LES NICOIS DANS L'HISTOIRE ET CHRONIQUE HISTORIQUE DE NIKAIA
LES NIÇOIS
DANS L'HISTOIRE
CHRONOLOGIE HISTORIQUE DE NIKAIA
Recherche de Gérard Diaconesco
- 600 av.J-C Création d' un comptoir commercial par les Phocéens et les Massaliotes
qu'ils bathisent du nom Hellénique de Nikaïa
- 14 ans avant J-C. Création de la Province Romaine des Alpes-Maritimes
- III e siècle Apogée de Cemenlum
- IV e V e siècle Création de la ville de Nice ( Nikaïa , Nizza, Nissa )
- 439-466 Époque Valérien
- VI e siècle Abandon du Site de Cimiez
- 999 Odile et les Seigneurs de Nice
- 1144 Formation d' un Consulat à Nice
- 1229 Reprise en main par les Comtes de Provence
- 1388 Dédition de Nice au Comté de Savoie
- 1431-1492 Organisation du régime Communal
- 1538 Jean Badat et la Trève de Nice
- 1543 Catherine Ségurane contre l ' Assaut Franco-Turc - Nice au bons soins des Ducs
- 1640 Construction de l ' Église du Gésu - Collège des Docteurs- des Jésuites
- 1650 Construction du Palais Lascaris - Port franc- Sénat- Hôpital Sainte Croix
- 1658 Pierre Gioffredo
- 1691 Siège de Nice par Catinat
- 1706 Destruction du Château de Nice par Louis XIV
- 1719 Les Grands Juristes Niçois, bons serviteurs de la Monarchie - Politique progressive de centralisation monarchique : Réforme scolaires,
du Grand Conseil Municipal.
- 1775 Creusement et création du Port Lympia
- 1792 Masséna - Bavastro - Michaux : Les Français de France apportent la Révolution - Début de la Guerre civile avec les Barbets Niçois
- 1803-1814 La sage administration du Préfet Dubouchage
- 1814 Les derniers grands jurisconsultes " turinois " - La Restauration piémontaise : Nice, chef-lieu de division ( annexion de la Ligurie )
Consiglio
d ' Ornato
- 1848 Statuto
- 1853 Suppression du port franc
- 1860 Garibaldi - Plébiscite en faveur de la France
- 1860 Malausséna - Nice " Impériale "
- 1870 Nice rallie la République Française ( rattachement )
- 1876 Borriglione
- 1876-1895 Séjours de la Reine Victoria - Les Grands Hôtels
- 1914-1918 Général Goiran - La Grande Guerre
- 1919-1928 Des années folles au tourisme populaire d' été
- 1928 Jean Médecin Maire de Nice
- 1940 Delfino
- 1940-1945 La seconde Guerre Mondiale
- Août 1944 Libération de Nice de l' occupation Allemande par les Niçois eux-mêmes
- 1945 Élection de J. Cotta Maire de Nice
- 1947 Élection à nouveau de Jean Médecin Maire de Nice
- 1966-1989 Élection de Jacques Médecin fils de Jean Médecin comme Maire de Nice durant 4 mandatures
- 1998 Mort de Jacques Médecin
-
1995-2005
Accélération sans borne de l'urbanisation et des Grands Travaux de la Ville de
Nice au détriment de son environnement par la nouvelle équipe municipale !
- 2008
élection de Christian ESTROSI nouveau Député-Maire de Nice qui continue la
même politique d’urbanisation massive de Grands Travaux pour la ville de Nice.
NICE ET LA MAISON DE SAVOIE
De par la
dédition de 1388, Nice se plaçait sous la protection bien lointaine des comtes
de Savoie, avec la condition fondamentale du maintien de ses coutumes, libertés
et privilèges, ce que fut confirmé à plusieurs reprises par statuts et
ordonnances. Mais l' autorité des princes allait s' affirmer progressivement de
par la position même de la ville, protégée par sa colline-forteresse ( le
château ) et le port de relâche entre Marseille et Gênes, seul exutoire des
États de Savoie. Nice fut alors l'enjeu au XVI e siècle des luttes entre
François 1er et Charles-Quin avec Turcs interposés. L' Empereur en fit sa base
pour l' invasion de la Provence de 1536 et enrôla la noblesse et force
mercenaires du Comté, renforçant la nécessité pour la France de se rendre
maîtresse de Nice. Mais l'alliance turque, honnie dans les consciences
populaires, allait définitivement rejeter la tentation française. Ce choix
décisif à l'aube des Temps modernes où la notion d'État se substituait à celle
de la protection de nature féodale, recouvrait aussi la primauté de l'entité
nissarde ardemment défendue par les édiles : Jean Badat ne s' opposera-t-il pas
au nom de l'intégrité du territoire niçois et sous l'instigation du Duc de
Savoie, à ce que le Château servit de résidence au Pape et à l' Empereur lors
des médiations de 1533-1535 qui s'achevèrent par la fragile trêve de Nice ?
