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25 avril 2022

GUERRE UKRAINE-RUSSIE ... L’Ukraine n’est qu’un épisode de la guerre hybride de l’Occident contre la Russie ...

L’Ukraine n’est qu’un épisode de
la guerre hybride de l’Occident
contre la Russie

 

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Il y a de plus en plus de questions sur le timing de l’opération spéciale. Les lecteurs veulent que ce soit comme un conte de fées. Le bien a rapidement vaincu le mal, et tout le monde a continué à vivre heureux. En essayant de trouver une réponse à cette question, les gens perdent parfois le contact avec la réalité.

« Pourquoi traînons-nous à propos de Marioupol ? Il n’y a que 2000 bandits environ, selon les estimations de nos analystes. Il faut rapidement nettoyer les donjons d’Azovstal. Envoyez-y les forces spéciales, des robots de combat, une sorte de Rambo ». Dans le même temps, lorsqu’on leur demande s’ils connaissent l’étendue des locaux souterrains de la centrale, les gens se contentent de hausser les épaules : « Est-ce important ? »

Hélas, c’est important. Plus de 100 km d’espace souterrain. Pouvez-vous imaginer le nombre de personnes nécessaires pour prendre ces donjons ? Et le nombre de pertes, étant donné que les défenses sont équipées depuis longtemps ? L’infrastructure souterraine du complexe métallurgique est loin d’être la cave d’une cabane rurale ou le sous-sol d’un immeuble de grande hauteur.

Pour comprendre, entre autres, le timing de l’opération, il est peut-être utile de parler un peu de la confrontation globale entre les deux mondes et de la redistribution globale du monde. Tout simplement parce que l’opération spéciale en Ukraine n’est qu’un épisode de cette confrontation. Une bataille de reconnaissance, si vous voulez.

De nombreux lecteurs ont remarqué que l’attitude de l’Occident face au conflit change progressivement. Comment, par exemple, la composition de l’approvisionnement des FAU se diversifie. L’Ouest a commencé par des fournitures de munitions, de médicaments et autres. Puis ça a commencé avec les armes légères. Puis les vieilles armes soviétiques, les systèmes antichars, les moyens de défense aérienne comme les « Stingers ». Aujourd’hui, nous parlons déjà d’armes lourdes.

La troisième guerre mondiale s’appelle aujourd’hui « guerre hybride »

Pouvez-vous expliquer le terme familier de « guerre hybride » ? Je suis sûr que si vous allumez n’importe quel programme d’information, cette phrase sera immédiatement prononcée. Je vais maintenant révéler un secret à certains de nos lecteurs qui, dans leur jeunesse, ont effectué des voyages d’affaires en URSS.

Camarade « ihtamnets », cela vous concerne directement. La guerre hybride est un type de guerre dans lequel les pays opposés ne recourent pas à l’utilisation directe de leurs forces armées. En réalité, il s’agit de soutenir un camp à différents niveaux, de fournir des armes et des renseignements, et de former des milices locales.

Cela pourrait également inclure le sabotage par une « troisième force » inconnue. Cela vaut également pour l’espace d’information. Ce que nous appelons la propagande ennemie est en fait un élément important de la guerre hybride. Dans ce cas, les journalistes sont tout autant des « ikhtamnets » que les formateurs et les interprètes. Dans le monde d’aujourd’hui, les guerres du cyberespace se sont ajoutées à tout ce qui précède.

Je pense que l’on comprend maintenant pourquoi il est impossible de déterminer la date exacte du début de la guerre moderne. Pour l’homme de la rue, elle n’est pas visible. Temps de paix ordinaire. Sur les écrans de télévision, les politiciens s’embrassent et trinquent à la paix et à l’amitié, mais la guerre continue… Et dans cette guerre, il y en a toujours qui gagnent, d’autres qui perdent, d’autres qui malheureusement meurent.

D’où l’une des caractéristiques les plus importantes de la guerre hybride moderne. Les participants à un conflit doivent créer l’apparence d’un manque d’intérêt dans l’espace informationnel. Dans la version américaine, cela s’appelle le déni plausible. Je ne suis pas moi, et le cheval n’est pas à moi, en russe. Pour faire quoi ? Pour préserver leur propre image de gardiens de la paix.

La spécificité ukrainienne de la guerre hybride

Si vous avez lu attentivement la section précédente, vous êtes en droit de vous demander qui est du côté de la vérité – nous ou les Américains ? Nous semblons soutenir les séparatistes qui veulent se séparer de l’État qui a été créé en Ukraine, tandis que les Américains soutiennent le gouvernement supposé légitime.

La réponse est assez compliquée et… simple. Et elle réside dans les événements de 2014. Pour le comprendre, il faut s’éloigner du stéréotype créé il y a longtemps.

« Les rebelles sont des groupes militaires marginaux qui se sont autoproclamés représentants du peuple. Des sortes de gangs paramilitaires s’opposant aux autorités légitimes ».

En fait, les choses ne sont pas du tout ainsi. Il y a eu un coup d’État en Ukraine. Plus personne ne le nie. Ce coup d’État a provoqué des conflits dans l’est du pays et en Crimée. L’armée et les forces de sécurité locales ont soutenu les participants au conflit. Ainsi, l’armée est devenue une partie du coup d’État.

Ajoutez à cela l’émergence de formations armées illégales telles que les bataillons punitifs, Secteur droit et autres, et les SMP étrangères. Qui ont agi et agissent du côté de Kiev. Voilà donc la composition des vrais insurgés. Ceux qui ont pris le contrôle du pays. J’ai lu récemment le beau nom de ces formations – rebelles en culotte bouffante.

Lesquelles des choses que j’ai énumérées ci-dessus sont maintenant utilisées par l’Occident ? Tout d’abord, il s’agit de la formation active de spécialistes pointus à l’Ouest. Ne pas oublier d’envoyer des soldats et des officiers à divers cours de formation avancée, à la formation aux systèmes d’armes de l’OTAN, aux tactiques et à la stratégie de guerre de l’OTAN, etc.

Les rebelles du pays se préparaient à une guerre avec la Russie. Et, comme l’a montré l’expérience de l’opération spéciale, les mêmes instructeurs qui ont formé les rebelles syriens et autres étaient impliqués. La tactique de guerre est identique à ce qui s’est passé en Syrie, en Afghanistan et dans d’autres points chauds.

