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3 avril 2022

GUERRE UKRAINE-RUSSIE ...MONTEE DES TENSIONS par Thierry MEYSSAN éditorialiste du Réseau VOLTAIRE

Guerre d’Ukraine – Samedi 2-
Dimanche 3 avril 2022 –
Jour 38-39 – milieu d’après-midi

 

Le Courrier des Stratèges publie quotidiennement un bilan de l’évolution de la Guerre d’Ukraine. Avec une double perspective, croisée: la guerre sur le terrain; et le conflit stratégique global que les Etats-Unis essaient d’organiser contre la Russie – en prenant le risque très clair d’une escalade entre puissances nucléaires. Nous sommes dans une "crise des missiles de Cuba" au ralenti. L'instinct de survie et l'intelligence l'emporteront-ils sur le potentiel d'auto-destruction de l'humanité? Après un mois de conflit, il apparaît (1) que la Russie a initié une véritable révolution militaire, fondée sur la supériorité (pour l'instant) absolue que lui donnent les armes hypersoniques; (2) que la plus grande partie de la planète ne veut pas entrer dans une confrontation avec la Russie orchestrée par les Etats-Unis; (3) que l'on assiste à la fin du système monétaire mondial fondé sur le dollar et à la naissance d'un nouveau système "poly-monétaire".

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Les opérations militaires

+ Internet a procuré une immense libération pour qui veut s’informer. Rappelons-nous la Guerre du Kosovo, en 1999. Il fallait zapper d’une chaîne de télévision à l’autre pour apercevoir les failles du récit officiel de l’OTAN. Progressivement, avec le développement d’internet et la naissance d’un journalisme indépendant des médias subventionnés ou possédés par de grandes entreprises; avec la multiplication des témoins munis d’un smartphone, en somme la multiplication des sources d’information,  il est devenu possible de procéder à une veille indépendante. Naturellement cela ne pourra se pratiquer largement qu’à condition d’éduquer à l’école des esprits libres. 

+ On ne perdra pas de temps à réfuter les fantaisies de beaucoup de commentaires occidentaux. Vu le basculement historique que nous sommes en train de vivre, il serait temps de devenir sérieux. 

– depuis deux semaines au moins, il est devenu clair que les Russes n’avaient pas pour objectif de prendre Kiev. 

– L’offensive vers Kiev a permis de fixer une partie de troupes ukrainiennes – qui aujourd’hui partent vers le Donbass. Il s’agissait de pouvoir aborder l’offensive contre le gros de l’armée ukrainienne au Donbass dans les meilleures conditions – permettre aux unités des républiques sécessionnistes de  Lougansk et de Donetsk mais aussi aux troupes russes arrivant depuis le nord et le sud pour prendre en tenailles l’armée ukrainienne regroupée face au Donbass, de lancer la bataille décisive dans les meilleures conditions. 

– Les Russes n’ont pas abandonné les positions qu’ils tiennent dans les environs de Kiev. Ils ont retiré une partie de leurs unités. Les Ukrainiens proclament qu’ils ont libéré des lieux que les Russes n’avaient pas encore pris.  Lorsque les Ukrainiens montrent des photos de carcasses de chars ou de pièce d’artillerie détruites, ce sont les restes d’une bataille où ils ont eux-même abandonné beaucoup de matériel. 

On comprend que la propagande ukrainienne y aille à fond. Il ne lui reste plus grand chose d’autre à faire – sauf à ce que le gouvernement ukrainien ait la sagesse, pour épargner la vie des soldats et des civils, de demander la paix maintenant. Mais quelle irresponsabilité des Occidentaux! Des agences de relations publiques anglo-saxonnes qui écrivent les scénarios de cette propagande ukrainienne aux naïfs qui croient vraiment que la Russie voulait prendre Kiev et y a renoncé à cause de la résistance des forces ukrainiennes, quelle responsabilité dans la violence en cours ! Tout devrait être fait pour amener le gouvernement ukrainien à sortir du déni de réalité; pour épargner la vie des civils ukrainiens. pour faire sortir l’Amérique du Nord  et l’Union Européenne de leur accès de colère stérile contre la Russie; pour épargner à nos sociétés les retombées de sanctions à l’effet boomerang aussi redoutable pour les pays qui les ont prises qu’elles sont inefficaces vis-à-vis de la Russie. 

Hier 2  avril 2022, alors que la préparation de l’offensive contre le réduit ukrainien à l’ouest du Donbass se poursuit, l’armée russe a procédé à un certain nombre de frappes stratégiques, Certaines relèvent de la destruction systématique, entreprise depuis le 24 février, des infrastructures et des matériels militaires ukrainiens; d’autres relèvent de la préparation de la bataille du Donbass. 

Le 2 avril, le ministère russe de la défense a annoncé que plus de 100 membres des forces pro-Kiev ont été éliminés [le 31 mars] lors de la récente frappe sur un QG militaire dans la ville de Kharkiv.

“La frappe de précision Iskander sur le quartier général de la défense dans la ville de Kharkov le jeudi 31 mars a confirmé l’élimination de plus de 100 nationalistes et mercenaires des pays occidentaux”, a déclaré le ministère russe de la défense dans un communiqué.

La partie russe a également révélé des détails sur de nouvelles frappes sur l’infrastructure militaire de l’Ukraine, indiquant que les dirigeants ukrainiens ne devraient pas s’attendre à un calme dans ce domaine de sitôt. 

Le ministère de la défense a noté que les forces russes ont effectué une frappe avec des missiles aériens de haute précision sur des cibles près des gares ferroviaires de Lozovaya et Pavlograd. La frappe a détruit des véhicules blindés, des munitions et des réservoirs de carburant envoyés pour renforcer les troupes ukrainiennes dans le Donbass.

Pendant ce temps, l’aérodrome militaire de Mirgorod, dans la région de Poltava, a également été mis hors service et plusieurs hélicoptères et avions de combat ukrainiens trouvés dans ses parkings camouflés, ainsi que des dépôts de carburant et d’armes d’aviation ont été détruits”

Les Russes ont aussi frappé avec un missile Oniks une installation militaire à Chakhtarskie, frappe qui a fait 40 morts dans les rangs ukrainiens. 

“Selon les Russes, au cours de la journée du 2 avril, leur aviation opérationnelle et tactique a touché 28 équipements militaires des forces armées ukrainiennes. Parmi eux : 2 dépôts d’armes de missiles et d’artillerie et de munitions, ainsi que 23 zones de concentration d’armes et d’équipements militaires ukrainiens.”

Récapitulatif: Depuis le début de l’opération, les forces russes affirment avoir détruit 125 avions et 88 hélicoptères, 381 drones, 1 888 chars et autres véhicules de combat blindés, 205 systèmes de roquettes à lancement multiple, 793 pièces d’artillerie de campagne et mortiers, ainsi que 1 771 unités de véhicules militaires spéciaux des forces armées ukrainiennes”. 

