PEUT-ÊTRE QUE GRACE AU CORONAVIRUS L'EUROPE FEDERALE DES TECHNOCRATES ET LA MONDIALISATION VONT EN MOURIR ? MAIS QUI SAIT ?
Victimes collatérales
Publié le 16 mars 2020 par Jean Paul Brighelli
Le coronavirus a fait au moins deux victimes que l’on n’attendait pas — même si leur état de santé inquiétait les gens conscients depuis lurette : l’Europe et la mondialisation.
Côté Europe, la réponse à la pandémie a été nulle, comme le soulignait Gianluca Di Feo, rédac-chef adjoint de la Reppublica : « Des masques, des gants en caoutchouc, des lunettes en plastique, voilà les premières choses que l’Italie a réclamées à l’Europe : le pays a demandé de l’aide pour construire la barrière la plus simple qui soit contre le coronavirus. Mais son appel est resté sans réponse. La France et l’Allemagne ont fermé leur frontière à ces produits, en interdisant ainsi l’exportation, et nous ont envoyé un signal inquiétant : aucun soutien concret, même pas minime, ne serait arrivé de Bruxelles. »
L’Europe, c’est le machin qui ronronne tant que tout va bien, et que les affaires sont les affaires, comme disait Mirabeau. Mais dès que des problèmes surgissent, curieusement, les égoïsmes nationaux se remettent en place. Ça alors ! L’idée de nation serait donc fonctionnelle quand ça va mal, et débilitante que tout va bien ?
Qui ne voit que seules les nations peuvent endiguer les crises ? Que seules les nations, dans leur diversité — et les Italiens, que tant d’imbéciles croient volages et indisciplinés, le sont bien moins que les Français — s’inventent des réponses adéquates ? Que les dangereuses illusions entretenues par des politiques qui regardent la ligne bleue des Vosges ont facilité la propagation d’un virus que l’on aurait pu contenir, si tant de crétins ambitieux n’avaient hurlé (à la mort, c’est le cas de le dire) que les élections municipales devaient suivre leur cours, ou que la crise migratoire n’en était pas une…
Il faut balayer tous ces gens-là dès que la situation sanitaire permettra de descendre à nouveau dans la rue. Balayer les européanistes béats qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs sinécures bruxelloises. Balayer tous ceux qui confondent démocratie et rentes de situation.
Quant à la mondialisation… Pas un hasard si la région italienne où s’est implanté le coronavirus est le Nord industriel, là où les échanges internationaux sont les plus intenses. Pas le Mezzogiorno. Il n’y a pas de contacts fréquents entre Wuhan et Reggio-de-Calabre…
À noter que les religions ont leur part de responsabilité. En Corée du Sud comme en Alsace, ce sont des sectes protestantes qui ont le plus puissamment contribué à diffuser le virus. Et en Iran, le troisième pays le plus touché au monde, les fidèles, hier encore, se pressaient d’embrasser le tombeau sacré de Masoumeh, à Qom. Le virus aurait-il mis leur dieu dans sa poche ?
Les Français s’aperçoivent, sidérés, que l’arrêt des usines chinoises implique l’arrêt des fournitures médicales — entre autres —, tant nos industriels, pour gagner encore un peu plus de fric, ont renoncé, depuis longtemps, à produire sur le sol français. Les inquiétudes boursières de quelques traders soudain inquiets de leur réapprovisionnement en coke importent peu, dans ce contexte — et pourtant, nous n’avons cessé d’agir dans leur strict intérêt, comme si les revenus financiers étaient plus vitaux que la sécurité des citoyens.
Les banques, paraît-il, restent ouvertes… Mais combien de temps avant que l’argent ne se tarisse dans les distributeurs, et que ces opérateurs pleins de morgue ne saisissent le fric là où il est — sur vos comptes courants ? À la hart ! se seraient exclamés nos ancêtres, qui savaient, quand il le fallait, pendre les intendants du roi. Il y a des cordes qui se perdent, ces temps-ci.
