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28 décembre 2022

Guerre Ukraine/Russie ... À la guerre comme à la guerre

Qui dit guerre totale,

 

dit troisième guerre mondiale ?

 

 

À la guerre comme à la guerre

 

 

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par Philippe Grasset

Poutine ayant, pour désigner « Ukrisis », abandonné l’expression « Opération militaire spéciale » (OMS) pour le mot « guerre », le parti américaniste et ses portefaix-traducteurs zélenkistes comprennent aussitôt que cela signifie « victoire » pour eux-mêmes (pour le « Collective West »).

Ainsi un conflit se poursuit-il entre deux partis qui ne font pas la même « guerre » et n’appellent pas la même « victoire ». Pourtant, quelque part, il y a quelque chose qui ressemble à une vérité-de-situation.

Quoi qu’en dise Thalès, ces univers parallèles se rencontreront.

La semaine dernière, Poutine et Choïgou ont eu tenu une énorme conférence de mobilisation de l’appareil de sécurité nationale, suivie, le lendemain, et chacun des deux hommes de leur côté, de visites aux principaux producteurs d’armement de Russie. Il s’agissait de parfaire et d’accélérer la mobilisation de la production militaire, déjà en plein effort depuis le début des opérations en Ukraine. Les résultats de 2022 sont déjà impressionnants et le seront encore bien plus en 2023 et au-delà. Ce n’est rien de moins qu’une mobilisation industrielle de guerre totale, et faite pour durer longtemps, – et, à notre sens, faite bien plus que pour (contre) l’Ukraine mais pour faire face à l’OTAN, si nécessaire (et ce le sera) hors d’Ukraine. Ce n’est rien de moins que la Troisième Guerre mondiale.

Parallèlement – et sans surprise, on en conviendra, – le langage a changé et l’expression initiale d’« Opération militaire spéciale » (OMS) pour l’attaque de l’Ukraine a définitivement été abandonné. On parle désormais de « guerre » pure et simple, et non plus contre l’Ukraine mais contre l’OTAN. Ce n’est pas tout à fait nouveau au niveau opérationnel mais c’est fondamental au niveau politique et symbolique qu’exprime le langage public. L’évolution est présentée comme solennelle et décisive.

« Le président russe Vladimir Poutine a qualifié son « opération militaire spéciale » en Ukraine de « guerre » pour la première fois depuis qu’il a lancé une invasion à grande échelle chez le voisin russe il y a près de 10 mois.

« C’est peut-être le plus grand signe jusqu’à présent, en plus de 10 mois de combats, que le conflit en Ukraine pourrait durer des années… Poutine a déclaré lors d’une conférence de presse télévisée jeudi : « Notre objectif n’est pas de faire évoluer la tournure de cette opération militaire, mais, au contraire, de mettre fin à cette guerre », ajoutant que « C’est ce à quoi nous nous efforçons ». […]

« Le président russe, ainsi que tous ses hauts responsables, y compris les experts des médias d’État, ont jusqu’à présent fait preuve d’une grande prudence dans l’utilisation de la terminologie officielle d’« opération militaire spéciale » pour décrire l’invasion de l’Ukraine qui a débuté le 24 février. »

Du côté US, on a malgré tout, car l’on est attentif à tout avec le bric-à-brac des services de renseignement disponibles, remarqué ce changement de langage. L’interprétation américaniste officielle conduit à estimer que la Russie s’estime désormais engagée dans une guerre totale contre l’OTAN, que l’OTAN entend évidemment gagner sans argument ni démonstration nécessaires.

Le site ZeroHedge, qui a rapporté ce changement sémantique a repris, le lendemain, la déclaration du département d’État à ce propos en soulignant l’interprétation présentée par l’administration à cette occasion ; en gros, l’annonce d’une capitulation de la Russie. ZeroHedge, qui est à la fois contre le Système et l’administration Biden et plutôt contre l’attaque lancée contre l’Ukraine par Poutine, emploie un ton assez neutre, peut-être dubitatif et incertain…

« « Depuis le 24 février, les États-Unis et le reste du monde savaient que l’opération militaire spéciale de Poutine était une guerre non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine. Enfin, après 300 jours, Poutine a appelé cette guerre par son nom », a déclaré un porte-parole du département d’État. […]

Le communiqué explique qu’indépendamment du changement de terminologie désormais apparent de Poutine, il n’en demeure pas moins que « l’agression de la Russie contre son voisin souverain a entraîné la mort, la destruction et le déplacement. » […]