En ce qui concerne la guerre au sol: 

La situation sur la ligne de front n’a pas connu de changements majeurs, les combats les plus intenses se déroulant dans la ville de Mariupol”. Les troupes russes et les unités de la République sécessionniste de Donetsk mènent à bien la phase finale de la conquête de la ville. Les membres restants du bataillon Azov se sont regroupés dans les zones du port de la ville et de l’usine Azovstal.

Dans leur propre zone d’opérations, les unités de la République populaire de Lougansk ont poursuivi leur progression sur les positions de la 57e brigade d’infanterie ukrainienne qui cherchent à bloquer Borovskoe par l’est et le sud”.  Les troupes de Lougansk prennent lentement l’avantage. 

“D’intenses duels d’artillerie ont également été signalés autour de Gorlovka et Avdeevka. (…)

En outre, les forces de la Russie et des républiques populaires du Donbass s’efforcent de créer les conditions d’une avancée importante sur la ligne de défense des forces de Kiev à Slaviansk, Kramatorsk et Bahmut. Après avoir sécurisé la zone clé d’Izioum au sud de la région de Kharkov, l’absence de contrôle de l’agglomération de Lisichansk-Severodonetsk reste le principal obstacle dans la région”.

Il est vraisemblable que l’offensive finale dans le Donbass commencera dès la capitulation (ou l’élimination) du Bataillon Azov à Marioupol. 

 

Le conflit géostratégique

Le but de cette chronique est de prendre date. On ne peut que recommander à tous les jeunes Français qui voudraient un jour contribuer à une diplomatie française renouvelée, au service de l’indépendance de notre pays et de l’équilibre des puissances de prendre modèle sur le dernier billet du blog de M.K. Bhadrakumar: 

Extraits: “Le 30 mars, l’état-major russe a présenté un exposé détaillé sur la stratégie militaire qui sous-tend l’opération spéciale en Ukraine et qui a abouti à la décision de réduire les activités militaires dans les régions de Kiev et du nord de Tchernigov.

D’une manière générale, le message du ministère de la Défense [russe] est que le double objectif a été atteint, à savoir, bloquer les forces et les moyens militaires ukrainiens dans la région de Kiev et, d’autre part, empêcher le transfert des forces ukrainiennes des régions occidentale et centrale vers l’est en “utilisant la domination aérienne absolue” et en déployant des armes modernes de haute précision.

Le porte-parole du ministère de la défense a déclaré : “Toutes les principales lignes de communication, d’approvisionnement et d’approche de réserve sont passées sous contrôle total. Les systèmes de défense aérienne de l’Ukraine, l’infrastructure des aérodromes, les principaux dépôts militaires, les centres d’entraînement et de concentration de mercenaires ont été détruits… Ainsi, toutes les tâches principales des forces armées russes dans les directions de Kiev et de Tchernigov ont été accomplies.”

Il est clair que les analystes et les médias occidentaux ont largement perdu le fil dès le premier jour en qualifiant l’opération spéciale russe d'”échec”. Ils ont commis une erreur fondamentale en préjugeant qu’il s’agissait d’une “invasion russe”, alors que Moscou a été très précise en désignant  comme “opération spéciale”  son offensive.

Une invasion exige des résultats quantifiables et visibles, alors qu’une opération spéciale a une dynamique propre où le résultat devient un amalgame de la restauration de la région du Donbass dans ses frontières d’origine, de la sécurité et du bien-être de la population russe, de l’élimination systématique des forces néo-nazies qui ont sévi dans cette partie de l’Ukraine au cours des huit dernières années avec le soutien de l’État, les encouragements des services de renseignement occidentaux et la complicité des autorités de Kiev – et tout cela sans perdre de vue l’usure des ressources militaires et des capacités de combat de l’Ukraine dans son ensemble.

Ce qui ressort aujourd’hui, c’est que l’on comprend mieux l'”opération spéciale” – et cela va jusqu’au chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et au président américain, Joe Biden. L’opération russe se concentre (du moins pour l’instant) presque entièrement sur la région orientale du Donbass où, à Lougansk, plus de 93 % du territoire a été “libéré”, tandis qu’à Donetsk, près de 60 % du territoire est sous le contrôle des forces russes et la résistance résiduelle dans la ville portuaire de Mariupol devrait être éliminée dans la semaine.

La caractérisation ci-dessus fait bien sûr référence à la libération de territoires entiers qui appartenaient à l’origine, avant 2014, aux républiques du Donbass (qui avaient diminué de deux tiers au cours des huit dernières années d’opérations de sécurité ordonnées par Kiev).

Divers facteurs ont fait de cette opération une tâche ardue – principalement, une forte concentration de forces ukrainiennes dans le Donbass avec des éléments néonazis intégrés dans toutes les unités militaires, des colonies bloquées, l’utilisation de “boucliers humains” de Russes ethniques, etc.

Par-dessus tout, les forces ukrainiennes elles-mêmes étaient en état de préparation au combat, certaines de leurs meilleures unités étant déjà déployées dans la région lorsque l’opération russe a commencé le 24 février, avec leur propre plan secret élaboré pour lancer des actions offensives par des groupes de frappe dans la région du Donbass avant la fin du mois.

Certes, les forces ukrainiennes continuent d’amasser des forces dans la région. L’armée russe poursuit également ses frappes précises sur des cibles militaires, qui visent à empêcher les renforts d’atteindre les forces ukrainiennes, alors qu’une bataille majeure s’annonce dans le Donbass, où des dizaines de milliers de forces ukrainiennes sont menacées d’encerclement (…)

Voilà ce que le Quai d’Orsay devrait recevoir actuellement de notre ambassade à Moscou! 

Première caractéristique de ce texte qui a la clarté et l’acuité d’analyse d’une dépêche rédigée par un Chateaubriand ou un Talleyrand moderne: l’auteur ne perd plus de temps à intégrer les discours ukrainiens ou occidentaux, qui ne sont plus que de la “com”; 

Deuxième caractéristique: on comprend que les Occidentaux sont enfermés dans une bulle cognitive, qui les coupe de la manière de penser du reste du monde. A Mexico, à Rio de Janeiro, à Alger, à Riad, à Téhéran, à New Delhi, à Pékin. 

Troisième caractéristique: la complexité d’une stratégie moderne est exposée. Il y a là un vrai défi éducatif et cognitif: pour les Occidentaux, la mondialisation est plate. Pour le reste du monde elle est poly-dimensionnelle.  

+ La Russie se retire – tant que les sanctions dureront – de la station spatiale internationale. “La Russie avait déjà mis fin à sa coopération avec l’Allemagne concernant un télescope spatial – qu’elle a temporairement désactivé – et des expériences sur l’ISS.

Roscosmos s’est également retiré d’un accord de partage de Soyouz avec Arianespace, partenaire de lancement de l’Agence spatiale européenne en Guyane française.