Même attitude lors de la reddition de la ville en 1691 devant Catinat; les
commissaires délégués par le conseil, dont l' abbé de Saint-Pons Pierre
Gioffredo, insistèrent sur " l'assurance de la possession de leurs
privilèges tant anciens que nouveaux " présentés en 25 articles.
Précaution inutile, Louis XIV rendant ses possessions au Duc de Savoie en 1696.
Cette
entité viscérale de la communauté niçoise s'exprime par un système politique
municipal dont les fondements médiévaux se sont précisés et stabilisés à la
suite des arbitrages des comtés. Sans s' arrêter aux complexités d' un système
politique plusieurs fois remanié, il est clair que la prééminence politique
reposait sur l ' influence d'un groupe social, qui anoblis, les marchands
du grand commerce maritime, d' où émergeaient de Grandes Familles, les unes
originaires du Comté et intégrées à la vie niçoises ( les Caissotti de Tende,
les Pastorelli de la Brigue, les Fabri de Saint-Étienne ), les autres asseyant
leur ascension sociale par une inféodation dans l' arrière-pays ( les Tondutti
à l'Escarène, par exemple). Et celles-ci furent irrésistiblement aspirées par
le gouvernement de Turin.
RELIGIOSITÉ ET BAROQUISME
Cette communauté
niçoise s'exprime tout d'abord dans un contexte typiquement baroque. L'importance de l' encadrement clérical ou laïque est un phénomène frappant. Nice
comptait 15 ordres religieux, dont 11 situés à l ' intérieur de l'
actuelle " vieille ville ", ce qui donnait, à la date de 1754, 328
religieux pour 16 000 habitants. Presque cent ans plus tard, vers 1836-1840, l'
effectif monastique n' avait guère diminué, tandis qu'on dénombrait : 128
prêtes, 5 confraternités de pénitents, 18 pieuses associations et 15 confréries
de métiers. Faut-il alors s'étonner si Flaubert mentionnait, dans les notes
prises lors de son voyage de 1845 dans la capitale du Comté, l' embryon de
phrase : " Prêtes, moines ". Ce "monde de prêtes, moines et
religieuses " ( Vovelle ), dix fois supérieur à son homologue provençal à
la veille de la Révolution, était notamment alimenté par les familles
patriciennes; à travers leurs testaments, il apparaît que cent d' entre elles
fournissaient 114 clercs au début du XVIII e siècle et encore 70 à sa fin. Dans
la lignée des Alberti figurent six ecclésiastiques pour trois laïques. Une gens
notariale d ' Èze, les Fighiera, n ' assura pas moins d'une trentaine de
vocation dont 23 séculières ; beaucoup d' entre elles intéressèrent la capitale
du Comté durant deux siècles. Cagnoli Jean Joseph pouvait se féliciter
d'avoir trois hommes d' église parmi ses cinq enfants, exactement comme Charles
Cacchiardi; Jean-Louis Raiberti , quatre religieux pour neuf héritiers,; Jean
André Ribotti, deuxième comte de Valdeblore, deux clarisses sur huit rejetons;
tandis qu' Honoré Grimaldi comptait un frère moine bénédictin de Saint-Pons et
deux sœurs moniales visitandines. Les Niçois se bousculaient également pour
être membres des confréries locales qui en totalisaient plusieurs milliers. Le
"bonhomme " Giraudi, expression vivante d' un tel état d' esprit, plaçait
ses écrits sous la protection de Marie et s'écriait en parlant de Victor-Amédée
II et de son épouse, sur le point de quitter Nice pour Turin : " Que Dieu
et la Vierge Très Sainte les accompagnent ". Il nous introduit ainsi au
second aspect de la foi des Niçois : fortement attachée à la tradition
médiévale et aux canons tridentins qui la confirmaient, elle est peu réceptive
à l'égard des courants différents, voire antagonistes.
