d’une navigation complexe (Maurice Benayoun , Gregory Chatonsky, Karen O’Rourke, Olivier Auber) d’autres encore de contenus sociaux-critiques et politiques (Antoni Muntadas, Etoy Corporation, Fred Forest, le Tech Model Rail road du MIT)) d’autres, enfin, du détournement (Christophe Bruno, Yann Thomas, Eduardo Kac, Nicolas Frespech).


Dès les années 1990, on voit naître des artistes pionniers comme Jodi, Vuk Cosic, Alexei Shulgin, Heath Bunting, Nathalie Bookchin, Roy Ascott qui révolutionnent l’art en transposant leurs productions d’art plastique sur Internet en y apportant ces trois dimensions supplémentaires qui sont désormais : interactivité et participation active du public, réalisation dans un nouvel espace immatériel et communication à distance différée ou instantanée.


Ces données nouvelles, imposent nécessairement l’élaboration de nouvelles grilles d’interprétation et d’analyse de ces productions « autres », afin qu’elles puissent être appréhendées pour ce qu’elles sont et …sans référence obligée au passé. Le Web, par ailleurs, étant un objet dynamique en constante évolution, qui met en jeu l’hybridation des langages, des formes et des techniques, ces oeuvres ne sont « saisissables » que dans le mouvement inhérent à cette condition.

L'art numérique, par ses pratiques de communication instantanée à distance dans les réseaux, de tous ces artistes du Net Art, ci-dessus cités, nous confronte brutalement à une quasi-abolition de l'espace, et témoigne, tout simplement, ici et maintenant, du changement fondamental de notre rapport au monde, dans lequel ces pratiques artistiques nous impliquent et nous immergent étroitement.


Fred Forest


Artiste multimédia http://www.fredforest.org
Professeur émérite de l’université de Nice Sophia-Antipolis http://www.webnetmuseum.org

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