De même, on peut désormais affirmer avec une certitude absolue que l’Occident a formé des spécialistes à l’utilisation des équipements militaires et des armements occidentaux modernes. Voici un exemple. L’automne dernier, un groupe de militaires ukrainiens a été envoyé aux États-Unis pour être formé à l’utilisation des drones Switchblade.

Un fait sans grande importance, mais… la décision de fournir ces drones à l’Ukraine n’a été prise que ce mois-ci ! D’accord, discernement suspect de la part de l’état-major ukrainien, étant donné le coût de la formation de tels spécialistes. Seulement, je pense que nous devrions utiliser des mots bien différents ici – connaissance des objectifs du Pentagone

Deuxièmement. La formation des soldats et des officiers des FAU, des forces punitives et d’autres formations sur place par des instructeurs occidentaux. Malheureusement, je ne connais pas le nombre exact d’instructeurs, mais ils se comptaient par milliers. Même aujourd’hui, alors qu’il a été annoncé que tous les instructeurs ont été retirés d’Ukraine, selon nos experts, les spécialistes militaires étrangers continuent de former le personnel local. Le SAS britannique (groupe spécial aéroporté) est toujours à Obolon.

Troisièmement. Le recrutement de mercenaires étrangers pour travailler en Ukraine n’est pas nié, même en Occident. Parfois, on a même l’impression que les mercenaires, en fait des hors-la-loi de la guerre, sont déjà devenus des héros locaux aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe. Pas des criminels, mais des héros.

Quatrièmement. Regardez ce qui se passe dans l’espace d’information de l’Ouest. Chaque jour, l’un des dirigeants des pays occidentaux déclare que l’OTAN et l’UE ne veulent pas de confrontation directe avec la Russie. L’Occident pacifique tente de contenir une Russie agressive.

Dans le même temps, les canaux d’information russes, qu’il s’agisse des médias ou des médias sociaux, sont activement bloqués. L’ensemble de l’Europe est peint en jaune et bleu. Les gens ordinaires sont constamment soumis à la pression idéologique des médias. Et la décision d’hier de décerner à une organisation allemande de journalistes un prix à Zelensky pour la promotion de la liberté d’expression ne s’inscrit dans aucune logique.

Les nerfs de la guerre hybride

À l’origine, je ne voulais pas mettre ces informations dans un document séparé. Tout simplement parce que j’ai écrit à ce sujet récemment. Mais ensuite, je me suis souvenu d’une vieille phrase prononcée par le banquier allemand Nathan Mayer Rothschild :

« Celui qui possède l’information possède le monde ».

Et l’importance de l’information dans la guerre moderne n’est pas moindre que l’importance des armes modernes ou de la présence de combattants bien entraînés. Je vous rappelle à nouveau une lettre de sénateurs américains, qui s’inscrit également dans le concept de guerre menée contre nous. Il s’agit d’une lettre du Sénat américain au président Biden l’exhortant à fournir à Kiev des renseignements sur l’armée russe et ses projets.

La lettre est accessible au public sur le site web du Sénat. Il n’y a donc rien de secret là-dedans. Mais tout expert fera immédiatement le lien entre cette information et l’activité accrue des services de renseignement américains près de nos frontières.

Vous vous souvenez des drones américains RQ-4 Global Hawk qui étaient constamment dans le ciel ukrainien pendant presque tout l’hiver ? Et ce sont des drones de reconnaissance, capables de « voir » les cibles dans un rayon de 100 km.

Et que dire de la ribambelle de drones de reconnaissance qui sillonnent le ciel de la Pologne, de la Roumanie, de la Hongrie et de la mer Noire. Avions de reconnaissance RC-135, avions de détection radar à longue portée E-3, avions de commandement et de contrôle E-8, avions de guerre anti-sous-marins R-8 et un bon nombre d’autres avions.

Ajoutez des satellites à ces avions de reconnaissance et vous obtenez une image que, j’en suis sûr, l’état-major ukrainien reçoit en temps réel. Et il ne s’agit plus de la fourniture de renseignements. C’est tout autre chose. C’est ce qu’on appelle le contrôle du combat extérieur dans le jargon militaire. Il s’agit de la participation réelle d’une armée étrangère à des opérations de combat…

Je pense que les experts seront d’accord avec moi pour dire qu’une telle participation vaut plus que tous ces complexes antichars et autres armements. Guidage des unités sur les cibles les moins protégées de l’armée russe, ciblage direct en ligne, suivi de la reconnaissance terrestre, reconnaissance radio…

L’équilibre au bord d’une guerre chaude

Ainsi, l’opération spéciale de la Russie en Ukraine n’est qu’un épisode de la grande et longue guerre contre la domination occidentale et américaine du monde. Le temps est venu de procéder à une révision globale des relations géopolitiques. Les règles du jeu sur la scène mondiale sont en train de changer.

Et cela signifie que la Russie ne peut tout simplement pas arrêter l’opération spéciale tant que toutes les tâches fixées par le commandant en chef suprême n’ont pas été accomplies. Toute autre solution ne serait qu’un report, un gel de la situation. Et pour une très courte période de temps.

J’ai déjà écrit que la Russie était en avance sur l’Occident dans le lancement d’une opération spéciale. De nombreux experts militaires et politiques ont exprimé le même point de vue. Il faut maintenant tirer la conclusion suivante.

En cas de suspension de l’opération spéciale sous quelque forme que ce soit, pour quelque raison que ce soit, nous nous retrouverons face à la prochaine phase de la guerre. Je pense que le plan pour cette phase a été préparé ou est en cours d’élaboration au siège de l’OTAN. Seule cette phase se déroulera sur notre territoire, dans nos villages et nos villes. Et notre peuple va souffrir ! Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine ressemblera à un jardin d’enfants pour nous…

Cependant, je pense qu’il n’y a pas d’option dans les plans de l’OTAN pour arrêter le conflit en Ukraine… La guerre hybride doit continuer…

source : Top War

traduction Avic pour Réseau International

 

fusée balistique

 

 

La République Française
en marche à la guerre

 

 

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par Stratediplo.

Le gouvernement mène la France à la guerre totale contre la Russie, et rien ne semble plus pouvoir arrêter cette marche martiale. Ou plus exactement, il n’est pas prévu d’arrêter cette marche.