Dans sa dernière allocution, jeudi dernier, Macron s’est drapé dans une dignité nationale qui visiblement le serrait un peu sous les bras. Soudain l’idée de nation renaissait — le temps d’une crise, le temps que les financiers trouvent des parades… Du moins ceux qui ne sont pas en train de se gaver dans ce marché baissier. Puis retour au business as usual — impôts nouveaux en sus ?
L’Europe et la mondialisation ont mis les peuples sous l’éteignoir. Mais les peuples sont plus robustes, et ils ont une plus longue mémoire, que ce que nos politiques de carton-pâte ont pu croire.
Les peuples, pour le moment, font le plein de spaghettis — fort bien. Quand la crise sera passée, quand le peuple aura survécu — et il survivra fatalement en tant que peuple, même avec 300 000 morts —, il faudra demander des comptes, et pendre les Saint-Jean-Bouche-d’or qui se sont gavés et comptent bien se gaver encore, avec de jolis mots du genre « redressement », « effort », « sacrifice ».
Sacrifice ? Les peuples, un peu partout, sont en train de se demander « à qui la faute ». Ce n’est pas une Europe régénérée qui devrait sortir de cette épreuve, mais une Europe démantelée, et peut-être plus fraternelle, dans ses différences enfin assumées. Ce n’est pas une mondialisation à nouveau heureuse qui se substituera à l’économie de crise, mais une renaissance de nos intérêts nationaux bien compris. Du moins, je l’espère — parce que l’énorme machine médiatique fera de son mieux pour nous faire oublier les errements des financiers avides, puisqu’aussi bien ce sont eux qui tiennent la presse.
Quant aux partis « populistes »… Qui ne voit, qui ne sent que la réponse adéquate n’est plus dans l’adhésion à telle ou telle figure mollement ambitieuse, mais dans la recomposition d’une République nouvelle ? N’y manque qu’une figure charismatique, pour l’instant absente du jeu politique. Mais j’ai dans l’idée que la crise s’aggravant, elle surgira d’elle-même, comme De Gaulle a surgi de la défaite, comme Napoléon a surgi de la Révolution. Et que les peuples l’entendront.
Jean-Paul Brighelli
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Bourse et
coronavirus:
nous prendraient-ils
pour des truffes ?
Publié le 12 mars 2020par Jean Paul Brighelli
Depuis deux semaines, les médias nous vendent une belle histoire : le coronavirus est responsable de la prochaine crise économique. En déprimant l’économie chinoise, à laquelle nous avons délégué l’essentiel de notre potentiel industriel — on s’en aperçoit opportunément en réalisant que les médicaments qui pourraient soigner la pandémie sont justement fabriqués en Chine —, le virus a engendré une dépression boursière. Fatalitas ! comme disait Chéri-Bibi.
Tout se passait pourtant merveilleusement bien. La Bourse montait au firmament — et très au-delà de la valeur réelle des actifs, expliquent les gens informés. Le chômage reculait, jolie fable qui justifiera sa remontée quand les firmes européennes en général et françaises en particulier vont dégraisser en masse pour se refaire du cash, les pauvres — c’est bien parti déjà dans les banques. Le déficit plafonnait à 3% et des broquilles — et il va s’envoler, contre toute défense, tant cela coûtera de sous de soigner nos vieillards, ceux dont la mort réjouit déjà Jacques Attali. Ah, ces virus, si on les tenait…
Les économistes surfent sur le fait que les gens en général n’entravent que pouic à leur spécialité. Pour Mr Vulgum Pecus, l’économie, c’est ce qui lui reste à la fin du mois — des dettes principalement, et des achats de féculents.
