COLLEGIENS ABUSES ET ABUSIF
COLLEGIENS ABUSES ET ABUSIF
Editorial Politique par Michel de PONCINS
La prétendue grève des collégiens nous renvoie comme dans un miroir les différents aspects du désastre français et en particulier la déroute de la morale élémentaire.
Nous avons tous un mélange de devoirs et de droits dans tous les domaines et les collégiens comme les autres à partir du moment où ils ont atteint l'âge de raison. En ce qui concerne l'école leur seul devoir et leur seul droit est de s'y instruire pour apprendre le plus rapidement possible ce qu'ils ne savent pas et ce qu'ils ne sauront jamais s'ils ne l'apprennent pas. Voici qu'ils manifestent par milliers ; ils sont mis en vedette par les médias et se mettent à battre la semelle dans la rue soi-disant pour sauver leurs retraites. Bien sûr ces médias complices n'interrogent pas les millions de lycéens qui ne souhaitent que de continuer à travailler alors que les autres veulent les en empêcher.
Comment se peut-il que des gamins de 15 ans
pensent à leurs retraites et justement se préparent à la saboter en détruisant
l'école ? Un journaliste a dit que c'était un réflexe de vieux ; sont-ils vieux
avant l'âge ?
Simultanément beaucoup d'entre eux portent atteinte à la liberté de leurs camarades en les empêchant de travailler. Ils violent aussi le droit de propriété en empêchant d'accéder dans les écoles ; des centaines d'établissements ont été perturbés avec en plus l'organisation de votes pour savoir si le mouvement devait continuer : c'est un viol de la liberté de travailler. Ils volent le temps des professeurs tout au moins de ceux qui ne sont pas solidaires de ces manifestations.
Le journal Le Monde titre : « Dans la rue la jeunesse se bat pour son emploi de demain ». Ce n'est pas vrai car en descendant dans la rue la jeunesse détruit son emploi de demain.
Dans la même ligne un écolier de seize ans déclare à un journal : « Je pense que la réforme des retraites aura des conséquences néfastes sur l'emploi des jeunes ». Répétant ce que disent les journaux, il imagine que si les anciens travaillent plus longtemps ils vont enlever du travail aux jeunes alors que c'est tout le contraire : tout travailleur crée du travail autour de lui et le travail n'est pas une quantité finie ; elle est infinie si les pouvoirs publics n'empêchent pas les gens de travailler.
Un autre déclare à 14 ans : « Je suis dans la rue surtout pour montrer mon mécontentement quant à la réforme du lycée ». Un autre de 15 ans déclare manifester depuis les discours de la droite sur la manipulation des jeunes par les syndicats ; or cette supposée droite est singulièrement tiède à ce sujet.
Ces collégiens sont à la fois abusés et abusifs et nous sommes conduits à chercher des explications.
La première doit être recherchée du côté des parents.
Il y a probablement un manque d'autorité de leur part ; l'esprit soixante-huitard a détruit l'autorité à la fois des professeurs et des parents ainsi que de bien d'autres. Pire encore, il est possible de penser que beaucoup de parents pensent qu'il est normal et légitime d'envoyer leurs enfants manifester ceci pour appuyer des revendications dont ils sont eux-mêmes les porteurs ; ce faisant, ils jouent avec le feu et se rendent complices, ce qui n'est pas étonnant dans le désordre général des esprits.
Une autre explication vient de l'enseignement de l'économie dans la prétendue éducation prétendue nationale. L'économie est enseignée principalement dans le sens marxiste avec une glorification des syndicats ainsi que de la grève comme moyen d'action. Pas de place du tout ou très peu pour les entreprises qui sont pourtant au coeur de l'économie et qui seules créent de la richesse ; il n'est pas étonnant dans ce cas que les gamins pensent que en battant la semelle dans la rue ils y feront pousser le blé.
Le vol et la dégradation des biens n'est pas considérée par l'opinion publique comme une faute grave et sauf erreur de notre part il ne semble pas que le vol soit puni de prison.
Le rôle des partis et des syndicats qui leur sont plus ou moins agrégés est également significatif. On a vu les partis d'opposition manifester une discrète satisfaction à la perspective qu'il pourrait peut-être y avoir des désordres et ceci quels que soient les effets de ces désordres y compris sur la sécurité des enfants. Effectivement il y a eu beaucoup de casse avec des dégâts physiques et de violents incidents.
Quant au parti de la majorité, nous avons eu droit à quelques mises en garde sans grande signification. Il aurait fallu que la plus haute autorité de l'État appelle carrément les jeunes à reprendre le travail en leur disant que leur seule façon de préparer leur avenir est de travailler et de s'instruire pour créer ensuite de la richesse seule méthode d'assurer leur propre avenir.
Enfin mentionnons que la prétendue réforme annoncée des retraites n'est pas du tout une réforme mais un simple ajustement des compteurs comme il s'en est produit depuis des décennies. La vraie réforme, qui serait une large ouverture à la retraite par capitalisation ce qui a fait ses preuves dans plusieurs pays du monde, n'a été évoquée que pour l'exclure absolument.
Quelles sont-elles maintenant ?
Il faut rappeler d'abord que plusieurs gouvernements ont dû reculer devant des manifestations de jeunes ce qui montre que ce n'est pas nouveau : ce fut le cas de Chirac, Villepin et Balladur. Personne ne peut donc savoir ce qui va se passer et l'on pourrait même assister à un renouveau de 1968 tant le mécontentement est grand dans le pays et, ceci, à la mesure du socialisme dans lequel le pouvoir se complaît.
Il est triste aussi de remarquer que tout cet épouvantable remue-ménage des adultes et des lycéens créé le chômage par l'accélération des délocalisations d'usine : comment investir dans un pays où le désordre est permanent et où la grève est une habitude générale ?
La conclusion est qu'un jour il faudra un véritable redressement intellectuel et moral et nul ne sait qui l'accomplira ni comment.
Michel de Poncins
Sur le site de TOCQUEVILLE MAGAZINE
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un article: LETTRE D'AMERIQUE de HENRI- PAUL HUDE