En
1653, le conseil communal n'avait-il pas choisi la Vierge de Laghet comme
protectrice immédiate de la ville contre " les guerres, pestes et autres
fléaux "? Celle de Cimiez était invoqué par Honoré Léotardi pour vaincre
l' usure dominante. Honoré Grimaldi, dont la bibliothèque ne comptait pas moins
de 79 titres religieux pour un total de 306, était un autre dévot marial. La
force de la tradition s'imposait tellement que Paul Marie Cauvin, dans son
Cursus Phylometaphysicus de 1692, illustra non seulement le thomisme le plus
rigoureux mais les méthodes scolastiques les plus archaïques. En déduire
toutefois que les chrétiens de Nice étaient absolument soumis aux autorités
religieuses, serait une erreur notoire. " Nous sommes les moins obéissants
des sujets, nous sommes de mauvais courtisans ", avertissait l' abbé
Bonifacy. Ainsi, Scaliero rapporte que, lorsqu'en 1792 les pères carmes déchaux
chargés de la garde du sanctuaire de Laghet s'enfuirent en Piémont avec l'
argenterie et le mobilier, mais en abandonnant la statue de Notre-Dame aux
insultes des envahisseurs français, toute la cité en fut horrifiée et les
religieux universellement réputés comme gens de rien et scandaleux. Déjà, en
pleine période des Lumières et du gallicanisme, les nissarts demeuraient
philojésuites ! Parmi la cohorte des religieux étudiés n'y a-t-il pas six
Jésuites : Alberti Jean André, Astria Jean-Baptiste, Audiberti Camille Marie,
Barla Jean-Baptiste, Guiglaris Louis, Isnardi César ; pour cinq Dominicains :
Audiffredi Jean-Baptiste, Cauvin Paul Marie, De Gubernatis Jacinthe, De Orestis
Annibal Dominique, De Orestis François Octavien, et un Dominicain devenu évêque
: Mgr Astesan ; trois Bénédictains : Dom Benoît Grimaldi, Gaspard Lascaris,
Gaétan Verani Masin; deux Oratoriens : Galletti et Jean-Pierre Papon; deux
Visitandines : Marie Galléan et Sœur Victoire Amédée Grimaldi ; un à deux
titulaires parmi les différents disciples du " Poverello " d' Assise
( Capucins : Jean André Gioffredo et Ludovic Rostagni; Mineurs Réformés : Ange
Auda et Jérôme Barla; Minimes : J.B. Alberti de Strada et Mirapello; Conventuels
de Saint François : Ludovic Mainard; Franciscains : Bonaventue Colombo;
Réformés de Saint François : Alberti François ) et un Barnabite : François
Louis Barelli, plus un membre de cet ordre devenu évêque : Raymond Recrosio.
Leotardi chanta Ignace de Loyola et ses disciples dans " La foi consolée
" et Jean André Alberti célébrait saint François Xavier, pour le plus
grand plaisir de leurs compatriotes. Les ordres nés de la réforme catholique
contribuèrent d'ailleurs largement à la forme moderne de renouvellement d' une
telle stabilité : le baroquisme. Ce type de sensibilité collective se
caractérisait par la profusion des pratiques, l' importance des gestes et
l(ostentation d' une religiosité qui s'extériorisait. Les entrées d' évêques,
par exemple, tenaient du carnaval sacré. La municipalité niçoise allait saluer
son nouveau pasteur à l' abbaye de Saint-Pons. Pui elle le conduisait à la
porte Pairolière, décorée aux armoiries du prélat, un autel y étant dressé,
orné de l' image de Saint Sébasten ou de Sainte Réparate. Monseigneur se
mettait en selle sur un cheval ou un mulet, la chape de drap d'or sur le dos,
la mître en tête, la crosse dans une main. Il prenait place sous un dais dont
les supports étaient tenus par de jeunes abbés et les cordons par quatre
consuls en costume officiel. Quand Mgr Recrosio, par humilité, entendit marcher
à pied sous le dais, le peuple, avide d' émotions, s' extasia et s'attendri
sur son compte : " Le pauvre homme ! A 70 ans § Si fatigué § Et ces lourds
habits et ce gros chapeau vert ! " Devant la cathédrale, l' évêque était
accueilli par les enfants costumés en angelots, tandis que retentissaient les
salves des petits mortiers ou morteirets. D'autre part, ne décomptait-on pas
dans Nice 70 jours de fêtes annuelles, comportant 60 processions, durant le
XVII e siècle ? Là encore, Giraudi, témoin fidèle, nous raconte cet autre genre
de manifestation extravertie, à l'occasion du Corpus Domini, le 9 juin 1689 :
" ... près de la Gabelle, on a fait le simulacre de la décollation de
saint Jean-Baptiste ... dans les rues plus larges on avait placé des tentes.