Un article signé d’un économiste de gauche (Eric Toussaint fut d’abord historien, il est docteur en Sciences politiques et enseigne depuis vingt ans en se spécialisant justement sur la question de la dette) m’a fait frétiller d’aise. L’auteur explique avec un humour teinté d’indignation que si le Dow Jones baisse (j’admire les médias qui arrivent à nous passionner, voire à nous responsabiliser, sur ce qui se passe à Wall Street ou Francfort), si les Bourses mondiales toussent et trébuchent, ce n’est pas à cause d’un virus anecdotique, mais parce que depuis quelques semaines les très gros porteurs, les fonds de pension du genre Black Rock, le préféré de Macron, ou les grandes banques d’affaires, style Goldmann Sachs, ont discrètement commencé à liquider de gros paquets d’action, tant qu’elles étaient au plus haut, ce qui par imitation a renversé la tendance : le marché bullish est passé au bear market. Mais ce n’est pas parce que ça baisse que l’on cesse de faire des affaires, bien au contraire. On savait ça déjà au XIXe siècle — lisez donc l’Argent, où Zola explique en détail le mécanisme qui a permis à Rothschild de couler l’Union Générale, grande banque catholique. C’était en 1881…
Les éléments d’une nouvelle crise financière sont réunis depuis des années — et cela fait des mois, bien avant que le Wuhan commençât à exister sur les cartes médiatiques, que divers économistes sans étiquette politique préviennent : ça va péter. Le coronavirus joue le rôle de l’étincelle. Mais si l’étincelle met le feu aux poudres, elle n’est pas le fond du problème.
« Les très riches, explique Eric Toussaint, ont décidé de commencer à vendre les actions qu’ils ont acquises car ils considèrent que toute fête financière a une fin, et plutôt que la subir ils préfèrent prendre les devants. Ces grands actionnaires préfèrent être les premiers à vendre afin d’obtenir le meilleur prix possible avant que le cours des actions ne baisse très fortement. De grandes sociétés d’investissements, de grandes banques, de grandes entreprises industrielles et des milliardaires donnent l’ordre à des traders de vendre une des actions ou des titres de dettes privées (c’est-à-dire des obligations) qu’ils possèdent afin d’empocher les 15 % ou 20 % de hausse des dernières années. Ils se disent que c’est le moment de le faire : ils appellent cela prendre « leurs bénéfices ». Selon eux, tant pis si cela entraîne un effet moutonnier de vente. L’important à leurs yeux est de vendre avant les autres. »
On veut donc nous faire pleurer avec l’argent qu’aurait perdu Bernard Arnault, le pauvre. La réalité, c’est que s’il a perdu, c’est qu’il n’a pas su se dégager à temps comme ses petits camarades. Déjà en 2008-2009 les principaux fonds d’investissement, les banques d’affaires et les GAFAM avaient merveilleusement tiré leur épingle du jeu. Ils sont à nouveau à la manœuvre, et la masse des moutons suit. Et maintenant que les grands investisseurs américains sont à l’abri, Trump peut bien décider d’isoler l’Amérique, en faisant plonger encore plus bas les Bourses mondiales — il s’en tape, les copains vont bien.
Ce qui partira en fumée si la baisse continue, ce sont les capitaux fictifs produits par la spéculation financière. Et la baisse va continuer, alimentée par la décision du despote saoudien de baisser unilatéralement le prix du baril — une baisse que le particulier ne sentira pas passer, à la pompe, parce que les taxes d’Etat, elles, persistent et signent. Cocus un jour, cocus toujours.
Croire que le Covid-19 — un nom un peu barbare auquel il va falloir trouver un pseudo plus coquet, « peste noire » ou « grippe espagnole », ça vous avait une autre gueule — est responsable du désastre financier qui s’annonce, qui depuis des mois oblige déjà les grands argentiers à fabriquer de la monnaie en urgence, ou à vendre leurs stocks d’or, pour trouver des liquidités, et obligera demain les banques à geler vos fonds en se les appropriant, c’est croire que le type à poil dans le lit avec votre femme est un parachutiste dénudé par les alizés et opportunément tombé par la fenêtre.
Le virus a bon dos. Il permet de ne pas s’interroger sur la pertinence des délocalisations et de la mondialisation, depuis trois décennies. L’étincelle virale est l’écran de fumée que les médias, au service des financiers qui les possèdent, disposent afin de faire croire au pauv’peuple que les spoliations qui s’annoncent, avec les tours de vis économiques qui suivront, sont des figures obligées.