Les deux officiers supérieurs français tombés le 31 mars, à Marioupol, aux côtés du commandant en chef des forces terrestres de l’OTAN le général étatsunien Roger Cloutier, en compagnie sauf erreur d’un officier supérieur de l’armée régulière ukrainienne et de deux « commandants » de la sinistre milice paramilitaire Azov, ne seront pas les dernières pertes françaises. Plus généralement d’ailleurs, l’appel insistant du président Macron au président Poutine le 29 mars pour une autorisation d’exfiltration par voie maritime, puis le limogeage express (pour « mauvais renseignement ») du général Eric Vidaud le lendemain, laisse supposer qu’il y avait là une autorité militaire ou plus vraisemblablement politique française plus importante aux yeux du président antimilitariste, ou plus compromettante en cas de capture, que deux lieutenants-colonels consommables, ou que les « cinquante officiers français » encore présents dans l’usine Azovstal d’après la presse étrangère. C’est aussi ce qu’on peut déduire de l’obstination du commandement ukrainien à continuer d’envoyer des hélicoptères jusqu’au 5 avril en dépit de la perte d’un dixième de son parc résiduel dans ces vaines tentatives d’extraction de Marioupol, ainsi que de l’ordre formel au dernier carré de la milice Azov de mourir plutôt que se rendre, même trois semaines après l’identification du corps du « LandCom » de l’OTAN : il reste là une haute personnalité qui ne doit pas être prise vivante.

La France a déjà au moins tiré un trait (si elle n’a tiré que ça) sur le cinquième de son corpuscule de bataille résiduel, ou sur le volume d’une brigade et demi sur les sept qui ont survécu aux combats budgétaires asymétriques de haute intensité que l’armée française perd systématiquement contre l’euro depuis trois décennies, en l’occurrence sa contribution à la Force de Réponse de l’OTAN dont elle assume d’ailleurs le commandement en 2022, à quoi il faut ajouter les formations déployées notamment en Roumanie et en Estonie, plus quelques menus détachements qui ne devraient rien représenter à l’échelle des forces d’une ancienne grande puissance. Certes, la doctrine offensive de corps expéditionnaire sur des théâtres extérieurs lointains, qui régit la pensée stratégique gouvernementale depuis la fin de la menace en Europe, permet de sacrifier ce que l’on y envoie puisqu’on n’envisage pas la nécessité d’une défense du territoire national, mais il est dangereux de penser qu’aucune menace ne profitera en France ou en Méditerranée de l’écrasement de l’armée française jetée sous les missiles Calibre et Kinjal.

Certaines menaces sur le territoire national ont notamment été étudiées dans le Septième Scénario (https://www.amazon.fr/septième-scénario-Stratediplo), où l’on mentionnait aussi d’ailleurs que le Livre Blanc sur la Défense de 1994 prévoyait un modèle d’armée réduite complété par un concept de « changement de format », face à l’éventualité de la résurgence à plus de vingt ans (soit après 2014) d’une menace majeure contre l’Europe occidentale de la part d’une puissance dotée d’importantes forces nucléaires et conventionnelles conduisant la France à exercer une manœuvre dissuasive avec des moyens significatifs, aux côtés de ses alliés. L’apparition de cette menace-là devait prendre suffisamment de temps pour permettre à la France de « changer le format » de son outil de défense. Or, d’une part, le modèle d’armée réduite annoncé par le Livre Blanc (et déclaré insuffisant face à une menace majeure) n’est plus qu’un lointain souvenir divisé par deux depuis lors. Et, d’autre part et surtout, la désignation en 2014 d’une menace majeure contre l’Europe occidentale, puis les multiples déclarations de guerre à la Russie, n’ont pas donné lieu au fameux « changement de format ». Il a pourtant déjà passé huit ans depuis lors, soit un délai douze fois supérieur à la durée de la précédente « drôle de guerre » entre la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne en 1939 et l’attaque par celle-ci en 1940. Le gouvernement français a largement démontré depuis 2014 l’irréversibilité de ses intentions belliqueuses contre la Russie mais, au lieu de « changer le format » des forces françaises, il a continué de les réduire (d’au moins une brigade), de la même manière qu’après avoir annoncé le 25 février 2020 qu’il préférait guérir plutôt que prévenir (« il est inutile d’essayer d’empêcher la contamination, on va plutôt soigner ») il a prohibé les traitements contre le coronavirus de Wuhan et des Contamines, interdit à la médecine de ville de soigner, puis supprimé des milliers de lits de soins intensifs.

Au-delà du déploiement d’unités aux avant-postes contre la Russie à quelques centaines de kilomètres de Saint-Pétersbourg et Sébastopol, et de la prise en charge de la composante terrestre de la Force de Réponse de l’OTAN, l’armée française participe à la formation de l’armée ukrainienne en guerre, et elle lui envoie des armements lourds pris sur ses propres dotations, comme par exemple la douzaine de canons automoteurs CAESAR annoncés par le président Macron le 22 avril (surenchère sur les obusiers étatsuniens), avec évidemment les dizaines de milliers d’obus correspondants (dont l’armée française était déjà sous-dotée) puisque les armées post-soviétiques n’utilisent pas le calibre 155 mm mais le 152. Il s’agit évidemment d’une surenchère après que l’Allemagne ait déclaré avoir envoyé tout ce qu’elle pouvait prélever sur son armée (déjà notoirement affaiblie par son ancien ministre de la défense Ursula von der Leyen), munitions y compris, et devoir maintenant solliciter directement son industrie d’armement.

Mais il s’agit aussi évidemment d’une violation au code de conduite des pays exportateurs d’armements, puisque le gouvernement français sait que même en cas de réception de ces pièces dans l’est du pays, l’armée ukrainienne les tournerait vers les populations du sud-est, comme le reste de ses forces encerclées qui, depuis deux mois, n’ont pas retourné leurs feux vers les troupes russes en approche (pleins feux depuis peu) par le nord et le sud-ouest. La vigueur de la propagande atlanto-uniopéenne à l’ouest du rideau de presse aveugle certes les peuples, autant qu’elle désespère les états-majors sommés de préparer la contre-offensive, mais le gouvernement français sait parfaitement que le missile SS-21 ou Totchka-U (ogive à 20 sous-munitions projetant chacune 800 fragments) tombé sur la gare de Kramatorsk le 8 avril après l’annonce de trains gratuits d’évacuation, au numéro de série SH91579 inscrit à l’inventaire ukrainien et tiré de la localité de Dobropolié sous contrôle ukrainien, n’a pas été tiré par l’armée russe qui a détruit ses derniers exemplaires après l’équipement de la 448° Brigade d’Artillerie (dernière unité de SS-21) en Iskander, en 2019. En ce sens le gouvernement français, le parlement silencieux, et le cas échéant l’électorat d’acquiescement (car aujourd’hui ignorer la vérité ne peut être qu’intentionnel), sont complices de la commission de crimes de guerre contre la population civile ukrainienne, ces crimes largement répertoriés que, précisément, le gouvernement russe entend faire arrêter, puis dissuader pour l’avenir en passant publiquement en jugement sinon chaque perpétrateur du moins quelques donneurs d’ordres significatifs, comme les commandants mais aussi les conseillers étrangers de la milice Azov (d’où leur interdiction d’être capturés vivants).