Les soldats du régiment des gardes rendaient les honneurs. Le dimanche de
l'octave, au soir, pendant la procession de Saint-Jacques, leurs Altesses ont
été également faire le tour habituel; au lieu-dit de la Gabelle, on a reproduit
la scène du meurtre d'Holopherne par Judith pour la libération de la ville de
Béthulie, sa patrie".
L’art
et la littérature reflètent cette passion baroquisante. Dans son ouvrage Il
Campidoglio ardente, Camille Marie Audiberti, encore un disciple de Loyola,
décrit les pompes funèbres organisées à l ' occasion du décès de Charles
Emmanuel II. Selon une tradition héritée des Romains, dit-il, elles conféraient
un aspect triomphal à un événement lugubre. A tel point, affirme encore
l'auteur, que le " Dôme " de la cathédrale Sainte-Réparate parut se
transformer en "capitole ardent ", en " théâtre de la splendeur
", où les fidèles étaient invités à l'émerveillement autant qu'à la
compassion. A la limite, le spectateur pouvait connaître l ' extase dans une
ambiance extraordinaire : " Par vous, de merveille ivre est mon cœur
", confesse Charles Cristini, l'âme éblouie par l ' étonnante beauté des
fêtes. Dans les livres sacrés et profane, domine également la recherche de l '
effet, par la puissance d ' expression. Le langage emphatique d'un Jean André
Alberti, parlant de Saint François Xavier, " Hélas, le soleil entre dans
la Maison de Vénus, l'agneau dans le lupanar, l ' ange dans Babylone ",
a été reproché, également, au père Guiglaris. Par méconnaissance du baroque, on
a critiqué de plus ce dernier pour l ' abus des métaphores, des antithèses et
des comparaisons poussées jusqu'aux limites de la bienséance. Ne fallait-il pas
plutôt parler d 'u n style persuasif, visant à ébranler les auditeurs par des
apostrophes véhémentes, familières, comme cette fin de sermon sur la paix entre
les hommes : " Ne pensez pas d'échapper cette fois ! Oui ! Vous pouvez
donner cette paix et moi, je ne vous laisse aucun répit jusqu'à ce que vous
vouliez ce que vous pouvez ! ". De même, le théologal Bottieri cherchait à
émouvoir les fidèles par la puissance évocatrice d' une poésie sacrée, quasi
charnelle :
Comment
sous ce fardeau écrasant ( de la croix ) Enserré de liens Le corps teint par le
sang ( Le Christ ) résistera-t-il ?
Émouvoir,
pour mouvoir, transporter et transformer les cœurs, dans maintes autres oeuvres
apparaît ce leitmotiv du mouvement et du changement, voire des transmutations.
C' est parfaitement visible dans l'Hommage du Paillon de Jules Torrini.
" Cette poésie exprime une vision du monde et c'est d'abord, pour
reprendre la célèbre expression de Jean Rousset, " le royaume de Circé
" c'est-à-dire celui des métamorphoses" (Rémy Gasiglia ). Et le
poème La Vite de François Alberti, dans son chant second, ne comporte-t-il pas
le récit d' un voyage qui mena Radegonde Degrevorj de Turin à Nice, vers son
époux Pierre Ricci baron des Ferres, par Cuneo et Sospel ? Chaque cité y est
symbolisée par un cours d' eau : Stura, Bevera, l ' eau sans cesse en mouvement
et en devenir, "métaphore essentielle du temps qui passe", mais
encore miroir des images changeantes.
Au
point d'aboutissement d'une pareille dynamique, la capitale du Comté restait
bien le centre fondamental, auquel toute chose était ramenée. Quand l'abbé
Pierre Gioffredo publia sa Nicaea civitas monumenti illustrata
..., il voulait être le premier à utiliser les monuments antiques locaux pour
expliquer le passé niçois, car " avant moi personne n'a essayé de faire
quelque chose pour notre berceau bien-aimé". Certesil devait ajouter plus
tard : " Entre les deux mon cœur balance : si en effet Nice m'a donné le
jour, Turin m' a fait ce que je suis" ; mais son retour final au bercail
indiquait, de manière éloquente, où allaient ses préférences. Comme lui,
beaucoup d' écrivains racontèrent la première ville, à travers des discours
historiques ( Honoré Pastorelli), des chroniques ( Giraudi et Scaliero ), voire
des articles qui allaient servir de base aux futurs guides touristiques, comme
la rubrique " Nice ( ville )" insérée par Charles Cristini dans le
Dictionnaire de l ' Encyclopédie méthodique, paru en 1790. D'autres auteurs, et
quelque soit le sujet, tenaient à la célébrer, ne fût-ce que par un passage
restreint, mais dont la valeur significative, elle, n'avait pas de limite.