Il faut urgemment faire rendre gorge aux cochons qui s’engraissent, et cesser d’être dupes. Mais il est bien difficile de se concentrer sur des sujets financiers arides, quand on ne peut même plus aller voir du foot, que tous les rassemblements seront bientôt interdits, et que le rayon pâtes et PQ (pourquoi le PQ ? Mystère…) des grandes surfaces se vide chaque jour. Tant de préoccupations nous accablent, grâce à des infos médicales soigneusement distillées, et d’autant plus inquiétantes qu’elles se veulent rassurantes. Mais en vérité, ce n’est pas d’une forte grippe que nous allons crever : c’est de notre respect aveugle d’un système financier obèse et toujours affamé.
Jean-Paul Brighelli
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BEREZINA
MACRON AU PIED DU MUR
PHASE 1
Il ne fallait pas être grand clair pour comprendre que, la Chine ne passant pas pour très économe de la vie de ses citoyens, le confinement de l'une de ses villes de plusieurs millions d'habitants par les autorités communistes témoignait de facto en faveur de la gravité de cette crise du coronavirus. Je l'ai pour ma part fait savoir sur un plateau de télévision fin janvier. Ce pays, dont il est dit qu'il prélève dans les prisons les condamnés à mort qu'il exécute afin de vendre leurs organes frais au marché noir des transplantations partout sur la planète, n'est pas connu pour son humanisme, son humanité et son souci des hommes concrets. C'est le moins qu'on puisse dire... En prenant ces mesures, il disait à qui réfléchissait un peu qu'il y avait péril en sa demeure, donc en la nôtre. Qui l'a vu? Qui l'a dit? Qui a compris cette leçon? La plupart ont vu et dit ce que les agents de l'État profond disaient qu'il fallait voir et dire.
Mais, comme pour illustrer la vérité de la sentence qui dit que le sage montre la lune et que l'imbécile regarde le doigt (proverbe chinois ), il y eut quantité de prétendus sachants pour gloser sur le doigt et oublier la lune: c'était une gripette, elle ferait moins de morts qu'une vraie grippe, la véritable épidémie, c'était la peur des gens -et les intellectuels et les journalistes du régime libéral en profitaient pour rejouer la scie musicale du peuple débile et de la sagacité des élites...
Pendant que la populace achetait des tonnes de papier toilette, ce qui permettait d'avouer qu'elle avait, disons-le comme ça, le trouillomètre à zéro, les comités de scientifiques invisibles chuchotaient à l'oreille du président ce qu’il convenait de faire entre gestion de l'image présentielle et santé publique, proximité des élections municipales et mesures d'hygiène nationale, situation dans les sondages et décisions prophylaxiques. Un mélange de Sibeth Ndiaye et de docteur Knock fabriquait alors la potion infligée par clystère médiatique au bon peuple de France. Nul besoin de préciser qu'il s'agissait d'une soupe faite avec une poudre de perlimpinpin aussi efficace qu'un médicament commandé sur internet... en Chine!
Quel était cette position magique? Une grande admonestation libérale, un genre de leçon de chose prétendument antifasciste. Il s'agissait de montrer aux abrutis de souverainistes la grandeur de l'idéologie maastrichienne: plus de frontières, libre circulation des hommes, donc des virus! Les chinois étaient contaminés mais ils n'étaient pas contaminants: nous étions immunisés par la beauté du vaccin de Maastricht! Pendant qu'ils fermaient leurs frontières, nous ouvrions les nôtres plus grand encore -si tant est que cela puisse être encore possible... Nous nous offrions au virus.
Voilà pourquoi, sur ordre du chef de l'État, le gouvernement français s'est empressé d'aller chercher sur place les expatriés français qui travaillaient en Chine. On n'est jamais mieux servi que par soi-même: si l'on devait se trouver contaminés, qu'au moins ce soit en allant nous-mêmes chercher le virus sur place et le ramener en France. Mais pas n'importe où en France, non, pas à Paris, bien sûr, ni au Touquet, mais en province qui est, en régime jacobin, une poubelle ou un dépotoir dont on se souvient toujours dans ces cas-là. Une première livraison s'est faite dans le dos du maire d'une commune du sud de la France, une seconde en Normandie où nous avons l'habitude des débarquements.