Le choix sans précédent du mot « guerre » par Poutine est intervenu le lendemain de la visite du président ukrainien Zelenski à Washington, où il a rencontré le président Biden et prononcé un discours devant le Congrès, où il a promis une « victoire absolue ». Tout au long de l’invasion, les responsables du Kremlin ont soigneusement évité d’utiliser le terme « guerre » pour décrire l’invasion de l’Ukraine. »

L’intervention la plus intéressante est évidemment du côté américaniste. Chez les Russes, le changement de terminologie est complètement en accord avec les derniers événements et les dernières prises de position de la direction. Pour la Russie, le conflit a pris une telle dimension opérationnelle sans aucune possibilité de négociations sérieuses et crédibles, alors que l’adversaire s’est révélé être, non pas l’Ukraine mais l’OTAN (le « Collective West ») ; par conséquent, ce n’est plus l’OMS initiale, c’est une guerre que la Russie entend gagner parce qu’une défaite signifierait son extinction en tant que nation. Tout cela est logique.

Du côté US, c’est presque l’inverse. La Russie a « reconnu » que l’OMS est en fait une guerre, et c’est par conséquent un premier pas décisif vers… la défaite de la Russie. Va nettement dans ce sens le rapprochement fait dans le texte cité entre « Le choix sans précédent du mot « guerre » par Poutine » et, un peu plus loin, l’allusion à l’intervention de Zelenski devant le Congrès, « où il a promis une « victoire absolue” » sur la Russie. Par ailleurs, c’est encore plus net lorsque, dans la déclaration du porte-parole, il est dit que Poutine ayant reconnu que c’est une « guerre », – il poursuit in fine qu’il est donc tout à fait logique que la Russie poursuivre ce « retour au réel » et reconnaisse sa défaite…

« …Comme prochaine étape pour reconnaître la réalité, nous exhortons [Poutine] à mettre fin à cette guerre en retirant ses forces de l’Ukraine. »

L’intérêt de cette mise en parallèle des deux interprétations repose évidemment sur le mot « réalité », – et aussi, bien entendu et fondamentalement, si les deux partis, Russie et USA, ont la même définition, la même interprétation de ce mot. C’est sur ce point que reposent toute l’originalité, toute la véritable nouveauté de l’événement (l’événement étant à la fois la confrontation du concept de « guerre » par rapport à ce qui se passe en Ukraine, et « la réalité » de la guerre).

 

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La mobilisation c’est la guerre

Arrivés à ce point, il est bienvenu de jeter un coup d’œil embrassant l’état de mobilisation industrielle pour la guerre des deux puissances :

• L’effort de mobilisation de l’industrie militaire russe est absolument considérable. Manifestement, il s’agit d’équiper le pays pour une guerre générale, dont le symbolisme est extrêmement proche de la Grande Guerre patriotique (1941-1945). La mobilisation de l’industrie militaire a très largement commencé au cours de l’année 2022, montrant par-là que l’argument de communication initial selon lequel l’opération en Ukraine (OMS) prétendait être de courte durée n’a absolument pas interféré sur une dynamique immédiatement mise en marche ; et il est aussitôt apparu que cette mobilisation industrielle était manifestement faite pour être de longue durée, anticipant la prospective de conflit(s) de longue durée pouvant aller jusqu’à un conflit général de type « mondial ».

Cet effort est en constante accélération, intégrant le fait que l’OMS est devenue une « guerre » et que rien, absolument rien ne dit qu’elle restera limitée à l’Ukraine. Il y a là une vision à long terme de la Russie qui n’a cessé de se renforcer depuis 2014 selon laquelle un affrontement général avec « l’Ouest collectif » est inévitable.

Il faut ajouter pour préciser les conditions de cette guerre du point de vue de l’adversaire de la Russie que cette expression de « Ouest collectif » n’a aucune signification géopolitique stable. Pour la Russie, « l’Ouest collectif » c’est le binôme OTAN-USA, qui n’empêche en rien que certains pays inclus dans ce binôme (notamment par l’appartenance à l’OTAN) rompent ce lien et se trouvent ainsi passer hors de « l’Ouest collectif ».

Pour avoir une bonne idée du détail de cet effort de mobilisation industrielle, de nombreuses sources indépendantes et dissidentes donnent des indications très précises. Comme exemples, on citera notre source Christoforou-Mercouris, les 23 et 24 décembre.