Ainsi, aux yeux de Camille Audiberti, elle présentait " tous les éléments
d'une grande Cité, hormis que d' être grande". Jean-Louis Raiberti, qui
savait s'exprimer en nissart, ne pouvait se dispenser dans son Triomphe de la
Paix, rédigé en langue italienne, d' écrire : " L'Aigle est l'emblème de
la Cité, patrie de l ' auteur", ni d'accorder un rôle prophétique aux
variations de la " Fuon Santa" ( la Fontaine Sainte de la colline de
Gairaut, chère aux indigènes et réputée ne couler que rarement comme annonce d'
un malheur imminent).
Luigi
Andrioli devait faire encore mieux dans sa Ségurane. Ce poème épique,
consacré à l'héroïne niçoise qui apparaît sous les traits d'une puissante
amazone que seul l 'amour pourra vaincre, ne manquait pas dans son chant second
de magnifier Nice, à travers tous ses enfants célèbres, même nés bien après le
siège de 1543 : Charles Louis Caissotti de Sainte-Victoire, Jean Dominique
Cassini (qui n'est pas réellement Niçoi), Jean Baptiste Cotta, Augustinien, Jérôme
Marcel Roger de Gubernatis, Jean Paul Lascaris, Alexandre Victor
Papacino d'Antoni, Jean Charles Passeroni, Jean François Villar, baron d'
Entrevaux, constituant ainsi un abrégé des " Niçois dans l '
Histoire" ! Par un véritable phénomène symbolique de contraction et de
dilatation, un trait supplémentaire de la thématique baroque, le microcosme
niçois récapitulait l'univers, aux yeux de ses habitants.
Malgré
la secousse de la période révolutionnaire et impériale qui vit le rattachement
à la France du premier département des Alpes-Maritimes, cette mentalité et ses
modes d' expression allaient maintenir presqu' intacts jusqu'en 1860 et même
accentuer leurs manifestations. Il faut parler d'épanouissement, dans le
domaine religieux, avec, par exemple, le renouveau des confréries dont Rancher
faisait partie. " Solidarité ( ou corps organiques entièrement autogérés
)... ce sont des associations composées de laïcs et qui relèvent de l '
Ordinaire du lieu... Leur but est l' exaltation du culte public. Leurs membres
ne prononcent pas de vœux. Ils prennent l'habit en la forme religieuse".
Cette orientation allait de pair avec " un rôle très important de société
de secours mutuel et d'assistance"; dans la capitale du Comté, gestion de
trois des cinq hôpitaux et des deux ou trois monts de piété locaux. Or, dans
cette ville, et malgré le décret de l'Assemblée Nationale du 18 août 1793
supprimant ces pieuses organisations, l'effectif des confraternités n ' avait
pour ainsi dire pas varié entre la fin de l'Ancien Régime et les débuts de la
Restauration : sa diminution de 7 à 4 ou 5 n'était qu'apparente, car,
entre-temps, trois d'entre elles, Saint-Esprit, Très-Saint-Nom-de-Jésus puis
Très-Saint-Suaire se réunirent en 1782 puis 1824 pour devenir " Les Rouges".
C'est à partir de cette ultime date que ces derniers entreprirent la
restauration de l'ancienne chapelle du Sénat qui, laissée à l'abandon, se
dégradait et dont ils sont encore aujourd'hui les propriétaires.
Il en
est de même pour l ' Archiconfrérie de la Miséricorde qui racheta l'ancienne
église Saint-Gaétan, alors désaffectée. Le sanctuaire fut ouvert au public, l
'an 1831. Les membres étaient " 70 frères environ qui appartiennent tous à
des familles nobles ou bourgeoise de la ville". Mais l'Archiconfrérie
des "Pénitents blanc dite del Gonfalone ", inexactement raccordée aux
seules classes populaires, surpassait tout avec " 1800 frères ",
alors qu'elle en comptait seulement 800 en 1792 et que l'enquête de 1809 en
faisait apparaître 600. Elle poéra la révision de ses statuts de 1816 à 1818.