La mode à l'époque, nous étions dans le premier acte de cette histoire, consistait à rechercher le client zéro: celui qu'il aurait fallu confiner chez lui pour que rien n'ait lieu, un genre de bouc émissaire à traire. C'était chercher la première goutte du raz-de-marée avec le projet de l'enfermer dans une bouteille afin que la catastrophe n'ait pas lieu.
Il fut dit que, peut-être, ce numéro zéro serait à chercher sur la base militaire d'où étaient partis les soldats français missionnés pour aller taquiner le virus chinois sur place avant de rentrer chez eux. Que croyez-vous qu'il advint à ces militaires ayant été au contact de gens immédiatement mis en quarantaine après leur retour de l'empire du Milieu? Ils ont été renvoyés chez eux en permission... Pas question de les mettre en quarantaine! Quelle sotte idée c'eut été! Qu'on aille donc pas chercher aujourd’hui le client zéro car il se pourrait bien qu'on puisse obtenir des informations qui nous permettraient demander des comptes au ministre de la défense et au chef des armées auquel il a obéi.
PHASE 2
L'acte deux a été guignolesque: le tsunami arrivait et on lui avait creusé des voies d'accès sous forme de canaux à gros débits, et ce avec l'aide du génie militaire français. S'y est ajouté le génie du chef de l'État. Le grand homme qui se prenait pour de Gaulle et Gide en même temps, mais aussi pour Stendhal (on est beylien ou on ne l'est pas) nous a délivré la parole jupitérienne: il fallait se laver les mains, éviter la bise et éternuer dans son coude -j'imaginais qu'anatomiquement il était plus juste d'envoyer ses postillons dans le pli de son coude car je me suis luxé l'épaule en essayent d'éternuer "dans" mon coude... Du savon, du gel et un coude: nous étions prêts, comme en 40, le virus n'avait qu'à bien se tenir.
Il a continué à progresser bien sûr. Et le pouvoir a fait semblant d'estimer que le plus urgent était toujours de savoir qui avait postillonné le premier. Il n'y avait pas de foyers d'infection mais des clusters, ce qui changeait tout. Il s'agissait en effet de ne pas donner raison aux benêts qui estiment, comme moi, qu'un peuple n'est pas une somme d'individus séparés, comme les monades de Leibniz, ce qui est l'idéologie libérale, mais une entité qui est elle-même une totalité. Aller chercher le virus en Chine c'était une fois encore estimer que la minorité (d'expatriés) pouvait imposer sa loi à la majorité (du peuple français). Que périsse le peuple français, mais les maastrichtiens n'allaient tout de même pas donner tort à leur idéologie alors que le réel invalidait déjà leurs thèses dans les grandes largeurs!
L'élément de langage maastrichtien fut: le virus ignore les frontières -comme Macron et les siens qui les ignorent tout autant... La plume du chef de l'État lui a même fourbi la formule adéquate: "Le virus n'a pas de passeport"- on dirait un titre de San-Antonio.
Tous les pays qui, comme Taïwan ou Israël (dont on n'a pas parlé, un pays qui, lui, a le sens de son peuple), ont décidé la fermeture des frontières, sont passés pour des populistes, des souverainistes, des illibéraux, des passéistes qui n'avaient rien compris à la grandeur nihiliste du progressisme.
Or, ces faux progressistes vrais nihilistes n'aspirent qu'à une seule chose: le gouvernement planétaire d'un État universel où les techniciens (les fameux scientifiques, comme il y en aurait au GIEC ou dans ce comité invisible qui conseille (!) Macron)) gouverneraient le capital en faisant l'économie des peuples.
Le coronavirus leur donne une autre leçon politique: la suppression des frontières c'est la possibilité pour tout ce qui menace contamination de se répandre à la vitesse de la lumière... Le virus n'ignore pas les frontières, mais les frontières savent et peuvent le contenir.