• Il n’y a pas d’équivalent du côté du « Collective West » à l’effort organisé de mobilisation de l’industrie côté russe. On a beaucoup documenté cet aspect, qui est résumé par cette remarque d’une source indépendante à Washington :

« La base industrielle de défense américaine s’est détériorée depuis la fin de la guerre froide, – en particulier pour les munitions et les missiles, – ce qui la rend incapable de répondre aux besoins militaires des États-Unis, sans parler de ceux de leurs alliés et partenaires. »

D’une façon plus générale, on reprendra cette citation d’un article de RT cité sur ce site il y a trois jours dans un texte s’attachant à l’état d’impréparation des USA :

« Les combats en Ukraine ont « exposé les failles de la planification stratégique américaine » et « révélé des lacunes importantes » dans la base industrielle militaire des États-Unis et de l’OTAN, a rapporté vendredi le Washington Post. Alors que les forces de Kiev consomment plus de munitions que l’Occident ne peut en produire, le Pentagone cherche à faire face en les entraînant à se battre davantage comme des Américains.

« Les stocks de nombreuses armes et munitions clés sont presque épuisés, et les délais d’attente pour une nouvelle production de missiles s’étendent sur des mois et, dans certains cas, des années », note le Washington Post, dans le cadre d’un récit sur la façon dont les États-Unis ont acheminé quelque 20 milliards de dollars d’aide militaire à Kiev rien que cette année. Sur cette somme, seuls 6 milliards de dollars ont été consacrés à de nouveaux contrats d’armement, le reste provenant des stocks du Pentagone.

« Le complexe militaro-industriel américain peut fabriquer environ 14 000 munitions pour les obusiers de 155 mm, a indiqué le Post en citant la secrétaire d’État américaine à l’armée Christine Wormuth, alors que les forces ukrainiennes en utilisent environ 6000 par jour lors des combats intenses.

« Le complexe militaro-industriel américain est « en assez mauvais état en ce moment », a déclaré au Post Seth Jones, du centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) basé à Washington. « Nous sommes vraiment bas… et nous ne nous battons même pas », a déclaré Jones, ajoutant que dans les scénarios où les États-Unis affrontent la Chine ou la Russie dans un conflit conventionnel, « nous ne dépassons pas quatre ou cinq jours de guerre avant d’être à court de missiles de précision ». »

Le plus extraordinaire et le plus important, c’est qu’en neuf mois (beaucoup plus si l’on accepte les affirmations de Merkel, – qui mettrait désormais en doute la parole de l’ex-chancelière ?! — selon laquelle le conflit était préparé, en Ukraine et dans « l’Ouest Collectif », depuis 2014), – c’est à dire qu’en huit ans le « Collective West » a été totalement, absolument, catastrophiquement impotent dans l’évidente nécessité d’insuffler un peu d’ardeur et de productivité dans sa base industrielle militaire en vue d’un conflit conventionnel de haute intensité. Au contraire, la détérioration s’est poursuivie à bon train, pour un matériel formidablement complexe et fragile, couteux et opérationnellement catastrophique.

Note de PhG-Bis : « J’extorque à PhG une illustration très sexy de cette situation avec la décision d’Israël d’interdire de vol une partie de sa flotte de F-35B/JSF suite à un grave accident. Le JSF, on connaît dans ces colonnes ! Il s’agit de l’avion du type « dernier cri », – « cri de désespoir », si l’on veut – mis en service à partir de 2016-2017 alors que son développement avait commencé en 1994, qui n’a jamais participé à un combat, sans doute parce que  trop précieux… Tout de même, cette interdiction de vol montre au moins qu’Israël fait voler ses F-35, ce dont nous étions nombreux à douter. »

 

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La charge des parallèles

Le plus enrichissant dans cette problématique, à notre sens, c’est d’en revenir aux remarques d’entrée du texte sur l’interprétation de l’évolution sémantique de Poutine de « OMS » à « guerre ». C’est-à-dire qu’il y a deux univers séparés, dont l’un négocie avec la réalité, et l’autre ne cesse de parfaire un simulacre représentant le monde tel que ses initiateurs ont décidé qu’il est. On devinera, sans même nécessité de prendre parti, qui est qui et qui est l’autre dans cette partie…

Pour les Russes, cela signifie que la guerre commence réellement dans ses dimensions désormais inévitables ; pour les USA et le bloc-BAO cela signifie que la « victoire » est un fait acquis puisqu’il y a « guerre ». Le « Enfin, après 300 jours Poutine a appelé cette guerre par son nom » signifie en réalité (!!) : « Enfin, après 300 jours Poutine a reconnu sa défaite ». C’est en effet une extraordinaire attitude que de dire, d’une façon aussi automatique qu’assurée alors que les situations matérielles de guerre sont ce qu’on a vu qu’elles sont et que la remarque vient de celui qui a la situation la plus déplorable : « Il y a guerre, donc nous avons gagné ».