Surtout, elle transféra son hôpital de la rue Pairolière dans un terrain situé
sur la grande route royale, hors la porte de Turin ( actuelle avenue de la
République ). Faut-il donc s' étonner de voir, le 15 août 1852, lors de l '
inauguration de l 'église du Voeu, formulé par la municipalité niçoise contre
la menace d' épidémie de choléra-morbus, selon une tradition éprouvée, se
répéter un de " ces actes les plus voyants " de l'activité
confraternelle, c'est-à-dire une procession ? La fête " avait commencé dès
la veille de ce jour par un feu d'artifice tiré au centre de la place Victoire,
aux frais de la confrérie des pénitents bleus... Dans la matinée du 15, la
municipalité, représentée par le syndic, un vice-syndic et trois conseillers
municipaux, s'est rendue à la Cathédrale, d'où l'on est sorti
processionnellement pour inaugurer l'église votive N.D. des Grâces. Le cortège
était composé de pénitents et pénitentes blancs, bleus, rouges y compris l'
intéressante confrérie des ensachées... "( L'Avenir de Nice , n° 415 ).
Et de
tels phénomènes culturels perdurent jusqu'à nos jours. Les importantes
manifestations qui ont salué en 1985 le bicentenaire de la naissance de
Rancher, le rassemblement, par l' entremise de la Maintenance des confréries
des Pays de langue d' oc, le 17 mai 1987 à Saint-Etienne-de-Tinée, de "
trois cents pénitents environ ",en témoignent.Sursaut archaïsant d'un
passé révolu et qui se fossilise ? Ou signe des temps et de l ' histoire à méditer
pour l ' avenir ? La question reste posée.
LES NIÇOIS ET L'HISTOIRE POLITIQUE
Cette
sensibilité religieuse plus ultramontaine que provenço-française a puissamment
contribué à tisser des liens étroits avec la monarchie piémontaise. Turin
devint le pôle d' attraction aussi bien des ambitieux de la carrière ecclésiastique
que la consécration des destinées des grandes familles niçoises. En effet, les
exigences de l'État moderne, au regard d'un appareil administratif efficient,
entraînèrent la formation d'une solide bourgeoisie d'officiers bureaucrates
qui, au milieu du XVII siècle, recouvrait la majeure partie des fonctions
publiques dans les domaines de la monarchie savoyarde et, durant les premières
années du siècle des Lumières, occupait 84% des échelons les plus élevés, comme
98% des niveaux moyens et inférieurs.
à suivre ... à suivre ... à suivre ... à suivre ... à suivre ... à suivre ... à suivre ... à suivre ...
( Extrait du Texte " Les Niçois dans l' Histoire " de Michel Derlange aux Éditions Privat Novembre 1988 )
HISTORIQUE DE LA CATHÉDRALE SAINTE-REPARATE DANS LE VIEUX NICE
Selon la tradition, Sainte-Réparate était une jeune fille qui fut martyrisée au III e siècle, à l' âge de quinze ans, à Césarée, sous l' Empereur Romain Dèce. D'après la légende, des pêcheurs aperçurent une frêle embarcation de bois, ornée de palmes et guidée par une colombe. A l'intérieur, sur un lit de roses et de lys, et sous un voile, reposait la dépouille mortelle d' une jeune fille.
C' est ainsi que naquit la dévotion à Sainte-Réparate, patronne du Diocèse de Nice. La barque était survolée par deus anges, ceux-là même qui donneront son nom à la Baie des Anges.
Une église placée sous son vocable fut édifiée à l ' ouest de la colline du château par la famille seigneuriale de Nice qui en fit don, vers 1075 à l'abbaye bénédictine de Saint Pons. Déjà siège d'une paroisse avant 1248, elle est agrandie en 1454.
Au XVI e siècle, la cathédrale Sainte-Marie, étant insérée dans les nouvelles fortifications du château, l'évêque et les chanoines décidèrent de s' établir dans la ville basse, la vieille ville actuelle. L ' abbaye de Saint-Pons consentit à échanger l'église Sainte-Réparate contre l' église Saint-Jaume : l'échange prévu dès 1531 ne fut réalisé qu' en 1576, et en 1590 le siège épiscopal fut transféré dans l'église Sainte-Réparate. Au milieu du XVII e siècle, la paroisse est vétuste, et devenue trop petite : la population a grandi et la paroisse est immense puisqu'elle couvre une partie de la ville et toute la campagne niçoise. L'évêque Didier Paletis décide alors de reconstruire et d' agrandir en même temps l 'église Sainte-Réparate.