PHASE 3
La preuve, le troisième acte décidé par... Emmanuel Macron lui-même. Dans un premier temps, le Président tire une salve pendant un long monologue d'une demi-heure: fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées, des universités, réduction des contacts avec autrui, en priorité les personnes âgées. Et puis, bien sûr, le coude et le savon, le gel et la bise, des armes de destruction massive.
Or, qu'est-ce que ce confinement sinon l'invitation à fabriquer autant de frontières qu’il y aura de Français? La frontière nationale n'est pas bonne, mais la frontière qui sépare de son prochain est présentée comme la solution, la seule solution nous dit-on. Le virus qui ignore les frontières se trouve donc tout de même contenu par les frontières pourvu qu'elles soient érigées par chacun contre son prochain pensé comme un contaminateur potentiel. Ce qui marcherait pour les monades ne marcherait donc pas pour les États! Étrange paralogisme ...
Il faut donc radicalement éviter les contacts et les brassages, il faut donc remettre ses voyages et ses déplacements, il faut donc rester le plus possible chez soi, mais mais mais: le premier tour des élections municipales n'est pas reporté! Comprenne qui pourra! On dit que Gérard Larcher, président du Sénat, se serait opposé au report des élections: mais qui est ce monsieur auquel le président de la République mange dans la main? Quel est son pouvoir? Des dizaines de millions d'électeurs sont donc invités à se ruer en direction de lieux confinés, les bureaux de vote, dans lesquels, tout le monde en conviendra, on évite les contacts et les brassages et on montre qu'on doit préférer rester chez soi pour éviter les promiscuités.
Le lendemain, quelques heures après la prise de parole présidentielle, le Premier ministre est envoyé au front pour enfoncer le clystère plus profond: fermeture des cafés, des restaurants, des boîtes de nuit, des musées, des bibliothèques, de tous les lieux publics, etc. Mais, toujours: maintien du premier tour des élections municipales. On se lavera les mains avant et après, on respectera une distance d'un mètre avec son voisin, puis on mettra son bulletin dans l'urne. Il faudra bien empoigner le rideau à pleine main pour l'écarter afin d'entrer dans l'isoloir, mais aucun risque - le savon veille... Magique!
Que s'est-il passé le lendemain du jour de la décision de ce presque couvre-feu? il faisait beau, dans les rues de Paris, des gens ont fait leur footing, d'autres se sont un peu dévêtus pour prendre le soleil près du canal Saint-Martin, certains faisaient du vélo ou du roller, de la trottinette aussi. Ils transgressaient la loi? Et alors. Pas un seul policier n'a verbalisé qui que ce soit. Tout le monde se moque de l'État qui n'a plus d'autorité et plus aucun moyen de faire respecter l'ordre républicain! La peur du gendarme est une vieille lune qui a rejoint celle des dragons et du diable! De la même manière qu'une jeune fille porte un voile musulman en présence de Macron, ce qui est formellement interdit par la loi, et que rien ne se passe, le mépris affiché des décisions du chef de l'État témoignent de la déliquescence dans lequel se trouve le pays et dans quel mépris est tenue la parole de cet homme.
Les libéraux et leurs cervelles soixante-huitardes voulaient des monades et des consommateurs en lieu et place de citoyens et de républicains? ils les ont... Ils souhaitaient jouir sans entraves? ils jouissent sans entraves... Ils affirmaient qu'il était interdit d'interdire? ils se croient résistants en se faisant la bise... Ils croient toujours que CRS=SS? Ils n'auront pas même vu la queue d'un policier municipal à vélo ou en mobylette, sinon en roller, pour leur rappeler que Jupiter dans son Olympe a décidé qu'il fallait éternuer dans son coude.
Olympien comme le comédien d'un club de théâtre dans un lycée, Emmanuel Macron a dit: "Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe." Et puis ceci: "Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché." Quel talent! Quel menteur! Quel bouffon! Mais quel mauvais comédien...