On dira : « c’est de la propagande », et cela ne suffira pas. La propagande est une déformation consciente de la réalité à son avantage. Dans le cas qui nous occupe, il n’y a pas « déformation de la réalité » mais certitude que ce que l’on serait conduit à définir objectivement comme de la propagande est objectivement la réalité même pour ceux qui la développent. Il s’agit bien d’un simulacre qui constitue une construction imaginaire d’une vérité-de-situation absolument faussaire ; et c’est une construction dont nul parmi les architectes (les constructionnistes) ne met en doute un instant ce caractère de vérité-de-situation.

Cela ne signifie pas nécessairement une absence complète d’intelligence ni une démarche volontaire d’une sorte d’auto-simulacre, d’une tromperie assumée, etc., de la part de ceux qui se conduisent de la sorte, – les élites de « l’Ouest collectif ». Un bon exemple est celui du sénateur républicain US Lindsay Graham qui explique depuis plusieurs mois (notamment lors de la visite de Zelensky), références techniques et technologiques à l’appui, qu’une accentuation « raisonnable » de l’aide à l’Ukraine aboutira très rapidement (si ce n’est déjà fait ?) à l’effondrement de l’armée russe, à une défaite russe, à une chute de Poutine (par assassinat éventuellement) et à un démantèlement de la Russie. Tout cela est dit avec la plus parfaite maîtrise et selon une logique qui, une fois qu’elle a été orientée fans le sens du simulacre, est absolument justifiable et intellectuellement impeccable.

Graham est le même homme qui, durant les deux procédures en destitution de Trump (automne 2020 et janvier 2021), – et sans pour cela épouser les thèses de Trump bien au contraire et tant s’en faut, – a critiqué avec une efficacité et une logique extrême conformes à la vérité-de-situation les procès d’intention, sinon d’imagination, intentés par les démocrates contre le président. Il s’érigeait alors en impeccable démolisseur de simulacre dans le domaine du droit et de la légitimité du pouvoir. Il intervint avec la même logique, la même intransigeance intellectuelle que celles qu’il montre aujourd’hui en faveur de Zelensky et d’une perception totalement faussaire de la situation en Ukraine qui est un cas remarquable puisque soutenue par un formidable et incontestable dossier historique, – depuis 1989 -1991 et 2014. (À l’inverse, par exemple, des polémiques telles que celle du Covid-19, celle-ci étant au départ et pendant quelques mois beaucoup plus incertaine.)

Il ne peut donc être question de corruption, de mauvaise foi ou de tromperie délibérée, dans l’un ou l’autre cas. Il y a donc, pour ce qui concerne l’Ukraine, une question de choix intellectuel, et celui-ci ne peut être fait qu’en fonction d’une vérité-de-situation défendue par des gens comme Macgregor, Ritter, Sachs, Mercouris, Baud, etc., – toutes personnes éminemment qualifiées et impeccablement expérimentées pour rendre compte de cette vérité-de-situation. Tous ces gens sont en complète opposition avec un Lindsay Graham, et un certain nombre de personnes de son calibre (on laisse de côté la nuée des mouches du coche-à-merde corrompues jusqu’à la moelle et également ignares).

L’Ukraine s’impose ainsi comme un cas proche de la perfection où l’extraordinaire puissance du simulacre monté par la communication oppose une résistance farouche à la vérité-de-situation. Cela rend l’issue de cette polémique extrêmement difficile à déterminer, et introduit ainsi une extraordinaire dangerosité dans le chef du développement d’une guerre réelle. Reste irrésolue la question de la source de cette puissance du simulacre dans le sens où elle va, – l’action d’influence de « mouches du coche-à-merde » tels les neocons étant totalement insuffisante pour générer une telle puissance ; et bien sûr, en ayant à l’esprit que cette puissance produite par le Système est le seul développement capable de détruire ce même Système par une catastrophe de quelque ordre que ce soit (militaire, communication, psychologie), – confirmant ainsi l’hypothèse surpuissance-autodestruction. La référence à des forces supra-humaines comme explication devient, une fois de plus, une hypothèse impossible à écarter.

source : Dedefensa

 

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Une analyse de la nouvelle situation
marquée par l’échec américain en Ukraine

 

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par M.K. Bhadrakumar

Un constat, la rupture.

 

Le président Vladimir Poutine s’est adressé à une réunion élargie du Conseil du ministère russe de la Défense, Moscou, le 21 décembre 2022

Le moment décisif de la conférence de presse du président américain Joe Biden à la Maison Blanche mercredi dernier, lors de la visite du président Zelensky, a été son aveu virtuel qu’il est contraint dans la guerre par procuration en Ukraine, car les alliés européens ne veulent pas de guerre avec la Russie. 