Les plans du nouvel édifice furent dressés par l 'architecte niçois Jean_André Guiberto. Les travaux commencèrent en 1650, le lendemain de la fête de l'Epiphanie. Malgré un effondrement de la voûte, qui coûta la vie à Mgr de Paletis, les travaux furent continués avec persévérance par ses successeurs : Mgr Solaro, Mgr Della Chiesa et Mgr Provana . Si ces travaux avaient duré près de cinquante ans, c'est que leur financement avait été très difficile; il avait été assuré par l'évêque, les chanoines, la ville de Nice, les princes de la Maison de Savoie, et les particuliers. En 1731, l' évêque Recrosio commença le clocher qui est terminé en 1757 par l'évêque Cantono. La façade datant de 1825 a été restaurée en 1980.
D 'une manière générale, la cathédrale s ' inspire de Saint-Pierre de Rome. Le dôme, couvert de tuiles vernissées, constitue un des éléments les plus caractéristiques du Vieux-Nice.
Le 14 juillet 1794, les portes de
Sainte-Réparate furent fermées et l ' église devint le Temple de l ' Etre
Suprême, dont le culte fut dédaigné par la population niçoise. Elle fut rendue
au culte le 30 mars 1795 et c'est le vicaire général de Garidelli qui en reçu
les clefs. Le Concordat lui redonna son titre de Cathédrale, qu'elle a
conservé. Le 30 mai 1949, à l 'occasion du 250 ème anniversaire de sa
consécration, la cathédrale a été élevée au rang de Basilique Mineure par le
Pape Pie XII. Désoramais, l'église-Mère du diocèse se prénomme :
BASILIQUE-CATHEDRALE SAINTE - MARIE - SAINTE -
REPARATE
Le clocher longiligne du XVIII e siècle, indépendant du bâtiment, abrite quatre cloches. Faisant communier en une douce harmonie l' ocre tamisée et le vert amande, la façade principale restaurée en 1980, flanquée de colonnes lisses, parsemée de redondantes moulures dorées, abrite dans des niches au sommet ovale, de saints personnages. Des peintures bleu ciel, des angelots potelés, des statuts, des retables de stuc ou de marbre, des boiseries, des tableaux, des chapelles latérales, remplissent un chœur de forme pentagonale.
Une partie des reliques de Sainte-Réparate, obtenue en 1060 par un Niçois, Rambaud Rostang, a été déposée dans un oratoire bâti au pied de la colline, où s'étalait la ville. Où sont passées les reliques? Sous la voûte de la cathédrale Sainte-Réparate, l 'une des chapelles a contenu le squelette entier de Saint Alexandre, martyr des premiers temps de la chrétienté, persécuté par les Romains. Donné par le Pape Clément XI, le corps du Saint se trouvait d ' abord au couvent des Dominicains, à l ' emplacement de l ' actuel Palais de Justice.
Transféré à la cathédrale, il brûla entièrement le 25 décembre 1986, ainsi que des tableaux de valeur, au cours d' un feu de crèche. La chapelle depuis a été restaurée.
HISTORIQUE DE L ' ORGUE DE SAINTE-REPARATE
Dans la cathédrale qui précédait l ' édifice actuel, élevé par André Guibert à partir de 1650, se trouvait un orgue dont le conseil de fabrique décide la construction en 1601. Plusieurs instruments lui succédèrent, notamment un Concone ( Turin ) en 1804, aujourd' hui dans l ' église Saint-Martin - Saint Augustin, puis un très grand Serassi Bergame en 1847.
En 1901, le facteur d' orgue suisse installé à Nice, Martella, élève de Cavaillé-Coll à Paris, le reconstruit selon le style symphonique. Le buffet date aussi de 1901. Il fut exécuté à Paris par Biais et Noiret selon un dessin de Labrouste, architecte du diocèse de Nice.
C'est une nouvelle reconstruction qu' achève le facteur Robert Boisseau, en 1974 suivant le plan de Pierre Cochereau, il ajoute un positif de dos, avec son buffet, augmente le nombre de jeux de 42 à 69, et installe un quatrième clavier. L'instrument est de style français moderne.
Le dôme et le clocher de la Cathédrale Sainte-Réparate émergeant des toits de tuiles rouges du Vieux Nice - Photo Copyright DIACONESCO.TV – NICE Avril 2009
HISTORIQUE DE L'EGLISE SAINT BARTHEMEMY DANS NICE NORD
Au XIIIe siècle les Bénédictins de l'Abbaye de Saint PONS construisirent en un endroit qui s'appelait alors " Camplong" , un prieuré et une petite chapelle sous le vocable de Saint-Barthélémy. Ils envoyaient dans cette résidence ceux de leurs frères qui avaient besoin de repos pour rétablir leur santé.
Au XVIe siècle, en 1552, les Bénédictins de Saint-Pons offrirent la succursale de Saint-Bartélémy aux Capucins du Piémont italien.