Elle a également menacé de retenir les satellites OneWeb, construits par les États-Unis et détenus par le Royaume-Uni, sans garantie qu’ils ne seront pas utilisés à des fins militaires“.

+ Les  Etats-Unis ne nient plus qu’il y ait eu des laboratoires travaillant pour la guerre biologique en Ukraine. A Pentagone on précise dorénavant que ce n’étaient pas des armes offensives ! 

+ La Commissaire Européenne Margret Vestager a trouvé la parade stratégique contre Vladimir Poutine: prendre des douches courtes !  Visiblement cela fait suffisamment rire les Russes pour qu’ils aient fait une traduction simultanée de l’extrait: 

 

L'émergence d'un monde multipolaire

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Gazprom a arrêté samedi 2 avril le flux de gaz dans le pipeline Yamal-Europe

+ Il ne faut pas se faire d’illusions: tous les gouvernements européens finiront par ouvrir un compte dans une banque russe pour pouvoir continuer à acheter du gaz. Tous….sauf la Grande-Bretagne qui a sanctionné Gazprombank ! 

A noter que le Saint-Siège avait montré l’exemple dès le 31 mars en entrant dans la procédure décidée par la Russie. 

+ La France est-elle prise la main dans le sac d’une collaboration très poussée avec le reste de l’OTAN dans cette guerre d’Ukraine? Il se murmure que si Emmanuel Macron voulait absolument obtenir un couloir d’évacuation humanitaire de Marioupol, c’était pour pouvoir exfiltrer des agents français coincés dans la nasse. On dit aussi que cet incident est la vraie raison du départ forcé du Général commandant la Direction du Renseignement militaire, le Général Vidaud. 

On imagine le dialogue: 

Manu: Oui, alors, Vladimir, je voulais te dire, j’ai eu une idée. Je souhaiterais vraiment que la France contribue à diminuer les souffrances des civils dans ce conflit. C’est pourquoi je voudrais organiser une route d’évacuation des réfugiés par la mer ! 

Vlad: Monsieur le Président, vous comprendrz que ce n’est pas possible. Les couloirs humanitaires vont vers le nord….

Actuellement, on ne sait pas si, dans les passagers abattus des hélicoptères venus chercher des chefs d’Azov, ne s’éaient pas glissés aussi des agents des services occidentaux. 

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MONTÉE DES TENSIONS (11)

Ukraine : la grande manipulation

 

Alors que les révélations se multiplient sur les exactions commises par les bandéristes ukrainiens durant les huit dernières années, les Occidentaux continuent à ne percevoir que la souffrance des populations civiles ukrainiennes. Elles ignorent tout des causes profondes de la guerre, tout autant que des événements qui ont conduit le Kremlin à la déclencher. Peu importe, les bandéristes sont en train de perdre et les grandes puissances préparent la paix.

 

 NORSK PORTUGUÊS РУССКИЙ
Le président Poutine s’expose. Il a réuni 80 000 personnes dans un stade pour célébrer la réunification avec la Crimée et la lutte contre les néo-nazis ukrainiens. Pendant ce temps, à Kiev, aucune foule ne descend dans les rues pour soutenir le président Zelensky qui se cache.

Cet article fait suite à :
 1. « La Russie veut contraindre les USA à respecter la Charte des Nations unies », 4 janvier 2022.
 2. « Washington poursuit le plan de la RAND au Kazakhstan, puis en Transnistrie », 11 janvier 2022.
 3. « Washington refuse d’entendre la Russie et la Chine », 18 janvier 2022.
 4. « Washington et Londres, atteints de surdité », 1er février 2022.
 5. « Washington et Londres tentent de préserver leur domination sur l’Europe », 8 février 2022.
 6. « Deux interprétations de l’affaire ukrainienne », 15 février 2022.
 7. « Washington sonne l’hallali, tandis que ses alliés se retirent », 22 février 2022.
 8. « Vladimir Poutine déclare la guerre aux Straussiens », 5 mars 2022.
 9. « Une bande de drogués et de néo-nazis », 5 mars 2022.
 10 « Israël abasourdi par les néo-nazis ukrainiens »,8 mars 2022.

Les opérations militaires se poursuivent en Ukraine avec deux narrations radicalement différentes selon que l’on écoute les médias occidentaux ou russes. Ces deux versions s’écartent non seulement pour décrire la guerre, mais aussi et surtout pour décrire les buts de cette guerre.

En Occident, le public est persuadé que l’armée russe a d’énormes problèmes logistiques et ne parvient pas à alimenter ses chars en carburant. Ses avions frappent indistinctement des cibles militaires et civiles, détruisant aveuglément des villes entières. Le dictateur Poutine n’en aura pas fini tant qu’il n’aura pas écrasé Kiev et tué le président élu Zelensky. À ses yeux l’Ukraine est coupable d’avoir choisi la démocratie en 2014 au lieu de reconstituer l’Union soviétique. D’ici là, il sème la mort et la désolation sur une population civile, tandis que ses soldats se font tuer à grande échelle.

Au contraire, en Russie, on pense que les combats sont limités à des zones précises, le Donbass, la côte de la mer d’Azov et les cibles militaires partout ailleurs. Certes, on déplore quelques pertes, mais pas d’hécatombe. On observe avec stupeur le soutien que les anciens alliés de la Grande Guerre patriotique (la Seconde Guerre mondiale) apportent aux Bandéristes, les néo-nazis ukrainiens. On attend qu’ils soient tous neutralisés pour que la paix puisse revenir.

En bruit de fond, l’Occident a lancé une guerre économique et financière contre la Russie. De très nombreuses entreprises occidentales quittent le pays et sont immédiatement remplacées par d’autres venant de pays ne participant pas à cette guerre. À titre d’exemple, les restaurants McDonald seront remplacé par la chaîne turque Chitik Chicken, tandis que les Émirats arabes unis accueillent les oligarques chassés d’Europe. La Chine et la Communauté économique eurasienne planifient la mise en place d’un système économique et financier parallèle à celui de Bretton Woods. Bref, le monde se coupe en deux.

Qui dit vrai ?

Les services secrets russes sont persuadés que le président Volodymyr Zelensky s’est enfui de Kiev et qu’il réalise ses interventions vidéos depuis un studio. Ils scrutent tous ses messages pour localiser où il se cache.

LA GUERRE PROPREMENT DITE

Selon les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), c’est-à-dire du forum intergouvernemental créé par les accords d’Helsinki (1973-75), le front du Donbass était stable depuis plusieurs mois, lorsque les bombardements ont repris à partir du mercredi 16 février 2022 pour atteindre leur paroxysme le vendredi 18 (plus de 1 400 explosions entendues). Les gouvernements locaux de Donestk et de Lougansk ont alors replié plus de 100 000 personnes pour les protéger de ce déluge de feu.