Cet homme qui a mis sa courte vie au service du Veau d'Or fait semblant aujourd’hui de découvrir que piétiner l'intérêt général, conchier le bien public, compisser la santé dans les hôpitaux quand elle était pilotée par les comptables, ce n'étaient peut-être pas exactement les bons choix! Qui croira cet hypocrite dont toute la politique depuis qu'il est au pouvoir consiste à détruire le système de santé (et de retraite) français? C’est la quintessence du projet politique libéral mené sans discontinuer par les présidents de la V° république depuis la mort du général de Gaulle.
Quiconque écoute les personnels de santé depuis des mois (ils sont en grève depuis un an...) sait qu'en temps normal, avec cette politique libérale, ils sont débordés et impuissants tant l'hôpital public est malade sinon mourant. Qui pourra croire que la France est en état de recevoir un afflux massif de malades du coronavirus alors que la congestion était déjà là avant l'épidémie ?
Ce qui est dit par quelques spécialistes de la santé c'est, je vais l'exprimer de façon brutale, que lors du pic à venir, phase 4, nommons-là comme ça, il faudra, faute de places pour tous, trier les arrivants et laisser les vieux à leur sort, donc à la mort... Voilà où mène le libéralisme initié par Pompidou & Giscard, augmenté par Mitterrand en 1983, accéléré par le traité de Maastricht en 1992 et tous ceux qui, droite et gauche confondue, communient dans cette idéologie, puis par Macron qui, depuis son accession à l’Élysée, a voulu activer ce mouvement à marche forcée.
Voici une autre leçon donnée par cette crise, en dehors d'apprendre l'impéritie du chef de l'État: les caisses sont vides quand il s'agit d'augmenter le SMIC ou le salaire des plus modestes; elles le sont quand ces mêmes personnes doivent être soignées (on ne compte plus ceux qui ont renoncé à s'occuper de leurs dents, de leur ouïe, de leur vue à cause de leur pauvreté ; elles le sont quand il faut se soucier des paysans dont l'un d'entre eux se suicide chaque jour ; elles le sont quand il faut construire des écoles ou des universités, doter les hôpitaux de matériel performant, humaniser les prisons, recruter des fonctionnaires, financer la recherche scientifique dont nous aurions bien besoin aujourd’hui, laisser ouvertes des écoles de campagne, maintenir en vie les lignes de chemins de fer en dehors des grandes villes et des grands axes; elles le sont quand il faudrait se donner les moyens de récupérer la multitude de territoires perdus de la République), elles le sont si souvent quand il faudrait construire une République digne de ce nom.
Mais il y a de l'argent pour faire face à cette crise économique qui s'annonce... Tous ces gens mis au chômage technique par cet état de siège seront payés -par les assurances chômage. C'est bien sûr très bien, mais il y avait donc de l'argent... Plus un café, plus un restaurant, plus un lycée, plus une école, plus un commerce, sauf liste donnée, plus un cinéma, plus une salle de spectacle ne sont ouverts, mais Macron nous assure que "l’État prendra en charge l’indemnisation des salariés contraints de rester chez eux". Mais alors, bonne nouvelle, l'État existe encore? Il peut fonctionner? Il sait faire autre chose que prélever les impôts et recouvrer les amendes? Il sait faire autre chose qu'envoyer sa police et son armée tabasser les gilets-jaunes? Il sait faire autre chose que de subventionner des médias publics pour diffuser massivement l'idéologie maastrichtienne? Il sait faire autre chose que de libérer les élus délinquants renvoyés chez eux? Vraiment?
Ce virus fait donc dire des bêtises à Macron: on pourrait donc être solidaires et fraternels en France? On pourrait estimer que le consommateur hédoniste n'est pas l'horizon indépassable de notre modernité et qu'on peut aussi être un citoyen responsable? On pourrait trouver de l'argent public pour financer des solidarités nationales au-delà des habituels bénéficiaires? Il y a là matière à révolution: il est bien certain qu'Emmanuel Macron est le dernier homme pour la réaliser.
Après le virus, il faudra y songer.
En attendant, l'Allemagne ferme ses frontières avec trois pays, dont la France! Maastricht tousse, crache et menace l'embolie.
Michel Onfray
Semaine du 16 mars 2020
MACRON AU PIED DU MUR