En 1555, les Capucins commencèrent la construction de la nouvelle église sur un emplacement situé à côté de l'ancienne chapelle. La première pierre fut posée le 30 novembre 1555 par Monseigneur Lamberti, Evêque de Nice.
L'église servit pendant deux siècles. Elle était si basse qu'il n'était pas rare qu'aux jours d'affluence quelqu'un s'y évanouit.
Au XVIIIe siècle, en 1750, le père Gardien fit démolir cette église pour en construire une plus grande et au bout de cinq mois l'Abbé Mitré de Saint-Pons venait la consacrer.
En 1757, Monseigneur Cantono de Ronco, évêque de Nice fit don du tabernacle en marbre du maître-autel, tabernacle sculpté en Italie à Gènes.
En 1792, sous la Révolution Française, le Comté de Nice ayant été occupé par les troupes françaises venues de Marseille, la tourmente révolutionnaire n'épargna pas les Capucins.
Le 27 Février de la même année un inventaire complet de l'église fût fait par les Révolutionnaires, et en 1794 le Culte pratiquant Chrétien fût interdit en Ville, mais les Pères continuèrent à baptiser malgré l'interdit !
Le 16 novembre de la même année, le Commissaire Révolutionnaire de l'Agent National du District confisqua tout l'Or et l'Argent de la Paroisse de Saint-Barthélémy; la Cathédrale Sainte-Réparate dans le vieux Nice fût fermée le soir du 14 Juillet.
Le 11 janvier 1795 deux conventionnels en mission à Nice ordonnent d'évacuer le Couvent des Capucins de Saint-Barthélémy et celui des Récollets de Cimiez et le 13 janvier les scellés sont apposés sur l'Eglise et le Couvent.
En 1796 François DEFLY, homme politique, achète ce que les Capucins avaient possédé : Eglise, Couvent et jardin. DEFLY mourut en 1826, il n'avait été qu'un prête nom en 1796.
En 1803, sous le Concordat de Napoléon 1er, l'église des Pères est érigée en église paroissiale le 13 mai (23 floréal an II).
En 1804 on entreprend l'agrandissement de l'Eglise. En 1807 est construit le premier clocher avec bénédiction des Cloches le dimanche après l'Ascension.
En 1810 deux autres Cloches sont bénies le 4 novembre par Monseineur Colona d'Istria. En 1814, arès le retour de Nice aux Etats SARDES, le Cardinal Matteï, venant de France, Doyen du Sacré Collège, s'arrête au Couvent où il déjeune.
C'est cette même année 1814 que le peintre PROVENZALE décore par des peintures le dessus de la porte d'entrée extérieurement. Provençau, maître de dessin au Collège des Jésuites exécute en 1848 les personnages de la crèche.
En 1854 les religieux du Couvent se dévouent lors de l'épidémie de Choléra qui sévissait à Nice en apporter leurs soins à la population niçoise.
Et en 1868 furent installés les Orgues de l'Eglise et le 24 septembre 1871 fut installée et bénie la grosse Cloche de l'église pesant 340 kilos.
Le clocher de l'église Saint Barthélémy est une imitation de la Tour du Vieux Palais de la place de la Seigneurie à Florence, avec horloge et au plus haut, un ange qui pivote pour indiquer la direction du vent, il fut construit et terminé en 1885.
Après l'annexion du Comté de Nice en 1860 et son rattachement à la France, les Capucins italiens continuèrent à occuper le Couvent et à desservir la Paroisse.
En 1901 à la suite de la loi du 1 er juillet sur les Associations, les Supérieurs des Capucins ont remplacé les Capucins italiens par des Capucins français.
Le cimetière jouxant la Paroisse est de 1862. Dans le Couvent il y avait deux sarcophages Romains très bien conservés qui ont été apportés depuis au Musée Masséna.
La statue de Saint François d'Assise sculptée en 1923 fut bénie le 17 février 1924. Cette statue est en pur marbre de Carrare des carrières italiennes de Seravezza, cette statue est une oeuvre du sculpteur italien Stecchi.
Les Saintes et les Saints que renferme l'Eglise de Saint-Barthélémy sont ceux de : Saint Barthélémy, Saint Michel, Sainte Jeanne d'Arc, Saint François, Sainte Rita, Sainte Thérèse, Saint Antoine, Saint Joseph, Le Sacré-Coeur, Sainte Vierge...
Photos de la Paroisse de l' Eglise de Saint Barthélémy
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Reportage Photos Gérard Diaconesco
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