Le soir du 18, la réunion annuelle des élites de l’Otan, la « Conférence sur la Sécurité de Munich », débutait. L’un des invités les plus remarqués était le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy. Le 19, Il prenait la parole et déclarait que son pays ambitionnait de se doter de l’arme nucléaire face à la Russie. Le 20, la Douma était en ébullition à Moscou et votait une motion demandant au président Poutine de reconnaître les deux républiques du Donbass comme indépendantes, ce qu’il faisait dans la précipitation le 21 au soir. Il n’y avait même pas de drapeaux des deux nouvelles nations au Kremlin.

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Le 24, l’opération militaire russe débutait par un bombardement massif des systèmes de défense anti-aériens, puis des usines d’armement et des casernes des bandéristes (les néo-nazis ukrainiens). La stratégie militaire russe avait été improvisée, comme la reconnaissance diplomatique des républiques du Donbass. Les troupes déployées étaient déjà épuisées par les manœuvres qu’elles venaient d’effectuer en Biélorussie.

La Maison-Blanche et la presse occidentale, au contraire, faisant l’impasse sur la guerre du Donbass et sur les déclarations du président Zelenski, affirmait que tout cela était prévu depuis longtemps et que les troupes russes avaient été positionnées à l’avance. Le dictateur Poutine, ne supportant pas le choix des Ukrainiens pour la Démocratie, les contraignait à réintégrer son Empire comme Léonid Brejnev avait mis au pas les Tchécoslovaques, en 1968. Cette lecture des événements a semé la panique chez tous les anciens membres du Pacte de Varsovie et l’Union soviétique (qui ont oublié que Brejnev n’était pas russe, mais ukrainien).

Depuis lors, appliquant la technique mise au point par Jamie Shea lors de la guerre du Kosovo, l’Otan écrit chaque jour une nouvelle histoire édifiante sur les crimes de la Russie. Cela va du bombardement irresponsable d’une centrale nucléaire ukrainienne à la frontière russe, à l’anecdote attendrissante d’un jeune enfant qui atteint seul la liberté en traversant l’Europe jusqu’à Berlin. Tout cela est ridicule et atterrant, mais largement repris sans réflexion, ni vérification, par les médias occidentaux.

Joel Lion, alors ambassadeur à Kiev, mettait en garde contre les bandéristes. Il est aujourd’hui en poste au ministère des Affaires étrangères en Israël.

3 CHEFS DE GUERRE ENNEMIS

LA GUERRE DIPLOMATIQUE

Comme les choses vont mal pour l’armée ukrainienne et ses supplétifs bandéristes (ou « néo-nazis » selon la terminologie russe), le président Zelenski a sollicité l’ambassade de Chine à Kiev pour transmettre une demande de négociation au Kremlin dès le second jour du conflit. Les États-Unis s’y sont d’abord opposés avant de laisser faire. Durant les contacts, la France et l’Allemagne ont pris des initiatives avant d’être remplacés par la Turquie et Israël. C’est bien normal. En effet, la France et l’Allemagne ont failli à leurs responsabilités en laissant massacrer par Kiev 13 000 à 22 000 personnes en violation des accords de Minsk dont ils étaient les garants. Tandis que la Turquie a soutenu les Tatars ukrainiens sans pour autant mener d’action en Ukraine et qu’Israël a soudain pris conscience que le danger bandériste (c’est-à-dire « néo-nazi ») que son ambassadeur à Kiev dénonçait était bien réel.

Ces négociations se déroulent bien, malgré l’assassinat par les bandéristes ukrainiens d’un délégué de leur propre pays, le banquier Denis Kireev, coupable à leurs yeux d’avoir prétendu que les Ukrainiens et les Russes étaient des frères slaves. Malgré aussi la bourde du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a cru malin de rappeler lourdement que la France est une puissance nucléaire, provoquant la mise en alerte nucléaire de la Russie.

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Ces négociations pourraient se terminer d’une manière difficile à imaginer : l’Ukraine, qui avait inclus 102 000 bandéristes dans ses forces de Défense territoriales, pourrait être désarmée et placée sous la protection des États-Unis et du Royaume-Uni (c’est-à-dire en pratique de l’Otan). C’est en effet le seul moyen de respecter les traités, notamment les déclarations d’Istanbul (1999) et d’Astana (2010). L’Ukraine a le droit de choisir ses alliés, mais pas d’accueillir d’armes étrangères chez elle. Elle peut donc signer des accords de Défense, mais pas être placée dans un commandement intégré. C’est une position très gaullienne : Charles De Gaulle avait maintenu la signature de la France au Traité de l’Atlantique-Nord, mais avait retiré l’armée française du commandement intégré de l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (Otan) et avait chassé les soldats états-uniens du sol français.

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La Russie devrait occuper durablement, voire annexer, la côte de la mer d’Azov (y compris Marioupol) de manière à joindre la Crimée au Donbass. En outre, elle devrait occuper, voire annexer, le canal de Crimée du Nord qui approvisionne en eau potable la péninsule criméenne. Enfin, elle pourrait occuper, voire annexer, la côte de la mer Noire (y compris Odessa) de manière à joindre la Crimée à la Transnistrie. La minorité hongroise, elle aussi victime des bandéristes qui ont fermé ses écoles, pourrait être rattachée à la Hongrie. Cependant, le mieux est l’ennemi du bien : la perte d’accès de l’Ukraine à la mer pourrait être une cause de conflit futur.

La seule chose qui est certaine, c’est que la Russie poursuivra son action jusqu’à la neutralisation de tous les bandéristes et qu’Israël la soutiendra pour cela, mais pas au-delà. De ce point de vue, le meeting que le président Poutine a convoqué à Moscou « contre les nazis » n’est pas un simple message de détermination à son opinion publique, c’est déjà un cri de victoire. Tous les monuments à la gloire de Stepan Bandera et des nazis devront être détruits. Les autres nations qui ont soutenu les néo-nazis, notamment la Lettonie, devraient le prendre pour dit.

Sergey Glazyev fait son grand retour. Après avoir joué un rôle dans la privatisation des biens collectifs soviétiques, il pourrait construire un nouveau système financier global.

LA GUERRE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

C’est là que tout se joue pour les États-Unis. Ils sont parvenus en quelques jours à faire prendre des mesures unilatérales (et donc illégales en droit international) à tous leurs alliés. Mais ces mesures, qualifiées de « sanctions » quoique sans jugement, ne sont pas tenables à moyen terme. D’ores et déjà elles ont suscité une spéculation effrénée sur l’énergie et une hausse des prix immédiate en Europe. Les grandes entreprises européennes quittent la Russie la mort dans l’âme. Elles assurent le Kremlin qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles espèrent revenir au plus vite.