Pour citer Biden, « Maintenant, vous dites : ‘Pourquoi ne donnons-nous pas tout ce qu’il y a à donner à l’Ukraine ?’ Eh bien, pour deux raisons. Premièrement, il y a toute une alliance qui est essentielle pour rester avec l’Ukraine. Et l’idée que nous donnerions à l’Ukraine du matériel qui est fondamentalement différent de ce qui y va déjà aurait la perspective de briser l’OTAN et de briser l’Union européenne et le reste du monde… J’ai passé plusieurs centaines d’heures face à- face à nos alliés européens et aux chefs d’État de ces pays, et en expliquant pourquoi il était extrêmement dans leur intérêt qu’ils continuent de soutenir l’Ukraine… Ils le comprennent parfaitement, mais ils ne cherchent pas à entrer en guerre avec Russie. Ils ne cherchent pas une troisième guerre mondiale. » 

Biden s’est rendu compte à ce moment-là que « j’en ai probablement déjà trop dit » et a brusquement mis fin à la conférence de presse. Il a probablement réalisé qu’il était en train de s’appesantir sur la fragilité de l’unité occidentale. 

Le fait est que les commentateurs occidentaux oublient largement que l’agenda central de la Russie n’est pas la conquête territoriale – tout comme l’Ukraine est vitale pour les intérêts russes – mais l’expansion de l’OTAN. Et cela n’a pas changé. 

De temps en temps, le président Poutine revient sur le thème fondamental selon lequel les États-Unis cherchaient constamment à affaiblir et à démembrer la Russie.  

Pas plus tard que mercredi dernier, Poutine a invoqué la guerre de Tchétchénie dans les années 1990 — « l’utilisation de terroristes internationaux dans le Caucase, pour achever la Russie et diviser la Fédération de Russie… Ils [les États-Unis] ont prétendu condamner al-Qaïda et d’autres criminels, pourtant, ils considéraient leur utilisation sur le territoire de la Russie comme acceptable et leur fournissaient toutes sortes d’assistance, y compris matérielle, informationnelle, politique et tout autre soutien, notamment militaire, pour les encourager à continuer à se battre contre la Russie. »

Poutine a une mémoire phénoménale et aurait fait allusion au choix prudent de Biden de William Burns comme chef de la CIA. Burns était la personne-ressource de l’ambassade de Moscou pour la Tchétchénie dans les années 1990 ! Poutine a maintenant ordonné une campagne nationale pour extirper les vastes tentacules que les services de renseignement américains ont plantés sur le sol russe à des fins de subversion interne. Carnegie, autrefois dirigé par Burns, a depuis fermé son bureau de Moscou, et le personnel russe s’est enfui vers l’Ouest ! 

Le leitmotiv de la réunion élargie du Conseil du ministère de la Défense à Moscou mercredi, à laquelle Poutine s’est adressé, était la profonde réalité que la confrontation de la Russie avec les États-Unis ne se terminera pas avec la guerre en Ukraine. Poutine a exhorté les hauts gradés russes à « analyser soigneusement » les leçons des conflits ukrainien et syrien. 

Surtout, Poutine a déclaré : « Nous continuerons à maintenir et à améliorer la préparation au combat de la triade nucléaire. C’est la principale garantie que notre souveraineté et notre intégrité territoriale, la parité stratégique et l’équilibre général des forces dans le monde sont préservés. »

Cette année, le niveau d’armements modernes dans les forces nucléaires stratégiques a déjà dépassé 91%. Nous continuons à réarmer les régiments de nos forces de missiles stratégiques avec des systèmes de missiles modernes dotés d’ogives hypersoniques Avangard.

De même, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a proposé lors de la réunion de mercredi un renforcement militaire « pour renforcer la sécurité de la Russie », notamment : 

  • Création d’un groupe de forces correspondant dans le nord-ouest de la Russie pour contrer l’intronisation de la Finlande et de la Suède en tant que membres de l’OTAN ; 
  • Création de deux nouvelles divisions d’infanterie motorisée dans les régions de Kherson et Zaporozhya, ainsi que d’un corps d’armée en Carélie, face à la frontière finlandaise ; 
  • Modernisation de 7 brigades d’infanterie motorisée en divisions d’infanterie motorisée dans les districts militaires de l’Ouest, du Centre et de l’Est et dans la Flotte du Nord ; 
  • Ajout de deux autres divisions d’assaut aérien dans les forces aéroportées ;
  • Fourniture d’une division d’aviation composite et d’une brigade d’aviation de l’armée avec 80 à 100 hélicoptères de combat au sein de chaque armée interarmes (chars) ; 
  • Création de 3 commandements de division aérienne supplémentaires, de huit régiments d’aviation de bombardiers, d’un régiment d’aviation de chasse et de six brigades d’aviation de l’armée ; 
  • Création de 5 divisions d’artillerie de district, ainsi que de brigades d’artillerie super lourdes pour la constitution de réserves d’artillerie le long de l’axe dit stratégique ; 
  • Création de 5 brigades d’infanterie navale pour les troupes côtières de la Marine sur la base des brigades d’infanterie navale existantes ; 
  • Augmentation de la taille des forces armées à 1,5 million de militaires, dont 695 000 personnes sous contrat.