 

Néanmoins l’envoi d’armes lourdes de dernière génération impliquant plusieurs semaines de formation comprenant aussi vraisemblablement le système ATLAS d’automatisation des tirs et liaisons (ou l’envoi discret d’opérateurs français) ne signifie pas nécessairement qu’on espère qu’elles seront livrées, déployées et utilisées dans une nasse dont l’ouverture est battue par les feux russes. Sachant qu’elles ne peuvent pas changer l’issue inéluctable de la confrontation dans l’est de l’Ukraine, qui ne peut pratiquement plus être renversée que par une frappe massive (à la percée non garantie) par des centaines de missiles de croisière à charge classique ou une dizaine à charge nucléaire, ces armes françaises sont peut-être intentionnellement vouées au même destin que le système antiaérien S-300 envoyé par la Slovaquie et détruit dès son arrivée à Dniepropetrovsk. Leur utilité est peut-être plus politique que tactique ou anti-cités, à savoir d’une part montrer l’engagement résolu du gouvernement français avec des armes lourdes prélevées sur l’armée française, et d’autre part créer un prétexte pour un degré d’escalade supplémentaire, au minimum l’envoi de forces d’acheminement et de protection des livraisons, et éventuellement même des représailles après l’élimination des livraisons ou de leurs détachements d’accompagnement.

Pendant ce temps la Pologne parachève la montée en puissance de son armée, entre autres la 18e Division de Fusiliers Motorisés et la 6e Brigade Aéroportée sont déjà sur le pied de guerre ayant terminé le rappel de leurs effectifs, la perception de leurs dotations du temps de guerre et la définition de leurs objectifs tactiques initiaux possibles, n’attendant plus que l’ordre de traverser la frontière ukrainienne… ou biélorusse. Car l’interdiction faite au président Zelenski de signer un armistice réduit certes la probabilité d’un appel au déploiement d’une mission de pacification polonaise mais la Pologne n’attendra pas forcément une invitation russo-ukrainienne ou une permission de l’OTAN, et par ailleurs elle répète annuellement depuis sept ans la prise de Kaliningrad, avec la Lituanie et les autres pays de l’Alliance dont la France qui semble insister à y participer par son détachement symbolique en Estonie, à moins que celui-ci vise réellement Saint-Pétersbourg.

De toute façon, en commandant une force de l’OTAN qui a déclaré son objectif de livrer la province russe de Crimée à l’Ukraine, tout comme en soutenant les décisions de l’Union Européenne de participer à la guerre côté ukrainien (« on gagnera cette guerre sur le champ de bataille » d’après Josep Borrell le 9 avril), ou en installant un drapeau ukrainien derrière le président lors de ses déclarations officielles, le gouvernement français renouvelle régulièrement son intention d’en découdre avec la Russie. Tout cela ne serait d’ailleurs que de simples casus belli relevant de la guerre conventionnelle menée selon les règles des pays civilisés (hormis le soutien à la milice Azov), s’il n’y avait pas pire.

Le gouvernement français a lancé une grande campagne d’incitation officielle à la haine. Au-delà de la saisie initiale de vingt-deux milliards d’euros appartenant à la Banque Centrale de Russie, il a illégalement et anticonstitutionnellement fait exproprier et confisquer sans jugement (nationaliser ou voler) les biens privés de personnes physiques et d’entreprises russes, fait licencier sans préavis voire expulser de nombreux Russes au seul motif de leur nationalité, participé à la campagne occidentale d’expulsion extrajudiciaire des Russes des compétitions sportives internationales, employé le budget de l’État (impôts et emprunts des citoyens) à faire haïr la Russie et les Russes dans le monde entier et à tenter de faire exclure la Russie de la communauté internationale, afin de faciliter son agression. La consternation et le dégoût profond ressentis et parfois exprimés par les Russes sont à la hauteur de leur ancienne francophilie déçue, et il faudrait désormais une véritable campagne de séduction et réconciliation pour les convaincre que les Français ont été trompés et manipulés par le gouvernement qu’ils se sont donné.

Le gouvernement français, comme ses alliés, a institutionnalisé la diffamation et la calomnie diffusée à grande échelle sur instructions et financements publics, après avoir participé à l’interdiction des médias russes susceptibles d’apporter des corrections d’information. C’est ainsi que le public français (comme toutes les populations à l’ouest du rideau de presse) ignore qu’après le retrait ordonné de l’armée russe de Boutcha le 30 mars le maire Anatoli Fedorouk s’est réjoui le lendemain 31 car « nous sommes tous sains et saufs ».

(https://www.youtube.com/watch?v=nellEd8umKU)

 

Que l’armée ukrainienne a encore bombardé la ville pendant deux jours avant de savoir que l’armée russe s’en était retirée, que la police nationale entrée le 2 avril a diffusé une vidéo des rues désertes (avec un seul corps dans un véhicule touché par les bombardements) et a annoncé sur sa page Facebook le lancement d’une opération de nettoyage « des saboteurs et des complices de l’armée russe », que cette épuration a été menée par l’unité paramilitaire de Sergueï Arkadievitch Korotkikh (ancien de l’association national-socialiste russe, emprisonné en Russie puis expulsé de Biélorussie avant d’entrer à la sinistre milice Azov ukrainienne), que celui-ci s’est enregistré répondant par l’affirmative à l’un de ses subordonnés qui lui demandait, en entrant dans Boutcha, si on pouvait abattre les civils ne portant pas de brassard bleu (signe de loyauté à l’Ukraine), que la quasi-totalité des exécutés portaient un brassard blanc de neutralité envers l’armée russe (qui avait occupé Boutcha correctement pendant un mois et fourni de l’aide humanitaire), que les habitants ont été enfermés chez eux par un cessez-le-feu décrété le 2 au soir et ont découvert le 3 au matin la douzaine de corps disposés dans la rue à intervalles réguliers. Le public français a entendu des chefs d’État accuser la Russie de crime de guerre, voire s’engager (comme le président Biden) à faire juger le président Poutine pour cela (donc à le capturer) mais n’a pas su que le Royaume-Uni, président du Conseil de Sécurité de l’ONU, a interdit une réunion d’urgence du Conseil (dont certains membres sont neutres) pour étudier les éléments, ou qu’aucun des accusateurs grandiloquents n’a appelé d’enquête médico-légale. Le public français a d’ailleurs oublié que sa presse ne lui a pas encore rapporté les gênantes mais fermes conclusions de la commission d’enquête internationale sur le massacre de Račak du 15 janvier 1999 prétexte à l’attaque de l’Alliance Atlantique (France comprise) contre la Serbie, et ne lui a pas rapporté non plus la réunion et la conférence de presse du 26 avril 2018 au siège de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques ayant incontestablement démonté la mise en scène mensongère d’une fausse attaque chimique près de l’hôpital de Douma le 7 avril 2018 prétexte au bombardement de la Syrie le 14 avril.