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Le président Vladimir Poutine met en avant les libéraux que l’on accusait il y a peu d’être vendus à l’étranger. L’ancien président Dmitri Medvedev est à nouveau en grâce. La directrice de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, qui avait été choisie au moment de l’idylle avec l’Ouest, a été présentée à la Douma pour se succéder à elle-même, mais désormais pour travailler avec d’autres partenaires. Sergey Glazyev, dont le nom est associé aux privatisations de l’ère Yelstin, s’est vu confier la création d’un nouveau système économique et financier qui puisse se substituer à celui conçu par les Anglo-Saxons en 1944, à Bretton Woods. Tout leur est pardonné pourvu qu’ils garantissent aux Chinois et à la Communauté économique eurasiatique (Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie, Tadjikistan) qu’ils ne seront pas étatistes.

Le pape François a accepté de réveiller les vieux démons des croisades. Le 25 mars, il consacrera l’Ukraine et la Russie au Cœur immaculé de Marie, selon les vœux de celle-ci transmis par les voyants de Fatima lors de la révolution russe.

LA GUERRE IDÉOLOGIQUE

La paix en Ukraine ne réglera pas le conflit russo-US ouvert depuis le 17 décembre 2021. Celui-ci continuera avec d’autres affrontements. Pour leur part, les Straussiens, qui ont usé et abusé des arguments religieux pour attaquer la Russie en Bosnie-Herzégovine, en Afghanistan, en Tchétchénie et au Moyen-Orient élargi, ont bien l’intention de les utiliser au plan global.

Souvenons-nous, l’orientaliste straussien Bernard Lewis (ancien agent des services secrets britanniques, puis membre du Conseil de sécurité nationale US, puis conseiller de Benjamin Netanyahu) avait conçu un moyen pour mobiliser les arabes, à la place des Occidentaux, contre les Russes. C’était la stratégie du « choc des civilisations ». Il avait expliqué qu’en Afghanistan, les croyants musulmans devaient se battre contre les Soviétiques athées. C’est cette vision qui a été concrétisée par les arabes-afghans d’Oussama ben Laden. La même stratégie a été utilisée avec succès en Bosnie-Herzégovine et en Tchétchénie. Sur le premier théâtre d’opération, l’Otan s’est appuyée sur l’armée saoudienne et sur les Gardiens de la Révolution iraniens (ainsi que sur quelques éléments du Hezbollah libanais). Un Staussien, Richard Perle, est même devenu le conseiller diplomatique du président bosniaque Alija Izetbegović, dont Oussama Ben Laden était le conseiller militaire. Plus tard, durant la Seconde Guerre de Tchétchénie, les Straussiens ont organisé l’alliance entre les Bandéristes ukrainiens et les islamistes tchétchénes (congrès de Ternopol, 2007), avec le soutien logistique de la Milli Görüş (alors dirigée par Recep Tayyip Erdoğan). Tous se sont battus côte-à-côte pour l’Émirat islamique d’Itchkérie (Tchétchénie). En définitive, la stratégie de Bernard Lewis fut popularisée par son assistant, Samuel Huntington. Cependant, il ne la présenta plus comme un plan militaire, mais comme une fatalité expliquant opportunément l’attribution des attentats du 11 septembre 2001 aux musulmans en général.

Considérant que rien n’arrête les gens qui se battent en croyant servir Dieu, les Straussiens ont décidé depuis quatre ans déjà de réactiver le schisme qui sépara les Catholiques des Orthodoxes au XIème siècle. Ils se sont d’abord attelés à scinder l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou. Ils y sont parvenus avec l’aide de la Turquie qui a fait pression sur le patriarche de Constantinople. Il s’agit maintenant de déchaîner les passions en ressuscitant les prophéties de Fatima. En 1917, juste après la révolution russe, des voyants portugais eurent des apparitions de la Vierge Marie. Celle-ci leur confia différents messages, dont un dénonçant implicitement le renversement du Tsar de droit divin. La Russie était présentée comme choisissant le Mal et tentant de le répandre. Par consquent, le conseiller de Sécurité nationale, Jake Sullivan, s’est rendu à Rome, à l’occasion d’une rencontre avec la Chine, en fait pour convaincre le pape François. Il y est parvenu.

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Un calendrier a été mis au point. Le président Zelenski s’adressera au parlement français, puis le président Biden viendra en Europe présider un sommet extraordinaire de l’Otan, et enfin le pape François, réalisant la prière de la Vierge Marie à Fatima, consacrera l’Ukraine et la Russie au Cœur immaculé de la Vierge. Ce montage peut apparaître artificiel, mais son effet devrait être puissant. Pour beaucoup de catholiques, combattre la Russie deviendra un devoir religieux.

CONCLUSION

Dans les prochaines semaines, le président Joe Biden devra s’essayer à un nouveau discours. Il s’agira de présenter la paix en Ukraine comme une victoire de la sagesse. Peu importe que les Ukrainiens aient joué et perdu. Peu importe que les bandéristes soient prisonniers ou morts. Peu importe que l’Ukraine perde son accès à la mer. Les Alliés seront invités à augmenter leurs dépenses militaires et à payer avec leurs deniers pour tout ce carnage.

PS. Ma chronique de la semaine dernière a été illustrée par erreur avec une photographie de Reinhard Gehlen à la place d’une de Stepan Bandera. Nous vous prions de nous en excuser.
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invasion de chars russes en ukraine

Ukraine : le retour de la
propagande de guerre

 

Thierry Meyssan interrompt sa série de chroniques sur le conflit titanesque qui oppose la Russie aux États-Unis. Il s’adresse à tous pour casser les mensonges de la propagande de guerre.

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Stepan Bandera, il ne se prétendait pas nazi, juste « nationaliste » ukrainien. Dès 1935, Bandera prône la violence politique. Il fait assassiner une soixantaine de personnalités dont deux ministres polonais. Durant la Seconde Guerre mondiale, il organise l’extermination des intellectuels juifs et slaves. Le nouveau régime ukrainien a élevé des monuments à sa gloire dont un à Lviv, ville où il supervisa un massacre.

L’opinion publique occidentale est révoltée par la guerre en Ukraine et se mobilise pour porter secours aux Ukrainiens en fuite. Pour tous, c’est évident : le dictateur Poutine ne supporte pas la nouvelle démocratie ukrainienne.

Comme à chaque conflit, on nous explique que les autres sont les méchants, tandis que nous sommes les gentils.

Notre réaction est celle de gens abusés par la propagande de guerre parce qu’ils ne se souviennent pas des conflits précédents et ignorent tout de l’Ukraine. Reprenons à zéro.

QUI A COMMENCÉ ?