Poutine a résumé : « Nous ne répéterons pas les erreurs du passé… Nous n’allons pas militariser notre pays ou militariser l’économie… et nous ne ferons pas des choses dont nous n’avons pas vraiment besoin, au détriment de notre peuple et de l’économie, la sphère sociale. Nous améliorerons les forces armées russes et l’ensemble de la composante militaire. Nous le ferons calmement, régulièrement et de manière cohérente, sans hâte ». 

Si les néoconservateurs aux commandes du Beltway voulaient une course aux armements, ils l’ont maintenant. Le paradoxe, cependant, est que cela va être différent de la course aux armements bipolaire de l’époque de la guerre froide. 

Si l’intention américaine était d’affaiblir la Russie avant d’affronter la Chine, les choses ne fonctionnent pas ainsi. Au lieu de cela, les États-Unis s’enferment dans une confrontation avec la Russie et les liens entre les deux grandes puissances sont à un point de rupture. 

La Russie s’attend à ce que les États-Unis annulent l’expansion de l’OTAN, comme promis aux dirigeants soviétiques en 1989. 

Les néoconservateurs s’attendaient à un « gagnant-gagnant » en Ukraine : défaite russe et fin honteuse de la présidence de Poutine . 

Une Russie affaiblie, comme dans les années 1990, à la recherche d’un nouveau départ ; consolidation de l’unité occidentale sous une Amérique triomphante ; un coup de pouce massif dans la lutte à venir avec la Chine pour la suprématie dans l’ordre mondial ; et un nouveau siècle américain sous « l’ordre mondial fondé sur des règles ». 

Mais au lieu de cela, cela s’avère être un Zugzwang classique  dans la phase finale – pour emprunter à la littérature d’échecs allemande – où les États-Unis sont dans l’obligation de faire un geste sur l’Ukraine, mais quel que soit le geste qu’ils feront ne fera qu’aggraver leur position géopolitique. 

Biden a compris que la Russie ne peut pas être vaincue en Ukraine ; il a compris également le peuple russe n’est pas non plus d’humeur à une insurrection. 

La popularité de Poutine monte en flèche, car les objectifs russes en Ukraine sont progressivement réalisés. Ainsi, Biden a peut-être un vague sentiment que la Russie ne voit pas exactement les choses en Ukraine comme un binaire de victoire et de défaite, mais se prépare à long terme pour trier l’OTAN une fois pour toutes

La transformation de la Biélorussie en un État « à capacité nucléaire » porte un message profond de Moscou à Bruxelles et à Washington. Biden ne peut pas le manquer. (Voir mon blog « La boussole nucléaire de l’OTAN rendue inutilisable », Indian Punchline, 21 décembre 2022)

Logiquement, l’option ouverte aux États-Unis à ce stade serait de se désengager. 

Mais cela devient un aveu abject de défaite et signifiera le glas de l’OTAN, et le leadership transatlantique de Washington sera kaput. Et, pire encore, les grandes puissances d’Europe occidentale – l’Allemagne, la France et l’Italie – pourraient commencer à chercher un modus vivendi avec la Russie.  Surtout, comment l’OTAN peut-elle survivre sans « ennemi » ?

De toute évidence, ni les États-Unis ni leurs alliés ne sont en mesure de mener une guerre continentale. Mais même s’ils le sont, qu’en est-il du scénario émergent en Asie-Pacifique, où le partenariat « sans limites » entre la Chine et la Russie a ajouté une couche intrigante à la géopolitique ?

Les néoconservateurs du Beltway ont mordu plus que ce qu’ils pouvaient mâcher. Leur dernière carte sera de faire pression pour une intervention militaire directe des États-Unis dans la guerre d’Ukraine sous la bannière d’une « coalition des volontaires ». 

M.K. Bhadrakumar

source : Indian Punchline via Bruno Bertez

 

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Pourquoi la Russie, qui dépense un
vingtième de ce que dépensent les États-Unis
dans le domaine militaire, est militairement
plus performante

 

 

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par Eric Zuesse

Alors qu’aux États-Unis (qui fabriquent et vendent la moitié de toutes les armes de guerre du monde), les fabricants d’armes de guerre sont des sociétés privées qui ne réussissent qu’à enrichir leurs investisseurs, les fabricants d’armes de guerre russes sont majoritairement détenus par le gouvernement et ne réussissent qu’à gagner les guerres de la Russie – en servant le gouvernement, qui contrôle ces sociétés, au lieu de servir les investisseurs privés, qui contrôlent le gouvernement lui-même par le biais de lobbying et de dons politiques.