Au-delà de la campagne de bannissement multilatéral de la Russie, menée tambour battant de l’Assemblée Générale de l’ONU au G20 en passant par le Conseil de l’Europe (que la Russie a fini par quitter après avoir différé cette extrémité depuis 2015), c’est un véritable climat de guerre mondiale que la France a contribué à créer. Le gouvernement français a annoncé une « guerre économique totale », concept inconnu des relations internationales où il n’y a que la paix et la guerre (comme le droit distingue le temps de paix et le temps de guerre), le blocus d’un État par tous les moyens modernes de la finance, de la télématique et des fermetures d’espaces aériens et maritimes n’étant pas plus pacifique que l’antique siège militaire d’une cité, le vol électronique de la moitié des réserves de change d’un pays n’étant pas plus pacifique que le pillage physique des coffres de sa banque centrale, et la division par deux du pouvoir d’achat d’une monnaie par la spéculation n’étant pas plus pacifique que l’interception militaire ou corsaire de la moitié des convois d’approvisionnement alimentaire de sa population. Ce que le gouvernement français a annoncé le 1er mars avec pour objectif avoué « l’effondrement de l’économie russe » n’était pas un conflit économique, mais bien les modalités économiques d’une guerre totale. Il s’agit de mesures irréversibles dans leurs effets comme dans leurs conséquences, et aucun recul n’est envisagé.

On a montré dans le Onzième Coup en quoi les prétendues « sanctions » (un terme absent de la Charte de l’ONU), tout en revendiquant un caractère punitif contraire au droit international non seulement conventionnel (onusien) mais également coutumier (multiséculaire), ne sont ni des contre-mesures licites ou pas prises par un État spolié pour faire cesser un tort, ni même des mesures illégitimes de coercition visant à forcer la cible à prendre une certaine décision, mais manifestement des mesures prémilitaires visant à affaiblir l’ennemi avant de l’attaquer. C’est pour cela que les gouvernements en acceptent le coût (élevé et imposé à leurs populations), de la même manière qu’un gouvernement responsable accepte d’engager les dépenses nécessaires à sa politique militaire. Concrètement, tandis que les États-Unis ont déjà augmenté de moitié leurs importations de pétrole russe (qu’ils entendent interdire à leur « alliés » européens) comme ils avaient déjà en 2014 profité de la baisse du commerce russo-uniopéen, la Commission Européenne s’apprête à interdire coûte que coûte l’importation de charbon et de pétrole russe (la Russie était son fournisseur principal), ce qu’elle avait différé pour « ne pas influencer » l’élection présidentielle française, ainsi que vraisemblablement l’importation de gaz du moins si l’Allemagne consent elle aussi au sacrifice volontaire de son économie. C’est d’ailleurs en vue de la récession importante qu’elle prépare, ainsi que de la pénurie alimentaire, que la Commission européenne a fait lancer une grande campagne de consignes d’austérité, d’économie énergétique et d’accumulation de provisions auprès des populations des pays membres, peu répercutée en France en période électorale.

De la même manière la Commission européenne a recommandé il y a quelques semaines aux gouvernements des pays membres (on l’a peu communiqué en France) de constituer des stocks nationaux de cachets d’iodure de potassium, et d’imprimer des notices d’utilisation, en préparation des événements nucléaires prochains. De leur côté les États-Unis ont envoyé en Ukraine des équipements de détection, protection et décontamination nucléaire, biologique et chimique (NBC). Bien que leur activité clandestine principale en Ukraine (et dans d’autres pays européens) ces dernières décennies ait touché la recherche en matière d’armes biologiques à discriminants génétiques slaves, la campagne de frappes qu’ils annoncent depuis 2005 pour affirmer leur singularité et leur supériorité est de nature nucléaire. Ils ont d’ailleurs annoncé plusieurs fois qu’en cas d’utilisation d’armes non conventionnelles par la Russie en Ukraine ils entreraient dans la guerre au moyen d’armes non conventionnelles, pas nécessairement de la même nature que celles utilisées par la Russie. Pour mémoire la Russie n’a plus d’armes chimiques depuis 2017 (contrairement aux États-Unis, seul pays membre de la convention d’interdiction à en posséder), n’a pas d’armes biologiques (contrairement aux États-Unis qui en ont même utilisé), et démontre depuis deux mois qu’elle a désormais des armes conventionnelles cinétiques bien plus efficaces que le nucléaire tactique (seuls les États-Unis ont utilisé des armes nucléaires).

Les premières opérations politico-médiatiques d’imputation à la Russie de crimes de guerre commis par l’Ukraine contre sa propre population s’étant soldées par des succès, et les opinions publiques (qui importent peu) et les états-majors militaires (nécessaires aux étapes prochaines) étant, pour les unes convaincues de la monstruosité de la Russie, et pour les autres convaincus du caractère inéluctable de la guerre, la mise en œuvre du gros prétexte suprême, sur le terrain ou dans la presse, peut avoir lieu. Ce 23 avril le gouvernement russe a fait état de sa préoccupation concernant des indices de préparation de plusieurs massacres de populations (et un de troupes) ukrainiennes par des moyens NBC, en au moins quatre lieux dont il a même cité les noms, y compris l’un où la presse atlantico-uniopéenne est déjà arrivée.