Comme dans la cour de récréation lorsque nos camarades de classe se battaient entre eux, nous voulons savoir qui a commencé. Sur ce point, il n’y a pas photo : il y a huit ans, les États-Unis ont organisé un changement de régime à Kiev avec l’aide de groupuscules armés. Ces gens se disent « nationalistes », mais pas du tout au sens où nous l’entendons. Ils prétendent être de vrais ukrainiens d’origine scandinave ou proto-germanique et pas des slaves comme les Russes. Ils se réclament de Stepan Bandera [1], le chef des collaborateurs ukrainiens des nazis, l’équivalent de Philippe Pétain d’un point de vue symbolique pour les Français, mais surtout de Joseph Darnand et des soldats de la Division SS française Charlemagne. Les Ukrainiens, qui jusqu’à présent se considéraient tout à la fois d’origine scandinave et proto-germanique d’un côté, et slave de l’autre, les appellent des « néo-nazis ».

Ici, en France, le mot de « nazi » est une injure que l’on utilise pour n’importe quoi. Historiquement, c’est un mouvement qui prônait une vision raciale de l’humanité pour expliquer les empires coloniaux. Selon elle, les hommes appartiennent à des « races » différentes, on dirait aujourd’hui à des « espèces » différentes. Ils ne peuvent pas avoir de descendance ensemble, comme les juments et les ânes. Dans la nature, ces deux espèces procréent des mulets, mais ceux-ci sont en général stériles. C’est pourquoi les nazis interdisaient les mélanges inter-raciaux. Si nous sommes de races différentes, certaines sont supérieures à d’autres, d’où la domination occidentale sur les peuples colonisés. Dans les années Trente, cette idéologie était considérée comme une « science » et était enseignée dans les universités, surtout aux États-Unis, en Scandinavie et en Allemagne. De très grands scientifiques l’ont défendue. Par exemple, Konrad Lorenz (Prix Nobel de médecine en 1973) fut un ardent nazi. Il a écrit que pour maintenir la race, il fallait extirper de la masse les homosexuels et les éliminer comme un chirurgien élimine une tumeur parce qu’ils mélangeaient leur patrimoine génétique avec celui d’autres races sans qu’on s’en rende compte.

Ces scientifiques n’étaient pas plus sérieux que ceux qui nous ont annoncé l’apocalypse durant l’épidémie de Covid-19. Ils avaient le titre de « scientifique », mais pas la démarche raisonnable.

La Russie moderne s’est construite sur le souvenir de ce que les Russes appellent la « Grande Guerre patriotique » et nous la « Seconde Guerre mondiale ». Elle n’a pas du tout le même sens pour eux que pour nous. Ici, en France, la guerre n’a duré que quelques mois, puis nous avons cru en la victoire nazie et nous sommes entrés dans la Collaboration. Nous avons vu les nazis et les Pétainistes arrêter, à partir de 1940, 66 000 personnes, généralement pour « terrorisme » (résistance). Puis à partir de 1942, arrêter 76 000 juifs parce qu’ils étaient d’une « race inférieure » et les envoyer à l’Est, en réalité dans des camps d’extermination. Au contraire, en Union soviétique, les nazis n’ont arrêté personne. Ils voulaient exterminer ou réduire en esclavage tous les slaves en trente ans afin de dégager un « espace vital » où ils pourraient édifier un empire colonial (Generalplan Ost). C’est pourquoi l’URSS a subi 27 millions de morts. Dans la mémoire russe, les nazis sont un danger existentiel, pas pour nous.

Lorsque ces gens sont arrivés au pouvoir à Kiev, ils ne se sont pas déclarés comme « nazis », mais comme « nationalistes » au sens de Stepan Bandera, qui lui aussi se disait « nationaliste » et pas « nazi », même faisait une surenchère par rapport à leurs intentions génocidaires contre les slaves et les juifs. Ils ont qualifié l’ancien régime de « pro-Russe », ce qui est factuellement faux, et ont interdit tout ce qui évoque la culture russe. Et d’abord, la langue russe. Les Ukrainiens étaient majoritairement bilingues, parlant à la fois le russe et l’ukrainien. Tout d’un coup, on disait à la moitié d’entre eux qu’ils ne pourraient plus parler leur langue à l’école et dans les administrations. La région du Donbass, très russophone, s’est soulevée. Mais aussi la minorité hongroise qui recevait un enseignement dans sa propre langue et qui a été soutenue dans sa revendication par la Hongrie. Les Ukrainiens du Donbass ont exigé que les districts de Donestsk et de Lougansk puissent disposer d’un statut d’autonomie et retrouver leur langue. Ces préfectures (oblast en russe) se sont déclarées républiques. Cela ne voulait pas dire qu’elles aspiraient à l’indépendance, mais uniquement à l’autonomie, comme la République de Californie aux États-Unis ou les anciennes républiques de l’URSS.

En 2014, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel mirent les gens de Kiev à une même table que ceux du Donbass et négocièrent les accords de Minsk. Ce sont la France, l’Allemagne et la Russie qui en sont les garants.

Kiev a toujours refusé de les appliquer bien qu’il les ait signés. Au lieu de cela, il a armé des milices « nationalistes » et les a envoyées se faire les nerfs à la limite du Donbass. Toute les extrémistes occidentaux sont alors venus tirer le coup de feu en Ukraine. Ces paramilitaires étaient le mois dernier, selon le gouvernement de Kiev, 102 000. Ils forment le tiers de l’armée ukrainienne et sont intégrés aux Forces de défense territoriales. 66 000 nouveaux « nationalistes » —quoiqu’étrangers— viennent d’arriver en renfort, du monde entier, à l’occasion de l’attaque russe.

Durant les huit ans qui nous séparent des accords de Minsk, ces paramilitaires ont tué 14 000 personnes au Donbass, selon le gouvernement de Kiev. Ce chiffre inclut leurs propres pertes, mais elles ne sont pas nombreuses. La Russie a diligenté sa propre commission d’enquête. Elle n’a pas recensé que les morts, mais aussi blessés graves. Elle a trouvé 22 000 victimes. Le président Poutine parle à leur sujet de « génocide », non pas au sens étymologique de destruction d’un peuple, mais au sens juridique de crime commis sur ordre des autorités contre un groupe ethnique.

C’est là que le bât blesse : le gouvernement de Kiev n’est pas homogène et personne n’a clairement donné l’ordre d’un tel massacre. Cependant la Russie tient les présidents Petro Porochenko et son successeur Volodymyr Zelensky comme responsables. Nous le sommes aussi puisque nous étions garants des accords jamais appliqués de Minsk. Oui, nous sommes coresponsables de cette hécatombe.

Le pire est à venir. Le 1er juillet 2021, le président Zelensky, qui armait les paramilitaires « nationalistes » et refusait d’appliquer les accords de Minsk, a promulgué la Loi n°38 sur les peuples autochtones [2]. Elle garantit aux Tatars et aux Juifs karaïtes (c’est-à-dire ne reconnaissant pas le Talmud) l’exercice de leurs droits, notamment celui de parler leur langue, mais pas aux slaves. Ceux-ci n’existent pas. Ils ne sont protégés par aucune loi. Ce sont des Untermenschen, des sous-hommes. C’était la première fois, depuis 77 ans qu’une loi raciale était adoptée sur le continent européen. Vous vous dites qu’il y a des organisations de défense des Droits de l’homme et qu’elles ont dû protester. Mais rien. Un grand silence. Pire : les applaudissements de Bernard-Henri Lévy.