Aux États-Unis, les fabricants d’armes contrôlent le gouvernement afin de contrôler leurs marchés, qui sont leur propre gouvernement et, accessoirement, ses gouvernements « alliés » ou vassaux (qui achètent également leurs produits). La Russie n’a jamais privatisé ses industries de guerre ; elles servent donc le gouvernement – le public, et non les investisseurs (qui, à leur tour, contrôlent le gouvernement afin de pouvoir contrôler ces sociétés).

Depuis la guerre ratée des États-Unis contre le Vietnam, le gouvernement américain est habitué aux échecs militaires. Cette guerre a commencé en 1954 lorsque le président Eisenhower a « envoyé 700 conseillers militaires au Sud-Vietnam » sans demander l’approbation du Congrès, et en violation de l’exigence constitutionnelle américaine selon laquelle il ne doit pas y avoir d’armée permanente américaine et donc explicitement que ce n’est qu’après une déclaration de guerre du Congrès qu’un président peut envoyer des forces américaines dans un pays étranger.

Ike s’est appuyé sur le précédent de son prédécesseur immédiat, le président Truman, qui avait fait la même chose (violé la Constitution) en envoyant une force pour une « action de police » (en mentant sur le fait qu’elle n’était pas militaire) pour commencer sa guerre de conquête de la Corée en appliquant l’ordre général n°1 de Truman, le 17 août 1945, pour empêcher les forces de la Corée du Nord d’avancer en Corée du Sud.

Ike a ensuite caché à JFK ce piège et d’autres qui l’attendaient au Vietnam et à Cuba. Selon la description faite par JFK de sa rencontre du 19 janvier 1960 avec Ike avant sa prise de fonction, JFK a déclaré, à propos du Vietnam, « Eisenhower ne l’a jamais mentionné, n’a jamais prononcé le mot Vietnam ». Ike n’a jamais mentionné les 700 soldats au Vietnam, mais JFK a constaté qu’il en avait hérité.

Donc, « En mai 1961, Kennedy a envoyé 500 conseillers américains de plus au Vietnam » – il a simplement poursuivi la politique anticonstitutionnelle d’Ike là-bas ; c’était la voie de la moindre résistance. Cependant, il a vite appris que c’était une terrible erreur, et qu’Ike avait silencieusement laissé des champs de mines pour lui et avait pour but de faire blâmer ses successeurs pour les décisions désastreuses d’Ike (ce que Kennedy a appris trop tard). « Au début du mois de novembre 1963, le nombre de conseillers militaires américains avait atteint 16 000 », mais Kennedy savait déjà qu’il était piégé et qu’il serait attaqué notamment par les républicains s’il changeait de cap. Il était juste en train d’apprendre les ficelles du métier, et commençait à réfléchir à la manière de changer de cap, lorsqu’il a été assassiné (et son vice-président Johnson a poursuivi ces erreurs).

Cette guerre s’est terminée par une défaite américaine lorsque le président Ford a retiré les dernières troupes américaines du Vietnam par hélicoptères le 30 avril 1975. (Il n’a, bien sûr, pas réussi à se faire élire. Son successeur, Carter, n’a ensuite pas réussi à se faire réélire, parce que Ike avait volé l’Iran en 1953 et que Carter a souffert de la ferveur anti-américaine iranienne qui en a résulté en 1979, ce qui a condamné sa campagne et amené le président Reagan).

Par la suite, les seules guerres américaines réussies ont été deux guerres très limitées, toutes deux menées par le président GHW Bush : l’une pour saisir et capturer le dirigeant et trafiquant de drogue Manuel Noriega au Panama le 3 janvier 1990 ; l’autre pour expulser les forces irakiennes du Koweït du 24 au 28 février 1991.

Les autres guerres de l’Amérique ont été des échecs, ou, au mieux, des échecs partiels :

  • Grenade en octobre 1983,
  • Beyrouth en 1983-4,
  • la Libye en 1986 et à nouveau en 2011,
  • Somalie 1992-95,
  • Haïti 1994-5,
  • Yougoslavie 1995-2000,
  • Afghanistan 2001-2021,
  • Philippines 2002-2017,
  • Irak 2003-22,
  • Libye 2011-2022,
  • Syrie 2012-2022, et
  • Ukraine (coup d’État) 2014-2022.