Les Européens acceptent la guerre puisqu’ils ne protestent pas, alors qu’ils savent manifester pour des motifs plus futiles. En l’absence d’opposition citoyenne ou parlementaire, les décisions gouvernementales sont donc souveraines et omnipotentes. Aussi peu d’événements auraient encore quelque chance (sans garantie) d’interrompre subitement la marche à la guerre, ou d’en sortir un pays. Certes un grand pays pourrait annoncer soudain le renversement de ses alliances, ou du moins s’opposer à l’Union européenne et ses voisins (il serait alors suivi par de plus petits). Il pourrait quitter l’OTAN aussi rapidement que la Suède et la Finlande y entrent, sans nécessairement quitter simultanément l’Alliance Atlantique mais en lançant une réflexion sur l’opportunité, sinon de la neutralité, du moins de l’indépendance stratégique. En tout cas il pourrait dans un premier temps interrompre immédiatement ses préparatifs, retirer ses troupes du front et demander à être relevé de ses responsabilités organiques tournantes dans le dispositif militaire. Un tel événement géopolitique serait de nature à interrompre la trajectoire sur laquelle l’axe atlantico-uniopéen a lancé l’Europe et le monde.

Sinon la suite prochaine des événements, et on n’entend pas par-là la guerre mondiale mais la frappe nucléaire en Europe, est celle que l’on a exposée et explicitée dans le Onzième Coup de Minuit de l’Avant-Guerre (https://www.lulu.com/le-onzième-coup/paperback).

source : Stratediplo

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Erreurs, à la fois tactiques et
aux conséquences stratégiques

 

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par Alastair Crooke.

Le résultat le plus probable est que l’économie de la Russie ne s’effondrera pas (même si l’UE s’acharne sur l’énergie et « tout » le reste).

Les faucons de l’OTAN et les interventionnistes libéraux américains et européens veulent par-dessus tout voir Poutine humilié et répudié. Nombreux sont les Occidentaux qui veulent voir la tête ensanglantée de Poutine au sommet d’une pique surplombant la « porte de la ville », visible par tous comme un avertissement retentissant à ceux qui défient leur « ordre international fondé sur des règles ». Leur cible n’est pas seulement le Pakistan ou l’Inde, mais la Chine, en premier lieu.

Pourtant, les faucons voient qu’ils n’osent pas – ne peuvent pas – aller jusqu’au bout. Malgré la belligérance et les postures, ils veulent que l’aspect cinétique du conflit soit confiné à l’intérieur des frontières de l’Ukraine : Pas de bottes américaines sur le terrain (bien que ceux dont l’existence même ne peut franchir le seuil de nos lèvres soient déjà sur place, et qu’ils aient « mené la barque »).

Le Pentagone, en tout cas, n’a pas envie de risquer une guerre avec la Russie qui s’envenime et pourrait évoluer vers l’utilisation d’armes nucléaires. (Cette position est toutefois remise en question par des néoconservateurs de premier plan qui affirment que les craintes d’un recours de la Russie aux capacités nucléaires sont exagérées et qu’elles devraient être mises de côté).

Ainsi, pour accomplir ces grands agendas, l’Occident s’est limité (depuis 2015) à former et à armer des cadres d’élite (comme le régiment Azov), et à s’assurer qu’ils sont branchés à tous les niveaux (y compris au sommet) du leadership politique et militaire ukrainien.

L’objectif est ici de maintenir le conflit (puisque la victoire pure et simple n’est pas envisageable) : Plus la guerre se prolonge, selon le récit américain, plus les 5000 sanctions imposées à la Russie nuisent à l’économie russe et sapent insidieusement le soutien de l’opinion publique russe à la guerre.

L’expérience acquise en Syrie imprègne l’espace de combat : Pour les forces russes, l’expérience du nettoyage d’Alep des extrémistes djihadistes a été formatrice. Et, pour le commandement des opérations spéciales américaines qui forme ces unités d’élite ukrainiennes, les qualités d’impitoyabilité pure et de perturbations sous faux drapeau (aiguisées par leurs protégés d’Idlib) semblent avoir suffisamment impressionné leurs anciens instructeurs occidentaux pour qu’ils les transmettent à une insurrection présumée dirigée par Azov, bien qu’opérant à partir du pôle opposé de l’idéologie insurrectionnelle.

Il y a des raisons de penser que le FSB (service de sécurité russe) a peut-être sous-estimé la façon dont le recours à des tactiques de gestion de type Idlib de la population pourrait laisser une population civile majoritairement pro-russe trop lâche pour se défendre efficacement contre la domination de type Azov. En conséquence, les forces russes ont dû se battre – plus que prévu. Il s’agissait peut-être d’une erreur tactique, mais pas d’une erreur stratégique.

Il y a en effet une erreur stratégique majeure – à savoir la décision prise par l’Occident de mener avant tout une guerre financière contre la Russie – qui pourrait bien s’avérer être la perte de l’agenda de guerre occidental. (L’insurrection ukrainienne, dans la pratique, s’est largement limitée à donner plus de temps aux sanctions et à la super guerre PSYOPS, en particulier pour que la guerre PSYOPS puisse mordre sur la psyché intérieure russe).

Voilà où le bât blesse : en mars, le président Biden s’est présenté devant le Congrès et s’est vanté de la chute de 30% du rouble russe et de 40% du marché boursier russe. L’économie russe, a-t-il dit, était sur le point de s’effondrer ; la Mission était sur le point de s’achever.

Pourtant, contrairement à l’attente du G7 selon laquelle les sanctions occidentales feraient s’effondrer l’économie russe, le Financial Times reconnaît : « Mais le système financier russe semble [aujourd’hui] se remettre du choc initial des sanctions » ; le « secteur financier russe retrouve ses marques après le barrage initial des sanctions ». Et les ventes de pétrole et de gaz de la Russie – plus d’un milliard de dollars par jour en mars – signifient qu’elle continue d’accumuler d’importants revenus étrangers. Elle affiche le plus important excédent de sa balance courante depuis 1994, grâce à la flambée des prix de l’énergie et des matières premières.

Ironiquement, les perspectives économiques de la Russie semblent aujourd’hui, à bien des égards, meilleures que celles de l’Occident. Comme la Russie, l’Europe connaît déjà – ou connaîtra bientôt – une inflation à deux chiffres. La grande différence est que l’inflation russe est en baisse, alors que celle de l’Europe s’envole au point (notamment avec les prix des denrées alimentaires et de l’énergie) de déclencher l’indignation et les protestations populaires.

Le G7 s’étant trompé (la crise politique, après tout, était prévue pour la Russie, pas pour l’Europe), les États de l’UE semblent maintenant décidés à redoubler d’efforts : Si la Russie ne s’est pas effondrée comme prévu, alors l’Europe doit faire le grand écart : Tout supprimer ». Aucun navire russe n’entrera dans les ports de l’UE ; aucun camion ne franchira les frontières de l’UE ; pas de charbon ; pas de gaz – et pas de pétrole. Pas un euro ne doit parvenir à la Russie », clame-t-on.