Dmytro Yarosh. Derrière lui le drapeau de Stepan Bandera : noir et rouge frappé du Trident ukrainien. Agent des réseaux stay-behind de l’Otan. En 2007, il réalisa l’alliance des néo-nazis européens et des jihadistes moyen-orientaux contre la Russie. Il joua un rôle central lors du changement de régime de 2014. Il est aujourd’hui conseiller spécial du chef des armées ukrainiennes.

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POURQUOI LE RECOURS À LA GUERRE ?

Notre vision des événements est déformée par nos préjugés. C’est plus encore marqué dans les États baltes et les pays anciennement écrasés par la « doctrine Brejnev ». Ces peuples imaginent a priori que les Russes sont les héritiers des Soviétiques. Or, les principaux dirigeants soviétiques n’étaient pas russes. Joseph Staline était Géorgien, Nikita Kroutchev Ukrainien etc, et même Léonid Brejnev était Ukrainien.

Tant que les républiques de Donetsk et de Lougansk étaient ukrainiennes, le massacre de leurs habitants était une question exclusivement ukrainienne. Nul n’était autorisé à les protéger. Cependant, en signant les Accords de Minsk et en les faisant entériner par le Conseil de sécurité des Nations unies, la France et l’Allemagne ont pris la responsabilité d’y mettre un terme. Ce qu’elle n’ont pas fait.

Le problème a changé de nature lorsque, le 21 février 2022, la Russie a reconnu l’indépendance des deux républiques du Donbass. Le massacre de ses habitants n’était plus une question intérieure, mais internationale. Le 23 février, le Conseil de sécurité se réunissait à nouveau alors que l’armée russe se préparait à intervenir. Lors de la réunion, le Secrétaire général de l’Onu, António Guterres, n’a contesté ni la légitimité de la reconnaissance russe des républiques du Donbass, ni celle de l’intervention militaire russe contre les néo-nazis. Elle a juste demandé à la Russie de laisser encore une chance à la paix [3].

Le droit international n’interdit pas la guerre, mais tente de la prévenir. Or, cette réunion du Conseil de sécurité n’ayant rien donné, la Russie était en droit de venir en aide aux habitants du Donbass massacrés par les néo-nazis. Ce qu’elle a fait le lendemain, le 24 février.

Le président Vladimir Poutine, qui avait déjà attendu huit ans, ne pouvait plus remettre à plus tard. Non seulement parce que chaque jour des gens meurent, non seulement parce que l’armée ukrainienne préparait un vaste massacre le 8 mars [4], mais parce que le droit russe le rend personnellement responsable de la vie de ses concitoyens. Préparant leur éventuel exode, la grande majorité des habitants du Donbass ont acquis la citoyenneté russe au cours des dernières années.

L’EXODE DE 2 MILLIONS D’UKRAINIENS

Comme lors de toutes les guerres de l’Otan, nous assistons à la fuite de la population. Pour les Français cela rappelle l’exode de 1940 face à l’avancée des troupes allemandes. C’est un phénomène de panique collective. Les Français croyaient que la Reichswehr allait commettre les mêmes viols de masse qui avaient été attribué au début de la Première Guerre mondiale à la Deutsches Heer. Mais les Allemands étaient disciplinés et ne se livrèrent pas à ce type de violence. Finalement, la fuite des Français sans but n’avait aucune raison objective, que la peur.

L’Otan, depuis la guerre du Kosovo, a développé le concept d’ingénierie des mouvement de population [5]. En 1999, la CIA a organisé le déplacement, en trois jours, de plus de 290 000 Kosovars de Serbie vers la Macédoine. Si vous avez plus de trente ans, vous vous souvenez des vidéos épouvantables de cette longue file de gens, marchant les uns derrière les autres, sur des dizaines de kilomètres, le long de lignes de chemin de fer. Il s’agissait de faire croire à une répression ethnique par le gouvernement de Slobodan Milošević et de justifier la guerre qui arrivait. Les Kosovars ne savaient pas pourquoi ils fuyaient, mais pensaient trouver un avenir meilleur là où ils allaient. Il y a sept ans, vous vous souvenez de l’exode des Syriens. Il s’agissait d’affaiblir le pays en le privant de sa population. Cette fois, il s’agit de toucher vos émotions avec des femmes et des enfants, sans faire partir les hommes que l’on requiert pour combattre les Russes.

Chaque fois, nous sommes bouleversés. Mais ce n’est pas parce que les Kosovars, les Syriens ou les Ukrainiens souffrent qu’ils ont tous raison.

L’Union européenne accepte tous les réfugiés ukrainiens. Les États de l’espace Schengen acceptent toutes les personnes qui se présentent comme fuyant la guerre en Ukraine. Selon l’administration allemande, environ un quart de ces « réfugiés », qui assurent sur l’honneur travailler et habiter en Ukraine, dispose non pas de passeports ukrainiens, mais algériens, biélorusses, indiens, marocains, nigérians ou ouzbeks ; des personnes qui manifestement profitent de la porte ouverte pour être enregistrées légalement dans l’Union européenne. Aucune vérification de leur séjour préalable en Ukraine n’est effectuée. Pour le patronat allemand, c’est une régularisation qui ne dit pas son nom.

Nous devons nous demander pourquoi le peuple ukrainien ne manifeste pas son soutien à son gouvernement. Lors de la guerre du Kosovo, les habitants de Belgrade avaient veillé jour et nuit sur les ponts de la ville pour empêcher que l’Otan les bombarde. Lors de la guerre de Libye, plusieurs millions de personnes s’étaient rassemblées à Tripoli pour manifester leur soutien au Guide Mouamar Kadhafi. Lors de la guerre de Syrie, un million de personnes avaient exprimé leur soutien au président Bachar el-Assad. Cette fois : rien. Au contraire, on nous dit que des équipe de la Défense territoriale chassent les « saboteurs russes infiltrés », alors que l’OSCE atteste qu’il n’y avait aucun soldat russe en Ukraine avant le début de l’opération.

Sur la vidéo du bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijjia, on ne distingue aucun tir sur la centrale elle-même.

LE CHOC DES IMAGES

Nous aurions dû apprendre des guerres précédentes que la première victime est toujours la vérité. Depuis la guerre du Kosovo, l’Otan est devenue maître de la propagande de guerre. À l’époque, on avait changé le porte-parole de l’organisation à Bruxelles. Son remplaçant, Jamie Shea, détaillait chaque jour une histoire exemplaire, soit sur les horreurs des criminels serbes, soit sur l’exemplaire résistance des Kosovars. À l’époque, je publiais un quotidien par fax, le Journal de la Guerre en Europe. Je résumais les déclarations de l’Otan et les dépêches des petites agences de presse des Balkans. Chaque jour, je voyais les deux versions s’éloigner un peu plus l’une de l’autre. Dans mon esprit, la vérité devait être entre les deux. Une fois la guerre finie, on s’est rendu compte que les propos de Jamie Shea étaient de la pure invention destinée à noircir les colonnes des journaux crédules, tandis que les dépêches des petites agences de presse des Balkans disaient la vérité. Et celle-ci n’était pas en faveur de l’Otan.