(Elles ont tous été des succès pour les fabricants d’armes américains, cependant).

Aucune des invasions américaines après la Seconde Guerre mondiale n’était justifiée, et aucune d’entre elles n’était en accord avec la Constitution américaine.

Toutes ont été faites dans le but d’utiliser, de tester, d’user et de remplacer les armes américaines, afin d’augmenter le volume des ventes et d’enrichir les donateurs politiques, qui ont fait élire les membres du Congrès qu’ils voulaient voir élus, pour voter en faveur de ces invasions et des crédits militaires. Le système a réussi à faire ce pour quoi il a été conçu : produire des profits pour les sociétés internationales américaines, dont les propriétaires contrôlent le gouvernement américain.

Et puis il y a les nombreuses autres guerres non déclarées du régime américain, qui sont des partenariats avec des régimes alliés des États-Unis dans lesquels les États-Unis ne fournissent que l’armement et la formation, mais pas de combattants directs, comme dans le partenariat des États-Unis avec les Saoud pour prendre le contrôle du Yémen – provoquant une famine massive au Yémen. (Cela brûle beaucoup d’armes américaines, ce qui fait également augmenter les ventes d’armes et les profits des États-Unis).

La Russie a dépensé 70 milliards de dollars par an pour l’ensemble de son armée ; les États-Unis ont dépensé (pas seulement dans son département de la « Défense » mais dans tous les départements) environ 1,5 trillion de dollars par an pour leur armée.

Dans les technologies militaires cruciales, la Russie est le leader mondial.

Par exemple, le 23 décembre, South Front titrait « Le missile hypersonique Kinjal s’est avéré inarrêtable en Ukraine : le chef de l’armée russe », et ce n’est pas une simple vantardise de la part de la Russie ; c’est vrai (de tels missiles seraient inarrêtables pour n’importe quelle nation).

En outre, le 14 novembre, j’ai titré « Le GAO américain constate que la défaillance est la norme dans les avions militaires américains ». C’est ce qui arrive quand les fabricants militaires servent leurs investisseurs au lieu du public.

Le 17 juin, l’expert militaire américain Alex Vershinin a titré au Royal United Services Institute du Royaume-Uni, « Le retour de la guerre industrielle », sur l’infériorité militaire des États-Unis par rapport à la Russie, et il a affirmé – sans le mentionner ni même en montrer la moindre conscience – que le remplacement de l’industrialisation (l’économie manufacturière) par la financiarisation (l’économie des services financiers) a eu pour effet de vider l’armée américaine.

Je dirais plus spécifiquement que la corruption intense qui en résulte dans l’armée américaine a fait cela.

Le département de la « Défense » des États-Unis est le SEUL département fédéral qui ne peut pas être contrôlé.

Ses possibilités de corruption sont illimitées (ou alors elles ne sont limitées que par la valeur du dollar, ce qui signifierait que la valeur internationale du dollar est vouée à s’effondrer un jour, comme ayant été l’ultime schéma de Ponzi). En fait, les milliers de milliards de dollars de dépenses du Pentagone ne peuvent tout simplement pas être tracés. Personne ne sait, ou ne peut savoir, où ils sont allés.

Une autre raison pour laquelle la Russie obtient un rendement bien supérieur pour chaque dollar dépensé dans le domaine militaire est qu’alors que l’armée américaine est conçue pour étendre l’empire américain dans le monde entier, celle de la Russie est conçue pour protéger l’indépendance souveraine de la nation et pour repousser l’objectif constant des États-Unis (depuis 1945) de faire de la Russie un autre « allié » (nation vassale) des États-Unis.

Alors que les milliardaires américains dirigent l’armée américaine pour accroître leur empire, la population russe dirige l’armée russe pour la protection et la survie même de la nation.

Il n’y a aucune preuve – aucune – que la Russie, qui dépense 70 milliards de dollars par an pour son armée, soit militairement inférieure aux États-Unis, qui dépensent 1,5 trillion de dollars par an pour leur armée.

Dans un pays qui dépense 20 fois plus pour son armée mais qui obtient une infériorité militaire au lieu d’une supériorité militaire, il est essentiel de tromper le public (afin de fonctionner comme une « démocratie », ce dont le gouvernement américain a besoin pour pouvoir qualifier de « dictature » tout pays qu’il cherche à conquérir – ou à faire changer de régime). Et c’est ainsi que les choses se passent, et se sont passées, depuis des décennies maintenant. Ainsi, l’armée est, au moins depuis 2001, l’institution la plus respectée de toutes, par le peuple américain. La ruse a été très efficace.

source : The Duran

traduction Réseau International

 

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