Ambrose Evans-Pritchard écrit dans le Telegraph : « Olaf Scholz doit choisir entre un embargo énergétique sur la Russie et un embargo moral sur l’Allemagne » :

« … le refus de l’Europe occidentale de couper le financement de la machine de guerre de Vladimir Poutine est intenable. Le préjudice moral et politique pour l’UE elle-même devient prohibitif. Cette politique est déjà un naufrage diplomatique pour l’Allemagne, stupéfaite de découvrir que le président Frank-Walter Steinmeier est un paria – le Kurt Waldheim de notre ère ? – tellement souillé par deux décennies passées à être le sombre seigneur de la collusion avec le Kremlin que l’Ukraine ne veut pas de lui dans son pays. Ces atermoiements ne rendent pas justice au peuple allemand, qui soutient massivement une réponse à la hauteur de la menace existentielle qui pèse aujourd’hui sur l’ordre libéral de l’Europe ».

Voici clairement le grand programme révisé, Mark II : la Russie survit à la guerre du Trésor parce que l’UE continue d’acheter du gaz et de l’énergie à la Russie. L’UE – et plus particulièrement l’Allemagne – finance la « guerre grotesque et non provoquée » de Poutine, selon le mème. Pas un euro pour Poutine ».

La deuxième erreur stratégique consiste à ne pas comprendre que la résilience économique de la Russie ne découle pas uniquement du fait que l’UE continue d’acheter du gaz à la Russie. Mais c’est plutôt en jouant sur les deux tableaux de l’équation – c’est-à-dire en liant le rouble à l’or, puis en liant les paiements énergétiques au rouble – que la Russie a vu sa monnaie se renforcer.

De cette manière, la Banque de Russie modifie fondamentalement l’ensemble des hypothèses de travail du système commercial mondial (en remplaçant les transactions évanescentes en dollars par des transactions solides en devises, adossées à des matières premières), tout en déclenchant un changement du rôle de l’or, qui redevient le rempart du système monétaire.

Paradoxalement, les États-Unis ont eux-mêmes préparé le terrain pour ce passage au commerce en monnaie locale par leur saisie sans précédent des réserves de la Russie, et la menace de l’or de la Russie (si seulement ils pouvaient mettre la main dessus). Cela a effrayé d’autres États qui craignaient d’être les prochains sur la liste et d’encourir le « mécontentement » capricieux de Washington. Plus que jamais, le non-Occident est désormais ouvert aux échanges en monnaie locale.

Cette stratégie de « boycott de la Russie et de l’énergie » est « un rideau sur l’Europe », bien sûr. L’Europe n’a aucun moyen de remplacer l’énergie russe par d’autres sources dans les années à venir : Ni de l’Amérique, ni du Qatar, ni de la Norvège. Mais les dirigeants européens, consumés par une frénésie d’« indignation morale » face à un flot d’images d’atrocités en provenance d’Ukraine, et par le sentiment que l’« ordre libéral » doit à tout prix éviter une perte dans le conflit ukrainien, semblent prêts à aller jusqu’au bout.

Ambrose Evans-Pritchard poursuit :

« Le barrage politique est en train d’éclater en Allemagne. Die Welt a saisi l’humeur exaspérée des médias en qualifiant l’histoire d’amour de l’Allemagne avec la Russie de Poutine de « plus grande et plus dangereuse erreur de calcul dans l’histoire de la République fédérale ». Les présidents des commissions des relations extérieures, de la défense et de l’Europe du Bundestag – représentant les trois partis de la coalition – ont tous appelé à un embargo pétrolier jeudi. « Nous devons enfin donner à l’Ukraine ce dont elle a besoin, et cela inclut des armes lourdes. Un embargo énergétique complet est faisable », a déclaré Anton Hofreiter, le président des Verts pour l’Europe ».

L’augmentation des coûts de l’énergie implicite dans l’exclusion de l’énergie russe va tout simplement éviscérer ce qui reste de la compétitivité de l’UE et entraîner une hyperinflation et des troubles politiques. Cela fait-il partie de l’agenda initial de l’OTAN, qui consiste à maintenir les États-Unis « dedans », la Russie « dehors » et l’Allemagne « à terre » ?

Cette tentative de l’UE et des États-Unis de réaffirmer leur « libéralisme » – qui insiste sur le fait qu’ils ne toléreront aucune « altérité » – présente de sérieuses failles. Sur des questions telles que l’agenda d’une élite scientifique et technologique et la « victoire » en Ukraine, il ne peut y avoir d’autre perspective. Nous sommes en guerre.

Que va-t-il donc se passer ? L’issue la plus probable est que l’économie russe ne s’effondrera pas (même si l’UE s’acharne sur l’énergie et « tout » le reste). La Chine soutiendra la Russie, et la Chine est « l’économie mondiale ». Elle ne peut pas être sanctionnée pour capituler.

Échec et mat ? Alors, quel pourrait être le plan III de l’Occident ? La frénésie guerrière, la haine viscérale, le langage qui semble conçu pour exclure un « accord politique » avec Poutine, ou les dirigeants de Moscou, sont toujours là, et les néoconservateurs sentent l’opportunité :

« L’intellectuel néoconservateur, ancien rédacteur des discours de Reagan, John Podhoretz, a récemment écrit une colonne triomphante intitulée « Néoconservatisme : Une justification ». L’article déclare que les architectes de la guerre contre la terreur, comme lui, sont maintenant « de retour au sommet », les événements mondiaux leur ayant donné raison sur tout – de la police communautaire à la guerre ».

Non seulement ils sont de retour au sommet, affirme Podhoretz, mais les néoconservateurs ont conquis leurs principaux adversaires intellectuels en ce qui concerne le cadre moral de la dissuasion. Cela représente le nouveau « jeu » interne dans la question de l’Ukraine : Les néoconservateurs pensent que l’Ukraine leur a donné raison.

Bien sûr, lorsque l’invasion de l’Irak s’est soldée par une débâcle monumentale, les néoconservateurs ont été universellement raillés, Podhoretz bredouillant des excuses. Sans surprise, dans son sillage, la validation originale de l’intervention militaire américaine est entrée dans un déclin abrupt, et la guerre des sanctions du Trésor a pris sa place en tant qu’intervention ne nécessitant « aucune botte sur le terrain ».