J’aborde donc le consensus médiatique occidental avec une certaine méfiance. Par exemple, lorsqu’on nous explique que la Russie bombarde une centrale nucléaire, je pense aux mensonges du président George W. Bush sur les armes de destruction massive du tyran « Saddam ». Ou lorsqu’on nous explique que les Russes viennent de bombarder une maternité à Marioupol, je me souviens des bébés koweïtiens enlevés dans leurs couveuses par les horribles soldats iraquiens. Et lorsqu’on m’assure que le méchant Poutine est fou et ressemble à Hitler, je me souviens de la manière dont nous avons traité Mouamar Kadhafi ou le président Bachar el-Assad.

C’est pourquoi je ne prends pas ces allégations au sérieux. Les soldats ukrainiens de l’île aux serpents n’ont pas été massacrés sous les bombes comme le prétendait le président Zelensky, il se sont rendus aux armées russes, comme il l’a admis plus tard. Le mémorial juif de Babi Yar n’a pas été détruit par les Russes qui respectent toutes les victimes de la barbarie nazie. La centrale de Zaporijjia n’a pas plus été bombardée. Elle était gardée depuis plusieurs jours par des équipes mixtes russes et ukrainiennes. D’ailleurs l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé qu’il n’y avait jamais eu de danger radio-actif. La maternité de Marioupol n’a pas non plus été bombardée. Elle avait été évacuée trois jours plus tôt et transformée en caserne du Régiment Azov (néo-nazis) ainsi que l’avait signalé à ce moment là la Russie à l’Onu.

Alors quand on me dit qu’il faut tuer le « dictateur » Poutine, je reste de marbre.

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LES BATAILLES

Comment ne pas remarquer que les images que nous voyons des « batailles » victorieuses de l’armée ukrainienne sont toujours les mêmes ? Comment ne pas remarquer que l’on n’y voit que quelques véhicules détruits ? Nos reporters de guerre n’ont-ils jamais vu de vraies guerres ? Nous n’interprétons pas les images en fonction de ce que nous y voyons, mais des commentaires qui les accompagnent.

Depuis une semaine, on nous explique que l’armée russe encercle Kiev à quinze kilomètres alentour, qu’elle progresse tous les jours (mais reste néanmoins à quinze kilomètres) et va donner l’assaut final. Quand on nous explique que le « dictateur » Poutine veut la peau du gentil président Zelenski (qui arme les néo-nazis et a promulgué la loi raciale), je prends du recul.

Les armées russes n’ont jamais eu comme projet de prendre les grandes villes. Elles s’en tiennent d’ailleurs à l’écart (sauf Marioupol). Elles combattent les paramilitaires « nationalistes », les néo-nazis. En tant que Français, partisan de la Résistance face aux nazis, les armées russes ont donc toute mon admiration.

L’armée russe applique en Ukraine la même tactique qu’en Syrie : encercler les villes qui servent de refuge aux ennemis, puis ouvrir des couloirs humanitaires afin de faire fuir les civils, et enfin pilonner les combattants qui restent à l’intérieur. C’est pourquoi les paramilitaires néo-nazis bloquent ces couloirs et empêchent la population de fuir. C’est le principe des boucliers humains.

Il s’agit d’une guerre de mouvement. Il faut faire vite. Les troupes russes se déplacent en camions et en blindés. Il ne s’agit pas de batailles de chars. Ceux-ci sont aujourd’hui inopérants sur les théâtres d’opération. Nous avons vu, en 2006, le Hezbollah réduire en épaves les Merkavas israéliens. Les troupes russes se déplacent en véhicules à moteur, c’est pour cela qu’elles ont des blindés. Comme nous avons fourni des dizaines de milliers de missiles anti-tanks à l’armée ukrainienne, paramilitaires néo-nazis compris, nos armes les détruisent comme elles détruisent leurs camions. Ce ne sont pas des batailles, juste des embuscades.

L’Etat d’Israël ne s’y est pas trompé : le Premier ministre Naftali Benett a conseillé au président Zelensky d’accepter les conditions russes de paix. A savoir, non pas de déposer les armes, mais de détruire tous les monuments dédiés à Stepan Bandera et d’arrêter les nazis qui ont été incorporés dans la Défense territoriale ukrainienne.

TROIS NOUVEAUX PROBLÈMES

Comme si la situation n’était pas assez compliquée, le président Zelensky a annoncé lors de la Conférence sur la Sécurité de Munich, juste avant la guerre, son intention d’acquérir la Bombe atomique, en violation de la signature de son pays du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Puis, les armées russes ont saisi et publié un document de travail du gouvernement de Kiev planifiant une attaque militaire de la Crimée et du Donbass, le 8 mars.

Enfin, l’armée russe a mis à jour une quinzaine de laboratoires de recherche en armes biologiques qui travaillaient pour le Pentagone. Elle a annoncé qu’elle allait publier la documentation saisie et a détruit 320 conteneurs d’agents pathogènes. Les États-Unis, qui sont signataires de la Convention des Nations unies sur l’interdiction des armes biologiques, la respectent chez eux, mais la violent à l’étranger. Des documents avaient déjà été publiés il y a deux mois par une journaliste bulgare. Le 8 mars, le ministère chinois des Affaires étrangères a demandé au Pentagone de s’expliquer sur les 330 laboratoires biologiques qu’il entretient sous divers noms dans 30 pays. Le département d’État a alors démenti ces pratiques. Mais la sous-secrétaire d’État, Victoria Nuland, auditionnée au Sénat, a reconnu que le Pentagone collaborait à ces programmes entrepris à l’étranger et qu’elle était inquiète à l’idée que ces recherches tombent dans des mains russes. Lorsque la Russie a porté l’affaire au Conseil de sécurité, les Occidentaux ont retourné ses accusations contre elle, l’accusant de préparer une attaque biologique sous faux-drapeau. De son côté l’Organisation mondiale de la Santé a indiqué avoir été prévenue de recherches biologiques civiles ukraino-US et avoir demandé à l’Ukraine de détruire ses agents pathogènes pour prévenir leur dissémination.

Ainsi donc, l’Ukraine, qui entretient plus de cent mille « nationalistes » et les a incorporées à sa « Défense territoriale », puis a adopté une loi raciale, travaille sur des armes biologiques illégales et espère acquérir la Bombe atomique. Nous avons choisi d’oublier les exemples de courage de Jean Moulin et de Charles De Gaulle et de soutenir le président Zelensky !

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