Les néoconservateurs partagent donc l’idée erronée que la guerre du Trésor, associée à des PSYOPS extrêmes, pourrait réduire Poutine à sa plus simple expression.

Les néoconservateurs se réjouissent de l’échec de la guerre financière. De leur point de vue, cela remet l’action militaire sur la table, avec l’ouverture d’un nouveau « front » : Une attaque contre le principe clé initial selon lequel un échange nucléaire avec la Russie doit être évité, et l’élément cinétique du conflit, soigneusement circonscrit pour éviter cette possibilité.

« Il est vrai qu’agir fermement en 2008 ou 2014 aurait signifié risquer un conflit », écrit Robert Kagan dans le dernier numéro de Foreign Affairs, déplorant le refus des États-Unis d’affronter militairement la Russie plus tôt :

« Mais Washington risque un conflit maintenant ; les ambitions de la Russie ont créé une situation intrinsèquement dangereuse. Il est préférable pour les États-Unis de risquer la confrontation avec des puissances belligérantes lorsqu’elles en sont aux premiers stades de leur ambition et de leur expansion, et non après qu’elles aient déjà consolidé des acquis substantiels. La Russie possède peut-être un arsenal nucléaire redoutable, mais le risque que Moscou l’utilise n’est pas plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’aurait été en 2008 ou en 2014, si l’Occident était alors intervenu. Et il a toujours été extraordinairement faible : Poutine n’allait jamais atteindre ses objectifs en se détruisant et en détruisant son pays, ainsi qu’une grande partie du reste du monde ».

En bref, ne vous inquiétez pas d’entrer en guerre avec la Russie, Poutine n’utilisera pas la bombe. Vraiment ? Pourquoi devriez-vous penser que c’est vrai ?

Ces néoconservateurs sont généreusement financés par l’industrie de la guerre. Ils ne sont jamais lâchés par les réseaux. Ils entrent et sortent du pouvoir par rotation, parqués dans des endroits comme le Council on Foreign Relations ou Brookings ou l’AEI, avant d’être rappelés au gouvernement. Ils ont été aussi bien accueillis à la Maison Blanche d’Obama ou de Biden qu’à celle de Bush. Pour eux, la guerre froide n’a jamais pris fin, et le monde reste binaire – « nous et eux », le bien et le mal.

Mais le Pentagone n’y croit pas. Ils savent ce qu’implique une guerre nucléaire. En fin de compte, les sanctions feront mal, mais ne feront pas s’effondrer l’économie russe ; la vraie guerre (et non pas la guerre PSYOPS de l’incompétence et de l’échec militaires russes) sera gagnée par la Russie (toute fourniture militaire européenne et américaine de gros équipements à l’Ukraine étant vaporisée au moment où elle franchit la frontière) ; et l’Occident connaîtra ce qu’il craint le plus : l’humiliation dans sa tentative de réaffirmer l’ordre libéral fondé sur des règles.

L’Europe craint que, sans une réaffirmation retentissante, elle ne voie des fractures apparaître dans le monde entier. Mais ces fractures sont déjà présentes : Trita Parsi écrit que « les pays non occidentaux ont tendance à voir la guerre de la Russie de manière très, très différente » :

« Les demandes occidentales leur demandant de faire des sacrifices coûteux en coupant leurs liens économiques avec la Russie pour maintenir un « ordre fondé sur des règles » ont engendré une réaction allergique. Cet ordre n’a pas été fondé sur des règles ; au contraire, il a permis aux États-Unis de violer le droit international en toute impunité. Le message de l’Occident sur l’Ukraine a porté à un tout autre niveau son manque de discernement, et il est peu probable qu’il gagne le soutien de pays qui ont souvent connu les pires aspects de l’ordre international ».

De même, l’ancien conseiller indien à la Sécurité nationale, Shivshankar Menon, a écrit dans Foreign Affairs que « loin de consolider le « monde libre », la guerre a souligné son incohérence fondamentale. En tout état de cause, l’avenir de l’ordre mondial sera décidé non pas par les guerres en Europe, mais par la compétition en Asie, sur laquelle les événements en Ukraine ont une incidence limitée ».

L’élément le plus marquant du premier tour de l’élection présidentielle française de la semaine dernière est que même si Macron gagne le 24 avril (et l’Establishment et ses médias feront tout pour assurer sa victoire), ce sera à la Pyrrhus. Une majorité d’électeurs français a voté le 13 avril contre un système de verrouillage des intérêts entre l’État et la sphère des entreprises.

Les électeurs français ont l’impression d’être embarqués dans un train fou d’inflation, de baisse du niveau de vie, de réglementation supranationale, d’OTAN, d’UE et de diktats américains.

Aujourd’hui, on leur dit que la flambée des prix des denrées alimentaires, du chauffage et du carburant est le prix à payer pour paralyser la Russie et la Chine et « préserver le tissu moral de l’ordre libéral ».

Si l’on devait caractériser cette « guerre » tacite, on constaterait que Macron parle à La France, dans l’abstrait. Le Pen, en revanche, s’adresse aux Français et leur parle d’une politique à laquelle ils peuvent s’identifier de manière personnelle. Lors de cette élection, les anciennes catégories traditionnelles et les « conteneurs » de la politique française, à savoir l’Église catholique, le Parti républicain et le Parti socialiste, ont été rendus insignifiants.

Le président Eisenhower, dans son discours d’adieu de 1961, a clairement prévu le schisme à venir :

« Aujourd’hui, l’inventeur solitaire a été éclipsé par des groupes de travail de scientifiques dans les laboratoires et les champs d’essai. De la même manière, l’université, historiquement la source des idées libres et des découvertes scientifiques, a connu une révolution dans la conduite de la recherche. En partie à cause des coûts énormes que cela implique, un contrat gouvernemental devient pratiquement un substitut à la curiosité intellectuelle. Pour chaque vieux tableau noir, il y a maintenant des centaines de nouveaux ordinateurs électroniques.

La perspective d’une domination des savants de la nation par l’emploi fédéral, l’attribution de projets et le pouvoir de l’argent est toujours présente – et doit être sérieusement considérée.

Pourtant, en tenant la recherche et la découverte scientifiques en respect, comme nous le devons, nous devons aussi être attentifs au danger égal et opposé que la politique publique devienne elle-même captive d’une élite scientifique et technologique ».

C’est la guerre.

source : Strategic Culture Foundation

traduction Réseau International

 

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